Link souffla une fois, puis deux. L'idée même d'annoncer ce qu'il allait annoncer à Seyn le rendait nerveux et complètement malheureux, mais il le devait, et à Seyn et à lui-même.

J'ai eu l'année pour réfléchir à ce que j'allais faire après Poudlard. Je suis muet et ça me ferme beaucoup de portes dans le monde de la magie, avouons-le. En plus de ça je suis mauvais en beaucoup de choses et bon en très peu. Mais la botanique...j'aime la botanique. Et j'aime la magie et je me suis demandé si je ne pouvais pas faire des recherches qui lieraient les deux...sur le bois des baguettes plus précisément. C'est important pour moi de mener à bien ce projet parce que c'est le début d'un projet plus grand qui me tient beaucoup à coeur mais pour ça je vais devoir partir.

J'eus l'impression de me prendre un mur. Un gros mur bien épais et bien dur. La bulle se fissurait. Il devait partir. Je ... Je n'avais tellement pas envie. Sa présence. J'avais besoin de sa présence, de lui. C'était tellement égoïste comme pensée.

Non Seyn ! Tu dois l'encourager. J'étais sûr que c'était aussi dur pour lui...

-Je ... Je comprend, je vois. Tu iras loin tu crois ?

Je souriais... Je souriais sincèrement... Je souriais juste peut-être un petit peu plus tristement que d'habitude.

Link caressa la joue de Seyn et l'embrassa sur le front avant de recommencer à écrire.

- Un peu partout. Sur tous les continents. Mais pas plus d'un an. Et je reviendrais dès que je le pourrais. Je ne partirais qu'en Janvier et je t'enverrai du courrier dès que je le peux. Mais je ne pars pas pour toujours. Je sais que ça va être dur mais on s'en sortira, non?

Oh Merde non Link, pas cette bouille là ! Tu étais beaucoup trop craquant pour ma santé mental. J'avais envie de pleurer. Ravaler ses larmes. Doucement, surement. Tu es un homme Seyn. Tu ne vas pas te mettre à pleurer comme une fillette ! Un an, juste un an ! C'est long un an...

- Si tu bouges tout le temps, je ne pourrais pas répondre à tes lettres ... Si ?

Link ne prit pas la peine d'écrire pour répondre. Il secoua la tête dans un signe négatif et rapprocha sa chaise de celle de Seyn d'un bond puis l'enlaça avec tendresse. Il pouvait voir, presque sentir de façon tangible à quel point ça le peinait de le voir partir. Il était triste aussi rien qu'à l'idée de quitter cette nouvelle vie douillette, mais il le devait, pour tourner la page.

Ravaler ses larmes et sourire. Tu le fais si bien au magasin Seyn, pourquoi c'était si difficile ce jour là ?
Je me plongeais dans l'étreinte de Link, je me gorgeais de son odeur et poussai un imperceptible soupir avant de reprendre presque joyeusement :

- Tu vas étudier les plantes, c'est ça ? Il va vraiment falloir que je révise mon langage des fleurs si je ne veux pas être paumé quand tu rentreras.

Je riais

Le muet fronça les sourcils. C'était clair que le joueur de Quidditch se forçait. Son rire sonna faux à ses oreilles et Link se sépara de lui, un sourire triste sur les lèvres. Il colla son front à celui de Seyn quelques secondes puis prit son carnet.

Ne te force pas, je sais que c'est difficile. Pour moi aussi ça l'est.

Je profitai un instant du contact que m'offrait Link avant de lire son petit mot. J'étais un piètre acteur et je le savais... Le fait qu'il s'en rende compte était évident ... Surtout lui. Je lui souris tristement et cachais mon visage dans son cou et murmurai :

- Si c'est nécessaire, si tu en a besoin et que tu le veux alors tout ira bien. Je t'attendrais autant de temps qu'il le faudra

Link sourit piteusement et frissonna quand le souffle de Seyn s'échoua dans son cou, contre sa peau fragile. Il lui releva la tête et l'embrassa avec douceur, les mains sur ses joues. Il avait entre ses doigts le plus beau joyaux du monde. Et s'il l'abandonnait maintenant, c'était pour rentrer digne de lui. Il y parviendrait, coûte que coûte.

En sentant les mains de Link sur mes joues et ses lèvres sur les miennes, je me détendis instantanément. C'était le meilleur pansement qu'il pouvait m'offrir.

Une fois le baiser terminé, je pris fermement Link dans mes bras en un câlin que j'esperait protecteur et agréable et lui souffla à l'oreille :

- Je serais toujours là pour toi.

Le sourire que décrocha le muet fut le plus grand que sa mère n'avait jamais vu sur son visage quand elle vint débarrasser. Il était lumineux, il était frais et rappelait à Crystal un petit garçon malicieux qui adorait parler pour ne rien dire. Là, dans les bras de Seyn, Link semblait parfaitement à sa place. Il y était depuis un petit moment, peut être depuis des heures, et espérait y rester pour le reste de sa vie. Parce qu'il avait trouvé un but à atteindre et celui-ci n'était rien d'autre qu'une vie heureuse avec Seyn Landers. Il y arriverait.