Vendredi 1er Août 2014

Heathrow. Cecil avait l'habitude de prendre l'avion, même si cela faisait plusieurs années que ça ne lui était pas arrivé. Il n'avait tout de même pas perdu son organisation naturelle qui lui avait permis de n'avoir qu'une petite valise, du moins, c'est ce qu'il aurait dit à n'importe quel moldu. En réalité, il pouvait remercier la magie et son fidèle sortilège d'Extension indétectable qui lui avait permis d'amener la moitié de sa bibliothèque entre autre. Il se posta devant la porte d'entrée du terminal 2 en attendant Camille.

Cecil vit arriver Camille et son cœur se mit en fête. Ils allaient passer trois semaines ensemble. Il ne pouvait rêver mieux. Une pointe d'inquiétude tout de même : ils n'étaient jamais restés ensemble aussi longtemps. Cecil savait qu'au bout d'un moment, il aurait besoin d'espace et de temps seul. Mais la voir arriver le remplit de bonheur. Il l'embrassa pour la saluer et prit galamment son sac de voyage.

"Allons-y, professeur."

Cecil entra dans le terminal et se dirigea vers le poste d'enregistrement des bagages.

Cecil observa les panneaux d'affichage des départs des vols d'un air détaché.

"Pas le moins du monde. Étonnamment, je n'ai jamais eu le vertige en avion. Il faut croire que je suis un peu étrange."

Cecil eut un petit rire. Une femme à l'apparence très angoissée se retourna vers eux.

"Olala, je ne sais pas comment vous faîtes... Je prends l'avion depuis plus de dix ans, et j'ai toujours autant peur... Vous savez, je crois que je tiens ça de ma mère..."

Cecil la regarda avec la même expression que lorsque qu'il trouvait un morceau dans sa soupe alors que la femme continuait à leur détailler son arbre généalogique et les phobies apparemment congénitales. Qu'est-ce qu'elle leur voulait celle-là?

Cecil tapait du pied en écoutant le femme parler jusqu'à ce que Camille lui tende son remède miracle. Cela l'étonna mais il attendit que la femme se fut retourner pour se pencher vers Camille.

"Pourquoi as-tu ça? Tu as le mal des transports?"

Alors qu'ils discutaient, la file continuait d'avancer jusqu'à la femme devant eux qui loua mille fois la gentillesse de Camille auprès des employés de l'aéroport qui n'en avaient manifestement rien à curer, mais s'ils surent se montrer presque courtois.

L'inspection des bagages se fit sans encombre et Cecil et Camille se retrouvèrent bientôt à faire une nouvelle fois la queue pour l'embarquement. Heureusement, la femme pénible était parti sur un autre vol.

Cecil regardait les gens qui passaient afin de patienter en faisant de temps en temps un petit sourire à Camille. Soudain, il aperçut quelqu'un qu'il connaissait de vue et qui venait vers eux.

"Merde."

Mike...

Les bagages, c'était ok, manquait que nous au final. La file pour l'embarquement était plus longue, bien entendu, mais j'avais l'habitude, il fallait juste prendre son mal en patience. J'entendis Cecil jurer et je me retournais vers celui qui lui avait tiré ce juron de la bouche. Je me crispais et attrapais la main de Cecil juste avant qu'il n'arrive jusqu'à nous.

"Camille, quelle bonne surprise, poulette ! Vernet... Dois-je volontairement t'ignorer ou puis je te saluer sans que tu ne me sautes à la gorge ?"

Insolent, encore et toujours. Mike dans toute sa splendeur. Je le repoussais afin qu'il s'écarte un peu de moi et soupirais.

"Mike... Y'a pas de coïcidence avec toi, qu'est-ce que tu fiches ici ?"

Cette journée commençait pourtant si bien. Mais bon, l'aéroport était visiblement le défilé des baltringues.

"Mike, quel plaisir de te voir! Je me disais aussi que j'avais senti l'odeur méphitique de la médiocrité."

A la question de Camille, Cecil répondit directement, sans laisser le temps à Mike de parler.

"Voyons Camille, demandes-tu à une huître pourquoi elle est collée à son rocher?On ne demande pas à un furoncle pourquoi il précède les ennuis."

Cecil ne laisserait pas ce cancrelat verruqueux lui gâcher ses vacances. Il allait donc faire preuve de tout l'affront qu'il pouvait.

Cecil bouillait d'une force telle qu'il était en train de s'imaginer quelle serait la meilleure solution pour faire souffrir Mike. Le tuer? Non... Trop facile. Le faire souffrir à petit jusqu'à ce que chaque parcelle de son être, chaque souvenir qu'il puisse avoir soit aussi brûlant et destructeur que la haine que ressentait Cecil pour cette girafe bien trop attirante.

"Si tu n'as pas de respect pour toi-même, essaie au moins d'en avoir pour les autres. Si la demoiselle te dit de lâcher l'affaire, lâche l'affaire, plutôt que de t'embarrasser de la sorte et de faire ton intéressant devant tout le monde. Gamin..."

En effet, nombreux étaient les moldus à s'être retournés autour d'eux en entendant les noms d'oiseaux qui venaient d'être échangés.

Cecil laissa Camille lui prendre la main, mais il ne répondit pas à son excuse, ni ne lui adressa un seul regard. Il était bien trop contrarié, et au fond blessé, par ce qu'il venait de se produire, sans qu'il put se l'expliquer de quelque manière que ce soit la raison pour laquelle cela l'affectait autant. Il ne comprenait pas Mike, ni ce qu'il lui voulait, et cela lui déplaisait viscéralement. Il réalisa soudain que son comportement envers Camille était injuste ; ce n'était pas de sa faute à elle. Il se tourna vers elle et lui fit un demi-sourire, encore trop crispé pour dire quoique ce soit.

Cecil se laissa emporter par le baiser de Camille qui le fit fondre autant qu'il le fit oublier tout ce qui venait de se passer, telle une vague apaisant les remous sur le sable.

"Hum, hum..."

Cecil rompit l'étreinte et regarda l'intéressé. L'employé de l'aéroport chargé de l'embarquement les fixait, visiblement très gêné. Cecil lui tendit les billets. Lorsque tout fut en ordre, l'employé les laissa passer. Cecil se pencha vers lui avant de continuer sa route.

"Jaloux."

Une fois arrivés dans l'avion, Cecil chercha leurs places. Il les repéra rapidement. Il mit leurs sacs dans les compartiments mis à leur disposition au dessus de leurs têtes avant d'inviter Camille à s'assoir. Puis, il se coula à son tour dans son fauteuil. Ils occupaient les deux places les plus proches du couloir dans leur rangée. A côté de la fenêtre, une jeune femme brune était déjà plongée dans la lecture du magazine de la compagnie aérienne. Cecil aurait voulu avoir la fenêtre, aussi, il s'offrit deux secondes pour bouder un peu.

"Bon, c'est parti pour presque douze heures d'avion. J'espère que leurs toilettes sont propres."

Les hôtesses puis le capitaine firent leur annonce et quelques minutes plus tard, l'avion décolla. Cecil adorait cette sensation grisante lorsque l'engin quittait le sol. Cela lui faisait des chatouilles dans l'estomac. Puis, une fois que l'avion eut pris de la hauteur, le signal lumineux les autorisa à détacher leur ceinture. Cecil ne se le fit par dire deux fois et ce libéra afin de s'installer plus confortablement. Il regarda autour de lui, observa les passagers avant de reporter son attention vers Camille en souriant, taquin.

"Je m'ennuie."

Cecil fit semblant de se vexer. Il posa le dos de sa main sur son front et dit d'un air mélodramatique :

"Oh, vous ne pourriez me faire plus mal! Puisqu'il en est ainsi, je m'en vais vous laisser afin de me réfugier dans des activités que je ne pensais avoir à faire lors d'un voyage à deux."

Il attrapa son sac et en sortit trois livres, une pile de parchemins, sa plume et son encre. Il allait se mettre à l'oeuvre lorsqu'il vit le regard étonné de la femme brune à côté de la fenêtre. Cecil reporta son attention sur l'amoncellement d'objets qu'il venait de sortir. Il adressa un sourire innocent à la femme et rangea ses affaires, ne laissant qu'un seul livre. Il sortit un petit carnet et un stylo moldu et reprit sa lecture là où il l'avait laissée. Il se pencha vers Camille.

"L'habitude."

Cecil reprit un air outré. A vrai dire, c'était vraiment l'habitude, mais le fait que quelqu'un puisse tiquer lui plaisait beaucoup plus.

"Il faut savoir soigner ses entrées, ma chère!"

Cecil fit un baiser sur la joue de Camille et replongea dans son livre, un volume extrêmement intéressant sur le zéro, son histoire et sa symbolique. Cecil dévora plusieurs dizaines de pages en quelques minutes avant de griffonner des longues notes sur son carnet.