Participation d'Arnaud Malefoy
"Nous sommes faits de la même étoffe que les songes et notre petite vie est entourée de sommeil." William Shakespeare
Rêver. N'est-ce pas là le propre de l'homme ?
Non. Même les animaux rêvent. Alors, à quoi sert le rêve, au juste ? A nous plonger dans une bienheureuse inconscience pour oublier la violence du monde qui nous entoure ? Oh, comme j'aimerais que mes rêves soient de cette sorte. Depuis peu, les miens ne sont qu'une douloureuse succession de peines et de souvenirs qui m'étouffent. Moins que le monde extérieur, peut être. La vie est trop brutale. Trop sauvage.
Dès qu'apparaît quelque part le moindre rayon de soleil, il est aussitôt détruit. Depuis la mort de mes parents, j'ai l'impression d'évoluer dans un univers sombre et fermé. Glacial. Jusqu'ici je ne me souciais de rien. Je me contentais d'être, sans prendre en compte tout ce qu'il se passait autour. Je ne me rendais même pas compte de mon propre bonheur. J'étais l'un de ces inconscients, heureux de déguster une bouteille de bon vin, au soleil, écoutant distraitement un joueur de violon de rue, uniquement dérangé par le carillon du bar où je serais assis...
Aujourd'hui, je ne peux plus me plonger dans cette bienheureuse inconscience. J'ai été jeté malgré moi dans un tout autre univers, ou l'engourdissement même des songes ne fait plus effet. Jusqu'ici, je rêvais constamment. Maintenant... Je n'ai plus ce loisir. Je dois faire face à un état d'éveil qui me détruit un peu plus chaque jour. Même lorsque je ferme les yeux, tout n'est plus que ruine et désolation. Comme l'hermine qui perd sa livrée d'été pour passer à un blanc d'hiver, je changeais. La vie s'était chargée de détruire l'espoir en moi, comme un insecte écrasé par une chaussure. Négligemment, sans vraiment y penser.
Rêver, alors ? C'est là le propre des faibles.
"Nous sommes faits de la même étoffe que les songes et notre petite vie est entourée de sommeil." William Shakespeare