Deuxième semaine après la rentrée 2014 à Poudlard, moment tant attendu de l'ouverture des différents clubs scolaires. Etant donné l'abondance des différents clubs proposés aux élèves, l'ouverture de la période permettait de se mettre d'accord entre participants au sujet des modalités de ces fameux clubs. Horaires et jours de rencontre, sujets des premières réunions, tour de table afin d'apprendre à se connaître et à cerner les différents besoins/atouts de chacun... Cette entrevue serait essentielle au bon déroulement de l'année à venir.

Les élèves avaient été prévenus des différentes activités proposées et des lieux et dates de rendez vous prévus, à l'aide de charmantes petites notes chantantes épinglées sur les tableaux d'affichage des maisons. En l'occurrence, le club de potion avait beaucoup à faire afin de fonctionner au mieux de ses capacités. Ils devaient notamment prévoir les différentes mixtures qu'ils prépareraient au cours du premier trimestre afin de pouvoir préparer une liste du matériel nécessaire au bon déroulement des heures de club.Pour ce faire, la salle de potions leur avait été réservée afin qu'ils puissent se rencontrer.

(Pas d'ordre de passage. Vous avez une limite de trois semaines pour terminer le rp, que je clôturerai le 13 mars. A vous de voir comment vous vous organisez tout ça )

J'étais très impatient de me rendre à ce club de potions dont j'avais initié la création en faisant la demande à la fin de l'année dernière. J'espérais que je ne serais pas seul, mais je savais que les potions intéressaient d'autres gens que moi à Poudlard. Toujours est-il que ce jour-là,, je me dirigeais vers les cachots, pour me rendre à la salle prévue pour le club. Les potions avaient toujours été ma matière préférée.

Depuis la première année, j'enchaînais les meilleures notes en pratique, même si évidemment, Alistine me battait sur la théorie. Cette matière, que certains qualifiaient de rébarbative en raison du fait qu'ils devaient simplement suivre une recette, était pour moi une libération, une véritable infinité de combinaisons et d'expérimentations pour l'esprit imaginatif. Evidemment, en premier cycle à Poudlard, il est impossible de faire toutes ces expérimentations en cours, car il faut apprendre à maîtriser les bases et il y a un programme.

C'est pour cela que j'avais développé mes expériences de mon côté en dehors des cours. Mais l'ouverture de ce club m'offrait la possibilité de m'exprimer librement en potions sans me cacher dans un coin. Et ça n'avait pas de prix. Mais il allait falloir travailler en équipe. Ce serait une expérience tout à fait différente des heures qu'il avait passé à travailler sur la création de son Elixir Dionysiaque, qui lui avait pris toute sa Troisième Année.

En passant le pas de la porte, je me retrouvai alors face à des têtes que j'aurais dû m'attendre à retrouver, mais qu'étrangement, je n'avais pas imaginé. Deux élèves de Serdaigle, de première et de quatrième année. Je ne connaissais pas l'élève de première année. Mais l'élève de quatrième année était bien évidemment Alistine Blank. Il fallait vraiment que je me coltine celle-là partout! Il y avait également qui arrivait au loin un élève de Serpentard de Septième année. Je reconnus quelqu'un dont je connaissais le nom depuis peu: Amun Sareh.

Nous avions là une belle brochette de rats de bibliothèque. Pas vraiment la plus funky des équipes. Aussi amoureux des potions que j'étais, j'espérais travailler dans ce club avec des gens plus adeptes de la rigolade, des rapports humains. C'était pas gagné... Mais je ne devais pas parler trop vite. J'étais curieux de savoir sur quelle potion ces élèves-là voulaient travailler.

"Mais parle moins vite, bordel!" pensai-je en entendant un énième monologue d'Alistine, qui décidément passait la barre du son quand elle parlait. Et autour de cette élève de quatrième année qui n'arrivait pas à s'arrêter de jacasser, il y avait une élève de première année et un élève de septième année, qui eux ne savaient pas vraiment où se mettre à côté de ça. Amun, qui venait d'arriver avait tout simplement demandé quelle potions on aimerait faire. Alistine avait commencé à lui poser des questions de partout, sur ses origines, ce qui était assez étrange.

Finalement, elle répondit à la question en donnant la piste du Felix Felicis. Ambitieux. Intéressant. Du Polynectar? Pourquoi pas. J'entendis aussi l'idée de potions médicales proposée par l'aiglon de première année. Des idées intéressantes. Mais pas suffisantes. A mes yeux en tout cas. Je les regardai proposer leurs idées, et jetai un regard bien précis à chacun d'entre eux. Alistine était toute surexcitée, impossible à calmer, prise dans son élan intellectuel. On aurait dit qu'elle avait assez de motivation pour régler tous les problèmes de l'univers d'un Elixir. C'était une bonne intention, mais dans la pratique, elle perdait tout le monde tant elle était speed.

Lily, la première année, semblait osciller entre sa timidité et quelques prises de parole qui devaient être osées pour elle. Elle semblait peu assurée, mais prête à bien travailler en groupe. Quant à Amun, il observait de l'extérieur, semblant vêtu d'un masque d'indifférence. Ca changerait peut-être après ce que j'avais à proposer. Enfin, si j'arrivais à le proposer! Car il faudrait qu'Alistine arrête de parler pour ça... Nous étions quatre, et nous n'avions d'autre en commun que notre amour des potions. Effrayant. Il allait falloir s'unir sous un même but si l'on voulait travailler ensemble toute l'année.

Je décidai de prendre la parole, et pas qu'un peu! J'allais essayer par un discours de dépasser le stade des conversations gênées :

-Bon! A mon tour, maintenant. Déjà pour ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Rory McGowan. Je tiens d'abord à saluer vos idées, elles sont séduisantes. On pourrait passer de bons moments à faire ces potions-là.

Je marquai une légère pause, avant de reprendre:

-Mais dites-moi quelque chose, ne pouvons-nous pas viser encore plus haut? Regardons-nous un instant. Une seule chose nous unit, la passion des potions, et la capacité que l'on a potentiellement à devenir l'élite de Poudlard dans cette matière. Que vous soyez expérimentés ou débutants dans l'art des potions, vous avez choisi ce club parce que vous voulez accomplir quelque chose.

J'avais marqué du regard Amun en disant "expérimenté", Lily en mentionnant les débutants, et Alistine en évoquant la volonté d'accomplir quelque chose.

-Certes, nous pourrions creuser de fond en comble le Polynectar. Il y a des mois à tenir avec ça. Ou bien le Felix Felicis. Je n'en est jamais fait, c'est fascinant comme potion, et ce serait un vrai défi. Mais tant qu'à passer un an ensemble à faire des potions, on pourrait relever le véritable challenge du maître des potions, et explorer cet art jusqu'au plus discret de ses ingrédients, qu'on le découvre dans sa pleine dimension expérimentale.

Je leur adressai un petit sourire, espérant que ces mordus de livres et de théorie (du moins c'est comme ça que je connaissais Amun et Alistine) allaient me suivre dans mon idée:

-Mes amis, je vous propose que l'on essaye d'inventer notre propre potion cette année.

J’étais très heureux de voir l’accueil positif que mon idée avait reçue : le groupe entier était emballé par cette proposition. On allait peut-être bien s’amuser, finalement, dans ce club ! Avec un peu d’ambition et un esprit de corps, on peut tout accomplir ! Selon toute vraisemblance, on allait créer une potion ensemble cette année. Rien que d’y penser, j’abordais ce club avec une motivation toute nouvelle. J’avais réussi à les atteindre. Logiquement, chaque membre du club eut sa propre réaction face à cette idée.

La petite Serdaigle de première année resta d’abord silencieuse, de par sa timidité, mais aussi marquée par une fascination et une crainte visibles vis-à-vis de mon idée. Elle avait besoin d’être rassurée. Ce que fit Amun au bon moment, tout en apportant du soutien à mon idée. Il nous avoua d’abord être agréablement surpris par cette idée, car il ne s’attendait pas à s’amuser en venant ici, mais ses perspectives étaient en train de changer. Puis, il dit à Lily qu’on aurait également le temps de faire des choses davantage à son niveau pour qu’elle puisse mieux progresser, et à son rythme.

Il semblait que l’on se dirigeait vers un remède magique pour ces deux-là. Soit. C’était une noble cause, avec une utilité réelle. Et si c’était ce qu’ils voulaient, j’étais prêt à m’y plier, même si j’avais pensé à quelque chose d’un peu plus fun et déjanté. On ferait un vote bien assez vite. C’était normal. Je me plierais à la décision du groupe et à la volonté générale. J’étais tout de même très démocratique pour un Serpentard. Bref. Une réaction restait tout de même plus singulière que les autres. Alistine.

Dans sa petite phrase, prononcée juste après mon intervention, dans un de ses rares moments d’intelligibilité, je découvris la surprise et le bonheur que mon emploi du terme « amie » à son égard avait suscité. Elle était tellement émue que je fus moi-même pris par une vague d’émotion et d’affection pour elle. Des sentiments que je n’avais généralement pas pour Alistine. Je n’avais employé ce terme qu’en outil rhétorique, mais l’effet qu’il avait fait fit que je ne voulais pas – non, je ne pouvais pas – casser le lien qu’elle avait créé.

Je voyais soudainement la difficulté qu’elle devait avoir au quotidien pour se lier avec les gens, pour être comprise, et acceptée. J’en étais désolé pour elle. Et en même temps, je savais qu’elle n’était pas forcément facile à vivre, qu’elle pouvait rapidement donner des maux de tête, mais elle était tout de même gentille et attachante. Je voulais qu’elle puisse s’exprimer ici, et se sentir bien pour s’épanouir. De plus, le hasard avait voulu que j’endosse plus ou moins au sein de ce club un rôle de leader d’hommes, je l’avais bien ressenti. J’avais donc ce rang à tenir, et je devais faire en sorte que l’esprit de corps reste intact.

Je voulus répondre à Alistine, mais avant même d’avoir pu faire quoi que ce soit, une réplique pas forcément bien venue de la part d’Amun fit passer Alistine immédiatement du sourire aux larmes. Elle perdit soudainement toute confiance en elle, et, en pleurs, se remit en question, cherchant une forme de soutien et de renfort chez moi. Il fallait que j’intervienne. Mais j’allais devoir le faire délicatement : il ne fallait pas non plus que je blesse Amun, qui était probablement la personne la plus intéressante avec qui travailler dans cette pièce. Il fallait donc que je l’ai lui aussi de mon côté. Voyons voir… Je commençai d’une voix douce :

-On se calme ! Alistine ne t’inquiète pas, je connais ton talent, tu nous seras utile. Tu es la bienvenue dans ce groupe, et personne ne remet ça en cause. Amun a juste parlé un peu vite, pas vrai Amun ?

Je lançai à Amun un regard mi entendu, mi suppliant, voué à le faire s’excuser pour mettre fin à la crise, même s’il n’avait pas vraiment été méchant. Qu’il s’excuse pour la forme, histoire que nous puissions avancer.

-En retour, Alistine, ça serait super si tu essayais de calmer ton excitation un petit peu : tu parleras moins vite, et on pourra mieux te comprendre. Tout le monde y gagnera.

Et pour être certain qu’elle aille mieux et qu’elle gagne de la confiance en elle :

-Et bien sûr que je suis ton ami.

Une crise de réglée. Du moins, j’espérais…