Scolarité solitaire, brimades... Encore un point en commun, j'avais l'impression. Puis je haussais les épaules, essayant de paraître sereine, ce qui n'était assurément pas le cas. Mais j'essayais de faire fi.

« Je sais pas si on peut appeler ça des traumatismes. Disons que j'ai eu une enfance compliquée. J'étais en deuxième année quand la grande guerre a éclatée. À Poudlard, c'était loin d'être joyeux. C'est grâce à un élève plus âgé que je ne suis pas devenue tarée. Mes parents sont morts pendant cette guerre. Je les croyais en sécurité, c'était des moldus ! Ils se doutaient de beaucoup de choses. Mais j'ai appris seulement en rentrant sur Londres que... »

Je ne pleurerais pas ! J'avais beau essayé de m'en convaincre, une larme coula sur ma joue. Je ne l'essuyais pas, et tournais mon visage vers le ciel. Je pris une profonde inspiration.

« Pour le reste, rien de méchant, un peu malmenée à cause de mon look, mais bon. Ce n'était rien. »

Je déglutis avant de me souvenir d'un détail qu'il m'avait envoyé par la pensée, près du lac.

« Ta mère aussi est morte pendant la guerre, pas vrai ? »

Plus je l'écoutais, plus je m'en voulais de ma question. C'était de toute évidence un sujet difficile à aborder pour lui. Et il se perdit dans ses pensées. Je m'en voulais tellement. Je ne pus m'empêcher de poser furtivement un baiser sur ses lèvres.

« Excuses-moi, je n'aurai jamais du poser la question. »

Je soupirais et regardais de nouveau la lune avant de jeter ma clope dans le caniveau. J'en roulais une seconde, pour la peine avant de reprendre sa main. Il fallait reprendre sur un ton plus joyeux ! Sinon on allait tous les deux se mettre à déprimer !

Oui, j'étais timide avec lui. Oui, je ne voulais pas le brusquer. Ma peur était toujours là, mais je la repoussais toujours plus. Il s'ouvrait complètement à moi, il se donnait entièrement. Mon cœur rata encore un battement. Je répondis à son baiser et le pris dans mes bras. Je ne savais que dire, ni que faire, juste me serrer doucement contre lui. J'étais là pour lui, il appendrait assez vite que je n'étais pas du genre tendre souvent. Je ne trouvais plus mes mots, je ne savais plus comment m'exprimer. Alors je restais muette, collée contre lui, mes bras l'enlaçant doucement mais fermement.

Je desserrai doucement mon étreinte sur lui, le sentant également se détacher de moi. Je me grattais doucement l'arrière de la tête avant de lui rendre son sourire. À sa question, mon sourire s'élargit. On revenait sur des sujets plus légers. J'allumais ma nouvelle clope et eut un petit rire.

« Je fume... Beaucoup. Ça me détend. Après des hobbies... La musique. Souvent je prends la moto pour aller me poser dans un endroit calme avec ma guitare et je chante. La console aussi, ou me regarder un bon film. Manger... Mine de rire, j'adore ça. Prendre ma moto et partir en voyage à l'improviste. Beaucoup d'improvisation en tout et pour tout, enfin, sauf le travail. Mais si un jour je suis vraiment tendue, un bain chaud et une cigarette me détendront au moins un minimum. »

Des plaisirs, des occupations simples, mais ça me ressemblait et cela me fit sourire. Il en fallait peu mais je n'était pas routinière, il me fallait de l'action, du changement. Je haïssais l'ennui et la routine. Je ne demandais pas à être suivie, mais comprise, ce serait déjà un début.

« Et toi alors ? Et au passage, y'a des choses que tu n'aimes pas faire ? »

Je ne pus retenir un petit rire lorsqu'il affirma ne pas aimer attendre. Ça lui allait tellement que cela ne m'étonnait pas. Bon, il était plus routinier que moi, ce qui était loin d'être difficile au passage. Mais ça ne me dérangeait pas étrangement. Je souris à sa proposition.

« Ce serait cool! »

Je jetais ma clope et entraînant Cecil. Je repris place, sortant l’argent moldu de mon portefeuille, que je donnais à Oliver. Puis mon ventre se mit à grogner ce qui m'arracha un petit rire gêné.

« Va falloir que je prenne un truc à bouffer, au passage. J'ai la dalle ! »

Il me prit par la main et m’entraîna joyeusement à l'extérieur. Kebab ! Cela faisait un bail que j'en avais pas mangé, en général je commandais une pizza, ce qui était relativement souvent. Je ne faisais que rarement les courses,seulement pour le week-end et quand j'avais plus rien j'allais au plus simple. Je souris.

« Oui j'adore ça. Le couscous et le tajine aussi, tu me diras. »

Puis j'eus un petit rire suivant le sien.

« Il faudra que je te vois à l’œuvre un jour ! Histoire d'évaluer ta cuisine ! »

Je lui fis un petit clin d’œil, grand sourire aux lèvres. Je profitais de l'instant présent, comme je savais si bien le faire, enfin !

Je le suivais, sereine, évitant parfois un ou deux passants. Londres était une ville animée, et j'étais heureuse de ne pas habiter dans les quartiers les plus fréquentés. C'était un coup à se perdre, et j'avais un peu la trouille des foules trop compactes. Je souris en regardant Cecil.

« Avec plaisir. A la seule et unique condition que tu manges avec moi, par contre. »

Puis je tournais la têt vers la boîte de nuit et haussais les sourcils.

« J'ai jamais mis les pieds dans ce genre de truc. Et j'en ai pas vraiment envie. Tu connais, toi ? »

Mouais, ça donnait pas vraiment envie d'y aller. Je savais que c'était un endroit où les gens, les jeunes surtout, allaient danser et boire... Déjà qu'en danse, mis à par la valse que ma mère m'avait appris, je n'y connaissais rien... Alors avec ce qu'il me disait, je doutais fortement aller là dedans un jour.


« Je comprends oui. Ça a pas l'air très cool, vu comme ça. »

La foule devint plus dense et je serrai un peu plus la main de Cecil, inconsciemment. J'esquivais un moldu qui ne regardais pas où il allait. Je souris quand il évoqua le monde moldu, ce monde où j'aimais vivre, sereine.

« Je sais pas si je le sais mieux que toi, c'est pas l'important. Mais je suis d'accord. Ils ont une technologie bien supérieure à la nôtre. Je suis heureuse de vivre parmi eux, d'avoir une télé, un PC et pas mal d'électroniques chez moi. Je suis à l'aise avec tout ça. Et je suis assez déçue que les sorciers ne s'y intéressent pas plus que ça. Ce monde là aussi est magique, à sa manière. Un bon cinéma de temps en temps, un jeu vidéo. Ça me manquerait cruellement si je devais uniquement vivre dans le monde sorcier. »

Je remerciais intérieurement Cecil de passer par les ruelles. Je lâchais petit soupir. Puis il me posa LES questions auxquelles je ne m'attendais pas et j'eus un petit rire, pas moqueur, mais surpris.

« Je sais pas vraiment comment t'expliquer. C'est un jeu virtuel auquel tu joues via une console ou un ordinateur. En général tu incarnes un personnages et tu suis une trame définie dans le jeu. C'est assez amusant. Le plombier moustachu, c'est Mario roule le r en plus de ça . Ça doit être le jeu le plus connu. Dans la plipart des jeu il doit sauver Peach, une blondasse, d'une grosse tortue qui s'appelle Bowser. Et Zelda,c'est la princesse du jeu, le héro c'est Link. Mais je saurais pas vraiment te dire pourquoi. Me semble que le héro n'avait pas de nom au départ, d'où le fait qu'ils aient donné le nom de la princesse au jeu. »

J'allais passer pour la geekette de base, et pourtant, je n'étais pas si souvent sur des jeux. Mais je m'en foutais. J'étais bien contente de pouvoir répondre à ses questions. Je lui lançais un petit clin d'oeil.

« J'ai quelques consoles à la maison, tu pourras même tester par toi-même, un de ces jours ! »

Je regardais Cecil surprise. Lui ? Jouer à Just Dance ? J'éclatais d'un grand rire, essayant vainement de me retenir. J'essayais de l'imaginer, dansant devant un écran et la vision de mon esprit me fit rire de plus belle.

« Il faut que je vois ça ! Absolument ! »

Je me calmais un peu avant qu'il n'annonce que nous étions bientôt arrivé. J'avais tellement faim que j'imaginais déjà l'odeur des différentes épices dans l'air. Mon ventre gargouilla à nouveau. Je gloussais légèrement.

« Ça tombe bien, je pourrais dévorer un bœuf entier ! »

Façon de parler, bien sûr.

Nous nous arrêtâmes devant un bâtiment assez … Bah ça payait pas de mine, mais putain qu'est-ce que ça sentait bon ! L'intérieur était propre et bien rangé, les murs de couleur chaude et les personnes avaient l'air adorables.

« Un kebab complet, ketchup sauce blanche s'il vous plaît. »

Je regardais autour de moi avec un sourire avant de pousser un soupir d'aise.

" Merci de m'avoir emmenée ici. Ils ont l'air sympa. Et l'odeur donne juste vraiment la dalle !" 

J'avais faim et espérais qu'ils seraient rapides... Et normalement, ça devrait être le cas.

Le service fut très rapide et nous pûmes sortir rapidement. Je déballais rapidement le sandwich, qui au passage était très très chaud , et y mordais à pleine dent. Putain ! Bon ok, c'était chaud mais jamais je n'avais mangé un kebab aussi bon, aussi bien assaisonné et épicé. J'avais la bouche pleine lorsqu'il me posa la question, et je levais un pouce vers lui, en mode hamster. Puis je souris.

« Je crois que je vais changer d'adresse, pour les kebabs. Et venir en manger plus régulièrement. »

Puis j'eus une idée et regardais Cecil.

« Y'a un parc tranquille pas loin, souvent des musiciens qui jouent le soir.... Ça te dit ? »