Le Poufsouffle fit un sourire sincère au commerçant et se releva puis commença à ranger les fournitures dans l'étagère. Il aurait pu utiliser sa baguette mais ses capacités en sortilège étaient tellement aléatoires qu'il valait mieux ranger à la main. Il se sentait bien, dans ce magasin. Un peu comme dans un havre de paix. Cependant son sourire disparu et il se raidit complètement quand la sonnette retentit, signe qu'un nouveau client entrait.

J'entendis la clochette de la porte tinter et je grognai, j'étais bien là ... C'était une belle journée ... Une très belle... J'avisai Link qui commençait à ranger les objets à la main. J'eus un sourire et, d'un côté de baguette qui était contre ma cuisse, je rangeai les étagères. Je me devais de rester Pro devant de "vrai" clients. J'offris un clin d’œil à Link et m'adressai au nouveau venu avec un sourire commercial :

-Bonjour Monsieur, en quoi pourrais-je vous aider ?

Link vit avec surprise le matériel s'élever dans les airs. Il tourna la tête vers Seyn et aperçu un clin d'oeil qui aurait pu le détendre. L'homme s'approcha du comptoir ou se trouvait son bazar ce qui fit blanchir Link. Il discréditait le côté professionnel de Seyn avec tout ces dessins. Link se cacha dans l'ombre des rayons, pour ne pas déranger et par peur de l'inconnu. Celui-ci renifla d'ailleurs de dédain face au comptoir et commença la conversation avec Seyn. Pendant ce temps là, Link s'assit dans le fond du rayon, invisible et silencieux.

Je vis Link blanchir, ça m'attrista. Mon Client m'attristait aussi ... Mais pas de la même façon. J'avais un petite envie de me débarrasser de lui. Je pris les dessins de Link et les mit sous mon comptoir pour ne pas qu'ils s'abiment et pour ne plus voir le regard de l'homme en face de moi.

- Vous m'avez donc dit un cognard ?

- Et une écharpe Poufsouffle.

"Et le s'il vous plait ? " Pensais je tout en allant chercher ce qu'il m'avait demandé. En passant près de Link je lui lançai le regard du "je fais vite" en espérant qu'il allait comprendre.

Seyn passa près de Link en le frolant amicalement. Leurs regards se croisèrent et le muet fit un petit sourire mal à l'aise à son camarade...ami? Quand celui-ci s'éloigna, son espèce de chat se leva prestement de sa place et vint s'installer sur les jambes pliées en tailleur du muet pour recommencer sa sieste. L'animal devait avoir senti le malaise du muet. Avait-il fait déjà remarqué que les animaux avaient tendance à le materner? Car c'était le cas. Le muet posa une main fine sur le pelage de l'animal qu'il commença à caresser, se détendant lentement.

Je vis Tolys se lever (enfin) pour aller s'installer près de Link. Je le remercierais plus tard et je le remercierais bien. J'eus un petit regard attendri et reportai mon attention sur le client.

-Voila ce que vous m'avez demandé Monsieur. Vous fallait il autre chose ?

- Ils sont chers vos balais ? Non parce que j'aimerais bien en offrir un à mon fils mais il il n'aime pas ça alors je préfère lui prendre un mauvais balais, sans vous offenser, qu'il cassera au bout de quelques temps et que je repayerais pas trop cher plutôt que lui en prendre un beau.

Trop tard ... J'étais "offensé" mais tout en gardant mon sourire commercial je lui répondis :

-Si votre fils n'aime pas les balais, je ne pense pas que lui en offrir un de "mauvaise qualité" -ces mots m'écorchèrent la bouche mais il fallait toujours aller dans le sens du poil du client- lui rendrait service. On s'attache plus facilement et on aime plus facilement si le balais choisi est le notre, celui que nous avons nous même choisi. Vous voyez où je veux en venir ?

J’agrandis mon sourire.

-Vous devriez revenir avec votre fils.

-Non, c'est bon, tant pis j'irais lui prendre un truc d'occasion, on s'en fout de toute façon non ?

-Si vous le dite. Ca vous ferra 7 Gallions et 2 mornilles.

L'homme me paya et parti, jetant un regard à Link au passage.

Link fronça les sourcils, le nez à moitié enfouis dans le pelage de Tolys et somnolant presque tellement l'animal l'avait détendu. Il souffla dans le pelage pour marquer son mécontentement mais se ratatina rapidement sur lui-même alors que l'homme le regardait d'un air dédaigneux, s'arrêtant même et se tournant vers Seyn.

- Vous ne devriez vraiment pas autoriser les mendiants à rentrer dans votre magasin. Ils pourraient prendre l'habitude et vous voler des choses pour les revendre.

L'homme fit ensuite un geste rapide de provocation qui fit sursauter le muet et se ratatiner encore plus si possible mais qui le fit bien rire.

Bon d'accord, là c'était trop. Il m'avait déjà bien échauffé les oreilles le bonhomme. S'en prendre à Link c'était trop, beaucoup trop. Il m'avait méchamment énervé. Je contournai le comptoir et, d'un pas calme et tranquille en apparence, je me plaçai devant Link et dis le plus poliment possible :

-Ne vous inquiétez pas monsieur. Je gère ce magasin comme je l'entend, ce n'est absolument pas un mendiant mais un ami. Au plaisir de vous revoir.

Je lui souris et attendis qu'il parte.

Link attendit que l'homme s'en aille, vexé comme un pou (l'homme pas lui), jurant qu'il ne reviendrait plus. Le muet ne bougea tout de même pas, encore un peu effrayé, caché dans le pelage de Tolys comme un bébé chat qui s'accroche à sa mère.

Je poussai un grand soupir quand la porte se referma. Enfin seuls.

Je me retournai vers Link qui n'avait pas bougé, planqué derrière Tolys. Je m'accroupis devant lui et lui souris :

-Désolé pour ça, on a pas que des gens sympa dans le métier. On en était où ?

Je pris quelques seconde pour réfléchir, le nez en l'air puis redirigeai mon regard sur le jeune homme :

- Ah oui ! Je te proposais un second chocolat. Ca te dit ?

Je lui sourit à nouveau.

Link sortit la tête de la peluche qui lui servait de couverture, plutôt lourde d'ailleurs, et jeta un oeil à son carnet, qui avait glissé sous l'étagère et reporta son regard sur Seyn et hocha la tête avec ferveur. Il avait encore un peu peur mais la gentillesse de l'homme face à lui, qu'il se décida d'appeler ami dans son esprit aidait beaucoup. Un doux sourire affectueux établit rien que pour Seyn étira ses lèvres.

Le sourire que m'offrit Link était très TRES agréable. Un trop plein de douceur. Je me relevais et lui dis :

-Tu peux pousser gros machin si tu veux, il pèse son poids l'animal. Je vais te cherche le chocolat, fait comme chez toi.

Je vis Tolys me regarder avec ses grands yeux expressifs et je lui souris de toutes mes dents en retour, je sais qu'il se vengera plus tard.

J'empruntais la porte qui menait à mon chez moi en attrapant au passage les deux tasses.

Le sourire de Link s'agrandit et ses yeux gagnèrent un peu en lumière. Il enlaça le col de l'animal et lui fit un câlin dans une attitude totalement enfantine, pour faire comprendre à Seyn qu'il ne le gênait pas. Tolys était un peu lourd, certes, mais il lui apportait un peu de chaleur et l'apaisait particulièrement. Le muet aurait aimé avoir apporté Flocon. Sans savoir pourquoi, il était sûr que son petit chaton fougueux s'entendrait à merveille avec l'animal qui lui tenait chaud.

Je montai les escaliers et pénétrai dans ma petite cuisine. Je pris une grand inspiration et souris, j'étais bien, très bien. Je préparai le chocolat et avisai mon placard à connerie ... Un petit sourire taquin naquit sur mes lèvres. J'avais quoi déjà la dedans ? J'ouvris le placard et vis des cookies, des brownies et des gâteaux aux amandes. J'attrapai le premier qui vint et l’emmenai comme je pus.

Une tasse dans chaque main et le paquet de cookies sous le menton je descendis les escaliers. Arrivé derrière le comptoir je lâchai mon fardeau de menton et posai délicatement les tasses.

Je repartis dans la réserve et attrapai quelques friandises pour le Lycaon. Je recoincai tout comme je pus et rejoignis Link. Arrivé devant lui je m'asseyais en tailleur sur le sol et posai tout devant moi :

- Tiens, sers toi.

Je lui souris

Link hocha la tête dans un signe de merci et passa ses bras sur l'animal afin de prendre sa tasse. Tolys se leva alors et alla s'enrouler un peu plus loin. Le muet, prit d'une impulsion soudaine et tendre se rapprocha de Seyn et s'assit à côté de lui puis dégusta son chocolat chaud, un petit sourire satisfait traînant sur ses lèvres.

Je vis Link se lever et s'assoir à côté de moi. Ca me fit très plaisir. Mais pour le coup ... On avait l'air un petit peu Naze assis l'un à côté de l'autre à siroter du chocolat assis à même le sol du magasin.

j’attrapai la boîte de cookies, l'ouvris, en attrapant un, me le coincai entre les lèvres et tendis la boîte à Link avec un regard à la " T'en veux ? "

Le muet s'essuya la main et fit un autre petit sourire à Seyn puis attrapa un cookie qu'il se mit à grignoter avec minutie. Une fois qu'il l'eut terminé il posa sa tasse, se releva et partit chercher son carnet sous l'étagère ainsi le stylo de Seyn. Il se rassit en tailleur et écrivit à l'attention de Seyn.

Merci beaucoup, pour tout ça. J'adore les gateaux et le chocolat en général. Et Tolys est vraiment un animal très affectueux, vraiment. Il est tout doux. Et je ne sais même pas ce que c'est comme félin mais il est merveilleux.

Je lu le petit mot de Link et lui souris. Je finis mon cookie et m'essuyai le coin des lèvres, histoire de ne pas avoir l'air trop idiot et répondis :

- Haha, je suis bien content d'avoir tapé juste. Tolys, c'est un Lycaon, le chien sauvage d'Afrique. Je ne sais même pas pourquoi on est resté ensemble mais on a exactement le même caractère, c'est assez drôle et très intéressant. C'est un ami formidable.

Je regardai le Lycaon revenir avec sa friandise et s'installer devant nous. Mâchonnant son bâtonnet avec une indifférence sarcastique.

Un petit silence agréable suivit la réponse de Seyn et Link en profita pour prendre un second cookie, le casser en deux et présenta la moitié à son nouvel ami. Il grignota ensuite sa moitié et commença à se poser tout un tas de question sur le commerçant. Il voulait en savoir plus. Il était curieux. Ni une, ni deux, il prit son carnet et écrivit à son intention.

Tu...Tu pourrais m'en dire plus sur toi? Tu n'est pas obligé bien sûr. Je sais que ce n'est pas bien d'être trop curieux.

Je pris la moitié de cookie qu'il me tendait, le remerciai et lu son carnet en grignotant. J'eus un sourire taquin en lisant le " ce n'est pas bien d'être trop curieux."

Puis je me questionnai, avais-je envie de lui parler de moi ? Hum ... Dans l’immédiat j'avais juste envie d'en savoir plus sur lui. Mais allons y, si ça peut lui faire plaisir :

- Tu me fais penser à Nim en disant que c'est pas bien d'être curieux, haha. Alors ... Hum en ce qui me concerne ... J'adore le Quidditch, on ne s'en douterait pas -je lui souris- j'étais poursuiveur dans l'équipe de Gryffondor quand j'étais à l'école et maintenant je suis poursuiveur dans l'équipe de L'Irlande.

Je me contentai de ça pour le moment. Par contre :

-A toi maintenant, dis moi quelque chose.. Mais surtout ! Si tu n'as pas envie, ne le fais pas !

Je lui souris affectueusement.

Link sourit quand son ami lui avoua aimer le Quidditch, quelle surprise! Ses yeux brillèrent d'admiration, cependant, quand il apprit qu'il jouait en professionnel. Son parrain adorait l'équipe nationale Irlandaise et allait voir chacun de leur match ce qui n'était pas rien.

Il blanchit cependant quand il dut rendre la pareille au commerçant. Qu'allait-il lui dire? Peut-être que... Peut-être qu'il pouvait... Il attrapa son carnet et écrivit.

Je vais te montrer quelque chose. Mais tu dois me promettre de ne pas te mettre en colère contre moi ou quoi que ce soit. Je sais qu'on ne se connait pas depuis longtemps mais je te demande de me faire confiance, d'accord?

Me mettre en colère ? Qu'est qui pourrai bien me mettre en colère en dehors du boulet de tout à l'heure ? J'étais en cet instant présent très intrigué.

Il me demandait de lui faire confiance et j'avais envie de lui faire confiance je lui dis donc :

-Je te promet de ne pas me mettre en colère et je te fais confiance.

J'eus alors un doux sourire

Link posa son carnet avec douceur à coté de lui et se plaça à genoux face à Seyn. Il tremblait de peur, littéralement et devait vraiment être blanc mais sans savoir pourquoi il voulait vraiment le faire. Et puis il fit des gestes qu'il n'avait qu'une seule autre fois dans sa vie, avec la préfète des Serpentard. Il attrapa la main chaude de Seyn et la plaça à la limite de sa mâchoire, contre son cou. Il le regarda ensuite dans les yeux et murmura un "je suis muet". Ses cordes vocales tremblèrent mais aucun son ne sortit.

Je regardais le jeune homme s'installer en face de moi, prendre ma main et la mettre contre son coup. Sa peau était vachement douce. Il "parla" alors mais aucun son ne vint, pourtant je sentis sa gorge trembler. La sensation était ... Bizarre.

J'espérais avoir comprit ce qu'il venait de me dire.

-Muet c'est ça ? ... Ca explique le carnet. Je lui souris. Mais je ne vois pas pourquoi je me serais mit en colère. Tout ce que je ressens en ce moment c'est de la tristesse. De la tristesse pour toi, ca ne doit pas être facile comme situation et un peu de tristesse pour moi aussi... J'aurais adoré entendre ta voix.

Ma main n'avais pas bougé.

A la réaction de Seyn, une myriade de sentiments emplirent le muet et se répercutèrent dans ses yeux. Du soulagement parce que son camarade n'était pas dégoûté. De l'affection parce qu'il voulait bien encore de lui comme ami, enfin il l'espérait et enfin une immense tristesse, comme un puits sans fond qui teintait ses yeux de foncé, presque de noir. Il aurait bien aimé, lui aussi, pouvoir parler de vive voix. Il s'appuya sur sur la main de Seyn de façon inconsciente, dans une certaine recherche de réconfort.