Alors que je lui répondais, Paddy sembla s'apercevoir de mon trouble et retira sa main. Cela me laissa une drôle d'impression douce-amère... Je n'avais pas vraiment envie qu'elle arrête, mais en même temps... C'était étrange, ce conflit intérieur !

- Je suis désolée, j'avais oublié que tu n'aimais pas les contacts physiques! Je suis un peu bête, pardon. Pour parler d'autre chose, huit jours c'est long! Je vois que tu n'as plus de rhume. Mais tu peux garder mon écharpe, j'en ai pas besoin. Et puis celle de ton école est beaucoup plus classe.

Je ne répondis pas tout de suite, incapable de détacher mes yeux d'elle. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il m'arrivait, mais c'était... Agréable.

"Ce n'est pas vraiment que je n'aime pas ça... C'est juste que... Je... Enfin, je n'ai pas vraiment l'habitude..."

Je déglutis difficilement et changeai de sujet :

"Merci pour l'écharpe, dans ce cas. Je suis convaincu qu'elle m'a aidé à guérir. J'avais un peu peur, comme tu ne répondais plus... Que tu sois fâchée par ma dernière lettre. Mais je suis content de voir que ce n'est pas le cas."

Je fronce les sourcils, un peu inquiète du contenu de sa lettre, que je n'ai pas encore lu.

- Qu'est ce qu'il y a dans cette lettre qui pourrait faire que je me fâche contre toi?

Je pose mes mains sur ma couverture, l'une sur l'autre dans une attitude calme que je n'ai pas l'habitude d'avoir. C'est pourtant le seul moyen pour ne pas faire fuir mon soleil et pour éviter le mal de crâne.

Je haussai les épaules et répondis :

"A priori, rien. Enfin, je ne crois pas. Mais comme je n'ai jamais été très doué avec les gens, je me suis dit que j'avais peut être dit quelque chose de mal. Ou que je m'étais trompé de mot en écrivant et que ça avait donné quelque chose de mal..."

Je soupirai et demandai avec curiosité :

"Mais, si tu ne l'as pas lue... Alors comment as-tu eu mon écharpe ?"

Je lui souris et hausse les épaules.

- Je suppose que mes camarades de chambre me l'ont amenée. Pas possible que ce soit Elliot, il n'entrerait pas dans l'infirmerie. Peut-être a-t-il laissé la lettre a quelqu'un qui le connaît bien et qui me connaît bien? Même si y a pas grand monde dans Poudlard qui me connais vraiment bien, c'est vrai. En tout cas je l'ai eue et je suis ravie. Oh et j'espère que les chocogrenouilles t'ont plu. Il n'y en avait pas énormément mais euh...voilà!

Je lui offre ensuite un grand sourire et m'enroule de nouveau dans son écharpe, de bonne humeur.

"J'ai eu les friandises, en effet. Merci. Mais tu n'étais pas obligée, tu sais ?"

Je rougissais de nouveau, mais comme je n'avais pas mis d'écharpe ou de manteau pour venir... Je ne pouvais pas le cacher. J'essayai donc de rester aussi calme et droit que je le pouvais. Impossible de me cacher. J'ajoutai en regardant ailleurs :

"J'espère que tu l'auras quand même... Et que personne d'autre ne l'aura lue..."

Je rougissais de plus en plus, gêné à cette idée...

"C'est personnel... Notre correspondance..."

Je trouve son rougissement adorable. C'est un petit côté mignon qui se rajoute à sa personnalité et qui est non négligeable.

- Je ne me sentais pas obligée, je voulais juste les partager avec toi. Et je ne pense pas que quelqu'un ait eu l'audace de lire ma correspondance. Si c'est le cas il va en entendre parler, crois moi. J'aime l'idée que tu es le seul avec qui je partage cette correspondance et ce genre de pensées. C'est comme pour les surnoms, c'est quelque chose qui nous appartient, rien qu'à nous.

J'ai envie de lui serrer la main, comme pour le rassurer mais je ne le fais pas, bien sûr.

Son petit discours m'avait soulagé. Je préférais que nos conversations écrites restent entre nous deux. Comme nos surnoms, elle avait raison. Je glissai une main derrière ma tête, gêné au possible. Puis je lui dis :

"Merci, Hana... Mais... Tu sais, pour tout à l'heure... Ca ne me gêne pas, quand tu me touches. Enfin, je veux dire... Que tu prennes ma main... Quand c'est toi, j'aime bien ça."

Bon voilà. Je l'avais dit. C'était probablement le moment le plus gênant de toute mon existence, mais au moins... C'était dit.

La tête qu'il fait:

-Merci, Hana... Mais... Tu sais, pour tout à l'heure... Ca ne me gêne pas, quand tu me touches. Enfin, je veux dire... Que tu prennes ma main... Quand c'est toi, j'aime bien ça.

J'ai soudainement chaud et je me rends compte que je rougis, parce que, mine de rien j'ai l'impression que ce qu'il me dit est extraordinaire. Je lui attrape alors une main en rougissant toujours et baisse la tête puis triture ses doigts.

- J'ai tendance à toujours triturer des choses avec mes mains quand je suis gênée ou quand je réfléchis... La plupart du temps c'est mes cheveux. Je sais que ce tic est plutôt insupportable mais je n'y peux rien. Je le fais sans me rendre compte de quoi que ce soit.

J'ai toujours la tête baissée sur sa main que sens fraîche à mon contact. Comme c'est agréable. Ses doigts sont très grands par rapport aux miens et mes mains ont l'air de petites menottes dans la sienne. L'effet est étrangement mignon.

Elle rougit. Par Merlin, je ne crois pas avoir jamais vu une expression aussi adorable. Elle me donne envie de... De quoi exactement ? Je ne suis pas sûr de le savoir. De la prendre dans mes bras, déjà. Elle recommença alors son petit manège avec mes doigts et me dit :

- J'ai tendance à toujours triturer des choses avec mes mains quand je suis gênée ou quand je réfléchis... La plupart du temps c'est mes cheveux. Je sais que ce tic est plutôt insupportable mais je n'y peux rien. Je le fais sans me rendre compte de quoi que ce soit.

Elle était si petite... Si menue... Si touchante... Finalement, je me sentis porté par les événements et pris sa main entre les miennes. Minuscules. Adorables.

"Tu peux faire ce que tu veux. Ca me va, si c'est toi."

Je me retrouve avec la main prise entre les siennes et je me rends compte de ma petitesse tout à coup. J'ai l'impression d'être fragile entre ses mains et je me dis que le prénom de Lilas ne m'a jamais été aussi bien. Bizarrement je suis toujours incapable de le regarder. J'ai chaud et j'ai la tête qui tourne. C'est vrai que ça tourne beaucoup trop là, non? Depuis quand le lit colle au plafond? Je me sens pâlir.

Je regardai Paddy avec suspicion. Quelque chose n'allait pas. Elle ne parlait pas, ne me regardait pas et n'avait plus aucune réaction. Et... Bon sang, elle tournait de l'œil ! Sans réfléchir, je reposai ma main sur son front, pour la rafraîchir, et appelai l'infirmière. Je reculai pour la laisser faire son travail... Mais elle n'avait pas l'air bien efficace. Dérogeant à ma règle personnelle concernant les inconnus, je demandai avec un air très, très sérieux :

"Vous avez vérifié que tout allait bien ? Je ne suis pas vraiment un expert, mais j'ai l'impression qu'elle ne devrait pas être dans un état pareil, là, maintenant."

Je me tus un instant et ajoutai d'une voix sèche :

"J'espère pour vous que vous n'avez rien raté. Je l'espère sincèrement."

Je ne comprends pas trop ce qui se passe, je suis complètement dans le brouillard. La fraîcheur sur mon front est plaisante néanmoins, mais elle s'en va rapidement, remplacée par des attouchements plutôt brusques. Je ferme les yeux déconcentrée par la lumière et j'entends la voix chaude de mon soleil couplée à celle, désagréable d'une pie... Je croyais que les oiseaux ne pouvaient pas entrer dans l'infirmerie?

- Ecoutez Monsieur, je ne sais absolument pas qui vous êtes, et je me trouve bien gentille de vous laisser dans l'infirmerie avec Mademoiselle White. Mais je n'apprécie pas du tout vos insinuations. Je sais ce que je fais. J'ai dû réparer plusieurs os cassés et son oreille interne met un certain temps à se recaler, voilà tout. En plus, elle est partie gambader à peine l'oeil ouvert, à quoi est-ce que vous vous attendiez?

- Ecoutez Monsieur, je ne sais absolument pas qui vous êtes, et je me trouve bien gentille de vous laisser dans l'infirmerie avec Mademoiselle White. Mais je n'apprécie pas du tout vos insinuations. Je sais ce que je fais. J'ai dû réparer plusieurs os cassés et son oreille interne met un certain temps à se recaler, voilà tout. En plus, elle est partie gambader à peine l'oeil ouvert, à quoi est-ce que vous vous attendiez?

A ces mots, mon regards se durcit. Pour qui se prenait-elle, celle-là ? J'étais loin d'être stupide et avec la magie, une oreille interne ne mettait pas huit jours à se recaler. Je me redressai de toute ma hauteur, culminant à plus d'une tête et demie au dessus de la femme, et lui répondis d'une voix très froide et cassante, un sourire menaçant au coin des lèvres :

"Vous êtes bien gentille de me laisser entrer ? Essayez seulement de m'en empêcher."

De ma vie, je ne devais avoir jamais eu l'air aussi terriblement sérieux qu'à cet instant.

"J'ai déjà pris un cognard en pleine tête au cours d'un match et la moitié de ma famille travaille dans le monde du Quidditch. Je peux vous garantir sur tout ce qui m'est le plus cher qu'un simple problème d'oreille interne ne dure pas huit jours. Qu'elle se soit levée est une aberration, je ne le nie pas, mais son état l'est encore plus. Si vous voulez que je vous laisse tranquille, je vous suggère de refaire un diagnostic complet. Je ne bougerai pas d'ici tant que je n'aurais pas la certitude qu'elle va bien. Si vous faites simplement ce que je vous propose, je m'en irai tranquillement. Dans le cas contraire, je serais forcé et contraint de devoir établir un campement ici même dans l'instant. A vous de voir : voulez-vous la paix ou non ?"

Je parviens à me sortir de ma torpeur légèrement pour entendre l'infirmière balbutier. Je ne sais pas trop ce qui se passe mais je râle, parce que la main fraîche est partie et que j'ai très mal au crâne. Je sors mon bras du lit à la recherche de cette fraîcheur. Je suis sûrement piteuse en ce moment mais je veux juste que la fraîcheur revienne.

- 'naud je murmure.

Puis le me sens levée dans les airs et j'ai l'impression qu'on me jette des sorts de vérification, puis j'entends la voix de l'infirmière, surprise.

- Une grippe?

La femme tente de parlementer, mais je réponds sans cesser de la fixer :

"Inutile de gaspiller votre salive."

Je désigne la petite blonde d'un signe de tête et finalement l'infirmière se décide à obtempérer. Sage décision.

- 'naud... murmure la petite Gryffondor avec peine.

Paddy a l'air désorientée et je me retiens à grand peine d'intervenir. Après tout, l'infirmière a fait ce que je lui demandais. Du calme, Arnaud. Respire.

- Une grippe?
-J'étais sûr que ce n'était pas seulement le choc..." marmonnai-je avec dépit.

Heureusement, une grippe, ce n'est pas difficile à guérir.

Je sens de nouveau le lit sous mon dos, ce qui est un soulagement. On m'aide à m'asseoir et à boire un truc au goût atroce. Du jus de chaussettes peut-être? Je me rallonge et attend quelques minutes et mon mal de crâne semble s'en aller un peu. Je suis faible mais j'y vois de nouveau clair. Je vois l'infirmière s'en aller en grommelant dans sa barbe presque existante. Puis mes yeux rencontrent le bleu foncé de ceux d'Arnaud.

-Hey, je crois que j'ai fait un espèce de crise psychédélique...

Alors que la potion fait effet, Paddy semble retrouver ses esprits. L'infirmière nous laisse non sans un regard mauvais dans ma direction. Ma propre hargne dans cette affaire m'avait surprise, car j'avais plutôt tendance à éviter les conflits... Je ne comprenais pas vraiment pourquoi je m'étais senti aussi... Concerné. Paddy était mon amie, mais de là à me montrer hargneux envers la médicomage...

"Hey, je crois que j'ai fait un espèce de crise psychédélique...
-Que veux-tu dire par là ?" demandai-je aussitôt.

Je reste allongée sur les oreillers moelleux et je profite de la vision que j'ai, qui n'est pas floue et qui semble relativement correcte. Je souris mollement à Arnaud.

- Je t'ai vu te disputer avec une pie...

Elle souriait tant bien que mal en me répondant :

- Je t'ai vu te disputer avec une pie...

Je restai silencieux quelques secondes, puis jetait un œil en arrière, dans la direction de l'infirmière... Et éclatai de rire. Sérieusement, une pie ? Bien trouvé, Paddy, bien trouvé. La combinaison de mon soulagement et de sa blague me cause un tel fou-rire que j'en avais la larme à l'œil. Je finis par répondre tant bien que mal :

"Oh, c'est plus ou moins ce qu'il s'est passé !"

Voir mon ami éclater de rire sans raison est la meilleure chose de la journée. Je lui souris en entendant sa réponse.

- Je crois qu'elle ne m'aime pas beaucoup... Je crois qu'elle ne t'aime pas beaucoup non plus... J'espère vite partir de l'infirmerie. J'avais quoi au fait? Je suppose que c'est pas le cognard?

- Je crois qu'elle ne m'aime pas beaucoup... Je crois qu'elle ne t'aime pas beaucoup non plus... J'espère vite partir de l'infirmerie. J'avais quoi au fait? Je suppose que c'est pas le cognard?
-Elle ne risque pas de m'aimer vu ce que je lui ai dit pour la convaincre de te soigner, fis-je remarquer d'un air un peu coupable. Tu as la grippe en plus du reste. Alors tu me feras le plaisir de rester là, bien au chaud et tranquille. D'accord ?"

Je lui souris légèrement, puis l'infirmière fit remarquer à haute voix :

"Il me semble que vous aviez parlé de PARTIR lorsqu'elle irait mieux, monsieur."

Le ton était suffisamment clair pour comprendre qu'elle me congédiait. Et elle n'avait pas tort... J'avais promis. Je fis un dernier sourire à Paddy et serrai doucement sa main dans la mienne :

"Elle a raison, je lui ai promis. Fais attention à toi et écris-moi quand tu seras sur pied. Plus de balade furtive avant d'être remise, d'accord ?"

Je sens sa main serrer la mienne de façon rassurante. Je n'ai pas envie d'être seule dans cette pièce qui pue les potions médicamenteuses et la maladie. Mais j'ai besoin de guérir et la grippe est contagieuse. En plus je suis crevée, il faut le dire. Je hoche doucement la tête et lui fait un sourire.

- Promis.

Je garde ma main dans la sienne et ne tarde pas à m'endormir.

Elle n'avais pas l'air heureuse, mais elle finit par acquiescer :

- Promis.

Je lui répondis d'un sourire et elle s'endormit presque aussitôt, ma main dans la sienne. Lorsque sa respiration régulière me confirma qu'elle dormait, je pris doucement ses doigts et y déposai un léger baiser. Je rougis aussitôt, surpris par ma hardiesse... Mais personne ne le saurait jamais.

"A bientôt", murmurai-je tout bas avant de m'en aller.