"Moi je sais que les bonbons valent mieux que la raison", extrait de "Ah vous dirais-je maman"
Le vie est simple pour Leonardo : être heureux et être heureux seulement. Après tout, il a sans doute raison de ne pas se soucier d'autre chose que des petites joies du quotidien. Aussi, il n'est pas étonnant de le voir filer à travers les jours comme un boulet de canon jovial, aussi doux et sucré que la barbapapa. Et cette étonnante faculté qu'il est d'être toujours heureux détend sur les autres et ses premiers clients sont sans conteste les elfes de maison des cuisines de Poudlard. Leonardo y passe beaucoup de temps car c'est le seul endroit au château où il peut cuisiner, ce qui pour lui est aussi important que de respirer.
Et ce samedi matin, alors que l'école profite encore du week-end commençant, le petit Poufsouffle dodu est déjà derrière les fourneaux, heureux et amoureux de chaque instant. Il examine avec attention la quantité de farine qu'il verse dans sa préparation, il surveille du coin de l’œil ses gâteaux qui cuisent au four. Il en a fait de toute sorte : des sapins, des violons, des flocons, des chaussures, et mêmes quelques petits animaux comme des oiseaux ou des lapins et des hermines. Oui, j'ai oublié de vous le dire ! Leonardo s'entraîne pour les gâteaux qu'il compte faire cette année pour Noël. Cette fête est importante pour lui car il aime donner. Il n'a pas été déçu d'apprendre que le Père Noël n'existait pas, bien au contraire. L'idée que tout un chacun pouvait offrir des cadeaux aux autres en cette occasion spéciale l'a ravie. Alors ce petit lutin s'active chaque année afin que ses pâtisseries fassent naître des sourires joyeux sur le visage des gens, et ce, plutôt que de réviser ses leçons et d'apprendre ses sorts. Mais il s'en fiche. A quoi bon avoir des bonnes notes si on est pas heureux ? Et puis, comment résister à l'appel merveilleux du caramel, du gingembre, du citron confit et de la cannelle ?
Un carillon retentit et Leonardo se précipite. La première fournée est cuite. Il attrape un torchon épais et ouvre le four antique avec précaution. Il en sort la plaque sur laquelle les petits gâteaux reposent, heureux qu'ils sont de se retrouver à l'air libre. L’œil expert du gamin les observe avec attention à la recherche du moindre défaut. Puis, il attrape une bouteille de lait, s'en sert un verre et trempe un gâteau dedans avant de le déguster délicatement. Il hoche la tête d'un air déterminé avant de se tourner, le sourire aux lèvres vers les elfes de maison qui s'activent autour de lui.
« Bon, les amis, la première fournée est bonne. Qui en veut ? »
Et même si les elfes sont gênés d'accepter ainsi de la nourriture, Leonardo n'en a rien à faire. Donner de la nourriture et du bonheur, ce qui pour lui revient au même, est ce pourquoi il est né. Et Dieu qu'il est heureux d'être né.
"Moi je sais que les bonbons valent mieux que la raison", extrait de "Ah vous dirais-je maman"