Depuis maintenant quelques jours, j'avais plus de mal à me concentrer sur les cours que d'habitude. Non pas qu'ils ne m'intéressaient plus, mais les derniers événements me faisaient réfléchir. L'agression dans la forêt, mais surtout... Un sourire immense s'étira sur mes lèvres rien qu'à cette pensée. J'arrivais à la porte de mon appartement, et je l'ouvrit.

- Bonsoir mon chéri !, s'exclamait Liz.
- Bonsoir mon ange !

Je la pris dans mes bras et la serra contre moi, heureux de la retrouver désormais chez moi.

- Alors, qu'as-tu fait de beau aujourd'hui ?

- J'ai rendu visite à Alizea, répondit Liz.

J'arquais un sourcil. Alizea ? Pourquoi était-elle allé la voir ? Bah, après tout elles étaient amies, non ? Tout du moins c'est ce que j'avais cru comprendre.

- Oh ? Ça fait un moment que je ne l'ai pas vue. Comment va-t-elle ?

- Bien. Elle travaille sur des histoires d'origines de la magie tout ça... Pas tout compris mais ça avait l'air passionnant d'après la façon dont elle en a parlé.

Ah bon ? Les origines de la magie ? Je n'en savais rien. Ce devait être un sujet très complexe. Beaucoup trop pour ma petite Liz en tout cas. Je lui déposais alors un baiser sur le sommet du crâne, mais je la sentais gigoter dans mes bras.

- Ça va ?

- Heu, oui, heu... En fait j'me suis fait un peu mal en... Tombant dans les escaliers. Tu sais comment je suis, incapable de faire trois pas sans me casser la figure.

En tombant dans les escaliers ? Je soupirais, relâchant la tension qui s'était accumulé en si peu de temps. J'avais eu peur qu'il ne lui soit arrivé quelque-chose de grave. J'avais protégé l'appartement de tout les sortilèges de protection que je connaissais, mais il suffisait qu'elle en sorte pour s'exposer au danger.

- Où est-ce que tu t'es fait mal ?

- Respires mon chéri, c'est rien. Je me suis juste abîmé le bras. Un petit peu. J'me suis rattrapée dans ma chute mais du coup j'ai un peu mal au coude, elle a dit que c'était pas très grave et qu'il suffisait que je prenne une potion le soir et que demain soir ça ne ferait plus mal.

Je me plaçais devant elle et me mit à genoux pour saisir son bras et le caresser du bout du doigt pour trouver le diagnostiquer. Je ne doutais pas qu'Alizea avait déjà dû faire le nécessaire, mais j'avais besoin de vérifier moi-même. Ce que je découvris me laissa confus.

- Liz... Tu ne t'es pas juste "abîmé" le bras, n'est-ce pas ?

- Beeen... Lizzie a dit que l'os était probablement fêlé... Ça fait mal mais elle m'a donné ce qu'il faut...

Je soupirais. Elle avait vraiment le don de se casser pour un rien. Cela avait toujours été comme ça. Mme Pomfresh lui aurait donné une carte de fidélité si elle existait. Je lui déposais un baiser sur le bras, comme ceux que faisaient ma mère pour faire envoler la douleur. La plus puissante des magies. Je me redressais alors, et l'embrassait cette fois sur les lèvres.

- Tu as faim ? Je vais préparer quelque-chose, si tu veux quelque-chose en particulier, dis-le moi.

- Un steak ? Bien saignant ? Te plaît ?

Je lui embrassai la joue et commença à sortir les ustensiles pour préparer ce steak. Je comptais m'en faire un aussi, après tout. Je me demandais si mon goût prononcé pour la viande ne venait pas de... de mes origines lycanthropiques. Bah, après tout on s'en fichait pas mal, j'ai connu d'autres personnes qui aimaient la viande, et elles étaient parfaitement humaines.

- Tu veux quelque-chose pour accompagner ?

- Hem... Des frites ?

Je ne savais pas pourquoi, mais je me doutais de cette réponse, ce qui me tira un rire bref. Elle ne changeait pas. Et c'était tant mieux. Je l'entendis alors sortir les pommes de terre à côté de moi, mais elle décida de les éplucher avec sa baguette. Je gardais alors un œil sur elle -façon de parler-, sachant que cela pouvait dégénérer d'un moment à l'autre tandis que je commençais à faire cuir la viande. Je l'entendis alors étouffer une plainte en se grattant la joue.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es aussi fait mal à la joue ?

- Ouais, un peu. Miss catastrophe, quoi.

Je refermais le couvercle de la poêle qui commençait à cuir, posa ma main sur la sienne, celle qui tenait sa baguette, et l'autre s'était collée à sa joue. Mes doigts la caressait lentement et je découvrit avec stupéfaction ce que je touchais.

- Liz... Ça, c'est une brûlure.

Ma main qui s'était posée sur celle de Liz vint trouver son autre joue, et l'incita à tourner la tête vers moi. Mon regard était devenu, malgré moi, plus dur que je ne l'aurais voulu.

- Qu'est-ce qui s'est vraiment passé ?

- Je me suis entraînée à utiliser des sortilèges...

Cette fois, mes deux sourcils s'étaient levés. Des sortilèges... Si cela avait été dans un autre contexte, j'aurais pu croire que c'était de simples sortilèges genre ménagers ou ce genre de chose. Connaissant ses lacunes dans ce domaine, j'aurais pu y croire.

Seulement, je n'y croyais pas. Surtout avec Alizea.

- Alizea t'as dit quelque-chose ?

Elle restait silencieuse. Par Lucifer... Qu'est-ce qui s'était passé ?!

- Non, c'est moi... Je lui ai demandé de m'apprendre à utiliser des sortilèges d'attaque et de défense.

Mes mains tombèrent sur ses épaules, n'arrivant plus à les soutenir, abasourdi par ce que j'entendais. Des sortilèges d'attaque et de défense ?! Je ne croyais pas aux coïncidences. Elle était au courant de quelque-chose. Comment ?

- Tu sais ce qui se passe. N'est-ce pas ?

- Oui. Je t'ai entendu, quand tu lui as expliqué... Tu avais laissé l'oreille à rallonge en état de fonctionnement...

Oh... C'était donc ça... J'avais totalement oublié à ce moment-là cet accessoire. Elle avait donc absolument tout entendu... Je crois que je comprenais alors sa démarche. Je ne savais pas quoi dire, des tas de sentiments se bousculaient dans ma tête. J'étais en colère, attristé, inquiet, nerveux... Bref, un vrai bordel.

Mon premier réflexe fut de l'attirer dans mes bras et de la serrer fort contre moi.

- Je suis désolé, murmurais-je d'une voix tremblante. Désolé de t'avoir entrainé là-dedans...