Suite de "Des Animagi camés ?!"

- Promettez-moi que vous les trouverez ! Promettez-moi que vous ne les laisserez pas faire subir ça à quelqu'un d'autre !

Cette phrase, prononcée par Melroth quelques dizaines de minutes plus tôt se répétait inlassablement dans ma tête, comme un écho qui résonnait encore et encore, sans fin. La peur qui pouvait se lire dans sa voix était d'une telle puissance... Je n'avais pas beaucoup de mal à imaginer ce que ce vieil homme avait pu vivre. Moi j'y étais habitué, en quelque sorte, bien qu'amoindri, mais lui... Il en parlait comme si il était devenu bien pire qu'un animal : il était devenu un monstre. Avais-je un monstre à l'intérieur de moi ? Devenais-je un monstre chaque soir de pleine lune ? Un monstre qui n'avait juste rien à se mettre sous la dent ? Ces pensées me hantaient depuis cette rencontre, et comme à mon habitude, elles ne trouvaient aucune réponse.

Alizea et moi nous étions en train de traverser l'Allée des Embrumes, à la recherche de la taverne dite du "Chien Fou" d'après les informations de Mr. Melroth. Par précaution, Alizea avait enfilée une cape et rabattu sa capuche sur sa tête pour dissimuler son identité, et j'en avais fait de même avec celle de ma veste que j'avais au préalable refermée et mit les mains dans les poches. Et en bonus, cette capuche-là avait une petite particularité ajoutée par ma mère : elle l'avait ensorcelée pour que quelque-soit l'angle ou quelque-soit la lumière, j'aurais toujours une ombre qui recouvrerait mes yeux, suffisamment opaque pour cacher mes iris blanches. Et cela avait plutôt porté ses fruits : j'avais remarqué que lorsque je la portais, plus personne ne ralentissait son allure de marche pour me fixer ou murmurer des brimades sur mon allure. Tout bénef'.

Je relevais légèrement la tête et humais l'air. Je n'aimais pas l'atmosphère de l'Allée des Embrumes. Je n'y avais presque jamais été, mais les seules fois où je m'y étais retrouvé, je sentais en permanence une odeur planante dans l'air. Je n'avais jamais réussi à déterminer de quel genre d'odeur il s'agissait, mais j'avais l'impression de vivre dans un autre monde qui respirait la magie noire. Très désagréable. Nous bifurquions à droite et j'écoutais une conversation à voix basses de deux vieilles femmes qui devaient se tenir sur un banc de pierre. J'avais cru entendre le mot "taverne", je tendis donc l'oreille pour en savoir plus.

- ...Il parait qu'il n'avait plus faim alors il a demandé au serveur de lui apporter autre chose pour pouvoir s’empiffrer. La jeune serveuse lui a donc passé l'addition en lui disant qu'il n'avait rien à payer puisqu'il avait déjà fini de commencer à manger.
- A qui le dites vous ? Mon mari, l'autre soir, l'eau qu'il avait bu était très sèche, alors il s'est évanouit rassasié de tout ce qu'il avait mangé au déjeuner, cela faisait pourtant 11 jours qu'il n'avait rien trouvé pour se nourrir !
- Par Maléfique ! ...

Il me fallu quelques secondes de réflexion pour comprendre qu'au final, ce que racontait ses vieilles folles n'avait strictement aucun sens. Je ne me concentra donc pas plus longtemps et poursuivit ma route aux côtés d'Alizea en secouant lentement la tête d'un air navré. Nous avons donc poursuivi ce chemin dans cet endroit austère, pourtant pas si loin du Chemin de Traverse qui était si accueillant alors que cet endroit ressemblait à une allée pour les fous dangereux psychopathes du pays. Comment deux endroits si opposés arrivaient-ils à cohabiter sans trop de casse ?

Nous passâmes devant ce qui devait-être un marchand de potions au vu des nouvelles odeurs... comment dirais-je... putrides et visqueuses ? Oui, normalement ce sont plutôt des adjectifs que l'on peut définir par la vue, mais même les odeurs peuvent êtres tellement caractéristiques qu'on ne peut pas les dissocier de leur apparence. Puis j'entendis les petits cliquetis d'un rat qui passait par là. Mes sens en alerte, je serrais les poings et me concentra sur ce rat, me demandant si il ne s'agissait pas là d'un animagus. Je l'entendis s'arrêter, humer l'air, et repartir dans ce qui devait être le trou d'un mur. Soit il n'était pas encore drogué, soit ce n'était pas un animagus du tout. Aucun danger donc.

La présence de ce rat présumé animagus me rappela une question que je voulais poser à Alizea.

- Dis, Lizzie...

Je me tournais vers elle tandis que nous continuions à marcher, calquant mes pas sur le siens, à l'oreille.

- Tout à l'heure, au Ministère, je t'ai entendu plusieurs fois parler d'un certain Jasper Lernak. Vous vous connaissez ? Même si je me doute plutôt que ce soit plutôt un truc du genre : Jasper est un Animagus illégal, et tu l'as interpellé. Mais d'après ce que j'ai compris, c'est lui qui nous a mis sur la piste où nous allons. Comment savait-il ?

J'étais en compagnie de cette très chère Léa, et comme cette femme était une femme de confiance, elle payait toujours ses dettes. C'est donc ainsi que nous venions de passer une très agréable moment dans une de ses chambres moisies d'une auberge malfamée de l'Allée des Embrumes, La Taverne du « Chien Fou » à deux têtes disions nous mais au départ il y en avait trois, mais suite à une bagarre une des têtes était tombée. Avec le temps et les intempéries, les deux têtes restantes ne ressemblaient plus vraiment à ce qu'elles étaient, mais ça reflétait bien l'ensemble de ce quartier. Je n'avais pas prévu de retourner si tôt à Londres, mais je ne pouvais pas non plus rester aussi longtemps chez Damien, deux semaines, voir trois, c'était beaucoup trop. J'étais rentré pour voir Léa et passer à ma banque mettre un peu d'ordre dans mon coffre-fort, c'était un vrai dépotoir, heureusement que je m'étais suffisamment ennuyé pour avoir envie de le ranger en pleine hiver.  

Je me rhabillais tranquillement pendant que Léa était descendue chercher de quoi nous réchauffer les tripes, elle me connaissait beaucoup trop à présent et je ne savais plus vraiment comment faire pour mettre un peu de distance dans cette vicieuse complicité. Est-ce que j'avais vraiment envie de m'en défaire, c'était une des seules personnes qui m'appréciait pour ce que j'étais et que ne me traitait pas comme une espèce de bâtard pouilleux et puant ; néanmoins, je savais qu'elle allait me mordre tôt au tard, parce que c'était une femme. Et puis elle servait constamment son propre intérêt, je n'étais qu'une sorte de jouet à ses yeux, j'en faisais de même, certes, mais je m'était habitué à jouer avec elle plus que les autres avec qui je ne le faisais pas plus de deux fois.  

Quand elle ré-ouvrit la porte, j'avais fini de m'habiller et je m'étais affalé dans le fauteuil. Elle arriva avec deux shooters et une grande bouteille de whisky Fire-Dragon, avec ça tu étais sûr de ne pas attraper la moindre micro-bactérie maladive ; avec toujours son même déhanché sensuelle, elle s'installa sur moi, une jambe pliée, où le fendu de sa robe se découpait parfaitement, elle posa le plateau sur le tabouret d'à côté. Les deux verres étaient déjà remplis, elle m'en donna un puis attendit que je le boive pour me donner le second. Je les enfilais cul-sec nous provoquant une déridée. Elle les remplissait encore, je buvais puis lui pris la bouteille pour la servir à son tour, mais au même moment, sans frapper, une crâne d'œuf en t-shirt noir ouvrit la porte et dit d'un voix légèrement autoritaire :

- Il faut partir maintenant.

Je fronçais les sourcil mais Léa se leva et pris son manteau, légèrement interloqué je l'interrogeais du regard. D'un sourire fourbe, elle se justifia :

- J'ai un rendez-vous important qui m'attend, mais nous nous reverrons très vite, détend-toi. Ajouta-elle accompagnée d'un clin d'œil.

Quand il referma la porte, je bus d'un trait les shooters que j'avais remplis ; ça m'occuperais jusqu'à la nuit tombée et là je m'écroulerais certainement de fatigue surtout dû à l'alcool. J'arrêtais ma lancée à cause d'un léger mal de crâne, c'était bizarre, d'habitude ça n'arrivait qu'au bout d'une dizaine, pas seulement six. Quel con, on entre pas comme ça dans les chambres, et si on était en train de s'amuser ? Elle trainait avec des vrais connards, elle pourrait devenir mannequin avec son profil, c'est vraiment stupide de rester avec une bande de trou-du-cul dans son genre. Je m'en servais un autre quand quelqu'un frappa à la fenêtre avec un caillou. Qu'est-ce qu'ils avaient aujourd'hui ? Il aurait pu casser la vitre en plus ! Cette fenêtre se trouvait du côté de l'entrée principale de la taverne, c'était qui le plus grand couillon de l'histoire à faire ça en plein devant le bâtiment ?! N'importe qui pouvait le voir ! Un léger picotement me parcourrait le corps, ce n'était pas dû à l'alcool, non, c'était l'instinct. J'avais déjà eu des envies soudaine de me transformer mais pas aussi prenante. L'idée était plus que tentante, je n'avais qu'une envie, sortir dehors en chien et lui casser la gueule pour lui apprendre à ne plus frapper sur les carreaux de cette façon. Quand je m'approchais de la fenêtre je le reconnu tout de suite, c'était un sale petit con qui me devait un max de pognon, je ne prêtais jamais mon fric mais ce sale mioche s'arrangeait pour que je sois raide mort pour s'emparer de ce que j'avais dans le manteau. Paul Philips, tu va voir ce qui t'attend dans quelques secondes, tu ne saura pas déçu.  

Quand je me transformais en féroce lévrier irlandais, une petit voix dans ma tête me chuchota :

- - Tu ne te souviens pas de la promesse faite à Alyzea ? Tu avais aussi dis qu'à côté que tu essayerais d'être sage. Ce n'est pas dans tes habitudes d'agir comme ça sans réfléchir, C'est incorrect ce coup bas par derrière, surtout envers une femme aussi charmante..

-Je t'en fouterais de l'incorrect, lui répondais-je mentalement.

Je n'étais qu'au premier étage, je pouvais aisément sauter par la fenêtre sans le moindre risque de m'abîmer. Je m'élançais dans la chambre pour sauter par la fenêtre, l'explosant en éclat au passage, pour atterrir en plein sur Paul qui s'écrasa contre le mur, la tête en plein dans l'angle d'un bâtiment. Il était raide, aucune réaction, du sang sortait doucement de ses cheveux pour couler sur son visage, pas de doute, il était mort, au moins il ne me volera plus ce sale rat. Il m'aurait suffit d'ouvrir ses poches pour découvrir des tonnes de babioles qui faisait un bon salaire, mais j'avais beaucoup plus important à faire, le vent m'apportait justement l'odeur de ma prochaine cible. Tous les crâne-d 'œufs qui tournaient autour de Léa étaient tous parfumés d'une odeur de Cologne d'Ebène, une légère senteur fade qui pour les simplets les faisaient changer de rue sans même qu'ils s'en rendent compte. Mais j'étais très loin d'être con comme un moldu, sans perdre de temps je me précipitais derrière l'auberge, je savais qu'ils étaient sortis par derrière. Quand ils me virent débouler, Léa transplana sans prévenir son gorille qui se retourna pour lui prendre l'épaule, voyant qu'elle était déjà partie, il hurla furibond :

- Espèce de sale pute !

En plus d'être des sales cons ils la traitaient comme ça, il allait moins faire le fière après que je lui aurait donner une leçon. Je lui sautais dessus mais il se retourna avec le reflexe de me prendre la gorge des deux mains. Heureusement, mon grand gabarit me permettait d'être à la même hauteur que lui, mais les chiens avec un cou beaucoup plus long que les hommes. Il pouvait m'étrangler si ça l'amusait, je lui mordais le cou à mon tour en serrant ma mâchoire de plus en plus fort, je n'étais pas stupide il fallait que je le tue avant qu'il ne me fasse perdre connaissance, ce n'était pas parce que j'étais en chien que j'étais invincible. Seconde par seconde, son regard se relâcha ainsi que sa prise sur ma gorge, je sentais quelques faisceaux craquer sous mes crocs puis il s'effondra en arrière pris de légère convulsion. De petites giclées de sang vinrent contraster la neige sur le sol, c'était très joli.  

Je toussa un peu, après j'envisageais de lui arracher les trippes pour continuer mon œuvre d'art, mais un bruissement d'ailes m'avertit à temps pour que je me retourne et vois une petite chouette marron me foncer dessus, serres en avant. Je me dressais sur les pattes arrières pour la dépasser d'une taille et la mordre avant qu'elle s'agrippe à moi, je lui écrasait tous les os qui se trouvaient dans ma gueule, mon souper m'avais été offert, mais par qui ? Je la laissait tombée inerte au sol et découvrais à un mètre de moi, une femme avec un tout petit gosse, il ne devait même pas avoir cinq ans, qui commençait à hurler comme si on l'avais castré. Je grognais à la vue de sa baguette pointé sur moi, qu'est-ce qu'elle foutait là avec son mioche ?! Mais ferme là, putain !! Qu'est-ce qu'elle croyait ? Son bout de bois ne la sauvera pas, surtout si elle tremblait autant, il ne suffisait pas d'avoir ça pour réussir à me tuer. J'allais lui montrer que même sans baguette magique on peut faire de grande chose. D'un bond, je lui attrapais le poignet qui tenait sa baguette et la tirais violemment, elle poussa son fils plus loin et tira bêtement sur son bras en gémissant ainsi qu'en lâchant sa baguette qui tombait dans la poudreuse. Qu'elle conne, elle allait voir qui avait le plus de force, je la tirais en secouant ma tête dans tous les sens, c'était un jeu pour moi et je m'amusais suffisamment pour battre de la queue.

HRP :

- La première fois que j'ai rencontré Jasper, nous avons eu un... Rendez-vous galant, pour ainsi dire. Mais quand j'ai appris qu'il était animagus non-déclaré... Je l'ai "interpelé" comme tu dis. Les détails ne sont pas importants et tu n'as pas besoin de savoir. Mais il m'a parlé de cet homme qui revend illégalement des bibelots. Celui que Melroth devait interpeler. Je pense qu'il ignorait l'étendue des méfaits de ce type, mais... Quant à savoir d'où il tenait ses infos... Je pense que chez les Aurors c'est comme pour nous, en général les plus au courant trempent eux aussi dans des trucs pas nets. On va dire que Jasper n'est pas vraiment blanc comme neige. Mais bon, c'est un autre sujet et j'aimerais mieux qu'on ne parle pas de lui. S'il te plaît.

Je haussais les sourcils puis leva les épaules, signe que je capitulais et que je ne parlerais pas plus de lui. Néanmoins... Jasper, un rendez-vous "galant" ? Je sais que je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, mais tout de même, de ce que j'ai pu voir -c'est une expression-, cela n'avait pas l'air d'être le genre de type à s'embêter à faire des rendez-vous galants. M'enfin, après tout je ne pouvais pas le juger sur mes première impressions. Et puis il était complètement saoul, peut-être qu'il perd complètement les pédales lorsqu'il est ivre, ce genre de personne existe après tout. Ah... Je venais de comprendre ce que venait de me dire Alizea : Elle avait parlé du rendez-vous galant avant de l'interpeller. Ça voulait sans doute dire qu'elle avait dû être "trahie" en quelque-sorte en découvrant sa nature illégale qu'il lui avait cachée. Pas étonnant qu'elle ne voulait pas en parler, la situation devait être délicate. Je me demandais quand même comment quelqu'un comme Alizea, qui n'avait pas l'air d'avoir une tête à fréquenter un alcoolique, avait bien pu trouver à Jasper pour avoir un rendez-vous avec lui. Il devait être beau, c'était la seule explication que je trouvais, malheureusement je ne pouvais pas le savoir. Tant pis.

Plongé dans mes pensées, j'avais oublié de me concentrer sur mon ouïe, et je percuta donc sans faire exprès quelqu'un de l'épaule. Je bredouilla une excuse et entendit seulement un grognement agressif d'une voix grave et rauque de la personne qui continua son chemin. Je soupira de soulagement. Dans ce coin, un rien pouvait vous faire passer un sale quart d'heure, j'avais peur d'avoir fait une bêtise et que cet homme ai mal prit mon geste accidentel. Peut-être était-ce monnaie courante dans le quartier, et que du coup les gens n'y fassent plus attention. Un peu comme dans le centre-ville de Londres où tout le monde marche côte à côte sans s'adresser le moindre mot, plongé dans nos occupations personnelles. Sorcier ou pas, nous restons humains et certaines choses sont communs à tous, contrairement à ce que certains voudraient croire.

Des bruits et des odeurs vinrent percuter mon odorat. Tellement que je tendis mon bras vers Lizzie pour l'inciter à s'arrêter, sans un bruit. Je tentais d'analyser les informations que je recevais, essayant de les identifier une par une. Mais il y'en avait tellement ! Qu'est-ce que c'était que ce bordel ?!

- Attends... Je sens quelque-chose d'étrange...

Je humais l'air, plus fortement qu'à mon habitude et tentait de faire le tri parmi toutes les odeurs, en enlevant celles que je sentais avant. Il y avait... Du sang. L'odeur la plus forte était celle du sang. Mais il semblait y en avoir... plusieurs... Une odeur humaine et... animale. Je fis très vite le rapprochement avec l'affaire sur laquelle nous étions en train de travailler, mais je me contint de foncer dans le tas. Il fallait que j'obtienne toutes les informations avant d'agir. Tel était le travail d'un Auror. Je continuais de humer l'air, tournant parfois la tête pour tenter de trouver une zone d'odeur plus forte qu'une autre pour pouvoir mieux l'identifier. Un autre animal. Un chien. Un chien dont l'odeur m'était familière... Puis une... deux... trois... Non, deux personnes vivantes et une... morte. Il y avait également une chouette. Morte elle aussi. Le sang que je sentais leur appartenait. Et l'une des deux personnes vivantes était blessée ! Ayant terminé d'identifier les odeurs, je me concentra sur les bruits. Le cri d'une femme, apeurée, les pleurs d'un enfant et... Un grognement. Celui du chien.

La scène devint donc très claire : Le chien devait avoir agressé une chouette et un homme qui perdirent la vie, et désormais il s'attaquait à une femme, qui devait être la mère de l'enfant. Par le sang de Merlin, à tout les coups c'était un animagus qui avait touchée à la drogue !

- Suis-moi ! Quelqu'un se fait agresser par un chien ! C'est sans doute un animagus drogué !, disais-je tandis que je commençais à courir.

Je dévala les rues, suivant la piste du sang à la trace, étant l'odeur la plus forte et donc la plus facile à retrouver. Mais ce que je n'avais pas pensé, c'est que cette odeur avait réveillé en moi mes instincts, et mes sens se mirent en alerte. Il commençait à se réveiller. Pas bon.

En quelques secondes seulement, nous nous retrouvions devant la scène d'agression et sans réfléchir plus longtemps, je fonçais dans le tas vers le chien sous les cris de douleur de la femme qui était en train de se faire mordre. Lorsque j'étais à environ un mètre d'eux, je plongea en avant et passa mes bras autour du thorax du chien pour le plaquer contre terre avec moi, à la manière d'un rugbyman. Connaissant bien les réflexes canins, il avait dû me voir venir, et devait donc avoir lâché prise avant que je ne l'atteigne.

- Partez ! Foutez le camp d'ici ! hurlais-je à l'attention de la mère et de son fils.

Le sang de son poignet commençait à couler sur ma gueule, elle n'allait pas se remettre de sa blessure d'une simple goutte ! J'entendais des pas se rapprocher, je tournais de l'œil et aperçu Damien se jeter sur moi, je lâchais ma victime avant d'être emporté de plein fouet dans la poudreuse. Mais il était complètement malade, il voulait que je le tue ou quoi ?! D'ailleurs qu'est-ce qu'il foutait là ?! J'allais lui donner une petite raclée ça lui remettra les hormones en place !

Derrière lui, j'apercevais une renarde qui retrouva vite sa forme humaine et qui n'était autre que Alyzea ! Qui, évidemment, n'avait que ça à faire de venir foutre son museau là où elle n'avait rien à branler. D'ailleurs qu'est-ce qu'ils foutaient ensemble ?! C'était vraiment une journée de dingue. Comme si ça suffisait pas, Alyzea me fit subir le sortilège petrificus totalus, de quoi me rendre de marbre. Elle s'adressa à l'aveugle d'une voix lente :


"Laisses-le. Ne lui fais pas de mal. Il est ensorcelé, de toute façon."

Elle s'agenouilla ensuite près de nous pour me rendre ma forme humaine où j'étais droit comme un balais et couvert de sang de mes victimes. Soudain, elle me posa sa main sur la joue, chose dont je ne comprenais absolument pas la sinification. Qu'est-ce qu'elle lui prenait de faire ça ? Peut être qu'elle aussi avait une adoration caché pour le sang, comme des peintures de guerre tribales. Puis d'une voix douce, elle murmura :


"Je suis là, Jasper. Tout va bien, calmes toi."


Me calmer ? D'où je devais me calmer, je pouvais plus bouger du tout, et j'étais sensé me calmer ?! De toute façon, j'allais très bien ! J'avais pas besoin d'elle, je serais certainement ailleurs si elle et monsieur je veux faire plus vieux que mon âge n'étaient pas venu me coller leurs bâtons sous le museau !  Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, je la voyais très bien sa baguette, pointée sur moi au cas où je me mettrais à bouger miraculeusement  ! Elle aimait ça de toute façon, je n'étais pas dupe, j'avais vu son petit rôle de dominatrice avec ses victimes ! Elle aimait commander et elle ne s'arrêtait pas là, même Damien y avait le droit.


"Je m'occupe de lui, Damien. Toi, tu devrais aller t'occuper des corps. Jettes-leur un sortilège réfrigérant et envoies ton patronus prévenir quelqu'un de ton service que nous avons besoin de nettoyeurs. Ils sauront quoi faire. Ensuite, essayes de rassembler tous les témoins afin que nous puissions leur jeter un oubliettes collectif. A l'intérieur de la taverne, ça ira."

AH ! Espèce de salope, tu crois que tu pourra contrôler tous les hommes comme ça ? Mais moi tu m'aura pas aussi facilement, à ça non, je peux te le garantir ! Ensuite elle tourna sa tête vers moi avec son air de petite renarde abattue, et me murmura comme si j'étais mourant :


"Est-ce que tu m'entends ?"


Evidemment que je t'entends connasse ! Mais elle était complètement folle ! J'allais très bien sauf que j'avais ce putain de maléfice du saucisson, mais elle n'était pas la seule à le connaître ! Je savais très bien où étaient mes limites d'actions et il y avait quelque chose que j'étais en parfaite mesure de faire. Je n'avais pas besoin de bouger ma mâchoire, juste de siffler très fort. Je prenais une bonne inspiration, laissais ma salive s'accumuler sur ma langue, et dans un fin et puissant soufflement je lui envoyais un jolie cadeau en plein sur le visage. J'espère que cela répondrait à sa question, parce que je ne pouvais pas faire grand chose de plus.

Quand je vis mon projectile couler sur son visage, la petite voix dans ma tête me hurla dessus d'une façon désespéré. Cette partie de mon esprit s'en voulait d'avoir fait ça, surtout parce que c'était elle, après le pacte que nous avions convenu ce n'était plus qu'une simple connaissance. D'ailleurs, je sentais cette présence beaucoup plus que tout à l'heure, je n'avais plus envie de tuer des gens, à quoi bon ? Néanmoins, j'étais toujours furax d'être entravé de cette façon et depuis quand Damien était un agent du ministère ?! J'ai peut être fini la bouteille dans la taverne et je suis raide mort en train de rêver de cette grosse connerie, jamais une bouteille ne m'avait fait ça. Après je n'avais jamais bu du Fire-Dragon, peut être que ça nous faisait devenir comme le feu d'un dragon, et j'avais tout détruit sur mon passage. Je devrais peut être faire ça plus souvent ?

Sous mes bras que je serrais au niveau du thorax du chien, je sentais l'animal commencer à se débattre et à se tortiller pour échapper à mon emprise, mais il fut vite arrêté par un sortilège de pétrification lancé par Alizea. Quel idiot ! J'aurais dû penser à faire ça plutôt que de charger sur lui comme un imbécile ! Mais l'odeur du sang persistante des lieux me "déshumanisait", et me faisait primer l'instinct à la réflexion. Il fallait que je me calme et que je me contrôle, sinon je risquais de faire une bêtise.

- Laisses-le. Ne lui fais pas de mal. Il est ensorcelé, de toute façon.

Je me dégagea de lui et me redressa, remettant ma capuche sur la tête étant donné qu'elle était tombée pendant le tacle. Rester discret était peut-être compromis dans l'état actuel, néanmoins cela m'évitera peut-être que des gens mémorise ma chevelure blanche pour la reconnaitre plus tard où je m'y attendrais le moins. Rester anonyme était un grand atout pour un Auror. L'odeur du chien disparu pour la remplacer par celle d'un être humain. Donc pas de doute, c'était bien un ani... hein ? Je reconnaissais cette odeur... Je l'avais déjà sentie, malgré le subtil parfum de femme qui s'en dégageait, je savais que je l'avais déjà croisée. Puis je me souvins : Jasper. C'était donc lui le chien qui avait agressé cette mère de famille... Pourquoi est-ce que ça ne m'étonnait pas de le trouver dans un endroit pareil ?

- Je m'occupe de lui, Damien. Toi, tu devrais aller t'occuper des corps. Jettes-leur un sortilège réfrigérant et envoies ton patronus prévenir quelqu'un de ton service que nous avons besoin de nettoyeurs. Ils sauront quoi faire. Ensuite, essayes de rassembler tous les témoins afin que nous puissions leur jeter un oubliettes collectif. A l'intérieur de la taverne, ça ira.
- Compris !

Exécutant ses ordres, je me dirigea vers le cadavre humain qui trônait contre le mur. Je mit deux doigts sur son cou, vérifiant son pouls dans une lueur d'espoir, mais mes craintes se confirmèrent : il était bel et bien mort. Je ravala ma salive, me concentrant pour ne pas céder à mes instincts de loup et lança d'abord un sortilège de Recurvite pour nettoyer le sang aux alentours puis un sortilège de Désillusion sur le cadavre pour qu'une fois que je sortirais de la zone des sorts mis en place par Alizea, les passants ne me voient pas trainer un corps. Il ne pouvait pas rester en plein milieu d'une ruelle sans se faire repérer, et même dans l'Allée des Embrumes, cela pourrait mener à la catastrophe. Je le souleva donc par les bras et le traina jusqu'à dessous un autre banc en pierre. Ici, avec le sortilège, personne ne risquera de le découvrir. Je lui lança un sortilège réfrigérant et invoqua mon patronus loup -sans blague- et lui demanda d'aller demander aux nettoyeurs d'aller chercher le corps là où je l'avais laissé. Je l'entendis se retourner et filer vers le Ministère. Bien, le plus facile était fait. Maintenant... Il fallait s'occuper des passants.

Je revint donc près de la scène de crime, découvrant à l'odeur d'alcool que nous étions donc juste en face de la taverne du Chien Fou. Parfait, cela facilitait les choses ! Seulement quelques personnes avaient daignés sortir de la taverne, la plupart étaient collés aux fenêtres à murmurer des ragots entre deux choppes.

- Retournez dans la taverne. Y'a rien à voir ici, disais-je aux gens qui étaient sortis.

Ils ronchonnèrent dans leur barbe mais finirent par exécuter mes ordres. A croire que l'appel de l'alcool prévalait tout le reste. Mais bon, il fallait voir le bon côté des choses : la tâche sera moins difficile si tout le monde se rendait bien sagement. Je rentrais donc dans la taverne à la suite des dernières personnes et me tint devant la sortie, remettant ma capuche bien en place.

- Excusez-moi tout le monde, criais-je d'une voix forte pour attirer l'attention, j'aurais besoin que tout le monde se réunisse par ici !

Des murmures s'élevèrent, puis quelques cris de protestation. Je vous épargne les mots sans quoi je risquerais de heurter la sensibilité des plus jeunes. Mais les plus "criards" entrainèrent les autres et très vites, la taverne commença à ressembler à une meute de manifestants bourrés. Des chaises se raclèrent, des poings se tapèrent sur les tables, bref, une vraie cohue. Bon sang... Comment est-ce que j'allais gérer ces gens-là, moi ? C'est à cette question qu'un souvenir revint à ma mémoire, comme pour me donner une réponse : "L'Auror chevronné, soucieux d'être compris, adaptera son vocabulaire à la personne auquel il s'adresse" avait dit un Auror étrange à l'accent hollandais dont j'avais oublié le nom. Adapté son vocabulaire à la personne auquel je m'adresse... Dans le cas présent, je m'adressais à une bande d'ivrognes a moitié tarés et remontés à bloc. Ouais... Autant dire que c'était pas gagné... La dernière fois que j'avais essayé, ça avait fini en baston, un certain Jasper là dehors pourrait en témoigner.

Tant pis, je tentais le tout pour le tout. Ça passe ou ça casse. Je pris un grande, très grande inspiration, coupa mon souffle une ou deux secondes, et lâcha :

- BON MAINTENANT VOUS LA FERMEZ ET VOUS RAMENEZ VOS MICHES PAR ICI, PAR LES COUILLES DE LUCIFER !

Oui, je l'avoue... c'était plutôt culotté. Mais je ne sais pas si c'est le mot "miches" qui les a mit dans le doute ou si c'était la référence à Lucifer, mais néanmoins, ça avait eu l'effet de les avoir fait taire. Vraiment un monde à part cette Allée des Embrumes, mais c'était déjà un bon début. Toutefois, ce n'est pas pour autant qu'ils s'étaient rapprochés de moi. Et le silence commençait à se faire lourd. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais un mauvais pressentiment... Voulant éviter le désastre, j'avais préféré agir sur le moment en profitant du silence plutôt que d'attendre qu'on me foute sur la tronche sans prévenir. Je lança donc un sortilège de métamorphose sur une table vers le fond de la taverne qui prit la forme d'une sculpture d'une femme nue. Oui, c'était un peu osé, mais comme le disait l'autre Auror, il fallait adapter mon langage à mon environnement. Et le langage corporel d'une femme nue, même en bois, ça leur parlait plus que tout les mots de la planète. Je roula des yeux et profita de la distraction pour me rapprocher de la troupée qui s'était réunie autour de la statue et lanca un Oubliettes collectif à tout les clients de la taverne. Et le tavernier par la même occasion. Maintenant ils avaient oubliés tout les événements qui s'étaient passés ces cinq dernières minutes. Largement suffisant. Je dissipa mon sortilège de métamorphose et sortit de la taverne en deux-deux.

Je me mis au niveau d'Alizea et enleva ma capuche, désormais à l'abri dans cette bulle de sortilèges.

- C'est bon, je me suis occupé de tout le monde. Comment ça se passe de ton côté ?

Tout d'abord, elle fut surprise par mon geste, puis, très vite, elle devient rouge de colère et tremblait comme une porc-épic en rogne, c'était très amusant à voir. On pourrait s'attendre à ce qu'elle me décapite d'un coup de baguette mais elle articula distinctement chaque mots comme si toute sa rage était contenu à l'intérieur :


"Tu m'as craché dessus, Jasper ? Comment as-tu osé faire une chose pareille ?!? D'abord le coup des puces et maintenant ça ? Je ne suis pas une de ces petites chiennes dégueulasses que tu peux te permettre de souiller comme bon te semble ! J'ose espérer que c'est seulement un effet secondaire de la drogue que tu as avalée. Et que tu t'excuseras plus tard."

Elle m'inspecta ensuite tout le corps, j'étais quelque peu abimé par les prouesses que j'avais exécutés ces dernières minutes. Mais si on remémorait mes dernières années ça ne changeait pas grand chose à d'habitude, seule la situation était différente.  Elle sortie d'une trousse une petite fiole contenant un liquide blanc brillant, c'était les gouttes magiques contre les petits bobos. Et comme j'avais des petits bobos, elle m'expliqua comme à un sale gosse ce que c'était. Mais seule une phrase me sonna aux oreilles :


"Ton visage restera aussi b... Enfin, pareil."

Aussi B... Beau ? Oh, il n'y avait que ça ! La petite salope, elle aussi en pinçait pour moi, décidément, il loupait quelque chose notre Damien. En parlant du loup, celui-ci se ramena pour aller pavaner ses exploits auprès de sa maîtresse du ministère, qu'est-ce qu'il espérait en lui léchant le cul de cette façon ? C'était vrai que je lui avait dit de se trouver une meuf, mais pas elle ! Il n'avait aucun droit de s'étendre à mon terrain e chasse, et puis ici c'était la ville pas ses bois putrides où il pouvait faire toute sorte de chose illégal.

Alyzea grande agente du ministère invoqua son patronus qui était rien de plus banal qu'un aigle royal. Franchement pour la discrétion c'était réussi, et puis bon fallait vraiment en avoir une grosse pour avoir ça comme patronus... Ensuite elle lui balança des mess-basse avant de le laisser s'envoler au beau milieu de Londres.

Après chuchoter à son oiseau c'était au tour de Damien, et moi je pouvais rester la comme un gamin puni à couiner parce que sa paumade piquait un peu, et elle était où ma sucette ? J'avais été super sage ! Et lui qu'est-ce qu'il avait fait ?! Rien ! Il c'était barré pour la laisser toute seule avec moi, j'aurais pu lui écraser le crâne en le faisant exploser comme un œuf, d'une simple pression de mes doigts !Elle se retourna vite fait vers moi. J'étais pas dupe, je savais qu'elle parlait de moi, j'en avais rien à foutre, de toute façon elle n'allait pas m'échapper bien longtemps. Elle me l'avait avouer elle même l'autre jour, j'étais beaucoup plus fort qu'elle sous toute les formes.

Ma petite renarde se retourna encore pour, une nouvelle fois, pointer sa baguette sur moi, et si j'avais écouté j'aurais su ce qu'elle trafiquait mais heureusement je n'eus pas à attendre longtemps pour sentir mes cheveux pousser, mes muscles prendre d'avantages de poids. Quand je baissais les yeux je pouvais voir ma coiffure longue presque noir, berk !  Elle se retourna vers Damien comme si celui-ci devait admirer son travail, c'est vrai que c'était une sortilège compliqué à faire, moi même je ne l'avais pas appris parce que je savais que j'en n'avais pas vraiment besoin.

Soudain je sentis tout mon corps se détendre, comme relâché, je réussissais à plier et déplier mes doigts, elle m'avait libéré. Mais pourquoi ? Après, je n'avais pas le projet de fuir, de toute façon on ne pouvait pas se transformer en deux choses à la fois, j'étais donc condamné pour quelques minutes à être sous cet apparence. Je me redressais doucement, mes muscles étaient légèrement engourdis et je n'avais pas envie de me brusquer, une seule chose me chatouillais le bras après j'arrêterais, de toute façon cette petite voix dans ma tête me hurlait dessus de plus en plus fort et mes pensées me paraissaient plus légère. Ce qui ne m'empêcha pas une fois debout de m'approcher tout doucement, le point serré et de frapper silencieusement mais le plus fort que je le pouvais le visage de Damien. Je m'étais fais super mal à la main, en plus elle était rester immobile pendant une longue période ce que n'arrangeait pas la douleur. Alyzea m'avait, toute fois, gentiment offert des muscles supplémentaire de quoi lui faire de gros dégâts, mais ma main aussi avais pris chère. La douleur, bien que fulgurante, me remonta au plus haut point, toute façon j'en avais des choses à dire.

- Espèce de raclure de balais, tu veux que je t'éviscère ? T'as rien à foutre avec elle ! Putain !

J'avais envie de le fracasser au sol jusqu'à ce qu'il ne bouge plus mais la voix qui commençait à me faire un affreux mal de crâne me hurla de faire ça ailleurs, néanmoins j'avais toute cette violence à extérioriser et la douleur à ma main ne faisait qu'accentuer cette envie. En essayant de n'écouter que mon instinct et non les pensées empoisonner qui flottait dans mon esprit, je me collais à un mur de briques rouge et me frappais le front dedans. Peut être qu'en perdant quelques neurones, je retrouverais mes esprits ? Les voix fermeraient leurs gueules, j'aurais une véritable raison d'avoir mal à la tête et je ne faisais de mal à personne, en plus,  je déchargeais ma folie sur moi même ce qui en revenait à me pardonner de mes actes. Le sang qui coulait de mon front me caressa le visage comme la douce main d'Alyzea l'avait fait, je profitais de cette douce pensée pour m'effondrer en arrière et perdre connaissance.

- Il n'a pas encore repris ses esprit, me répondit-elle. Mais je pense qu'avec l'aide d'un expert des potions, on pourra peut-être tirer quelque chose de son sang. Il doit y avoir des traces de cette foutue drogue. Mais il faudra se dépêcher, ou cette saloperie risque de s'évaporer.

J'arqua un sourcil. Je ne la connaissait que depuis à peine deux petites heures, je me doutais bien que cela révélait une situation assez délicate, comme je le pensais. Peut-être avait-elle plus l'habitude de la discrétion plutôt que de l'action comme celle-là, étant donné sa nature renarde et le thème de l'infiltration à son dernier séminaire au Ministère... Et puis le fait qu'elle connaissait également Jasper ne devait pas arranger la situation. Je l'entendis invoquer son patronus, qui devait être un aigle ou un faucon, et lui donner des indications pour aller chercher un analyste à Ste Mangouste. Lorsqu'il s'envola, elle s'adressa à moi :

- Je vais te confier un petit secret, et tu ne diras rien à personne. C'est important. Si quelqu'un découvre qui il est, nous aurons tous de très, très gros ennuis. Je vais utiliser un sortilège de métamorphose sur lui afin que personne ne puisse le reconnaître. Il sera sous une fausse identité. Ne t'en fais pas pour toi, je prendrai toute la responsabilité si jamais quelqu'un découvre le pot aux roses. Mais personne ne doit savoir qu'il est à Londres. Personne.

Je fronçais les sourcils. Sa requête me laissait... perplexe. Elle comptait le laisser filer, si j'avais bien compris... Pourquoi ? Non, je crois que je savais pourquoi : Elle le connaissait. Elle le connaissait bien. Et malgré sa nature illégale, elle ne voulait pas qu'il atterrisse à Azkaban. Ce que, dans un sens, je pouvais comprendre : Personne n'avait envie de finir à Azkaban. A côté, les prisons moldues étaient une cour de récréation.

- Ce sera assez difficile pour lui quand il reviendra à la normale sans qu'on lui courre après pour ce qu'il vient de se passer. S'il te plaît, promets-moi que tu ne diras rien.

Je serrais les dents. Ma situation était effectivement complexe. En temps normal, j'aurais sans doute accepté sans problèmes. Mais là, la situation était loin d'être normale. Nous avions affaire à un individu cruellement dangereux -relativement-, qui avait souvent tendance à boire, et donc à perdre ses moyens. Et maintenant pour couronner le tout, une saloperie de drogue trainait dans le coin et rendait fou tout les animagi, ce qu'il était. En clair : Il était loin d'être stable, et restait un danger permanent. Est-ce que je pouvais me permettre de répondre à une requête personnelle et parfaitement subjective au détriment de la sécurité de tout Londres ? Bien que j'étais en première année d'ADEM, donc pas encore Auror officiel, le choix me revenait... Tandis que je réfléchissais, j'entendais Alizea prononcer une formule magique, et je compris qu'elle était en train de métamorphoser Jasper, sans doute pour lui donner une autre apparence temporairement. Pourquoi ? Pourquoi en faisait-elle autant pour lui ? Il n'était pas moins qu'un animagus illégal... Alors pourquoi ? Se pouvait-il qu'elle avait des sentiments -pour le moins refoulés- à son égard ? Le fait que ce soit probable me fit encore plus froncer les sourcils.

Je restais silencieux, ne sachant que répondre, et entendis le corps de Jasper se mouvoir. Elle l'avait donc libéré de son sortilège d'entrave ? Je ne savais comment réagir, la situation m'échappait complètement. Que devais-je faire ? Accomplir mon devoir de futur Auror ou fermer les yeux pour cette fois au risque que ce Jasper puisse causer de nouveaux des dégâts ? Je serrais les poings. Cependant, tandis que je réfléchissais à ma réponse, je sentis quelque-chose me percuter le visage d'une telle force que mon corps décolla du sol et alla s'écraser lourdement contre les dalles de pierres de l'allée, un mètre plus loin.

- Espèce de raclure de balais, tu veux que je t'éviscère ? T'as rien à foutre avec elle ! Putain !

Je compris en me relevant difficilement que c'était Jasper qui m'avait frappé, et vu la torgnole que je m'étais pris, Alizea avait eu l'ingénieuse idée de lui donner plus de muscles. Était-elle inconsciente à ce point-là ? Ce type, sans même être drogué, était un danger public ! Comment pouvait-elle croire qu'elle pouvait en tirer quelque-chose ?! Je me frotta la joue d'un revers de la main, découvrant que du sang s'était déposé dans ma bouche. Ce type m'avait ouvert la gencive avec son coup de poing. Je m’empressai de le cracher par terre et me releva péniblement. Je prit ma baguette pour soigner la blessure, histoire d'éviter que ma partie bestiale ne se réveille trop, et la remit dans la poche de mon jean. Je pris une grande inspiration et tenta d’évacuer ma colère en expirant. Cela avait plus ou moins marché. Il devait être encore sous l'effet de la drogue, il valait mieux ne pas prendre ce geste en compte. Et ne pas alimenter sa colère.

- J'espère que tu sais ce que tu fais, articulais-je à Alizea.

Je gardais mes distances, ne voulant pas m'approcher plus près de Jasper pour éviter de me prendre un nouveau coup de poing sur la tronche. Très bien, je voulais bien fermer les yeux pour cette fois, mais elle avait intérêt de bien le "tenir en laisse", sans quoi j'irais informer le Ministère. Oui, ça faisait balance de dire ça, mais je ne voulais pas risquer que ce type devienne un mage noir à cause de la passivité et de la gentillesse d'Alizea.

- Très bien, soupirais-je. Je n'ai rien vu... Mais qu'est-ce que... ?, commençais-je.

J'entendis des bruits de percussions assez réguliers, et je ne savais pas vraiment ce que c'était. Je humais l'air pour essayer de détecter une odeur qui me mettrait sur la piste, mais il n'y avait rien de nouveau. Et pourtant les percussions continuaient. Qu'est-ce que c'était ? Je ne compris que lorsque je sentis à nouveau l'odeur du sang. Bon sang -c'était le cas de le dire-, cette enquête était pour le moins chargée en hémoglobine ! Lorsque je compris que le sang était celui de Jasper, je devinais que les coups venaient de lui : Il était en train de se taper la tête contre le mur ce crétin ! Je me précipita sur lui avant de l'entendre s'affaisser. Heureusement que je courrais vite, j’arrivai juste à temps pour le réceptionner avant qu'il ne se fracasse lamentablement l'arrière du crâne en plus de l'avant. Et puis il pesait son poids, l'animal ! Alizea avait vraiment trop forcé sur la dose de muscles, il encombrait plus qu'autre chose. Je le retourna et le posa contre le mur en position assise, puis je me redressa.

- De mieux en mieux... Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

HRP : Suite à la demande de Jasper, comme son personnage est inconscient, elle saute son tour. Donc c'est à moi de répondre ^^

- On attend l'expert en potions. Après, on ira fiche une bonne grosse raclée aux sales types qui font ça.

Hum... Disait-elle ça par-ce qu'elle avait vraiment des sentiments -sans doute insoupçonnés- pour Jasper, ou à cause de la colère ? Le deuxième choix pouvait être tout aussi valable : Un, ou plusieurs, individus s'amusaient à droguer les animagus pour les rendre fous, les réduisant à de vulgaires monstres sans-cœurs. Je ressentais moi-même cette colère, mais Alizea devait être bien plus touchée étant donnée qu'elle en était un elle-même. Je l'entendis utiliser à nouveau ses produits divers pour soigner les blessures de Jasper, et le reste d'odeur de sang qui trainait dans l'air disparut enfin complètement, ce qui me tira un soupir de soulagement. Je sentais enfin mes muscles se détendre et mes sens s’apaiser, étant à vif depuis tout à l'heure. Puis j'entendis une voix depuis l'éxterieur de la bulle de sortilèges. Ce devait-être l'expert en potions dont parlait Alizea puisqu'elle leva les sortilèges. Je l'entendis remettre sa capuche, et j'en fis de même.

- Bonjour, Lizzie.
- Bonjour, Joe. Merci d'être venu aussi vite.
- Pas de souci, je te devais un service de toute façon. C'est cet homme-là ?
- Tout à fait. C'est au sujet du dossier sur les animagus dont je t'ai envoyé une copie hier.
- Quel type d'animagus ?
- Chien. Il a tué deux personnes et a presque arraché le bras de la troisième, sous l'effet du produit dont il est question.
- Et son nom ?
- Herbert Johnson.

Je suivais la conversation d'une oreille, gardant l'autre pour vérifier si quelqu'un s'approchait ou non. Mais pour le moment il n'y avait rien à signaler. Et je m'étonnais que l'expert en potions soit arrivé en premier alors que j'avais envoyé mon patronus pour aller dépêcher une équipe de nettoyeurs avant elle. A croire que le Ministère n'était pas si pressé que ça... Je haussa les épaules, de toute façon le cadavre était caché et ensorcelé, il ne risquait pas de se faire découvrir de sitôt. J'entendais l'expert déballer son sac, sans doute pour utiliser ses outils afin de faire des prélèvements, lorsqu'il s'interrompit.

- Et ce monsieur ?
- Oh, pardon, j'oubliais, répondit Alizea. Damien, je te présente Mr Joe Bottle, expert en poisons et venins à Sainte Mangouste. Joe, voici Damien Throwback, un collègue Auror.
- Enchanté, monsieur Throwback.

Pris de court par la phrase d'Alizea, je ne me contenta que d'un hochement de tête. "Collègue Auror" ? Je me doutais qu'elle l'avait fait pour éviter les problèmes, ou quelque-chose du genre, mais tout de même, le fait qu'elle me désigne en tant que tel me surpris. Alors c'était ça la sensation d'être un Auror ? Non, probablement pas, je savais que c'était un mensonge, alors je me considérais pas vraiment en tant que tel. Mais je ne le cachais pas : Une part de moi appréciait ce qualificatif. J'osais à peine imaginer ce que cela donnera lorsque j'en serais officiellement un... Enfin, trêves de rêveries, il fallait revenir à l'enquête. Tandis que l'expert en potions faisait ses prélèvements sur Jasper, je me posais des questions sur la marche à suivre. Qu'allions nous bien faire ? On ne pouvait pas le laisser ici, sans quoi il risquerait de faire à nouveau des dégâts... Mais nous ne pouvions pas non plus nous contenter de le mettre en quarantaine et de mettre l'enquête de côté...  Devions-nous nous séparer pour que l'enquête puisse avancer ? Cela voudrait dire que soit je m'occupais de Jasper, soit je m'occupais seul de l'enquête... Dans les deux cas, je ne m'en sentais pas vraiment capable, même si ma préférence penchait étrangement vers la deuxième option... A moins que... Ouais non, j'allais quand même pas le trimballer sur mon dos ! Et puis il fait son poids l'animal ! Ou alors... Mouais, j'appréhendais un peu cette idée, mais après tout pourquoi pas ? C'était mieux que d'aller le mettre je-ne-sais-où sous surveillance.

- Voilà, j'ai fini. Je vais analyser ça à Ste Mangouste et je t'enverrais le rapport d'analyse par hiboux, Lizzie.
- Attendez, l'interrompis-je.

Je me mit à leur niveau et tendis la main en m'accroupissant.

- Vous pouvez me montrer cette fiole, juste un instant, s'il vous plait ? Je vous la rendrais ensuite.

Je sentis que l'expert était perplexe face à cette demande mais il finit par me donner la fiole. J'ouvris le bouchon qui fit un petit bruit en s'ouvrant et sentit le bout de la fiole. Je m'attendais à sentir l'odeur du sang, mais il n'en fut rien. Je ne sentis pas d'alcool non plus. Ce Bottle avait réussi à extraire la drogue depuis l'alcool et le sang ? Il méritait son titre d'expert, à n'en pas douter ! Je passa donc plusieurs secondes à renifler cette toute nouvelle odeur pour bien la retenir et être sûr de la reconnaitre si je la sentais à l'état brut plus tard. Je referma la fiole et la rendit à l'expert en le remerciant à nouveau. Je l'entendis transplaner, sans doute pour se rendre à Ste Mangouste afin de faire les analyses.

- Bon... Je propose qu'on l'emmène dans sa chambre, disais-je à Alizea en pointant Jasper du doigt. T'auras qu'à la fouiller pour savoir si tu trouves des indices. Moi je vais fouiller le reste de la taverne pour savoir si ils ne cachent pas leur drogue quelque-part. Même si je pense que ça doit se passer à la cave.

Je lança donc un sortilège de Désillusion sur Jasper pour le rendre invisible.

- Je te laisse le soulever avec un Levicorpus. On aura qu'à se rejoindre ici à midi, si l'un de nous ne vois pas l'autre à ce moment, on envoie une demande d'intervention de la Police Magique.

Sans plus attendre, je lança un sortilège de Désillusion sur moi-même et rentra à l'intérieur de la taverne. Je passa entre les tables et les chaises à pas de loups -quelle ironie-, et contourna le comptoir pour me rendre dans la cuisine. L'odeur y était infecte, comme si il y avait des dizaines de plats moisis à l'odeur improbable et sans aucun doute à l'apparence louche. Mais au moins, il n'y avait personne dans les cuisines pour le moment. Il fallait dire que les gens venaient plus ici pour boire que pour manger, elles devaient être rarement utilisées. Voilà peut-être pourquoi ça sentait le moisi : Les ingrédients devaient avoir dépassé la date de péremption depuis des lustres. Je cherchais donc l'entrée de la cave, parcourant les murs avec les doigts pour déceler les portes. Bingo ! La première auquel je tombais menais vers un sous-sol. Peut-être aurais-je assez de chance pour trouver directement la planque de la drogue. Peut-être.

Je me réveillais avec un mal de crâne inimaginable, ma tête me brulait, comme si on m’avait jeté un chaudron bouillant dessus. Je regardais vaguement autour de moi, j’étais dans une ruelle enneigé mais il n’y avait plus les cadavres, j’avais été déplacé. Je me rappelais tout ce que j’avais fait, mon saut par la fenêtre, le crâne d’œuf, la chouette, la mère… Il y avait aussi Damien et Alyzea, elle avait modifié mon apparence puis j’avais frappé l’aveugle pour ensuite me fracasser la tête contre un mur… Puis le noir complet.

Pourquoi je m’étais énervé comme ça ? Ca ne me ressemblait pas, même quand j’étais complètement bourré jamais je n’avais fais autant de dégâts. J’avais beaucoup trop mal pour réfléchir à ce qui m’était arrivé, je me laissais tomber doucement sur le côté pour m’allonger la tête dans la neige, espérant soulager ma douleur. Une masse de cheveux m’accompagna dans la fraicheur de la poudreuse, j’étais encore transformé donc je n’avais pas été inconscient pendant plusieurs jours, seulement quelques heures.

Je me tournais sur le côté et me calais contre le mur, il y avait une belle rousse en face de moi, et je savais pertinemment qui c’était. Je lui avais craché dessus, jamais je ne lui aurais fais ça en temps normal, même avec plusieurs grammes d’alcool. Je m’en voulais, jamais je n’avais fais quelque chose d’aussi humiliant à une femme de mon plein gré... Et malgré ça, elle c’était quand même occupé de moi ; elle n’était pas obligé, ça n’était pas dans notre « contrat », alors pourquoi ? Je la regardais depuis tout à l’heure, il fallait que je me décide à parler sinon je m’en prendrais sans doute quelques unes bien mérité.

- Pardon, pour tout à l’heure…

Ma voix était rauque, j’avais peut être bu une bouteille entière, j’avais la gorge sèche. Je savais que ça ne suffirait peut être pas pour me faire tout pardonner, elle était du ministère et tuer des gens était rarement pardonnable. Je préférais profiter de l’absence de Damien pour m’excuser, il n’avait pas besoin d’être au courant de tout. Même dans un état juste alcoolisé je l’aurais quand même frappé, je n’aimais pas le voir en sa compagnie, lui trainer autour avec ses aires de je-sais-tout, c’était insupportable. D’ailleurs, quand je soulevais ma main droite et la pliait je n’avais pas mal, elle s’en était aussi occupée. Je lui demandais d’un air intrigué, avec une voix douce mais toujours enraillé.

- Pourquoi tu as fais tout ça ?

Là, seul comme un loup solitaire, je descendais les marches qui menaient à l'enfer une à une. L'air était glacial, le silence était de mort, la -ok, c'est pas vraiment le moment.

Je descendais donc les marches du sous-sol, et effectivement, il faisait assez froid. Lorsque j’arrivai enfin au sous-sol,, je me plaqua contre le mur de l'escalier pour tendre l'oreille. Il n'y avait personne. Je descendit donc la dernière marche et m'avança. Comme je le pensais, cet endroit était la cave. Je pouvais le deviner à l'odeur de bois et de verre qui était très prenante. Odeur caractéristique des tonneaux et des bouteilles. C'était donc là qu'ils stockaient le plus gros de l'alcool de la taverne. J'ouvris au passage un tonneau au hasard et renifla le contenu. Vin rouge. Et évidemment, il y avait de la drogue dedans, je pouvais le sentir maintenant que j'avais reniflé cette substance à l'état brute. Et j'étais prêt à parier que tout le reste des boissons l'était également.

Je ne m'étais donc pas trompé ; cette amphétamine n'agissait que sur les animagus, et ne faisait aucun effet notoire sur les humains normaux. C'était peut-être assez salaud de penser ça, mais ce n'était pas plus mal : Le nombre de victime était grandement réduit, même si le nombre d'animagus avait grimpé en flèche ces dix dernières années. J'entendais pas mal d'élèves à Poudlard qui parlaient de vouloir en devenir un, et ce même quand j'y étais également élève. Il fallait croire que la vie d'humain leur plaisait moins qu'avant. Alors que nous venions tout juste de sortir de la Grande Guerre. Je haussais les épaules. Après tout, ce n'était pas mes affaires, les gens faisaient ce qu'ils voulaient.

Je continuais donc à explorer cette cave, à la recherche du moindre indice et examinant au passage quelques tonneaux ou bouteilles. Toutes "contaminées". Et il n'y avait rien d'autre dans le coin... Je m'apprêtais à remonter pour aller chercher ailleurs, lorsque j'entendis des pas venant de l'escalier et qui descendaient. Quelqu'un venait ! Je me précipitais alors et me réfugia derrière un grand tonneau. Je m’efforçai de contrôler ma respiration et de la faire plus faible et plus lente pour éviter de me faire repérer. Pourtant, je pouvais entendre mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Pourvu qu'il ne me trouve pas...

Je ne bougeais donc pas de ma cachette, les poings serrés, accroupi, et je tendais l'oreille pour écouter ses pas. Celui-ci avait bifurqué et devait sans douter aller chercher une bouteille. Toutefois, j'entendis un étrange déclic, puis un vrombissement rocailleux. Qu'est-ce que... ? J'entendis alors les pas s'éloigner, le vrombissement revint, puis... Le silence...

...Hein ?!

Mais... Qu'est-ce qui venait de se passer ? Je continuais à rester cacher, pour être sur que ce n'était pas un piège, mais le silence restait persistant. Et je n'entendais aucune autre respiration à part la mienne. J'étais bel et bien seul dans la pièce. Mais... Comment ce type avait fait pour disparaître ? Il n'avait pas remonté les escaliers, il n'avait pas transplané... Bon sang, qu'est-ce qui venait de se passer ? Je me relevais avec prudence, et me dirigea vers l'endroit ou s'était tenu l'individu quelques minutes plus tôt. Je tâtonnais le mur, mais rien, il n'y avait aucun accès. Alors comment avait-il disparu, par Merlin ?!

Ok ; du calme Damien (oui, je parle à moi-même dans ce genre de moments, c'est pas une nouveauté). Tout avait une explication, et j'allais la trouver. Je posa l'oreille contre le mur et écouta attentivement pendant de longues secondes, gardant l'autre pour surveiller l'entrée de la cave. Rien. Pas un bruit. Bon... En y réfléchissant plus longuement, il avait dû passer par un passage dérobé, je ne voyais que cela. Mais le tout était de trouver l'interrupteur, et cela pouvait être n'importe quoi. Et c'était un interrupteur : Je ne l'avais pas entendu prononcer de mot de passe ou de formule magique, comme pour un tableau pour accéder aux dortoirs de Poudlard. Il y avait donc interrupteur. Et interrupteur j'allais trouver.

Je tâtonnais à ma gauche, découvrant à nouveau l'étagère à vin quadrillé. A tout les coups, si j'en croyais mon expérience filmographique -autant dire que c'était assez maigre-, une des bouteilles devait servir de bouton en la tirant ou en la poussant. Le tout était de la trouver. Allez, courage et patience ! Je tatonnais les bouteilles de vin, une à une, en les tirant ou en les poussant, mais il ne me fallut pas longtemps pour trouver la bonne : Elle était au milieu de la première colonne ! Le même vrombissement retentit, laissant sortir plusieurs odeurs que je me mit à analyser : Ça sentait... la caverne. Génial... Je vérifiais que ma capuche était toujours en place sur mon crâne, ma baguette dans ma poche, j'inspire un bon coup, et je me lance !

L'endroit est plutôt humide et rocailleux. Jusqu'ici, rien d'anormal. Enfin, mis à part le fait qu'une galerie était connectée à une taverne et que c'était très louche. Mais je mettais ma main à couper que c'était dans ce genre d'endroits qu'on produisait la drogue. Dans des cavernes ou dans des bâtisses abandonnées. Je m'engouffre dans ce gouffre qui descendait en escalier, une main parcourant le mur de droite pour éviter les pièges de type labyrinthe. Une fois descendus, j'avance prudemment, les sens aux aguets, suivant la piste de l'homme qui avait parcouru cette caverne juste avant moi. Néanmoins, en continuant de marcher, je commençais à me dire que cette grotte était bien trop finement taillée pour être naturelle. Ce devait être un réseau souterrain, comme ceux utilisés pour réfugier les sorciers des Mangemorts pendant la Grande Guerre. Si ça ce trouve, il s'agissait d'un de ceux-là. Cela avait un côté fascinant de parcourir des lieux qui avaient servis à des moments importants de l'Histoire. Mais je devais me concentrer : je n'étais pas en visite archéologique, mais à la traque d'un suspect. Inspirant un bon coup, je continue d'avancer.

L'endroit avait l'air d'avoir pas mal de couloirs, et je me concentrais pour faire un plan du trajet que j'empruntais pour savoir quel chemin emprunter au retour. Mais ce n'était pas évident. Hum ? L'odeur semblait s'intensifier... Se serait-il arrêté ? Il allait falloir redoubler de prudence. Je marchais à pas de loups, lentement en faisant le moins de bruit possible, tenta de dissimuler ma présence et m'avançait avec prudence. Un odeur de bois atteint mon sens olfactif, qui indiquait la présence d'une porte. Je tendis le bras : rien. C'est en le décalant sur ma gauche que je découvris qu'elle était ouverte. Ni une, ni deux, je me plaque contre le mur sur le côté pour éviter d'être vu. L'odeur semblait venir de là, l'homme devait donc y être. Autant évité d'être vu, j'aurais du mal à jouer l'innocent si je me faisais repérer. Je tendis l'oreille, mais aucun son ne me parvint. Il n'y avait pas non plus d'odeur de drogue. Étrange... Je restais immobile de longues secondes, attendant le moment où l'homme se mettrait à se déplacer ou à parler pour confirmer sa présence. Moment qui ne vint pas.

Peut-être était-il un peu plus loin ? C'était possible après tout. Je me risqua à franchir le seuil de la porte, la main droite sur le manche de ma baguette, prêt à dégainer au moindre geste. Mais le silence était de mort. Je longea le mur et me déplaça latéralement, humant l'air le plus silencieusement possible. Je ne sentais rien d'autre que la pierre qui m'entourait et la porte de bois. Rien d'autre ? Oh non ! Je ne compris une seconde trop tard :

C'était un piège !

Pour confirmer mes pensées, la porte de bois se referma violemment et émit un cliquetis grave. Je me précipita vers elle et tenta de l'ouvrir : Rien à faire, elle était fermée à clé ! Par les yeux de Sauron, fait comme un rat ! Je sortis ma baguette et lança un Alohomora sur la serrure pour la déverrouiller. Seulement, le sort n'eut pas exactement l'effet escompté : Au lieu déverrouiller la porte, il décolla mes pieds du sol et m'envoya voler trois bons mètres plus loin. Arg, une barrière magique ! Je ne pouvais pas la déverrouiller ! Bon... Si la magie ne pouvait rien y faire, alors on passe à au plan T. Oui oui, le plan T. T comme Troll : On casse tout ! Je tendis mon épaule et chargea contre la porte de toutes mes forces. Là encore, l'effet ne fut pas exactement celui que j'escomptais : Au lieu qu'elle ne vole en éclats, une vive douleur percuta mon épaule, me tirant une grimace et un juron étouffé.

Merde, merde et triple merde ! Je donna un coup de pied rageur contre la porte, mais elle ne céda pas d'un pouce. Encore merde ! Ni la magie, ni la force brute ne fonctionnait. Les deux seuls éléments que je maîtrisais à peu près correctement ! Bon, calmes-toi Damien, réfléchis... quelles options te restait-il ?

- Le crochetage.
Mouais... Je n'avais dans ma poche que ma baguette magique, et même si j'avais autre chose, je ne voulais pas mettre la dureté de ma baguette à l'épreuve.

- Appeler à l'aide.
Hum... Bonne idée ! J'invoqua mon patronus et lui demanda d'aller prévenir Alizea en lui expliquant la situation. Je l'entendis se retourner et foncer droit contre la porte. Mais au lieu de la traverser, je l'entendis percuter la porte et s'évaporer dans une plainte sourde. Fiante de goule ! Je ne pouvais pas non plus demander de l'aide... Bon... Quoi d'autre...

- Faire une potion.
En général, les potions pouvaient s'avérer efficaces contre les sortilèges comme celui-ci. Mais en l’occurrence, je n'avais apporté aucun matériel, et je doutais que ce qui m'entourait pouvait servir d'ingrédient. Note à soi-même : Apporter un kit de potions la prochaine fois.

Bon... Les choix étaient très limités... Et en l’occurrence, aucun ne convenait... Conscient que je ne sortirais probablement pas tout de suite, je m'assieds par terre et réfléchit en fermant les yeux et en contrôlant ma respiration. Tout d'abord, comment je m'étais retrouvé dans cette situation ? De toute évidence, le sortilège s'était activé une fois que j'avais franchit la porte de cette salle. Mais j'avais suivi la piste d'un homme. Et j'étais seul. Se pouvait-il qu'il y ait eu un autre sortilège à l’œuvre ? En me posant la question ainsi, la réponse me vint d'elle-même : Le passage secret ! Lui aussi était protégé ! Bon sang, je me suis fait avoir comme un débutant ! Pourtant je savais qu'il fallait faire attention !

- Te voilà dans de beaux draps, Damien..., me murmurais-je à moi-même.

Voilà que je me mettais à me parler tout seul. Pour sûr, la situation était désespérée...

HRP:

Elle avait l’air surprise, c’est vrai que je n’étais pas du genre à chercher un pourquoi, mais je n’étais pas dans mon état habituel. Au bout de quelques minutes elle me répondit :

"Pourquoi pas ? Tu avais besoin d'aide. Je ne pouvais pas te laisser comme ça, dans ces conditions... Je..."

Je…. ? C’est la seconde fois qu’elle me faisait ça si ma mémoire était encore en état de marche. Elle semblait perplexe mais je n’avais pas la motivation nécessaire pour aller lui chercher son grain de sel.

"Tout ce qui comptes, c'est que tu sois en à peu près bonne santé. Le reste peut attendre. Mais tu dois garder cette apparence pendant encore quelques heures, pour éviter tous les risques. Il y a pas mal de remue-ménage dans le coin et si quelqu'un d'autre découvre que c'est toi qui a fait ça, nous risquons gros tous les deux. Tous les trois, même, puisque Damien a accepté de te couvrir. Quitte la ville avant de redevenir toi-même. Et essayes de te faire oublier pendant quelques temps, surtout par ceux que tu as vu ces derniers jours."

Elle ce faisait du soucie pour moi, je trouvais ça bizarre, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Après tout j’étais un fou furieux impulsif et lourdement alcoolique. Quitter la ville, dans cet état ?! Impossible, je ne serais même pas capable de me relever. Elle évitait de me regarder, était-ce pour me cacher certaines informations ? Je ne la connaissais pas assez pour deviner ce qu’elle pouvait bien mijoter dans sa cervelle. De toute façon je n’avais pas la force de l’interroger à ce sujet, de plus elle ne m’en laissa pas le temps.

"Tu as été victime d'une nouvelle drogue, ciblée sur les animagus. Elle a un effet dévastateur, nous rendant agressifs, dangereux. Mortels. C'est pourquoi je ne te tiendrai pas rigueur de tes actes. Mais, s'il te plaît, trouves-toi un endroit sûr. Tous ceux qui savent ce que tu es sont des dangers potentiels. J'ignore l'effet éventuel d'une seconde prise de drogue, mais... Je doute que ça soit agréable. Je t'en prie fais bien attention à toi."

J’avais été drogué… C’était plus un truc de moldus après si c’était pour « manipuler » quelqu’un à des fins dévastatrice, c’était clairement un truc de sorciers malfaisants. Un grand mage noir destructeur ne serait pas aussi efficace qu’une armée d’animagi enragés. Elle insistait absolument pour que je m’occupe de moi, comme si j’étais un gosse et elle une mère qui veut absolument que je devienne autonome, mais je l’étais depuis plusieurs années déjà. Et maintenant elle était toute rouge, même avec une apparence différente, et un état de larve, je lui faisais quand même de l’effet, impressionnant… Elle se leva d’un coup et marmonna comme vexé :

"Il faut que je retrouve Damien, il aurait déjà dû être revenu. Je pars à sa recherche."

Sans tarder, elle se transforma et disparue sans le moindre mot. Je ne voulais pas qu’elle parte seule, surtout pour aider ce prétentieux de Damien qui évidemment n’avait que ça à faire de tomber dans un piège. Alyzea se serait parfaitement débrouillée toute seule, elle aurait pu passer plus de temps avec moi plutôt qu’à sauver un petit chiot aveuglement perdu. Comme elle me l’avait dit, il fallait que je me mette à l’abri mais il m’était impossible de me déplacer, la douleur de mon crâne me l’empêchais. Je sortais ma baguette et m’entourais d’un prodiguo, j’aurais très peu de chance que quelqu’un vienne me chercher allongé au pied de ce mur dans cette petite ruelle perdue. Quoiqu’ils se trouvaient en ce moment, j’espérais qu’il y aurait une petite chance pour que mon mal de crâne se dissipe et me permette de les rejoindre ou de disparaitre loin de Londres comme me l’avais suggérée Alyzea.

Je lance à nouveau un Alohomora contre la porte en bois. Mais le résultat fut exactement le même qu'au premier essai : le sortilège s'est retourné contre moi et m'a envoyé voler quelques mètres plus loin.

- Par les couilles de Lucifer !, grognais-je tandis que je me relevais.

Oui, j'ai tendance à devenir vulgaire dans ces moments là. Et par moment là, j'entends plus précisément dans le cas présent : être enfermé dans une salle déserte, seul et totalement désarmé. Bon sang, comment allais-je me sortir de ce pétrin ? Ok... calmes-toi Damien... J'aurais bien aimé qu'à ce moment là, pour aussi sèche et froide qu'elle soit, Cha Yeon Jin soit là pour me donner un petit conseil ou deux pour m'en sortir. Mais j'étais seul. Bon... Qu'aurait-elle fait à ma place ? Qu'aurait fait n'importe quel Auror digne de ce nom ? La réponse était évidente : Rester calme, analyser la situation, trouver le point faible, et l'exploiter. Bon, être calme, c'était fait. Restait plus qu'à analyser la situation :

J'étais bloqué dans une salle composé uniquement de pierre et d'une porte en bois protégée par un sortilège, voir même deux vu la dureté de la porte. Et j'étais même prêt à parier que, par précaution, les murs étaient également protégés. Et je n'avais, dans le cas présent, aucun outil ou autre moyen de sortir. Ma magie était inefficace, ma force brute non plus, et je n'avais aucun matériel de potion. Autant dire que mes chances de (m'en ?) sortir étaient plutôt minimes. Mais il devait sans doute y avoir une faille à tout cela. A tout sort existe des contre-sorts, n'est-ce pas ? Réfléchissons...

Les minutes passaient, lentement, mais je n'arrivais pas à trouver ne serait-ce que l'ombre d'une idée. Cette salle était franchement bien gardée... Je ne savais vraiment pas comment je pourrais me débrouiller pour me sortir de là. La seule solution que j'entrevoyais était d'être patient et d'attendre les secours de la Police Magique. C'était la seule solution envisageable. Et elle ne me plaisait pas. Il était parfaitement hors de question que je reste assis, les bras croisés dans cette pièce vide et attendre qu'on vienne me sauver comme une demoiselle en détresse ! J'étais un Auror, oui ou non ?! Comment pourrais-je prétendre combattre les mages noirs si je n'étais pas même capable de vaincre une simple porte ensorcelée ?! Regonflé à bloc, je me relève et dégaine ma baguette.

- Finite !

Le sortilège vola jusqu'à un mur que j'avais visé sur ma droite. Le but était de faire voler en miette la barrière qui était érigée toute autour de la pièce. Et étonnement, ça avait marché ! Le sort ne s'était pas évaporé, le son qu'il avait produit était un "Fuiish" typique du sortilège détruit. Victoire ! Je me rapprocha de la porte, et lança un Diffindo tout autour de la porte pour découper la paroi rocheuse, là où le sortilège anti-sort ne faisait pas effet ! Et une deuxième victoire pour Damien ! La paroi tombe et se fracasse par terre, la porte avec ! Je pouvais donc enfin sortir ! Damien - 1, Porte - 0 !

Je m'élance dans les couloirs du labyrinthe souterrain, humant l'air et les parois pour retrouver la trace de l'individu, même si je n'avais qu'une envie c'était de partir de cette maudite caverne, ma mission n'était pas encore terminée. Je la retrouva donc sans trop de difficulté et la suivit à la trace.

Au bout de quelques minutes de marche, je sentais une autre porte, et des voix y résonnaient derrière. Je me fit donc le plus discret possible, m'accroupis et cala mon oreille contre la porte.

- Ne vous inquiétez pas. Elle sera livrée en temps et en heure. Comme promis, dit une voix grave et assurée. Presque blasée.
- Je l'espère pour vous, Ernest, répondit une autre voix plus... gutturale. Et les tests ? Qu'est-ce que ça a donné ?
- Les résultats sont au delà de nos espérances. Vous ne serez pas déçus.
- Bien... Je viendrais chercher la marchandise demain, aux entrepôts de Bellford à 23h. Vous n'avez pas intérêt d'être en retard !
- Entendu.

Un bruit de transplanage, puis le silence total. Alors c'était donc ça ? La drogue avait été commandée par un client, et les agressions de ce week-end n'avaient servis que de tests ? Encore une fois je ne m'étais pas trompé : L'effet était effectivement désiré. Le but était de rendre les Animagus agressifs. Mais pour quoi faire ? Quel était le but véritable derrière tout cela ? Soudainement, la porte s'ouvrit à la volée, et je me fit propulser sur plusieurs mètres et m'étala contre le sol. Je m'évanouis quasiment aussitôt.

Lorsque je reprit conscience, j'étais allongé par terre et j'avais un sacré mal de tête. Je leva ma main pour aller frotter l'arrière de mon crâne, mais étrangement, l'autre main la suivit de près. Je me rendis compte alors que mes poignets étaient reliés par des épais bracelets en acier. On m'avait attaché. Par chance, mes pieds étaient libre. Je me redressais alors, et tentait de me rappeler les événements récents. La mémoire me revint petit à petit : J'étais en train d'espionner l'individu que je traquais, un certain Ernest d'après l'autre individu, puis je m'étais fait frappé par un Stupéfix qui m'avait projeté la tête la première contre le sol. Et puis après plus rien.

...Et je rêve, où on m'avait enlevé ma veste ? Non non, je ne rêvais pas, il ne me restait plus que mon T-shirt sur le dos ! Pourquoi diable me l'avait-on enlevé ? Un doute s'empara de moi et je m’empressai de me fouiller -assez difficilement à cause des liens-, et mon doute se confirma : on m'avait enlevé ma baguette ! Ah le fils de chacal ! Je huma l'air, pour essayer de savoir où je me trouvais. Mais sans grande surprise, je ne sentais que de la pierre autour de moi. Néanmoins... Pris d'un doute, je m’empare d'un caillou qui trainait par terre et le lança au hasard. Lorsqu'il retomba par terre, un grand écho s'échappa et s'éloigna de plus en plus. Très loin. La pièce devait être gigantesque ! Bon sang, on m'avait emmené dans les mines de la Moria ou quoi ?

Des bruits de pas résonnent alors. Lourds. Très lourd. Du genre "catégorie monstre géant".

- Ok... Je vous préviens, murmurais-je à moi-même. Si c'est un Balrog, moi, je le laisse passer !

J’avais l’impression que mon cerveau vibrait à l’intérieur de mon crâne, comme s’il avait enflé mais qu’il n’avait pas la place pour alors, il poussait contre ma paroi. Dès que je voulais tourner la tête la douleur était fulgurante, je me résiliais donc à rester allonger sur le dos et à attendre qu’on vienne me récupérer, ou pas. Je n’entendais plus grand chose, tout me paraissait calme, silencieux, les bruits les plus proches me semblaient à des quartiers de là. Je m’inquiétais un peu de ce que pouvais trafiquer Damien et Alyzea, peut être qu’ils étaient dans de gros ennuis et avaient besoin d’une troisième main porteuse d’une baguette pour les libérer. Mais ça n’allait pas être moi, je ne ferais que les ralentir, et de toute évidence je n’arriverais jamais à me remettre debout pour marcher jusqu’à la taverne. Je commençais à avoir froid, sauf à la tête, comme si toute ma chaleur montait là-haut pour s’emmagasiner sous mon cuir chevelu. Qu’est-ce que j’avais bien pu faire pour en arriver là, est-ce que je le méritais ? Me poser des questions étaient trop douloureux, j’y renonçais donc aussi et restais là sans rien faire.

Ok... Je savais pas pourquoi, mais même si je savais que le moment n'était pas vraiment opportun et qu'un truc de quelques quintal s'approchait dangereusement de moi, je ressentais l'irrépressible besoin de faire le point de la journée. Résumons, qu'est-ce que j'avais affronté depuis ce matin ? : La mauvaise humeur -habituelle- de Cha Yeon Jin, les labyrinthes du Ministère, un Jasper enragé, une porte ensorcelée et maintenant une créature de type troll...

Conclusion : Quelle divinité supérieure avais-je pu offenser pour que j'en arrive là, par les cornes de Lucifer ?! -Le fait d'évoquer son nom me laissait penser qu'il pouvait être un suspect tout à fait probable, à force d'invoquer son nom...-

Bref. La situation n'était pas prête de s'arranger, et vu l'odeur qui envahissait mes narines, et étant donné de l'endroit où je me trouvais, je penchais pour un troll des cavernes. Fabuleux... Déjà qu'avec ma baguette j'aurai eu du mal à me le décoller de la semelle, mais alors sans c'était carrément en revenir au même que d'essayer de grimper une falaise en ayant confondu la poudre blanche avec du savon liquide. Autant dire que c'était pas gagné. Je profite du fait qu'il ne m'ait pas encore vu pour me déplacer à pas de loups et tenter de trouver un abri pour me soustraire de sa vue. Même si je savais que c'était pour le moins inutile, étant donné qu'un troll des cavernes était myope comme une taupe, et que donc il se servait beaucoup plus de son ouïe pour trouver ses proies. Donc, sur ce point, nous étions très semblables. Mouais... J'ai déjà trouvé plus valorisant comme comparaison.

Ok, du calme Damien... Trouver une solution... Là, dans l'immédiat, deux choix s'offraient à moi : Soit je tentais de fuir le troll des cavernes e de retrouver mon chemin jusqu'à la surface, soit j'affrontais le troll face à face pour éviter d'avoir cette menace sur la tête en cherchant la sortie. Ouais... Dans les deux cas, ça semblait presque impossible. Avec un peu de chances, j'étais resté inconscient assez longtemps pour qu'Alizea fasse appel aux renforts. Le tout serait donc de gagner du temps. Mais comme je n'étais pas en contact avec le soleil, je n'avais strictement aucune idée de l'heure qu'il était. A croire que la même divinité supérieure qui avait décidé de me mettre dans la panade voulait aussi que je ressente le poids de mon handicap. Formidable...

Oh oh... Le troll commençait à renifler. Pas bon. Pas bon du tout. Et pour cause : il poussa un hurlement et chargea dans ma direction. Par les couilles de Lucifer, il m'avait repéré ! Ni une ni deux, je prends les jambes à mon cou pour tenter de le semer. Mais étrangement, c'est ce moment-là que ma mémoire décide de se réveiller pour me rappeler qu'un troll pouvait battre un cheval au galop à la course. Pas manqué : en quelques enjambées, il se retrouve juste derrière-moi et me balaye d'un coup de main colossal. Il m'envoie voler quelques mètres plus loin et je m'écrase contre le sol rocailleux. Par une chance qui tenait plus du miracle, je ne sens aucun os cassé. J'en profite pour me relever. Instantanément, sous le coup de la douleur, je le sens se réveiller en moi, réveillant au passage mes instincts et mes sens. Je pouvais presque voir. Aussi proche de la vie que de la mort.

Le troll bondit et cherche à m'écraser de sa main titanesque. Je bondis sur le côté, et dans un grognement sauvage, je m'élance sur son bras. Je m'accroche à son coude, pose mes pieds sur son bras qu'il relève pour essayer de se débarrasser de moi, fait une pirouette pour retomber sur son épaule droite, me baisse pour esquiver son poing. Là était le moment décisif : je passe mes bras autour de la tête du troll qui rugit de colère et je tends mes jambes au maximum. Ce qui a pour effet d'étrangler la bête avec les chaines de mes menottes d'acier. Le troll se débat dans tout les sens, je fais tout pour ne pas tomber et tiens la pression le plus possible. Son poing atteint ma cheville qui se casse net à son contact. Dans un hurlement de douleur à m'en décrocher la mâchoire, je manque de tomber de son dos, mais je me rattrape en prenant appui cette fois sur mes rotules. Mes poignets me font atrocement mal, je suis mort de peur, sur le point de passer l'arme à gauche, mais je tiens bon. Je devais tenir bon. Je sens alors le troll faiblir, puis enfin s'étaler par terre dans un fracassement sonore.

A bout de souffle, je prends quelques minutes pour reprendre ma respiration -et mes esprits, par la même occasion-, et je finis par batailler pour soulever le menton du cadavre pour réussir à me libérer. Une fois réussi, je tombe sur les fesses car ma cheville gauche n’arrivait plus à me supporter. De mieux en mieux Damien, c'est ta première mission et tu finis avec une cheville cassée. J'osais imaginer ma deuxième. Sans mes mains, et un pied invalide, je ne risquais pas d'aller bien loin. La seule chose à faire, et là ce n'était pas vraiment négociable, était d'attendre Alizea ou les secours pour qu'ils me tirent de là. Je tente tout de même de ramper le plus loin possible du troll, ne tenant pas vraiment à avoir son odeur plein nez. Une fois à bonne distance, je m'étalais sur le dos, ayant une folle envie d'écarter les bras, mais mes liens m'en empêchèrent. Je cala ma cheville pour éviter qu'elle me fasse trop mal, et je ferma les yeux.

- "Contentes-toi de l'assister dans son travail et suivre ses directives", qu'elle disait..., soupirais-je à voix haute en faisant référence à Cha Yeon Jin. "Rien de plus. Pas de prises de risque, pas de décisions personnelles", qu'elle disait...

Pour une fois dans ma vie, j'aurais peut-être dû suivre les directives à la lettre.

- Moi, j'ai jamais dit ça. J'avais dit qu'on était partenaires, si je ne m'abuse.

J'ouvris les yeux sous la surprise mais je me calma en reconnaissant la voix d'Alizea. Je ne pensais pas que j'aurais été aussi heureux de l'entendre à nouveau. En revanche, même si elle en portait l'odeur, je ne sentais pas Jasper à ses côtés. L'avait-elle lâchée dans la nature ? Bah, je crois qu'au point où j'en étais, ça pouvait attendre.

- Eh bien, tu en auras des choses à raconter à tes amis une fois rentré. Attention, ça va faire mal.
- Tu m'étonnes. Réussir à mettre à terre un troll des cavernes, ça doit pas arriver tout les jouAAAAAAAAAAAAAAAAAÏEUH !!

Non, ce n'était pas un nouveau mot made in by moi-même, mais plutôt le début du mot "jour" interrompu par un cri de douleur intempestif, résultante d'un replaçage de cheville pour le moins douloureux de la part d'Alizea. J'aurais pu m'en contenir, sans doute, mais étant donné que j'étais occupé à parler, je n'avais pas senti le coup venir. D'autant plus que dans cette grotte, l'écho était plutôt puissant. La douleur commença à s'atténuer, sans doute sous l'effet d'un sortilège.

- C'est bon, tu ne sentiras rien pour un moment. Attend un peu que je fasse le nécessaire.

Elle m'examina avec sa baguette et donna son pronostic au bout de quelques secondes :

- Rien à faire avec un sortilège. Par contre, j'ai du pouss'os si tu veux. Ca va faire mal quand ça va repousser, même malgré mon sortilège, mais... Il vaut mieux agir maintenant, parce que si tu veux mon avis, plus tard ce sera trop tard. Ah, d'ailleurs, j'ai récupéré ça pendant que tu jouais à cache-cache avec le troll, me dit-elle en me passant ma veste sur mes épaules.
- Très drôle, répondis-je avec ironie.

Elle me rendit ma baguette et m'en servit pour me débarrasser de mes liens qui me mordaient la chair. Enfin débarrassé !

- Pendant que tu la prends, tu vas pouvoir me dire que ce que tu as trouvé.

Je prit la fiole dans mes mains et enleva le bouchon qui émit un petit grincement. Par réflexe, je porta le goulot à mes narines, et fut immédiatement prit d'une secousse de dégout tant l'odeur était forte. La vache, elle voulait que j'avale ça ?! Bon... Si je voulais marcher, y'avait pas trop le choix. Je prends une gorgée que je regrette immédiatement et tire une grimace en secouant la tête.

- Ça devrait pas être légal, ce truc..., me murmurais-je à moi-même. J'ai suivi la piste d'un homme en arrivant dans la cave, mais la piste m'a menée à une cellule qui s'est refermée derrière-moi.

Je reprends une deuxième gorgée à contre cœur et poursuis :

- J'ai fini par m'en tirer, puis j'ai continué la traque. Elle m'a mené devant une porte où j'ai surpris la conversation de deux hommes. L'un d'entre eux, celui que j'ai pisté, s'appelait Ernest. L'autre n'a pas dit son nom.

Encore une gorgée immonde.

- Apparemment, nôtre Ernest produit sa drogue ici pour la revendre à quelqu'un. Et les incidents de ce week-end ont servis de tests pour les effets. Et apparemment, ça a dépassé leurs espérances.

Et encore une pour bibi.

- L'autre homme a dit qu'il irait chercher sa marchandise demain soir à 23h aux entrepôts de Bellford. Je sais pas où c'est, mais c'est une piste à exploiter.

Et enfin la dernière gorgée. Je pense qu'après cette mission, je ne me priverais pas d'aller chercher une bonne bièreaubeurre au frigo.

- Il a transplané, et j'me suis fait assommer à ce moment-là par Ernest qui m'a livré en pâtures à ce troll qui m'a donné un accueil des plus chaleureux. Voilà l'histoire.

J'enfile ma veste par les manches, et une fois ma baguette rangée dans sa poche, je me tourne vers Alizea pour ajouter une dernière information.

- Par contre, même si je n'en suis pas sûr, je crois que le commanditaire n'est pas tout à fait humain. Sa voix sortait trop de l'ordinaire... Et toi, de ton côté ? Tu as trouvé quelque-chose ?