J'enfilai rapidement mon écharpe, et je me dirigeai vers la grande porte pour aller à la sortie à Pré-au-Lard. J'avais hâte d'y aller, car Alizea Prewett, que j'avais rencontré deux mois plus tôt à l'occasion d'une sortie dans le petit village sorcier, m'avait donné rendez-vous.
J'avais été témoin de la rencontre fracassante entre elle et Araekin. J'avais rapidement découvert qu'elle était une animagus, et cela m'avais tout de suite intéressé.
En plus, nous avions échangé quelques lettres assez sympathiques. Comme elle savait que j'étais intéressée par l'art subtil de l'animagie, à cause de cet idiot de Araekin qui n'avait pas pu tenir sa langue, elle m'avait proposé d'en discuter de vive voix pour qu'elle puisse répondre à mes questions.
Comme elle travaillait pour le ministère au bureau qui contrôle les animagus déclarés ou non, je me doutais que c'était pour elle une mission de prévention.
Lors de notre première rencontre, elle avait voulu me ficher un peu les jetons, chose inutile, j'étais tout de même à Serdaigle, pas à Gryffondor.
Mais depuis l'échange de lettres, j'avais revu mon jugement. C'était une femme qui aimait son travail et qui était consciencieuse.
Je finis par arriver devant les Trois-Balais, lieu de notre rendez-vous. J'étais un peu en retard, mais c'était habituel. Jamais à l'heure, mais jamais trop en retard non plus, c'était une de mes devises.
Je la vis dans un coin un peu reculé du bar, avec une console de jeux moldus.
Mon frère étant cracmol, il vit avec eux, et il a un faible pour les jeux vidéos.
Je m'approchai et toussotai un peu pour me faire remarquer.

"-Bonjour senpai, désolée je suis un peu en retard. Je ne savais pas que vous étiez adepte de cette console vous aussi. Mon frère m'en avait envoyé une l'an passé, mais elle n'a pas apprécié la magie de Poudlard et elle refuse de fonctionner à présent. En tout cas, je suis contente que l'on puisse se parler à vive voix. Par lettre c'est bien, mais j'ai envie d'avoir plus de détails que ça sur l'animagie."

Comme à mon habitude, je ne savais pas faire court.

Elle me fit un sourire et me répondit :

"- Bonjour, Yohana. Tu peux m'appeler Lizzie si tu préfères. Tu n'es pas vraiment en retard, c'est plutôt moi qui suis en avance. Et comme tu le vois, j'avais de quoi m'occuper. A vrai dire il y a peu de temps que je joue à ces jeux moldus, mais je me suis découvert là une véritable passion. J'ai ensorcelé ma machine afin qu'elle soit imperméable aux interférences magiques, pour éviter ce genre de problèmes. Elle ne fonctionnerait pas à Poudlard, mais elle n'en sortirait pas abîmée non plus. Si tu le souhaites, je pourrais essayer de remettre la tienne en état."

Je m'installai confortablement en face d'elle, et enleva mon manteau. Elle continua :

"- Je suis également heureuse de te voir. Mais avant toutes choses, s'il te plaît, je te prie de me tutoyer. Tu n'imagines pas à quel point ça peut être gênant pour moi qu'on me donne du "madame" et du "vous" à tout bout de champ. Cette conversation sera aussi enrichissante pour moi que pour toi, n'en doutes pas. Mais avant que tu me poses ces questions qui te tracassent, il reste une chose importante à faire."

Je lui fis un sourire, j'avais parfaitement compris de quoi elle parlait. Qu'allai-je pouvoir bien prendre?
J'avais très envie d'une boisson chaude, mais je n'avais pas très fin.

- Monsieur, excusez-moi. Je voudrais un chocolat chaud et une part de tarte au chocolat s'il vous plaît. Commandes ce que tu veux, c'est moi qui paie. Après, nous pourrons parler autant que tu veux, dit elle avec un sourire radieux.

- Merci Lizzie-senpai, avez vous différentes sortes de thé ? Demandai-je au serveur. Non ? Tant pis, alors ce sera un thé et pourriez vous m'amenez du miel à part ?

Une fois le serveur parti, je me concentrai sur la jeune femme qui me tenait compagnie. Elle avait l'air ravie de me revoir. Je devais lui rappeler ses jeunes années. J'étais d'ailleurs un peu curieuse de savoir ce qui l'avait poussé à devenir animagus. Mais pour faciliter la discussion, je commençais à parler de moi.

- C'est dommage que les anglais ne soient pas plus curieux de leur boisson favorite. Depuis que je suis ici, je n'ai jamais trouvé de café proposant plus de trois sortes de thés différents. Ça change du Japon. Je n'y ai pas vécu longtemps, six ans, mais tout est tellement différent d'ici. Déjà la culture, j'adore l'humour anglais, mais parfois la nourriture japonaise me manque, surtout à Poudlard. Et aussi la magie.

Le serveur choisi ce moment précis pour revenir avec nos boissons.

- Ce que je veux dire, c'est que la magie japonaise est tellement différente. Il n'y a pas de baguette et de formule comme les nôtres. C'est un autre monde. Mon père est anglais et a étudié à Poudlard, c'est pour ça que je fais mes études ici. Mais il utilise peu la magie à la maison, il est né-moldu et ma mère était prêtresse dans un temple, du coup, elle maîtrise mal sa baguette et évite de s'en servir.

J’arrêtai un peu de parler, et repensai à ce que j'avais entendu la fois où j'étais allée voir Raven à sa table, Sang-de-Bourbe. Ma mère n'était pas une sorcière comme l'entendait certains sorciers anglais, ne comprenant pas sa magie, et ils l'ont homologuée comme une moldue se faisant passer pour une sorcière.

- Certains sorciers d'ici ne comprennent pas la véritable apparence de la magie. Je regrette parfois de ne pouvoir montrer à mes camarades cette partie de moi. Je suis un peu à part dans la société, mais finalement, cela me convient parfaitement.  

Je lui fis un petit sourire. Je ne voulais pas qu'elle s’apitoie sur mon sort. Je n'étais pas malheureuse, et j'avais laissé ma langue s'exprimer trop vite. Cela devenait presque habituel depuis ma rencontre avec Araekin, puis celle avec Raven. J'étais plus prudente pourtant, mais avec ces trois là, je me sentais en sécurité.

- Désolée, je ne voulais pas plomber l'ambiance. J'ai encore parlé trop vite, ajoutai-je avec un sourire pour me rattraper. Est ce indiscret si je te demande ce qui t'as poussé à devenir animagus ?

- Ça n'a rien d'indiscret... Au début, j'étais fascinée par notre professeur, Mrs Mc Gonagall. Elle se transformait en chat si naturellement que je ne pouvais que rêver d'être capable de le faire aussi. Puis quand on a commencé à utiliser la métamorphose sur des animaux, quand je me suis rendu compte avec quelle facilité je pratiquais ces sortilèges... Je me suis mise à vraiment y croire. J'en ai parlé au professeur Mc Gonagall. J'étais en troisième année lorsque nous avons eu cette conversation, mais mes premiers "essais" n'ont commencé qu'en sixième année. Elle m'avait conseillé quelques exercices avant, pour me préparer, mais tout c'est joué cette année-là. J'ai dû faire une lettre de motivation au ministère expliquant mon désir de devenir animagus et la carrière que je souhaitais embrasser par la suite. Je m'en souviens comme si c'était hier !

Elle eut un sourire en évoquant ses souvenirs de l'école. Je comprenais ce qu'elle voulait dire. J'avais ressenti la même chose lors de mes premiers cours. Elle embraya avec un petit regard en coin :

- Et toi, qu'est-ce qui t'en a donné envie ?

Je me doutais qu'elle souhaiterait savoir pourquoi l'animagie. C'était évident, et j'appréciais le fait qu'elle est jouée le jeu en répondant à ma question avec franchise. Je lui devait bien une réponse franche à mon tour.

- Je suis d'un naturel très curieux, et c'est un domaine très mystérieux. J'ai horreur des mystères. Cela peut paraitre un peu simple comme façon de résonner. Mais ce n'est pas la seule raison. Vous qui faites partie de ce milieu, vous avez surement entendu parler de cette famille dans le nord du Japon qui se transforme en loup depuis des générations. Ma mère était une prétresse plutôt connu au Japon, et une fois, cette famille lui a demandé de l'aide. Je ne me rappelle plus pourquoi, je n'avais que quatre ou cinq ans. Mais je me suis fais des amis là-bas, deux jumeaux, qui apprenaient la transformation en loup depuis quelques mois. Je ne les ai pas vu se transformer, mais leur grand-frère a bien voulu me montrer. C'était ma toute première fois, et cela à dépasser mon imagination. J'ai eu envie de devenir comme lui.

J'arrétai de parler et je la regardai dans les yeux. J'eu un sourire et j'ajoutai :

- J'ai envie de réaliser mon rêve d'enfant. Je ne sais pas si j'irai jusqu'au bout, mais pour l'instant, je n'ai pas de meilleurs objectifs à viser. Ma vie serait bien ennuyeuse sans ces objectifs. Et j'en ai de toutes sortes.

- Les objectifs de ce genre sont bien sûr à long terme, j'espère que tu t'en rends compte.

Je savais bien que cela arriverait sur le tapis. J'admirai la prouesse de l'introduction du sujet. Cela paraissait anodin comme remarque, mais au vu du dépliant qu'elle m'avait donné lors de notre première rencontre, devenir animagi imposait aussi des restrictions dans les choix de carrière.
J'avais réfléchi à la question, mais je n'étais pas vraiment sure de moi. Je n'ai que treize ans. Comment savoir ce que l'on veut faire à cet âge? Il y en a surement quelques-uns qui savent, mais pas moi.
J'allais répondre, sans trop savoir quoi quand le serveur choisit cet instant pour revenir. Il posa la commande de Lizzie-senpai, et je vis ses yeux briller devant sa part de tarte.Je notai dans un coin de ma tête qu'elle était friande de chocolat.
Je pris le petit pot de miel et plongeais ma cuillère dedans. J'en mis trois cuillère dans mon thé et je commençais à le mélanger. Alors que sa cuillère tranchait la crème pâtissière, elle reprit d'une voix lente, m'évitant de répondre :

- A l'époque, lorsque j'ai exprimé le désir de devenir animagus, le professeur Mc Gonagall m'a dit une chose que je n'oublierais jamais. Elle m'a dit que "Quel que soit ton choix, il doit être mûrement réfléchi car c'est le genre de décisions qui régira toute ta vie.". A l'époque, je trouvais qu'elle exagérait un peu, mais... Plus maintenant. Mon existence entière est plus ou moins réglée par rapport à ma deuxième personnalité. Lorsque tu es sous forme animale, tu es toujours toi, mais plus seulement. Tu as des instincts... Enfin, pas vraiment des instincts... Plutôt des automatismes, dirons-nous. Lorsque tu te transformes pour la première fois, tu es comme un nouveau-né, assailli de sensations qui ne sont pas vraiment les tiennes. Les premiers temps, c'est difficile, tu peux te sentir perdu et apeuré. Mais quand tu t'habitues à tes perceptions, ta vie entière change. Un exemple simple, celui du lapin. Lorsque j'étais jeune, je détestais le lapin. Mais depuis que je suis renarde, c'est devenu ma proie principale. Je l'adore, je m'en délecte. Mes goûts ont changé, en même temps que ma personnalité. Quelque part, même maintenant je suis toujours un renard. Je suis toujours aux aguets, prête à bondir. Curieuse également, ce qui a empiré avec ma transformation. Joueuse. Rusée. Je ne dis pas ça pour me flatter, mais c'est un fait. Comme l'animal que je peux être parfois, j'ai tendance à prendre des chemins détournés pour embrouiller les gens, à essayer de filouter...

Je comprenais son raisonnement, mais je n'étais pas vraiment d'accord. Pourtant je sentis qu'elle n'avait pas fini, alors je ne répondis rien. Elle se tut un instant et porta sa cuillère à sa bouche, et prit le temps de déguster sa bouchée avant d'ajouter :

- Une fois que tu t'es changé en animal, tu changes. Tu y prends goût, tu aimes cette forme, tu t'y sens bien. Il y a des animagus qui s'y perdent eux-mêmes. Détachés de leur vie humaine, ils finissent par se fondre dans leur existence animale, jusqu'à se transformer complètement... C'est rare, mais cela arrive... Alors, avant de faire quoi que ce soit, réfléchis-y bien. Penses à ce que tu pourras gagner... Et à ce que tu pourras perdre.

Elle s’arrêta de parler et se mit à réfléchir. Son discours m'avais tiré un sourire. Elle était passionnée et cela se voyait. Mais je n'étais toujours pas tout à fait d'accord avec elle.

- Regardes, cette famille de loups au japon... Comme ceux de leur espèce, lorsqu'ils choisissent un compagnon, c'est pour la vie. La plupart meurent dans les jours qui suivent lorsque leur moitié décède. Aussi fidèles que les loups... C'est vraiment risqué, pour un humain.

Je lui fis un sourire et pris le temps de trouver les mots justes. Je ne voulais pas la vexer, mais je ne pouvais me taire sur ce sujet.

- C'est vrai que savoir quel animal nous correspond transforme une personne. Mais je ne pense pas que cela est un changement de personnalité. Je ne suis pas une experte, et je ne prétend pas détenir la vérité, mais pour moi devenir animagi, c'est accepter ce que nous sommes réellement, sans a priori et jugement. Notre forme d'animagi représente notre vrai moi et ça ne peux être changer.

Je m’arrêtai une seconde pour ne pas me disperser, et je pris une gorgée de thé.

- Pour reprendre le seul exemple que j'ai, c'est vrai que mourir parce que l'être aimé meurt ce n'est pas anodin. Mais c'est ainsi qu'ils sont, et je trouve que c'est une preuve d'amour incroyable. Mais pour une personne qui n'est pas un loup, ce n'est pas... Comment dire?

Je ne voulais pas qu'elle interprète mal mes parole. Je me repris après réflexion:

- Le seul mot qui me vient à l'esprit c'est que pour nous autres, les non-loups, ce n'est pas un comportement normal. Mais qui sommes nous pour nous permettre de juger ? Et puis je crois qu'il en est de même pour toi. Avant d'être animagi, tudevais avoir quelques caractéristiques du renard. Peut être à moindre échelle à cause de ton éducation ou de ton entourage, mais si on généralise, tout le monde est façonné par ce qui l'entoure. Et parfois, nous sommes influencés par de mauvaises personnes ou jugements et on finit par se perdre soi-même.

Je venais d'aborder un sujet délicat, mais c'était important pour moi. Surement parce que j'étais une exclue de la société et qu'un peu comme Raven, je n'arrivai pas à me mêler aux gens qui m'entouraient. Cette soudaine prise de conscience de moi-même me perturba.  

- Je suis peut être impertinente, excuse-moi. Pour en revenir à la première question, je me rend bien compte que ce n'est pas un choix à prendre à la légère. Mais je n'ai que treize ans. Je ne suis pas encore capable de me projeter aussi loin. Il y a tellement de choses que je veux savoir et apprendre. Comment savoir si un choix que je ferais aujourd'hui me conviendra toujours dans dix ans ? Et si la forme de mon animagi ne me convenait pas ? Est ce que je suis capable d'accepter ce que je suis réellement, parce que je me suis perdue moi-même ?

Voilà, je l'avais finalement dis à quelqu'un. Je ne l'avais jamais admis jusqu'à présent à cause de ma fierté, mais au final, aussi intelligente et curieuse que j'étais, je n'étais qu'une pré-adolescente classique. Avec les mêmes angoisses et espoirs que toutes ces bêcheuses que je détestais et dont je me moquais.

- Oui, c'est comme ça que ça marche. Du moment que ton désir de travailler l'animagie est lié à ta future carrière professionnelle, une simple lettre de motivation suffit. Mais imagine par exemple, je ne sais pas... Un concierge de Poudlard Animagus, par exemple. Cette capacité ne lui sera d'aucune utilité pour son travail. Pire, elle peut même lui permettre de commettre des délits à l'encontre des mineurs présents dans l'établissement. Imagine que cet individu se change en... En chat, par exemple. Et qu'il aille se rincer l'œil dans le dortoir des filles en toute impunité, parce qu'il est non déclaré ? C'est un exemple trivial, je te l'accorde, mais c'est le premier qui me soit venu à l'esprit. Ça peut s'appliquer à tout un tas de choses. Je sais bien que les non déclarés ne sont pas forcément mauvais, mais... On a parfois des surprises. On ne peut jamais être sûr de ce que feront les gens d'un tel pouvoir, jamais.

Elle s’arrêta et termina sa tasse de chocolat. Apparemment, il y avait peut être une chance pour que mes projets soient réalisable finalement. Il me faudrait juste être assez futée pour que le Ministère aille dans mon sens. Elle ajouta à voix basse :

- Sous ma forme animale, j'ai fait des choses que tu ne pourrais même pas imaginer. Dans le cadre de mon travail, certes. Mais tout de même... Je serai honnête avec toi : tu connais l'histoire des Potter ? Au moment où Pettigrow et Black se sont retrouvés dans cette ruelle, à la place de Black, je n'aurais jamais laissé filer le rat. Je l'aurais tué, sans le moindre remord, sans même y penser, par pur réflexe.

Je hochais la tête, j'avais pour ma part horreur de ces sales bêtes, et même si je ne pouvais me mettre à la place de Black à cause de mon jeune âge, je comprenais ce qu'elle disait. J'aurai probablement réagis comme elle, je suis plutôt du genre rancunière, et je n'apprécie pas que l'on fasse du mal à mes proches.

Elle leva les yeux vers moi en précisant d'une voix douce, comme si elle m'avait dit une chose contre nature :

- Je ne suis pas mauvaise dans le fond. Mais certains des aspects de ma personnalité pourraient se révéler très dangereux si je choisissais la mauvaise voie. Je ne suis pas infaillible, pas plus que n'importe qui. C'est pourquoi le ministère tient tellement les animagus à l'œil. On craint toujours ce que l'on ne peut pas contrôler.

Alors elle était consciente que le Ministère n'était pas très honnête avec les animagus, car ils en ont peur. Pourtant, moi je ne trouvai pas Lizzie-senpai si dangereuse. Certes, comme tout animal sauvage, elle pouvait mordre. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne savait pas se contrôler.

Le léger sourire carnassier qui accompagnait cette remarque sembla lui échapper. Je trouvai que Lizzie-senpai était une jeune femme sauvage, et j'eu envie de lui ressembler plus tard, avoir la même liberté et cette puissance qu'elle dégageait.

- Pour en revenir à ta question, oui, on peut être ce que l'on choisit d'être. Pour peu de trouver un métier en adéquation avec nos valeurs, nos modes de vies. C'est pourquoi j'ai choisi cet emploi. Je suis libre d'aller et de venir, si ce n'est quelques contraintes techniques telles que les rapports officiels, ce genre de choses. Mes horaires sont souples, ce qui me permet de faire ce que je veux quand j'en ai envie. J'ai pour tâche de traquer, de chasser. C'est devenu naturel pour moi, en tant que renard comme en tant qu'humaine. C'est pourquoi je te conseille d'attendre d'y voir plus clair. Je peux te donner quelques méthodes et exercices pour te préparer, mais je ne veux pas que tu gâches ta vie parce que tu as voulu aller trop vite. Prends le temps de vraiment y penser, d'essayer des choses. Et alors, si tu le souhaites toujours, je t'aiderai.

Je lui fis un sourire. Je n'avais pas l'habitude que des adultes, en dehors de ma famille, s’inquiètent pour moi de cette façon. Cela me toucha plus que je ne le pensais. En général, ils ne voyaient que mon côté travailleur et sage sans chercher à savoir ce que je vivais ou ce à quoi je pouvais penser.

- D'accord, je ferai comme tu dis. Je vais continuer à apprendre toutes sortes de choses, et je vais m’entraîner avec les exercices que tu vas me donner. Et j'attendrai que tu me penses assez grande pour remettre ça sur le tapis. Mais ça nous empêchera pas de nous voir encore j'espère, j'ai toujours voulu une grande sœur et si elle t'avait ressemblé, ça m'aurait plu. D'ailleurs, quand j'y pense, tu as à peu près le même age que Mamoru.

Penser à mon frère me rendis un peu nostalgique. Il savait que je souhaitais devenir animagus, et il était content de voir que j'étais ambitieuse dans la magie. Il ne pouvait en faire, à cause de son statut de cracmol, mais il avait toujours été là pour me soutenir dans mes études. Quand j'irais lui écrire que j'avais trouvé quelqu'un pour m'apprendre à devenir animagus sans que je risque trop ma vie, il voudra surement en savoir plus sur Lizzie-senpai. Penser cela me donna une idée, et avec un sourire, je repris la parole :

- Mon frère n'a aucun pouvoir magique et il quand il saura que tu vas surveiller mes essais, je suis sure qu'il sera très curieux de te rencontrer. Il se fait trop de soucis pour sa petite sœur impétueuse, s'il le pouvait, il viendrait avec moi à Poudlard pour me surveiller, dis-je en riant. Savoir que tu es là pour m'aider le rassurera surement un peu. As-tu des frères et sœurs ? Je suis la petite dernière, et je suis contente de savoir que mon frère est là pour me protéger. Je sais bien qu'il ne peut rien si jamais je suis attaquée par un sorcier, mais cela m'est rassurant de savoir qu'il est là pour moi. C'est pour ça que je suis aussi imprudente, mais si ça peut te rassurer, je ne compte pas devenir animagus non déclaré.

- Je suis fille unique, malheureusement. Et en général, je suis assez solitaire. Question de caractère, j'imagine. Personne n'a envie de supporter quelqu'un d'aussi indépendant et effrayant que moi, j'imagine. Oh, je te vois venir, ne penses pas que tout le monde m'aime. Bien loin de là. Certaines choses font que pour une adulte, je suis relativement peu appréciable. Mais bon, j'ai l'habitude.

Je ne compris pas ce qu'elle voulait sous entendre. Ce n'était pas tant le fait de ne pas être apprécier de tous, aucun être humain ne peut être aimer par tous, il y a toujours des jaloux. Peut être qu'être animagus effrayait les gens. Mais peu m'importais, les jugements des autres n'avaient pas grande influence sur moi.

- Cela dit, j'ai quand même une ribambelle de cousins et cousines que j'adore. Ils sont adorables. Enfin, pour la plupart ! Tu sais, dans ma famille, on a tendance à être très nombreux. Je suis la seule à ne pas avoir de frères et sœurs, depuis plusieurs génération. Je suis un peu comme toi, trop imprudente, à souvent m'exposer un peu trop. Mais c'est parfois une qualité.

Ainsi, elle venait d'une famille nombreuse. Ce n'était pas mon cas, les parents de mon père étant né-moldu, il avait coupé les ponts avec une grande partie de la famille. Je ne voyais que ses parents et mon oncle, un célibataire de la vieille école. Ma mère est une orpheline et n'a pas de famille. Alors avoir des cousins m'étais totalement inconnu. Comme dis mon père, on ne choisit pas sa famille.
Lizzie-senpai me fit un sourire et ajouta :

- Tu pourras dire à ton frère qu'il n'a pas de souci à se faire. Tu es entre de bonnes mains. Pour en revenir à notre sujet, je peux d'ailleurs t'expliquer le premier exercice tout de suite, si tu le souhaites.

Je lui fis un sourire, et je ne pus m'empêcher de penser qu'elle serait parfaitement dans les goûts de Mamoru-niichan. J'avais envie de voir ce qu'une rencontre entre eux pourrait donner. Elle semblait un peu réfractaire à l'idée de tomber amoureuse, mais le défi plairait à mon frère. Mais il était encore trop tôt pour commencer à parler de ça avec elle, et je me concentrai sur le sujet qui m’intéressait.

- Avant ça, j'aimerai tout de même éclaircir certains points de l'animagie. Il a beaucoup de mystères qui sont inquiétants, par exemple, la forme de la transformation. Il est admit que l'animagus se transforme en l'animal qui lui correspond le mieux, mais comment arrive t'on a savoir quel est cet animal ? Et une fois transformé, comment se passe la cohabitation avec l'animal ? J'ai entendu dire que certains animagus avaient préféré laisser leur part animale prendre le dessus sur leur conscience. Cela est il possible de façon involontaire, par manque de maîtrise ? Cela demande t'il des compétences en métamorphose ? Je veux dire, je suis plutôt à l'aise dans cette matière, mais après tout l'animagie n'est enseigné qu'en sixième année, alors il faut surement déjà maîtriser la métamorphose avant de s'attaquer à l'animagie.

C'était les questions que tout le monde devait lui poser. Mais les renseignements étaient assez compliqués à obtenir, encore plus pour moi vu mon age. Et bien que j'en ai parlé à Lizzie-senpai, je ne voulais pas que le ministère surveille mes moindres faits et gestes, il ne fallait donc pas que j'attire trop l'attention. Si j'en avais parlé avec la jeune femme, c'était parce qu'elle m'inspirait confiance, et je comptais sur sa discrétion. Même si j'avais dis que je ne souhaitais pas devenir non-déclarée, si elle décrétait que je n'étais pas apte à devenir animagus, je continuerai seule. Je savais que je risquai gros en jouant ainsi sur deux tableaux, mais j'étais sure d'une chose, je ne laisserai pas facilement tomber l'animagie.
Je lui fis un autre sourire, et je repris :

- Et puis une question qui me tracasse, est ce que le sorcier animagus peut utiliser la magie sous sa forme animale ? Je ne parle pas de magie avec une baguette, mais d'une forme plus primitive, lié à l'essence même du sorcier. Comme je te l'ai dis plus tôt, au Japon, la magie n'a pas forcément besoin de catalyseurs comme une baguette. Et les jeunes enfants pratiquent la magie spontanée. Peut être que personne ne sait jamais posé la question en Angleterre, ajoutai-je en repensant à la culture restrictive des sorciers.

Comme je m'y attendais, j'avais un peu exagéré sur la quantité d'information donnée en si peu de temps, et il fallu quelques secondes à Lizzie-senpai pour faire le point :

- Ouh, là, tu me poses une question plus pointue... Commençons par les bases : techniquement, tu ne peux pas être sûre à l'avance de l'animal qui te correspondra. Tu peux bien sûr émettre des suppositions et parfois tomber juste, mais les critères pris en compte pour la transformation changent d'un individu à l'autre, alors c'est difficile de faire un profil préalable. Une fois qu'on a ta forme, par contre, on sait déterminer quels sont les traits qui t'y ont emmenée. Mais avant d'y être... On peut difficilement être sûr. Cela dit, quelques tests permettent de réduire les possibilités, de façon à savoir par exemple si tu serais plus un oiseau ou un reptile par exemple.

Il m'était donc possible d'avoir une idée, plutôt précise, de ce en quoi j'allais peut être me transformer. J'avais hâte d'en savoir plus sur ces tests. Lizzie-senpai continua sur sa lancée et répondit au reste de mes questions avec précision. Je l'écoutais avidement, trop contente d'en apprendre plus sur un des mystères qui m'intéressait. Même si elle n'entrais pas dans les détails, elle essayait vraiment de m'expliquer les choses de façons à ce que je puisse appréhender l'animagie.

- Pour la "cohabitation", il faut que tu comprennes que c'est assez particulier. Tu n'as pas réellement un animal en toi, c'est seulement ta propre conscience qui tend à imiter l'attitude de l'animal en question. Et en général, une fois métamorphosée, tu peux parfaitement te joindre à un groupe de congénères sans te faire repérer. J'en ai fait l'expérience, et ça fonctionne. Donc tu n'as pas vraiment besoin de cohabiter avec quoi que ce soit, il faut juste t'habituer à avoir des attitudes un peu moins humaines parfois. Par exemple, je te déconseille de m'emmener près d'un poulailler. C'est plus fort que moi, toutes ces poules qui caquettent ça me donne envie de les chasser.

Sa remarque me tira un petit rire. La voir envoûtée par de simples poules devait être assez cocasses, et je ne doutais pas une seconde qu'elle avait déjà vécu une scène dans le genre.

- Il y a de nombreux animagus qui abandonnent leur vie humaine pour rester des animaux. Tout est tellement plus simple ainsi ! Mais ce n'est pas vraiment involontaire. Tu ne peux pas involontairement laisser la plus grosse part du gâteau à l'animal, c'est un choix à part entière. Par contre, le risque du manque de maîtrise, c'est surtout de se retrouver coincé... Entre les deux. Ni bête, ni homme. Et si le processus est trop avancé quand on trouve la victime, c'est irréversible.

J'avais entendu parler de ces sorciers qui avaient tenté l'expérience seuls et mal préparés qui s'étaient retrouvés moiti homme, moitié animal. Si je ne m'étais pas encore lancée dans l'entrainement pour devenir animagus, c'était en partie pour cela. Je n'étais pas inconsciente au point de risquer autant pour me transformer.

- Tout processus d'animagie a un lien avec la métamorphose, quoi qu'on puisse en penser. Afin de maîtriser l'acte, il faut comprendre comment ça fonctionne. Si tu n'es pas capable de saisir la subtile nuance entre ton corps et celui de l'animal qui te choisira, tu risques de finir dans un sale état. Après, pour ce qui est de l'usage de la magie sous la forme animale, c'est un autre débat. J'ai publié un article là-dessus mais ça risque d'être un peu compliqué à expliquer...

Etant intéressée par la magie sans baguette, je tendis l'oreille et me tins prête à enregistrer ce qu'elle allait me dire. Je notais aussi dans mon petit carnet, que j'avais posé sur les genoux, qu'elle avait écrit un article dessus. Quand je rentrerai à Poudlard, j'irai directement à la bibliothèque voir si je peux trouver cet article.

- L'animagie suppose une fusion de ton corps avec celui de la créature que tu deviens. Par conséquent, la plupart du temps, les niveaux de magie présents entre ta forme animale et ta forme humaine se valent. Par exemple, les renards sont des animaux très réceptifs à la magie. De ce fait, les sorciers qui deviennent des renards le sont eux aussi. A contrario, les porcs par exemple son rigoureusement insensibles à toute action magique. Attention, je parle bien du porc domestique, pas du sanglier. Ça, c'est autre chose. Par conséquent, il n'y a à ce jour aucun individu recensé comme étant capable de se métamorphoser en porc. Le niveau magique de la créature elle-même est sensiblement trop bas pour permettre à un sorcier d'en prendre possession. De même, lorsqu'une femme animagus tombe enceinte, elle ne peut plus se transformer dès lors que le fœtus a atteint sa troisième semaine. Il est alors considéré par l'organisme comme un individu à part entière et bloque les capacités animagiques de la mère, car son corps n'est pas apte à les assumer pleinement.

C'était un sujet passionnant dont elle me parlait à ce moment là. Imaginez un peux, qu'un animagus puisse utiliser sa magie sous sa forme animale, cela ouvre des possibilités assez énormes J'étais tellement prise dans mes réflexions et mes hypothèses que je ne m'en rendis pas compte que Lizzie-senpai avait terminé de parler, et qu'à présent elle me demandait :

- Est-ce que tu vois où je veux en venir ?

- Oui oui, c'est un sujet qui m'a toujours rendue curieuse, et qui mériterait que les spécialistes se penchent dessus avec plus d’intérêt. Imaginons trente secondes, qu'un sorcier soit capable de maîtriser la magie élémentaire. Enfin je dis magie élémentaire, mais le terme de magie primitive semble mieux convenir, ajoutai-je en me reprenant.

Cette magie n'est pas couramment utilisée par les sorciers occidentaux, et même au Japon elle reste assez rare.

- Continuons d'extrapoler et supposons que ce sorcier soit un animagus de chat, pour l'exemple. Si je comprend bien ce que tu me dis, normalement cet homme doit être capable d'utiliser la magie même sous sa forme animale non ?

J'avais des recherches dans ce sens, mais personne ne semblait s'être intéresser à cela jusqu'à présent, et j'étais vraiment curieuse d'avoir la réponse à cette question. Peut être que ce sera moi qui répondrait à cette interrogation, mais n'étant ni animagus, et ne maîtrisant pas la magie primitive, il m'était difficile de me projeter. Mais j'avais à présent à disposition les savoirs d'une véritable maître de l'animagie. Je voulais profiter de cette source d'information le plus possible.

- Je suis en train de faire des recherches sur la source de la magie chez un sorcier. Il y a de fortes chances pour que ce dont je parle soit impossible. Nous ne sommes pas égaux en magie, et tout sort a un coup d'utilisation. Peut être que l'animagie requiert trop de magie pour pouvoir espérer utiliser une sorte de magie qui semble bien plus compliquée à maîtriser que les sorts que nous utilisons avec nos baguettes.

Je commençais à en avoir assez du bar. L'ambiance était assez bruyante, et nous avions un groupe d'hommes plutôt bruyants près de nous. Ils débitaient des âneries sans intérêt et couvrait la voix de Lizzie-senpai. Je ne voulais pas être désagréable et faire une remarque acerbe que ma langue trouverait pour moi, et je ne voulais pas que Lizzie-senpai ait des problèmes avec quiconque. Il m'était déjà arrivé, plus jeune, de ne pas savoir tenir ma langue, et de balancer des remarques pas très sympas. Cela avait toujours mal fini, et heureusement pour moi, j'avais toujours été accompagnée de mon frère pour me protéger. Je ne doutais pas des capacités de Lizzie-senpai à nous défendre, mais je ne voulais pas qu'elle croit que j'étais mal élevée.
Pour éviter cela, je proposai :

- Et si nous sortions un peu ? J'ai besoin de prendre l'air, et nous avons fini nos boissons.

Ma proposition de sortie sembla lui plaire. Nous prirent nos manteaux, je m’emmitouflai dans le mien avec zèle à cause du froid, et nous sortirent du bar. Je pris une grande goulée d'air frais, et de la buée s'échappa de mon nez qui commençait déjà à devenir rouge. Lizzie-senpai reprit le cours de la conversation :

- Pour être honnête, je ne pense pas que l'on puisse utiliser la magie sous forme animale. Quelle qu'elle soit. Comme tu viens de le mentionner, nous ne sommes pas égaux en magie. D'ailleurs, ton commentaire me fait rire car c'est sur cela que je travaille en ce moment. J'ai émis l'hypothèse que le corps de chacun d'entre nous dispose d'un "réservoir" de magie, qui est limité et dont la contenance est propre à chacun. Mes études les plus récentes tendent à prouver que chaque sortilège, quel qu'il soit, utilise en effet une partie de cette magie dont nous disposons. Pour illustrer ça, je te propose un exemple trivial, mais pourtant terriblement proche de la vérité : Regardes les pokemon. Ils sont capables d'utiliser chaque capacité un nombre limité de fois, avec leurs points de pouvoir. Nous fonctionnons sur le même modèle, si ce n'est que nous disposons d'une quantité infiniment plus grande de sortilèges. Seulement, ce sur quoi j'ai commencé à travailler hier, c'est l'interaction entre ce fameux réservoir et la forme animagus. J'ai l'impression que sous ma forme animale, il est plus ou moins bridé, de façon à ce que la magie ne puisse plus en sortir.

Décidément j'étais bien tombée. Lizzie-senpai en savait beaucoup sur ce sujet, mais ne semblait pas aboutir à beaucoup de résultats. Ce qui n'était pas si étonnant. L'animagie était un art qui demandait une grande maitrise, et arriver à concilier cela avec autre chose ne devait pas être simple.
Sa comparaison avec les pokemon me tira un sourire. Je trouvai l'image réductrice, mais plausible.
Je restai silencieuse un instant, perdue dans des spéculations dont les bases même n'étaient pas fiables.J'avais beau être intelligente, cela faisait trop d'inconnues pour que je puisse y voir clair.

- Cela me plairais de trouver la solution à ce problème. Je sais que cela demandera des années de recherches, mais si quelqu'un trouve la réponse je serais curieuse de le rencontrer et qu'il m'explique. Je peux t'avouer un secret ? Quand j'ai découvert mes pouvoirs, mon père m'a conseillé de ne pas les utiliser tant que je n'entrai pas à l'école, et j'ai désobéi. En même temps, il ne pouvait pas s'attendre à ce que je n'assouvisse pas ma curiosité, glissai-je en riant. J'ai jamais vraiment réussi à contrôler mes actes, mais je pense plutôt bien connaitre la magie qui me compose.

Je tendis mes mains devant moi, et les levai au ciel.

- Je ne suis plus capable de faire de la magie spontanée depuis que j'utilise ma baguette, mais parfois quand je me retrouve dans des situations dangereuses, il arrive parfois que ma magie agisse seule. Le meilleur exemple que j'ai date de cet été. J'aidais ma mère à débarrasser le grenier et quand une malle a failli me tomber dessus, elle a été dévié de sa trajectoire. Ma mère ne maîtrise pas sa baguette au point d'arriver à faire cela, alors j'en ai déduis que je venais de faire de la magie spontanée. Quand je serai plus vieille et que je maîtriserai mieux la magie, je me repencherai sur la question, mais pour l'instant ce qui m'intéresse le plus c'est l'animagie. Tu veux bien m'expliquer l'exercice ? Demandai-je en souriant.

La hâte de découvrir un des secrets de l'animagie me rendait toute excitée, et je ne tenais pas en place.

- J'aurais des choses à voir avec toi, dans quelques années. Surtout si tu parviens réellement à devenir animagus. Mais, nous en parlerons en temps voulus. L'exercice est assez simple, mais c'est seulement un début. Il faut que tu t'installes dans un endroit si possible calme comme... Comme ici, tiens.

Elle m’entraîna dans un petit terrain vague et s'assis en tailleur dans l'herbe folle. J'hésitai à faire de même à cause du froid qui me mordais déjà le visage, et je ne voulais pas faire subir ça à mes fesses. Pourtant, après une petite inspiration pour me donner du courage, je m'installai à côté d'elle. A peine assise, je commençai déjà à frissonner. Elle ferma les yeux et m'expliqua :

- L'idéal c'est de t'asseoir le dos contre un arbre assez ancien. Mais bon, pour le début l'herbe suffira. Le but de l'exercice est de ressentir la nature autour de toi. Ça marche aussi avec les animaux, au bout d'un moment, quand ils passent à proximité. Pour commencer, fermes les yeux et essayes de respirer très, très lentement. Au bout d'un moment, tu auras l'impression de sentir la terre tourner. Le premier exercice, c'est tout simplement la relaxation. Et si tu es assez calme et que tu ne penses à RIEN, mais vraiment rien, pas de petites tricheries... Tu arriveras à sentir le monde autour de toi.

Je fermai les yeux à mon tour et essayai de faire ce qu'elle me disait. Faire le vide dans ma tête n'était pas chose simple, et je pris de très longues inspirations. Ma mère étant prétresse, elle maîtrisait parfaitement l'état de méditation et m'avais enseigné comment faire. Je ne réussissais pas toujours du premier coup, et cette fois là fut l'une d'elle. La présence de Lizzie-senpai à côté de moi m'empêchais de véritablement atteindre l'état de méditation adéquat. De plus, je ne voyais pas en quoi sentir le monde autour de soi, sensation incroyable et dont on ne se lassait pas facilement, pouvais m'aider à comprendre de quel animal j'allais prendre la forme. Je ne pus m'empêcher de poser la question :

- La méditation je connais. Je ne maîtrise pas encore le sujet, mais ma mère a essayé de m'expliquer les bases. Mais je dois avouer que je ne vois pas en quoi cela m'aidera à comprendre celle que je suis.

La discussion que nous avions eu avant de sortir du bar continuai à me trotter dans la tête, et le manque d'information sur le sujet ne m'aidais pas à comprendre, au contraire cela m'embrouillais et je me rendais compte à quel point j'étais encore ignorante sur de nombreux sujets et ma soif de connaissance était tellement puissante que j'avais du mal à rester concentrée sur un exercice aussi compliqué pour moi. Ne pouvant me taire, je repris :

- Pourrais-tu m'apprendre tous les exercices de base pour l'animagie ? Promis, je n'irai pas m’entraîner à me transformer. Avec ces exercices, je travaillerai ma magie, en particulier la métamorphose, pour que quand je serai assez vieille pour tenter la transformation, je puisse me concentrer sur la magie spontanée. Si je fais les deux ensemble, j'aurai peut être plus de chance de réussir ce que je veux.

- Honnêtement, j'hésite. Si je t'apprends TOUS les exercices, ce sera plus dangereux que bénéfique. Je veux bien t'apprendre ceux qui, à terme, te permettront de découvrir, ou du moins de supposer, quel animal se trouve en toi. Ceux concernant directement la métamorphose sont trop risqués. Il te faudra attendre pour ça.

J'hochai la tête, je comprenais qu'elle ne pouvait prendre aucun risque que je devienne grâce à elle une animagus non déclarée. C'était un peu frustrant de n'avoir pas toutes les réponses, mais au moins, celles que j'obtenais était sures.

- Tout d'abord, l'exercice que je viens de te montrer est supposé t'amener à l'état de calme nécessaire pour une première métamorphose. Le deuxième exercice est tout simple, mais de longue haleine. Pour chaque créature -magique ou non- que tu rencontreras, tu devrais lister trois points communs avec toi, ainsi que trois différences. Mais pas des différences basiques, si possible quelque chose de comportemental. Par exemple... Le moineau, là, expliquai-je en désignant le petit oiseau qui sautillait un peu plus loin. J'ai en commun avec lui... Le besoin de liberté. La peur des reptiles. Une nette préférence pour les saisons chaudes. Par contre, j'ai très peur du vide. Je chante fort mal. J'aime bien trop la viande pour supporter son régime alimentaire.

J'essayais de faire comme elle et voir ce qui me semblait être des traits ressemblants avec le petit oiseau. J'adore voler, je suis plutôt bonne chanteuse et je n'aime pas le froid. A l'inverse, j'étais plutôt gourmande, je fuyais rarement et je n'avais absolument pas peur des félins.

- Le but est de mieux te comprendre toi-même tout en comprenant ce qui te rapproche ou t'éloigne de chaque espèce. A terme, cela deviendra un automatisme et te permettra de mieux cerner le type de créature qui est en toi. A ton tour. Essayes avec... Tiens, avec le chat, là-bas.

Elle me montra un gros chat roux. Je ne pus m'empêcher de sourire. Les chats étaient des animaux que j'appréciait tout particulièrement, et je connaissais celui là. J'avais eu l'occasion de discuter un peu avec lui lors de ma dernière sortie à Pre-au-Lard. Il était un peu imbu de lui même, mais d'une compagnie agréable tout de même.

- Je commence par les points communs, j'aime comme lui passer de longs moments à rester au chaud dans un coin confortable, je suis plutôt agile et même assez vaniteuse, un peu comme les chats. Mais je n'aime pas rester inactive trop longtemps, je ne suis pas une grande fan de la cruauté gratuite dont il peut faire preuve envers ses proies et j'ai l'impression d'être plus sauvage que lui.

J'eu un petit moment de pause, réalisant ce que je venais de dire et repris :

- Je comprend mieux ce que cet exercice veut montrer. Au fur et à mesure que j'aurai fait cela avec les créatures que je croise, j'aurai une meilleure idée de ce que pourrait être ma forme. Déjà, il y a plus de chance que je sois un  félin plutôt qu'un oiseau. Ou alors si c'est un oiseau, ce sera un oiseau de proie qu'un moineau.

Je lui fit un sourire, ravie de ce que son exercice venait de m'apporter. J'allais enfin pouvoir avoir un peu plus d'information sur l'animal que je deviendrai.

- Cet exercice va être très amusant. Même si je pense que trouver l'animal qui me correspond risque d'être très long. Il va falloir que je commence à étudier le sortilège du patronus, ça pourra peut être me donner une idée. Je suppose que la légende qui dit que le patronus ressemble souvent à la forme animagus du sorcier possède un peu de vrai. Je ne m'attends pas à ce que ça me donne la forme qu'aura ma transformation, mais ça pourrait être une piste. Cela fait quelques temps que je me dis qu'il faut que je le travaille. Je crois que c'est l'occasion que j'attendais pour m'y mettre. Et puis le prof de DCFM sera ravi de m'apprendre à le maitriser. Et puis, au pire si il ne veut pas, je pourrai toujours demander à Ara de me l'apprendre.

Cela allait me prendre du temps, mais comme tous mes camarades Serdaigles, j'avais toujours de l'avance dans mes devoirs et de ce fait énormément de temps libre. Mes recherches sur la magie étaient un de mes passe-temps préféré et dernièrement, je l'avais laissé un peu de côté.

- Et puis il y a la métamorphose aussi qui pourrait m'aider. En cours nous ne voyons que la métamorphose d'objets pour l'instant, mais j'ai lu dans le manuel de cours du préfet de Serdaigle, qu'il m'a prêté une fois ou deux, que la métamorphose humaine est plus délicate. Si j'arrive à maîtriser ce sujet, cela facilitera surement ma transformation plus tard.

Je sortis mon petit carnet et notais rapidement ce que je venais d'apprendre, et les pistes qui pourraient être intéressantes sur une nouvelle page. Les informations que j'entendais et auxquelles je réfléchissais étaient d'une importance capitale. Mon esprit commença à dériver, et je demandai :

- Et pour les créatures magiques ? Je pensais qu'il n'était pas possible de se transformer en un animal doué de sa propre magie. Dois-je aussi faire l'exercice avec eux ? Parce que bon les veracrasses et les scrout-à-pétard ne m'attire absolument pas. Ils sont tous simplement affreux. En plus, je suis certaine de n'avoir aucun point commun avec ces bestioles, et si c'est le cas, je m'arrétai pour réfléchir à ce que j'allais dire. Si je trouve des points communs avec ces bestioles, je crois que ça serait tout simplement horrible. Je ne sais même pas ce que je ferais. Et est ce que je peux le faire avec un bestiaire ? Ça me permettrais d'avoir plus de comparaison.

- En effet, tu ne pourras pas te transformer en créature magique, quoi que tu fasses. C'est l'une des règles d'or de l'animagie. Je pense que c'est lié à ce réservoir de magie dont je te parlais plus tôt. Mais bon, c'est assez compliqué alors... Pour ce qui est des points communs, je te parle des créatures magiques car ils ont tous des caractéristiques, plus ou moins cachées, auxquelles on ne pense pas en temps normal. Te forcer à y réfléchir revient à pousser plus loin la réflexion, à réaliser ce qui se cache derrière l'évidence. Par exemple, pour le scroutt à pétard. Moi, je crois qu'ils me ressemblent car tout comme lui, je suis très territoriale. J'ai horreur qu'on envahisse mon espace dans mon consentement. Je peux parfois me montrer agressive et ce y compris avec les membres de ma propre espèce. Comme eux, j'ai une carapace assez dure à percer, mais qui sait ce qu'il se trouve en dessous ? Contrairement aux scroutts, je suis issue d'une lignée de sang pure et non pas un mélange de plusieurs espèces. Je n'irai certainement pas jusqu'à tuer tous les membres de mon espèce aux alentours, malgré que je sois territoriale. pour finir, j'ai horreur des dards ventouses et autres choses innommables qui le composent. Tu vois, on peut toujours trouver des points communs. L'idéal serait que tu notes les choses semblables et différentes dans ton carnet afin que nous puissions en faire un briefing la prochaine fois.

Ce qu'elle me demandais n'étais pas difficile, je notais toujours tout ce qui me semblait important. Ainsi, même si je l'oubliai, j'avais une trace écrite pour pouvoir me repencher dessus plus tard.
Elle m'avait bluffé avec les scroutts-à-pétard. Elle avait raison, je ne pouvais juger un animal parce qu'il était tout simplement dégoûtant. Beaucoup de mes camarades faisaient cela avec moi, et il m'était de plus en plus difficile de l'accepter, car je trouvai les termes utilisés pour me décrire, pas forcément méchants, mais très réducteur à ce que j'étais. En effet, j'étais une bonne élève sérieuse et agréable en cours, mais j'étais aussi tellement plus.
J'étais un peu déçue par moi même de voir ce comportement chez moi, alors que je prônais l'inverse. Lizzie-senpai ne devait pas s'en douter, mais elle venait de me donner une sacré leçon d'humilité. Pourtant, je ne lui en voulait pas, déjà parce qu'elle n'en avait pas conscience, et parce que la prétention était un trait de caractère que l'on retrouve chez beaucoup de Serdaigle, peut-être un peu trop.
Nous sommes intelligents, et notre appartenance à la maison de l'aigle le prouve. Mais nous oublions parfois que nous ne sommes pas si parfaits que notre intelligence nous laisse penser. Sur ce point, j'étais sans aucun doute une Serdaigle, et ça faisait mal de l'admettre.
J'avais gardé le silence, tout à ma réflexion sur ma propre personne, et pour rassurer Lizzie-senpai, je répondis :

- Pas de soucis pour les notes. Je comptais tout noter de toute façon, pour pouvoir progressivement faire une synthèse. Et je ne veux oublier aucun détail. Je pense que je vais même faire un petit carnet spécialement pour l'animagie que je pourrai te passer de temps à autre pour que tu y vois mes progrès. Je suis plutôt méthodique dans mes recherches alors tu auras un parfait compte rendu.

Je fis une petite pause dans mon babillage pour réfléchir et ne pas dire de bêtises. J'avais une idée et je voulais qu'elle fonctionne.

- Tu pourrais même y faire des commentaires sur le contenu tout en le lisant. Ainsi, je saurai exactement quel point est à approfondir ou non. J'y écrirai aussi surement mes recherches sur la magie spontanée et notre réservoir de magie. Ça t'aideras surement dans tes recherches, même si je suis encore  très ignorante sur le sujet. Ma mère dit que parfois un point de vue venant d'un enfant peut être plus éclairé que celui d'un adulte, grâce à son manque d'expérience, il a un regard complètement nouveau. En plus, tu pourras m'apporter des réponses que je ne trouverai pas à Poudlard.

Je m'étais un peu mal exprimée, et je la faisait passer pour une source d'information en libre service, ce qui n'était absolument pas mon but. J'appréciais la jeune femme, autant pour son savoir que pour sa personnalité, et j'aimais bien l'idée qu'elle soit une espèce de grande sœur de substitution. Sans vraiment contrôler ça, je savais que si un jour j'avais un soucis d'ordre typiquement féminin, ce serait vers elle que je me tournerai. Ma mère étant loin et ne pouvant venir me voir, elle ne pourrai que me réconforter sur du papier avec des mots. Ce qui n'était pas le cas de Lizzie-senpai.
J'eu une moue désolée, et je repris la parole :

- Désolée, à présent tu dois croire que je profite de toi pour arriver à mes fins.

J'avais déjà utilisé des gens pour obtenir des informations, et il m'étais facile de les manipuler de façon à ce que je les obtiennes sans avoir à me battre. J'étais d'une nature souriante, mais j'étais aussi parfaitement capable d'utiliser mes sourires pour arriver à mes fins. Je n'avais encore jamais ressenti le moindre regret à faire cela. Quel mal y avait-t-il à ce que j'utilise tous les moyens à ma disposition pour obtenir ce que je voulais ? Mais sans m'en rendre compte, Lizzie-senpau avait réussi à comprendre qui j'étais, et avais percé les défenses que j'érigeai autour de moi, à cause de ça, je m'étais laissé aller et m'étais mise à espérer que nous resterions en bons termes, même sans l'animagie, et cela me faisais ressentir du regret.