Enfin, le soleil disparaît derrière les montagnes, plongeant Poudlard dans les ténèbres. J'assiste à la tombée de la nuit avec un sentiment d'exaltation et d'impatience qui ne cesse de croître. L'ombre s'installe, s'insiuant partout comme un serpent à la recherche de sa prochaine victime. Ah, quelle nuit parfaite ! Depuis toutes ces années, je n'ai jamais oublié le Maître. J'ai toujours suivi ses préceptes, adulé son nom dans le secret de mon âme. Et voilà venu le temps de le venger.

J'ai réuni un grand nombre de détraqueurs, issus de divers lieux plus ou moins éloignés. Je les ai convaincus de me suivre, pour se venger eux aussi. Ils ont faim, si faim... Depuis leur exil, ils ne se repaîssent que d'âmes déjà détruites. Ils veulent de nouvelles proies et je les leur founis sur un plateau. Ils ne sont pas nombreux, mais j'espère que le fait de les lancer par surprise suffira à leur offrir quelques victimes. Et plus il y en aura, plus je serais satisfait. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Il faut savoir se contenter de ce que l'on a.

J'ai choisi ce jour car ce sont les portes ouvertes à Poudlard. Il y a du monde, à l'intérieur. L'école accueille de nombreux sorciers qui passent la nuit entre ses murs, empreints de nostalgie. Quant à moi, j'espère bien interrompre les réjouissances pour un spectacle bien plus exaltant ! Il était tard mais le portail était resté ouvert, pour ces stupides portes ouvertes... Alors j'entrai suivi de mes troupes... Qui se dispersèrent dans la nuit.

Une ombre se dissimule dans ce qu'il reste de la cabane d'Hagrid. Tout aussi sombre que le monde nocturne, la créature n'émet pas un son. Elle est aussi silencieuse que la mort qu'elle semble incarner. Et sur son passage, les créatures se taisent. Et tout ce qu'elle touche se recouvre de givre. Elle s'avance, traînant un cauchemar à sa suite et plongeant le monde dans les ténèbres.

J'avais passé quelques heures à m'occuper des créatures magiques près de l'ancienne cabane de Hagrid, avant le dîner. Mais je n'étais pas sûr d'avoir fermé correctement l'enclos des verracrasses. Bien que ces bêtes passives ne risquaient pas de s'échapper, je pris la peine d'aller vérifier. Une fois sur place, je m'arrêtai net. Pas un bruit. Pas un souffle. C'était anormal. Je m'avançai donc avec prudence vers les enclos...

Les portes ouvertes de Poudlard étaient une parfaite occasion de visiter les lieux, je marchai alors à la lisière de la Forêt Interdite. La nuit s'annonçait étrangement froide pour la saison, ce qui m'étonna beaucoup. Je vis alors à une centaine de pas de moi une cabane. Je m'avançai vers l'abri, quand une forme, humaine, marchant doucement, comme apeurée, apparue dans mon champ de vision. Soudain le silence, m'entoura, plus aucun bruit ne me parvint et c'est à ce moment que je su que quelque chose n'allait pas.

Un souffle me parvint. Un râle rauque que me faisait penser à une créature en train de mourir d'une infection des poumons. Je me cachai derrière un arbre, méfiant. Un coup d'œil derrière le tronc apprit qu'une forme sombre avançait vers le château. En volant à cinquante bons centimètres du sol... La peur s'insinua lentement dans mes veines, froide et sournoise tel un serpent rampant en direction de sa proie. Je saisis ma baguette et m'approchai sans bruit, un noeud dans la gorge.

L'humain se cachait derrière un arbre, mon regard suivit le sien et je compris de suite pourquoi il se cachait. Vague silhouette noire, vole à quelques centimètres du sol, plus aucun bruit et de la glace sur son passage : la description parfaite d'un détraqueur. J'espérais pour l'humain qu'il savais comment s'y prendre, sinon je serais obligé de donner du mien étant donné que je m'étais quelque peu entraîné au patronum les années passées. Je m'approchai cependant, prêt à intervenir en cas de nécessité.

Paddy... Paddy était à l'intérieur du château. Et des centaines de gosses innocents. Je ne pouvais pas laisser cette bête arriver jusqu'à eux. Je me concentrai pour chercher mon plus beau souvenir. Mon premier vol sur un balais, peut être ?

"Spero Patronum !" Articulai-je en exécutant le geste adéquat.

Une fumée argenté s'échappa de ma baguette, mais s'évapore bientôt... Le souvenir n'était pas assez heureux, probablement... Et le detraqueur m'avait repéré...

L'humain, qui s'avêrait être un jeune homme, venait de rater son sort, autrement dit, il était dans une très mauvaise situation. Je me mis alors à courir vers lui instinctivement pour le sauver. L'assaillant allait s'en prendre à sa proie au moment où j'arrivai à toute allure et percutai le jeune homme qui vola un peu plus plus loin. La face sombre du détraqueur se tourna alors vers moi, je saisis ma baguette mais la silhouette noire commença à absorber mon âme et je sentis tout le bonheur du monde disparaître.

Quelqu'un me fonça dessus a toute vitesse, me percutant de plein fouet. Je volai sur deux mètres et me retrouvai sur le dos. Ma baguette m'avait échappé avec le choc et je me depechai de la rechercher alors Ue la personne qui m'avait sauvé était attaqué par la créature. Quand j'eus enfin mis la main sur ma baguette, je m'exclamai par réflexe :

"Lashlabask !"

Le jet d'étincelles enflamma la cape du detraqueur qui s'écarta brusquement de sa victime.

Le détraqueur, en feu, s'était éloigné à plusieurs mètres de moi. J'en profitai pour me mettre à quatre pattes et palper l'herbe. Soudain un crac se fit ressentir sous mon genou : une large fissure avait entamé ma baguette mais elle tenait toujours. Je ne me risquerais cepedant pas à utiliser de sort trop puissant tel que... le patronum. Une fois de plus, l'éclair de la malchance m'avait frappé. Je n'avais alors pas d'autres choix que de me livrer au savoir faire du jeune homme qui avait l'air dévoué à se débarasser du détraqueur.

Bon... Je savais faire un patronus, mais je n'étais pas sûr que cela fonctionnerait face à un véritable detraqueur... Néanmoins, je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas laisser la créature nous tuer... Je levai donc ma baguette et, fouillant dans ma mémoire, me saisi du souvenir le plus beau dont je disposais : le jour ou ma fleur m'avait dit qu'elle m'aimait pour la première fois.

"Spero Patronum !"

Un filet argenté s'échappa de ma baguette, prenant peu à peu forme, jusqu'a devenir un ...

Minuscule poussin.

Un poussin... vraiment ? C'est très... impressionnant, je pense. Le patronus avait beau être un petit animal tout mignon, le sort s'était cependant avéré particulièrement puissant. Le détraqueur essayait de s'en prendre au jeune homme mais se heurtait chaque fois au patronum. Le souvenir dont s'était servi le sorcier devait être un de ses plus beaux. Le détraqueur attaquait avec moins de vigueur, du moins c'est l'impression que j'avais. Et moi j'étais là, impuissant, à regarder la scène comique et apeurante à la fois.

Cela fonctionnait ! Mon patronus était efficace ! Avec une vigueur renouvelée, je le poussin à l'attaque. C'était à la fois remarquable et ... Ridicule. Mon poussin bondissait sur le detraqueur, le picorant avec force. Celui-ci hésitait, reculait, s'éloignait. A chaque fois que la créature tentait de m'attaquer, mon poussin était sur son chemin, lui assénant des coups de bec et de griffes.

Je n'aimais pas ce sentiment d'impuissance, aussi je déguainai ma baguette.Tenter un sort d'attaque avec l'état de mon arme était tout à fait inconscient mais je n'avais pas vraiment le choix. Je pris une seconde pour réfléchir au sort que j'allais exécuter puis, ma baguette pointée vers le détraqueur, prononçai instinctivement :

-Evanesco !

Aussitôt, je sentis comme du vide dans ma main, j'avais voulu faire disparaître le détraqueur, pas ma baguette ! Le sort s'était effectué sur ma baguette qui devait désormais se ballader dans le vide.

Un coup d'œil m'indiqua que mon compagnon d'infortune avait raté son sortilège... Eh bien bravo, belle tentative quoique soldée par un échec. Finalement, probablement épuisé par les attaques éclair de mon poussin, le détraqueur prit la fuite.

J'avais du mal à y croire... J'avais effrayé cette créature ? J'osai espérer que nul n'avait pris de photo de la scène, car il serait très gênant que quiconque sache que je disposais d'un patronus aussi ridicule.

Le détraqueur prenait ENFIN la fuite. Ce combat était des plus ridicules, moi qui casse ma baguette et la fait disparaître dans les méandres de l'infini et lui qui fait apparaître un patronus poussin. Au final, la forme ne fait pas la force, que ce soit pour le poussin comme pour le jeune homme, ce dernier n'avait pas l'air très dangereux mais son sort avait été particulièrement puissant. A la base j'avais accouru vers lui pour le sauver mais c'était bien lui qui m'avait sauvé la vie. Je ne pus m'empêcher de le remercier :

-Merci beaucoup.

L'homme me remercia et je me contentai d'un signe de tête gêné. Vous savez que je ne suis guère très bavard, mais les circonstances on ne peut plus dramatiques de notre rencontre avaient empiré cet état de faits. Il faudrait être bien inspiré pour me tirer de mon mutisme, à ce moment. Ou être Paddy. Oui, elle, elle aurait pu. Mais l'individu face à moi n'était pas ma belle gryffondor, aussi me contentai je d'un signe de la main comme simple salutation avant de filer vers le château.

Le jeune homme tourna les talons vers le château et s'en alla. Je voyais sa silhouette rapetisser au fur et à mesure qu'il avançait dans la nuit. Une fois que je ne le vis plus, je continuai ma marche nocturne le long de la Forêt Interdite. Je méditais sur ce qu'il venait de se passer en contemplant les étoiles. Il ne m'avait même pas adresser la parole. Dommage, il avait l'air gentil et puis c'est mignon un poussin.