Je ne ressentais plus que de la panique maintenant ... Je ne savais pas quoi faire. La belle nuit qui nous enveloppait devenait angoissante. Link sur mon dos ne pesait bizarrement rien ... Où est ce que je pouvais aller ?

J'avais l'air d'un animal encerclé par les chiens. Je tournais sur moi même, à la recherche d'un peu d'aide.

Et enfin, je le vis... Mais pourquoi je n'y avais pas pensé plutôt ?
Je souffla :

-Poudlard !

Ce petit mot créa un nuage de brume devant mes lèvres.

Un flash. Une petite sonnette tinte et le petit garçon brun entre comme un boulet de canon dans l'épicerie. Il sait déjà ce qu'il veut et pourtant il s'arrête devant le comptoir et lance un "Bonjour" de sa petite voix chantante.

La sensation d'être traqué m'envahissait. L'animal c'était moi, j'étais la petite belette seule au milieu de la forêt. Oui, j'étais complétement paniqué. Je ne savais pas ce que Link avait, je ne savais pas ce que je devais faire, alors je fuyais à la recherche d'un peu d'aide. Je fuyais en courant vers le château qui me tendait les bras.

Je courais de toutes mes forces vers le château et pourtant, comme dans un cauchemar, j'avais l'impression de ne pas avancer.

Un flash. Le petit Link se leva du sol sur lequel il était assis, babillant joyeusement à propos de tout et n'importe quoi...Surtout n'importe quoi. Il s'approcha de la vieille dame et lui fit un bisou sur la joue qui claqua dans l'air. L'épicier laissa échapper un petit rire alors que sa vieille mère souriait au garçonnet en lui tendant un caramel. L'enfant le prit et le mis dans sa bouche puis parcourra les rayons à la recherche de son futur goûter.

Je commençais à m’essouffler. Mais je devais tenir, continuer, avancer. Poudlard avait l'air encore tellement loin. Un sentiment de désespoir m'envahis, j'étais perdu. Complétement perdu.

Et pourtant, je continuais à courir... Et j'aurais continué si une racine ou je ne sais pas quoi ne m'avais pas éclaté la cheville, me faisant chuter dans la neige, Link toujours sur le dos.

La tête dans la neige, les larmes me montaient aux yeux.... NON ! NON Ce n'était pas le moment !

Quand l'accablement était à son comble j'eus un éclair de génie et, dans le froid de cette nuit qui avait pourtant si bien commencé j'hurlais :

-Accio Balais !

Pourquoi je n'y avais pas pensé plus tôt ?

Enfin il l'avait trouvé! Et c'était le dernier! Le dernier paquet de gâteaux chocolat-caramel! Ouf, il avait eu chaud. Il lui fallait absolument ces gâteaux pour le goûter! Si ça se trouvait, ils n'existaient même pas en Angleterre. Flash. Le petit garçon se mit sur la pointe des pieds et paya. Il fit un dernier bisou à la vieille dame et à son fils puis la sonnette retentit de nouveau, signe qu'il sortait du magasin.

Il arrivait, je le voyais. Mon balais, mon fidèle ami. Une petite vague de soulagement m'envahis. Mon balais arriva et s’arrêta près de moi. J'essayais de me remetre debout, Link toujours sur le dos quand un éclat douloureux me pris la cheville.

-Putain de Racine !

Je ne savais même pas si c'était une racine mais je m'en fichais, ce n'était absolument pas la priorité. J’enfourchais mon balais et plaçais Link devant moi, j'appuyais sa tête sur mon épaule et soutenais d'un bras son dos, le coinçant contre moi.

L'instant d'après, je m'envolais direction Poudlard

Flash. Il chantait. Il ne savait plus quoi il chantait mais c'était bien. L'air devint vite vicié, cependant, et le soleil sembla tout d'un coup fade. L'ensemble était étrangement pesant et il n'arrêtait pas de chanter. Pourtant, pourtant quelque chose tirait la sonnette d'alarme dans son esprit. Il ne voulait pas revivre ça... Tout mais pas ça, par pitié. Le chant s'arrêta alors qu'une voiture crissa dans le virage et qu'un bruit de choc retentissait. Et Link sursauta en ouvrant les yeux brusquement, en larmes.

Je sentis Link bouger dans mes bras, les larmes coulaient sur son visage. La poitrine compressée, je criais par dessus le vent qui rougissait nos joues :

- Ca va ?

Bizarrement je ne m'attendais pas vraiment à une réponse et si j'en avais une ... Ca m’entonnerais qu'elle soit sincère... Tout ce qu'il comptait pour moi maintenant c'était de le confier à quelqu'un de compétent, dans un endroit chaud.

Poudlard se rapprochait

Le muet papillonna des yeux, ne comprenant pas bien ce qu'il se passait. Il était terrifié, encore prit dans son songe et ne savait pas où il se trouvait. Il s'accrocha à Seyn dans une étreinte un peu désespérée et enfouit sa tête dans son cou. Bien sûr qu'il allait bien. Il n'était juste pas trop dans son assiette? Mais ce n'était pas comme s'il allait lui écrire ça alors qu'ils étaient tous deux sur un balais. Il resserra son étreinte, tentant de ne plus pleurer pour rien. Par Morgane, qu'il était ridicule!

Je sentis le visage froid de Link se coincé dans mon cou. J'avais l'impression qu'il s'accrochait à moi comme un noyé à une bouée. Je n'avais aucune idée de ce qu'il s'était passé. Absolument aucune idée. Et pour le moment, vraiment, tout ce que je voulais c'était le voir en sécurité. Les choses avaient pris une tournure bizarre.

Dans un geste que je voulais réconfortant, je passais mon bras par dessus ses épaules et le rapprochais encore un petit peu de moi. Je voulais à cet instant le réchauffer, le rassurer et éviter qu'il ne tombe.

Mon balais accéléra.

Link somnolait dans les bras de Seyn. Il n'était pas bien mis et si on lui avait demandé il aurait certainement dit qu'il avait froid. Mais la chaleur qui émanait de son ami était réconfortante et la douleur, toujours là, le poussait vers le sommeil réparateur dont il avait besoin. Il ne voulait juste pas laisser Seyn encore seul à prendre soin de lui.

Le regard coincé vers l'avant, coincé sur la tour d'Astronomie qui s'approchait toujours plus. Je voulais arrivé, je voulais l'aider. Je voulais qu'il aille mieux, je voulais revoir son sourire, je voulais revenir en arrière... A cet après midi si agréable qu'ils avaient passé ensemble.

Voir Link se réveiller m'avais un petit peu rassuré mais le calme intérieur n'était pas là. Le portail du château, lui, par contre, était là.

J’amorçais ma descente.

Sa tête dodelinait alors qu'il luttait de plus en plus contre le sommeil. Link attrapa doucement le haut de Seyn et ferma son poing dessus pour lui montrer qu'il était réveillé, qu'il allait bien et que ça aller s'arranger. Depuis un petit moment déjà, il n'avait pas sentit un besoin aussi fort de parler. Et sa frustration de ne pas pouvoir le faire le maintint éveillé.

Je sentis le poing de Link se refermer sur ma chemise qui ne ressemblait plus à rien. J'avais choisi de ne pas passer par la grande porte et survolais maintenant la forêt interdite.

Les bruits qui nous parvenaient d'en bas me firent bizarrement penser à Nim et sa passion pour les animaux. Pourtant, ce n'était absolument pas le moment, j'avais envie de me foutre des claques !

Je me posais à l'orée de la forêt, abandonnais mon balais et trébuchais. Saleté de cheville ! Sur le moment je râlais un peu mais, mettant la douleur dans un coin de mon cerveau, je parti en courant (bon d'accord : en clopinant) portant Link comme une princesse. Sans réfléchir je lui dis, priant pour qu'il m'entende :

- Tu râleras plus tard.

J'eus envie de sourire ... Je ne réussis pas

Link savait que son ami courrait...Ou plutôt tentait de courir. S'il n'était pas aux portes de l'inconscience il aurait peut-être rougi d'être porté comme une princesse mais vu son état il préférait vraiment ça au sac à patate. La course était vraiment pleine de cahot comme si son ami peinait à avancer. Il serra un peu plus le poing sur sa chemise mais ne rajouta rien de plus.

J'étais tellement fatigué ... Le souffle court, j'approchais du château. D’énormes vaguent de nostalgie et de souvenirs me prirent à la gorge. Rien n'avait changé. Absolument rien.

Je passais les portes et entrais, ma respiration saccadée et le bruit des mes pas résonnaient. Je connaissais ce château par cœur. Je me lançais à l'assaut des escaliers. Enfin, je savais où aller.

Le poing de Link accroché à ma chemise était ma dose d'adrénaline.

Le muet ouvrit grand les yeux et reconnu les pierres de l'école qu'il fréquentait depuis peu de temps. Qu'est ce qu'ils faisaient à Poudlard... Il était sûr d'être à Près-au-Lard il n'y a pas deux minutes. Link fronça les sourcils et resserra son poing alors comprenant que quelque chose n'allait vraiment pas avec Seyn. Même déboussolé, il sentait le souffle court de son ami et sa démarche peu sûre, malhabile.

J'y étais presque ! J'arrivais au premier étage. L'infirmerie était là, devant moi !

Les yeux toujours vers l'avant, je sentis Link resserrer encore son poing ... Est ce qu'il avait mal ? Comment est ce qu'il se sentait ? C'était presque fini. Je priais pour qu'il tienne. Vraiment.

D'un coup d'épaule peut-être un peu trop violent pour les résidents, je poussais la porte de l'infirmerie.

Dans un souffle, j’articulais :


-S'il vous plaît... Aidez le !!

Il entendit Seyn crier ou du moins tenter de dire quelque chose et les lumières de la pièce s'allumèrent, et Link finit par laisser le noir l'absorber. Il n'en pouvait plus. Il garda tout de même son poing accroché au t-shirt de Seyn. L'infirmière s'approcha, d'abord confuse puis soupira.

- Monsieur Landers? Qu'est-ce que? Oh, Monsieur Brown, déposez le sur un brancard, nous allons voir comment il va. Je suis étonnée que ses camarades ne l'aient pas amené ici.

L'infirmière n'avait pas changée depuis sa dernière année. C'était très agréable. J'avais passé tellement de temps avec elle. Nostalgie.

Je fis ce qu'elle me dit dans la seconde qui suivit, déposant Link sur le fameux brancard. Il était reparti ... Je ne sais pas exactement où mais il n'était, en cet instant, pas avec moi. Une petite pique de tristesse me traversa mais elle fut vite écrasé par l’inquiétude qui revint.

J'eus néanmoins une sorte de petit sourire quand je vis le poing de mon ami toujours sur ma chemise. Avec une sorte de tendresse, je le décrochais et m'éloignais pour laisser l'infirmière faire son travail.

- En fait ... On a passé l'après midi ensemble et en rentrant, il s'est effondré. Je me demande si c'est pas le piment qu'on a cuisiné ...

L'infirmière rit et se tourna vers Seyn avec étonnement.

- Il ne vous a pas dit? Il tombe dans cet état de semi inconscience une fois tous les mois. Généralement il vient à l'infirmerie pour passer la soirée ici. Ceci est dû à son accident et à ses cicatrices. Il prend un traitement. Il est déjà arrivé que des camarades le ramène. Mais généralement il va bien. Ce qui ne semble pas être votre cas. Votre cheville.

Link bougea dans son inconscience et l'infirmière s'activa autour de lui. Elle fit des analyses de base et sourit doucement à Seyn.

-Il n'a rien. Ses cicatrices le font sûrement souffrir et elles sont un peu irritées mais il va bien. Laissez moi voir votre cheville maintenant, jeune homme!

Une immeeeense vague de soulagement m'envahit et me vida. Toute la fatigue accumulée me retomba dessus. Je m’affaissais sur le tabouret le plus proche en poussant un grand soupir.

- Il ne m'a que vaguement parlé ... Pour être honnête, on ne se connait que depuis cet après midi...

Quand l'infirmière demanda à voir ma cheville je retournais trois ans en arrière, l'époque où j'étais encore élève. C'est donc avec un sourire et sans broncher (comme j'avais l'habitude de le faire) que je lui montrais ma cheville qui avait eu le temps de doubler de volume ... J'eus envie de l'insulter mais ca n'aurait servi strictement à rien.

-Il m'avait parlé de son traitement mais pas d'un accident ... J'aimerais que vous ne m'en parliez pas plus s'il vous plait. Je préférerais qu'il m'en parle lui-même.

J'eus un sourire sincère pour l'infirmière.

Link se réveilla et trouva la force de s'asseoir dans le lit au moment l'infirmière allait répondre. Il cligna des yeux et ne put plus lâcher la première chose que ses yeux rencontrèrent: une cheville enflée et violette qui était dans cet état, il en était sûr, seulement par sa faute. Il afficha un air désolé et si coupable qu'il devait être ridicule mais il ne put l'empêcher.

Dans le dos de l'infirmière, je vis Link bouger et se relever. Sur son visage fatigué, une expression coupable apparu.

Je ne savais pas vraiment pourquoi il réagit ainsi. Alors je suivis son regard et observais ma cheville qui reposait dans les mains de l'infirmière. Je compris vite : Il s'en voulait.

J'essayais de me lever et me trainais littéralement vers Link. Arrivé (enfin) à son chevet, je tirais un tabouret qui trainait pas loin et m'assis.

-Le sourire te va mieux que cette mimique, je n'ai pas vraiment envie de la voir sur ton visage. Je lui souris. Comment te sens tu ?