Il est onze heure trente et je viens d'atterrir à Près-au-lard, en toute illégalité. J'ai, pour la deuxième fois en peu de temps, emprunté un balais pour me rendre chez Arnaud. Je ne pouvais pas attendre. Je ne pouvais pas écrire. Il faut que je le vois. Une fois devant sa porte, je toque trois fois, un joli ruban blanc noué autour du poignet.

Je n'ai pas dormi, ou presque. J'ai écrit toute la nuit. Des papiers chiffonnés traînent sur la table basse, ainsi que deux pages couvertes de mots. La liste des qualités de Paddy. Je suis roulé en boule dans mon canapé, essayer de rattraper un peu de sommeil. Je suis sorti à huit heures pour envoyer ma lettre. Je l'ai fait. Je n'en reviens toujours pas. Je me suis caché sous ma couette, réalisant à peine que je l'ai fait. Soudain on frappe à ma porte. Je me lève lentement, les cheveux en petard et des cernes énormes sous les yeux. J'ouvre. Et je reste immobile et silencieux face à ma visiteuse, sous le choc.

La porte s'ouvre au même instant qu'un filet d'eau coule dans mon col d'uniforme débraillé. Sortir en balais sous la pluie n'est pas la meilleure idée qui soit. Arnaud est devant moi, aussi beau qu'à l'accoutumée, quoiqu'un peu sur les nerfs ou fatigué, je ne sais pas. Je lui souris et lui tend mon poignet pour lui montrer mon nouvel accessoire.

- Je pourrais entrer? J'ai quelques trucs à te dire...

Elle sourit. Elle n'a pas envie de me gifler ou de se moquer de moi, de toute évidence. Elle leve le poignet pour me montrer... Le ruban blanc. Aussitôt, je prends une teinte rouge vif, gêné au plus haut point. Par merlin... Serait ce possible ? Je m'écarte légèrement pour la laisser passer, à moitié hagard. Je me sens... Fébrile. A la fois énervé et déconnecté de la réalité... Puis je vois qu'elle est trempée.

"Mais, Hana, tu vas geler !" Dis-je avec un air horrifié.

On peut clairement dire qu'Arnaud agit bizarrement. Mais j'aurais aussi tendance à agir comme un animal en cage à sa place. Je veux dire par là qu'il m'a fait sa déclaration et ne sait rien du tout de ce que j'en pense, à part que je porte son ruban. Et il continue de s'inquiéter pour moi. Merlin j'en peux plus. Je ne peux pas réfléchir correctement alors, comme d'habitude je laisse mon corps agir. Une fois entrée, je l'attrape avec douceur par le col de la chemise, l'obligeant à se baisser un peu et ferme les yeux puis l'embrasse. J'espère qu'il va comprendre.

Sans que je puisse réagir, Paddy se saisit du col de ma chemise et m'attire vers elle. Je me penche, emporté par son élan et... Nos lèvres se rencontrent. Elle est si douce... Si... Si...

Attends.

Quoi ?!?

Je cligne des yeux désespérément, comme si cela pouvait me réveiller. mais je ne rêve pas... Une fois le premier instant de surprise passé, je prends une couleur bordeaux sombre, puis... Advienne que pourra. Je ferme les yeux et enlace fermement Paddy, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.

J'entends mon coeur battre à tout va dans ma poitrine alors qu'il m'étreint. Merlin que je suis soulagée, j'ai cru que j'allais me prendre un vent. Je romps ce baiser chaste et doux après un petit moment et rit doucement puis murmure.

- C'est à moi de parler je suppose. C'était un peu violent, désolée. Mais je t'aime. Je t'aime je crois depuis que j'ai posé les yeux sur toi et que ton sourire soleil est devenu le centre de mon monde. Je suis pas aussi douée que toi avec les mots, et je me voyais mal t'écrire. Je t'aime Arnaud Malefoy. Et je voudrais que tu sois la peluche humaine dont je parle souvent dans mes lettres. Tu veux bien?

Je me rends compte que je tiens encore son col et le lâche doucement pour le regarder dans les yeux, déterminée.

Je rougis, je rougis tellement que je sens mes joues chauffer... Et pourtant, je suis heureux. A mesure que les mots s'écoulent de sa bouche, j'ai de plus en plus de mal à retenir tout ce bonheur. Comment pourrais je survivre alors que tant d'émotions tournoient en moi ? A peine a-t-elle posé la question que je la prends de nouveau dans mes bras, pour murmurer à son oreille :

"Je ne rêve que de ça. Je..."

Mince... Meme dans de telles circonstances, j'ai du mal... Je ne sais pas si je pourrais...

"Je..."

Le blanc total... Quelle honte... Ne meme pas être capable de le lui dire en face alors qu'elle vient de le faire...

"Je... Je t'..."

Non, rien a faire... Ca ne sort pas.

Il m'enlace et me murmure des mots doux...Enfin tente de me murmurer des mots doux, ce qui le rend encore plus séduisant et beau à mes yeux. Je murmure un petit "chut" et m'enfonce dans son câlin réconfortant.

- Ne dis rien d'accord? C'est pas grave si pour l'instant tu peux pas, ça viendra peut être un jour, ou ça ne viendra pas. Mais je le sais et tu le sais, c'est le plus important non?

Je relève ensuite la tête et lui souris puis suis rapidement prise d'une petite série d'éternuements alors que des frissons se déroulent sur ma peau.

- Je crois que j'ai froid.

Elle se niche contre moi et je me sens... Curieusement fort. J'ai l'impression qu'elle est à sa place. Et elle a raison. Elle sait ce que je ressens pour elle. Je le lui ai dit. Écrit, certes, mais tout de même. Un sourire se dessine au coin de mes lèvres et je dépose un baiser sur ses cheveux. Puis, elle éternue. Plusieurs fois. En un adorable petit bruit... Le tout suivi d'un commentaire d'une évidence telle que j'éclate de rire.

"Une seconde, je vais te chercher ce qu'il faut."

Je la laisse la le temps d'aller lui chercher une serviette d'un pas léger. Si seulement je n'étais pas aussi mauvais en sortilèges utilitaires...

Entendre Arnaud rire est l'une des plus belles mélodies qui soit. Sa voix légèrement grave et masculine emplit mon coeur d'une sensation de chaleur sans précédent. Je le vois quitter le couloir et décide de me diriger dans le salon-cuisine dans lequel...et bien dans lequel je ne bouge plus. Je vais pas lui tremper ses meubles non plus. Dehors, la pluie continue de faire rage.

Je reviens rapidement, glorieux porteur d'une serviette éponge d'un jaune canari légèrement agressif. Je la tend à Paddy, jetant un rapide coup d'œil à la table basse ou les reliefs de cette nuit traînent toujours. Pas très discret... Je pousse le tout et saisi ma baguette pour lancer un sortilège, histoire de la réchauffer.

"Je ne sais pas sécher par magie, mais réchauffer... C'est dans mes cordes."

Puis je lui souris en dirigeant ma baguette de façon à la réchauffer aux endroits stratégiques.

Je soupire de bonheur et le remercie quand la chaleur m'enveloppe. Je m'éponge du mieux que je peux avec la serviette et reste debout, espérant que les vêtements sècherons vite.

- Tu sais, je suis encore moins douée que ça en sortilèges, je crois, donc je ne suis pas la mieux placée pour te faire des remarques. Et je trouve que tu t'en sors très bien. Merci beaucoup en tout cas, et désolée de t'avoir dégouliné dessus...et d'être venue sans annoncer ma présence... et de t'avoir gâché ta nuit à ce qu'il semblerait. Tu as l'air épuisé.

Je rougis de nouveau et détourne le regard avant de marmonner :

"J'ai... Écrit. Tu n'y es pour rien."

Je me trémousse légèrement d'une jambe sur l'autre, mal à l'aise. Faire ou dire quelque chose d'intelligent. Voilà ce que je devais faire. Mais... Quoi ? La mettre au chaud semblait être primordial, avant qu'elle n'attrape la mort.

"Hana... Vas sur le canapé, je me fiche qu'il soit mouillé. Tu ne peux pas rester plantée là comme ça. C'est bon pour être malade... Je vais te ramener une couverture pour que tu te réchauffe."

J'hésite une seconde puis interromps mon sortilège pour aller chercher cela dans ma chambre. Je saisis la couette posée en boule sur mon lit ainsi que le plaid qui traine sur mon siège de bureau et reviens les bras encombrés de tout ce bazar.

Je le regarde partir chercher je ne sais quoi et en profite pour retirer mes chaussures et mes chaussettes, ainsi que mon tricot et ma cravate par dessus ma chemise et reste en jupe et chemise. Je vais ensuite m'asseoir sur le canapé. Prise encore d'un frisson je me frictionne les épaules et me met soudainement à rire quand je vois une boule géante de couvertures se diriger vers moi.

- Je crois qu'un petit plaid aurait suffit. Mais je comprends maintenant que j'étais loin du compte quand je t'imaginais enfouis sous une tonne de couverture. C'est adorable.

Je jette un petit coup d'œil derrière ma montagne de linge de lit et constate qu'elle s'est dévêtue. Pas entièrement, fort heureusement, mais suffisamment pour que je décide de ne pas la regarder. C'est bien trop gênant. Au moins, elle, elle rit. C'est l'essentiel.

- Je crois qu'un petit plaid aurait suffit. Mais je comprends maintenant que j'étais loin du compte quand je t'imaginais enfouis sous une tonne de couverture. C'est adorable.
-Votre pays est glacial tandis que chez moi il fait chaud... Je préfère me noyer sous les couvertures que mourir de froid. Ma mère dit que ma tante Haruko dort avec un sortilège de chaleur permanent sous son lit, alors je ne suis pas le pire de la famille."

Tout en parlant je déposai soigneusement le plus gros volume sur Paddy, et poursuivis jusqu'à ajouter le plaid sur le dessus. Au moins, elle n'aurait pas trop froid.

Je souris et le remercie puis m'enfonce dans la chaleur de la couverture et du canapé en poussant un petit soupire de bien être.

- Il fait vraiment beaucoup plus chaud en France qu'ici? Qu'est ce qui est différent, d'autre?

"Le temps, d'abord. Mais pas partout en France, à Beauxbâtons le climat est encore différent. Moi, j'habitais dans le Sud Ouest, près de la mer et de la montagne à la fois. Il y fait plus chaud, et il pleut un peu moins souvent. La faune est différente et.. La flore aussi. La nourriture, encore plus."

Je marquai une longue pause, puis finis par ajouter avec un regard amusé :

"Mais tu as du le voir, le jour où tu m'as emmené aux cuisines."

Je hoche la tête et me retrouve perdue dans mes pensées. Quelques minutes durant, je reste silencieuse, les yeux dans le vague puis mon regard retrouve vie et je tourne la tête vers Arnaud et le regarde tranquillement. Qu'il est beau.

-Il y a tellement de choses que j'ignore sur toi, et tellement de choses que je voudrais savoir. Quelle est ta nourriture préférée, ou ta couleur préférée ou même ta saison préférée, et je sais pas la suite me vient pas tout de suite mais voilà. Je sais que je t'aime et, merlin, j'en reviens toujours pas que tu t'intéresses à moi et j'aimerais tellement en savoir plus.

Je m'assied sur ce qu'il reste de canapé et replie les jambes contre mon torse avant de les entourer de mes bras. Ma position habituelle, même si elle est un peu curieuse. Elle me donne l'impression de ne pas être une grande perche démesurée.

"Je... Je dois dire que je ne pensais pas recevoir une telle réponse de ta part... J'ai eu peur que tu me rejettes."

Je me tais un instant, fixant du regard le poster face à moi. Sujet difficile...

"J'avais peur que ton arrivée en trombe... Ce soit pour me jeter ma lettre au visage."

Je baisse la tête, cachant mon visage entre mes genoux.

Il a l'air si fragile alors qu'il prononce ces mots et me rappelle bien vite qu'il est quelqu'un de délicat et de timide, tout le contraire de moi. Je me rapproche doucement et étend la couverture sur nous deux, faisant tomber le plaid au sol. Et puis, pour le rassurer, je pose juste ma tête contre son épaule, dans un geste simple ou une sorte de câlin.

- Jamais je ne te jetterais l'une de tes lettres au visage. Elles sont chacune un trésor que je garderais toujours près de moi. Et je sais que je manque de délicatesse, désolée. J'aurais pu juste répondre à ta lettre mais l'idée me mettait mal à l'aise. Je voulais te voir, c'était..viscéral, comme un besoin vital de te le dire en face, de voir ton visage...que tu me croies aussi. Je crois que j'ai toujours eu peur que tu penses que je plaisantais... ou que je me moquais de toi. Donc j'avais besoin de venir te voir. Mais je ne t'aurais jamais blessé volontairement. C'est si improbable que ça que je sois amoureuse de toi?

Elle se rapproche de moi et me recouvre aussi avec la grosse couette. Je peux sentir son corps contre moi, certes froid et mouillé par la pluie, mais... Pourtant, je m'en fiche. Elle pose la tête sur mon épaule et me répond simplement :

- Jamais je ne te jetterais l'une de tes lettres au visage. Elles sont chacune un trésor que je garderais toujours près de moi. Et je sais que je manque de délicatesse, désolée. J'aurais pu juste répondre à ta lettre mais l'idée me mettait mal à l'aise. Je voulais te voir, c'était..viscéral, comme un besoin vital de te le dire en face, de voir ton visage...que tu me croies aussi. Je crois que j'ai toujours eu peur que tu penses que je plaisantais... ou que je me moquais de toi. Donc j'avais besoin de venir te voir. Mais je ne t'aurais jamais blessé volontairement. C'est si improbable que ça que je sois amoureuse de toi?

Je haussai les épaules sans répondre. Pour moi, ça l'était. Je n'étais pas sûr de moi et ne l'avais jamais été... Mais j'étais bien incapable de l'expliquer. Je me contentai donc de glisser un bras autour de ses épaules et de la serrer contre moi.

Je regarde en face de moi, les personnages de poster s'agitent un peu. La pluie qui bat sur les carreaux rend l'atmosphère douce et chaleureuse, malgré ma peau froide par mon état trempé. Je suis juste bien là, contre Arnaud. Mais il manque un petit quelque chose. Je relève la tête et la tourne vers lui, les joues un peu rougies de ce que je vais demander.

-Dis Arnaud...Tu voudrais bien...m'embrasser?

Elle lève le regard vers moi et rougit. Puis, elle me demande de... Par tous les poils de barbe de Merlin. Je n'ai jamais fait ça... Je ne suis pas sure que je sois... Si. Je peux. Il suffit de... J'inspire à fond et me penche lentement vers elle. Je viens poser ma main libre sur sa joue, puis mes lèvres sur les siennes. Je ne sais pas trop comment m'y prendre et je rougis démesurément, mais le premier pas est franchi. Elle est si douce, si tendre, si merveilleuse. Et elle a une sort de petit goût de... Caramel au beurre salé. Mon cœur s'emballe et je l'embrasse encore, les yeux fermés.

Il se penche vers moi et m'embrasse et je me sens au paradis. C'est doux, chaleureux et amoureux? Je me souviens d'un temps lointain où j'ai embrassé un garçon, et j'espère que je me suis améliorée depuis mais Arnaud ne semble pas se plaindre. Je passe mes mains dans ses cheveux et change l'angle du baiser avec plaisir.