Je crois que... J'avais besoin d'un remontant. Ouep, un petit tour aux Trois Balais n'était pas de refus. Pourquoi ça ? Après tout, la journée s'était plutôt bien déroulée. Le séminaire d'aujourd'hui était pourtant relativement intéressant (Les centaures et toutes leurs petites subtilités avec un membre du bureau des liaisons des centaures, à l'accent germanique et à la jambe de bois. Que rêver de mieux ?), il était passé très vite et tout s'était bien passé. Alors pourquoi ? Par-ce qu'un certain Ryan D. Walker à eu la merveilleuse idée de croiser mon chemin et de commencer à me taper la causette. Je n'aimais pas sa façon de me parler et son "rapprochement", ça me fait carrément flipper. On dirait presque qu'il avait flairé ma véritable nature et qu'il tenait à me mettre le grappin dessus. J'ai réussi à m'éclipser en prétextant une excuse bidon, et j'ai filé à toute allure vers l'allée des cheminées pour rentrer chez moi. Me sachant enfin en sécurité, je reprenais mon souffle et me dirigeais vers le frigo pour prendre une bouteille de bièraubeurre. Malheureusement, il ne m'en restait plus. Voilà pourquoi je me dirigeais en ce moment-même vers les Trois Balais pour aller boire un coup.

Une fois entré à l'intérieur, je lança un bref salut à la gérante qui commençait à me connaitre (faut dire qu'avec mon physique particulier, il devait être difficile de m'oublier). Je me dirigeais vers le fond de la salle lorsqu'une odeur reconnaissable vint me titiller l'odorat. Une odeur que je n'avais pas sentie depuis bien longtemps. Trop longtemps. Je traça sa piste avec un sourire béat aux lèvres et lorsque je me retrouva en face d'elle, je m'assieds sur le siège en face du sien et posa mon avant-bras sur la table avec un sourire faussement aguicheur, les yeux pétillants d'humour.

- Bien le bonsoir, jeune et belle inconnue. Puis-je vous offrir un verre ?

- Hey, comment tu sais si j'suis belle ? Si ça s'trouve j'ai une grosse verrue sur le nez et j'ai une tête de strangulot.

Sa remarque me fit pouffer de rire, ce qui me fit cesser immédiatement ce petit rôle de pseudo-séducteur à deux mornilles. Non, pour sur, elle n'avait pas changé !

- Quoi, toi, une verrue ? J'y crois pas une seconde ! Avec toutes tes plantes vivantes et toute la famille, j'suis sûr que y'en à au moins une pour t'aspirer les verrues en moins de deux ! Par contre pour la tête de strangulot, je garantis rien !

Je ne m'attendais pas à la revoir, mais ça me faisait vraiment plaisir de la retrouver ici, même à l'improviste. A sa simple présence, tout mes soucis s'étaient envolés comme par magie. Elle avait le dont pour ça. Lors de mes années à Poudlard, elle arrivait à me convaincre que j'étais une bonne personne, et que j'étais réellement celui que je prétendais être. C'était vraiment agréable. Les souvenirs remontaient, toutes ces fois où nous étions ensemble.

- Hey, j'vais dire un truc de vieux, mais ça fait des siècles qu'on s'est pas vus !
- Tu l'as dit, ma vieille ! Ça fait quoi... Un an et demi ? J'ai pas vu le temps passer !, lui répondis-je en insistant légèrement sur le "vu" et en lui faisant un clin d’œil.

Un serveur vint à nôtre rencontre, et je commanda deux bièraubeurres. Il repartit et mon attention se reporta vers Liz.

- Alors ? Qu'est-ce que tu deviens ?

- Bah les trucs habituels. Depuis qu'on a eu nos ASPIC j'ai travaillé à Poudlard en tant qu'apprentie Botaniste, je suis formée par Neville. Je sais pas encore trop pour quoi faire exactement mais c'est franchement passionnant ! Et puis tu sais comment je suis, moi tu me colles dans une serre et j'en sors plus.

J'écarquillais les yeux à la suite de sa révélation. Sa formation se passait à Poudlard ?! Bon sang, comment se faisait-il alors que je ne l'avais pas croisée pendant tout ce temps ? A croire que l'on ne voulait pas que je retrouve mes anciennes camarades cette année, entre elle et Paddy que je ne retrouvais pas... M'enfin cela dit, pour Liz, ça pouvait s'expliquer : Elle trainait souvent dans la serre, comme elle le disait elle-même, et je n'y avait pas mis les pieds depuis la fin de ma septième année. Alors pas étonnant que je ne l'ai pas revue depuis.

Le serveur revint avec nos boissons, et je le remercia avant qu'il ne fasse volte-face et disparaisse pour aller servir d'autres tables.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu fais depuis le temps ? La vie, les amis, tout ça ?
- J'ai commencé mes études d'Apprenti Auror cette année au Ministère, répondis-je en buvant une gorgée de bièraubeurre. C'est très sympa, les cours sont très intéressants, mais j'ai pas encore réussi à me faire d'amis parmi mes camarades. Je crois que je leur fait peur avec mon look un peu punk, même involontaire, ajoutais-je en riant.

La présence de Ryan Walker me revint en tête, mais je la chassa aussi vite qu'elle était apparue. Nous venions tout juste de nous retrouver, et je ne voulais pas gâcher ce bon moment avec mes angoisses -qui étaient peut-être paranoïaques, de surcroit-. Je prit une autre gorgée et posa ma choppe sur la table en passant ma langue sur ma lèvre supérieure pour y enlever la mousse qui s'y était déposée.

- Et comment va ton père ? Ça se passe bien avec Emilie ?

Oui, c'était un peu pitoyable comme sujet de conversation, mais je ne trouvais rien d'autre à demander. Nous nous connaissions si bien... Un peu trop bien peut-être...

- Je suis contente pour toi, franchement être ADEM Auror c'est pas rien. Tu vois, quand j'te disais que tu irais loin. Qui c'est qui avait raison ? Dit-elle sur un ton qui me fit sourire. S'tu veux mon avis, ils ont le niveau relationnel de scroutt à pétard tes "camarades". Moi j'trouve que t'as une bonne tête. Ca te donne un genre et c'est mieux que de tous avoir la même tronche. Si on s'ressemblait tous, la vie serait d'un ennui mortel.

Le terme de "scroutt à pétard" pour qualifier mes camarades me fit pouffer de rire, d'autant plus que je les imaginait vraiment avec une tête de cet animal -même si je n'avais qu'une vague idée de ce à quoi ça ressemblait, ce qui rendait la scène d'autant plus folklorique-.

- Oui, avec Emilie, ça va. Enfin, moi ça me déprime un peu toutes ces histoires de mariage et tout. Enfin tu sais je comprends que John passe beaucoup de temps avec elle, mais du coup vu que l'autre nain de jardin est en formation, papa est tout seul à la maison. J'ai l'impression qu'il se laisse aller parfois. Et comme moi aussi je dois suivre le cursus, j'peux pas rester avec lui.

Je comprenais ce qu'elle ressentait. C'était un point crucial qui nous était commun à tout les deux : Nous avions tout les deux perdu un de nos parents lors de nôtre enfance, et depuis nous vouons une loyauté sans égale à nôtre famille auquel nous tenons par dessus tout. Alors j'imaginais sans difficulté comment elle devait se sentir face à cette situation. Si moi aussi je devais me retrouver séparé de ma mère à cause d'une autre homme, je crois que j'aurais du mal à le supporter.

- Attention hein, j'dis pas qu'Emilie est une garce ou quoi. Seulement, ben... Bah tu sais comment je vois notre famille. On était unis, à la vie à la mort, dans la joie comme dans la peine. A mon dernier anniversaire... John n'est même pas venu sur la tombe de Maman.

Je ressentais la peine qu'elle éprouvait. D'autant plus que la mort de sa mère datait du même jour que son anniversaire. C'était d'autant plus tragique. Et avec tout le respect que j'avais pour son frère, je n'approuvais pas le fait qu'il ne se soit pas rendu sur la tombe de sa mère. C'était quand même sa famille, non ?

Je me leva de mon siège, contourna la table en faisant courir mon doigt sur le rebord afin de ne pas me prendre le coin dans la hanche, et m'installa à côté d'elle pour la prendre dans mes bras et la cajoler contre moi.

- Je suis désolé, lui murmurais-je entre ses cheveux qui sentaient délicieusement bon.

- Mouarf, y'a pas grand chose dont tu puisses être désolé. Faut être content pour eux, enfin j'imagine.

Je savais en connaissance de cause qu'elle disait ça surtout pour se rassurer elle même. Elle me rendit mon étreinte, mais au bout de quelques secondes, elle retira sa tête, sans doute pour me regarder.

- Hey, mais t'as encore grandi ! c'est pas du jeu, là ! Tu sais qu'au bout d'un moment il faut s'arrêter quand même !

Je me mit à rire et essuya une petite larme de joie qui me montait à l’œil avec l'index. Oui... ça faisait vraiment du bien de la retrouver, elle et sa bonne humeur. Cela faisait trop longtemps. Elle se mit à tapoter mes abdominaux avec son index, comme pour vérifier leur dureté.

- Mais c'est que t'as des muscles aussi ! Les stéroïdes c'est pas bon pour la santé, on te l'a jamais dit ?

Puis elle passa son doigt sur mes pectoraux tandis que je contenais un autre rire.

- Ouh, on dirait un de ces pompiers sexy sur les calendriers !, commenta-t-elle en ricanant.
- Vraiment ? J'pensais pas que j'arriverais un jour à leur niveau, mais si tu le dis, c'est que ça doit être vrai !

Je me rappelais les séances d'entrainement au combat avec Clavell, et les soirs où je m'entrainais avec mon sac de sable accroché dans ma chambre. Effectivement, peut-être qu'à force d'entrainement physique je commençais à développer mes muscles. Je ne m'en rendais pas vraiment compte.

- Toi par contre, t'as pas changé d'un pouce !

- Ca veut dire quoi ça ? J'te signale que j'me suis quand même développée à défaut d'avoir grandi !

"Développée" ? Qu'entendait-elle par là ? Qu'elle avait mûri ? Ce qui après tout n'était pas improbable, mais en la revoyant ainsi je doutais fortement qu'il s'agisse de ça. Mais de quoi alors ? Cela restait un mystère... A moins que... Non... Quand même pas ? ...Si ? Le fait de me l'imaginer me fit légèrement monter le sang à la tête, mais je chassa l'image très vite de ma tête. Oulah... Je crois que la bièraubeurre commençait déjà à faire effet. Puis je sentis Liz se serrer à nouveau contre moi, cette fois en calant sa joue contre la mienne. Ce contact me fit frissonner tout le long du dos.

- Tu m'as manqué. Beaucoup.
- Moi aussi tu m'as manqué, lui répondis-je dans un souffle.

J'enroula mes bras contre ses hanches et la serra contre moi. Cela faisait vraiment du bien de la retrouver. Néanmoins, en la pressant contre moi, je ressentis quelque-chose contre mon torse. Quelque-chose d'étrangement mou et agréable à la fois. Ne me dites pas que c'est... Je sens à nouveau mon sang refluer jusqu'à ma tête. Je comprenais enfin ce qu'elle entendait par "développée". Et effectivement, elle s'était bien... comment dire... "développée"... Non, Damien, sois pas idiot, chasses cette image de suite ! C'est une amie bon sang ! D'où tu te permet ?!, me hurle ma conscience. Et elle à raison.

Je l'entends renifler quelque-chose, puis elle se redresse vers moi.

- J'adore ton parfum. T'avais un rencart ce soir ou quoi, pour te faire tout beau comme ça ?

Je penche la tête sur mon épaule et hausse un sourcil, légèrement décontenancé.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu sais bien que je ne mets pas de parfum. Je ne supporte pas leur odeur. Surtout ceux pour garçons, ils piquent les yeux rien que de les sentir à dix mètres !, me plaignais-je en affichant une mine dégoutée.

J'affiche un sourire narquois et me met à tapoter sur sa tête, avec un air faussement désolé, comme pour dire "Ah, ma pauvre fille... Tu ne sais plus ce que tu dis."

- Et pour répondre à ta question, poursuivis-je une fois avoir arrêté de lui tapoter la tête, non, je n'ai pas de rencard. Je suis venu tout seul par-ce que j'avais besoin de me changer les idées. Et toi ? Pourquoi es-tu là ?

- Oh, à peu près pareil. Neville m'a fait rempoter des filets du diable toute la journée. Des saletés, ces machins. T'as beau faire ce que tu veux, ils te colleront quand même un pain à un moment où à un autre. Je dois être aussi pleine de taches d'une vache. Alors j'avais besoin de m'amuser un peu pour compenser. Poudlard c'est sympa, mais disons qu'une fois adulte on a besoin de changer d'air par moments.

J'imaginais Liz en train de se débattre contre cette plante infernale, et l'idée me tira un sourire moqueur. Surtout avec toute son énergie et sa capacité à exprimer de manière extrême ses ressentis, ce devait être un spectacle passionnant à voir ! Mais pendant que j'étais occupé à rêvasser, Madame en avait profité pour terminer sa choppe de bièreaubeurre cul sec ! Elle avait pété un plomb ?! Elle savait très bien qu'elle ne tenait pas l'alcool ! La dernière fois qu'elle s'était retrouvée saoul, j'avais dû la trainer jusqu'à Poudlard sur mes épaules pendant qu'elle tanguait dangereusement et chantait une chanson aux mots incompréhensibles ou incohérents.

- En plus je me disais qu'avec un peu de chance je tomberais sur un mec sympa avec qui passer la soirée. Et regardes un peu ce que j'ai trouvé ! Si c'est pas magnifique comme coïncidence !, ajouta-t-elle en ayant posé son doigt sur le bout de mon nez.

Oulah... Je crois que la bièraubeurre commençait déjà à faire effet. Je savais qu'elle était déjà tactile de base, mais là j'avais bien peur qu'elle commençait à virer chèvre. Ce qui me rappelait qu'avant d'arriver vers elle, elle avait déjà l'odeur de cette même boisson. Avait-elle déjà prit une choppe ? Peut-être même deux ? Oh misère... Je prends une gorgée de mon propre verre de bièreaubeurre et, après hésitation, je finis également par la boire cul-sec. J'avais besoin de me détendre un peu après cette rencontre, et quitte à finir saoul, au moins on serait deux à rire comme des pintades et faire des idioties grosses comme le monde, comme nous avions l'habitude de faire à Poudlard. Et puis mon appartement était juste à quelques pas, on pouvait s'y rendre. D'ailleurs...

- Ca te dirait de passer chez moi ? J'ai un appart' à deux pas d'ici, on sera plus tranquille pour discuter.

- Tu as un appart à Pré-Au-Lard ? Pas possible ! Mais ça fait un an et demi que j'te passe à côté sans même jamais te voir ! C'est ahurissant !

Ahurissant. C'était le mot. On vivait si près l'un de l'autre, mais nous étions tous tellement penchés sur nos études que nous nous sommes passés à côté un nombre incalculables de fois. Entre Liz qui passait son temps à la serre et moi au Ministère, nous avions effectivement peu de chances de nous croiser. C'était bien dommage. Je me promis à moi-même d'essayer de remédier à cela et de faire en sorte que l'on se voient plus souvent. Ce n'est qu'en la revoyant ainsi que je me rendais compte à quel point elle m'avait manqué. La vie n'était pas pareille sans elle.

- Moi, ça m'va ! On ira où tu voudras quand tu voudras...~~, chantonnait-elle avec un accent français... pour le moins déplorable.
- Ça sort d'où, ça ?!, demandais-je en riant.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ri autant. Les cours du Ministère étaient intéressants, mais je n'avais jamais l'occasion de rire comme ça. Il n'y avait qu'avec elle. C'était vraiment grâce à elle que j'étais devenu ce que j'étais aujourd'hui. Même si j'avais réussi à surmonter la mort de mon père, je ne me sentais pas réellement à ma place à Poudlard, à cause ma nature lycanthrope, et de ma cécité. Les gens me trouvaient trop différents, et c'était également mon cas. Mais elle est arrivée et à commencé à me parler, sans me juger sur mon apparence, même si elle avait avoué qu'elle était pour le moins singulière, dans sa bouche, ça avait sonné comme un compliment. Cela m'avait chaud au cœur à l'époque.

- Damien ?

Oulah, je m'étais égaré dans mes pensées. Je me tourna vers elle, lorsque je sentis son souffle chaud contre moi. Elle s'était dangereusement rapprochée de moi, et ce rapprochement soudain me fit rougir de plus belle.

- T'as de la bièraubeurre chez toi ?

Je soupira de plus belle, me rendant compte que j'avais arrêté de respirer pendant plusieurs secondes. Finalement, c'était juste ça ? J'avais eu peur, pendant quelques secondes.

- Ça serait même carrément topissime.

Je finis par sourire, amusé par son expression "topissime".

- Non, j'en ai plus, mais je vais aller en demander à la gérante. Je reviens.

Je me lève de mon siège et me dirige vers le comptoir pour demander un pack de 12 bouteilles de bièreaubeurre. Elle les déposa sur le comptoir, et je lui donna quelques gallions, pour payer à la fois le pack et l'addition. Je la remercia et retourna vers la table de Liz, les bouteilles sous le bras.

- Et voilà, on à de quoi tenir toute la nuit !, m'exclamais-je avec un large sourire. Viens, on y va, j'ai déjà payé l'addition.

Une fois le seuil de la taverne franchie, nous nous dirigions vers mon appartement, mais je me sentis obligé de rompre le silence.

- Et Mr Londubat, comment va-t-il ?

- Plutôt bien dans l'ensemble. J'crois qu'il a des problèmes avec Hannah en ce moment. Tu verrais la tête qu'il tirait hier quand il croyait que je regardais ailleurs ! C'était moche à voir. J'aurais bien voulu essayer de le réconforter, mais il me traite toujours comme une gamine. Des fois, j'ai l'impression que je suis encore cette petite mouflette de six ans qui regarde son héros de très, très bas alors que lui il est touuuuuuut en haut. J'me sens un peu nulle quand ça fait ça.

Sa réflexion me tira un léger rire. Elle avait effectivement le don d'être comme ça, et je savais que cela ne la plaisait pas. Mais elle respectait trop Mr Londubat, qu'elle appelait par son prénom, pour pouvoir lui en vouloir trop longtemps. J'étais sur que d'ici le lendemain elle aurait déjà oublié et irait batailler contre d'autres plantes carnivores ou je ne sais quoi d'autre. Soudain, je sentis qu'elle se colla contre moi, passant ses doigts dans les miens.

- T'es toujours aussi bouillant toi. Je sais même pas comment c'est possible. Tu crois que c'est ton petit problème de fourrure qui fait ça ?
- Mon petit problème de fourrure... Non, j'pense pas non, ça se saurait, répondis-je sur un ton narquois.

Effectivement, d'après les cours sur les lycanthropes que nous avions eu en 3ème année, une "température corporelle élevée" ne faisait pas partie des caractéristiques des loups-garous. Nôtre seule particularité était celle que tout le monde connaissait : Nous nous transformons les soirs de pleine lune. Tout simplement. Bon, j'étais sans doute la petite exception à avoir "adopté" une partie des sens de loups pour m'aider dans la vie de tout les jours. Soudain, un sifflement aigu perça mes oreilles.

- Attention !

A peine avais-je hurlé que par pur réflexe, je plaqua Liz contre moi et me tourna pour éviter une fusée de feu d'artifices qui filait droit sur nous et explosa quelques mètres plus loin sous les exclamations des autres passants. La vache, on était à deux doigts de se le prendre en pleine poire ! A ce que j'entendais, c'était des gamins qui sortaient de chez Zonko et qui avaient déclenchés la fusée par accident. Bon sang, ils pourraient faire plus attention !

- Ça va Liz ? Tu n'as rien ?

Alors que je m'inquiétais pour elle, là voilà qui se mettait rire ! Je voyais pas vraiment ce qu'il y avait de drôle, mais son fou-rire était tellement contagieux que je me mit à rire avec elle. Et voilà, c'est bien ce que je disais : Deux idiots qui rigolent comme des pintades.

- Bien sûr que je n'ai rien. T'as des réflexes du tonnerre ! Bon sang, la vitesse où t'as réagi ! On dirait que t'as fait ça toute ta vie ! Ça t'arrive souvent de voler au secours des demoiselles en détresse ?

Cette question me rappela l'année dernière avec Lilas, même si je n'avais pas exactement "volé à son secours". Ça avait même plutôt été l'inverse. Elle avait failli être victime de ma lycanthropie, et je ne sais par quel miracle j'avais réussi à contenir ma "partie bestiale", mais grâce à ça il n'y avait eu aucun drame. Et depuis j'avais noué un lien avec elle que je n'arrivais pas à décrire. C'était très étrange... Le frisson qui parcouru Liz à ce moment-là me tira de mes souvenirs, me ramenant à la réalité : Elle avait froid.

- Est-ce que monsieur le chevalier au grand cœur n'aurait pas un cheval sous la main pour nous emmener plus vite à destination ?, demanda-t-elle, la voix tremblante.
- Euh... Non, désolé je suis venu à pieds, et tu sais bien que moi et le transplanage... J'ai pas vraiment envie de me retrouver à nouveau dans un placard à balais et dégobiller sur mes chaussures.

Soudain je me rendis compte où nous étions.

- Ah bah justement, nous y sommes !

J'ouvris la porte et m'inclina en imitant le gentleman pour la laisser entrer en premier et referma la porte derrière nous. Je repassa devant elle pour me rendre devant l'ascenseur et appuya sur le bouton pour essayer de le faire descendre. Je colla mon oreille contre la porte, et sans grande surprise, il ne fonctionnait toujours pas.

- Bon bah... On vas devoir monter !

J'ouvris alors la marche et commença à entamer l'ascension jusqu'au quatrième étage. Une fois arrivé, nous longeons le couloir jusqu'au fond et tombons nez à nez devant la porte de mon appartement. Je fouille dans la poche de ma veste pour en sortir la clé et la tourne une fois. Un "clic" retentit et j'ouvre la porte grinçante. Une fois encore, je laisse passer Liz en premier et referme la porte à clé derrière nous. Je l'invite à s'installer dans le salon et à prendre place sur le canapé. Je pose les bièreaubeurre sur la table basse et en prends deux, dont je tend une à Liz.

- A nos retrouvailles !, lançais-je en tendant ma bouteille pour trinquer.

- A nous !, répondit-elle en faisant tinter sa bouteille à la mienne.

Suite à ce petit geste, j'ouvris ma bouteille et but une ou deux gorgée. Y'avait pas à dire : la bièraubeurre, même si au premier abord le mélange semble complètement ahurissant, c'est vachement bon !

- La dernière fois que j'ai trop bu, c'est Neville qui m'a trouvée à moitié effondrée dans le fossé. Il m'a dit que j'essayais de provoquer un platane en duel. Le pire, c'est que c'est pas moi qui ai gagné.

Je fut pris d'un fou-rire, imaginant Mr Londubat en train d'essayer de retenir Liz pour l'empêcher de se friter avec un arbre. Toutefois, je cessais mon rire bien assez tôt, remarquant qu'elle ne s'était pas jointe à moi.

- J'me sentais seule et j'avais besoin d'un remontant. Quand vous êtes tous partis, Poudlard m'a semblé bien vide. Tous ces couloirs sans vos rires, ça fiche le bourdon. Surtout sans le tien, en fait. C'est super bizarre, mais ça me manque les chamailleries dans le parc. Et les câlins. Et puis les bonnes tranches de rigolade. C'est plus pareil depuis que t'as plus là.
- Hum... C'est pareil pour moi... Le monde du Ministère à l'air si... sinistre comparé à Poudlard. Tout le monde est sérieux, parle travail, part en mission... C'est vraiment... différent.

Parler de ça me donnait le cafard, et pour me redonner un peu de courage, je repris quelques gorgées de bièraubeurre. Je ne m'en étais pas rendu compte jusqu'à présent, mais sa présence me manquait énormément. Je n'y pensais pas à cause du quotidien qui s'était installé dans ma vie : Cours, entrainement, dodo, et ainsi de suite chaque jour. Sur le moment, cela me permettait de ne pas y penser. Mais maintenant qu'elle était là, devant moi, je me rendais compte à quel point je tenais à elle. Bien plus que ce que je pensais. Pris d'une envie soudaine, je posa ma bouteille sur la table, me leva de mon siège et vint rejoindre Liz sur le canapé. Je la prit dans mes bras, mais l'alcool dans mon sang commençant à faire effet, mes jambes ne me soulevèrent plus et je tomba à la ramasse contre Liz, allongé sur toute la longueur du canapé. Je la tenais dans mes bras, le nez enfoui dans ses cheveux, et je respirais sa bonne odeur.

Je restais ainsi, immobile, silencieux, profitant du moment présent.

Oui... J'étais bien. Je crois que l'alcool commençait à réduire mes pensées à néant. Mon cerveau était blanc, je ne pensais plus à rien. Je restais allongé là, sur Liz, dans ses bras et elle me rendit mon étreinte. Son contact sur mes cheveux me fit frissonner. Une vague de bien-être se déferlait sous ma peau, presque littéralement. Mon oreille collé contre sa tempe, j'entendais battre son pouls à un rythme supérieur à la moyenne. Mais je ne m'en inquiétais pas. Je voulais juste rester dans ses bras. Pour l'éternité. Pour toujours.

Soudain, je sentis sa tête se tourner vers moi et ses lèvres déposèrent un baiser sur ma joue. Cette petite attention, qui pouvait sembler anodine en apparence, fit l'effet d'une explosion de chaleur qui partait de ma joue. D'autant plus que je savais que ce genre d'attention était rare pour elle. Le nombre de fois où elle m'avait embrassé sur la joue se comptait sur les doigt de la main. Celui-là y comprit. Je pense qu'en temps normal, j'en aurais ri pour cacher mon embarras, et j'aurais fait comme si de rien n'était. Comme les dernières fois. Mais pas cette fois. Cette fois, je laissais mon corps apprécier ce doux baiser à sa juste valeur, m'emplissant d'un sentiment de satisfaction. Le sang commençait à me monter à la tête. Je crois que le fond de pinte cul-sec faisait effet.

Je la sentis alors déposer un deuxième baiser, sur mon front cette fois. Suivi d'un autre sur ma joue. D'autres vagues de chaleur se répandait dans mon corps, jusque dans les moindres fibres de ma peau, de mes muscles. Même... Même jusque là.

- Liz..., lâchais-je dans un souffle.

Ma respiration se faisait haletante, mes poumons avaient besoin d'air. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, et ma conscience était assommée pour le moment. Je me redressa légèrement, mon visage juste au dessus de Liz et posa délicatement ma main sur sa joue. Sa peau irradiait ma main. Prit d'une soudaine envie, ne laissant plus parler que mon instinct, je me pencha vers elle, lentement, et écrasa mes lèvres sur les siennes. Ce contact, qui avait été le premier, agit comme une explosion nucléaire. Une évidence s'imposa à moi sans que rien ne lui fasse obstacle : J'avais envie d'elle. Là, maintenant.