Le jeune garde chasse de Poudlard s'était demandé toute la journée comment il devrait d'habiller pour se rendre à cette fameuse réunion londonienne. En fait, il ne savait pas trop qui serait présent et donc ne savait pas trop quels habits seraient les plus appropriés. Cependant, après réflexion, son père ne lui avait pas apprit à se rendre à des rassemblement de façon débraillé, il décida donc de porter un costume et une chemise blanche élégante.

Étant de nature ponctuelle, il partit assez tôt pour se rendre au lieu indiqué sur son invitation. Le restaurant se trouvant chez les moldus, il eut du mal à le trouver mais réussi finalement par arriver à destination. Il était à peine plus de dix-huit heure trente il avait donc un timing parfait. Cependant, il se demandait s'il avait bien fait de venir. Il ne détestait pas forcément les moldus, mais ne les portaient pas vraiment dans son coeur non plus. En fait, ils l'ennuyaient et l'exaspéraient. Il entra, se présenta et fut conduit du côté sorcier du restaurant où quelques personnes étaient déjà présentes et buvaient tranquillement, mais il n'en connaissait aucune alors il se contenta de prendre un verre et de s'installer dans un coin de la pièce pour observer, comme il aimait le faire à chaque fois. En fait, bizarrement, il avait une mauvaise impression. Soit quelqu'un qu'il ne voulait pas revoir allait être présent, soit il allait s'ennuyer ferme toute la soirée, soit il allait se prendre la tête avec quelqu'un. D'un côté, pour une fois, il espérait se tromper car il souhaitait passer une soirée agréable et décontractée.

De la musique emplissait la pièce ou plutôt l'antre du professeur de Défense contre les Forces du Mal. Une musique et des chants d'un temps passé, une musique bien trop occidentale pour être de son pays d'origine, mais elle enveloppait l'air et la pièce d'un calme serein. Laissant ainsi le lieu à la contemplation, la méditation ou encore à l'érudition, elle berçait les travaux du professeur.

Neph avait reçu une invitation. Installé tranquillement à son bureau, il lut avec attention le contenu de celle-ci et les détails qui avaient pu y être ajouté. Il savait déjà à quoi s'attendre puisque durant l'année, on lui avait parlé de cette "tradition" de réunir chaque année professeurs, anciens élèves de Poudlard dans ce même restaurant londonien. Malheureusement pour le japonais qu'était le professeur de Défense contre les Forces du Mal, il n'avait jamais étudié à Poudlard et les seules personnes qu'il pourrait à la rigueur rencontrer étaient les professeurs qu'il côtoyait déjà au quotidien ou du moins de manière hebdomadaire. L'envie n'y était donc pas d'assister à cet évènement. L'intérêt de découvrir d'anciens élèves non plus, l'instant d'après, tout serait oublié.

Une plume, qui était posée et rangée sur la table basse en bois précieux mais massif de son bureau, s'éleva. S'imprégnant rapidement d'encre afin d'être prête à l'emploi, elle s'était figée devant un morceau de parchemin et n'attendait qu'une chose : Que le professeur commence sa diction. D'une voix claire et simple, Neph commença donc :

Citation :

A celui ou celle qui lira cette lettre, Salutation.

Le temps est une ressource précieuse. Malheureusement pour moi, je suis désolé de ne pouvoir en disposer davantage et ainsi de ne pouvoir me joindre à cet évènement. J'ose espérer que ceux et celles qui seront présent arriveront à s'amuser et à faire table rase du passé car comme toute personne en ce monde, nous ne sommes tous point fait pour vivre ensemble et il arrive que des évènements creuse un fossé entre deux individus.

Aucun masque ne peut aider les convives à s'amuser ensemble et les décors d'un cabaret sont également loin de ce beau restaurant londonien mais l'amusement est, ce que j'espère, présent en tout lieu. Suffit-il de savoir l'attraper au vol.

Je tenais toutefois à souhaiter à chacun une bonne soirée.

Amicalement,

Neph Sonozoa
Professeur de Défense contre les Forces du Mal.

Une fois la dite lettre terminée, la plume se réinstalla là ou elle avait été rangée peu de temps avant et ne fit plus un geste. On pouvait bien se demander pourquoi le professeur écrivait une lettre comme s'il parlait à chaque invité mais il se disait que c'était la moindre des choses que de s'excuser de sa non présence. On ne pourrait pas dire qu'il n'avait fait aucun effort pour ne pas venir et peut être que seulement un dixième de l'assemblée saurait qui est ce professeur ne venant, alors à quoi bon venir. Ouvrant la fenêtre du bureau ou il se trouvait, il appela sa corneille et lui confie ainsi la lettre, la laissant s'envoler vers Londres. Refermant la dite fenêtre, Neph se remit à du travail beaucoup plus sérieux que celui de s'amuser dans un restaurant pour finir en fin de soirée par s'être enivré comme le fera surement une partie des invités.

La corneille, quant à elle, s'était envolé pour Londres et arriva à l'heure alors que les premiers invités s'étaient déjà réunis. Certains étaient arrivés en retard, d'autres à l'heure, il n'y avait au final pas d'heure pour arriver du moment que chacun était réunis. Alors qu'un couple de moldus entrait dans le dit restaurant, la corneille en profita. Volant d'une assurance presque programmée ou moqueuse, elle fonça à travers l'espace qui venait de s'ouvrir à la surprise générale de ceux qui voulaient pénétrer à l'intérieur. Des étonnements, cris, et autres manifestations de surprises eurent lieu de la part des moldus présents dans la première salle. Le corneille sachant ou aller, profitant de suivre un petit groupe de sorciers entrant dans la seconde salle, la bonne.

A l'intérieur de celle-ci, elle se posa rapidement sur l'épaule d'un professeur. Aller savoir pourquoi ou peut être que cela était programmé également par l'oiseau, elle se posa sur l'épaule d'Alouarn Grimgorson, qui connaissait déjà le maitre de la corneille, Neph Sonozoa. Attendant simplement que l'on prenne la dite lettre et qu'on lui gratifie son trajet de part une quelconque récompense, elle repartit peu de temps après, laissant les invités s'amuser et peut être même le propriétaires des lieux s'exclamaient à l'encontre des sorciers pour la tapage de la corneille.

Je m'étais levé ce matin dans le but de passer une journée des plus banales, un repas le matin, de la lecture, un repas le midi, une ballade en forêt pour réapprovisionner mes réserves de nourritures et enfin un bon souper pour bien finir la journée. Ça allait être une journée comme les autres, depuis maintenant 6 mois. Six longs mois que Mme Durvan nous avait quitté, six interminables mois faits du même paterne régulier qui constituait ma vie, mais six heureux mois pendant lesquels j'avais fait la connaissance de personnes. Des personnes sur qui je pouvais (plus ou moins) compter, ces rencontres avaient donné un sens à ma vie. Maintenant je vivais pour eux, pour les revoir un jour. Oui je voulais les revoir, c'était mon vœu le plus cher. Cecil me manquait, je me demandais si il allait bien, si il vivait content et satisfait de sa vie.

Plusieurs sentiments se mélangèrent alors, de l'envie, de la nostalgie, de la joie et de la tristesse. C'était beaucoup certes mais j'aimais Cecil comme un frère et les liens familiaux ne s'expliquent pas. Puis quelque chose tiqua dans ma petite tête d'ermite, c'était aujourd'hui ! Le jour J ! La réunion des anciens élèves de Poudlard et un peu tout le reste d'ailleurs. Cela faisait tellement longtemps que Cecil m'en avait parlé que j'avais arrêté de compter les jours qui défilaient à la vitesse d'un escargot à vitesse de croisière... c'est à dire pas très vite. Toute tristesse disparu et fût remplacée par encore plus d'envie mais surtout de l'impatience. Revoir Cecil, rencontrer d'autres gens et avec un peu de chance revoir Alouarn. Tout ce chamboulait dans ma tête, hélas, il n'était que quatorze heures et la réunion ne commençait qu'à dix-huit heures trente si ma mémoire étaient bonne. Plus que quatre heures et demie, le temps de me préparer et me retrouver dans Londres.

Dix-huit heures, tout était près... pas grand chose finalement. J'avais enfilé des vêtements propres, mon fameux t-shirt gris, mon pantalon noir qui me serrait les jambes et une paire de basket tout ce qu'il y avait de plus normal. Je n'avais pas d'habillement "classe", alors j'avais fait de mon mieux. Je devais avoir une photo de Londres quelque part, Mme Durvan avait des photos des endroits importants lui permettant de transplaner à son escient. Là ! C'était un intérieur, une maison isolée sans doute, pas de quoi faire une carte postale en tout cas. Maintenant je devait y aller, c'est simple, nan ? Je l'avais déjà fait de toute façon.

Je me concentra donc sur la photo et c'est parti. Le monde autour de moi tournait, logique puisque je transplanais. Avec un lourd bruit, j’atterris à destination... qui n'était pas vraiment comme sur la photo. Je me retrouvai dans un salon, tout neuf, avec un enfant devant moi, bouche ouverte. Oups. Je ne pouvais cependant m'empêcher d'être poli, voyons :

- Coucou ça va gamin ? On va faire un jeu, tu connais le roi du silence ? Et bien c'est parti.

Je reculai prudemment, puis j'entendis des voix dans une pièce adjacente. Les parents du jeune garçon devaient sans doute avoir fini leur douche. Je m'empressai alors de trouver la porte de sortie mais à peine je fis un pas que l'enfant qui se tenait à côté de moi me saisit par le pantalon avec une de ses minuscules mains. Il pointa sa bouche et agita son doigt de droite à gauche. Je compris que cet enfant était muet, je m'accroupis alors pour être à sa hauteur, il me pointa ensuite un pot rempli de cookies qu'il ne pouvait pas attrapé. Je saisis le bocal, l'ouvris, pris un cookie puis offris le reste à l'enfant.

Je me dirigea vers la large porte qui me semblait être la sortie et fit un geste d'adieu au jeune garçon. J'appuyai sur la poignée et je découvris, à mon plus grand bonheur, une avenue bondée de monde. J'avais réussi à transplaner dans Londres, les bus rouges me le prouvaient. Il ne me restait plus qu'à trouver l'endroit du rendez-vous. J'arrêtai un vieil homme pour lui demander mon chemin. Ce sage homme fît preuve d'une immense gentillesse envers moi et m'indiqua avec une impressionnante précision la rue que je cherchais. Dix-huit heures quinze, pas de temps à perdre. Je m'élançai donc vers l'endroit indiqué, cookie à la bouche et crâne rempli, rempli d'émotions plus fortes les unes que les autres.

Dix-huit heures quarante, j'avais du retard. J'arrivai enfin devant ce qui ressemblait fortement à un restaurant. Je dû cependant prendre quelques secondes de repos, appuyé sur mes genoux, et finis mon cookie quand j'entendis le réceptionniste parler à un arrivant qui lui tendait un carton :

- Profitez bien de ce repas, j’espère pour vous qu'il sera magique.

Magique ? Mais oui ! Cecil m'avait effectivement parlé d'une invitation. Il m'avait aussi dit que le réceptionniste laissait volontier passer les sorciers n'ayant pas de carton. Je me redressa donc et me dirigeai vers l'entrée, je suivis le sorcier qui venait d'arriver jusqu'à une porte. C'était le moment de vérité. Le moment que j'attendais avec tant d'impatience. Je m'avança encore de quelques pas et poussa la porte.

Cecil était de mauvaise humeur. Pas seulement le simple agacement passager ou l'énervement situationnel, non. La véritable mauvaise humeur, durable, presque vicieuse. Après être passé par la phase de la tristesse, puis par la phase du déni, il s'était mis à détester Camille. Enfin, c'est ce qu'il croyait. Disons qu'il expérimentait la haine comme moyen d'assimilation d'une situation inconnue. Et jusqu'à présent, le seul résultat était cette mauvaise humeur aussi profondément inexpugnable qu'un herpès mal placé.

Il avait passé la journée dans son bureau, à empaqueter ses affaires pour les vacances. Un sortilège et quinze petites minutes auraient d'ordinaire suffis, mais il avait envie de passer la journée à grommeler seul dans une pièce fermée. Sa colère était si grande que même Peeves avait fui à son approche lorsqu'il était sorti quelques minutes de son bureau, ce qui l'avait bien plus exaspéré que si l'esprit frappeur lui avait fait des misères comme il le faisait d'ordinaire.

Et il y avait cette soirée en plus. Qui avait eu l'idée d'une telle chose? C'était stupide. Sans doute était-ce une initiative du directeur. Cecil ne pouvait pas l'encadrer. Il l'avait vu deux fois, lors de deux entretiens. Un premier pour savoir s'il ferait l'affaire et un second lorsqu'il avait pris ses fonctions. Cecil trouvait le professeur Braginsky faux. Il avait le sentiment qu'il cachait quelque chose sous son air sympathique et ses idées stupides. Et puis comment un jeunot pareil pouvait-il se déclarer directeur de Poudlard et remplir les fonctions qu'Albus Dumbledore avait glorieusement transcendées pendant des décennies. Quelle blague...

Cecil passa devant son miroir. Il eut envie de rire tellement sa tête était pitoyable. Il redéfinissait le concept de cerne et sa barbe était plus hirsute que jamais. Ça n'allait pas, mais alors pas du tout. Cecil soupira et se plia à l'inévitable. Il avait dit qu'il irait, alors il irait.

Il commença par passer une demi-heure dans la salle de bain. A coup de ciseau, de potions et de sortilèges il retrouva visage humain. Il se sentait même mieux. Un peu. Cecil passa une demi-heure de plus devant sa garde-roba afin de trouver une tenue élégante, mais qui ne lui paraissait pas ridicule. Il finit par opter pour un costume noir, sur une chemise noir. Il avait l'air d'un corbeau, mais avec un peu de chance, personne ne l'approcherait. Une demi-heure avant le rendez-vous, il sortit du château. Dès qu'il put, il transplana.

Il réapparut dans une ruelle reculée, non loin du bar où tous devez se retrouver. Cecil s'y rendit vivement. Les passants l'évitaient sur le trottoir étrangement, et les deux serveurs dans le bar ne lui demandèrent même pas son invitation. Tant mieux, il les aurait probablement envoyé bouler.

Il parvint à la salle. Il avait un peu de retard mais il y avait déjà beaucoup de monde. La première personne qu'il vit fut elle. Camille. De profil, faisant semblant d'écouter une conversation visiblement ennuyeuse.

Soudain, les portes s'ouvrirent à la volée derrière lui.

"BOOM BABAY!!"

Tous les convives se retournèrent vers les deux arrivants, et Cecil par la force des choses qui se tenait pile entre eux deux. Lui qui voulait faire une entrée discrète... Il se retourna vers les deux énergumènes et leur lança un regard noir.

"A cause de vous messieurs, je vais boire toute la soirée. Merci pour ça."

Cecil les laissa en plan et se dirigea vers le bar, en évitant de croiser le regard de qui que ce soit. Il y trouva Alouarn, une coupe de champagne dans une main, une lettre froissée dans l'autre et un air triste sur le visage. Cecil s'avança vers lui, prit une coupe de champagne aussi et fixa Alouarn.

"A la tienne. Puisse cette soirée être moins chiante que prévu."

Et Cecil but cul-sec sa coupe.