Le muet tritura ses doigts, légèrement gêné. Son carnet avait dû tomber durant leur envolée et il ne savait pas trop quoi faire. L'infirmière sembla le remarquer et s'absenta puis revint avec un petit bloc note et un stylo qu'elle avait toujours en prévention pour lui. Il lui fit un sourire et écrivit.

Je suis désolé. Je ne voulais pas que tu assistes à ça mais j'étais tellement bien avec toi que j'ai oublié de rentrer jusqu'au dernier moment. Je suis désolé encore. Je suppose que tu veux savoir. Je peux te raconter mais avant tu dois guérir ta blessure. Je suis désolé.

Ce qu'il me dit me fit très plaisir. Très très plaisir. Ca me fit moins plaisir qu'il passe son temps à demander pardon.

- Ne sois pas désolé pour tout ça, d'où c'est de ta faute ? J'ai passé de très très bons moments avec toi et je suis content qu'ils soit arrivés, tous. Enfin, d'autres moins content qu'ils arrivent mais je ne les renierais pour rien. Je ne veux pas entendre ton histoire si tu me la racontes par obligation, je suis curieux bien évidemment mais je préfères la connaître parce que tu as envie de me la raconter, pas parce que tu dois. Je ne sais pas si j'arrive à bien m'expliquer... Ca ne doit pas être très compréhensible ..

Je lui servis un sourire fatigué

Link fit un petit sourire peu sûr de lui à Seyn et se remit à écrire. Il était épuisé et se doutait que son ami aussi.

Un jour. Un jour je te raconterais. Je te le promet. Mais juste, pas ce soir,d'accord? Tu devrais dormir à l'infirmerie, cette nuit. Je suis sûre que notre charmante infirmière te laissera faire. Tu ne devrais pas rentrer. La nuit est dangereuse. Et puis

Et puis ... Et puis quoi ? Je levais un sourcil d'incompréhension. ... J'étais ... Frustré ... Et puis quoi ... ?

Je regardais Link à la recherche d'une réponse ... Qu'avait il voulu dire ? Pourtant, je choisis de ne pas l’embêter avec ça ...

- Je sais que Madame l'infirmière ne me virera pas, je fis un grand sourire à ladite infirmière. Mais je n'ai plus ma place ici. Et puis, en balais, je ne suis pas loin. Ne t'inquiète pas et repose toi. Quand on se reverra, parce qu'on ce reverra, je te veux en pleine forme !

J'eus un grand sourire sincère.

Il avait terriblement envie que Seyn reste. Il ne savait pas pourquoi et n'était de toute façon pas en état pour analyser tout ça. Mais il voulait qu'il reste. Cependant il n'insista pas. Le muet n'était pas quelqu'un d'égoïste et refusait de le devenir. Il hocha la tête, simplement et offrit un petit sourire tremblant à Seyn.

J'eus un petit sourire triste, bizarrement j'étais déçu. Mais bon, ce qui était fait était fait. Je devais le laisser se reposer... Je fit doucement grincer le tabouret sur le sol et me levais .... Difficilement.

J'allais quand même demander quelque chose pour ma cheville avant de partir parce que par Merlin, elle faisait quand même mal

Il n'eut pas le temps de réfléchir que sa main agrippait le bas du t-shirt de Seyn avec le peu de force qui lui restait, tentant de ne pas l'éloigner de lui. Il était inquiet et ne voulait absolument pas le voir voler seul, avec cette cheville en vrac jusqu'à chez lui. Et puis, il n'était pas obligé de se mentir à lui-même. Il VOULAIT que Seyn reste avec lui. Le muet ne voulait pas dormir, il était effrayé par ses souvenirs mais le commerçant l'apaisait, étrangement.

Je sentis mon haut se faire, doucement, tirer en arrière. Je me retournais et vis la main de Link agrippée à ma chemise. Je ne pus m'empêcher de sourire. Ca... Ca m'envahit d'un bonheur chaud. J'avais pas envie de partir... Je me sentais bien près de Link. J'avais l'impression que l'espoir pouvait revenir.

Je me jeta un regard à l'infirmière et, comme si elle avait comprit, elle dit :

- Ce n'est effectivement pas raisonnable que vous rentriez avec une cheville comme ça, j'en connais au moins un à qui ça ferait plaisir et puis... Je serais curieuse de savoir ce que vous et monsieur Jones êtes devenus.

Link acquiesça aux dire de l'infirmière, montrant qu'il était absolument d'accord mais ne lâcha pas le t-shirt du commerçant, de peur de le voir fuir loin de lui. La tête toujours baissé, et rouge de honte de se comporter ainsi il ne bougea pas, attendant que l'infirmière s'occupe du pied de Seyn. Lui aussi voulait en savoir plus sur l'ancien élève.

J'étais cerné ... Complétement coincé. Mais la situation ne me déplaisais pas. J'avais passé tellement de temps à l'infirmerie que c'était devenue mon dortoir d'adoption. Je poussais un petit soupir et souris.

Pour ne pas que le contact se brise entre Link et ma chemise je me rassis sur le tabouret sur lequel j'étais avant, posant ma jambe à la cheville gonflée sur l'autre.

Je dis à l'infirmière avec un sourire :

-Que voulez vous savoir ?

Link ne lâcha pas sa poigne et écouta tranquillement l'infirmière poser ses questions. Avant de commencer elle alla chercher une fiole et la tendit au muet qui l'avala d'un coup et laissa enfin sourire détendu apparaître sur son visage. La douleur diminuait un peu. Enfin.

- Et bien, qu'avez vous fait, vous et monsieur Jones en sortant de Poudlard? Vous étiez les plus doués pour vous attirer des ennuis. Comment va-t-il, lui aussi?

Je regardai l'infirmière donner une fiole à Link et Link la vider et sourire. Je fus soulagé.

Je ris quand l'infirmière dis que nous étions doués pour nous attirer des ennuis ... C'était exactement nous.

-Et Bien Lance est dans le ministère de la magie, au département de la coopération magique international. Et moi j'ai reprit le magasin d'accessoire de Quidditch. Et puis bah ..; Tout les deux nous sommes des joueurs officiels dans l'équipe d'Irlande. Donc on continu à côtoyer les infirmeries.

Je jetai un regard à Link et lui souris.

Link eut rapidement mal à la main et finit par lâcher le t-shirt de Seyn alors que l'infirmière babillait des félicitations à son ancien élève et préparait un lit aux côtés de celui de Link. Celui-ci prit son carnet et écrivit.

Lance est le génie qui a un si bon goût en matière de pansement? Dis...tu vas rester hein? Ta cheville te fait mal?

Je lis le petit mot et lui souris :

- Le génie je ne sais pas mais oui, les pansement et tout le reste ... C'est de lui ... Quel âne. .. Oui, je vais rester, je repartirais quand il fera jour...

Je souris à Link et lui ébouriffa les cheveux.

-Et ne t'inquiète pas pour ma cheville .. J'avais vu pire. Et madame l'infirmière est la pour confirmer.

Link regarda l'infirmière, inquiet mais un seul échange de regard leur suffit pour se comprendre. Il se détendit et s'allongea dans son lit, tranquillement, ses yeux ne quittant pas Seyn alors que l'infirmière s'approchait du commerçant pour le soigner.

Il se passa un truc entre Link et L'infirmière mais ... J'avais rien comprit .. Tant pis, ca avait apparemment rassuré mon ami, donc aucun problème. Il se rallongea et mon regard se porta sur l'infirmière qui arrivait avec tout son attirail. J'eus un soupir...

- Vous n'avez pas changé de méthode depuis le temps, n'est ce pas ?

Pour toute réponse elle me tendit une fiole ... LA fiole ... Je la connaissais par cœur. Et elle était pas bonne. Je la débouchais et l'avala d'un coup pendant que l'infirmière me bandait la cheville. Je me tournais vers Link et lui fis une grimace de dégout enfantine dans le but de le faire rire.

Link échappa un petit rire qui prit vite fin. Il regarda l'infirmière bander le pied de Seyn puis après un dernier "plus de bruit maintenant" elle éteignit les lumières et partit se recoucher. Le muet se tourna dans son lit, face à celui de Seyn et sourit d'un air fatigué, une main pendouillant légèrement entre les deux lits.

L'infirmière partit. J'étais fatigué mais bizarrement .. Je n'avais pas envie de dormir ... Je m’écrasais pourtant sur le lit, tournant la tête vers Link. Je vis le sourire de mon ami et sa main qui pendant. Sans réfléchir je la pris et observa le pansement ...

- Avec celui-ci, si Lance l'avait vu ... Je suis sur que j'aurais gagner !

Link rougit dans le noir mais sa gêne disparu bien vite alors qu'un petit rire le secouait. Il était heureux de finalement pouvoir dormir en compagnie de son nouvel ami sans avoir à se soucier de tomber dans les pommes ou de rêver de... ou de rêver de... Son sourire disparut et il serra la main du commerçant, cherchant un peu de réconfort.

Je sentis la main de Link serrer la mienne et d'un coup... Je m'inquiétais :

-Ca va ...?

Je serrais la main de Link à moi tour ... Espérant que ça serve à quelque chose.

La main qu'il touchait était chaude et éloignait les nuages de son esprit. Il pouvait dire sans aucun doute et sans mentir que oui ça allait. Il fit un petit sourire à Seyn et bailla, tentant de garder les yeux ouverts. Le muet finit par simplement s'endormir, le sourire aux lèvres et la main chaude de Seyn dans la froideur de la sienne.

J'entendis la respiration régulière de Link. Il s'était endormi ? ... C'est qu'il devait aller bien ... Enfin ... C'est ce que j'en conclu... J'étais bien là, dans l'infirmerie, la main de Link dans la mienne. La dernière fois que j'avais tenu une main comme ça ... C'était celle de Karna ... J'eus un énorme de doute. Je murmurais alors :

-Je n'y ai pas le droit.

En plein doute, je lâcha à contrecœur la main de Link et m'endormis

Link fronça les sourcils dans son sommeil alors qu'il lui semblait que sa source de chaleur était partie. Il se retourna plusieurs fois puis se replaça face à Seyn, sans se réveiller et dormi jusqu'au matin.

Le lendemain arriva trop vite à mon goût. J'étais diffracté... Je regarda Link qui dormait encore ... Il fallait bien que je rentre ... L'après midi d'hier avait été magique et plein de sensation... J'avais ressentis des choses que j'avais oublié depuis longtemps mais maintenant j'avais peur... Peur d'une boucle sans fin.

Je jeta un oeil à Link et, sans réfléchir, lui ébouriffa les cheveux.

J'eus un petit sourire et fini par partir.

Quand Link se leva ce matin là, il avait l'impression d'avoir bien dormi. Il s'assit mais ne trouva plus son camarade à ses côtés et se mit à paniquer. Ce n'était pas un rêve n'est-ce pas? Pas encore? Les gens qu'il appréciait étaient-ils tous voués à disparaître sans laisser de traces?

Un grand sentiment de solitude et de tristesse envahit le muet quand il comprit. Seyn l'avait fui, n'est-ce pas? Il avait fui la chose horrible qu'il était. Et si ça n'avait tenu qu'à lui, lui aussi aurait fui. Il se prépara rapidement et partit de l'infirmerie laissant derrière lui une infirmière dépitée.