Enfin, le soleil disparaît derrière les montagnes, plongeant Poudlard dans les ténèbres. J'assiste à la tombée de la nuit avec un sentiment d'exaltation et d'impatience qui ne cesse de croître. L'ombre s'installe, s'insiuant partout comme un serpent à la recherche de sa prochaine victime. Ah, quelle nuit parfaite ! Depuis toutes ces années, je n'ai jamais oublié le Maître. J'ai toujours suivi ses préceptes, adulé son nom dans le secret de mon âme. Et voilà venu le temps de le venger.

J'ai réuni un grand nombre de détraqueurs, issus de divers lieux plus ou moins éloignés. Je les ai convaincus de me suivre, pour se venger eux aussi. Ils ont faim, si faim... Depuis leur exil, ils ne se repaîssent que d'âmes déjà détruites. Ils veulent de nouvelles proies et je les leur founis sur un plateau. Ils ne sont pas nombreux, mais j'espère que le fait de les lancer par surprise suffira à leur offrir quelques victimes. Et plus il y en aura, plus je serais satisfait. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Il faut savoir se contenter de ce que l'on a.

J'ai choisi ce jour car ce sont les portes ouvertes à Poudlard. Il y a du monde, à l'intérieur. L'école accueille de nombreux sorciers qui passent la nuit entre ses murs, empreints de nostalgie. Quant à moi, j'espère bien interrompre les réjouissances pour un spectacle bien plus exaltant ! Il était tard mais le portail était resté ouvert, pour ces stupides portes ouvertes... Alors j'entrai suivi de mes troupes... Qui se dispersèrent dans la nuit.

Une ombre plane près du château. Tout aussi sombre que la silhouette du monument qui la surplombe, la créature n'émet pas un son. Elle est aussi silencieuse que la mort qu'elle semble incarner. Et sur son passage, les créatures se taisent. Et sous ses doigts décharnés, la porte de la serre se recouvre de givre. Elle s'avance, traînant un cauchemar à sa suite et plongeant le monde dans les ténèbres.

J'étais occupée à tailler des pousses de filets du diable lorsqu'un frisson me prit et que j'expirai fortement, surprise. Un léger nuage de buée se dissipa devant ma bouche et je fronçai les sourcils : nous étions en juin... Et il ne faisait pas froid, jusque là. Alors qu'une chair de poule terrible me prenait, je me retournai vers la porte des serres.

Il n'y avait rien, à part du givre qui se diffusait sur les vitres. Bizarre. Froid, froid, tellement froid ! Par tous les caleçons en soie de Merlin, comment c'était possible que ça caille autant ? Un bruit de pas attira mon attention et j'eus a peine le temps d'entrevoir une élève aux cheveux bleus qu'une main noir et décharnée saisit la porte.

"Nom de nom d'une tapette à mouches, qu'est ce que c'est que ce bordel ?"

Ah ah, une copine de mots pas beaux ! Brave petite ! A peine eus je formulé intérieurement mon enthousiasme pour la chose qu'il... Disparut. Bah, c'était pas si fameux que ça, après tout. Je me sentais soudainement... Déprimée. Mais bon... Si la gamine disait de sortir une baguette, moi, j'y voyais pas d'inconvénient. Puis le truc la... Il était vraiment moche.

"La vache on dirait un vieux rideau avec un elfe de maison moisi dessous." Ironisât-je dans un élan d'amusement qui disparut aussitôt.

Et voilà que la petite commençait à chialer... Punaise... Paraît que la grossesse ça fait pleurer, ben je confirme. Je me mis à pleurer à chaudes larmes à mon tour. Allez savoir pourquoi, je pensai a ma mère... Et puis au gars. Celui qui l'avait... Dans un hurlement de désespoir je me jetai sur ma compagne d'infortune en disant :

"Mamaaaaaaaan pourquoiiiiiii ?"

Et je serai la gryffndor contre mon cœur comme un gros doudou réconfortant.

Penser au bébé ? A mon bébé ? Ma merveille personnelle et portable ? Je roucoulai de bonheur en caressant mon ventre proéminent, même si... Ma maman... NOPE. Liz, tu ne peux pas faire ta chochotte quand la vie de ton bébé est en jeu ! Et la tienne aussi, accessoirement. Et puis celle de la fille, en fait. Okay. Il fallait faire quelque chose. Sauf que j'étais nulle en dcfm, moi. Sauf que... Ce machin, la, c'était pas une lavette volante. C'était quoi, la bestiole qui vole les sentiments avant de vous bouffer, déjà ? Ah, si Damien était la... Lui au moins il était pas détraqué du... Waitaminute.

"Détraqueur !" M'exlamai-je en désignant la chose d'un geste théâtral.

Pleine d'une bonne volonté inébranlable, je m'exclamai en imitant le geste de la fille :

"Spero Patronum !"

Aucune résultat. Même pas la jolie p'tite fumée argentée, la. J'avais du rater une étape dans la fabrication... P't'être le geste. Ou alors, fallait faire autre chose que juste le sort et le mouvement. Mais quoi ? J'en avais fichtrement aucune idée. Si ça se trouvait fallait lancer le sort a poil et enroulé dans du cellophane. Ah, si j'avais écouté mes cours de dcfm...

Beaux... Souvenirs... Des trucs a manger ? Fallait penser bouffe ? Okay, ça, c'était mon rayon. Je refis le mouvement en m'exclamant :

"Fraise a la chantilly, bulle baveuse, chocogrenouille, par le pouvoir du très saint Nutella ! Spero Patronum !"

Cette fois, une légère volute récompensa mon effort... Avant de disparaître dans un ridicule crépitement. Décidée à vaincre, je hurlai de toutes mes forces :

"Religieuse au chocolat !!! Spero Patronum !"

Bien que plus consistant, le petit nuage ne dura qu'un instant... Cl a sembla néanmoins faire reculer légèrement la créature, comme si elle cherchait un autre angle d'attaque.

Un souvenir heureux. Okay. Mais s'il ne s'agissait pas de bouffe, ça ne pouvait qu'être ... Damien ! Je pensai tres tres tres tres fort a mon fiancé, et recommençai la manœuvre. Cette fois, un nuage de taille très respectable se forma... Avant de réduire d'un coup comme un ballon de baudruche qui se dégonfle. On y était presque... Mais la chose, elle ne l'entendait pas de cette oreille. Si tant est qu'il en ait...

"Cours ! Faut qu'on sauve nos fesses !"

Aidée par Serena, je me mis à courir. Ou plutôt... A trottiner. Parce que courir, voilà quoi. Sauf que le sol, ça gelait. Je n'sais pas si vous êtes au courant, mais moi, le gel la glace tout ça... C'est pas tellement mon truc. Une seconde je courrais, la seconde je me ramassais et me mettais à rouler sur la pente douce en direction des marches du château, entraînant Serena avec moi.

Après avoir fait quelques roulés boulés pleins de grâce et d'élégance, la fille réussit à se relever et à m'ensorceler pour que je flotte au dessus d'elle. C'était vachement pratique Ca. Je devrais demander à Damien de me porter comme ça tout le temps. C'est vachement moins crevant que de gambader partout. De mon point de vue surélevé, je pouvais voir la créature nous flotter après.

"Attention au machin, il se rapproche !" M'exclamai-je.

Fallait faire quelque chose, mais quoi ? Baguette en main, je réfléchissais à la question.

En voyant que c'était fichu, la fille me laissa derrière elle pour attaquer la créature. Son sortilège la frappa de plein fouet et l'être sombre se redressa en écartant les bras, sa cape secouée par des rires silencieux... Et terrifiants. J'en frémis d'horreur avant d'avoir une révélation : je connaissais un sort contre les créatures flippantes ! En pensant très fort a une serpillère rose, je prononçais :

"Ridikulus !"

La file avait réussi à créer de jolies volutes d'un gris brillant, qui... Firent hésiter le detraqueur. Ok, c'était le moment. Je fermais les yeux en pensant au jour ou Damien et moi avions appris que nous allions avoir un bébé... Le plus beau jour de ma vie.

"Spero Patronum !" M'écriai-je en abaissant ma baguette.

Et alors, un miracle se produisit : a mon tour, jà parviens à invoquer un beau nuage... Informe, mais pourtant bien réel !

"Prends ça, serpillère des enfers !"