Samedi 29 mars. Depuis que j'avais appris que j'allais être mère... J'avais décidé de faire quelque chose contre le stress. Par quelque chose, j'entendais essayer d'éliminer un maximum les sources de stress. Et les cauchemars en faisaient partie. C'est pourquoi je me rendais a Poudlard, à la recherche du professeur de défense contre les forces du mal. J'inspirai un grand coup et frappai a sa porte, tendue.

La porte s'ouvrit et j'entrais dans le bureau du professeur de défense contre les forces du mal. Un endroit que j'avais soigneusement préféré éviter pendant toute ma scolarité : en général, si j'y étais, c'était que j'avais fait quelque chose de travers. Mais, aujourd'hui, la démarche était différente. Je m'avançai dans la pièce et entamai la conversation :

"Bonjour, professeur. Je viens vous voir Parce que j'ai besoin de vos talents... Particuliers. Concernant les pensées."

Ouais, le truc, la... La legilimancie ?

Jinspirai profondément puis expliquais d'une voix bien plus sérieuse que de coutume :

"Je fais... Des cauchemars. Toutes les nuits ou presque. Cest lié à des événements de mon passé, mais je n'arrive pas à oublier. Et cela me cause énormément de stress."

Je levai les yeux vers lui avant d'ajouter timidement :

"Je viens d'apprendre que je suis enceinte et je dois limiter le stress, alors je me suis dit que peut être vous pourriez m'aider a... Oublier ca."

A dire vrai, je n'avais absolument pas pensé à ca... J'avouais alors, penaude :

"Je n'ai pas la moindre idée du fonctionnement des pensées... Alors je ne sais pas. Je veux juste ne plus me réveiller en hurlant."

Hum... Compliqué, hein ? Ca ne pouvait pas être tout simple, bien sur. Trop beau pour être vrai. Je soupira it et demandai simplement :

"Je ne peux pas juger de la résistance de mon esprit, je n'ai jamais eu personne dedans avant. Je dirais bien que je serais prête et que je ne résisterai pas, mais... C'est le genre de choses qu'on ne peut pas décider, je pense. Je ne sais pas quoi faire..."

Je voulais seulement Ue ça s'arrête. Ne plus être hantée chaque nuit par ces souvenirs. Ne plus manquer d'air lorsque quelqu'un brandissait un couteau. Ne plus faire de crise d'angoisse en entendant rire certaines personnes...

Je me tus quelques secondes avant de finalement avouer :

"Il y en a deux en particulier. Le premier, le plus ancien, c'est le jour de mes six ans. Quand un... Fou a tué ma mère sous mes yeux. La raison pour laquelle il m'empêche de dormir est assez évidente. Quant au deuxième, c'était en troisième année... Pour simplifier, je me suis faite martyriser par une "camarade" et j'ai beaucoup de mal à ne pas y penser. Pour peu que ça m'effleure la nuit, dans le noir... Je panique. Et même la présence de mon fiancé a du mal à me sortir de cet état."

Alors qu'il me rassurait énormément, à juste être là. Mais certaines choses sont trop puissantes pour être simplement adoucies ainsi...

Je hochais la tête et obtempérais sans hésiter. J'avais demandé son aide donc je n'avais pas d'autre choix que de faire ce qu'il me demandait. D'autant que le thé pourrait me détendre et... Soudain, j'interrompis mon geste en vol. L'odeur du breuvage m'avait effleuré les narines. Je fus prise de haut le coeur et reculai précipitamment la main. De toute évidence, le thé était comme le jus de citrouille : intolérable pendant ma grossesse.

"Merci, mais ça ne me dit rien." Répondis je donc simplement.

J'esquissai un sourire à cette idée et hochai doucement la tête. Ces souvenirs étaient tellement ancrés dans mon esprit que je n'avais même pas vraiment besoin de me concentrer pour les faire ressurgir. Je prévins Neph que j'étais prête et laissai le pire des deux refaire surface. Aussitôt, je revis le visage fou de l'Homme. Celui qui vait tué ma mère. Il n'en fallut pas plus pour que je me mette à trembler, haletante.

J'ignorais pourquoi cet homme là était toujours aussi frais dans ma mémoire. Pourtant, je me focalisais sur son souvenir en essayant de faire en sorte que le legilimens ressente le problème. Je ressentis bientôt... Un malaise. Une instrusion. Il y avait quelqu'un d'autre avec nous... Et alors, au moment où je m'apprêtais à revoir la scène... J'eus l'impression qu'on me cachait les yeux. J'avais beau faire, je ne parvenais pas à me souvenir de ce visage...

"Elizabeth, comment vous sentez-vous ?
-Bien, répondis-je avec étonnement. Plutôt bien, je crois."

Je me sentais plutôt bien. Normale, quoi. D'une certaine façon, j'avais moins de crainte en repensant à ce jour là. Alors que je réfléchissais à la question, Neph me tendit une pomme en disant :

-Tenez, cela sera toujours ça pour récupérer des forces. Comment cela se passe-t-il dans votre esprit ? Lorsque vous pensez à ce souvenir que vous reste-t-il ?

Je réfléchis quelques instants avant de répondre doucement :

"La même chose, mais moins... Précis ? Réel ? Comme si son visage était effacé."

Je restai silencieuse un moment, perdue dans mes réflexions. Le deuxième souvenir était plus... Dérangeant. Dans le sens où il concernait une expérience "adulte" ou tout du moins plus récente. Et que ce qu'il s'était passé ce jour là... Je n'en avais jamais soufflé mot. A personne. J'hésitais encore à le faire. Je demandai alors :

"Croyez-vous qu'une personne doive s'obliger à faire face à ses peurs, plutôt que de tenter de les oublier ?"

Je hochai doucement la tête en me demandant si ce souvenir la méritait d'être... Modifié. Et surtout, si je tenais à ce que quelqu'un sache ce que j'avais vécu, à l'époque. Après une courte réflexion je décidai que cette affaire la devait rester secrète. Je finis par répondre d'une toute petite voix :

"Je pense que je vais essayer de me débrouiller avec mon autre... Souvenir. Mais, merci beaucoup pour ce que vous avez fait."

Je lui fis un sourire aimable, heureuse de la tournure des choses. Il m'avait beaucoup aidé. Je le remerciai une nouvelle fois et ajoutai :

"J'espère vous revoir bientôt."

Un dernier sourire et je m'éclipsai de son bureau. J'avais une idée pour me débarrasser de ce souvenir... J'allais utiliser une pensine.