Je m'étais absenté juste quelques minutes, J'étais parti faire un tour dans le "jardin" -si cette immensitée verte pouvais être appelé jardin- pendant que mon aimé discutait avec sa mère. C'était beau de les voir ensemble, Link souriait et la paix régnait dans la chaumière. C'était tellement agréable.

J'avais marché dans le jardin donc et je m'étais perdu dans un parterre de fleurs. Il y en avait tellement, c'était beau et coloré et je faisais surement tâche au milieu de tout ça.

Link discutait tranquillement dans la cuisine avec sa mère, ou plutôt écoutait sa mère babiller joyeusement, le regard un peu perdu et le sourire aux lèvres. Seyn et Alek avaient quitté la cuisine et le muet ne semblait pas l'avoir remarqué. En vérité, Alek avait suivi le commerçant dans le jardin, usant d'une discrétion qui lui était peu connu. Il avisa Seyn et sourit.

- C'est beau n'est-ce pas? Quand Crystal a acheté la maison, elle était presque en ruine. Link était jsute né à l'époque. Le jardin était une sorte de jungle sans nom, jusqu'à il y a quelques années. Et puis après... l'incident, le petit a eu besoin de quelque chose, d'une distraction? Il a trouvé du réconfort dans ce jardin, quand on venait pendant les vacances. J'aurais jamais cru que quelque chose de non magique puisse créer une chose aussi parfaite.

Je sursautai légèrement en entendant la voix d'Alek dans mon dos, je me retournais avec un sourire puis l'écoutai me parler de Link, j'adorais entendre les gens parler de mon aimé.

- C'est vrai. C'est vraiment jolie. Je comprend que Link se sente bien ici, ce jardin lui ressemble, beau frai et coloré. Enfin ... Je dis ça ... Ca fait vraiment culcul hein ?

Je m'accroupis dans l'herbe pour venir voir de plus près une belle fleur violette.

Le rire clair et franc d'Alek retentit dans le jardin, faisant s'envoler un couple de moineau gênés dans leur bécotage. Il sourit tendrement en voyant les réactions de Seyn puis fit un pas vers lui.

- Viens avec moi, tu veux?

Sans se soucier de la réponse, il fit rapidement le tour de la maison pour tomber sur un parterre de fleurs noires et pourpre, à l'ombre de la masure.

- Elles sont étonnantes, celles-ci. Presque malsaines, comme si elles étaient mauvaises par essence. Ce ne sont que des fleurs mais ça se ressent. Link est comme ce jardin, tu as raison. Mais il n'y a pas que l'aspect innocent de lui qui ressort ici. Ses pires cicatrices poussent dans la terre. Et ce parterre est le premier qu'il a réussi à faire pousser. La couleur n'est pas vraiment une surprise n'est-ce pas?

Je suivis docilement Alek et perdis toutes traces de sourire en voyant le parterre de fleurs sombres. Oui c'était malsain. Je sentis les larmes me monter aux yeux mais non ! Il ne fallait pas pleurer Seyn, pas maintenant, pas après tout ça.

Je m'avançais doucement vers les fleurs, j'avais l'impression d'avoir un animal sauvage en face de moi. Une fois à proximité, je me baissais et caressai les pétales de l'une d'elle.

- C'est aussi une partie de lui, donc j'aime ses fleurs comme ses blessures. Je l'aime dans son entier Alek, son passé, son présent et son futur. J'aime tout les recoins de son âme même les plus sombre.

J'eus un petit sourire.

- Bien, dans ce cas je n'aurais pas tout le speech du "si tu lui fais du mal je te tue" à faire... Quoique Crystal peut être une très bonne botteuse de derrière, méfie-toi!

Alek rit légèrement et un bruit, forcé, se fit entendre. Quand l'adulte releva le regard, ce fut pour tomber dans celui, légèrement inquiet et désapprobateur de son filleul préféré...Accessoirement seul filleul.

- Tiens, Poussin! Si tu as fini avec ta mère je vais aller l'aider. Tu as ce qu'il faut pour écrire à ce que je vois. Okay. A plus Seyn! Et pas de bêtises dans les fleurs, les gars!

Après un clin d'oeil grivois qui fit lever les yeux aux ciel du muet, Alek disparut au coin de la maison. Link grimaça et s'accroupit à côté de Seyn, après avoir écrit un bref message. Il lui tendit puis caressa les pétales d'une des fleurs avec affection.

J'aurais préféré que tu ne les vois pas. Elles sont...effrayantes pour la plupart des gens. Même Alek et ma mère ont du mal à s'en occuper sans se sentir mal à l'aise.

J'appréciai instantanément la proximité avec Link et lui souris franchement après avoir lu son mot :

- Je ne dirais pas que je peux m'en occuper, si je fais ça, ce sera une catastrophe.

Je regardais une nouvelle fois les fleurs avant de reporter mon regard sur Link :

- Je suis content d'avoir vu cet endroit.

Une nouvelle fois je lui souris tendrement.

Link sourit et se colla un peu plus à Seyn, épaule contre épaule.

Je suis content que tu l'aies vu, étrangement. Je ne veux rien te cacher de moi. Je sais que je ne parle pas beaucoup de qui je suis, de ce que je fais, ce que je faisais. Et je suis conscient que ça doit changer, parce que je t'aime et que toi aussi et que tu es aussi ma famille, maintenant. Alors...dans un sens, je suis content.

Le muet tendit son bout de papier au commerçant puis lui fit un tendre baiser sur la joue, prolongé par une caresse du bout du nez sur l'épiderme arrondi.

Je lus le petit mot de Link et passai mon bras autour de ses hanches tout en profitant de la petite caresse. Je la terminai par un baiser chaste sur le coin de ses lèvres et ajoutai :

- Je veux tout savoir de toi Link, chaque seconde, chaque détail mais je veux aussi que ca vienne en temps voulu. Je ne te forcerai jamais à parler. Un jour, peut-être que tout sera dit ou peut-être pas. Qu'importe tant que tu te sens bien et oit-même.

Je lui souris une nouvelle fois.

Le muet se laissa tomber en position assise et sourit tranquillement. Ils étaient seuls, cachés par l'ombre de la longère, cachés par l'ombre de ces fleurs noires et pourpres qui semblaient un peu plus lumineuses aujourd'hui. Et il était heureux. Sacrément heureux. Alors il écrivit quelques mots à Seyn.

- Je ne suis jamais tombé amoureux, avant toi. La sensation est déroutante, étrange, mais si agréable. L'année qui vient de passer a changé ma vie plus que tout ce que j'ai vécu à part l'accident. Et te rencontrer est la meilleure des choses qu'il me soit arrivé.

Je rougis instantanément en lisant ses mots. C'était beau. Je sentis une chaleur au creux de mon estomac . J'étais heureux. J'étais déjà tombé amoureux mais ce que je vivais avec Link était si pure...

- Tu ne peux pas savoir à quel point ca me fait plaisir que tu me dises ça. Tu es un océan de lumière dans ma Vie Link.

Je fis glisser ma main dans ses cheveux et chuchotais :

- Une océan de Lumière.

Link ne put s'empêcher d'embrasser Seyn à ces mots. Qui aurait pu les voir de toute façon? Il n'y avait ici que des fleurs, des amis muettes qui avaient été le témoin de moments bien plus tristes que celui-ci. Le muet porta tout l'amour qu'il put dans le baiser, ses mains se retenant à l'herbe grasse, le rattachant à la réalité. Tout n'était pas qu'un rêve. C'était vrai, et ça rendait ça encore plus merveilleux.

Pris dans un élan de je-ne-sais-quoi, je soulevais Link tout en l'embrassant et le portai, j'attendais qu'il enroule ses jambes autour de ma taille. J'avais envie de romantisme et de luminosité. La petite colline verte derrière le terrain des Brown était parfait.

Link enroula ses jambes sans difficulté autour des hanches de Seyn et fit de même avec ses bras sur ses épaules. Il était léger, l'avait toujours été en réalité, mais il s'étonnait souvent de voir que l'homme qu'il aimait n'avait aucun mal avec son poids. C'était comme s'il ne pesait rien. Sans réfléchir plus que ça, le muet parsema le visage de Seyn d'une multitude de baisers aériens, appréciant leurs corps collés l'un contre l'autre.

Je riais sous les baisers de mon aimé, c'était tellement doux et agréable. C'était frais. Je gravis la colline sans difficulté et une fois au sommet je me laissais tomber sur le dos, Link toujours sur moi. Je laissais le Soleil illuminer les cheveux de mon aimé et lui souriait avec bonheur. Je me sentais comme dans un tableau romantique peint à l'aquarelle.

Link riait comme un enfant, là au dessus de Seyn, et son regard voulait capturer ce visage pour ne jamais l'oublier. La journée était belle, le soleil les enveloppait de rayons chauds et protecteurs et le muet sentait son coeur exploser comme des petites bombes dont le détonateur était l'amour. Au lieu de s'allonger aux côtés de Seyn, il préféra s'affaler sur lui, un sourire joueur et malicieux sur le visage.

Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en sentant le poids peu conséquent de mon aimé sur moi. On ressemblait à deux enfants qui découvre l'amour. Cette sensation était jouissif. Je passais ma main dans ses cheveux. Ils étaient tellement doux. Mon autre main s'arrêta au creux de ses reins et je vins doucement l'embrasser sur les lèvres. Ses lèvres sucrées.

Le muet se laissa emporter dans le baiser et embrassa Seyn avec tendresse goûtant sa bouche avec douceur, laissant sa langue rejoindre sa consoeur pour une danse qu'elles seules semblaient connaître. Quand il rompit le baiser, ce fut seulement pour ramasser une petite fleur sauvage du bout des doigts et la placer dans les cheveux de son amour, un sourire doux sur les lèvres.

AH, cette sensation était tellement pure et parfaite. Je ne voulais absolument pas que ca s'arrête. je voulais juste rester comme çà, à le contempler, à savourer la sensations de ses doigts dans mes cheveux.

Mais pourtant, mon envie de l'embêter gentiment vint et je nous fit tout les deux basculer dans la pente douce de la colline. Je riais

Link se retrouvait des années projeté en arrière, quand le son de sa voix résonnait encore alors qu'il dévalait la pente de la colline en riant, une fois le printemps venu. La sensation était différente: il était pris entre Seyn et la terre, entre la terre et Seyn, et sa tête le tournait alors qu'ils roulaient allègrement, le rire de Seyn tintant dans le paysage. Le bas de la pente arriva bien vite et une tache blanche attira le regard de Link.

- Les garçons, nous allons goûter, donc si vous voulez venir, c'est maintenant. J'ai fait des cookies, Link, et du brownie, il sort du four.

Puis Crystal partit, l'air de rien, laissant les garçons se rhabiller correctement.

Je rougis quelque peu en voyant Crystal nous regarder et nous proposer un gouté, je rajeunissait de dix ans d'un coup. Des cookies ? Mince, les cookies d'une maman sont toujours les meilleurs. Ceux de ma mère son délicieux mais ceux de papa sont encore meilleurs. Je me demandais quel goût avait ceux de la mère de Link.

Doucement je me relevai et tendis la main à Link avec un immense sourire.

- Allons-y

Link se releva, la tête lui tournant un peu, et prit la main de Seyn avec délice. En se dirigeant vers la terrasse, il récupéra son carnet abandonné ainsi que son stylo et s'installa bien volontier devant un grand verre de lait frais, aux côtés de Seyn, face à un Alek qui les regardait, goguenard. Crystal ne dit, pour sa part, pas un mot et servit les deux garçons en pâtisseries, regardant affectueusement son fils émietter le cookie avant de le manger et faire de même avec sa petite par de brownies.

Les moments en famille étaient un petit peu plus délicat à gérer pour moi. J'avais du mal à m'intégrer et bien que je sois suffisamment à l'aise pour tenter l'impossible.

Je relevai la tête vers Crystal après avoir croqué dans le cookie -exquis- et lui dis dans un français bien approximatif et avec un accent clairement à vous écorcher les oreilles :

- Ca sont délicieux, Crystal -impossible de dire son prénom en Français par contre ...- Merci Beaucoup !

Les efforts de Seyn pour parler à Crystal et Alek ces derniers jours avaient rempli Link d'une fierté sans nom. Il était beau à tenter de parler français alors que tout le monde autour de la table comprenait parfaitement l'anglais. La mère du muet remarqua tout de même son malaise et s'engouffra dans la maison, emportant Alek avec elle sous un prétexte fumeux. Link profita de ce moment pour respirer amplement, très nerveux. Il poussa son assiette et se mit alors à écrire.

- Il y a quelque chose dont il faut qu'on parle.

Je fis une petite grimace quand je vis Crystal et Alek s'en aller, nous laissant seuls tout les deux. Imperceptiblement je me détendis et croquai une nouvelle fois dans la pâtisserie avec délice.

Pourtant, quand je lus le mot de Link, je ne pus taire la petite boule d'angoisse qui grandissait dans mon estomac. Néanmoins, je lui souris :

-Oui ? Qu'y a t'il ?