Le réveil fut très, très, trèèèèèèèèèès difficile. Le réveil moldu offert par Merlin-sait-qui avait fait un vol plané pendant la nuit. Magnifique, d'ailleurs, le vol plané ! Mais l'atterrissage fut un peu trop brutal pour lui. Réveil plus mur égal débris de réveil, et Mika qui se lève à la bourre.

Encore.

Ce fut donc avec de tous petits yeux et une chevelure plus ébouriffée que d'habitude que le Rouquin alla se sustenter dans la Grande Salle. Les tables étaient quasiment vides lorsqu'il parvint  à la salle, plus d'une demi-heure après s'être vêtu (soit deux heures après s'être réveillé). Il parvint à attraper un verre de jus de citrouille, à défaut d'un chocolat au lait bien chaud, et un croissant, avant d'être traîné dans les couloirs par un de ses camarades de classe. Lequel ? Bonne question. Michaël avait un peu trop la tête dans le cul pour s'en soucier.

Les couloirs et personnes plus ou moins vivantes défilèrent, et Michaël se sentait littéralement traîné, tandis qu'il somnolait à moitié. Sans trop comprendre comment, il se retrouva soudain sur un canapé, dans une salle... qu'il ne pensait pas connaître. En même temps, à ce moment précis, le Mika, bah il pensait pas tout court. Il distinguait bien quelques bavardages qui lui semblaient lointains, tellement lointains... Un doux ronron le berçant peu à peu, pour être exact. Le rouquin finit par s'assoupir sur l'épaule d'un de ses camarades – lequel encore ? Hm. Une menu détail parmi bien d'autres. Ronflant doucement, Michaël rejoint alors le pays des songes, où il rêva notamment de délicieuses pâtisseries volantes. Il en sentait même l'odeur ! L'estomac bien vide, il tendit la main vers l'un de ces délices imaginaires – un muffin – et le saisi.

Oh ?

Pour un muffin supposé inconsistant, il pesait bien son poids. Un peu comme un muffin réel. Michaël ne s'en offusqua pas, cependant, en croqua dedans avec allégresse. La texture du muffin démontrait sa cuisson parfaite, et la délicieuse générosité du chocolat au lait éveillait davantage les papilles du gryffondor, tandis que les pépites de chocolat noir craquaient joliment sous ses molaires.

... Eh?

Michaël s'arrêta soudain de mâcher, perplexe. Il avait encore les yeux fermés, mais il commençait à.. douter un peu. Est-ce qu'il rêvait vraiment ? Bon, certes, il avait déjà fait quelques rêves d'une réalité frustrante, mais quand même... Les indices l'ayant poussé à douter ? Le brouhaha l'entourant, qui, bien que lointain à ses oreilles, restait toujours présent. La sensation de ne dormir finalement qu'à moitié. Le coup de coude dans ses côtes. La voix d'un parfait inconnu résonnant à ses oreilles, et dominant un brouhaha... soudainement inexistant, en fait. Quand s'était-il arrêté ? Michaël ne saurait le dire. Avant, ou pendant le discourt de l'inconnu ? Boah. Pour ce qu'on en a à faire.

Michaël ne l'entendait que d'une oreille, mais ne l'écoutait pas. De fait, il n'enregistra pas les premières informations. Ni les secondes, et encore moins les troisièmes. Il était trop perturbé à savoir si oui ou non il dormait pour s'intéresser aux propos de l'homme. Sa perplexité grandissante  le poussa à ouvrir les yeux, histoire de vérifier enfin s'il dormait ou non. Voyant des muffins et autres pâtisseries flotter devant ses yeux, volant dans un ballet lent au dessus des têtes de ses camarades. Et d'un homme aussi roux que lui. Michaël ferma les yeux à nouveau, compta silencieusement jusqu'à trois, et les rouvrit. Tout ça pour voir la même scène se dérouler.  

Haussement de sourcils, perplexité multipliée par quinze. Regard qui alterne entre le muffin entamé dans sa main, et le professeur-supposé. Cinq fois.

Qu'est-ce qui avait bien causé cette hallucination ? Le jus de citrouille, ou le croissant ? Depuis quand ces deux aliments pouvaient-ils provoquer pareil effet ?! Michaël, à ces pensées, écarquilla les yeux de stupeur, et tint éloigné de lui la pâtisserie sans parvenir à la lâcher – un tel muffin ne se gaspille pas, imaginaire ou non.

« ...mon bureau. Si vous voulez avoir accès à votre fiche personnelle des points gagnés, vous devrez prendre rendez-vous ou vous présenter à mon bureau. Avez-vous des questions avant que nous passions au programme de l’année ? »

Wait, what?

Que venait-il de se passer ?! Un coup d'oeil lancé presque discrètement à ses camarades supposés imaginaires, puis sur le prof, acheva la séquence « je-doute-oh-bordel-c'était-pas-un-rêve » et entama la séquence spéciale « grosse-panique-interne-j'ai-rien-écouté-SOS-MAYDAY-Sauvezmoâââââââââ ». La séquence échouant lamentablement, Michaël s'enfonça dans le canapé, et finit son muffin.

Restait plus qu'à espérer qu'le prof – c'était quoi son nom au fait ? et... OH BORDEL LES TATOUAGES il est cool ce type – allait de nouveau mentionner quelques un des détails déjà traités. Et qu'un de ses camarades accepterait de tout lui répéter. Sinon... Boah. Sinon pas grand chose, en fait. Il pioncerait juste dans un coin toute l'année, foirerait ses ASPICs d'Histoire de la Magie, et ferait une orgie de muffins pour oublier ça (si son cerveau n'a pas déjà évacué l'information).

Oh, du thé!

Michaël se servit une tasse, la porta à ses lèvres, et brûla légèrement ces dernières. Il se mit donc à souffler sur la tasse tenue entre ses deux mains, se concentrant exclusivement sur cette action, et occultant de son esprit toutes ses pensées précédentes.