Après être rentrée à toute allure sur Londres et avoir mis la bécane au garage, j'entraînais Cecil dans un petit pub Irlandais que je connaissais bien, à la clientèle assez habituée et à l'ambiance cosy. Un bar de quartier sans histoire et bien réputé dans le coin. A peine étions nous entrée que le patron, au bar m'adressa un signe de la main alors que nous nous dirigions vers lui.

« Oooh, Petiot ! Ça fait un bail qu'on t'a pas vu, dans le coin ! 
- Des soucis à régler, Oliver !
- La même chose que d'habitude ?
- Un double, s'il te plait.
- De suite !... *désigne Cecil* Un ami à toi, je suppose. Qu'est-ce qu'on lui sert ?

Je regardais Cecil avec un sourire en coin alors qu'Oliver me servait mon double Single Malt d'un air concentré.

Un whisky fort mais excellent. Voilà pourquoi je ne buvais jamais à outrance, je préférais savourer en général. Je sentis doucement la main de mon compagnon caresser ma main, de manière assez évidente. Je lui glissais un regard interrogateur, mais le laissais faire, finissant par entrelacer mes doigts aux siens, doucement, avant de reprendre une gorgée de whisky. Je sentis rapidement le regard d'Oliver sur nous, mais n'y fis pas forcément attention, plus fixée sur Cecil et sur mon verre. J'eus un sourire et je hochais légèrement la tête.

« Je n'en suis pas un. J'apprécie l'ambiance et cadre de l'endroit, et comme je te l'ai dit tout à l'heure, le whisky est excellent. Je viens régulièrement, c'est vrai. Mais je ne bois pas jusqu'à me rouler sous le comptoir, si ça peut te rassurer. »

Il se rapprocha un peu ce moi, posant son pie entre les deux miens, laissant reposer son mollet contre le mien. C'était une position à laquelle je n'avais pas l'habitude mais très agréable. Lorsqu'il me compara au whisky, j'eus un petit rire. Je n'étais pas la seule originale du coin, et franchement, c'était ce qui me plaisait chez lui, en partir du moins. Oliver s'approcha de nous, bouteille en main.

« Dis, tu ne t'étais jamais exposé, mais je savais bien que tu étais aussi de ce bord. Très bon choix, d'ailleurs. Celui là est pour moi les amis, cadeau de la maison. »

Il nous resservit un verre, en plus de celui que nous avions, de son meilleur whisky, sec, et je ne pus m'empêcher d'éclater de rire lorsqu'il s'esquiva après avoir lancé un clin d’œil à Cecil.

Son regard, encore une fois, je frissonnais sous son intensité, bien que cela ne m'empêche pas de rire. Je pris également mon verre mais ne pus m'empêcher de rire davantage à sa phrase. J'en avais les larmes aux yeux tant je riais. Je finis quand même par prendre mon verre et le finir, cul-sec.

« Piouuuf ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ri, putain ! »

Et ça faisait un bien fou, bordel ! J'essuyais machinalement la larme sous mon œil droit et regardais Cecil une nouvelle fois, l'observant avec un petit sourire. Puis, poussant le verre vide, je pris l'autre et but une nouvelle gorgée.

Je n'étais pas ivre, je le savais. Je ne serai pas aussi lucide.! Mais la soirée était exceptionnellement particulière pour moi, et je sentais doucement monter une douce euphorie. Et j'avais chaud, mais c'était normal. Alors que j'avalais mon whisky en me promettant de ne plus toucher au verre, je faillis m'étrangler et fixait Cécil.

« Techniquement... Ça aussi, on peut. »

Je rougis et détournais le regard avant de pouffer à nouveau. J'étais loin d'être choquée, au contraire. Je resserrai doucement mon étreinte sur sa main, tout en évitant soigneusement et à dessin de le regarder.

Son regard sur moi, encore, tellement appuyé que je le sentais, comme s'il caressait ma peau, et cela m'arracha un frisson. Je le voyais bouger. Lorsqu'il se pencha sur moi, je retins ma respiration et mon cœur rata un battement, mon corps s'enflammant soudain d'un désir violent qui me déstabilisa. Je passais ma main libre dans les cheveux et tournais de nouveau mon regard vers lui, brûlant d'une passion qui m'était encore bien inconnue. Mais je me maîtrisais, restant moi-même, ne laissant que mon regard posé sur lui exprimer mes réelles pensées. Je souris.

« Je n'ai pas peur. »

Pour le coup, il fit redescendre rapidement l'euphorie et je rougissais de honte. Je le connaissais à peine, bon dieu de merde ! Sérieusement ! Et cette foutu angoisse qui commençait à revenir. L'alcool me désinhibait cruellement de toute évidence, même si l'ivresse n'était pas présente... quoi que, je n'avais pas mangé de la journée. Je repoussais mon verre.

« Oliver ? Sers moi un cocktail non alcoolisé, s'il te plaît. Sinon dans dix minutes je te danse la gigue sur le comptoir. »

Je commençais à être pompette, il fallait que je l'admette. Les émotions, plus le fait que j'avais rien dans l'estomac. Je souris à nouveau. Redescendre en pression, passer une bonne soirée et me focaliser là dessus.

« Le vert. Et toi ? Faut bien commencer par quelque chose... Un animal auquel tu t'identifies, peut-être ? »

Cela ne m'étonnait pas de savoir qu'il aimait les lions, curieusement. Il avait ce je ne sais quoi de félin, lui aussi, et le fait que son patronus soit un lion me fit sourire. On s'était assez bien trouvé, finalement, si on ne regardait que ça.

« Mon patronus est une panthère, je m'en sens très proche. Mais curieusement, je préfère les pumas, je m'en sens davantage proche. Peut-être parce qu'ils vivent dans un autre environnement, ou alors qu'ils sont plus sauvages, je ne sais pas. Et sinon je suis Bélier. Et si je me rappelle bien ce qu'on m'a dit, je suis d'ascendant Verseau. Je suis curieuse de savoir ce que ça t'apprend sur moi. Et je te retourne la question, bien que je serais incapable de te dire quoi que ce soit là dessus. »

Je lui souris et pris une gorgée de jus de fruits qui soulagea ma gorge du feu de l'alcool. Et, machinalement, je me roulais une cigarette.

Il laissait planer le mystère ! J'étais plutôt curieuse, mais dans le genre frustrant. Bien, internet serait mon ami, pour le coup, et j'irai voir ça en rentrant. Je n'étais pas une accro du net, mais j'étais certaine qu'on pouvait y trouver les significations astrologiques et un peu d'arithmancie là-dedans ! Puis je réfléchis quelques secondes, avant de sourire.

« J'aimerai aller au Groenland ! Voir sa nature sauvage, ses montagnes, ses glaciers ! Ouais, ça me plairait, après l'Afrique, le froid un peu ! Ou en Alaska, mais c'est pas pareil, malgré le froid. Et toi ? D'ailleurs, tu as déjà voyagé, hein ? Où ? »

Les voyages étaient une des mes passions. Pas pour rien que je m'étais exilée sept ans en Afrique du Sud pour ensuite partir en Nouvelle-Zélande. Et j’espérais intérieurement qu'il aimait autant voyager que moi.

J'étais fascinée, il avait beaucoup voyagé, et j'étais certaine que ses récits me fascineraient beaucoup plus. Puis, je le regardais, perdu dans ses pensées. Il avait l'air si sérieux tout à coup. Je le détaillais à nouveau, puis finis mon cocktail de fruits, le sirotant doucement, essayant de penser à autre chose qu'à ce qu'il se passait. Je portais la cigarette à la bouche mais un regard réprobateur d'Oliver me rappela que je devais sortir. Je souris et allais pour me lever quand Cecil me posa une question. Je le fixais en souriant à nouveau.

« Oulà. J'aime bien manger, et je mange de tout... Et j'aime tout ou presque. Mon plat préféré... Sûrement le veau aux poires. Ma voisine indienne le cuisine divinement. J'ai eu la chance de lui rendre quelques petits services et du coup il arrive qu'elle m'en apporte. Et si je ne suis pas là, elle le laisse sur le pas de la porte. Avec du riz, c'est un délice, et toi ? Un plat que tu aimerais goûté aussi ? »

Je n'eus pas besoin de demander, il m'accompagna de lui-même à l'extérieur. J'allumais ma cigarette, une main dans la poche et l'écoutais. Croissant...Je n'en avais jamais manger. Et il cuisinait. La honte, j'étais incapable de cuisiner correctement, du moins rien de sophistiqué. Je soufflais ma fumée avant de murmurer d'un air rêveur.

« Faudra que je goûte les croissants, un jour... »

Puis je le fixais, les sourcils froncés puis sourit, taquine.

« Mis à part mon évident trouble de l'identité sexuelle tu veux dire ? Non, aucun. Tu en as toi ? »

J'avais peur soudain. J'avais perdu trop de personnes dans ma vie. Alors si on pouvait éviter de continuer, ce serait cool !

Je le fixais... Apparemment, c'était pas une blague. Je faillis lâcher ma clope dans le caniveau, mais tirais dessus plus longuement. Avant de recracher doucement la fumée. J'étais prise d'une violente envie de pleurer mais ne le fis pas. Je ne savais même pas quoi dire. Il rit, mais je ne pouvais, je n'arrivais qu'à sourire. Je soupirais, longuement et regardais le ciel. Je croisais les doigts pour que ce sort ne se réactive jamais. Je m'approchais de lui et lui pris la main, entrelaçant encore ses doigts et les miens.

« Dis... Tout à l'heure tu as parlé de traumatismes d'enfance... Tu en as ? »

Changer de sujet et vite. Et autant rester dans la mélancolie, pendant qu'on y était !