Je Haïssais les foules. C'était tout simplement impensable pour moi de me mêler à un quelconque attroupement, en particulier en présence d'un assortiment d'individus aussi bruyants et incapables de tenir en place. Mais j'adorais le Quidditch. Assister à des matchs m'emplissait de bonne humeur et j'avais bien été obligé de trouver une astuce pour m'y rendre et regarder tranquille. Alors, je me payais une place comme tout le monde, puis je partais m'installer en dessous des gradins. C'était l'endroit le plus calme de n'importe quel stade et je n'avais qu'à m'installer à un endroit adéquat pour y voir parfaitement.

Le match étant terminé, je me permis de me prélasser un moment là dessous, histoire que tout le monde évacue là zone. Je refusais de m'assoir à ma place désignée, ça n'était pas pour me coltiner la foule à la sortie.

Le match avait été sensationnel et j'avais été ravi d'y assister. Les Irlandais en avaient dans le ventre, c'était indéniable. Quant aux anglais, ils avaient beaucoup donné mais j'avais l'impression que leurs poursuiveurs avaient moins de travail d'équipe. Peut-être était-ce seulement une impression, mais j'avais cru déceler dans l'équipe adverse d'avantage de coordination et de fluidité qu'au sein de la leur. Je me remémorai d'ailleurs quelques actions particulièrement réussies et une ou deux figures des plus acrobatiques. Il faudrait que je les tente, un de ces jours. Je me voyais assez cabrioler dans les airs comme l'avait fait l'un des batteurs irlandais. Ce type n'avait pas froid aux yeux !

J'en étais là de mes réflexions lorsqu'un bruit de pas attira mon attention. Je vis bientôt arriver un homme vêtu de la tenue d'Irlande. Un de leurs joueurs, ici ? Manifestement, je n'étais pas le seul à apprécier le calme des lieux... J'hésitai sur la conduite à adopter : devais-je profiter de l'occasion pour faire une rencontre intéressante (forcément, un joueur pro d'équipe nationale !) ou me cacher dans l'ombre comme je l'aurais fait d'ordinaire ? J'étais incapable de me décider et finis par me retrouver nez à nez avec l'homme.

En guise de salut, je lui fis un petit signe de la main avant de m'écarter sur le côté pour le laisser passer en cas de besoin. Après tout, il allait peut-être quelque part ce type.

Par Merlin, pourquoi était-il obligé de s'arrêter devant moi ? Je lui avais laissé de la place, non ? J'avais décidé de NE PAS faire cette rencontre. Pourquoi un quelconque destin sadique avait-il pris les choses en main ? Heureusement, le joueur gardait ce que je qualifierai d'une "distance de sécurité" plutôt confortable qui me rassurait. J'essayai de faire bonne figure, même si de toute évidence je ne pouvais plus échapper à la rencontre. J'étais tétanisé. Bon sang, mais qu'Est-ce que ce type venait faire sous les gradins ? Lorsque j'avais résolu de ne pas lui parler, cinq minutes plus tôt, c'était parce que je préférais rester dans mon coin, au risque de manquer cette occasion. Et j'allais me tenir à ma décision ! Qu'il aille donc jouer avec ses probablement nombreux admiratrices et admirateurs et me laisse tranquille !

Et là, contre toute attente, l'homme se mit à me sourire. Un sourire agréable et rassurant. Bon. Il n'allait pas commencer à discuter sans fin, de toute évidence... Ce qui était un bon point. Il devait croire que j'étais venu là pour une raison précise, car il me demanda :

-Tu as perdu quelque chose ?

J'écarquillai les yeux, surpris. Perdu quelque chose ? Manifestement, il se méprenait sur ma raison de traîner sous les gradins. En même temps, c'était un peu bizarre, j'étais bien obligé de l'admettre. Je devais être le seule type assez fou pour préférer m'installer là plutôt que sur un siège chèrement payé. Je regardais l'homme sans ciller, me demandant ce que LUI pouvait bien faire là. Après un moment, je fus bien obligé de répondre :

"Non."

Clair, net, précis. Et concis. Que voulait-il que je dise de plus ? Je n'allais pas lui raconter ma vie. Je détournai la tête, gêné de cette rencontre. Si j'avais voulu lui adresser la parole, je l'aurais fait tout de suite. Maintenant, j'avais l'air d'un fou. Ou d'un imbécile, au choix. Je priais presque pour qu'il soit déjà parti. Je fermai les yeux un instant... Et quand je les rouvris, il était toujours là. Dans l'expectative. Ses yeux verts indiquaient clairement qu'il attendait quelque chose de moi. Un approfondissement, sans aucun doute. Je soupirai et désignai l'endroit d'où j'avais regardé le match d'un signe de tête.

"C'est une belle vue."

Voilà. Il allait comprendre et reprendre sa route, maintenant. Non ?

Mon commentaire semble étonner le joueur, dont les yeux firent plusieurs fois la navette entre l'endroit que je montrais et moi. Par les chaussettes de Merlin, que me voulait-il encore ? Ne me croyait-il pas ? Il n'avait qu'à vérifier par lui-même !

Et c'est ce qu'il fit, pénétrant du même coup dans mon espace vital. Je m'écartai un peu pour rester à une distance raisonnable, non sans l'observer avec curiosité. Il n'avait probablement jamais songé à s'installer là. En même temps, il n'avait pas l'air farouche, lui, alors il pouvait probablement s'installer dans les gradins sans en éprouver le moindre inconfort.

Au moment où je remerciais le ciel que mon interlocuteur ne soit pas trop exubérant... Celui-ci explosa. Au sens figuré, bien entendu, mais tout de même : ses paroles avaient un tel débit que j'avais l'impression d'être emporté dans un raz-de-marée.

-Mais c'est génial ! Mon dieu si je l'avais su avant ! On voit super bien ! Faut que je donne l'astuce à Nim, elle qui n'aime pas quand il y a trop de gens … C'est la planque idéal ! Et on est proche du terrain : Non vraiment c'est EPIC !!


Nom d'une salamandre ! Respirez, monsieur ! Il allait s'étouffer à parler aussi vite et fort, non ? Mon rythme cardiaque avait considérablement augmenté du fait de me retrouver dans une situation des plus curieuses avec cet homme, qui de toute évidence était un grand bavard. Il n'avait probablement pas remarqué que j'avais subitement blêmi et que mon expression devait avoir quelque chose à mi chemin entre celle d'une personne terrifiée et celle d'un type en pleine crise d'apoplexie, mais il ne put manquer de le voir lorsqu'il se retourna en disant :

-T'es un génie mec !!

Mec ? Par Merlin, tous les joueurs de Quidditch étaient-ils pareils ? C'était exactement comme ça que Matthias, le poursuiveur-vedette des Hippogriffes d'Espelette, me parlait à chaque fois que je le voyais. Même mes posters de lui me donnaient toujours du "vieux", "mec" et autres appellations similaires. Et allez savoir pourquoi, cette apparente ressemblance entre l'homme devant moi et lui me rassura. Je ne le connaissais toujours pas, ce type, mais il avait l'air aussi sympa que Matt. Bon, peut-être légèrement plus exubérant, mais cela devait venir du fait qu'il était plus jeune également. Après tout, je savais que dans sa prime jeunesse Matthias avait été connu pour ses frasques, notamment la fois où il s'était fait tatouer une vélane nue sur la nuque. Hum... Cet homme-là était peut être de la même trempe.

Bon... De toute façon, je n'avais plus le choix, pas vrai ? J'allais réellement finir par passer pour un fou furieux si je restais aussi immobile et silencieux. D'ailleurs, la façon dont l'homme me regardait ne laissait planer aucun doute sur le sujet : j'étais bizarre. Il avait rentré sa tête dans ses épaules, façon tortue, et me regardait avec une telle anxiété que cela m'amusa. Etais-je réellement si effrayant ? Ce n'est pas parce qu'on est grand qu'on est forcément agressif ou quoi que ce soit, quand même. Je me fis donc violence pour lui parler aussi aimablement que possible :

"Je suis comme cette "Nim", je déteste qu'il y ait du monde. Je regarde toujours d'ici."

Parce que tous les terrains de Quidditch étaient construits de la même façon, je retrouvais invariablement mon coin personnel quand j'allais à un match. Enfin, à condition que je ne sois pas sur le terrain moi-même. Parce que quand c'était le cas, ma peur et ma timidité s'envolaient en un instant. Quand je volais, il n'y avait que moi, mon balais et ma batte. D'ailleurs, j'étais plutôt doué à ce jeu-là. Mais je ne pensais pas que j'aurais pu en faire mon métier. Il valait mieux que je me concentre sur quelque chose de plus terre à terre et les Créatures Magiques me le permettaient.

Cet homme-là était vraiment, vraiment bizarre. Pas comme moi, qui étais juste d'une timidité maladive, mais comme quelqu'un dont on lit chaque expression comme dans un livre ouvert. En tous les cas, il avait l'air tellement heureux que j'aie répondu que ses yeux brillaient comme ceux d'un enfant à noël. Du calme, monsieur...

En plus, il me fixait. Pourquoi ? J'avais une tache sur le visage ? Son examen minutieux me perturba et je préférai détourner la tête pour l'ignorer Ou plutôt, pour éviter son regard scrutateur. Oui, j'avais à faire à un drôle de personnage ! Il confirma mon opinion de lui en s'approchant dangereusement, pour me dire :

"Ah ! Oui, désolée ! Nim c'est ma frangine, elle est à Poudlard depuis deux ans. C'est une petite boulette quand elle a un balais dans les mains … Mais je l'adore haha

Une petite quoi ? Je fronçai les sourcils, perplexe. Je n'avais jamais entendu ce mot-là. En tout cas, pas dans ce contexte. Il faut dire que le langage qu'employait mon interlocuteur était loin d'être celui qu'on apprend dans les livres. Il faudrait vraiment que j'étudie d'avantage l'anglais "familier"... En tout cas, il avait l'air d'aimer sa "frangine". Autre mot inconnu, mais j'imaginais sans trop de mal qu'il s'agissait de sa sœur. J'aurais peut être aimé être grand-frère, moi aussi... Je remarquai alors que le jeune homme souriait. D'une façon un peu étrange, voir même suspecte. Très, très bizarre.

-Mais plus important ! Tu as dis « Toujours », non ? Ca veut dire que tu viens souvent ? Tu aimes le Quidditch ? Enfin je veux dire tu aimes beaucoup ?

Je hochai la tête pour répondre, mais de toute évidence ça ne lui suffirait pas. Ah, j'aurais mieux fait de partir avec les autres spectateurs... Ca m'aurait évité tout ce remue-ménage. Si seulement j'avais su ! En tout cas, je sentais que le type ne me laisserait pas tranquille tant que je ne répondrais pas... Alors je finis par avouer à voix basse :

"Je viens quand j'ai du temps libre mais je préfère jouer que regarder, j'étais batteur pendant mes études."

Arnaud Malefoy, artiste du résumé. Si un jour je devais être affublé d'un titre quelconque, ce serait sûrement celui-là.

Ma mention du fait que j'étais joueur à l'école alluma les lumières quelque peu effrayantes dans le regard de mon interlocuteur. On aurait dit un enfant à Noël... Ou un jeune sorcier qui trouvait sa baguette. Comme moi la première fois que j'avais mis le pied dans le quartier sorcier de Paris... En tous les cas, sa joie semblait explosive. Il me demanda alors :

-Ca te dirait quelques passes là de suite ? Je viens de jouer un match mais j'en ai encore envie … je passerais ma journée sur un balais si je pouvais … Bien sûr, si tu ne veux pas je comprendrais tout à fait ! Dis le moi juste.

Il était... Euphorique. Extatique, même. Et je devais bien avouer que depuis que j'avais vu cette fameuse figure de leur batteur, j'avais envie de l'essayer moi aussi. De voir si j'en serais capable, par simple fierté. Je n'en avais peut-être pas l'air mais j'adorais vérifier par moi-même que j'étais aussi capable sur un balais que les joueurs pros. Après tout, j'avais une grande habitude du vol. Non seulement pour le Quidditch mais aussi pour mon plaisir personnel. J'aurais donc accepté la proposition avec plaisir, mais...

"Je n'ai pas mon balais." fis-je remarquer avec du regret dans la voix.

Après tout, il n'y avait plus grand monde dans les environs et j'avais toujours envie de voler après les matchs auxquels j'assistais. Mais mon balais était bien trop loin pour que j'envisage de l'appeler par accio... Même si tout mon corps me démangeait à l'idée de voler, je n'avais pas la capacité de me faire pousser des ailes. Et je doutais que ce stade mette des balais à disposition du premier venu.

Ma déception de ne pas pouvoir voler sembla aller droit au cœur de mon interlocuteur, qui sembla avoir une illumination. Son regard s'éclaira sensiblement et... Il prit la poudre d'escampette. Sans rien dire. Quoi ?!? J'étais abasourdi et le regardai sortir de dessous les gradins en trombe. C'était à n'y rien comprendre... Je restai donc là quelques instants, planté droit dans la terre. Pourquoi était-il parti ? Avais-je dit quelque chose de travers ?

Après une courte réflexion, je me rendis à l'évidence : je ne m'étais pas trompé de mot et ce que j'avais dit n'avait à priori pas de sens caché. Sait-on jamais, avec l'anglais... J'aurais pu faire erreur. Mais ce n'était pas le cas. Pourquoi s'était-il enfui, alors ? Je me grattai la tête avec perplexité. J'en étais là de mes réflexions lorsque l'homme revint avec deux balais.

D'accord, c'était donc ça ! Il devait avoir emprunté celui d'un de ses coéquipiers. C'était une attention vraiment généreuse de sa part et, d'une certaine façon, je trouvais ça touchant. Alors, inexplicablement, je me mis à sourire. C'est donc avec une expression bien plus aimable que je l'accueillis lorsqu'il me tendit son balais en disant :

-Tiens, j’espère qu'il te conviendra … AU fait … Euh moi c'est Seyn
-Et moi Arnaud. Enchanté." répondis-je, toujours souriant.

Je pris le balais qu'il me tendait, amusé par sa forme profilée. Pas du tout le même type que le mien. Mon Nimbus était taillé pour la maniabilité et ces fantaisies que j'appréciais particulièrement : figures, acrobaties... Mais, ça serait intéressant d'essayer un modèle différent. Un sourire scotché sur mes lèvres, je fis un signe de tête à Seyn pour lui proposer d'aller sur le terrain. Parce que voler sous les gradins, ça devait quand même être drôlement bizarre.

Pendant que nous étions en train de marcher vers le terrain, je le voyais trépigner d'impatience. Je n'avais aucun mal à me douter de la raison pour laquelle il sautillait comme ça... Bon. J'imaginais que puisqu'il avait été vraiment généreux de me prêter un balais, je pouvais bien faire un effort (gros, l'effort) de socialisation. Je lui dis alors d'une voix un peu tendue :

"J'ai l'impression que tu as... Des questions. Poses-les."

Hrp:

A voir l'expression de Seyn, il était très surpris. Ce garçon avait un visage tellement expressif que c'était tout juste si les mots ne se formaient pas sur son nez avant de sortir de sa bouche. Pour un peu, j'aurais discerné les rouages internes de son esprit, alors qu'il essayait de choisir l'une des questions qui le taraudaient. Il sembla prêt à parler à plusieurs reprises mais se ravisa finalement, jusqu'à ce qu'il demande simplement :

-Il y a une équipe en particulier que tu supportes ?

J'esquissai un nouveau sourire. Si nous commencions à parler de ça, ce serait tout de suite plus simple pour moi. Surtout que j'avais beaucoup de choses à dire sur le sujet. Lorsque j'eus mis le pied sur le terrain, une grande partie de mon anxiété se dissipa. Je n'étais toujours pas très à l'aise, mais je me sentais dans mon élément. Comme réponse à la question de mon interlocuteur, je me contentai d'ouvrir mon manteau, dévoilant un t-shirt noir sur lequel on voyait une photo de l'équipe des Hippogriffes d'Espelette. Ensorcelée, bien entendu : les images stationnaires, très peu pour moi. Enhardi par l'idée de voler, je gratifiai même Seyn d'un grand sourire avant de m'élancer sur le terrain... Et de décoller.

Je sentis tout de suite la différence avec mon nimbus. Ce balais-là était plus rapide, mais néanmoins maniable. Peut-être pas autant que le mien, mais j'étais sûr de pouvoir arriver à quelque chose. Enivré par le bonheur que je ressentais à cet instant, j'éclatai de rire en accélérant brutalement, zig-zagant entre les poteaux de but avec une aisance née de l'habitude. Je m'élevai brutalement en chandelle, goûtant à la saveur incomparable du vol à grande vitesse. Le vent sifflait à mes oreilles, ébouriffant mes cheveux, faisant voler mon manteau dans mon sillage comme un drapeau. Je fis un tonneau pour passer dans l'un des buts avant de me stabiliser, le cœur battant. J'étais tellement submergé par le vol que j'en avais presque oublié Seyn... D'ailleurs, je lui devais des remerciements en bonne et due forme...

Comme j'aurais été sot de manquer une telle occasion d'essayer un nouveau balais !

Ce joueur-là était peut être aussi fou que moi sur un balais. Il s'était laissé tomber à une vitesse folle pour remonter en piqué, tellement près de sol que ça m'avait fait bloquer ma respiration. L'expression sur le visage de Seyn suffisait à comprendre que le jeune homme était aussi heureux que je pouvais l'être une fois dans les airs. J'étais heureux d'avoir rencontré quelqu'un qui partage comme moi cette passion, autre que Paddy. Un garçon, pour changer. Il faudrait vraiment que je me décide à sortir un peu pour essayer de me faire des amis en Grande Bretagne...

A cette idée, j'esquissai un sourire. Impossible. Il fallait vraiment des circonstances particulières pour que j'arrive à discuter plus ou moins naturellement avec quiconque. J'avais toujours du mal à établir le contact, mais encore plus à le garder. Sauf avec Paddy, puisque nos échanges de lettres m'avaient fait l'effet d'un lien permanent entre nous, qui me permettait d'être vraiment à l'aise en sa présence. Et comme toujours lorsque je pensais à elle, je me mis à rougir. Allons, Arnaud, reprends toi ! J'essayai d'évacuer son visage de mon esprit pour me concentrer sur ce qu'il se passait en ce moment même.

Et surtout, sur Seyn qui arrivait sur moi. J'aurais encore plus de mal à lui parler si je pensais à Paddy, alors je me contentai de sourire gentiment. Lui aussi souriait, aussi exalté que je l'avais été quelques secondes plus tôt. Lorsqu'il fut assez proche, je m'exclamai :

"Super balais. Il est bien plus rapide que mon Nimbus 2010."

Je souriais assez largement en songeant à mon cher balais. Au départ, ma mère avait voulu m'offrir un Eclair de Feu, dernier modèle. Mais après les essais que j'avais fait, j'avais plutôt penché pour le Nimbus. Moins rapide, certes, mais extrêmement maniable. Parfait pour les gens comme moi qui prennent parfois plaisir à aller voler dans des endroits tout à faite inattendus, comme les grottes ou... Les forêts. Chacun son petit plaisir dans la vie. En plus, mon balais avait été customisé par l'équipe des hippogriffes, alors il avait, en plus de ses excellentes caractéristiques, une énorme valeur affective.

Oh, les Nimbus sont de très bon balais ! Mais … Avec le niveau que tu as … Parce que oui, je trouve que tu as un bon niveau... Un très très bon même.

Je rougis légèrement au compliment, gêné. Je n'étais pas si doué que ça. D'ailleurs, je l'étais probablement bien moins qu'à l'époque où je m'entraînais tous les jours après les cours. Sur le coup, on m'avait proposé de faire une formation dans le domaine des sports magiques. J'avais dû longuement peser le pour et le contre avant de me décider. Mais, j'avais fini par comprendre que je n'avais probablement pas le talent nécessaire pour devenir pro. Non, je préférais rester un amateur passionné. Seyn fit une petite figure avant de me rejoindre. Il avait encore envie de voler, ça se voyait... Et se comprenait.

-C'est à l'école que tu as appris tout ça ?

Je secouai la tête en signe de dénégation, hésitant à savoir si je devais lui dire la vérité ou non. J'étais un peu honteux de devoir tant de choses à mes parents. Bien sûr, j'étais conscient que l'éducation ne fait pas tout, mais je n'arrivais pas à m'ôter de la tête que cela y contribuait quand même beaucoup. J'avais toujours été privilégié, dans mon enfance... Je finis par avouer d'une voix un peu contrite :

"Ma mère est l'entraîneuse des Hippogriffes depuis des années. Elle jouait dans l'équipe Japonaise avant d'épouser mon père."

Je n'aimais pas trop parler de ça, parce que ça me donnait l'impression d'être un parvenu. Comme si j'avais appris ce que je savais uniquement parce que j'étais "le fils de". Être le fils de Michel Malefoy et d'Asuna, née Kirigaya, n'aurait pas dû me permettre de prétendre à quoi que ce soit de plus que le fils de n'importe qui d'autre. Bien qu'ils aient de la notoriété l'un comme l'autre dans leurs domaines respectifs, j'avais envie de ne rien devoir à personne. D'atteindre mes objectifs par moi-même. Je fermai les yeux, savourant simplement le contact du balais sous mes doigts. Il me portait, comme le vent. J'inspirai à fond, appréciant l'air plus doux qui annonçait le début de soirée. Puis je regardai malicieusement Seyn et proposai :

"Une course ?"

Il me suffisait de voir l'expression de Seyn pour comprendre que ma proposition avait fait mouche. Une course, ça lui parlait peut être autant qu'à moi. Il suffisait de voir la lueur d'enthousiasme au fond de son regard pour comprendre que je venais de donner un peu de piment à notre rencontre. Comme moi, il était du genre à autant aimer l'ivresse du vol que les challenges techniques proposés par d'autres joueurs. Je ne reculais quasiment jamais devant un défi, surtout pas quand on se mettait à parler Quidditch. Il se pencha sur son balais, me jetant un regard de défi :

-Avec grand plaisir.

Je n'en attendais pas moins de lui et son enthousiasme me fit plaisir. Il était déjà prêt à partir comme un boulet de canon. Mon corps brûlait de se jeter dans l'action et j'avais le plus grand mal à garder mon sérieux. Tout comme Seyn, qui était probablement aussi fébrile que moi, si ce n'est plus. A ce niveau-là, nous étions similaires. Il jeta un rapide coup d'œil au stade avant d'ajouter :

Je te propose hum … Hésita-t'il un instant. Deux tours de pistes ?

J'esquissai un sourire amusé et répondis d'un ton égal :

"Deux tours de piste, ça n'est pas vraiment du challenge... Si on rajoute une ou deux figures et des cognards, je suis pour. Histoire de pimenter la chose."

Mon sourire s'élargit, éblouissant. Deux tours de piste n'avaient pas grand chose d'un challenge. Devoir les faire poursuivis par des cognards et avec des figures obligatoires, ça mettait tout de suite un peu de sel. Quand je volais, j'aimais me lancer des défis...

Ma proposition sembla combler Seyn qui arbora un sourire immense. Il ne perdit pas une seconde et fila en direction de l'intérieur du stade. Il ne tarda pas à revenir avec la malle à cognards et deux battes. Oh, la bonne idée. Si nous nous les renvoyions ce serait nettement plus drôle ! D'autant que ça me donnait un avantage, puisque j'étais moi même batteur.

Aussitôt qu'il fut revenu sur le terrain, Seyn relâcha les deux cognards qui décollèrent comme des boulets de canon, filant dans le ciel à toute allure. Nous n'avions que peu de temps avant qu'ils ne se lancent à notre poursuite. Seyn se hâta de me rejoindre et me tendis l'une des battes avec un immense sourire :

"Que le meilleur gagne !
-Bonne chance !" répondis-je avec un sourire rayonnant.

Je saisis rapidement la batte et me mis en position.

"Prêt ? Partez !"

Aussitôt, je filai comme le vent sur le terrain, décidant de jouer sur mon avantage tactique. Puisque moi j'étais particulièrement bon avec une batte dans la main, il fallait en profiter. Je pris de la hauteur pour me trouver au dessus de lui et attendis l'arrivée du premier des cognards. Il filait à toute vitesse dans ma direction et je me cramponnai d'une main au balais afin d'asséner un formidable coup dans la balle noire sitôt qu'elle fût à portée. Celle-ci fusa en direction de Seyn et je profitai de ces quelques secondes pour effectuer une vrille, passant dans chaque anneau de but par des virages en épingle à cheveux.

Un coup d'œil en arrière suffit à me faire constater que Seyn avait balancé sa batte, qui semblait l'encombrer plus qu'autre chose. Je m'étais bien dit que j'aurais un avantage tactique... Il prenait rapidement de la vitesse, droit dans ma direction... Et un cognard au train. Oh, il allait tenter de me la jouer finaude, sans aucun doute.

Il remonta brusquement vers moi, probablement pour me remettre le cognard sur le dos. Mais son ascension fut si rapide que je n'eus pas le temps de l'esquiver et me contentai de me tenir prêt pour réceptionner son petit cadeau. Tandis qu'il filait en altitude, j'interceptai le cognard et l'envoyai virevoleter vers le centre du terrain. La deuxième balle fusait à proximité des buts adverses et Seyn m'observait, un peu en hauteur.

Je lui décochai un sourire amusé et filai à toute vitesse sur l'extérieur du terrain. Je n'allais pas me laisser perdre bêtement, ça non ! Histoire de montrer que j'avais été attentif au match, j'imitai l'une des figures qu'avait effectué le batteur de l'équipe de Seyn, sans me rater. Bon, j'aurais peut être besoin d'entraînement pour l'effectuer sans peine, mais ça n'était déjà pas si mal. Je venais de boucler mon premier tour, zig-zagant entre les poteaux qui avaient servi pour les anglais. Le cognard qui traînait à proximité de ces buts me sentit et s'élança dans ma direction. Je l'évitai d'une vrille et jetai un œil derrière loi, à la recherche de mon challenger.