Si ce que tu as à dire n’est pas
plus beau que le silence alors tais-toi !
| PARTICIPANTS • Alouarn Grimgorson & Olympe Beauxjardins
Résumé • Août 2014. |
Event : le week end du détraqueur
❝ ▬ Mais non, grand-père, je vais très bien. Je suis un grand garçon maintenant. Arrête de te faire du souci pour moi. ❞
Je marchais dans les couloirs du château d’un pas rapide. Mon aïeul m’accompagnait, les mains dans les poches. Depuis l’incident de début août, il ne m’avait pas lâché d’une semelle. Il m’avait encore fait la morale tout l’après-midi. Nous rentrâmes dans mon bureau et je déposais la montagne de parchemins que j’avais dans les mains sur la table basse. Je proposais d’une voix chaleureuse :
❝ ▬ Prendras-tu une tasse de thé ? ❞
Il me répondit un peu sèchement :
❝ ▬ Bien entendu, mon garçon ! Avec un soupçon de lait ! Si tu n’as pas de sucre roux, je prendrais cette liqueur sans autre ajout que le produit laitier. ❞
Je levais les yeux au ciel, quelque peu exaspéré par la conduite de mon grand-père. J’enchéris :
❝ ▬ Tu es bien exigeant, ce soir. Et puis, tu ne peux pas parler comme tout le monde ? Tes grands airs de famille ancestrale sont déroutants et quelque peu horripilants. ❞
Il ne se démonta pas pour autant, et reprit :
❝ ▬ Quelle franchise ! Tu n’es pas très indulgent avec ton pauvre grand-père. Refuserais-tu l’héritage de ta patrie et de ta famille ? ❞
❝ ▬ Oh arrête ce petit jeu, hein. Je sais très bien où tu veux en venir. Je ne tiens pas à me disputer une énième fois avec toi. Ne pourrions pas parler de sujets plus légers ? ❞
❝ ▬ Tu t’es refermé comme une huître depuis l’incident qui t’a conduit à l’hôpital. La seule chose que tu sembles vouloir connaître depuis ta sortie, c’est la confrontation. Tu prends tout de travers, comme si tout ton monde s’était écroulé ! ❞
Je serrais les poings : comment lui faire comprendre que je n’avais même plus confiance en ma propre personne ? Je m’étais abandonné à mon parrain d’abstinence mais, il avait fait comme les autres, il m’avait lâchement abandonné. Il était parti. La faucheuse lui avait pris sa vie. Et je mettais retrouvé seul avec mes démons. J’avais cru que je pourrais me passer d’aide, mas j’ai joué avec le feu. La sonnerie de la théière retentit : je revins à la réalité. C’est alors que je pris pleinement conscience du silence qui s’était installé dans la pièce. Je me levais pour enlever les feuilles de thé du récipient. Je servis deux tasses et vins en tendre une à mon coéquipier. Mon grand-père s’était proposé, à de multiples reprises, d’être mon parrain d’abstinence, mais j’avais poliment refusé ses différentes offres. Si j’avais rejeté, à chaque fois, cette solution de facilité, c’était pour une bonne raison : je ne voulais pas mêler ma famille à mes problèmes personnels. Ils avaient toujours eu de grands projets pour ma personne : la déception, je ne voulais pas la lire sur leurs avenants petits visages d’anges. J’avais été élevé dans le monde des arts et de l’Histoire avec un grand « h ». Ma mère aurait voulu que je continue le théâtre ; mon père aurait aimé que je lui succède au ministère de la magie français ; quand à mon grand-père, il nourrissait, à mon égard de mystérieuses intentions. Je crois qu’ils m’en ont toujours voulu d’avoir abandonné la langue de Molière pour celle de Shakespeare. Ils adulaient tellement notre langue maternelle et leur pays d’origine. Je devais avouer qu’ils n’avaient pas totalement tort : la France et son vocabulaire me manquaient, mais j’aimais mon travail et mes élèves. Ces derniers m’avaient permis de sortir de la misère dans laquelle je me trouvais. Et puis, enseigner à Poudlard était une chance inespérée.
❝ ▬ Tu es bien pensif, mon garçon. ❞
❝ ▬ Je m’excuse de ne pas être très bavard. Je… Je vais sortir quelques instants prendre l’air. ❞
Mon grand-père se leva et tendis sa main :
❝ ▬ Avant de partir, tu vas me laisser ton portefeuille et me donner toutes tes pièces de monnaie. ❞
Je le regardais, d’un air choqué. Il reprit :
❝ ▬ J’assure tes arrières en attendant que tu te trouves un parrain. Il est hors de question que tu chutes à nouveau dans le gouffre de la drogue, de l’alcool et du sexe. ❞
Je lui donnais, non sans avoir ronchonner avant, ce qu’il me demandait. Je pris une veste légère. Mon interlocuteur me lança avant que je ne sorte :
❝ ▬ Ne tardes pas trop. J’attendrais ton retour avant de me coucher ! ❞
Je promis puis, ma baguette dans mon sac, je me décider à aller admirer les vitrines de Pré-au-Lard. Je me doutais bien que la plupart des magasins seraient fermés mais cela pourrait peut-être me changer les idées. Alors que je passais non loin de la cabane d’Hagrid, j’entendis une vous m’interpeller. Je me retournais vivement et reconnus mon interlocuteur :
❝ ▬ Bonsoir, professeur Beauxjardins, puis-je vous être d’une quelconque utilité ? ❞
Je n’aimais pas vraiment la façon dont il m’avait adressé la parole. Inconsciemment, je m’étais approché. C’est alors que je le sentis, ce froid. Je me mis à regarder de tous les côtés. C’est ainsi que je le vis : il était là, le regard vide, et un rictus sur le visage. Eux, ici. Etait-il seul ? Je sortis aussi vite que je pus ma baguette : le contenu de mon sac s’éparpilla sur le sol. Je brandis le bout de bois en direction du détraqueur. Il ne bougeait pas, son sourire semblait éternel. Je demandais :
❝ ▬ Vous allez bien ? A-t-il abusé de ses pouvoirs sur votre personne ? ❞
Je ne quittais pas mon adversaire des yeux. Il était là, les bras le long du corps.
❝ ▬ Vous en avez vu d’autres ? ❞
L’attente était insoutenable. Il fallait que je pense à un souvenir heureux. Mais, en vue des derniers évènements, j’avais du mal à être habité par un sentiment euphorique. C’est alors qu’il passa à l’attaque. J’hurlais :
❝ ▬ Spero patronum ! ❞
Une légère fumée blanche sortit de ma baguette puis, plus rien. Non, ce n’est pas possible. Il allait être sur nous d’ici quelques secondes. Je pointais ma baguette vers le sol et murmurais :
❝ ▬ Incendio ! ❞
L’herbe s’embrasa rapidement, créant ainsi une barrière entre lui et nus. Il fallait trouver une idée, et vite ! Il ne manquerait plus que le parc soit entièrement brûlé. Je déglutis difficilement. Je commençais à perdre complètement pied. Le détraqueur finit par étouffer les flammes.
❝ ▬ J’espère que votre patronus fonctionnera mieux que… que le mien. ❞
Un cri effroyable se fit entendre. Je me retournais vivement : un autre adversaire se trouvait juste là.
© By Halloween