Après plusieurs minutes d'attente tendue, où je ne faisais pas attention à grand chose, j'eus le plaisir d'entendre arriver l'équipe de déminage. Enfin, je me détendis légèrement, avant de me retendre légèrement : s'ils avaient mis autant de temps que ça à arriver, mieux valait surveiller ces guignoles avant qu'ils ne fassent tout péter d'eux-mêmes...

J'attendis quelques instants que les démineurs se fassent enguirlander par Alizea, et ceux-ci vinrent enfin s'occuper de l'objet suspect à ma place. J'ai beau m'y connaître un peu, il vaut mieux laisser les professionnels exploser : ça fait moins de paperasserie. Je me mis légèrement en retrait en regardant avec attention tout ce que faisaient ces hommes, et en écoutant d'une oreille distraite la jeune femme crier sur le responsable de l'équipe.

À vrai dire ses menaces pourraient effrayer n'importe quel homme qui a une famille à nourrir et à mon avis les miennes seraient bien moins impressionnantes, aussi ais-je choisi de ne rien dire à propos de leur retard. Tant qu'ils ne faisaient rien exploser, je ne les ferai pas exploser eux, et nous serons quittes. Enfin, presque...

Je me perdis dans un paquet de pensées mélangées dont je ne me rappelles plus la teneur exacte. Le plus important à quoi j'ai pensé à ce moment là était  sans doute l'endroit où nous irions après cette petite scène.

D'ailleurs, puisqu'on en parle :

"Si vous êtes toujours intéressé, ma proposition tient toujours"

Je m'empressais de lui répondre, puisque j'étais toujours partant, en rigolant quelque peu à ma propre réponse :

"Tout à fait. En fait, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je pense à quelque chose de plus fort que du café, après tant d'émotions. Où souhaitez-vous aller ?"

J'étais à moitié sérieux, mais en même temps, je le pensais tout de même : il allait me falloir un peu mieux que seulement du café. J'espérais que notre discussion sur ma matière serait un bon début.

Wallace avait l'air plongé dans ces pensées et je me gardai bien de l'interrompre. Qui sait ce qui pouvait bien se passer dans sa tête... Moi, en général, quand j'avais ce genre d'expressions, le sujet de mes réflexions finissait couché sur le papier. Comme lorsque j'avais commencé à travailler sur ma théorie du "réservoir de magie". Du coup, il valait mieux ne pas le déranger. Je réfléchissais quant à moi à l'endroit où avait bien pu fuir notre petit camarade métamorphosé. Il serait dommage qu'il reprenne sa forme humaine dans un endroit trop petit... Le résultat serait quelque peu démesuré comparé à ce qu'il avait fait. Lorsque je finis par réitérer ma proposition, il répondit :

"Tout à fait. En fait, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je pense à quelque chose de plus fort que du café, après tant d'émotions. Où souhaitez-vous aller ?"
-Aucune idée. A dire vrai, je ne sors pas beaucoup. Cela dit, je pense que ce serait déjà une bonne chose de sortir de ce quartier, si vous n'y voyez pas d'inconvénients."

Parce que pour être honnête, je n'aimais pas beaucoup l'ambiance du coin. J'aurais été bien plus à l'aise du côté le plus lumineux du Londres sorcier. C'était peut être une mauvaise habitude issue de mes origines un peu guindée, mais j'avais du mal à me faire aux bas quartiers. Non pas que j'aie quoi que ce soit à reprocher aux habitants des lieux, mais l'ambiance me semblait tristement glauque.  Je n'attendis pas longtemps pour me diriger vers le chemin de traverse, commentant avec un amusement manifeste :

"Cela dit, je ne doutes pas que nous trouvions de quoi nous satisfaire tous les deux de ce côté."

Je ne risquais pas de boire d'alcool, j'avais été très rapidement dégoûtée de la chose en question. Je ne m'aimais pas trop lorsque j'avais bu. Quelque part dans le lointain, un clocher résonna jusqu'à nous.

"Fin du service... Murmurai-je avec un léger sourire avant d'ajouter à plus haute voix : Alors comme ça, vous enseignez l'alchimie ? Je vous avoue que je suis assez curieuse sur le sujet... On dit souvent qu'il s'agit de procédés à mi-chemin entre les potions et la métamorphose, mais... Qu'en est-il vraiment, du point de vue de l'expert ?"

À bien y réfléchir, un café noir sans sucre ferait aussi bien l'affaire que n'importe quoi, du moment qu'il y avait une part de tarte à côté.

"Aucune idée. A dire vrai, je ne sors pas beaucoup. Cela dit, je pense que ce serait déjà une bonne chose de sortir de ce quartier, si vous n'y voyez pas d'inconvénients."

Elle avait raison, il fallait changer d'endroit. De plus, vu la brigade qui était venue s'occuper du paquet suspect, je me demandais si ce n'était pas pire maintenant qu'avant. Je décidais tout de même de faire confiance au Ministère et de les laisser faire. Alizea commença à se diriger vers des lieux plus civilisés, et je lui emboîtais presque immédiatement le pas.

"Cela dit, je ne doutes pas que nous trouvions de quoi nous satisfaire tous les deux de ce côté."

Ce n'est pas parce que mon allure laisse présager bien des choses que je n'apprécies pas la moitié convenable du Londres magique. C'est juste qu'on y trouve bien peu d'ingrédients intéressants. Je succédais à la jeune femme de quelques pas et jusqu'ici la laissais plus ou moins décider d'où nous nous rendions, puisque à vrai dire je n'arrivais pas à me décider.

"Fin du service..."

Elle sourit. J'avais bien compris ce qu'elle avait dit, même sans l'avoir réellement entendu: l'heure, c'est l'heure. Moi personnellement j'avais fini les cours il y a environ deux heures, et ce n'était pas un luxe, vu la journée que j'aurai demain.

"Alors comme ça, vous enseignez l'alchimie ? Je vous avoue que je suis assez curieuse sur le sujet... On dit souvent qu'il s'agit de procédés à mi-chemin entre les potions et la métamorphose, mais... Qu'en est-il vraiment, du point de vue de l'expert ?"

J'avais pensé qu'elle attendrait que nous soyons assis pour faire son interrogatoire, mais apparemment elle était aussi pressée d'apprendre que l'étaient certains de mes élèves. Je ne me fis pas prier pour lui répondre.

"Allons par là, il y a un petit café très sympathique qui donne sur un square. L'endroit rêvé après ce qui vient de nous arriver."

Je l'invitais à emprunter la rue transversale qui je lui désignais, et posais audacieusement ma main droite sur sa hanche pour la guider.

"En fait, l'alchimie est un peu plus compliquée que chacune des matières dont elle dépend, c'est ce qui la rend intéressante. Il est vrai que les potions et la métamorphose y ont toutes deux leur place de choix, mais il ne faut pas oublier que les deux matières amènent à un résultat qu'aucune d'elles n'est sensée produire. Sinon, on aurait pas commencer à étudier l'alchimie, mais l’interaction entre les potions et la métamorphose."

Je m'arrêtais devant une petite traboule surmontée d'un écriteau titrant "Edd's coffee break", littéralement "La pause café d'Edd". Un endroit où j'avais pris mes habitudes quand je passais à Londres les soirs après les cours, pour refaire mes stocks, ou juste pour me détendre un peu, ce qui était plus rare.

"Allons par là, il y a un petit café très sympathique qui donne sur un square. L'endroit rêvé après ce qui vient de nous arriver."

Je hochai la tête, alléchée par une telle perspective. Je me voyais déjà avec un bon chocolat chaud. Et pourquoi pas, avec un petit quelque chose à grignoter également, du type tartelette ou sucrerie quelconque. Lorsque mes pensées se fixèrent sur l'idée d'une part de tarte aux fraises, j'en eus l'eau à la bouche. Mais soudain, je fus interrompue dans mes réflexions gustatives par la main du professeur, qui s'était posée sur ma hanche. L'effet fut immédiat : je me mis à rougir furieusement. Non pas que le geste en lui-même soit complètement déplacé, mais... D'une part, je n'avais que rarement des contacts physiques, surtout avec les hommes. Cela m'avait toujours quelque peu rebutée. D'autre part, c'était tellement inattendu ! Je détournai légèrement la tête pour ne pas que Wallace comprenne mon trouble et essayai de me concentrer sur ce qu'il m'expliquait.

"En fait, l'alchimie est un peu plus compliquée que chacune des matières dont elle dépend, c'est ce qui la rend intéressante. Il est vrai que les potions et la métamorphose y ont toutes deux leur place de choix, mais il ne faut pas oublier que les deux matières amènent à un résultat qu'aucune des deux matières n'est prévue de produire. Sinon, on aurait pas commencer à étudier l'alchimie, mais l'interaction entre les potions et la métamorphose."

Je hochai la tête, comprenant ce qu'il voulait dire par là. En fait, il m'expliquait ni plus ni moins que l'alchimie était une science basée sur la combinaison des deux spécialités. Un principe intéressant, qui méritait réflexion. Une fois arrivés devant l'établissement dont il avait parlé, nous entrâmes sans attendre. La conversation promettait d'être très enrichissante et je n'avais pas envie de perdre de temps. A l'intérieur, un homme souriant occupé à essuyer des verres derrière un comptoir nous salua en nous désignant l'une des tables près de la fenêtre :

"Je suis à vous dans une minute."

Je m'installai donc à l'endroit indiqué, Wallace sur mes talons. Je retirai ma veste pour me mettre à l'aise et croisai les jambes par réflexe. Une habitude difficile à perdre et qui me venait tout droit de ma mère. Un vieux principe issu des Sangs-Purs de sa famille, selon toute probabilité. Je profitai de l'attente pour poser une question qui me semblait découler directement de ce que Wallace venait de me dire :

"Si votre art est une sorte de combinaison entre plusieurs autres, pensez-vous qu'il soit nécessaire de maîtriser ces autres facettes de la magie avant d'espérer apprendre l'alchimie ? Je vous avoue que je serai curieuse d'acquérir quelques bases, pour ma culture personnelle."

Comme toute Serdaigle qui se respecte, j'étais toujours ravie d'avoir l'occasion d'apprendre quelque chose de nouveau et l'alchimie représentait donc un nouveau challenge. Je n'avais plus vraiment besoin de faire mes preuves en métamorphose et j'avais de solides bases de l'art des potions. De fait, j'avais envie de savoir si cela m'aiderait... Ou au contraire, si ma trop grande habitude du monde de la métamorphose risquait de m'handicaper.

J'accompagnais la jeune femme sur le chemin du café et quand je la touchais, je crus apercevoir qu'elle rougissait. Toutefois, n'en étant pas sûr, je m'abstins de la moindre réactions qui puisse laisser penser qu'elle rougissait, afin d'éviter qu'elle ne se sente encore plus honteuse par ma faute.

Toutefois, elle semblait réceptive à mon explication du principe de l'alchimie et de ses liens avec les autres disciplines. C'état déjà une bonne chose en soi, parce que c'est la base du cours de sixième année. Tandis que je finissais les derniers mots de mon explication, nous arrivâmes devant le café. J'invitais poliment mon invitée à entrer et la suivit.

"Je suis à vous dans une minute."

Le propriétaire me reconnaissant me fit un petit hochement de tête en souriant, tout en nous désignant une table proche de la fenêtre. La place rêvée pour les gens qui veulent admirer la vue. Et aussi pour ceux qui veulent discuter en privé, puisqu'un paravent sépare cette table de sa voisine directe située un peu plus loin sur la baie vitrée. Je lui présentais sa chaise et elle s'assit, croisant les jambes.

"Si votre art est une sorte de combinaison entre plusieurs autres, pensez-vous qu'il soit nécessaire de maîtriser ces autres facettes de la magie avant d'espérer apprendre l'alchimie ? Je vous avoue que je serai curieuse d'acquérir quelques bases, pour ma culture personnelle."

Je souris et la regardais. Je jetais un très rapide coup d’œil à la carte, que je connaissais par cœur, tout en écoutant sa question d'une oreille attentive et d'une apparence désintéressée. J’espérais ne pas l'agacer par mes manières quelque peu particulières.

"À la vérité, toutes les disciplines magiques peuvent se retrouver connectées à un moment ou à un autre. Dans le cas de l'alchimie, il est clair qu'il est absolument nécessaire de posséder de bonnes bases en potions et en sortilèges. La métamorphose est un plus optionnel, puisqu'il permet de modifier la forme des composé produits pour modifier leur réactivité."

Je voulais prendre un exemple, mais n'avais pas réellement de matériel sous la main, aussi me résolus-je à improviser, juste pour elle, une petite démonstration. Je sortis de mon sac une bille en fer, et pris en main ma baguette.

"Par exemple : imaginez que cette bille entre dans l'eau, seule sa surface sera mouillée, et donc seule sa surface pourra réagir. Maintenant, si je veux une réaction rapide..."

J'agitais ma baguette avec pour but de transformer cette bille de fer lisse en éponge de fer sphérique. Un tâche des plus simples comme je l'exécute des dizaines de fois par semaine.

"Et voilà. Avec cette nouvelle forme, le produit réagit également en profondeur. Ceci est un exemple de métamorphose simple appliquée à l'alchimie. Il existe des dizaines d'autres moyens d'associer les deux, mais il me faudrait des heures, et un labo, pour tous les montrer."

Mes yeux brillaient légèrement. J'étais dans mon élément : j'apprenais quelque chose à quelqu'un que ça intéressait. Toutefois, je repris quelque secondes mes esprits et saisis la carte.

"Si je puis me permettre de vous montrer une autre forme de magie, je vous conseille de demander un tiramisu. Vous verrez, le reste du monde vous paraîtra quelque peu fade tout à coup."

Je ris légèrement et discrètement, sans décoller mon regard du visage d'Alizea.

Le professeur avait l'air curieusement détaché de ce que je disais. Pourtant, je pouvais sentir qu'il n'agissait pas ainsi pour m'offusquer ou quoi que ce soit du genre. Non, il avait plutôt l'air d'être quelqu'un de posé et réfléchi, ce que j'appréciais. Il prit le temps de choisir ce qu'il souhaitait sur la carte, puis finit par me répondre :

"À la vérité, toutes les disciplines magiques peuvent se retrouver connectées à un moment ou à un autre.
-C'est certain, commentai-je d'une voix amusée, c'est notamment le cas en potions, avec l'usage de produits issus de la botanique.
-Dans le cas de l'alchimie, il est clair qu'il est absolument nécessaire de posséder de bonnes bases en potions et en sortilèges. La métamorphose est un plus optionnel, puisqu'il permet de modifier la forme des composé produits pour modifier leur réactivité."

Oui, certes. C'était une affaire entendue, que toutes disciplines se recoupaient entre elles. Mais La deuxième partie de l'explication alluma une réelle lueur d'intérêt dans mon regard et j'observai mon interlocuteur avec un intérêt grandissant. Il fouilla ses affaires et en sortit une bille de fer d'une taille très raisonnable. Il saisit ensuite sa baguette, non sans m'expliquer :

"Par exemple : imaginez que cette bille entre dans l'eau, seule sa surface sera mouillée, et donc seule sa surface pourra réagir. Maintenant, si je veux une réaction rapide..."

Il lança un sortilège mineur pour que la bille change de forme et mon intérêt s'en trouva décuplé. Donc, même si elle n'entrait pas directement dans le processus, la métamorphose était un outil important de l'alchimie...

"Et voilà. Avec cette nouvelle forme, le produit réagit également en profondeur. Ceci est un exemple de métamorphose simple appliquée à l'alchimie. Il existe des dizaines d'autres moyens d'associer les deux, mais il me faudrait des heures, et un labo, pour tous les montrer."
-Je serais ravie de voir cela, mais j'ai bien peur que nos emploi du temps ne soient trop chargés pour étudier la question sérieusement... Pourtant, je dois bien avouer que l'idée me tente beaucoup.

Je hochai la tête, les yeux brillants à l'idée d'une telle découverte. Ainsi, cela nécessitait des connaissances approfondies dans plusieurs domaines de la magie. Passionnant ! Je songeai aussitôt à aller de ce pas mener quelques recherches sur la question. Mais, j'avais déjà tant de travaux en cours...

"Si je puis me permettre de vous montrer une autre forme de magie, je vous conseille de demander un tiramisu. Vous verrez, le reste du monde vous paraîtra quelque peu fade tout à coup."

Surprise par sa formulation, j'éclatai de rire. L'un de ceux que je ne contrôle pas, chaleureux et sincère. Eh bien, voilà qui était inattendu ! Je me calme rapidement, les yeux brillants d'amusement. Lui aussi avait ri à cette idée et je ne pus m'empêcher de commenter :

"Seriez-vous également professeur en Gastronomie, Wallace ? Eh bien soit, dans ce cas je me laisserai tenter. Nous verrons bien s'il s'agit d'un dessert magique ou non. "

Je souris gentiment alors que l'on venait prendre notre commande. Je demandai donc un tiramisu et un chocolat chaud, attendant que mon interlocuteur fasse son choix. Lorsque nous fûmes de nouveau seul, je demandai avec perplexité :

"Pensez-vous qu'il soit possible de s'entraîner à l'alchimie sans avoir de mentor ? J'ai bien peur que l'art en question soit trop pointu pour me permettre une telle fantaisie... D'après ce que j'en sais, les dosages et tout un tas de paramètres doivent être soigneusement étudiés avant de se lancer. "

Alizea semblait à la fois amusée et très attentive à ce que je luis expliquais avec plus ou moins d'humour. Quand je lui fis ma recommandation du délicieux tiramisu servi ici, elle éclata soudain d'un rire des plus rafraîchissants et naturels que j'ai jamais entendu. Je ne pensais pas avoir été aussi drôle, mais elle faisait plaisir à voir.

"Seriez-vous également professeur en Gastronomie, Wallace ? Eh bien soit, dans ce cas je me laisserai tenter. Nous verrons bien s'il s'agit d'un dessert magique ou non."

Je souris à mon tour. Je n'éclatais jamais de rire, mais en revanche, je souriais de toute mes dents en de nombreuses occasions quand on m'amusait. à cet instant, j'avais probablement fait étalage entier de ma dentition, je ne m'en rendais pas vraiment compte, n'ayant pas un miroir sous la main en tous instants.

"Pensez-vous qu'il soit possible de s'entraîner à l'alchimie sans avoir de mentor ? J'ai bien peur que l'art en question soit trop pointu pour me permettre une telle fantaisie... D'après ce que j'en sais, les dosages et tout un tas de paramètres doivent être soigneusement étudiés avant de se lancer."

Son intérêt immense pour les arts complexe de l'alchimie me faisait presque autant plaisir que son rire éclatant d'il y a quelques instants. Cela me décevait presque de devoir lui répondre par la négative sur ce point.

"Je suis navré de devoir vous décevoir, mais comme la plupart des ouvrages d'alchimie les plus intéressants sont codés, il faut pouvoir les décoder par soi même avant de pouvoir apprendre d'eux. Une fois que le code est compris, il est utile d'avoir quelqu'un à qui poser des questions, mais la plupart des ouvrages sont des plus complets."

Je vis le serveur s'approcher et fis une pause dans notre dialogue, pour passer commande.

"Madame, monsieur ? Avez vous choisi ?"

Elle n'avait pas encore eu beaucoup de temps pour regarder la carte. Ou alors l'avait fait sans que je le remarque. En tout cas, j'espérais ne pas faire attendre le patron, car vu l'heure il avait déjà plusieurs heures derrière lui, et n'attendait que de pouvoir s'asseoir un peu.

"Je prendrais un expresso et un tiramisu à la framboise s'il vous plait."

Il posa ensuite son regard sur Alizea.

Le professeur Swörl semblait réellement heureux de mon intérêt pour sa matière. Il faut dire qu'avec un sujet aussi passionnant, je comprenais son intérêt ! Si je n'avais pas déjà été aussi prise par tous mes sujets d'étude, j'aurais probablement été aussi exaltée que lui à cet instant.

"Je suis navré de devoir vous décevoir, mais comme la plupart des ouvrages d'alchimie les plus intéressants sont codés, il faut pouvoir les décoder par soi même avant de pouvoir apprendre d'eux. Une fois que le code est compris, il est utile d'avoir quelqu'un à qui poser des questions, mais la plupart des ouvrages sont des plus complets."

Je hochai la tête d'un air entendu. Bien sûr, je m'y étais attendue. C'était tout à fait prévisible : avec une spécialité aussi pointue, il ne fallait pas se tromper. Tout comme avec l'entraînement d'animagus. Si l'on se trompait... Cela risquait fort d'être la dernière fois.

"Madame, monsieur ? Avez vous choisi ?"

Je n'avais pas eu besoin d'étudier longtemps la carte pour savoir ce dont j'avais envie. J'avais des goûts somme toute assez simples.

"Je prendrais un expresso et un tiramisu à la framboise s'il vous plait."
-Ce sera un chocolat chaud et un tiramisu également, je vous prie."

Je dédiai un immense sourire à l'homme, non seulement parce que j'appréciais le service mais aussi par principe : je respectais au plus haut point les emplois les moins reluisants qui soient. Je n'aurais probablement pas été capable moi-même de passer la journée à servir, nettoyer, parler, le tout avec un sourire jusqu'aux oreilles. J'admirais cette capacité qu'avaient la plupart des serveurs et tenanciers d'établissements : sourire, toujours, sans jamais faillir. Se montrer aimable et courtois quand bien même votre interlocuteur fait tout le contraire... Remarquable. Lorsque l'homme fut parti, je repris ma conversation avec Wallace :

"A vrai dire, je m'en doutais. Il y a certains arts magiques qui sont tout bonnement hors de la compréhension du premier venu. Je mène de trop nombreuses recherches en ce moment pour pouvoir m'y atteler sous peu, mais... Peut-être pourriez-vous vous même m'accorder un peu de votre temps, un de ces jours ? J'apprécierai réellement de découvrir cet art par moi-même."

Je lui souriais, heureuse de simplement pouvoir parler d'un sujet intéressant avec une personne intéressante. Non pas que les gens en général soient insipides, mais leurs conversations m'indifféraient. La plupart du temps, en tout cas. J'étais bien plus excitée par l'idée d'une longue discussion sur l'alchimie que par celle d'aller faire du shopping avec des amies... De toute façon, je n'avais que Camille, alors question amitié, c'était un peu limité. A moins que Jasper soit inclus dans cette catégorie ? Il faudrait que je réfléchisse à la question. Mais, à dire vrai, il était plutôt... Autre chose. Impossible à définir. J'en restai là de mes pensées et ajoutai :

"En tous les cas je suis très heureuse d'avoir fait votre connaissance."

Alizea se montra assez compréhensive avec mes explications. En vérité, tout étais possible pour quelqu'un de très motivé, mais il m'avait personnellement fallu trois semaines pour décoder certains carnets d'alchimistes du onzième siècle, et j'étais entraîné, alors je préférais lui éviter une prise de tête à rallonge. Elle jeta un œil rapide à la carte, mais apparemment s'était déjà décidée avant de la lire, vu la vitesse à laquelle elle choisit sa commande.

"Ce sera un chocolat chaud et un tiramisu également, je vous prie."

Un excellent choix d'excellentes choses pensais-je en souriant légèrement. Elle sourit au serveur avant de reporter son attention sur moi.

"A vrai dire, je m'en doutais. Il y a certains arts magiques qui sont tout bonnement hors de la compréhension du premier venu. Je mène de trop nombreuses recherches en ce moment pour pouvoir m'y atteler sous peu, mais... Peut-être pourriez-vous vous même m'accorder un peu de votre temps, un de ces jours ? J'apprécierai réellement de découvrir cet art par moi-même."

Elle souriait encore. Elle semblait réellement heureuse d'être ici, et la mésaventure de cette après-midi paraissait déjà loin. C'était le but d'ailleurs. J'appréciais vraiment de pouvoir discuter ma matière autour d'un café plutôt que devant un alambic. Il faudrait que j'envisage de délocaliser la classe. Je riais légèrement à cette pensée, tout en écoutant toujours ce qu'elle me disait.

"En tous les cas je suis très heureuse d'avoir fait votre connaissance.
-Moi de même mademoiselle Prewett."

Je lui souris. En vérité, mon après-midi aurait fini trois heures plus tôt si je ne l'avais rencontré, mais ayant rangé ma classe le matin même pendant que les élèves tentaient d'expérimenter, je n'avais plus rien à faire aujourd'hui. Si j'étais rentré, j'aurais sans doute trouvé, mais cette rencontre fut bien plus productive que tout ce que j'aurais pu faire de ma journée, alors rien de mauvais n'en ressortirai, ni retard, ni contrariété.

"Je serai ravi de vous accorder un peu de mon temps, prévenez moi juste quand vous serez prête. M'en voulez vous si je vous demande sur quoi portent vos recherches ?"

-Moi de même mademoiselle Prewett."

Heureuse de constater que cette conversation ne plaisait pas qu'à moi. Il avait l'air sincèrement satisfait, bien que notre journée eût été des plus mouvementées et curieuses... Si je ne l'avais pas rencontré, j'aurais probablement écourté mon petit passage dans l'Allée et serais rentrée travailler un peu au ministère. Mais ce changement d'air me faisait beaucoup de bien.

"Je serai ravi de vous accorder un peu de mon temps, prévenez moi juste quand vous serez prête. M'en voulez vous si je vous demande sur quoi portent vos recherches ?"

Je lui fis un léger sourire, heureuse que la conversation ne soit pas à sens unique. J'aimais parler de mes recherches et le professeur me donnait l'impression d'être tout à fait capable de soutenir une conversation sensée sur le sujet. Bien sûr, je ne m'étendrais pas trop, mais... Cela serait tout de même intéressant d'en discuter dans un cadre aussi peu rigide. Je répondis donc avec une étincelle au fond du regard :

"J'ai commencé il y a deux ans une thèse au sujet de l'animagie, ce qui est mon domaine de prédilection. J'étudiais les origines de l'animagie, ses effets sur le corps, ainsi que quelques questions techniques sur le sujet. Mais au cours de mes recherches, je me suis heurtée à plusieurs problèmes qui m'ont amenée à reconsidérer mon sujet."

Je m'avançai légèrement sur ma chaise, emportée par la flamme grandissante de ma passion pour le sujet :

"Depuis un an environ, j'ai mis mon premier projet en second plan et je me penche sur le sujet des origines de la magie en général. C'est un sujet qui, à ma grande surprise, semble être plus ou moins délaissé par les chercheurs. Il y a bien quelques théories, mais... Celle que je propose n'a pas grand chose en commun avec ce qui est couramment dit sur le sujet."

A ce moment, le serveur revint avec nos commandes et je dévorai ma douceur des yeux. Par Merlin, voilà qui semblait prometteur ! Je remerciai l'homme d'un sourire et d'un léger hochement de tête et bus une gorgée de chocolat.

"Merci, c'est délicieux." dis-je aussitôt avec un nouveau sourire.

J'aimais terriblement le chocolat, ainsi que bon nombre de sucreries. J'attendis que mon interlocuteur soit de nouveau réceptif et que le serveur soit parti pour poursuivre mes explications :

"Ma théorie est que chaque sorcier dispose d'une sorte de réservoir de magie dans lequel il peut puiser pour lancer ses sortilèges. Les Moldus et les Cracmols se révèleraient incapables d'user de magie car leurs propres réservoirs sont inaccessibles. Faute de mieux, je le comparerai à un système nerveux indépendant. Selon moi, la taille du réservoir et la concentration de magie qui s'y trouvent déterminent la puissance et l'endurance du sorcier. En ce moment, je travaille sur le cas particulier de la magie instinctive chez l'enfant. Et j'ai en parallèle établi un lien entre le réservoir et la capacité ou non à devenir animagus."

Je me tus pour commencer à manger, estimant en avoir bien assez dit. Peut être trop, même. Mais comme toujours dans ce genre de circonstances, je m'étais retrouvée emportée par le flots de mes idées et ma passion pour mon sujet m'avait submergée. Le Choixpeau ne m'avait pas envoyée à Serdaigle pour rien, après tout. J'étais souvent dévorée par la soif d'apprendre et ces recherches m'emportaient parfois tellement loin que je cessais de dormir ou de me nourrir pour m'y consacrer. J'étais régulièrement rappelée à l'ordre par Flamby, l'elfe préposée à mon service. En parlant de manger... Je goûtai une cuillérée de tiramisu et écarquillai les yeux...

"Par Rowena, c'est divin !" m'exclamai-je avec un très large sourire.

Quand je la questionnais sur ses recherches, ma jeune invitée semblait bouillir intérieurement. Apparemment elle n'avait pas souvent l'occasion de discuter de ses recherches avec quelqu'un qui pouvait s'y intéresser quelque peu. Son regard me rappelait celui que j'avais vu dans les yeux de certains enfants quand je leur expliquais comment marchait le baume, loin en Afrique : la passion et une certaine envie de plus en savoir sur tout.

"J'ai commencé il y a deux ans une thèse au sujet de l'animagie, ce qui est mon domaine de prédilection. J'étudiais les origines de l'animagie, ses effets sur le corps, ainsi que quelques questions techniques sur le sujet. Mais au cours de mes recherches, je me suis heurtée à plusieurs problèmes qui m'ont amenée à reconsidérer mon sujet."

Je l'écoutais avec intérêt, ne la quittant pas des yeux tant qu'elle parlait. Sa fougue me plaisait, et je n'allais sans doute pas résister longtemps à la tentation de la revoir pour discuter de ce sujet.

"Depuis un an environ, j'ai mis mon premier projet en second plan et je me penche sur le sujet des origines de la magie en général. C'est un sujet qui, à ma grande surprise, semble être plus ou moins délaissé par les chercheurs. Il y a bien quelques théories, mais... Celle que je propose n'a pas grand chose en commun avec ce qui est couramment dit sur le sujet."

Le serveur nous apporta nos commandes et je le remerciai d'un signe de tête tandis qu'elle goûtait sa boisson.

"Merci, c'est délicieux."

Le chocolat ici est en effet l'un des meilleurs que j'ai jamais bus, mais n'étant pas un grand fan de chocolat, je lui préférais le café, tout aussi bon, mais dans un registre plus amer. J'en pris une petit gorgée puis me concentrais à nouveau sur la jeune femme qui se remit à parler.

"Ma théorie est que chaque sorcier dispose d'une sorte de réservoir de magie dans lequel il peut puiser pour lancer ses sortilèges. Les Moldus et les Cracmols se révéleraient incapables d'user de magie car leurs propres réservoirs sont inaccessibles. Faute de mieux, je le comparerai à un système nerveux indépendant. Selon moi, la taille du réservoir et la concentration de magie qui s'y trouvent déterminent la puissance et l'endurance du sorcier. En ce moment, je travaille sur le cas particulier de la magie instinctive chez l'enfant. Et j'ai en parallèle établi un lien entre le réservoir et la capacité ou non à devenir animagus."

Une théorie intéressantes. Je hochais de la tête quand elle eut fini de parler, pour lui faire comprendre que j'avais tout bien suivi et espérais avoir tout compris. D'ailleurs, cela déclenchait dans ma tête quelques sujets intéressants à étudier le soir même. Je pris une pointe de cuillère de mon tiramisu et le portais à mes lèvres. Le goût était toujours aussi délicieux, mais pas le même que la dernière fois. C'est l'avantage des produits fait maison ou par un pâtissier : on change de goût à chaque fois et on redécouvre ce que l'on mange sous un autre angle.

"Par Rowena, c'est divin !"

Comme elle disait. Mon avis sur cet en-cas n'était pas différent du sien, mais je le manifestais de façon moins bruyante en souriant doucement et largement. La première fois que j'étais venu ici, c'est le patron qui m'avait conseillé, à me demande, le tiramisu aux fruits. Il faisait avec ce qu'il avait, à l'époque des cerises, aujourd'hui des framboises, qui sait pour demain ?

"Je le trouves excellent également."

Je pris une petite gorgée de café. L'alliance de l’amertume puissante de l'expresso et de l'acidité piquante de la framboise est pour moi l'une des plus belles alchimies qui m'ait été données de pratiquer dans ma vie.

"Vos recherches me semblent fort intéressantes et je leur imagine déjà quelques applications à l'avenir dans mon propre domaine. J'espère que vous serez d'accord que nous en discutions encore à l'avenir.

Il avait l'air sincèrement intéressé par ce que je lui racontais et cela me faisait un bien fou. En général, la plupart de ceux qui n'avaient pas d'intérêt particulier pour les questions théoriques un peu pointues me regardaient comme une folle obsessionnelle. Ce que j'étais, dans un sens.

Wallace semblait apprécier son en-cas autant que moi, mais avec plus de calme. J'étais peut être un peu trop surexcitée après avoir parlé de mes travaux. Respire, Lizzie. Je toussotai pour reprendre une contenance.

"Je le trouves excellent également."

Ce disant, Wallace but une gorgée de café. Il avait d'ailleurs l'air ravi de son choix et cela se voyait sur son visage. Je me demandai avec amusement à quoi il pensait à cet instant. Ses idées étaient-elles, comme les miennes, bien souvent reliées à ce domaine d'expertise dont il avait fait sa spécialité ? Songeait-il que le miracle délicat que nous dégustions était, en quelque sorte, le produit d'une délicate et savoureuse alchimie ? Ce serait amusant.

"Vos recherches me semblent fort intéressantes et je leur imagine déjà quelques applications à l'avenir dans mon propre domaine. J'espère que vous serez d'accord que nous en discutions encore à l'avenir.
-Moi de même. Mais si vous souhaitez en discuter, n'hésitez pas à me contacter au ministère. Je suis quasiment toujours joignable là bas... Il vous suffit pour cela d'adresser un pli au service animagus. La grande majorité du courrier de notre service passe par moi."

En effet, j'avais pris l'habitude de centraliser les plis qui nous parvenaient et de les redistribuer s'ils étaient adressés à James ou Wallace. Mes deux collègues avaient d'autres choses à faire et moi, j'aimais assez gérer ce genre de choses. J'eus soudain une idée que je jugeai remarquable :

"Nous pourrions peut-être établir un lien entre nos deux spécialités. Je veux dire par là que nous pourrions avoir l'usage de certaines de vos compétences particulières lorsque nous sommes en mission. L'alchimie est certes complexe mais ses effets sont si remarquables... Je vous avoue que je serais curieuse de la voir appliquée dans un cadre plus pratique."

À la vérité, je pourrais établir mon laboratoire en face dans la rue, ça me permettrait de prendre tout mes desserts ici. En moins de six mois je serais d'ailleurs probablement devenu une boule qu'on roulerait dans sa salle de classes. Peut-être était-ce mieux que je ne vint pas tout le temps ici alors. En plus, qui sait en combien de temps je me serais lassé ?

"Moi de même. Mais si vous souhaitez en discuter, n'hésitez pas à me contacter au ministère. Je suis quasiment toujours joignable là bas... Il vous suffit pour cela d'adresser un pli au service animagus. La grande majorité du courrier de notre service passe par moi."

Je n'utilisais que rarement les hiboux, je préférais discuter avec une personne vivante devant moi et entendre sa voix. Le son est moins trompeur que la lumière dans bien des cas, et avoir le cerveau de quelqu'un à disposition permet de savoir exactement ce à quoi il pensait quand il a dit quelque chose. Alors que pour une lettre il faut au moins deux autres missives pour savoir cela... quelle perte de temps.

Je comprenais aussi qu'une femme du Ministère puisse être occupée souvent et préférer lire des missive que venir discuter. Ceci dit, peut-être était-il possible de concilier les deux. En adaptant au besoin par exemple : si nous avons tout deux le temps j'irai la voir, sinon une lettre passera bien.

"Nous pourrions peut-être établir un lien entre nos deux spécialités. Je veux dire par là que nous pourrions avoir l'usage de certaines de vos compétences particulières lorsque nous sommes en mission. L'alchimie est certes complexe mais ses effets sont si remarquables... Je vous avoue que je serais curieuse de la voir appliquée dans un cadre plus pratique."

À la vérité, je ne sais pas si mon emploi du temps permettra souvent une telle folie... et puis, je n'ai pas exécuté une mission depuis mon voyage en Egypte il y a des années. Je suis devenu un genre de rat de bibliothèque avec le temps, et j'apprécies de plus en plus un certain confort. À voir ce qu'elle me propose, ne jamais dire non de façon trop précipitée.

"Ce sera avec plasir que je vous enverrai une missive alors. En ce qui me concerne, si vous m'envoyez une missive au château je penses pouvoir la recevoir en main propre. En ce qui concerne votre proposition, prévenez moi si vous avez besoin de mon aide, mais je vous préviens, je suis très souvent pris par des cours."

Je lui souris, je venais d'avoir une autre idée en rapport avec ce qu'elle venait de dire.

"En revanche, si vous voulez simplement que je vous prépare quelque chose pour une mission, demandez et je verrai ce que je peux faire en travaillant vite."

Il semblait réfléchir sérieusement à la question et finit par me répondre :

"Ce sera avec plasir que je vous enverrai une missive alors. En ce qui me concerne, si vous m'envoyez une missive au château je penses pouvoir la recevoir en main propre. En ce qui concerne votre proposition, prévenez moi si vous avez besoin de mon aide, mais je vous préviens, je suis très souvent pris par des cours."

Ca, je voulais bien le croire. Etant spécialiste en métamorphose, animagie et métamorphose appliquée au ministère, j'étais régulièrement conviée à participer à des cours. On m'appelait régulièrement pour parler de mes spécialités aux futurs Aurors, notamment au sujet de l'usage de la métamorphose lors d'une infiltration. La simple préparation des cours en elle-même était déjà particulièrement intense. Mais lorsqu'il fallait corriger des copies après leurs examens, ça devait tout de suite encore plus compliqué. Oh, bien sûr, cela ne m'arrivait pas très régulièrement, mais j'étais assez intéressée par cette tâche qui s'ajoutait parfois à mon planning. J'avais toujours aimé faire une quantité astronomique de choses différentes en même temps. J'en étais là de mes réflexions lorsque Wallace ajouta :

"En revanche, si vous voulez simplement que je vous prépare quelque chose pour une mission, demandez et je verrai ce que je peux faire en travaillant vite."
-Oh, je n'y avais pas songé, répondis-je avec amusement. Je dois vous avouer que je serais quelque peu gênée de vous déranger ainsi dans votre travail... Mais j'y penserai, si l'occasion se présente. Pour être honnête avec vous, notre service n'a pas un très gros budget en matériel, puisque mes collègues et moi-même utilisons en priorité nos formes animagus lorsque nous sommes en mission. Mais pour ma part, je préfère toujours avoir une ou deux petites solutions sous le coude en cas d'urgence. Si jamais je pense à quelque chose d'utile, je vous en ferai part."

Je me reculai légèrement dans mon siège et ajoutai :

"Auquel cas, je pense que je viendrais vous voir en personne. De toute façon, je connais suffisamment de monde à Poudlard pour qu'un passage là-bas ne soit pas inutile."

Mes pensées se tournèrent tout naturellement vers les élèves que j'avais repérés comme étant "à risque". La jeune Yohana s'était d'ores et déjà tournée vers moi et j'avais quelque peu relâché ma surveillance. Elle travaillait très sérieusement sur les pistes que je lui avais données et j'étais convaincue qu'elle ne tenterait rien de stupide sans m'en avoir parlé au préalable. Par contre, Kathleen... Elle, elle m'inquiétait. Je n'avais pas eu de nouvelles dernièrement et j'espérais que cela n'était pas un mauvais signe. A cette pensée, je notai dans un coin de mon esprit qu'il fallait que je la recontacte.

Alizea se perdit légèrement dans ses réflexions. La vérité c'est que je n'avais vraiment aucune idée de si je pourrais un jour partir en mission ainsi avec elle, même si j'en avais bien envie au final. Mon travail à donner des cours dans trois institutions différentes avec six niveaux d'étude différents est quelque peu prenant, surtout quand il s'agit de préparer les-dits cours. Ça ira mieux l'année prochaine quand j'aurais une base déjà prête à enseigner.

"Oh, je n'y avais pas songé. Je dois vous avouer que je serais quelque peu gênée de vous déranger ainsi dans votre travail... Mais j'y penserai, si l'occasion se présente. Pour être honnête avec vous, notre service n'a pas un très gros budget en matériel, puisque mes collègues et moi-même utilisons en priorité nos formes animagus lorsque nous sommes en mission. Mais pour ma part, je préfère toujours avoir une ou deux petites solutions sous le coude en cas d'urgence. Si jamais je pense à quelque chose d'utile, je vous en ferai part."

Si ça m'avait réellement dérangé, je ne lui aurais pas proposé. Il y a politesse et abnégation aveugle. La première était de mise, la seconde non. J'avais un devoir envers mes élèves, après tout c'est mon métier de leur enseigner l'alchimie, mais je ne suis jamais contre aider quelqu'un. Il me reste beaucoup de temps libre certains soirs, puisque mes cours sont pratiquement tous préparés les week-ends. Pratiquement.

"Auquel cas, je pense que je viendrais vous voir en personne. De toute façon, je connais suffisamment de monde à Poudlard pour qu'un passage là-bas ne soit pas inutile."

Cette idée me ravit immédiatement et je lui souris en l'entendant. Recevoir sa visite à Poudlard pour discuter me paraissait une excellente idée, qui m'enthousiasmait par avance. Je n'avais pas souvent l'occasion de discuter d'autres matières que la mienne, alors peut-être en profiterais-je si elle me rend visite.

"Je serai ravi de vous accueillir dans mon laboratoire quand vous le souhaiterez. Enfin, si je ne suis pas en cours, bien évidemment."

Je lui souris toujours en repris une longue gorgée de mon café.

"Et ne vous inquiétez pas par rapport au dérangement. Je ne vous aurais pas proposé mon aide si je ne m'étais pas pensé capable de vous l'offrir. De plus... si jamais il arrivait que je ne puisse pas faire ce que vous demandez, je pense que vos anciennes techniques seront toujours d'actualité, alors vous ne perdriez pas grand chose à m'envoyer un hibou.

Ma proposition de passer à Poudlard sembla satisfaire mon interlocuteur, car celui-ci se mit à sourire très largement. Il avait l'air emballé par l'idée et j'imaginais aisément qu'il était comme moi : toujours enthousiasmé à l'idée de discuter magie autour d'une tasse de quelque chose. J'avouerais sans fausse honte que c'était là un de mes passe-temps favoris, surtout lorsque l'interlocuteur se trouve être quelqu'un d'intelligent de réfléchi. Dans ce cas, la conversation devient tout bonnement passionnante.

"Je serai ravi de vous accueillir dans mon laboratoire quand vous le souhaiterez. Enfin, si je ne suis pas en cours, bien évidemment."

Comme de bien entendu. Je n'allais tout de même pas m'incruster dans un cours d'alchimie... Quoi que l'idée n'aurait pas été pour me déplaire, par simple curiosité. Mais jamais je ne me serais permise de déranger ainsi un enseignant en plein travail. J'étais pour ma part rapidement irritable lorsqu'on venait déranger les quelques cours que je pouvais donner. Il faut dire que j'avais tendance à m'emporter rapidement dans ma lancée... Alors toute interruption n'était évidemment pas la bienvenue.

"Et ne vous inquiétez pas par rapport au dérangement. Je ne vous aurais pas proposé mon aide si je ne m'étais pas pensé capable de vous l'offrir. De plus... si jamais il arrivait que je ne puisse pas faire ce que vous demandez, je pense que vos anciennes techniques seront toujours d'actualité, alors vous ne perdriez pas grand chose à m'envoyer un hibou.
-Je n'y manquerai pas, soyez-en sûr." confirmai-je avec un très large sourire.

A ce moment, je terminai ma boisson et mon dessert, une expression de délice sur le visage. Je recommanderais sans nul doute cet établissement à l'avenir... Et n'oublierai pas de repasser moi-même, à l'occasion. Je souris légèrement à mon interlocuteur en disant :

"Cette rencontre fut pour moi des plus enrichissantes, mais je vais devoir vous laisser, pour cette fois. J'ai quelques recherches qui m'attendent et je dois avouer que de vous en avoir parlé m'a motivée à les pousser un peu plus loin encore. J'espère néanmoins vous revoir incessamment sous peu, professeur Swörl."

Hrp:

Je finis lentement mon café en écoutant mon interlocutrice parler. Apparemment, l'idée de travailler avec moi lui plaisait autant qu'à moi l'idée de travailler avec elle. L'échange serait intéressant et le travail un peu dépaysant : que demander d'autre.

"Je n'y manquerai pas, soyez-en sûr."

Cela scellait dans mon esprit, le début d'une grand collaboration entre la métamorphose et l'alchimie. Et surtout, cela m'offrirait l'occasion de revoir une personne qui m'est, ma foi, des plus agréables. Je pris la dernière bouchée de mon tiramisu en l'écoutant parler. Comme je m'en doutais, son emploi du temps annonçait la fin de cette petite pause détendue.

"Cette rencontre fut pour moi des plus enrichissantes, mais je vais devoir vous laisser, pour cette fois. J'ai quelques recherches qui m'attendent et je dois avouer que de vous en avoir parlé m'a motivée à les pousser un peu plus loin encore. J'espère néanmoins vous revoir incessamment sous peu, professeur Swörl."

Je lui souris à mon tour avant de lui répondre. Le genre de petit sourire charmé et rieur que j'avais rarement. Sa déclaration me plaisait, et le fait qu'elle ait l'air d'avoir passé un bon moment me ravit.

"Ce fut pour moi un plaisir de vous rencontrer. Je regrette que nous ne puissions pas discuter plus longtemps, mais je vous comprends : comme moi votre emploi du temps laisse peu de place à la discussion dans un café. Je serai ravi que nous nous revoyons bientôt, que ce soit pour le travail ou pour un café, mademoiselle Prewett."

Je levais la main pour héler le serveur afin de régler, comme j'en avais l'habitude, à table. C'est moi qui invitais, j'espérais qu'elle n'en prendrais pas ombrage. J'avais passé un moment vraiment agréable, et je souhaitais l'en remercier à ma manière.

Son sourire était des plus agréables. Il avait semblé réellement apprécier nos conversation et ce peu de temps que nous avions passé tous les deux. Je devais bien avouer qu'il était toujours sympathique de tomber par hasard sur un interlocuteur agréable et intéressé.

"Ce fut pour moi un plaisir de vous rencontrer. Je regrette que nous ne puissions pas discuter plus longtemps, mais je vous comprends : comme moi votre emploi du temps laisse peu de place à la discussion dans un café. Je serai ravi que nous nous revoyons bientôt, que ce soit pour le travail ou pour un café, mademoiselle Prewett."

Il leva la main pour interpeler le serveur qui se dirigea vers nous. Je ne tardai pas à comprendre qu'il avait l'intention de payer nos consommations à tous les deux, mais ne fis aucune remarque. Même si j'appréciais personnellement le fait d'être une femme indépendante, j'avais la conviction que nous nous reverrions... Et que je pourrais donc lui rendre la pareille ultérieurement. Je me contentai donc de sourire aimable et lui dis :

"Merci beaucoup. Comme je vous l'ai dit, n'hésitez pas à me contacter au besoin... Ou à l'envie."

Je le gratifiai de nouveau d'un immense sourire avant de me lever. Puisque notre entrevue était terminée, je le laissai me raccompagner à la porte avant de lâcher avec un sourire :

"A bientôt, professeur."

Après quoi, je m'éclipsai discrètement avant de transplaner jusqu'à chez moi. Cette conversation avait été pleine d'intérêt et je ne pouvais pas retourner au ministère tout de suite pour rempir les documents relatifs à l'incident dans l'allée des embrumes... Alors j'avais décidé de passer la soirée à travailler sur ma théorie, non sans avoir une pensée pour ce que m'avait dit le professeur au sujet de l'alchimie... Et l'idée de faire changer les choses de forme pour permettre qu'elles soient mieux imprégnées. Cela pouvait être une explication plausible à l'utilisation de la magie chez certaines personnes...

C'est en travaillant sur cette idée que je passai ma soirée... Et ma nuit.