Hrp:

"Regardez ma baguette Miss Prewett."

J'obéis sans grande conviction, l'esprit embrumé par ce qu'il m'était arrivé. La veille au soir... J'avais été attaquée par deux détraqueurs, dans l'enceinte de l'école de Poudlard. Ca avait été une soirée riche en émotions, c'est le moins qu'on puisse dire.

"Avez-vous bien pris la potion que je vous ai données ce matin ?"

Je hochai la tête sans répondre, les yeux dans le vague. Une potion dégoûtante qui m'avait donné envie de vomir, mais qui avait un peu calmé la douleur. La douleur de ma jambe... Ou du moins, de ce qu'il en restait. Après avoir été transférée en urgence depuis l'infirmerie de Poudlard, j'avais été admise d'urgence au service des blessures par créatures vivantes. Ecrasement par strangulation, selon mon médicomage.

"Miss Prewett, je sais que la situation difficile mais il va falloir y mettre un peu du vôtre."

Je haussai les épaules, indifférente. A quoi bon ? J'avais été soignée en urgence et malgré l'admirable travail d'Araekin sur le moment... J'avais perdu ma jambe. Elle s'arrêtait maintenant à trois centimètres en dessous du genou. J'étais estropiée. Je ne voyais pas l'intérêt de me battre pour rien. J'étais fichue. Je ne cessais de repenser à cette petite voix qui m'avait dit que j'allais mourir comme j'étais née. Seule et dans l'indifférence générale... Oui, à peu de choses près. Ma mère était passée à la première heure pour me signifier à quel point elle avait honte de moi. A quel point elle détestait ce que j'étais devenue, que la perte de ma jambe était simplement le résultat de mon obstination. Elle m'avait laissée comme ça. Seule. Et dans l'indifférence générale.

"Miss Prewett... Depuis le temps que nous nous connaissons... J'ai cru remarquer quelque chose. Excusez moi si je suis trop brutale, mais je dois vous le dire. J'ai l'impression... Que vous vous détruisez vous mêmes. Vous n'avez absolument aucun respect pour votre propre vie et j'ai l'impression que vous courrez au devant des ennuis. Eviscération, lacérations multiples, plusieurs comas, empoisonnement... Et maintenant cela ? Quand comprendrez vous que vous allez trop loin ? Quand verrez-vous que c'était la fois de trop ? Vivez au lieu d'essayer de vous détruire de la sorte ! Trouvez vous une raison de vivre..."

Je ne répondis pas et elle se contenta de soupirer avant de s'en aller. Elle referma la porte tandis que je cachais soigneusement ma jambe sous la couverture. Loin des yeux... Loin des yeux...

A peine mon infirmière fut elle sortie que la porte s'ouvrait à nouveau. J'allais protester que j'avais droit à cinq minutes de tranquillité lorsque le nouveau venu me coupa net dans mon élan. Dans l'état où j'étais, j'aurais probablement fichu hors de ma chambre tout autre que lui. Mais la, c'était différent. Araekin. Je lui devais la vie. Et a plusieurs reprises, dans un laps de temps très court. Sans lui, je mangerais des algues par la racine a l'heure qu'il était. Je refermai donc prestement la bouche en retenant les invectives bien senties qui avaient failli en sortir.

Au lieu de cela, je me contentai de détailler le jeune homme avec curiosité. Physiquement assez proche de la première fois ou je l'avais rencontré, ce qui paraîtrait normal pour tout autre qu'un metamorphomage, il était aujourd'hui vêtu d'une façon totalement différente. Plus... Adulte et aristocratique. A n'en pas douter, il ne dépareillerait pas à l'une des réceptions mondaines dont ma mère raffolait. Bien qu'un brin trop excentrique pour elle, du fait des symboles sur sa veste. Elle aurait probablement trouvé cela de mauvais goût, mais le lui aurait pardonné car toute sa personne respirait la richesse. Il suffisait de voir sa canne pour se douter que l'on n'avait pas à faire au premier venu. Question de facture et de matériaux.

"Bonjour Alizea, heureux de vous revoir et consciente qui plus est.
-Bonjour. Heureuse de te voir également."

Ca, pour être consciente... Je l'étais. Surtout du fait que je lui devais énormément. Ma vie, pour commencer. Je pus le voir arrêter son regard brièvement sur le plat anormal de mes draps, là où aurait du se trouver ma jambe, puis il détourna les yeux. Il s'installa sur la chaise près de mon lit et retira son chapeau dans un geste tres gentleman avant de s'adresser à moi :

"Alors, comment allez-vous ? J'ai crus comprendre qu'ici vous n'étiez pas anonyme aussi, vous vous taillez de sacrée réputation partout où vous passez.
- Plutôt... Bien, compte tenu des circonstances. Disons que ce secteur est l'un de ceux où j'ai passé le plus de temps ces dernières années. Celui ci et celui des maléfices. Avec mon travail..."

Je laissai ma phrase en suspens, arrêtée dans mon élan par des dizaines de secrets que je ne pouvais divulguer au public. Mon séjour à poudlard ayant été orchestré par mon directeur, mes frais d'hôpital étaient pris en charge par le ministère. C'était toujours ça de gagné. J'ajoutai avec un léger amusement :

"Mais rassures toi, ce n'est pas la blessure la plus affreuse qui m'ait amenée dans cette chambre. J'ai vu bien pire."

Mon expression se flétrit légèrement tandis que je me taisais. J'avais du mal à rester enjouée plus de quelques secondes d'affilée. Un contrepoids de mes experiences les plus récentes, sans doute. Je finis par changer de sujet d'un air absent :

"Après ce qu'il s'est passé... J'aimerais mieux que tu me tutoies. Je me sens mal à l'aise à l'idée d'être vouvoyée par quelqu'un ... Sans qui je ne serais plus de ce monde."

Je marquai une courte pause, détournant le regard. J'avais honte. Je me sentais faible et inutile. Ridicule. Vulnérable. Or, je détestais être vulnérable. Mais ce qui s'était passé avait comme... Brisé quelque chose, au fond de moi. Depuis la veille au soir, mes sentiments étaient à fleur de peau et je ne parvenais plus à afficher la neutralité que j'avais coutume de porter en toutes circonstances. A ma plus grande honte, mes yeux se remplirent peu à peu de larmes et je me cachai derrière une boucle rebelle en lâchant d'une voix chargée d'émotions :

"Merci de m'avoir sauvé la vie."

- Plutôt... Bien, compte tenu des circonstances. Disons que ce secteur est l'un de ceux où j'ai passé le plus de temps ces dernières années. Celui ci et celui des maléfices. Avec mon travail..."

Elle s'arrêta dans son élan, je me doutais des raisons, elle travaillait au ministère, certaines de ses missions devaient tenir du secret, donc je n'allais pas m'étendre sur le sujet, sans oublier que ce n'était pas la raison de ma venue ici.

"Mais rassures toi, ce n'est pas la blessure la plus affreuse qui m'ait amenée dans cette chambre. J'ai vu bien pire."

Alors qu'elle se taisait, son expression changea, pas la plus affreuse … je doutais fortement de ses mots à voir intact tous ses autres membres, peut-être pas la lus terrible ou mortelle, mais la plus affreuse hélas je pense que si …
Néanmoins je gardais le sourire, dans une telle situation, montrer de la peine ne ferait que la rendre encore plus malheureuse, alors que si je gardais le sourire, peut-être qu'elle aussi le garderait !

"Après ce qu'il s'est passé... J'aimerais mieux que tu me tutoies. Je me sens mal à l'aise à l'idée d'être vouvoyée par quelqu'un ... Sans qui je ne serais plus de ce monde."

Elle se tut de nouveau, je vis ses yeux commencer à se remplir de larmes alors qu'elle alla cacher son visage derrière une mèche avant de me lancer un :

"Merci de m'avoir sauvé la vie."

Mon visage avait reprit une apparence neutre, je posais alors ma main sur son épaule, me voulant rassurant et me remis à lui sourire.

-Alizea, c'était normale voyons, je ne pouvais pas laisser quelqu'un mourir sous mes yeux, encore plus une personne que j'apprécie et avec qui je suis proche … Ma venue ici était dans un premier temps pour voir comment tu allais bien sûr, mais j'ai aussi autre chose à te dire.

Je passa ma main sur ma sacoche, l'ouvrant, puis je claquais des doigts, des morceaux de bois volèrent hors du sac, flottant devant nous. Les restes d'une baguette, brisé en plusieurs morceaux, les restes de SA baguette …

-J'ai cherché après ta baguette, comme tu ne l'avais plus, je suis désolé de t'apprendre qu'elle n'est plus utilisable et ce d'aucune façon … Les baguettes sont une forme d'objet magique très complexe et ici, la réparation est inenvisageable.

Je claquais des doigts, les morceaux allant se poser sur sa table de chevet, une fois ceci fait, je reposais ma main sur mon autre main me réappuyant sur ma canne.

-Pour cette raison, je souhaite t'en offrir une nouvelle, une nouvelle baguette, mais aussi une nouvelle jambe. Tututut !

Je lançais cette onomatopée ainsi que ma main devant elle, tendant le doigt pour l'inciter à ne pas répondre. Je me doutais, je connaissais l'animal à force, qu'elle me dirait que ce n'était pas la peine, qu'elle saurait se débrouiller, mais je ne voulais pas qu'elle se débrouille, je souhaitais l'aider, j'étais un coupable dans cette affaire. En effet, je n'ais ni su la sauver à temps, ni su sauver sa jambe …

-Ne t'en fais pas Alizea, je me doute de ce que tu allais dire. Mais j'insiste. Fortement même. N'ais crainte, t'offrir cette jambe et cette baguette ne me coute presque rien. Je n'ai pas de raison de te le cacher plus longtemps, peut-être après tout l'avais-tu deviné, mais si non peut-être que cela sera pour toi une surprise. Je suis Araekin Vaati Sebastian Michaelis, héritier de la maison des Michaelis et de la grande compagnie éponyme.

Présentation légèrement pompeuse pour certain, de coutume pour ma part et même normale. Je n'avais pas eut à beaucoup me présenter de la sorte dans ma vie, surtout à cause de ma jeunesse, mais ici je pensais le moment adéquat. Le but n'était pas de montrer ma richesse en disant cela, simplement de lui prouver que cela ne me couterais rien, d'aucune façon même. Je me tus, attendant un geste, une réponse de sa part, à l'affut du moindre mouvement.

-Alizea, c'était normale voyons, je ne pouvais pas laisser quelqu'un mourir sous mes yeux, encore plus une personne que j'apprécie et avec qui je suis proche … Ma venue ici était dans un premier temps pour voir comment tu allais bien sûr, mais j'ai aussi autre chose à te dire.

Une personne qu'il appréciait. Du moins, c'était ce qu'il croyait. Ce qu'ils croyaient tous. Mais personne ne me connaissait vraiment. Personne ne voyait ni ma part d'ombre, ni ma part de rêve. Pour le monde, je n'étais qu'Alizea, agent certes efficace du ministère mais, rien de plus. Ma mère voyait autre chose en moi : une couveuse qui lui donnerait de nombreux petits enfants. Peut être mon père était-il plus réaliste sur mon cas. Il sentait mes mensonges. Araekin, que voyait il ? Une femme influente du ministère, capable d'animagie et qui avait failli mourir en luttant contre un detraqueur. Qu'aurait il pu voir d'autre ? Rien. Rien...

Je posai de nouveau mon regard sur lui, observant ce qu'il faisait. Un claquement de doigts et des morceaux de bois s'extirpèrent de sa sacoche. Il ne me fallut qu'une seconde pour reconnaître la ma fidèle amie de toujours... Ma baguette. Détruite. Mon cœur se serra et je déglutis avec peine. Il ne suffisait pas que je perde ma jambe. Il fallait aussi que je perde ma plus indispensable alliée...  

-J'ai cherché après ta baguette, comme tu ne l'avais plus, je suis désolé de t'apprendre qu'elle n'est plus utilisable et ce d'aucune façon … Les baguettes sont une forme d'objet magique très complexe et ici, la réparation est inenvisageable.

Je hochai la tête sans répondre, de nouvelles larmes coulant sur mon visage sans que je m'en aperçoive. Je n'osais même plus regarder les fragments brisés. Les morceaux de ma baguette ressemblaient étrangement à des morceaux de ma vie. En miettes, elle aussi.

-Pour cette raison, je souhaite t'en offrir une nouvelle, une nouvelle baguette, mais aussi une nouvelle jambe. Tututut !

J'avais écarquillé les yeux des que le mot "offrir" avait franchi ses lèvres. A quoi pensait il ? J'ouvris la bouche pour protester mais je n'en eus pas le temps, interrompue par son doigt tendu.

-Ne t'en fais pas Alizea, je me doute de ce que tu allais dire. Mais j'insiste. Fortement même. N'ais crainte, t'offrir cette jambe et cette baguette ne me coute presque rien. Je n'ai pas de raison de te le cacher plus longtemps, peut-être après tout l'avais-tu deviné, mais si non peut-être que cela sera pour toi une surprise. Je suis Araekin Vaati Sebastian Michaelis, héritier de la maison des Michaelis et de la grande compagnie éponyme.

Un léger sourire effleura mes lèvres à ces mots. J'avais en effet deviné qui il était. En réalité, les dossiers de poudlard m'étaient accessibles pour le besoin de mes recherches personnelles en métamorphose et pour les dossiers sur les possibles animagus en devenir. Le nom de Michaelis m'était familier car je me fournissais souvent chez eux en articles magiques divers. De plus, le groupe Michaelis subventionnait le mensuel de la métamorphose et certains de mes articles, me versant un paiement à ce sujet plusieurs fois par ans. Il n'avait pas été compliqué de faire le rapprochement entre le fameux héritier du groupe encore étudiant et Araekin lui même...  

Contrairement à la majorité des personnes qu'il avait du côtoyer a poudlard, j'étais moi même issue d'un milieu ou sa présentation serait tout à fait classique. J'entrepris donc de me présenter à mon tour, amusée par la tournure de la conversation.

"Je suis Alizea Alea Ariana Prewett, dernière représentante de sang pur de la famille Prewett et l'une des dernière Greengrass également. Ma cousine Astoria et moi mêmes sommes les héritières d'une fortune considérable, mais je dispose également du nom et de la notoriété des Prewett. Je sais ce que c'est, ne t'en fais pas. Par contre..."

Je marquai une courte pause, décidée à éclaircir les choses. J'étais trop férue de connaissances techniques en magie pour ne pas poser la question. J'avais besoin de savoir et d'assouvir ma soif de connaissances.

"Tu n'es pas entièrement humain, n'est ce pas ? Ta magie... Ce n'est pas normal. J'ai travaillé sur la question de long en large et en travers, je sais ce qui est possible pour un sorcier et ce qui ne l'est pas. Et tes claquement de doigts... Cela peut passer pour un geste magique classique. Pourtant, j'ai la conviction que ce n'est pas le cas. Tu n'es pas seulement humain, n'est ce pas ? Ne t'en fais pas, je ne dirai rien. Mais... J'ai besoin de savoir."

Je détournais le regard, un peu honteuse de poser une telle question. C'était indélicat, surtout envers quelqu'un qui m'avait sauvé la vie.

"Si tu ne veux pas en parler ou... Si tu me trouves impertinente, tu n'es pas obligé de répondre. Cest seulement une impression, mais mes instincts sont rarement injustifiés."

Araekin se leva et se mît a esquisser divers mouvements plus ou moins ésotériques, probablement pour me prouver que le claquement de doigt n'était que ce qu'il paraissait être. Je crus reconnaître quelques gestes japonais, pour le peu que j'avais vus lors de mon séjour la bas. Je n'étais pas experte de la question et m'abstins donc de tout commentaire.

Il changea divers objets en oiseaux exotiques et jesquissai un sourire. Si je n'avais pas eu de doute avant, j'en aurais été sûre avec ce sortilège. Il n'était pas né en Grande Bretagne. La plupart du temps, le sortilège s'inspirait d'oiseaux issus du même milieu que le sorcier. Pour ma part, je produisais des perdrix et quelques oiseaux européens de nos campagnes. Une de mes amies élevée au Japon créait de magnifiques rossignols. Et ceux d'Araekin trahissaient le fait qu'il avait été élevée ailleurs. Je n'en soufflai pourtant mot, cela le concernait. S'il voulait m'en parler, libre à lui de le faire, mais j'étais bien assez indiscrète pour le moment...

"Tu vois, claquer des doigts est un signe simple est efficace, réalisable dans presque toutes les situations, il en existe des plus complexe bien sûr, comme les quelques mudra que je viens  de te montrer et qui agisse comme des mouvements de baguettes, mais avec les mains. Sinon en effet je ne suis pas totalement humain."

Je retiens soigneusement un léger sourire victorieux. J'en étais sûre. Quelque chose en lui m'avait laissé supposer qu'en effet il avait une part de non-humain. Non pas dans l'apparence, puisqu'il était metamorphomage et que cela ne voulait absolument rien dire. Mais bien dans l'attitude. Il était trop gracieux. Sans compter son odeur, que j'avais pu capter sous ma forme animale, la première fois que je l'avais rencontré. Je le laissai poursuivre lorsqu'il s'assit en rendant leur apparence habituelle aux objets.

-J'ai du sang vélane dans les veines, ma mère n'était pas une sorcière, elle n'avait pas le droit d'avoir de baguette donc, néanmoins elle avait des connaissances égal à celle de nombreux sorcier, elle a combattus dans le monde magique pour le droit des non-sorcier, comme les gobelin, les vélane aussi bien sûr, les elfes et quelques autres races, comme les centaures ou les êtres de l'eau ! J'ai hérité de son sang vélane ainsi, j'ai le charme magique inhérent à ce peuple et … énervé je ne suis pas dans ma plus "meilleur forme" si tu vois de quoi je parle !

Demi vélane ? Cela expliquait beaucoup de choses. Notamment la grâce inhumaine qui se dégageait de lui. J'avais l'œil pour ce genre de choses, surtout depuis que je travaillais au ministère. Mon service faisant partie du service créatures magiques, j'avais reçu une formation approfondie sur les créatures les plus courantes. Et j'avais eu l'occasion de croiser quelques vélanes. Des créatures attirantes, d'une beauté parfaitement magique. Au sens propre du terme. Il attira à lui une plume et un carnet et poursuivit sans interruption de ma part :

-Bien, sans vouloir te déranger pourrais-tu me parler de la jambe que tu voudrais ? Cette plume va t'écouter et la dessiner selon ce que tu me dis, je te la fais gratuitement, cadeau de remise en forme, pour la baguette, lorsque tu seras sur pied, je t'inviterais à venir en choisir une en personne, cadeau aussi, ne t'en fais pas, ça ne me fera rien perdre en terme d'argent, donc je n'ai pas besoin d'accepter le tiens, même à titre symbolique !

Le coup de la plume a papote... Un grand classique. Néanmoins, je n'en avais pas vraiment besoin. Jesquissai un sourire et répondis avec un amusement manifeste :

"Je n'ai pas besoin de la plume pour ça... Si tu permets..."

Je me saisis du carnet et de la plume, posant le papier sur mes cuisses. Je me mis à mâchonner ma lèvre inférieure en dessinant ce que j'avais en tête. Je n'aurais pas eu la présomption de me croire artiste dans l'âme, mais je me débrouillais tout de même. Pour passer le temps en traçant mes lignes sur le papier, je commentai :

"Ca ne doit pas être facile tous les jours, le sang de vélane. A vrai dire, j'avais bien eu l'impression que tu étais doté d'une... Prestance surnaturelle. Ça doit attirer pas mal de filles, pas vrai ?"

Je levai les yeux pour lui faire un petit sourire avant de retourner à mon "œuvre". Je poursuivis d'un air absent :

"Dans un sens, je te plains. Tu ne peux jamais être sur que quelqu'un s'intéresse à toi pour ce que tu es à l'intérieur... Et pas a cause de cette attirance surnaturelle. Je ne dis pas que personne ne peut le faire, hein, juste... Que c'est difficile à savoir."

Je poussai un petit soupir en levant ma plume quelques secondes. Puisqu'il m'avait confié un secret, je voulais en faire de même. J'avouai donc d'une voix tendue, sans le regarder :

"je ne peux pas dire que je vis la même chose, mais ma situation est assez semblable. Comme je te l'ai dit, je suis de sang pure et héritière de deux puissantes familles. Riche, qui plus est. Ma mère veut a tout prix me marier à un riche héritier et j'en rencontre tres régulièrement, à sa demande. Des hommes en tous genres, qui viennent à moi sous diverses formes... Pourtant, je ne crois pas que je les intéresse. Pas moi. Ils ne voient que le nom, l'argent, le sang parfois. J'ai souvent l'impression d'être... Une pouliche de sang qu'on essaie de vendre au plus offrant. Je déteste ça."

J'allais ajouter quelque chose, mais me figeai instantanément. J'en avais peut être trop dit et je me sentais mal à l'aise. Je ne pouvais pas en dire plus... Même si, maintenant que j'avais abordè le sujet, je brûlais de me confier sur mon ressentiment concernant ma situation. Je me mis à rougir furieusement et mis un dernier coup de plume a mon dessin avant de le lui tendre, regardant résolument ailleurs. Je n'osais même plus le regarder...

Araekin posa une main réconfortante sur mon épaule et je lui jetai un regard reconnaissant. Non seulement il m'avait sauvée, mais voilà qu'il me remontait le moral ? Il se proposait de faire tant de choses pour moi... Je ne savais pas si je pourrais un jour le remercier de tout cela.

"Pour ma part, j'avoue ne pas avoir connue et ne jamais pouvoir connaître ce problème. Mes parents par exemple en sont la preuve, mon père est l'héritier de la famille Michaelis et ma mère, elle, fut sa meilleure amie, sa confidente et aussi sa majordome en quelques sortes, sa "servante". Elle était la fille de majordomes de la famille et elle ne travaillait pas réellement en tant que majordome, mais faisait presque tout comme avec mon père."

J'étais assez curieuse au sujet de sa famille. Bien entendu, de nombreuses familles avaient abandonné les principes de sang des années plus tôt. Mais certaines, comme les Greengrass par exemple, persistaient dans leur folie. Ma propre cousine s'était mariée à un Malefoy. Au vu de l'état des finances familiales avant leur mariage, elle ne l'avait pas choisi pour l'argent. Non, elle n'avait vu que le sang. Tout comme ma propre mère...

"Bref, un mariage d'amour, moi, mon nom est tut à l'école, du moins, je n'ai jamais parler de cela et ai nié chaque rapprochement éventuel. Me permettant une vie "simple" là-bas."

Ah, un mariage d'amour... J'aurais tant aimé que cela m'arrive... L'amour en lui même me semblait abstrait, mais pourtant j'en rêvais. Si seulement ma famille maternelle se montrait aussi compréhensive que la sienne... Je fermai les yeux, perdue dans une douloureuse réflexion. J'avais l'impression que ma propre vie ne m'appartenait pas.

"Même si donc je ne suis pas des plus a même de comprendre, car je n'ai pas vécue ce que tu as vécus, cela ne m'empêche pas d'écouter. Après tout nous sommes amis non ?"

Amis... Oui, sûrement. J'avais confiance en lui, cela ne faisait aucun doute. Je savais qu'il serait là pour moi si j'en avais besoin, tout comme moi s'il en faisait a demande. Mon sourire à son adresse d'élargit et je le remerciai en posant la main sur son avant bras. Je n'avais jamais été très loquace dans ce genre de circonstances... Je lui fus donc reconnaissante lorsqu'il changea de sujet.

"Sinon donc je te ferais faire cette jambe sur mesure, je te l'offrirais lorsque tu viendras chez moi, si cela ne te dérange pas que je t'invite chez moi. Cela te changera les idées je pense et puis plus franchement, toutes les baguettes sont gardé dans l'enceinte de la demeure familiale, on pourra très certainement t'en trouver une là-bas. Sans oublier que j'ai déjà une petite idée sur quel type de baguette pourrait te convenir, enfin il reste à voir néanmoins !"

Une nouvelle baguette... Oui, il m'en faudrait une. Je jetai un regard empli de regrets contenus en direction des restes de la mienne. Nous avions vécu tant de choses toutes les deux... Et j'avais failli mourir tant et tant de fois ! Pourtant, j'étais toujours là. La différence entre aujourd'hui et les fois précédentes, c'était que j'avais vraiment perdu quelque chose. Une jambe, si peu payé pour les risques que je prenais. Pour la première fois, je prenais pleinement conscience de ma fragilité. De ma mortalité. J'avais failli tout perdre avant même d'avoir vraiment vécu. Je soupirai de dépit et essayai de me concentrer de nouveau sur mon interlocuteur.

"Bref, je m'égare... Je disais donc, si tu veux me parler, je suis là."

Je le remerciai d'un nouveau sourire, puis laissai retomber ma main sur les draps. Je n'avais jamais vraiment parlé à quiconque... Enfin, peut être à ma cousine Ginny. Mais c'était la seule à jamais avoir eu vent de mes états d'âme. Camille également. J'eus une pensée fugitive pour Jasper, dont je n'avais plus entendu parler depuis bien longtemps. L'attrait que j'avais eu pour lui avait été purement physique, d'après ce que j'avais conclu. J'en voulais pour preuve le simple fait que je n'aurais jamais voulu lui parler de tout cela. Il aurait fallu qu'il se passe quelque chose d'extraordinairement grave pour que j'en vienne à me confier à lui. Au contraire, j'avais confiance en Araekin. J'avais la sensation que je pourrais lui parler sans avoir à me cacher. Pour autant, était-ce une bonne chose ? Je finis par répondre d'une voix tendue :

"Honnêtement, je ne sais pas quoi faire. Je veux dire, après ce qu'il s'est passé... Je doute que ma nouvelle condition d'être me permette d'aller en mission seule. Je suis devenue... Inutile."

J'allais poursuivre, mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. J'avais tout perdu, tout simplement. Je baissai de nouveau les yeux vers le vide sous les draps. Ma vie était fichue. A quoi bon continuer ? J'allais perdre mon travail. Ma passion. Mes espoirs et mes rêves. J'avais tant espéré qu'un jour je tomberai amoureuse... A quoi bon, si mon infirmité devait repousser les quelques hommes qui auraient pu m'intéresser ? Je ne pouvais plus rien faire. Ni travailler, ni courir dans la forêt, ni même me marier. J'étais fichue.

"J'aurais mieux fait de mourir." finis-je par murmurer d'une voix torturée.

Une larme fugitive se glissa sur ma joue et je serrai les poings si fort que mes jointures craquèrent. J'avais envie de hurler. De détruire tout ce qui était à ma portée. Je n'étais rien.

-Qu'est-ce qu'une jambe ? Une partie de toi, certes, mais aussi ? Un outil … Qu'est-ce qu'une baguette ? Un outil, certes, mais aussi une partie de toi …

Je fronçai légèrement les sourcils. J'ignorais ce qu'il avait voulu dire par la, mais je l'avais probablement mal compris. Cela me donnait vaguement l'impression qu'il me remuait le nez dans le fait que j'avais perdu plus que je ne le croyais... Non seulement un outil mais aussi une partie de moi. Douloureuse perspective. Non, il devait s'être mal exprimé... Du moins, je l'espérais. Je ne pensais pas qu'il soit du genre a être délibérément cruel ou mesquin.

-Ce que je veux expliquer par là, c'est que tu viens de perdre des outils qui faisait partie de toi, oui certes, mais surtout et heureusement, ceux-ci sont remplaçable, nombre de partie de ton corps étaient irremplaçable. Mais ce n'est que ta jambe qui fut prise ! Alors sourit, car ta vie ne s'arrête pas ici, nombre de personne on déjà perdue un ou plusieurs membres pour X raison et leur vie et belle et grande.

Oui... Le raisonnement était certes un peu tiré par la baguette mais je voyais ou il voulait en venir. Il essayait plus ou moins maladroitement de me faire comprendre que ça aurait pu être pire. Et que je devais me raccrocher à ce qu'il me restait, accessoirement. Du moins c'était ainsi que je le comprenais. Il ne devait pas être très habitué à consoler les gens, étant donné sa maladresse. Il tendit la main et y fit apparaître un petit papillon d'un bleu laiteux qui s'envola dans la chambre. Jolie création. Pas très conventionnelle, mais élégante et bien réalisée.

-Ne penses pas que ton travail s'arrête ici, seule toi en décideras, en effet vue ce que tu fais habituellement, je doute que le ministère ne veuilles plus de toi pour une simple jambe et encore plus si tu viens à la remplacer. Mais si toi, tu veux arrêter, si tu veux changer, alors change, car c'est ça qui de nous ce que nous sommes, pouvoir choisir nos propres choix.

La dessus, je n'étais pas tout à fait d'accord. Je travaillais dans l'intervention et la répression. Un tel handicap me perturberait obligatoirement. Même si l'on me remplaçait ma,jambe par quelque chose d'autre, cela se verrait lors de ma transformation. Un renard muni d'une fausse patte arrière ne pourrait passer aussi inaperçu que son jumeau sans défaut apparent... Néanmoins, je pourrais peut être conserver quelques missions. Pourtant, je restais convaincue que nous n'avions pas toujours le choix. La vie n'était pas aussi facile... Araekin regardait sa création avec plaisir, souriant très largement avec insouciance. J'aurais aimé être aussi positive que lui. Mais a dire vrai, je réfléchissais probablement beaucoup trop pour cela...

-Surtout, n'oublie pas que tu as des amis qui t'aime, de la famille qui t'aime et sache qu'ils sont prêt à t'aider ! En tout cas, moi, j'y suis prêt, si tu as besoins de quoiquei ce soit je suis là, la preuve en est ta baguette et ta jambe, mais pas que, si tu as besoin d'autre chose, comme ce que l'on fait à l'instant, parler, alors je suis et serais toujours là !

Des amis... Peu, en vérité. Mais cela me faisait plaisir qu'il se compte dans le lot. Quant à la famille... Ma mère semblait résolue à ne plus me revoir tant que je ne changeais pas d'attitude. Le côté prewett/weasley, par contre, semblait plus réceptif. Peut être que cela ne se passerait pas si mal que je le craignais. Une soudaine vague de douleur irradia ma jambe manquante et je baissai les yeux. La potion que l'on m'avait donnée ne faisait probablement plus effet. Et j'étais épuisée... Vidée par toutes ces émotions, sûrement. Je le ai distraitement le bras et m'aperçus que mes doigts... Tremblaient. Un frisson effrayé me parcourut l'échine. Ca n'était pas normal. Je devais consulter mon medicomage. Dans l'instant. Je finis donc par répondre d'une voix fatiguée :

"Je te remercie sincèrement de tout ce que tu fais pour moi. Et de tout ce que je te dois déjà. Je suis heureuse et fière de te compter parmi mes amis. J'espère pouvoir te rendre la pareille un jour. Enfin... Si tu pouvais éviter d'être confronté à ce genre de situation, cela serait tout de même préférable."

J'esquissai un léger sourire à ces mots, puis détournai le regard. Je n'étais pas en état de parler plus longtemps. Je le sentais a la tension dans mes muscles et la fatigue mentale qui s'emparait de moi. J'ajoutai donc avec une grimace gênée :

"Je suis désolée de devoir te congédier de façon aussi grossière, mais je crois que j'atteins ma limite, depuis quelques minutes. J'ai besoin de me reposer... Pardonne moi de mon impolitesse mais... Pourrais tu me laisser s'il te plait ? Je voudrais parler avec mon médico mage et prendre quelques potions, cela me mettrait mal à l'aise de le faire en ta présence."

Je marquai une pause, réellement gênée de devoir lui demander ainsi de partir alors que je lui devais tout. Mais le tremblement qui s'amorçait dans ma main droite me faisait peur. Je finis malgré tout par lui faire une proposition qui me semblait de circonstances.

"Lorsque je sortirai d'ici, je t'enverrai un hibou afin que l'on se revoie. Nous pourrons parler bien plus aisément."