Je crois que ce cours fut le plus étrange que j'ai eu de toute ma vie... Et je pesais mes mots. Tout d'abord, par-ce que le professeur qui nous enseignait les êtres de l'eau avait une sorte d'étrange accent campagnard que je ne saurais pas vraiment définir, et en plus il utilisait des expressions dont personne ne comprenait le sens. Et encore avait-il fallu que nous comprenions les mots qui la composaient, car son accent rendait la compréhension des phrases très limitée. Même lorsqu'il avait dit son nom, je n'avais rien compris. Il était méga-long, et la seule chose dont j'avais réussi à comprendre, pourtant doté d'une ouïe plus développée que la normale, c'était qu'il finissait en "-tarfouet". C'est dire.

Bref, tout ça pour dire que je n'avais compris que le tiers de ce qu'il racontait, et mélangé bout à bout, cela ne voulait pas dire grand chose. Il allait falloir que je trouve une solution pour rattraper ça, sans quoi j'allais rester ignorant sur les êtres de l'eau. Non pas que connaitre leur mœurs, leurs histoire et leur vie m'intéressait particulièrement, mais avec ma chance légendaire, je serais bien capable d'avoir ça pour sujet le jour de l'examen. Et il était hors de question que je me plante, foi d'Helga !

Enfin bref. Heureusement pour moi, le cours s'était terminé plus tôt que prévu, je pouvais donc rentrer à la maison en avance. Ce qui signifiait que j'avais plus de temps pour être aux côtés de Liz. C'est sur cette pensée positive que je filais dans les couloirs du Ministère, un large sourire aux lèvres. Je m'apprêtais à utiliser les conduits de cheminée pour rentrer, lorsqu'un frisson me parcouru le dos, et me stoppa dans mon élan. Je me retournais, guettant ce qui pouvait me causer ce malaise soudain, mais je n'arrivais pas à l'identifier. La plupart des élèves étaient partis, il ne restait que quelques personnes qui marchaient à droite, à gauche. Ce n'est en humant l'air qu'un peu plus fort que je compris d'où cela provenait. L'odeur venait du fond de l'atrium, derrière la statue gigantesque du Ministère qui y trônait. Elle était très faible, mais je pouvais la reconnaitre entre milles. Il était à l'arrêt, et je l'entendais parler avec quelqu'un d'autre. Il ne me regardait donc pas. Mais sa simple présence me mettait en alerte.

Ryan D. Walker.

Sans plus attendre, me précipitant presque, je prit une poignée de poudre de cheminette et la jeta contre la cheminée en scandant l'adresse de mon appartement. Je bondis dans les flammes et me retrouva instantanément chez moi. L'odeur familière me rassura presque instantanément. Il était parti. Loin. Ouf... Hum ? D'étranges odeurs se mélangeaient sous mon nez, se bousculaient. J'identifiais du chocolat... Et... Une odeur familière... L'odeur d'une personne...

-Jesuisvraimentdésoléejenaipaspenséqueçaferaitçajemexcusesohmerlincequec'estgênantcommesituation...

Je n’eus pas besoin de plus pour me rappeler à qui appartenait cette odeur. Que faisait donc Alizea dans mon appartement ? Et à qui parlait-elle ? A moi ? Était-elle en train de s'excuser de s'être introduit chez moi ? Je ne savais pas trop, je ne comprenais rien de ce qu'elle disait, elle parlait trop vite. Puis alors, une autre odeur se déposa sur mon nez. Je reconnaissais celle de Liz. Elle était dans l'appartement ? Donc ce devait être elle qui devait l'avoir fait entrer. Liz et Alizea dans le même appartement... Étrange situation. Mais en sentant plus profondément, quelque-chose était étrange dans l'odeur de Liz. Je sentais... sa peau. Elle n'était pas différente, juste... plus forte. Puis alors, au souvenir d'un soir en particulier, je compris. Je compris... Et ça me fit lever un sourcil. J'étais partagé entre la confusion, et l'envie irrépressible de pouffer de rire. Le résultat fut le mélange des deux.

- Euhm... J'arrive trop tôt ?, demandais-je, un large sourire aux lèvres qui ne demandait qu'à se transformer en rire. Ce qui arriva la seconde suivante.

Sans doute le contrecoup du stress soudain causé par l'apparition de Walker, mon corps avait sans doute besoin de se détendre après une tension pareille. Et je me laissais faire, par-ce que ça faisait du bien.

Bordel, qu'est-ce qui s'était passé ici ?!

Cette situation était... pour le moins... unique ! Liz et Alizea présentes dans la même pièce, pour une raison que j'ignorais par ailleurs, et voilà que ma chérie 'était nue devant ma collègue de travail. Enfin, pas tout à fait nue, mais pas loin. Je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé, mais je tenais à savoir comment elles en étaient arrivées là ! Non par-ce que bon, avec tout le respect que j'avais pour Alizea, Liz restait MA copine, et même si je lui faisait confiance, il était hors de question que je la lui laisse ! Je l'entendis débouler jusqu'à Alizea pour récupérer ses vêtements... vêtements qui sentaient... moi ? Une minute... Elle portait ma chemise ? Avec rien d'autre ? Non par-ce que j'avais beau humer l'air comme un forcené, je ne sentais pas de pantalon ou de jean. Elle n'avait que ma chemise sur le dos ? Et elle avait accueilli Alizea dans cette tenue ? Merlin savait ce qui lui était passé par la tête.

- Ali m'a déshabillée à cause d'une foutue grenouille !

A cause d'une... grenouille ? Euh... A ma connaissance, il n'y avait pas de grenouilles dans cet appartement. Ou alors il appartenait à l'un des voisins et avait réussi à se faufiler jusqu'ici. Tiens d'ailleurs, en parlant de faufiler, Liz était partie jusque dans ma chambre, sans doute pour aller se rhabiller. Bref, la grenouille... Peut-être était-ce celui d'Alizea ? Après tout, je n'avais aucune idée quel animal elle possédait... Si elle en possédait un. Non, en fait la question ne se posait pas : je ne sentais même pas de présence animale dans la pièce, à l'exception de la faible odeur de renard qui se dégageait d'Alizea. Mais ça, c'était normal. Donc... C'était quoi cette histoire de batracien ?

C'est à ce point de mes pensées que j'entendis Liz s'esclaffer au fond de l'appartement, ce qui élargit mon sourire, et lorsque Alizea se joint à elle, je ne pu m'empêcher d'en faire autant. Je ne pensais pas que ce genre de situation pouvait arriver, et encore moins chez moi !

- Il y avait une chocogrenouille, réussit-elle à articuler. Je l'ai manquée, elle a volé jusqu'à Liz et... Elle est entrée dans ses vêtements.

...Aaaaaaah ! Je crois que j'avais compris la situation. Ça expliquait la forte odeur de chocolat : Elles ont commencés à manger des chocogrenouilles, conséquence : l'une d'entre elles à sauté, et sauté jusqu'à ma chemise que portait Liz. Et à tout les coups, connaissant Alizea, plutôt que de se risquer à aller l'enlever à mains nues, elle avait dû vouloir utiliser la magie. Le sort avait dû rater, et donc, la chemise avait volé jusqu'à Alizea.

Oui, c'était parfaitement logique.

...Et complètement hilarant !

- Je l'ai déshabillée en voulant enlever la grenouille...
- Je vois, disais-je avec un énorme sourire qui ne demandait qu'à exploser de rire. Enfin, si je puis dire !

Je contins mon hilarité dans un toussotement, et prit au passage une boite de chocogrenouille. A peine l'avais-je ouverte que la friandise bondit de sa boite, mais je l'attrapa au vol, lui tirant alors un soupir qui ressemblait plus à celui d'un ballon dégonflé, puis je l'entama.

- Eh beh, j'ai rarement un tel accueil ! Ca fait du bien de temps en temps ! M'enfin, assez rigolé -encore que...-, tu me voulais quelque-chose Alizea ? Par-ce que je suppose que tu n'es pas venue jusqu'ici pour déshabiller ma compagne, n'est-ce pas ?, lui demandais-je d'un sourire immense.

A peine avais-je fini de poser la question à Alizea, Liz en profita pour revenir dans le salon, et cette fois vêtue d'après ce que j'arrivais à sentir sur elle, et le frottement de ses vêtements pendant qu'elle marchait. Voilà qui était plus raisonnable. Elle se rapprocha alors de moi, puis me déposa un baiser sur la joue qui, étrangement, ne me surpris pas tant que ça. Puis elle passa ses bras autour de moi pour m'enlacer tendrement. Je lui embrassa le sommet de sa tête et reporta mon attention sur Alizea qui s'apprêtait à me répondre. Me retrouver dans les bras de Liz pouvaient paraitre étrange dans cette situation, juste en face de ma collègue de travail, mais je ne pouvais pas lui refuser. Et je pense qu'Alizea pouvait me l'excuser.

- J'étais venue pour te donner un gadget que mon cousin George a bricolé. Je me suis dit que ça pouvait t'être utile.

George ? Ah oui, elle m'en avait déjà parlé lors de nôtre première enquête, son cousin George Weasley, l'un des deux fameux jumeaux qui vendaient divers farces et attrapes. D'après mes souvenirs, Liz en était complètement fan. Ça devait être leur sujet de conversation avant que je n'arrive, je suppose. Je l'imaginais en train de l'inspecter sous tout les angles pour deviner comment s'en servir, elle l'avait déjà fait plusieurs fois lorsqu'on se retrouvait à Poudlard. Et c'était l'une des seules fois, à part quand elle travaille avec les plantes, que je pouvais la voir aussi concentrée. Dommage que j'ai manqué ce spectacle. Alizea prit sa trouvaille et elle me le tendis. Je le saisis, et arqua un sourcil en découvrant la forme étrange et la matière plus que douteuse que touchaient mes doigts. Des oreilles à rallonge ?

- Elles contiennent de la poudre d'obscurité instantanée du Pérou, un émetteur magique permettant de repérer ta position et pré-calibré pour le ministère, ainsi qu'un petit... Bonus. Elles ont été ensorcelées pour permettre d'entendre ce que la personne en position de la deuxième oreille entend. Ça peut permettre de s'infiltrer en restant en contact, entre autres. Si on avait eu ça, dans la taverne, j'aurais su tout de suite que tu avais des ennuis.

Oh, intéressant... Effectivement, si je les avaient eu plus tôt, les choses se seraient probablement déroulées autrement. Mais à l'avenir, cet outil pouvait s'avérer des plus utiles. Même pour quand je serais Auror. Pouvoir rester en contact à distance, voilà qui donnait un avantage tactique indéniable ! Et puis, poudre d'obscurité du Pérou ? Je n'y avait jamais pensé, n'ayant jamais posé le pied chez WW, mais effectivement, ôter la vue temporairement à mes adversaires était ce qu'il y avait de plus pratique pour moi ! Il faudra que je pense à commander une plus grande quantité chez ces rouquin farceurs. Très pratique !

- Merci, Alizea. C'est pile ce qu'il...

Soudain, une petite idée me traversa l'esprit. Je tendis alors une des paires à Liz.

- Et si on essayait, ça te dit ? Tu vas dans ma chambre et dit ce que tu veux.

Je me tournais alors vers Alizea.

- ...Quoi ? Ça peut être marrant !, lui dis-je avec un sourire malicieux.

Je crois que j'étais encore sous l'euphorie de mon arrivée, je n'arrivais pas à rester sérieux comme j'aurais dû l'être. Et le fait que je me trouvais chez moi n'arrangeait pas les choses.

- Oh, je n'en doute pas. J'ai la vague impression que tout peut être plus ou moins... "marrant"... avec un aimant à catastrophes pareil dans ta vie.

Un "aimant à problèmes" ? Même Alizea, qui ne la connaissait que depuis peu de temps s'en rendait compte. Cela me fit sourire d'avantage. Liz saisit la paire d'oreilles que je lui tendis presque précipitamment, et se dégagea de mes bras comme si elle venait de tomber sur un trésor inestimable. Ce qui n'était pas très loin de la vérité, finalement.

- A vos ordres, mon général !

Je lui souris tendrement et l'entendit se précipiter vers ma chambre. Je laissa alors l'oreille dans ma main, qui se mit soudainement à émettre du bruit. Il provenait bel et bien de la paire que tenait Liz, car j'entendais le moindre de ses faits et gestes. Le son semblait étrange, comme si il y avait des interférences, mais lorsque j'entendis Liz parler, au fond de l'appartement malgré la porte fermée, je compris que c'était elle qui avait mit sa main devant sa bouche pour imiter un effet de talkie walkie, comme dans les films policiers. Cela me faisait plaisir de la voir aussi heureuse. Son bonheur en était contagieux. J'aimais lui faire plaisir, et même si ce n'était pas entièrement de mon fait, je remerciais silencieusement Alizea d'avoir prit la peine de venir me voir pour me donner cette petite perle.

- Et voici notre très estimée challenger qui se prépare à une mission de haut vol. Elle s'échauffe soigneusement avant de tenter d'établir un nouveau record de saut en longueur... Elle s'élance... Et...

Olah... Je n'aimais pas du tout cette façon de parler... Qu'est-ce qu'elle s'apprêtait à... Je n'eu même pas le temps de terminer la phrase dans ma tête que je reçu la réponse : Un énorme fracas retentit au fond de l'appartement, dans ma chambre. Elle était tombée par terre ! Et vu ce qu'elle avait sorti dans l'oreille, elle avait dû se faire méchamment mal si elle avait vraiment bondi ! Je n'attendis même pas une seconde de plus. Je bondis jusqu'à la chambre, lâchant au passage ma paire d'oreilles à rallonges sur le canapé et abandonnant Alizea dans le salon. Lorsque j’arrivai en face de la porte, je l'ouvris à la volée. Et ce que je redoutais était arrivé : l'odeur de Liz se trouvait sur le lit, mais elle semblait avoir mal.

- ...la plus grande taille de bleus au monde, terminait-elle.

Je m'approcha alors du lit et me mis à genoux pour me mettre au niveau de Liz. Depuis le salon, je croyais entendre Alizea émettre un commentaire, mais je n'avais pas compris ce qu'elle avait dit. Je n'étais pas vraiment concentré sur elle, mais plutôt sur ma chérie qui s'était blessé accidentellement. Un "aimant à problème" que disait ma collègue. Elle n'avait pas tout à fait tord.
Mon cœur s'était brusquement emballé, et mon esprit tournait à plein régime. C'était devenu un réflexe chez moi de m'inquiéter pour elle. Je n'y pouvais rien.

- Liz, est-ce que ça va ?! Tu t'es fait mal ?! Où ça ?! Montres-moi !

hrp: