Saleté d’escalier. Et saleté d’école. Saleté de couloir, d’intersection et d’étage. Saleté de labyrinthe.

Depuis maintenant plus de 20 min, Aiden errait dans les couloirs, cherchant, en vain, sa salle de classe. Et bien sûr, il n’y avait personne à la ronde. Impossible de suivre quelqu’un discrètement. Énervé, il monta précipitamment les marches des escaliers menant au second étage avant qu’ils ne fassent un caprice et change de direction. Fulminant, il arriva en haut. A vu d’œil, ça n’était pas le bon endroit. Génial. Il s’apprêta à se retourner pour redescendre et attendre que l’escalier bouge une nouvelle fois quand il se senti tomber par terre.

Il venait de trébucher.

Sur rien du tout. Il n’y avait absolument rien dans le couloir.

Il se releva précipitamment, remerciant tous les dieux pour l’absence de présence humaine à cet étage. Malheureusement, les dieux n’avaient pas du bien entendre, puisqu’une seconde plus tard, un pouffement se fit entendre.

Zut.

Il se retourna lentement pour découvrir un élève de Serdaigle. De quelques années son ainé, le jeune garçon ne devait pas dépasser les 14ans. Aiden grimaça devant son regard moqueur. Il n’avait plus le choix. Il n’avait plus qu’une solution pour garder sa fierté intact (Et quel fierté pour quelqu’un de cet âge…).

Il devait tout nier.

-Pourquoi tu ris ? Demanda-il, apparemment sincère.

-Ta gamelle était juste trop drôle, p’tit !

Il lui offrit son plus beau visage surpris.

-Hein ? Quelle gamelle ?

Le jeune homme sembla surpris une seconde avant de se reprendre, encore plus moqueur.

-Fait pas genre, petiot, tu m’auras pas ! C’était tellement drôle !

Bon. Il allait devoir employer les grands moyens. Surtout que ce total inconnu continuait de l’appeler « petit » alors qu’ils ne se connaissaient même pas.

-Euh. T’es sûr que ça va toi ? Demanda-il faussement inquiet, En plus je ne vois même pas sur quoi tu veux que j’ai trébuché, il n’y a rien ici.

Le jeune garçon commença à douter. Il fronça les sourcils et souris, un peu moins certain.

-Ah, vous les Griffondor, toujours à faire des blagues !

Exactement ce qu’il lui fallait.

-Mais..de quoi tu parles, commença Aiden en montrant son uniforme aux couleurs rouge et or, je suis Serpentard. Vert et argent, serpent, youhou.

T’es aveugle ou quoi ?

Là, le jeune homme ne souriais plus du tout.

-T’es vraiment sûr que ça va ? Tu dois avoir un problème…T’as pas pris une mauvaise potion ou un maléfice ? A moins que ce que tu n’as sur le visage ne soit normal ?

Paniqué, le jeune Serdaigle apporta ses mains à son visage.

-Quoi ? Comment ça, qu’est-ce qu’y a?!

Aiden sourit intérieurement.

-Euh…rien, rien. Je voulais pas dire ça, tout va bien ne t’en fait pas…Continua-il pour faire encore plus douter son camarade.

-Non, y a quelque chose tu l’as dit ! Dit moi !

-Je t’assure ça a pas l’air trop grave, enfin…moi j’irais voir l’infirmière au cas où mais…

Il n’eut même pas le temps de finir sa phrase que le jeune homme partait déjà en sens inverse, accourant probablement vers les bras de l’infirmière.

Et un bon problème de régler. Il avait probablement donné une énorme frayeur à cet inconnu et il allait sûrement subir des examens inutiles et douloureux…mais au moins, sa fierté était sauve. Sans aucun regret, il sourit et reparti vers les escaliers, fier de lui.

Bien. La journée n’était pas si nulle.

Sur une échelle de 1 à 10, la crise cardiaque qu’il venait de se taper devait être quelque part dans les 28. Facile.

Concentré à regarder l’autre débile courir vers l’infirmerie, il n’avait pas prêté attention à ce qui pouvait se trouver derrière lui. C’était un euphémisme de dire qu’il avait était surpris. Faisant un bon en arrière, il manqua de tomber une seconde fois. Se rattrapant de justesse, il se retourna, une main sur la poitrine pour dire à ce ninja furtif qu’il était malpolie de se glisser derrière les gens et de leurs faire peur.

-Non mais ça va…aaa…euh. Bonjour. Sourit-il doucement en voyant l’homme face à lui.

Si c’était un homme.

C’était une créature magique. Un monstre. Un…truc. Ce mec n’était pas humain ! D’accord, certaine personne faisait de la muscu mais…mais quand même ! Regardant l’homme face à lui, il ne put empêcher son cœur de s’emballer.

Ce mec devait faire deux têtes de plus que lui et trois fois sa largeur. Tout en muscle. Le genre qui vous brisait la main en trois quand il vous disait bonjour. La bouche ouverte et les yeux exorbités, Aiden regarda l’homme en détail, fasciné. L’homme était sans aucun doute terrifiant mais il dégageait une certaine classe, une attraction qui le rendait fascinant. Après tout, on ne croisait pas souvent des personnes comme cela dans la rue, il était plutôt atypique.

-Han.

Son regard passa rapidement sur la couleur inhabituelle de ses yeux sans vraiment s’y attarder, en revanche il laissa échapper un petit son de fascination en voyant le bras de l’homme. Une prothèse. Il avait une prothèse ! Et elle avait l’air de fonctionner parfaitement, comme un bras normal ! Son âme d’enfant reprenant le dessus, il s’approcha, tendant la main pour toucher le bras en question. C’était juste superbe. Ses doigts s’apprêtèrent à toucher la prothèse quand il se rétracta et recula de quelques pas, tout à coup conscient de ce qu’il avait failli faire.

-Wooops. Jesuisvraimentdésolé ! Je voulais pas ! Enfin, si, je voulais le toucher mais pas comme ça, pas si impoliment, enfin, je crois. Après tout c’est votre corps, enfin pas tout à fait mais vous me comprenez ! C’est juste super ! Comment est-ce que ça marche ? Vous l’avez eu ou ? Je peux regarder ? C’est quel matière ? Je me demande comment ça marche médicalement parlant, c’est relié au nerf ? Vous avez perdu votre bras comment ? Continua-il avec toutes ses questions sans même faire attention à l’impolitesse de la plupart d’entre elles.

Des étoiles pleins les yeux, il continua à regarder l’homme, totalement fasciné.

Doucement.

Malgré le nombre de fois où on lui avait dit d’aller plus doucement, rien n’y faisait, il était impossible pour Aiden de ralentir les choses quand il était émerveillé. Il avait envie de tout connaitre, tout savoir le plus vite possible, comme si la personne face à lui allait s’échapper d’un instant à l’autre. Ça n’était jamais arrivé, évidemment, mais on était jamais trop prudent !

-Pourquoi ça serais à moi de me présenter d’abord ? Et vous alors ?

Hum. Pas le meilleur moyen d’avoir ses réponses. Comme d’habitude, il avait parlé avant d’avoir réfléchis !

-Euh, je rigole, évidemment ! Se rattrapa-il, un sourire contrit aux lèvres. Parce que bon, l’air de rien, le mec faisait bien flipper ! Fallait dire qu’il en imposait pas mal. Pas le genre avec qui on déconnait tout de suite… Bon, après, il était dans l’école, donc il ne devait pas être dangereux. A tous les coups, c’était un genre de grand mec tout doux et tout gentil qui aimait les câlins et les chatons !

-Moi c’est Aiden, première année chez la maison des lions. Mais bon, vu ma taille et le blason sur l’uniforme, vous aviez sûrement deviné. Bref. Je suis fils unique, j’aime pas le jus de citrouille, c’est bizarre comme truc. Ah, oui, parce que je suis moldu, c’est bizarre pour les moldu. Enfin, né moldu, puisque je suis sorcier ! J’aime pas les puzzles non plus, commença-il à divaguer…Vous aimez les chatons ? Demanda-il sans aucun rapport, juste histoire de se rassurer.

En fait, mis à part l’oubli constant, ceci était l’exacte raison pour laquelle Aiden ne se présentait que rarement au gens. Il en disait toujours trop. En général, il ne disait que son nom, ça évitait qu’il ne divague.

-J’ai un rat, il s’appelle Newt, c’est le diminutif de Newton, il est trooop mignon ! Il est blanc avec des yeux rouge, ça fait peur aux gens mais je trouve ça super cool ! Ça fait un peu rat de laboratoire zombie, ça lui donne un style cool ! A part ça, tout est vrai chez moi, pas de membre bionique pour ma part, mais ça serais cool ! Enfin, pas de perdre un membre, évidemment ! Rigola-il gêné. Ça doit faire suuuper mal ! Oui enfin bon, on en était où ?

Il réfléchit deux seconde pour remettre de l’ordre dans ses idées.

-Ah oui ! Comment ça marche ? C’est entièrement technologique ? Ou magique ? Ou les deux ? On peut allier science et magie ? HAN ! Mais ça serais super !

Ça, c’était un homme patient. En tout cas, il en donnait l’air. Le professeur d’Alchimie, comme il venait de se présenter, l’avait écouté sans l’interrompre et sans pousser de soupir de résignation. Bon, il fallait avouer qu’il n’avait pas l’air pendu à ses lèvres non plus, mais tout de même, l’homme devait être extrêmement pédagogue et patient pour supporter de rester à l’écouter sans broncher.

Professeur d’Alchimie. C’était tellement la classe ! Lui-même en première année, il n’avait jamais eu la chance de participer à ses cours. Curieux, il observa minutieusement l’homme. Il n’avait pas l’allure d’un professeur. Mais bon, à Poudlard, personne n’avait l’allure d’un professeur, entre ceux qui faisait trop jeune, ceux trop vieux, ceux bizarre et même ceux qui n’était plus très vivant, il n’y avait plus de question à se poser.

-Oui, oui, bien sûr, je vous y amène de ce pas ! C’est par là !

Puis il commença à partir dans une direction totalement prise au hasard. Il n’avait aucune idée de sa localisation géographique…Il espérait vraiment qu’en marchant il tomberait sur quelque chose pouvant lui rappeler la direction du dortoir. Il était hors de question qu’il n’admette à son professeur qu’il était totalement perdu.

-Vous pouvez répondre maintenant ? J’ai l’impression que vous évitez mes questions…dit-il suspicieux. Vous savez pratiquement tout de moi maintenant, alors que je ne sais rien ! Ce n’est pas très juste comme échange de procédé ! Vous êtes alchimiste en plus, c’est pas ça le principe ? L’échange équivalent ?

En vérité, il ne s’y connaissait pas vraiment en alchimie, mis à part les bases, il ne s’était jamais penché dessus plus que cela. Avant de connaitre le monde de la magie, il s’agissait là plus d’une science occulte et raté qu’autre chose. Bien sûr, maintenant qu’il y pensait, avec le monde magique, l’Alchimie prenait enfin tout son sens. Il prendrait la matière en option dès qu’il en aurait le droit !

Ou il se faufilerait à certain cours, histoire de voir…

Vu la tête de l’enseignant, il ne devait pas être sur la bonne route pour l’alchimie. Pour sa défense, il n’y connaissait rien. A part, bien sûr, le côté moldu de la chose. Donc quelque chose de très vieux qui n’avait, d’ailleurs, abouti à rien du tout. Bref, il allait devoir faire un tour à la bibliothèque se soir si il ne voulait pas avoir l’air d’un parfait idiot.

Sa première question ? Lui-même ne s’en rappelait plus vraiment. Ça avait plus était une question divisé en plusieurs, qu’une seule. Mais en gros, ça concernait son super méga cool bras ! Heureusement, il n’eut pas besoin de répéter, l’homme s’en souvenait parfaitement. Rare était ceux qui arrivait à se rappeler de quoi avait bien pu parler Aiden, en général, ils oubliaient tout dans la seconde. Admiratif, il regarda l’homme répondre.

Un accident d’alchimie ? Ça sonnait…douloureux. Si ça en était au point où il en avait perdu tout son bras, l’expérience avait dû être douloureuse.

-Oh, c’est super cool ! Ça répond à tes pensées, comme un vrai bras ? Demanda-il, perdant au passage l’utilisation du vouvoiement. Un médicomage vous l’a posé ? J’aimerais bien être médicomage, alors si vous me dites qu’ils sont en plus capable de tels prouesses, alors là ! Vous imaginez la complexité du truc ? En fait, c’est peut être normal pour les sorcier…enfin, bon. Pour moi c’est juste super ! Les nerfs sont relié au bras par un sort je pense, si ils réagissent à vos pensées. Ça a l’air hyper cool. Vous connaissez le nom de la personne qui vous l’a posé ?

Il s’arrêta d’un coup.

-Han ! Et la personne qui l’a construit ! C’est une merveille de technologie quand même !

Les yeux plein d’étoiles, il continua son chemin en parlant, sans trop regarder ou il allait. En fait, il ne se rendit compte de ça qu’une fois qu’ils furent, tous les deux, bloqué par un mur. Ils étaient dans un cul de sac.

Il sourit, contrit, à son professeur.

-Woouups. Mauvais chemin. J’ai oublié de regarder ou j’allais…

Il se frotta l’arrière du crâne puis sourit avant de repartir en sens inverse. Bon. Il espérait que son professeur soit patient. Parce qu’il n’avait aucune idée d’où ils pouvaient bien être…