La Saint valentin... Punaise, c'était bien la première fois que je n'avais pas du tout envie de la fêter, mais alors pas du tout. Même quand j'étais seule, en général, ça ne me dérangeait pas. J'avais fait la plupart de mes St Valentin en tant que célibataire, et j'avais toujours apprécié. Mais, là, c'était un tantinet différent... Et cela m'apparut dès le réveil... Difficile d'être de bonne humeur avec ça dans la tête. Cela faisait près de trois semaines que je n'avais pas adressé un mot à Eoten, depuis cette sortie à Pré-au-Lard catastrophique, où nous avions rencontré cet enfoiré de Jasper... On pouvait dire qu'il avait non seulement foutu en l'air la journée, mais que depuis, notre couple... Bah, en fait je ne l'avais pas revu depuis, pour faire simple.

Donc je vous laisse imaginer ma royale humeur en me levant le matin. Je soupirai et passais une main dans mes cheveux ébouriffés. Et si je faisais comme si j'étais malade, hein ? Bon... Non. C'était une des dernières journées que je passais à Poudlard, cela ferait l'occasion de prévenir ceux que je n'avais pas encore prévenu de mon départ... Dont Eoten, d'ailleurs... Je secouais la tête... Raaaaah, foutu journée de l'amour, sérieux !

Je me précipitais sous la douche, bien chaude, histoire de me détendre... Me détendre dès le matin, que serait la journée, dis donc. J'y restais près de trente minutes avant de sortir, avec le sourire. Enfin ! J'enfilais une robe boule couleur crème aux manches longues, m'arrivant mi-cuisse, un collant noir, des bottines noires... Un chignon des plus simples. Maquillage obligatoire pour cacher les vilaines cicatrices qui me barraient le visage et j'étais prête à y aller... Sauf que non, il était sept heures et quart. Je m'étais réveillée bien trop tôt, en réalité.

Pour faire passer le temps, je lus un livre offert par Genna. J'aimais bien lire des livres du monde des moldus, ça me changeait les idées, c'était agréable, vraiment. A huit heures moins cinq, je pris mon sac et me rendis doucement à la Grande Salle... Je m'arrêtais subitement à l'entrée... Du rose, partout. Je ne faisais pas parti de ses femmes qui aiment le rose à outrance. Et là, il y avait un too much que je n'appréciais pas vraiment. Mais bon.

Je regardais qu'Eoten ne fut pas sur mon passage et me frayait un chemin vers le buffet. Mon ventre lança un petit grognement. Oulà, j'avais pas mangé depuis quand moi ? En tout cas, j'avais une dalle monstre. Je me servis un verre de jus de citrouille quand soudain je le vis... Et merde ! Mon estomac devrait attendre un peu. Discrètement, j'allais me placer dans un coin de la salle, dans l'ombre. Non, je ne voulais pas qu'il me voit. Bon, je n'étais pas si bien cachée que ça, mais j'étais loin, donc tranquille quelques minutes.

Je regardais les élèves avec un petit sourire en coin, parcourant la salle du regard, et portant mon verre de jus de citrouille à la bouche. Mes yeux s'arrêtèrent sur une blondinette que je ne connaissais pas, puis vite, je regardais le petit caniche, Aiden, fit un signe de la main à une ancienne de ma maison, souriant à une amie Gryffondor... Bon, si je restais sans mon coin ça irait non ?... Pourquoi il faisait si chaud d'un coup ?

Si en Angleterre Saint Valentin était synonyme d'amour et de déclaration, pour moi, petite japonaise très fière des traditions du pays qui l'avait vu naître, c'était plus que ça. Pour moi, c'était le jour pour offrir des chocolats. Pas seulement pour le garçon qu'on aime, mais aussi pour toutes les personnes qui comptait. Je me doutais que je ne recevrais rien pour le White Day, un mois après, mais ce n'était pas important.
Pour l'occasion, j'avais demandé aux elfes de me permettre de faire mes propres douceurs dans la cuisine. Et finalement ma petite taille fut utile puisque je n'eus pratiquement aucun soucis à me servir du mobilier à taille réduite.

J'en avais fait pour à peu près toutes les personnes que je côtoyais. Il y en avait pour Alistine et Kathleen.
Enfin, Kathleen ne venait plus dormir avec nous, et ne passait que pour récupérer des livres ou des vêtements. Je savais qu'elle avait le sommeil perturbé, difficile de ne pas le comprendre quand on se fait réveiller au milieu de la nuit par ses cris de panique.
Je ne pouvais m'empêcher d'être un peu inquiète pour elle, mais nous n'étions pas assez proches pour que je me mêle de sa vie, ce que je commençais à regretter, parce que je l'aimais bien moi.

Je dus donc me résoudre à laisser mes petits paquets de friandises au chocolat sur leur lit, puisqu'elles étaient parties quand je sortis de la salle de bain, habillée pour l'occasion de fringues typiquement japonaises.
J'avais enfilé une jupe noire bien plus courte que celle de l'uniforme traditionnel avec un tee-shirt plutôt large avec le symbole de l'Ouroboros du célèbre et génial manga Fullmetal Alchemist, sous lequel j'avais enfilé un pull près du corps bleu turquoise, ma couleur préférée, ainsi qu'une paire de guêtre de la même couleur en guise de chaussettes et ma paire de chaussure en toile avec une semelle épaisse qui me donnait quatre centimètres de plus avec des étoiles dessus.

En prenant mon sac, je pris la petite besace dans laquelle j'avais rangé les chocolats que je voulais donner.
J'étais plutôt contente de moi. J'avais fait des truffes au chocolat pour Nim, que j'avais monté sur des petits bouts de bois, qui les faisaient ressembler à des dango. De cette façon, ma jeune amie pourrait les manger sans en mettre sur les pages des nombreux livres qu'elle lisait à longueur de journée. Pour Raven, j'avais fait des maki au chocolat, une recette de ma mère, pour lui rappeler nos origines communes, ainsi qu'un thermos ensorcelé dans lequel j'avais fait du thé que ma mère, encore une fois, m'avait envoyé dans son dernier colis. C'était ma façon à moi de le remercier de m'avoir fait découvrir la salle sur demande.

Avant de descendre dans la grande-salle prendre mon petit déjeuner, je fis un rapide détour par la volière pour envoyer les cookies tout chocolat à Lizzie-senpai avec une petite lettre pour la mettre au courant de mes recherches sur mon animagus et les exercices qu'elle m'avait demandé.

Il ne me restait que ceux d'Ara. J'avais longuement hésité au moment de m'y mettre. Je ne pouvais pas ne pas lui en offrir. Même s'il ne connaissait pas la tradition et ne se vexerait pas de ne pas en avoir, je lui devait beaucoup.
Grâce à lui, j'avais fait d'énormes progrès dans les sortilèges. Il avait été très patient et toujours ravi de m'aider. Même si je ne savais jamais trop sur quel pied danser, ce n'était pas de sa faute.
Il n'était pas intéressée par moi, et ne le serais sûrement jamais. Je n'étais qu'une petite sœur, rien de plus. Il était temps que je l'accepte et passe à autre chose.

Je finis par arriver à l'entrée de la Grande salle, et ce que je vis me fis instantanément oublié tous mes petits soucis d'adolescentes. Décidément, Poudlard m'étonnera toujours. Pour l'occasion, la pièce avait été entièrement repeinte en rose bien flash.
Je n'étais pas une fervante admiratrice de la couleur, mais au moins, ça en jetait un max. Tout l'agencement de la salle avait été revue, et tout le monde était mélangé.
C'était une façon comme une autre de fêter la Saint Valentin en faisant de nouvelles rencontres. Avec toute ma bonne humeur retrouvée, j'allais me servir de quoi manger au buffet avec le sourire. Sans savoir pourquoi, j'avais envie de changement, et je pris aussi un verre de jus de citrouille, ce que je ne faisais jamais.

Je m'installais à une table au hasard et commençais à déjeuner tranquillement en écoutant et observant les gens autour de moi.
Un élève de Gryffondor que je ne connaissais pas s'installa juste en face de moi quand je bus la première gorgée de mon verre.
Il avait le style du parfait visual key, avec ses vêtements noirs et ses cheveux noir et blanc. J'avais toujours trouvé très classe ce style et il le portait bien.
Sans m'en rendre vraiment compte, je ne le lâchais plus du regard, étrangement curieuse. J'avais du mal à garder l'esprit clair, et une douce bouffée de chaleur m’envahis, autant dire une bénédiction pour l'éternelle frileuse que j'étais. Mine de rien je n'étais pas beaucoup couverte.


- Ils ont rajouté du sucre ou quoi ? lâcha le garçon à voix haute en arquant un sourcil.

Il allait attraper un autre petit pain, mais avec une maladresse très semblable à la mienne, il renversa tout le plateau et en fit tomber une partie sur le sol.

- Mince ! S'exclama t'il avant de se mettre en quête des petits fugitifs moelleux, jetant des regards furtifs sous les bancs et les tables, à quatre pattes.

Sa réaction me tira un petit rire involontaire. Je mis du temps à réaliser qu'il sortait de ma propre bouche. Je n'étais pas du tout du genre à rire ouvertement des boulettes des autres. Et ce rire avait plus l'air d'un gloussement idiot.
Il courut après l'un des récalcitrants petits pas et finit par l'attraper en lançant un petit cri de triomphe.
Pas de chance pour lui, le pain avait glissé jusqu'au pied d'une femme, un peu trop vieille pour être encore une élève.
Quand je vis le regard qu'il lui jeta, je ne pus m'empêcher d'être un peu jalouse.
Ce n'était pas à moi qu'on offrait ce genre de regard fasciné par de belles formes. Je n'avais aucunes formes. Sans vraiment réfléchir, je sortis ma baguette de ma poche et je lui jetais un petit sort pour lui changer les cheveux en algues.

Je la regardais, cette jeune fille aux cheveux blonds... Blancs ? Je l'ignorais. Tout en sirotant mon jus de citrouille, je ne pouvais m'empêcher de la regarder. Dès que j'en détournais le regard, il revenait l'instant d'après. Je déglutis et me forçais à penser à autre chose... Tiens, Eoten, il était où celui-là ? Que je parte avant qu'il n'arrive dans le coin. Je ne me sentais vraiment pas d'attaque à lui parler.... Pas dans le coin, en tout cas. Je soupirais. Ouf, j'avais quelques instants de tranquillité. Sans que je ne le veuille vraiment, mes yeux se fixèrent de nouveau sur la jeune blondinette et mon cœur rata un battement... Whooh... il se passait quoi là ? Je sentais ma bouche plus sèche, mon cœur s'accélérer... WHOOH ! C'était quoi ce bazar ! Je repris une gorgé de jus et inspirais profondément... Mieux... Mais mon regard toujours poser sur elle. Pourquoi tant d'effet. Surtout que je ne la connaissais pas, cette fille.

Je déglutis à nouveau. Mémoire Cassy !... Je l'avais eu en stage, peut-être. Elle était jeune, elle était fine, d'une grâce toute naturelle pour son âge et tellement attirante. Elle avait quoi... Douze ans ? Treize peut-être, mais si c'était le cas, elle faisait plus jeune quand même... Ou alors, c'était tout simplement une première année... Pourquoi je me posais toutes ces questions sur elle, moi ? Je ne la connaissais pas, après tout, et je n'avais pas forcément envie de la connaître, je quittais Poudlard dans la semaine, je n'allais pas non plus... Ses yeux... Whoa... Jamais je n'avais vu ce genre de couleur dans les yeux de quelqu'un. Nuancé de gris... Bon, manifestement, ce n'était pas une anglaise pur-souche, elle était aussi asiatique, comme ça, j'aurai certainement dit le Japon, mais bon, sûrement le fait que j'aime les mangas qui me fasse dire ça. Je la trouvais tellement jolie.... CASSY PUNAISE !!!! Reprends toi, enfin, c'est une gosse ! Respires, c'est ça, doucement.. Charmante, quand même, je ne pouvais pas le nier, elle avait l'air si douce, si souriante, si naïve, si.... CASS ! Je secouais la tête... Il fallait que je sorte, sinon, j'allais péter un boulon avec mes divagations.

Soudain, j'entendis un cri de triomphe, en bas.... En bas ? Je baissais les yeux et regardais le jeune homme qui se trouvait là, une viennoiserie à la main. Lui non plus, je ne le connaissais pas... Enfin, de loin, j'avais du l'avoir en stage aussi sans doute. Après l'avoir regardé avec surprise, alors qu'il rougissant affreusement et s'éloignait, j'eus un petit rire avant de lui adresser un :

« Ca va bonhomme ? »

Et mon regard retourna vers elle... Qui avait sortit sa baguette et la pointait sur moi. Pardon ? J'eus à peine le temps de lancer un sort du bouclier qu'elle m'attaqua. Whoo ? Je la fixais avec surprise... Elle me regardait, AAAAAAAH, elle me fixait d'un air... bizarre. Mais rien à faire, j'étais l'objet de son attention. Respires, Cassy !!! Je lui souris.

« Hey, je t'ai rien fait, coconne, alors tu peux ranger ta baguette ? »

Je la fixais de mes grand yeux brillant, avec un sourire doux sur le visage. Elle me plaisait de plus en plus cette petite.