Courir. Courir sans s’arrêter, sans réfléchir. Il fallait que je courre. C’était bien ma veine… Quelle poisse j’avais ! C’était peut-être le karma. Ou bien on me surveillait activement. La première fois que je sèche un cours, il faut que je croise le prof dans les couloirs… J’avais passé la nuit à finir un devoir en retard de potions, parce que j’avais entraînement de Quidditch avant. Le matin, j’étais si épuisé que je n’avais pas la foi d’aller en cours de Métamorphoses.

Certes, il y avait de quoi me blâmer, mais le méritais-je vraiment ? Ma principale erreur : ne pas rester cloué au lit. J’avais dit à Jack de me faire porter pâle. Il m’avait averti en plus. « Tu vas récolter ce que tu sèmes, tu le sais, hein ? » qu’il m’avait dit. Et moi, je lui avais dit de se contenter de dire que j’étais malade au professeur Aarons. J’aurais peut-être dû l’écouter. Pourquoi j’ai quitté le dortoir en plus ? Une raison stupide… J’avais faim, et plus rien à manger. Je voulais faire une apparition discrète dans la Grande Salle, chiper deux trois tranches de bacon et remonter.

Mais mes plans furent vite contrariés… Alors que j’étais à l’angle des escaliers du premier étage, voilà que j’entrai dans le couloir et qui je vis ? Le professeur Aarons… En plus, j’avais choisi le mauvais prof à contrarier. D’un réflexe, je me mis à courir dans la direction opposée. Je tournai à droite pour prendre les escaliers tout de suite. Mais c’était certain que j’avais été vu. Pas longtemps. J’avais peut-être été suffisamment rapide pour qu’elle ne soit pas sûre de ce qu’elle avait vu. Mais en tous cas, elle aurait des doutes. Et alors que je m’étais élancé dans les escaliers, je pestai contre mes cheveux roux bien visibles.

J’arrivai dans une foule d’élèves qui me cacha un petit peu, puis je jetai un coup d’œil à la base des escaliers du premier. Le Professeur Aarons venait de commencer à se lancer à la poursuite de ce qu’elle pensait avoir vu. Peut-être seulement une ombre rousse. Peut-être les traits bien nets de Rory McGowan, alias, moi. J’allais devoir faire vite. Et je n’avais pas la moindre de l’endroit où j’allais me cacher : j’allais à l’opposé de la direction de ma salle commune. Mais je ne voulais vraiment pas me faire attraper.

C’était ridicule. Même si j’arrivais à m’échapper, qu’aurais-je fait après ? Nier quand je revenais au prochain cours de métamorphoses ? Personne ne m’aurait cru… J’allais prendre cher à un moment ou à un autre. C’était écrit. Mais ce jour-là, j’étais trop fatigué pour affronter tout ça. J’allais juste me caler dans un coin et essayer de dormir. Allez faut courir… Je sortis de la foule qui montait les escaliers et tentait une percée le plus haut possible. J’arrivai au septième. Je ne pourrais pas faire bien plus haut que ça… Allez dernière ligne droite avant de se faire prendre… Je ne faisais attention à plus rien autour de moi.

BOUM!

J'étais rentré dans quelque chose. Enfin quelqu'un. Je tombai au sol. Pendant une seconde, je ne vis que du bleu devant mon visage. En me relevant, je compris que c'étaient les cheveux de Serena Moreno, avec qui j'avais fait ma dernière traversée dans le Poudlard express. Le reste de sa personne était bien là avec ses cheveux d'ailleurs. Elle m'était tombée dessus. On se relevait tous les deux, sans trop savoir ce qui venait de se passer et pourquoi l'autre était là.

Je compris vite qu'elle semblait tout autant en fuite que moi. Décidément les professeurs de Poudlard allaient croire à la révolution! Je ne savais pas ce qu'elle avait fait, mais elle avait clairement envie de se cacher. Et je devais faire de même. Le professeur Aarons n'allait pas tarder à me retrouver. On s'est regardé un instant. Il fallait qu'on trouve un endroit pour se cacher... Allez, pensai-je. J'ai besoin d'un endroit pour me cacher.

Soudain, une porte se forma dans le mur du couloir. Un miracle. On aurait peut-être une chance de s'en sortir. Serena me fit un signe:

-Rory ! Là !!!

Je courrai au niveau de la porte et l'ouvrit. Je fis signe à Serena de rentrer, puis refermai la porte derrière moi. Nous étions dans un placard à balai. Très à l'étroit. Serena et moi étions collés l'un contre l'autre dans cet abri de fortune. Elle me marchait sur le pied droit et j'avais une de ses couettes dans le visage. Mais elle sentait bon, au moins.

Une chance qu'elle n'était pas bien épaisse. Pourtant elle était batteuse. Je remerciai le ciel qu'elle n'ait pas le physique du batteur, on aurait pas tenu. Je lui lâchai un petit sourire gêné devant cette situation embarrassante. On ne voyait presque rien. J'eus un petit rire:

-Bon, c'est une bonne cachette, mais un peu plus d'espace et de lumière ne ferait pas de mal, tu ne trouves pas?

A peine avais-je dit ces mots que le placard commença à s'élargir et à se transformer en salle basique mais plus grande déjà, avec une fenêtre et des bougies qui lévitaient. C'était incroyable. Même à Poudlard, on est encore impressionné quand ce genre de choses arrivent.

-Qu'est-ce que c'est que cet endroit...? lâchai-je comme pour moi-même.

Je souris à Serena: tout de suite, quand on avait de l'espace et de la lumière, c'était plus agréable! Je m'assis contre un mur, et fis un signe à Serena pour lui proposer de s'installer en face de moi.

-Alors? Qu'est-ce qui t'es arrivé?

Son histoire était probablement plus intéressante que la mienne. Et tant qu'on avait du temps à tuer et des professeurs en furie à qui échapper, autant discuter!

La salle sur demande? Jamais entendu parler. Serena avait l'air de connaître plein de trucs sur Poudlard que j'ignorais. Alors que j'entendais Serena demander des trucs, et que je voyais certains apparaître, je commençais, du moins je le croyais, à comprendre le fonctionnement de cette salle. Ainsi, Poudlard avait une salle qui répondait aux besoins des gens qui en foulaient l'entrée... Impressionnant!

Serena sortit de la nourriture de son sac, et elle me pris la main pour qu'on aille s'attabler. Je la suivis donc. Elle répondit alors à ma question. Effectivement elle avait eu ses raisons de courir... Le professeur Vernet devait pas être content... Je vis Serena qui se goinfrai en face de moi, après qu'elle m'ait demandé la raison de ma course.

-J'ai séché la Métamorphose en me faisant porter pâle, et j'ai croisé Aarons dans les couloirs...

Comment? Si j'aimais les gâteaux?

-Oui! Qui n'aime pas? Mais j'avoue que je suis plus gourmand de salé, personnellement!

Je n'acceptai pas moins pour autant les gâteaux et le chocolat qu'elle me tendit. Notre petit repas terminé, je regardai Serena. J'étais content d'avoir dû filer en douce de la sorte! Parce que dans cette salle, un bon moment s'annonçait. On pouvait faire ce qu'on voulait avec une salle pareille. Je souris à  ma partenaire de découverte:

-Voyons un peu ce que cette salle peut faire!


Je réfléchis à ce dont on pourrait avoir besoin maintenant. Ah! Bonne idée! Soudainement, un ensemble de gros poufs bien confortables apparurent, je sautais dedans, comme si je me jetais sur le dos dans un marshmallow géant. J'étais bien. C'était super. Je fis signe à Serena de me rejoindre. En soi, dans ce que j'avais fait apparaître, on aurait pu allonger quatre personnes. Mais ce n'était pas fini. Imaginons-le bien. Et une superbe platine vinyle se matérialisa. Avec une immense collection de classiques du rock.

-Je sais que tu viens d'une culture Moldue, comme moi. Je sais donc que tu peux apprécier ça autant que moi.

"J'ai besoin de la musique de Led Zeppelin" pensai-je. Un vinyle lévita parmi tous. Un album de Led Zeppelin. Le disque alla se placer sur la platine, et se lança tout seul. Les notes commencèrent à s'élever, en fond musical.

-On est bien, là, hein?

Je la regardai avec un sourire complice: j'espérai qu'elle passait un aussi bon moment.

-Alors, Serena - je ne savais pas vraiment si je pouvais l'appeler Ren, comme j'avais entendu ses amis faire - dis-moi un truc sur toi que je ne sais pas!

Je lançai cette sorte de jeu, sans savoir si ça allait lui plaire, mais ça me permettrait de mieux la connaître.

Après avoir remercié Serena pour les galettes au fromage, après avoir fait apparaître ces poufs, et mis la musique, j'étais maintenant allongé dans cette nouvelle installation, écoutant la petite révélation de ma compagne de bêtises du jour. Wouah! Elle joue de 4 instruments différents! Je trouvais ça dingue! Elle avait l'air d'être contente d'être là. Tant mieux, parce que moi aussi, je l'étais. Je lui souris avec admiration:

-C'est génial de jouer autant d'instruments! Moi j'ai seulement quelques notions de batterie, mais malheureusement, j'ai toujours été meilleur à écouter la musique qu'à la jouer. C'est dommage, mais c'est comme ça, j'imagine!

Elle voulait maintenant que je lui dise quelque chose à mon tour. Quelque chose qu'elle ignorait. Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire? Un truc pas insipide, mais pas trop personnel non plus... J'allais pas répondre à sa révélation sur les instruments de musique par les problèmes que je pouvais avoir avec mon père, bien évidemment. Non mais j'avais forcément plein d'autres choses à lui apprendre. Des choses joyeuses et croustillantes à la fois.

-J'aimerais devenir pro au Quidditch un jour. Je l'ai dit à personne pour l'instant, parce que c'est ma première année dans l'équipe et que j'ai pas encore un niveau incroyable. Mais je vais travailler mon vol tous les soirs sur le terrain de Quidditch pour devenir meilleur.

J'arrêtai ensuite de parler, afin d'entrer en communion légère avec la musique. J'écoutais les notes et je regardais Serena avec un petit sourire. J'étais de nature plus calme qu'elle, plus posé et moins explosif, c'était net, mais j'espérais qu'elle ne s'ennuyait pas en ma compagnie. Alors qu'elle était allongée sur le ventre dans les poufs, je voyais ses longs cheveux attachés éparpillés autour d'elle. Ses cheveux étaient tout bonnement fascinants. Je n'avais jamais vu une telle longueur.

-Tu veux pas te détacher les cheveux? Je veux trop voir ce que ça donne quand on voit leur longueur véritable!

Je ne savais pas vraiment pourquoi je lui demandais ça. Peut-être qu'elle trouverait ça bizarre. Mais j'aimais bien demander des trucs à l'instinct, comme ça. Et puis il était vrai que ses cheveux si longs et... bleus me rendaient curieux. Faut dire, c'était l'opposé des miens. Ils étaient longs pour un garçon et pour ma norme, mais à côté des siens, super courts. Et roux. Bien orange. Le orange du feu contre le bleu de l'eau. Enfin bref, je divaguais alors que le solo de Stairway to Heaven allait débuter d'un instant à l'autre. J'avais envie de lui poser pleins de questions. De découvrir des choses sur elle, et de la laisser en découvrir sur moi.

Elle croyait en moi... Cela peut sembler étrange, mais je n'avais pas l'habitude de cette sensation de chaleur, de réconfort à l'idée de se savoir soutenu par ses proches. Je connaissais ça de la part de Jack, bien sûr, mais pas de beaucoup d'autres... Ce n'était pas de ma famille que je l'avais ressenti... Je lui adressai un sourire radieux. Serena proposa même que l'on s'entraîne ensemble à l'occasion. Une expérience que j'étais prêt à tester au plus vite! M'entraîner avec une amie me ferait plaisir, mais en plus il s'agissait de la meilleure batteuse de Poudlard! Cela me permettait de mieux la connaître, dans ses stratégies également. Après tout, nous allions être adversaires! Je ne pouvais pas me permettre de l'oublier derrière ses jolies mèches de cheveux et ses yeux adorables.

En parlant de cheveux, elle venait d'accepter de se les détacher. J'étais légèrement surpris, je dois l'admettre. Je n'avais jamais vu Serena sans les cheveux attachés, et cela ne m'aurait pas étonné d'apprendre que personne à Poudlard ne l'avait vue comme ça non plus. Mais je n'allais pas me plaindre: ma curiosité allait être assouvie. Quelle longueur! Ils lui arrivaient... Je n'étais même pas sûr de bien voir, mais ils étaient extrêmement longs. Elle les secoua pour bien les faire retomber. Je ne pus m'empêcher d'être légèrement enivré par ce geste: les cheveux longs ne m'avaient jamais laissés indifférent.

Mais surprise - pour elle comme pour moi d'ailleurs! Ses cheveux commencèrent à perdre leur couleur bleue. Perdait-elle sa coloration à chaque fois qu'elle les détachait? Je n'y connaissais rien... Mais quelle ne fut ma surprise quand une couleur rousse envahit la surface de ses cheveux. Une rouquine, comme moi! Serena semblait désolée de voir sa couleur partie. Elle s'excusa, apparemment confuse. Mes joues virèrent au rose, s'assortissant plus ou moins à ma tignasse:

-Tu sais, tu es très mignonne comme ça aussi...

Je sentis que mes joues prirent une teinte de rose en plus. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de dire ça, mais sur le moment, j'en avais envie. Toujours était-il qu'il allait falloir arranger ça. Du moins si elle le voulait. Je ne savais pas de quoi on allait avoir besoin. Pouvait-on tout régler par magie? Avait-on besoin d'un produit? De l'eau aussi peut-être? Alors que je pensais à tout ça, la Salle fit une erreur d'interprétation. Au moment où je pensai à l'eau, il se mit à pleuvoir des trombes d'eau dans la Salle. Catastrophe! On allait tous les deux être trempés! Je lançai un regard à Serena alors que la pluie nous tombait dessus, et je ne pus m'empêcher d'éclater de rire.

"Non! Enfin, si peut-être, mais j'ai pas fait exprès, je te jure!"


Je me mis de nouveau à rire. Et elle commença alors à danser et à chanter, sous la pluie qui continuait à nous tomber dessus. J'avais vraiment l'impression que cet instant dans la Salle sur Demande avec Serena était une parenthèse à nos existences, un instant hors du temps, et hors des convenances, où régnait simplement une atmosphère de bonheur, et ça durait depuis un moment, maintenant. Une forme d'innocence, de tranquillité imprégnait nos êtres, et cela faisait un bien fou.

Jusqu'à ce que je remarque, alors qu'elle dansait les yeux fermés sous les trombes d'eau, les formes d'adolescente de Serena, soudainement dévoilées sous le chemisier devenu transparent. Le soutien-gorge bleu, les courbes, le petit nombril discret. L'innocence commençait à disparaître. Quelques secondes, je m'efforçai de détourner le regard, par respect pour Serena, mais j'avais bientôt quinze ans, elle était attirante: mon regard finit par se porter dessus. A cet instant, nous n'étions plus deux gosses en train de prendre un goûter dans une pièce isolée, mais deux adolescents, de sexe opposé.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, on aurait presque pu dire que je venais d'en prendre conscience. De façon assez frappante pour être honnête. Je voyais toujours la fille super qu'elle semblait être, mais juste un peu plus... femme? Ca me chamboulait soudainement. Et puis, elle finit par rouvrir les yeux, et remarqua elle aussi tout ce qui était visible sur elle. Elle sembla embarrassée, et il lui fallut deux essais pour que les trombes eau cessent. Ma chemise était trempée aussi, mais je m'en fichais. Je n'étais pas spécialement pudique et il n'y a rien sur le torse masculin qui n'est pas socialement admis de voir. Au mieux, cela pouvait même jouer en ma faveur: les derniers mois d'entraînement de Quidditch m'avaient quelque peu sculpté les abdos.

Elle se sécha en vitesse, je crus la voir rougir. Je ressentis alors cette gêne, comme si j'avais trahis sa confiance. Je n'avais pas fait exprès de regarder, mais quand même.

"Pardon! C'est ma faute si y'a eu de la flotte..."

J'étais profondément navré de l'avoir mise dans cette situation. Si préoccupé - et en même temps encore un peu enivré de la vue éphémère de Serena trempée - que j'en avais oublié de me sécher. Je restais donc là tout mouillé, sans m'en rendre compte et sans y réfléchir, en attendant une réaction de la part de Serena.

Elle ne m'en voulait pas, c'était déjà ça. J'aurais été embêté de compromettre une amitié naissante sur un accident. Je remarquai alors que c'était à son tour de faire une fixette sur un corps qu'elle n'était pas censée regarder: le mien. Je levai les yeux vers elle avec un regard amusé, l'air de dire ironiquement "qu'est-ce que tu regardes de beau, avec ces yeux-là?" Puis elle prit soudainement conscience de la situation, et balbutia une excuse qui ressemblait davantage à un compliment.

Le compliment me fit rougir. Je n'avais pas trop l'habitude d'être l'objet d'attentions de la part des filles, jusqu'à cette année. Jusqu'à ce que je me mette en tête sérieusement d'intégrer l'équipe de Quidditch, j'étais plutôt gringalet, même si j'étais grand, et j'avais des traits plus enfantins. C'était toujours Jack qui attirait toutes les filles, avec ses boucles noires et son sourire enjôleur. Et en plus, il était batteur, ça aidait pour la carrure. Moi, j'étais le gars derrière lui, qui feuilletait un livre de potions.

Et puis, en un an, j'ai grandi de dix centimètres, j'ai pris des épaules, sculpté mon torse, et affiné les traits de mon visage, devenant soudainement plus... adulte? Le terme sonnait mal, je trouve, mais c'était l'idée. J'avais toujours su qu'on pouvait être passionné de livres et sportif à la fois. Ce n'était pas incompatible: l'écrivain moldu Jack Kerouac, l'un des plus grands auteurs du XXe siècle, avait intégré l'Université de Columbia grâce à une bourse de football américain, à la base. Il avait réussi à être à la fois le quater back de son lycée, et un des grands esprits de sa génération.

Peut-être que j'arriverais à être comme lui, à l'échelle du monde des sorciers, qui sait. Mais revenons à Serena. Elle venait de me sécher d'un coup de baguette magique. Je lui fis un signe reconnaissant de la tête. J'étais touché de voir que dans son regard, il n'y avait pas qu'un simple désir plastique, mais une affection, un oeil honnête penché sur qui j'étais, pour y porter un intérêt qui était vraiment amical. Il y avait une tension physique dans l'air, c'était indéniable. Mais je ressentait qu'il y avait quelque chose chez Serena qui me faisait croire que l'on pouvait dépasser tout ça, qu'il y avait une affinité profonde et authentique derrière l'attirance.

Elle exprima son souhait que l'on devienne des amis proches. De ce même parler franc, candide et innocent qu'elle avait avant cet incident. Oui, j'avais bien retrouvé Serena. Et j'étais tout à fait d'accord avec elle: on pouvait devenir vraiment proches, si on trouvait le temps de repasser des moments comme ça, justement hors du temps. Et malgré le fait que ce beau sourire ne me laissât pas indifférent, j'étais prêt à tenter l'expérience!

-Oui, on est si bien. Je suis vraiment heureux d'avoir partagé cet instant avec toi, Ren, et j'espère qu'il y en aura d'autres. Après les retenues qu'on va tous les deux se prendre de manière assez évidente, ça va de soi...

Un petit retour à la réalité qui était nécessaire, car il commençait à se faire tard, nous avions déjà passé plusieurs heures dans la Salle sur demande. Mais nous restâmes là encore un petit peu, pour profiter, ensemble, des derniers instants de rêves auxquels nous pouvions prétendre, avant de retourner tranquillement affronter la réalité.