Quel ennui.
Pas de victimes, pas de cibles ; personne à traumatiser.

Cela faisait plusieurs jours que tu n'avais pas eu des clients et que tu n'avais rien volé et/ou tué à Londres. Peu ce monde passait par la boutique, en hiver. La pluie, la neige et le froid proposaient les parfaits arguments pour rester chez-soi, seul - ou avec la famille, peu importe. Tu restais affalée sur le comptoir de la boutique, durant la journée mais, arrivées quinze heures, tu fermais ton magasin et tu allais te tapir dans ton atelier. Et qu'est-ce que tu t'ennuyais ! Tu n'avais plus rien à faire et tu allais finir par attraper une dépression, à force. Tu avais fini de nettoyer tes poupées, tu n'avais plus de matériel pour en faire et tu devais nourrir les créatures qui squattaient dans ton puits. Il fallait que tu t'extirpes de chez toi, que ça te plaise ou non, que tu fasses des courses, que tu tues quelqu'un et que tu...

— Je... je n'ai plus de clopes. lançais-tu, aussi blasée qu'outrée, lorsque tu as saisi ton dernier paquet de tabac.

C'était un cas de force majeur.
Rapidement, tu t'es habillée, enfilant un tailleur et des escarpins rouges, sans oublier ton chapeau, avant de prendre un long manteau de la même couleur et des gants noirs. Lorsque tu as daigné quitter ta demeure, Néfer dormait, donc tu n'as pas pu l'amener avec toi. Néanmoins, une de tes poupées t'accompagnait : c'était l'une des rares poupées que tu avais confectionné avec une apparence enfantine. Tu l'as envoyée faire quelques courses pendant que tu allais acheter du tabac. Tu n'aimais pas celui qui était vendu dans les allées du chemin de traverse c'est pourquoi tu as été à Pré-au-lard. Un de tes connaissances te devait de l'argent, c'est pourquoi tu comptais lui demander un payement en tabac. Le prix avait augmenté, tout comme celui du thé – ce qui commençait à titiller sérieusement tes nerfs. Si le coût de tes principaux vivres ne cessait d’accroître, viendra le jour où ils deviendront rares et seront considérés comme un produit de luxe : tu refusais de payer plus. C'était du vol, d'autant plus, que tu te souvenais du temps où le paquet de tabac coûtait quelques noises, seulement.

Les sourcils légèrement froncés, tu es retournée chez toi et tu as utilisé de la poudre de cheminette afin de te rendre directement chez le concerné, sans prévenir – pour changer. Ce n'était pas rare que tu fasses des prêts mais, là où les gens voyaient un meilleur délais pour les rendre, tu avais de très hauts intérêts. Il était de mêmes lorsqu'on te demandait une faveur : maintes années pouvaient s'écouler avant que tu ne daignes de réclamer ce qui t'est dû. Ici, c'était le cas. Tu connaissais cet homme depuis plus de vingt ans et tu lui avais fait un prêt quand il habitait en Roumanie : 5 860 gallions d'or, qui d'après tes calculs, puisqu'il ne t'avait pas payé depuis plus de dix ans et qu'il te devait plus de la moitié, la somme s’élevait 481 432 gallions, 15 mornilles et 136 noises. Il tenait un petit bar dans le village sorcier et, d'habitude, il passait rarement du temps à la maison mais, puisqu'il était malade, il avait confié l'antre à son fils aîné.

Dès qu'il te fit apparaître dans son salon, il manqua de faire un arrêt cardiaque et, directement, te dit qu'il n'avait pas l'argent que tu cherchais et qu'il n'était pas en mesure de te le donner – pour l'instant. Tu ne te fichais pas de cet argent, non, loin de là, mais trouver du tabac était une priorité. Il te donna un billet de banque où il avait inscrit qu'il fallait te donner 85 632 gallions dès que tu passerais par Gringotts, à prendre sur plusieurs comptes et t'envoya à son bar pour prendre le tabac et un petit extra après t'avoir demandé de prolonger le délais de retour. Tu l'as prolongé, logiquement, cela te convenait et le 34,2% de tes intérêts ne cesserait d'augmenter avec le temps~. Heureusement pour ce type, il avait choisi le payement annuel et non le mensuel, qui revenait à payer 17% d'intérêts - en plus du quota choisi !

Tu n'as point attendu davantage, tu as quitté cette humble demeure afin de te rendre au bar en question. Ce dernier s'appelait La Taverne de Dorian mais les années avaient fini par effacer les mots du panneau en bois qui était suspendu au dessus de leur porte. Peu de monde y allait, surtout à des heures aussi tardives. Ils faisaient une des meilleures bières au beurre et aux fruits rouges, d'ailleurs, tu les préférais à celles des Trois balais. C'était un endroit trop bruyant et côtoyé, pour toi. Tu as retiré tes gants tout en pénétrant dans le commerce, un léger sourire aux lèvres – pour changer. L'endroit n'était constitué que d'une seule salle, une petite cuisine, une réserve et des toilettes. Il n'y avait qu'un comptoir avec une dizaine de tabourets et une quinzaine de tables. Ils en avaient ajouté, depuis la dernière fois que tu étais venue et ils avaient fait quelques changements, ce qui -selon toi- signifiait qu'ils avaient plus de bénéfices mais tu ignorais d'où est-ce qu'ils les sortaient alors que le propriétaire ne te payait pas. S'ils comptaient t'entuber en espérant que le paternel crève pour pas payer sa dette, ils étaient mal barrés : ton Dorian Rus aurait dû lire la petite lettre figurant sur la paperasse du prêt puisque cette clause stipulait que toutes les dettes reviendront à ses héritiers et aucune noise ne sera soldée !

Un silence pesant régna dès que tu es passée par la porte. Les trois soûlards qui parlaient avec le tavernier vous regardaient à tours de rôle sans comprendre pourquoi est-ce qu'il pâlissait à ta simple vue. Il faut dire que votre première rencontre ne fut pas des plus agréables : il était pickpocket à l'époque et il avait l'habitude de s'attaquer aux touristes. Il ne savait pas que tu connaissais son père et, sans te soucier de lui, non seulement tu l'as pendu par les orteils mais tu l'as aussi dénoncé à son père~. Charmant. Il avait peur du rouge, depuis. Il ne voulait plus porter cette couleur ni que son père la porte en sa présence. Ton sourire s'élargit : il ne savait pas que tu habitais maintenant à Londres -puisque son père ne le lui ait pas dit- mais, il savait qu'il pouvait te croiser n'importe quand à cause du prêt.

— Bonsoir, messieurs~. Allons, Samuel, on ne salue plus les clients ? lançais-tu, après t'être accoudée sur le comptoir. Le jeune homme craignait plus la vieille harpie que tu étais que son propre père, il balbutia quelques mots incompréhensibles avant que tu ne interrompes, histoire de le calmer avant qu'il fasse un malaise par ta faute : Shh... Du calme~. Je suis juste venue chercher du tabac mais, finalement, je pense rester un peu. Au lieu de me donner ce que tu sais, je te propose de m'inviter ; mes consommations courront vous seront décomptées. Cela te convient-il ? proposais-tu, tranquillement : c'était rare que tu sois dans les parages puisque tu n'avais rien à faire ici, en temps normal, autant profiter.

Malgré l'angoisse que tu lui inspirais, le tavernier souffla un bon coup, se calmant progressivement : l'accord lui convenait et à toi aussi puisque tu avais largement récupéré l'argent que tu leur avais prêté. Tu pouvais te permettre de changer un peu l'accord en attendant de faire quelques recherches à leur égard. Tu oubliais rarement quelque chose, surtout quand c'était dans tes intérêts. Le trentenaire se tourna afin de dénicher une grande boîte de cigarettes et une de tabac haché qu'il glissa sur le comptoir : indirectement, il avait accepté ta proposition.

— Qu'est-ce je vous sers, Lady Bifröst ?

— Une bière à la cerise et une assiette de fromage.

— Installez-vous, je vous l'apporte tout de suite.

Sans perdre le sourire, tu as allé  t'asseoir dans une table un peu en retrait, as retiré ton manteau, le posant sur le dossier de ta chaise, tu as posé tes gants près de toi et tu as attendu : tu n'avais rien de mieux à faire, pour l'instant. Tu as sorti ton briquet zippo et tu as entamé la boîte de cigarettes, tu as pincé une entre tes lèvres avant de l'allumer, poussant un petit soupir d'aise. C'était rare que les sorcières fument et souvent, les gens se surprenaient de voir que tu étais une grande fumeuse : tu n'en avais du tout l'air. Également, il faut dire qu'on s'étonnait de savoir que tu avais un caractère bien trempé. Tes contemporains jugeaient rapidement autrui et tiraient des conclusions hâtives, mais pas plus que les moldus et ça t'amusait toujours – sauf quand on te traitait de vieille ou autres. Lorsqu'on t'apporta ta boisson et ton fromage avec un peu de pain, tu as remercié ton cadet, entamant tranquillement ta bière. Tu tenais mal l'alcool mais, une ou deux cervoises n'allaient pas te faire du mal... si ?

Tranquillement, tu as tiré une longue taffe sur ta cigarette, soufflant la fumée -sur le côté- avant de reprendre ta chope. Alors que tu sirotais ta bière, la porte de la taverne s'est ouverte sans pour autant attirer ton attention. Tu as posé ta cigarette dans le cendrier et ta chope avant de prendre un petit morceau de pain et une portion de fromage. Tu adorais celui-ci : le fromage de brebis écossais, vieux, qui plus est, était l'un des meilleurs – selon toi.

Au comptoir, un grand homme à l'apparence inusuelle interpella le tavernier, le saluant avant de lui demander un double whisky. La voix de cet homme t'était inconnue mais elle sut attirer ton intérêt : tu avais l'impression de connaître le nouvel arrivant et, pourtant, tu n'arrivais pas à savoir d'où. À coup sur, tu l'avais déjà rencontré ou croisé quelque part, c'était sur et certain puisque tu n'oubliais que rarement les visages que tu côtoyais. Discrètement, tu as suivi le moindre de ses mouvements tandis que tes pupilles prenaient une teinte mielleuse, proche du doré. Lorsqu'il récupéra sa commande, il ne tarda point à regarder dans ta direction, s'approchant aussitôt.

— Bonsoir, milady. Permettriez-vous que je m'installe à votre table ? Comme vous le voyez, la salle est un peu trop pleine et je crains de ne trouver de place nulle part ailleurs. dit-il, d'un ton presque décontracté mais sérieux et tout aussi poli.

Il avait l'embarras du choix, toutes les tables étaient vides puisqu'il n'y avait que des ivrognes au comptoir donc... oui, en effet, c'était à toi qu'il s'adressait. Son intervention fit que tes lèvres s'étirent en un fin sourire, te donnant un air espiègle mais tout aussi accueillant. Avant de prendre la parole, tu l'as invité à s'asseoir d'un petit geste de main :

— Salutations, sir~. Allez-y, je vous en prie. répondis-tu, plongeant ton regard dans le sien.

Ses prunelles étaient deux brillantes améthystes qui te furent bien plus familières que le fasciés de cet homme. Plus tu tentais de savoir d'où est-ce que tu le connaissais, plus loin tu semblais remonter dans tes souvenir, sans vraiment réussir à déterminer son identité ou l'origine de ce sentiment de déjà-vu. Silencieusement, tu l'as détaillé, attendant à ce qu'il prenne place avant de t'accouder sur la table – joignant tes mains devant toi avant d'y appuyer ton menton-, poursuivant :

— Dites... Nous sommes-nous déjà rencontrés ? lui demandais-tu, élargissant ton sourire sans perdre ton cadet de vue. Ne vous méprenez point mais, j'oublie rarement les individus que je côtoie, d'autant plus, s'ils possèdent de tels joyaux en guise de prunelles. ajoutais-tu, parlant d'une voix plutôt douce et naturelle.

Patiemment, tu attendais la réponse de ton interlocuteur, espérant vraiment qu'il ne se méprendrait pas – vis à vis de tes intentions car, même si cela ressemblait à une pitre façon de draguer, tu étais sincère et sérieuse.

Ton cadet s'assit sans te quitter des yeux. Quelque chose semblait l'attirer - ou bien, l'intriguer – chez toi mais il ignorait ce qu'était-ce. Il te remercia pour le compliment avant de te le retourner, disant qu'il avait tendance à oublier visages, mais pas les noms, bien que le tien – ainsi que ton sourire- il douterait qu'il lui échappe : selon lui, vous ne vous êtes jamais rencontrés mais  tu avais la certitude de l'avoir déjà vu quelque part et ce, pendant relativement longtemps.

D'ailleurs, il te trouvait belle et ses dires te flattaient, puisqu'il semblait être sincère mais tu n'aimais pas le fait de douter de tes propres souvenirs. Pendant la courte pause que ton interlocuteur marqua, buvant une petite gorgée de sa spiritueuse ambrée, tu as siroté ta bière ; tu étais toujours un peu pensive, t'acharnant afin de remonter jusqu'à l'origine d'un éventuel souvenir qui dissiperait tes doutes.

— Excusez mon impolitesse, milady, j'en oublie même de me présenter : je suis Wallace Swörl, mais je vous en prie, appelez moi Wallace. te dit-il, te ramenant à la réalité.

Wallace Swörl. Wallace...
Son nom produit un déclic dans ton esprit, te faisant remonter jusqu'à l'époque où tu étais étudiante à Durmstrang. C'était lors de ton avant dernière année au château, vous étiez dans des maisons différentes mais vous ne manquiez pas de vous croiser dans les couloirs et dans la Grande salle, lors des repas. Tu évitais les grand événements, ne serait-ce que pour faire bonne mine afin de te tenir loin de ton jumeau et de toute l’hypocrisie que les fêtes entraînaient. En y pensant, tu pouvais peut-être te tromper mais tu n'oublierais jamais le regard de ton cadet, d'autant plus si tu l'as accroché après l'avoir bousculé au détour d'un couloir alors que tu faisais un repli stratégique : tu te cachais des amis de ton frère, qui te faisaient royalement chier. Ils étaient insupportables, il te parlaient comme si vous aviez élevé les cochons ensemble et ne manquaient pas de critiquer la couleur de tes yeux et de tes cheveux (qui étaient très longs), puisqu'ils étaient différents que ceux de ton frère.

Autrefois, tu étais presque asociale et plutôt farceuse comparée à bon nombre d'étudiants qui voulaient toujours sauver les apparences, formant des sortes de groupes de prétentieux, comme le feraient les Serpentards à Poudlard, mais tu ne manquais pas de te faire apprécier par certains et tu étais plutôt gentille avec qui et quand tu le voulais ; TU choisissais strictement avec qui tu traînais et pas le contraire, ce n'était qu'une simple question de principes.

— Je suis Madam Red, vous pouvez m'appeler Valeria. Enchantée mais, dites... N'auriez-vous pas un autre prénom ? Drevis, euhm... non, Dorian... non plus, David. Oui, c'est David. lançais-tu, haussant légèrement un sourcil. Tu t'es accoudée sur la table, posant ta chope avant d'appuyer ton menton sur le revers d'une de tes mains.

Ah ! Quam amusante était la situation. Ton cadet ne t'avait pas reconnu mais toi, oui, tu te souvenais de lui, à présent. Même s'il cachait sa surprise, tu la voyais dans son regard ; de plus, il avait davantage froncé les sourcils. Wallace, Wallace, Wallace... Toujours pareil, hu ? Il n'avait peut-être pas changé des masses, au final : il avait tellement l'habitude de froncer les sourcils qu'on se demandait s'il n'était pas né ainsi. Quand est-ce qu'il ne les fronçait pas ? C'était... mignon et le souvenir de votre foireuse rencontre dans les couloirs te faisait sourire – tu ricanais intérieurement, même.

— Enchanté Valeria. En effet, mon second prénom est bien David, mais je l'utilise très peu... te répondit-il, avant de changer indiscrètement de sujet : Dites moi, venez-vous souvent ici ?

— Du tout, j'habite à Londres – et ce, depuis relativement peu de temps. Je n'ai pas grande chose à faire ici, d'habitude. rétorquais-tu avant de pencher vers l'alchimiste. Tout comme tu l'avais fait quand vous étiez à Durmstrang, tu as tendu une main vers son visage avant de poser ton index entre ses sourcils, massant un peu cette zone : Allons, allooons, Wallace. Si vous froncez autant vos sourcils, vous allez avoir des rides~. commentais-tu avant de glousser, t'accoudant sur la table, plongeant ton regard dans le sien – sans perdre le sourire. Et vous, vous venez souvent à Pré-au-lard ?

Sans détourner le regard, tu as bu une autre gorgée de bière, posant ta cigarette sur le bord du cendrier. Mine de rien, tu tentais de lui soutirer des informations afin de savoir ce qu'il avait fait depuis que vous vous êtes perdus de vue. Tu étais curieuse de savoir ce qu'il était devenu, ce qu'il avait fait de sa vie et, malgré tout, tu étais aussi curieuse de savoir pourquoi est-ce qu'il avait une greffe magique. Hélas, tu devras prendre ton mal en patience : chaque chose à son temps !

Indéniablement, tu perturbais ton cadet et ça t'amusait. Il n'avait même pas cherché à chasser ta main quand tu as massé le haut de son nez : il te laissa faire jusqu'à ce que tu as baissé le main. Ensuite, il te répondit qu'il était dans le village, la plupart du temps, puisqu'il avait un manoir dans le coin – qu'il qualifiait de « modeste demeure ». Ceci dit, ta maison n'était pas petite, non plus, et tu la désignais comme étant « ton humble demeure » : tu avais une maison de trois étages et deux sous-sols. Quelle ironie ! Après cette courte réponse, il but une gorgée de son whisky avant de reprendre la parole :

— Quel quartier de Londres habitez-vous ? te demanda-t-il, à son tour.

— Je vous laisse deviner : un que vous ne m'auriez soupçonnée de fréquenter~ Lequel est-ce ? soufflais-tu, d'une voix aussi suave qu'enjouée. Tu as élargit ton sourire, prenant un petit air espiègle avant de finir ta bière. Je vous dirais seulement que j'y ai fait acquisition de ce qu'on disait être une maison hantée et j'ai ouvert une boutique dans le rez-de-chaussée. commentais-tu, avant de faire un léger geste de main au tavernier, lui demandant de t'apporter une autre chope de bière au beurre et aux fruits rouges.

Contrairement aux bières normales, ces chopes étaient plus petites parce qu'elles étaient très sucrées – et avaient un peu plus d'alcool, à cause du fructose fermenté- et, toi, qui étais une grande gourmande, trouvais que c'était pas suffisant. On savait que tu n'étais pas une bonne buveuse mais on n'osa rien te dire : hésitant, le tavernier t'apporta une autre chope.

— Désirez-vous boire quelque chose d'autre ? lança le jeune homme à l'entente de ton interlocuteur, te regardant du coin de l’œil parce qu'il se méfiait de toi.

Tu as attendu quelques secondes, jusqu'à ce que ton accompagnant lui eut répondu avant d'agir, posant une main sur dos, le descendant lentement et dangereusement puis... tu lui as donné une petite fessée, pour le taquiner. Cet homme qui était tellement sérieux d'habitude et presque familier avec ses clients, avait sursauté lorsque tu lui as donné une petite tape sur les fesses, reprenant ta cigarette par la suite, avant de ricaner, en le voyant rougir à ce point – à quoi s'attendait-il, voyons ? Tu l'as fait se pencher, tirant sur son bras avant de lui murmurer quelque chose au creux de l'oreille :

— Allons, allons, jeune homme. Je ne mords pas, mais, si vous vous comportez comme si j'allais vous tuer ou autres, j'ai envie de vous faire des misères~. lui susurrais-tu, le faisant pâlir. Aussitôt, il se redressa maladroitement, tentant de garder son calme : lui, tu le perturbais bien plus que ton interlocuteur. Merci pour la bière, accessoirement.

Ton cadet commanda la même chose que toi : une bière au beurre et aux fruits rouges, ce qui te fit sourire : était-il aussi gourmand que cela ? Tu n'avais jamais eu le temps ni l'occasion de le connaître, du moins, plus profondément. Tu savais son nom et deux ou trois petits trucs de plus, où il habitait, comment il se comportait quand il était à Durmstrang mais... dans le fond, tu ne savais rien sur lui. Tu ne t'y étais pas intéressé, non plus, à l'époque car tu étais trop occupée à fuir ton frère et à mener tes amourettes avec l'un de tes professeurs.

Entre farces et escapades, tu passais ton temps à lire et à jouer avec ton familier de l'époque : une petite chouette chevêche qui répondait un nom d'Aria. On te l'avait offerte, lors d'une de tes visites aux allées magiques de la ville – c'était durant les grandes vacances, peu avant de ta troisième année : l'animal était trop faible et hargneux, personne n'en voulait. Aria avait été soldée plusieurs fois, jusqu'à ce que tu es arrivée. Ton frère avait voulu acheter un chat, un mistigris assez capricieux mais très sociable pour remplacer son ancien familier – dont il s'était lassé ; mais, toi, tu n'avais pas pris d'animaux de compagnie, au début de ton scolarité, alors, cette fois-là, tu avais voulu emporter la petite rapace. Elle voulut te mordre, la première mais, au lieu d'enlever le doigt, tu l'as laissée faire avant de caresser son bec – ensuite, vous êtes devenues amies. Ta mère la trouvait très agressive mais vous vous entendiez très bien.

Le marchand te l'offrit puisque tu étais la seule personne avec qui elle s'entendait, elle était désagréable même avec les autres animaux de la boutique : elle se sentait délaissée, parce que personne n'en voulait, précisément, personne ne l'acceptait telle qu'elle était. Aria est morte quand tu as entamé ta première année d'université. Perdue dans tes pensées, tu ne vis point partir le tavernier. Toutefois, la voix de ton interlocuteur te ramena à la réalité :

— Si j'ai bien compris ce que vous disiez, vous avez une boutique aux Embrumes ? Qu'y vendez-vous ? te demanda ton cadet.

Rapidement, tu as déniché une carte de visite dans ton sac à main et tu l'as glissée sur la table, jusqu'au quinquagénaire, reprenant le sourire. Sur le recto de la carte, il y avait le logo et le nom de ta boutique en relief, soulignés par une liste de services que tu proposais officiellement et officieusement – d'où le « plus ». Le verso était noir et, on pouvait y lire -écrit en rouge- l'adresse de ton commerce, un numéro de téléphone ainsi que ton appellation la plus récente : Madam Red.

— En effet, ma boutique se trouve dans cette allée~. Je suis apothicaire et styliste : je vends du prêt-à-porter – et de la haute couture. Principalement, ce que je fais moi-même, j’achète rarement à d'autres maisons. D'un autre côté, j'ai quelques libres et grimoires à disposition du public, on peut me passer commande, et j'en passe. répondis-tu, croisant tes bras sous ta poitrine, te calant bien contre le dossier de ta chaise.Après, tout dépend de ce que mes clients cherchent, si puis-je dire.

Suite à ces mots, tu as élargi ton sourire, laissant que tes iris abandonnent leur teinte mielleuse pour devenir dorés – signe d'amusement. Tu laissais sous-entendre que tu pouvais avoir toute sorte de marchandise, il fallait juste te le demander mais tu ne disais pas sur quoi tu t'orientais, clairement : il fallait voir si cet homme était de confiance avant de lui dire que tu œuvrais à double camp – tu vendais des trucs plus ou moins... licites. Tu as toujours été polyvalente ce qui faisait de toi une excellente femme d'affaires.

HRP:

HRP:

Peu après que tu lui ais tendu ta carte de visite, ton cadet la saisit et la rangea dans la poche intérieure de sa veste, t'écoutant attentivement. Indéniablement, tu avais su attiser l’intérêt de ton interlocuteur – dont la réponse ne se fit point attendre :

— Intéressant, puisque vous en parlez, je me questionne concernant votre inventaire d'ingrédients... spéciaux, pour mes recherches. Et j'aurai également besoin d'une petite mise à jour de ma garde robe : je commence à être lassé de mon actuelle armoire. te répondit-il – sans ignorer le fait que tu avais élargit ton sourire : ton amusement étant flagrant, tout comme ta fierté envers ce travail. Je pense que nous allons nous revoir souvent, si vous pouvez obtenir le genre de choses auxquelles je pense. termina-t-il, souriant.

Indéniablement, tu avais trouvé un nouveau client et une connaissance de ton enfance. Quam petit pouvait être le monde ! N'est-ce pas, Angela ? Le tavernier vous apporta votre commande, à cet instant même. Tu l'as regardé du coin de l’œil et, ne souhaitant point passer une seconde de plus près de toi, il s'en alla, retournant au comptoir. Alors, tu t'es penchée vers ton interlocuteur, le sourire aux lèvres – tu avais décidé de reprendre enfin la parole :

— Ow~ ? Pour ce qui est des ingrédients spéciaux, comme vous dites, ce que je n'ai pas, je peux l'avoir relativement vite et discrètement ; quoi qu'il en soit, je peux tout obtenir, en plus ou moins grande quantité. expliquais-tu, passant ton index sur le bord de ta chope, faisant des cercles avant d'y reporter ton regard. Par exemple, Borjow et Beurk a manqué de certains... vivres le mois dernier, c'est moi qui l'ai fournie. soufflais-tu, pensive.

Que tu le veuilles ou non, tu ne supportais pas l'alcool et ces bières étaient très fortes. Tes joues rosirent et tu as manqué de perdre ton sourire. Comme d'habitude, tu pensais aux affaires, à ton prochain voyage et à ce que tu comptais rapporter. Rien que d'y songer, tu soupirais : tu voulais rester un peu plus à Londres, tu n'avais pas encore frappé suffisamment de fois, tu n'avais pas assez agrandi ta collection de poupées ni ton cercle d'habitués. Tu devais continuer ta labeur tout en restant disponible pour l'organisation. D'ailleurs, même si tu étais la trésorière, tu avais la réputation d'être aussi peu présente que stricte, même si bonne part de ton butin était pour les coffres des Nightmare. Éventuellement, ne devrais-tu pas recruter ? Bof, tu préférais attendre à ce qu'on te dise de le faire – ça te faisait moins de boulot.

— Bien entendu, le prix aux particuliers et celui pour les autres commerces est différent et, puisque je vous apprécie, je vous ferais un prix~ : vous ne trouverez pas moins cher, ailleurs – surtout, pour des ingrédients de qualité. ajoutais-tu, plongeant de nouveau ton regard dans celui de ton cadet – reprenant ton habituel sourire. Que ce soit pour cela ou pour votre garde-robe, vous pouvez passer quand vous voulez ; j'y serais le plus clair de mon temps et, si vous ne me voyez pas en salle, n'hésitez pas à demander à mes mannequins ou à mes enfants. Ils sauront me contacter et/ou s'occuper convenablement de vous.

Les deux termes que tu avais employé pour designer tes créations étaient des plus ambigus, surtout le premier : « mannequins ». Ce n'étaient pas des employés, c'étaient des poupées auxquelles tu avais su insuffler la vie, en quelques sortes, mais les gens ne savaient ni pouvaient le comprendre – toujours. C'était surtout le cas de tes enfants, les poupées que tu chérissais comme des vrais gosses, des parties de toi, comme Alice ou Eliott – deux des quatre mineurs à qui tu avais pris la vie. Ils étaient certains de tes chefs d’œuvre, tellement réalistes et... énergiques qu'on les pensait vivants. Ils avaient aussi des semblants d'émotions et, comme quelques unes de tes créations, ils avaient une conscience. Ils n'étaient pas parfaits, certes, mais tu en étais très fière. Ah ? Non. Tuer des enfants n'était point dans tes habitudes, tu n'avais rien contre eux, mais parfois, ça arrivait.

Wallace fronça de nouveau les sourcils ne comprenant visiblement pas comment une femme aussi jeune que toi pouvais avant des enfants – ou du moins, c'est ainsi que tu l'interprétais. Mais... qu'avait-il vraiment en tête pour sembler aussi troublé ? Finalement, il opta pour reprendre la parole, te disant qu'il ne manquera point de vous rendre visite, te demandant l'âge de tes enfants – par la même occasion. Un gloussement t'échappa avant que tu te mettes à réfléchir : s'il comptait faire une estimation de ton âge grâce à celle de tes gosses, il n'était pas sorti de l'auberge. D'ailleurs... combien d'enfants avais-tu ? Euhm... des poupées, tu en avais une bonne centaine mais, parmi celles-ci, tu ne considérais comme enfants que quelques uns – ceux qui avaient su et/ou pu développer un semblant de conscience.

— Hum... Ils ont tous entre 7 et 36 ans. soufflais-tu, prenant un morceau de fromage et un peu de pain afin d'imbiber un peu la bière que tu avais avalé jusqu'à présent. Ainsi, tu as marqué une courte pause, mangeant tranquillement avant de répondre : Du plus jeune au plus âgé : 7, 8, 10, trois de 12, 15, 16, 17, deux de 18, 21, 23, 24, 26, 27, 29, 30, 33 et 35 ans – ce dernier va bientôt fêter son trente-sixième anniversaire.

Après avoir essuyé doucement tes mains sur une serviette, tu as tendu une main vers le visage de ton cadet, le caressant. Suite à quelques instants de sérieux, ton sourire s'est davantage étiré, trahissant ton amusement. Tu as prit le menton de ton interlocuteur entre tes doigts avant de poursuivre :

— Mon âge vous turlupine tant que cela, au point de me demander l'âge de mes enfants ? Vous êtes toujours aussi adorable, Wallace. soufflais-tu, te penchant vers lui avant de poser tes lèvres sur l'une de ses joues.

Tu as gardé ton visage près du sien quelques instants avant de t'asseoir correctement, sans rompre le contact visuel. Il te regarda dans les yeux avant d'esquisser un léger sourire, optant pour reprendre la parole :

— Eh bien, à vrai dire, je suis alchimiste, alors ma nature curieuse me semble des plus naturelle. Pas à vous ? t'avoua-t-il, riant un peu.

En effet, tu étais on ne peut plus curieuse mais, en parlant aussi naturellement, tu avais réussi à lui soutirer une nouvelle information – celle que tu voulais, d'ailleurs : ainsi, il était devenu alchimiste... Il avait beau être curieux et intelligent à souhait, tu n'aurais jamais imaginé que le petit Wallace entrerait dans un tel domaine ; tu ne le connaissais pas des masses, non plus, à l'époque. Tous les deux, vous jouiez dans des domaines complexes et fort... délicats, car ils pouvaient être mal vus. Ceci dit, toi, il valait mieux ne pas savoir ce que tu faisais dans ton atelier.

— Mais, à vrai dire, c'est vous qui êtes adorable avec moi depuis tout à l'heure. C'est pourquoi je me pose une question. Accepteriez-vous que nous nous tutoyons ? Cela rendra la conversation encore plus intime, et je ne penses pas que nous en soyons à cela près. te demanda-t-il, à ton plus grand plaisir : tu n'aimais pas vraiment vouvoyer les gens que tu connaissais et/ou dont tu étais relativement proche – idem pour tes habitués.

— Bien sur~. C'est beaucoup plus plaisant, ainsi. lui répondis-tu, t'accoudant de nouveau sur le bord de la table, posant ta joue sur le revers d'une de tes mains. Par ailleurs, évidemment que je suis curieuse. Je l'ai toujours été, surtout envers ce qui capte mon attention ou attise mon intérêt. ajoutais-tu, gloussant discrètement avant de faire signe au tavernier : tu n'avais pas fini avec lui, tu voulais une autre bière et un truc à grailler. Je t'aime bien, t'sais ? D'ailleurs... as-tu faim, Wallace ? Si tu n'es pas trop gêné par le fait qu'une femme t'invite, prends ce que tu veux.

De toutes façons, tu n'allais pas payer une seule noise : c'était la maison qui régalait. Si tu faisais des dépenses chez eux, ça ne pouvait qu'être avantageux pour les deux, puisque leur dette serait moindre et tu pouvais consommer gratuitement tout ce que tu voulais, quand tu voulais.

Un petit déplacement pour acheter du tabac s'était transformé en sortie rappel à l'ordre puis en soirée détente. Ton cadet accepta avec plaisir ta proposition sans trop se poser des questions – du moins, en apparence.

— Toutefois, je ne suis pas sûr d'être informé de l'ensemble des possibilités qui s'offrent à moi alors s'il est possible que ce charmant jeune homme nous renseigne, cela m'arrangerait. ajouta-t-il, sous-entendant qu'il ne savait pas ce qu'il y avait exactement à manger ici. Il croisa les bras devant lui, sur la table, plongeant son regard dans le tien : il te détaillait tranquillement, étant plus détendu que toute à l'heure. Dis moi Valeria, pourquoi ais-je l'impression que le serveur a peur de s'approcher de la table ? te demanda-t-il, esquissant un sourire en coin tout en te fixant.

Tes iris furent tachetés de gris, sans pour autant quitter leur teinte ambrée. Samuel, le fils de Dorian, le propriétaire, priait pour que tu partes vite – ce qui n'allait malheureusement pas arriver. Il restait en retrait, ayant entendu que vous parliez de lui. Il serra la mâchoire, baissant la tête tout en faisant mine de rien. Tu as levé la main et tu as claqué des doigts afin de l'interpeller – détournant brièvement le regard afin d'insister.

— Ce n'est pas qu'une impression, Wallace~. Quand il était plus jeune, il a essayé de me voler. Malheureusement pour lui, je l'ai non seulement dit à son père mais je l'ai aussi pendu par les orteils. répondis-tu, naturellement, avant de reposer ton regard sur ton interlocuteur.

Après s'être éclairci la voix, le tavernier prit une carte et contourna maladroitement le comptoir afin de s'approcher de votre table. Il glissa la carte sur votre table et comptait repartir aussitôt ; hélas, tu as attrapé son bras et tu as un peu tiré sur lui afin de l'obliger à rester.

— Depuis, il a peur du rouge~♪ lançais-tu, pouffant : ça t'amusait.

— Tu le lui as raconté ?! Je n'étais qu'un enfant et tu m'avais maltraité et traumatisé. Tu es toujours la même vieille folle. lança-t-il, rougissant fortement.

Tu as rapidement perdu ton sourire : il avait prononcé deux mots de trop. En voyant ton visage se décomposer, il pâlit de nouveau. Tu as lâché son bras mais tes prunelles se sont soudainement assombries, prenant une teinte d'ébène. Ni une ni deux, tu lui as enfoncé ton poing en plein visage et tu l'as poussé un peu, le faisant reculer.

— Primo, laisse les familiarités de côté. Deuzio, un enfant, uh ? Tu étais majeur mais, en effet, puisque tu étais un attardé – chose qui semble toujours être le cas – oui, tu pouvais éventuellement être un sale gosse. Tertio, c'est toi qui l'as cherché, tu n'avais qu'à pas essayer de me voler. rétorquais-tu froidement et d'une façon assez désagréable. Un sourire ne tarda point à fendre de nouveau tes lèvres. Sinon, va chouiner à ton père, je suis sure qu'âgé comme il est, il va te cogner aussi. Tu es le seul à être en tort, dans cette histoire. D'ailleurs... N'est-ce pas à cause de toi que vous aviez dû quitter Roumanie, hu ?

Le tavernier hocha la tête vigoureusement, demeurant en silence : il rageait intérieurement, de s'être fait frapper par une femme. Mais il n'osait pas non plus répliquer. Les rares clients s'étaient tournés vers vous, dès qu'ils avaient entendu la plainte du tavernier, qui tenait son nez entre ses doigts. Tu ne le lui avais pas cassé, mais presque : il avait prit une bonne patate. Croisant les bras sous ton opulente poitrine, tu as repris place, les sourcils légèrement froncés, malgré tout. Tu ne sortais pas souvent ta baguette, préférant user de tes mains que de la magie. On ne s'y attendait pas, surtout quand tu avais affaire à des sorciers.

— C'est bien ce que je disais. Maintenant, ne martyrise pas et attends jusqu'à ce qu'on te passe commande, gamin. On a faim, nous, et je n'ai plus de patience à t'accorder. terminais-tu, massant doucement tes tempes : tu commençais à avoir de la migraine.

Wallace écouta votre pseudo-dispute sans intervenir.  Il ne fit même pas de commentaires lorsqu'il te vit assener ce coup de poing – dont tu n'avais même pas cherché à mesurer la force. Si tu ne lui avais pas cassé le nez, tu ne l'avais pas raté, tout comme sa lèvre supérieure. Peu après que tu aies fini ton discours, il est parti rapidement pour soigner sa lèvre et crier un bon coup dehors, sortant par l'entrée secondaire qui donnait à la cuisine de la taverne. Ton accompagnant, quant à lui, se leva et se plaça derrière toi avant de poser ses mains sur tes épaules – les massant doucement afin de te détendre.

— Le moins qu'on puisse dire, c'est que tu l'as pas loupé. Calme toi, ton crâne est à deux doigts d'exploser. te dit ton cadet, profitant pour regarder le menu – qui se trouvait juste devant toi – tout en continuant de te masser. Et sinon, que prends-tu ?

— Je suis tranquille, moi. grommelais-tu, sans pour autant être désagréable avec lui.

Tu n'étais pas vraiment habituée à ce qu'on te fasse des massages mais ça ne te déplaisait pas. Tu tes laissée faire, cessant de froncer les sourcils avant de pousser un petit soupir d'aise. Ce type était doué, il avait des mains en or et tu te demandais s'il était habile pour d'autres choses~. À cette pensée, tu as esquissé un bref sourire en coin, amusée : l'alcool ne te réussit pas, Angela. Ça, au moins, c'était certain. Ceci dit, ivre ou sobre, s'il t'avait posé cette question, tu lui aurais répondu de la même façon, sans doutes :

— Si tu es au menu, c'est toi que je prends, trésor~ lançais-tu, d'une voix suave.

Ensuite, tu as levé la tête avant de la caler contre ton ventre afin de pouvoir le regarder. Un large sourire se dessina sur tes lèvres ; on ne savait pas si tu le disais pour rire ou bien, dans le cas contraire, si tu étais sérieuse. Pourtant, c'était sincère. C'était rare que quelqu'un puisse te contrôler et te détendre aussi calmement : tu n'étais pas du genre facile à gérer quand tu étais en colère, alors, ivre... Doucement, tu as levé une main afin de caresser l'une des siennes, reprenant aussitôt la parole :

— Sinon, je prendrais comme toi. ajoutais-tu, remontant ta main le long de son bras jusqu'à son visage. Tes yeux se décolorèrent, reprenant leur teinte écarlate d'origine : tu t'étais détendue mais... il vaut mieux se méfier de l'eau qui dort. Après tout, qui pouvait bien savoir ce que tu avais en tête ?

Puisque l'affection était réciproque, ton cadet sourit en entendant tes dires : ça lui avait plu. Continuera-t-il de partager ce sentiment quand il saura que tu étais la grognasse qui le bousculait parfois dans les couloirs, quand il était était enfant ? La même remue-ménage qui trollait salement les gens de Durmstrang et qui s'obstinait à rester dans son coin ? Quoi que, lui, au moins, tu ne lui avais pas rendu la scolarité impossible – ce qui n'était pas le cas de tous ceux qui avaient croisé ton chemin.

C'était difficile à croire mais, malgré tout ce qu'on aurait peu penser, tu n'avais pas vraiment changé. Tu étais sociable, certes, mais tu n'avais pas plus d'amis. Pensive, tu sentis que Wallace te rendait les, passant une main sur ton visage tout en interpellant le serveur de l'autre. Samuel vous regardait de loin, peu rassuré et presque dégoûté face à cette scène. Il aurait pu presque être jaloux s'il ne te craignait pas autant, puisque tu le traitais comme une merde depuis le début – et ce, de façon peu justifiée, selon lui.

— Vous nous mettrez deux assiettes de croques-monsieur avec salade, voulez-vous ? demanda ton accompagnant avant de se penche vers toi. Il rapprocha aussitôt son visage du tien, venant te susurrer au creux de l'oreille : Je regrette de ne pas être sur ce menu là. Mais nous pourrons nous arranger plus tard.

Samuel ne fit que hocher de loin la tête : il avait pris note.
Suite à ces mots, ton cadet vint embrasser ta joue, faisant grimacer le serveur qui alla rapidement en cuisine pour préparer votre commande. Tes iris se teignirent de magenta et ton sourire s'adoucit : il te plaisait bien, ce type. Et il avait l'air d'avoir assez de patience pour te supporter, toi, ton orgueil et ta mauvaise humeur. Du bout des doigts, tu as caressé ses lèvres, tournant ton visage pour le garder près du sien.

— Huhu~ Je te prendrais en dessert et à emporter, alors. gloussais-tu, effleurant ses lèvres des tiennes quand personne ne vous regardait.

Le serveur ne tarda pas longtemps à vous apporter les croques-monsieur avec salade que vous aviez commandé. À contre cœur, il apporta aussi une autre bière pour toi avant de demander à ton accompagnant s'il voulait boire quelque chose d'autre. Par prudence, il garda une certaine distance avec toi mais, heureusement pour lui, tu ne lui accordais aucune importance : Wallace captait toute ton attention, à présent.

Wallace te contemplait en silence – pendant que tu étais pensive.
Tu ressentais son regard sur toi, tout comme cette caresse qu'il t'avait rendue. Ton baiser le fit sourire mais, à l'entente de ton petit commentaire, même ses joues en furent étirées, joyeusement. Lorsque le serveur apporta votre commande, ton cadet demanda à ce qu'on lui apporte un autre whisky et, dès que Samuel eut le dos tourné, il vint poser ses lèvres sur les tiennes – te massant toujours les épaules. S'il continuait à être aussi adorable, il n'allait plus pouvoir se débarrasser de toi, ce pauvre homme. Savait-il ce qu'il se faisait en répondant à tes pseudo-avances ? Oui, sans doutes. Il était assez grand pour le savoir. Après tout, malgré ton mauvais caractère il n'avait pas cherché à changer de table ou à cesser la conversation, bien au contraire.

Suite à ce bref baiser qui fit naître un petit sourire aguicheur sur tes propres lèvres, ton accompagnant repris place, regardant son assiette, souriant. Après, il tendit une main pour la poser sur l'une des tiennes, la caressant doucement. Tu avais plongé de nouveau ton regard dans le sien : tu étais contente que cette petite virée pour récupérer une partie de ton argent t'ait servi à autre chose qu'à te mettre de mauvaise humeur, pour une fois. Vous aviez l'air d'enfants ou de jeunes presque amourachés, qui sortaient pour la première fois ensemble mais ce n'était pas le cas. Néanmoins, vous semblez vraiment vous être entichés l'un de l'autre.

— Je propose que nous mangions pendant que c'est chaud, nous discuterons ainsi de ce que nous ferons après concernant le dessert. te dit-il avant de te faire une petit clin d’œil.

— C'est une excellente idée ! Ku fuu~ ♪ lui répondis-tu en gloussant discrètement. Bon appétit, trésor. ajoutais-tu, prononçant la première partie de ta phrase en français – tu aimais cette langue, tu la trouvais intéressante, surtout dans le domaine lyrique.

À l'aide de ta main libre, tu as caressé celle de ton cadet avant de prendre ta chope et boire une gorgée de ta bière au beurre et aux fruits rouges. Ensuite, tu l'as posée et tu as pris une moitié de ton croque-monsieur, le dégustant tranquillement : tu prenais tout ton temps, tu n'étais pas vraiment pressée –même si l'envie d'arriver au dessert te titillait. Il faudra te montrer patiente.