J'étais particulièrement heureuse, en cette soirée de juin. L'année scolaire s'achevait une sur note heureuse, je ne dirai pas pleine de joie, mais malgré les zones d'ombre, j'avais retrouvé un minimum le sourire. La stérilité restait tout de même un souci, qui serait sans doute récurrent dans ma vie, mais bon, il fallait que je fasse avec, il fallait que je dépasse le stade de la souffrance. J'avais retrouvé Eoten, et seulement cela m'importait. Et j'espérai que cette fois, nous ne sous séparerions plus. J'espérais.

Il faisait beau, ce soir là et je commençais à sentir poindre en moi comme une profonde euphorie enfantine. Mon sac en papier à la main je tournais sur moi-même dans le parc. J'avais l'air d'une enfant, je me sentais enfant, habillée d'une petite robe d'été en mousseline vert pâle, les cheveux tressés, je ne pouvais ressembler qu'à une adulte heureuse et épanouie... D'humeur assez folasse et joyeuse, certes. Puis je me mis à courir, les cheveux légèrement décoiffé par le vent avant de me laisser tomber dans l'herbe fraîche au bout de quelques minutes. J'étais tellement bien ! Si heureuse ! Comme une bouffé d'air frais, cette soiré marquait une sorte de tournant bénéfique dans ma vie. Et cela me faisait un bien fou !

J'ouvrai le sac en papier, rempli bien entendu de friandises de Honeydukes fraîchement achetées. Je réfléchissais quelques seconde avant d'opter pour une chocogrenouille. J'adorais les sucreries mais j'avais toujours eu un faible pour le chocolat. Je l'ouvris et éclata de rire en voyant le saut raté de la pauvre grenouille, que je commençais à déguster par la suite. Du chocolat !!! Je me laissais doucement aller dans l'herbe, regardant le ciel bleu agrémenté de quelques nuages cotonneux... On aurait dit cette friandise moldue rose que j'avais toujours eu envie de goûter … La barbe à papa !!!! Il fallait absolument que j'aille dans une fête foraine moldue, hein ! Il fallait que j'en goûte ! C'était impératif !

Mais qu'est-ce que j'avais aujourd'hui ? M'aurait-on fait prendre une potion d'euphorie à mon insu ?

Puis je me relevais subitement, regardant autour de moi. Y'avait un truc louche qui me rodait autour, punaise ! Ne pas avoir peur...

« Il y a quelqu'un ? »

J'avais curieusement la voix d'une petite fille perdue... Étrange.

Tristesse... Mélancolie... Nostalgie... Alexander... Où es-tu mon frère ? Cela fait si longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles. Et tu me manques, mon ami, mon protecteur, mon confident... Où es-tu ? Reviens, je t'en prie, j'ai besoin de toi. Mon cœur se languit de ton absence et saigne tous les jours, parce que tu n'es pas là. Et ça me rend triste, je t'attends chaque jour. Es-tu guéri ? Vas-tu mieux ? Où vas tu passer tes vacances d'été ? Donne moi un signe de vie, je t'en supplie ! Je ne veux pas que tu meurs ! Tu fais attention à toi, hein ? Tu me le promets. J'ai tellement peur que tu ne reviennes jamais, je retiens mes larmes chaque matin, chaque midi, chaque soir en pensant à toi ! Reviens !

Pourquoi me sentais-je si mal, à présent ? Alors que j'étais si joyeuse, si bien ! Pourquoi la mélancolie m'enveloppait-elle comme une mère couvre doucement son petit sur son sein ? J'étais … Non, je ne voulais pas être triste, je ne pouvais pas être triste...

Pourquoi étais-je punie par la nature elle-même ? Que lui avais-je dont fait ? Pourquoi pourquoi pourquoi m'en voulait-elle au point de me retirer sans vergogne ma féminité, la seule raison pour moi d'être une femme ? Autant m'arracher ma féminité à main nue ! J'en ressentirai la même douleur, la même honte. Il allait me rejeter ! Pourquoi ? Je ne voulais pas,j'avais peur de ça, pourquoi ? La peur de le perdre me glaça le sang... Mais non, il m'aimait, il me l'avait dit ! Mais quand il prendrait conscience de... NON ! Il a dit qu'il m'aimait, il me l'a dit, il me l'a jurééé ! Je ne devais pas avoir peur....

Pourquoi la peur ? Pourquoi maintenant ? Il faisait froid. J'aurai du prendre un gilet avant de partir. Je croquais un morceau de chocolat. Du bonheur en barre le chocolat. Ça allait mieux... Ou presque... Ou pas …

Pourquoi je pensais à lui ?... J'étais terrifiée, tellement que je me recroquevillais sur moi-même. Il s'approchait de moi avec son air lubrique. Il allait recommencer. Comme il y avait dix ans. Il allait profiter de moi, encore et encore, et moi, oh pauvre de moi, je n'étais qu'une petite fille sans défense et apeurée qui n'arrivait pas à hurler tellement elle avait peur...

Non... Non … NOOOOON ! Je suis Cassiopée O'Bryan et j'ai vingt et un ans ! J'ai une baguette, je sais me défendre ! Ne pas avoir peur ! Dieu qu'il faisait froiiid !... Une créature pouvait faire ça mais... impossible... Un détraqueur ?

C'était un détraqueur, je le sentais derrière moi. Je sortis ma baguette et me retournais.

« Spero Patronum ! »

Une fumée argentée apparut, essayant de repousser ce monstre encapuchonné de noir, porteur de malheur et de tristesse. Des souvenirs heureux... J'avais beau cherché dans ma mémoire, je n'en trouvais que fort peu. Je pensais aux différents moments avec Eoten... Remontant plus loin, ce fut à Seyn que je pensais. Mon ami que j'avais perdu de vue mais avec qui j'avais eu tellement de moments de bonheur. Je vis mon patronus prendre forme... Mais mon esprit s'embrouilla à nouveau, le retransformant en petites volutes de fumée jusqu'à s'éteindre totalement.

Je me sentis m'effondrer à genoux sur le sol, les mains scotchées sur les oreilles. Alex !!!! Reviens par pitié ! J'ai besoin de toi, de ta force, de ton soutien, mon frère !!!! Eoten !!! Ne me laisse pas ! Pourquoi t'éloignes tu de moi ainsi ? J'ai tellement peur que tu me laisses ! NON ! Ne pars pas, toi aussi ! Pourquoi vous me tourner tous le dos, ainsi. J'ai peur ! Ne me laissez pas !

Il fait si froid dans l'enfer de mon esprit torturé. Je savais qu'il était là.... J'avais laissé tomber ma baguette. Je cherchais sur le sol, essayant de me repérer en même temps, mais pas moyen. J'avais l'impression perdu dans le temps et l'espace, en plus du reste et ma peur s'intensifiait dangereusement. Je commençais à avoir du mal à respirer, je me sentais tellement faible, de plus en plus faible, tellement mal...

Maman ? Qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu viens à Poudlard ? Pourquoi ce regard si froid, si éteint quand tu me regardes ? Maman... Je sais que tu as toujours préféré Alexander à moi. Pire encore, je veux l'entendre de ta bouche, de ta langue de vieillie vipère qui n'a jamais su comprendre les sentiments de son enfant ! Tu ne m'as JAMAIS aimée ! Tu m'as abandonné dans l'un des moments les plus sombres de mon existence ! Tu le savais, hein ? Tu le savais qu'il m'avait violée ! Toi qui lui parlait tous les jours, tu l'évitais après ça. NE MENS PAS ! Je t'ai vu faire ! Dès treize ans je n'ai passé que les vacances d'été avec vous parce que tu ne voulais plus de moi, et on ne partait même plus en vacances tellement tu t'absentais. Tu n'es qu'une menteuse qui n'a pas su me protéger ni m'aimer....

Je sentais les larmes couler le long de ma joue. Je me mis à tousser, ce qui me plia e deux... C'était quoi ? Du sang ? Je crachais du sang... L'attaque était en train de me détruire et mes problème physique reprenais le dessus. Je n'arrivais plus à lutter. Je m'écroulais au sol, je n'arrivais plus à pleurer. Pourquoi mes yeux étaient-ils si lourd ? Et je la sentis arriver, cette personne, cet ange de lumière qui fit partir l'ombre froide qui venait de m'arracher le semblant de vie que j'avais. Je me sentis plus légère et je soupirai d'aise... Au moins, il arrêtait de me faire souffrir, ce détraqueur de merde. J'étais soulagée...

La suite est ICIII !