Cela faisait des mois que j'étais enfermé dans cet hôpital de malheur, ces foutues robes vertes m'avaient enfin sorti de ma cellule capitonnée et je commençais tout juste a retrouver un peu de liberté! Il avait fallu une bonne semaine de calme avant qu'ils acceptent de m'enlever la camisole et le masque, une semaine encore et je finis par redescendre au rez de chaussé au milieu des autres malades ayant subi un accident matériel et n'étant pas classifiés Dangereux... Quelle plaie!

J'haussais les épaules et m'approchais à pas lents et traînants de la première fenêtre que je voyais depuis au moins un bon mois... Quelle lumière! Mes yeux me piquaient et je battais rapidement des cils, cherchant a dissiper cette sensation désagréable tout en profitant au maximum du spectacle qui s'offrait à moi. Le parc de Sainte Mangouste n'était pas grand mais il était empli de fleurs aux couleurs éblouissantes pour mes pauvres yeux qui étaient restés si longtemps dans le noir, je promenais mon regard brûlé de droite et de gauche, me délectant du spectacle qui s'offrait à moi derrière le rideau flou des larmes que secrétaient mes yeux endoloris. Je suivais des yeux les quelques personnes qui se promenaient quand une sourde colère me frappa en pleine poitrine, je reculais précipitamment, chutant en arrière lorsque mes jambes encore mal habituées s’emmêlèrent.

Comment ces gens pouvaient ils être autorisés à sortir alors que l'on m'avait enfermé si longtemps? Comment osaient ils donner un peu d'espoir de liberté aux patients en les faisant tourner ainsi dans un parc tel des chevaux dans un enclos ou tel des moldus sur un manège?

Je me mis à genoux, me saisissant la tête en gémissant, cherchant à fuir cette douleur qui me prenait et croissait en même temps qu'une colère injustifiée. Les médicomages entrèrent précipitamment peu de temps après qu'un cri s'échappa de mes lèvres sèches et craquelées et vinrent se jeter sur moi pour maîtriser les convulsions qui prenaient possession de mes muscles endoloris avant de me verser un liquide pâteux et sucré au fond de la gorge... Encore cette saleté de potion qui me rendait catatonique! Hors de question qu'on me rende à nouveau aussi éveillé qu'un poisson mort! D'une ruade de désespoir je me libérais de l'étreinte de mes geôliers et tentais de m'échapper en rampant, tirant de toute mes forces sur mes bras encore forts mais pris d'horribles tremblements, je décidais de me relever, poussant difficilement sur mes bras et sur mes jambes...

J'étais debout! Je voyais la porte ouverte juste en face de moi! La liberté tant espérée... Mais c'était sans compter sur les effets du calmant dont je sentais le pouvoir pulser dans mes veines... Mes forces qui me quittaient... Alors je senti mes jambe lâcher et ma tête qui frappait violemment le sol, et là ce fut le blackout total.
Dans les brumes de mon esprit apaisé, au milieu d'un tumulte de fumées noires se mouvait encore cette silhouette inaccessible, cela faisait bien longtemps que je cherchais à la rejoindre, à dissiper le brouillard qui l'entourait. Qui était donc cette femme qui m’appelait par mon prénom?

Alexander! Reviens moi Alex... S'il te plait reviens moi...

Encore une fois je courrais aussi vite que possible en sa direction, battant des bras pour dégager l'épaisse fumée qui l'enveloppait, criant de toute mes forces. Je devais savoir qui était cette femme! Elle exerçait sur moi un tel besoin de sa présence! Était ce ma mère? L'élue de mon cœur?
Quand brusquement un souffle violent et tourbillonnant emplit l'espace, le brouillard sombre forma une colonne autour de la silhouette inconnue quand d'un coup elle me fut révélée...

Cassi' !!!

Le cri m'avait échappé alors que je m'éveillais en sursaut, frappé par la révélation que je venais d'avoir. Cassiopée! Ma sœur jumelle! Comment avais je put l'oublier?! Le remord me torturait alors que les robes vertes accouraient dans ma chambre. J'étais assis dans un fauteuil, légèrement penché en avant, haletant...

Alexander? Tout va bien?

Bien sûr que ça allait espèce d'imbécile!!! Ça ne se voyait pas? Dieu que les questions idiotes de ces cons de médicomages me fatiguaient! Enfin bref c'était pas important.... D'une voix entrecoupée je parvenais à articuler difficilement:

Oui... Tout va bien... Enfin non! Je me souviens de quelqu'un! Cassiopée! C'est ma sœur jumelle! Je vous en prie faites la venir rapidement... J'ai besoin de la voire à nouveau...

Ce n'est qu'après une longue journée ainsi qu'une nuit encore plus longue que l'heureuse nouvelle finit par tomber. Cassi' était là! Je n'avais pas bougé de mon fauteuil, je savais que je devais avoir mauvaise mine, le teint blanc de ne pas avoir vu le soleil depuis longtemps, les cheveux en bataille mais le regard brillant... Enfin elle fut là, devant moi. Aussi resplendissante et pleine de vie que dans mes pensées... J'entendis à peine ses mots alors que je la dévorais du regard, mes doigts caressant machinalement et nerveusement le masque qui était posé sur mes jambes.

Salut Sœurette... Tu es toujours aussi resplendissante à ce que je vois...

Ma voix était enrouée par l'émotion et le manque d'utilisation, je devais être en bien piteux état à côté d'elle... Je détournais lentement le regard vers mon masque afin de lui cacher les larmes qui perlaient aux coins de mes yeux. Que devait elle penser de ce piteux reste de l'Alexander qu'elle avait connue?

Cassi' se jeta à mes pieds et vint saisir mon visage de ses mains fraîches, lorsque je plantais mon regard dans le sien je remarquais qu'elle pleurait. Que je me souvienne je ne l'avais jamais vu pleurer ainsi! Avais je donc si mauvaise mine? Ce serait il passé d'énormes changements au cours de mon absence dont j'ignorais la durée? Voire ma chère sœur dans cet état me fendait le cœur... De nous deux elle avait toujours été la plus forte et la moins expressive... Habituellement c'était elle qui me consolait quand elle me voyait m'isoler pour un quelconque chagrin. Je saisis son menton et le relevais doucement pour lui sourire.

Hey Cassi'... Je vais bien! Cesse de pleurer comme si tu étais à genoux face à ma tombe voyons... Qui donc t'a emplit de guimauve en mon absence? D’ailleurs ça fait combien de temps que je suis enfermé ici?

J'attendais sa réponse quand je vis son regard se porter vers mon masque qu'elle saisit et examina... Elle posa la question fatidique et je me contentais de détourner le regard, jetant un coup d’œil par la fenêtre. Ce masque bien sur que si je l'avais porté! Je le détestait mais en même temps je l'adorais... Il me fascinait tellement... Il était ma prison et en même temps le reflet de ce que j'étais, de ce qui se cachait tout au fond de moi. Il me dissimulait autant qu'il m'enfermait. J'étais plongé dans ces sombres pensées quand je senti sur mes jambes le poids de la jolie boite bleue et entendis les paroles de ma sœur. Des chocogrenouilles? Ça ne me disait rien... J'ouvrais la boite doucement et une des friandises sauta d'un seul coup dans le vide! Je la rattrapais d'un coup sec en plein vol alors que la boite se refermait dans un claquement. Hey j'avais pas trop perdu question réflexes!
Alors que je mordais directement dans la tête de l'étrange créature et mâchais le tout avec suspicion je relevais la tête vers ma chère sœur...

Humph... ch'est pas mauvais! Ch'aime bien... En même temps si tu voyais l'horreur avec laquelle on nous nourrit ici! Je te jure je n'ai même pas souvenir de la saveur que peuvent avoir les plats! On nous sert une espèce de bouilli gluante sans goût à te rendre fou! Cassi' faut que tu me sorte de là... Si je reste plus longtemps ici je vais devenir maboule et ils me remettront dans la Chambre Noire mais à vie cette fois ci... Regardes un peu ce que je suis devenu! Je dois avoir une tête horrible, de la barbe, des cernes... J'ai besoin de sortir. De sentir la chaleur du soleil, la douce brise du vent, le contact de la pluie! Je veux revivre! Cassi' je t'en prie... non je t'en supplie... Sors moi d'ici ou je jure que je ferais une bêtise qui m'enverra soit en Chambre Noire, soit a Azkaban...

Je fixais ma sœurette d'un regard dur mais franc. Elle était mon dernier espoir et c'était pas pour rien que son souvenir m'était revenu alors que j'entrais en saturation. Mon esprit m'avait donné la clef de ma liberté! Tout en me rendant le souvenir le plus précieux que j'avais... Cassi'... Un grand sourire étira mes lèvres et enfin je la saisi, l'attirais contre moi et l'entourais de mes bras dans un câlin comme ceux d'autrefois.

Cassi'... Vois ce que tu peux faire s'il te plait. Moi je vais me redonner une apparence présentable. Il est temps que je reprenne vie et que je la saisisse à nouveau d'une poigne de fer pour en faire ce que je veux. Alexander est de retour!

Sur ces mots un éclair dur et mauvais traversa mon regard mais j'espérais qu'elle ne le vit pas. Je devais avant tout me montrer sage et moins catatonique si je voulais pouvoir sortir et retrouver ma liberté de mouvements. Je relâchais doucement l'étreinte que j’exerçais autour de ma sœur et me précipitait dans ma salle de bain avec une nouvelle vigueur, un nouvel espoir. J'avais besoin d'une douche, un coup de rasoir, un passage chez le coiffeur et de me requinquer un peu la façade. Fini l'effet cadavre ambulant, Alexander sportif et beau gosse arrive!

La douche fut rapidement prise mais je me trouvais face à un problème de taille... Comment me raser alors que je ne disposais d'aucun objet tranchant de type rasoir à ma disposition? Je réfléchissais rapidement à la question et finis par hausser les épaules, Cassi' aurait peut être une solution. Faute de baguette je ne pouvais même pas m'en procurer un de toute manière, et voire un rasoir voler jusqu'à ma chambre aurait mit toutes les foutues robes vertes de l'étage en état d'alerte. Perdu dans mes pensées j'entendis du bruit dans la pièce d'à côté, Cassiopée devait être de retour et je devais aller aux nouvelles. Je sorti de la chambre d'un pas bien plus assuré que les jours précédents pour découvrir ma sœur en train de plier mes affaires. Elle avait réussi! On partait!

Alors sœurette? Les nouvelles sont bonnes à ce que je vois? Excuses l'état de ma barbe mais on ne me laisse pas disposer d'objets tranchants ici... Parait que je suis dangereux.

Je posais mon regard sur le fauteuil où était posé mon masque. Je m'approchais doucement et le soulevais délicatement afin de l'observer comme absorbé et fasciné par son côté violent et bestial. Il était l'Autre... Je le posais délicatement et précieusement sur le reste de mes affaires, dans mon sac. Je secouais lentement la tête comme si je sortais d'une douce et jouissive léthargie avant de regarder à nouveau ma sœur.

Je suis prêt! On y va? Par contre faudra vraiment que je me rase avant de me présenter devant qui que ce soit! On dirait Victor Hugo! Ah et Cassi'.... Je dois te dire qu'il y a un moment que je n'ai pas vu qui que ce soit hormis ces cons de médicomages et toi avec qui c'est pas pareil qu'avec qui que ce soit d'autre... J'appréhende beaucoup ma réintégration...

Je fis un sourire timide à ma chère sœur avant d'attendre patiemment la suite des événements.

Lorsque Cassi' d'un coup de baguette fit disparaître ma barbe je ne pus m’empêcher d'hausser un sourcil de surprise. Je l'écoutais attentivement quand elle répondit à mes craintes. Comme d'habitude ma soeur promettait d'être là pour moi. de me protéger en quelque sortes.... J'espérais qu'elle saurait me protéger de moi même...

Très utile! Il faut absolument que tu m'apprennes ce sort... Il va me faire gagner un temps précieux! Et merci.... Merci pour tout ce que tu fais pour moi, je te promet que je trouverais un moyen de te contacter si par malheur j'ai besoin de toi...

Je saisis mon sac et la suivait d'un pas précipité sans même lui répondre.... Et comment que je voyais ce qu'elle voulait dire! Cela faisait bien trop longtemps à mon goût que je croupissais dans cette prison. Au passage j'envoyais un salut de la main à mon ami Lokhart qui se promenait encore pour distribuer ses photos à tout ceux qu'il croisait... Un vrai malade celui là! Et dire qu'il avait été professeur à Poudlard... D'un coup mon estomac se retourna et une fois le transplanage terminé je ne pus me retenir de vomir. Cette sensation là ne m'avait pas manqué! Mais je ne me souvenais pas que c'était si brutal...

Poudlard... Notre maison! Cela faisait maintenant près de 8 ans qu'on y habitait avec Cassiopée... Hormis les vacances d'été où on était bien forcé de rentrer chez nos parents... Lorsqu'elle me tendit ma baguette je m'en saisit rapidement, pour ne pas dire avidement, avant de lui retourner un immense sourire.

Et comment que je m'en souvient d'elle! C'est ma baguette! Je croyais l'avoir perdue... C'était donc toi qui l'avait récupérée. Tant mieux!

J'entendis le carillon de l'école sonner. Midi, le banquet devait sûrement être déjà prêt dans les cuisine de notre chère maison... Qu'est ce que cela m'avait manqué!

Je... Je crois que je vais aller dans la grande salle. Cela fait maintenant trop longtemps que je n'ai pas baigné dans cette ambiance et je crois que m'y remettre le plus tôt possible ne me fera pas de mal et qui sait? Peut être que j'y croiserais des gens et que la mémoire me reviendra! Moi aussi je suis content d'être ici et à nouveau avec toi sœurette... Je te dis à tout à l'heure! Je serais sûrement dans le parc si tu me cherches!

Je lui posais un baiser sur la joue avant de m'enfuir en courant. Qu'est ce que j'étais pressé de retrouver l'ambiance joyeuse et la foule de notre chère école!