Mercredi, première semaine d'avril
Chaque matin, la routine de Lavander en semaine était la même. Pas de petit déjeuner –à quoi bon ?- elle attendait simplement ses élèves, dans sa salle de classe. Aujourd’hui, c’était les troisièmes années qui y passeraient. Ils allaient simplement continuer leur étude des différentes runes. Ils avançaient, peu à peu, dans les trois alphabets. Vieux futhark, futhark récent, et celui qu’ils pouvaient rencontrer en Angleterre même, le futhorc.
Aujourd’hui, ils allaient attaquer l’étude de la seizième rune de cet alphabet runique. Sōwilō. Ou Sól ou même Sigel. Bien des noms pour désigner la lettre équivalente au s. Tout simplement.
Mais bien sûr, si cela s’arrêtait là, ce ne serait pas aussi intéressant. Aujourd’hui, elle avait même réservé une petite surprise à ses élèves. Elle avait retrouvé un vieil os, sur lequel la rune avait été gravée. Un os enchanté. Elle sourit légèrement en pensant à la surprise qu’auraient ses élèves d’observer ainsi une magie aussi ancienne.
Les élèves entrèrent, posèrent leur devoir de la semaine passée sur son bureau, s’assirent, sortant plumes et parchemins. Elle attendit que le calme parfait s’installe, avant de réciter, doucement, le premier poème runique.
«ᛋ Sól er skýja skjöldr
ok skínandi röðull
ok ísa aldrtregi.
rota siklingr. »
En même temps, elle passa devant le projecteur, et se concentra un court instant, pour l’actionner. Face à chaque élève, s’éleva alors la rune Sól.
ᛋ
« Vous l’aurez compris. Nous avons terminés la semaine passée l’étude de la Rune Algiz, nous allons donc passée à la suivante. Le poème que je viens de citer donne son nom en futhark récent. Sól. Je suis certaine que vous pouvez deviner la symbolique de la rune. Son nom est très proche de nos jours. » Elle attendit qu’un élève lui donne la réponse attendue, lui accordant cinq points, avant d’enchainer.
« Sōwilō en vieux futhark, Sól en futhark récent, et Sigel en futhorc. La lettre « S » diraient les idiots. Le Soleil, dit sa symbolique. »Elle actionna à nouveau le projecteur, afin d’afficher deux lignes de runes.
ᛊ ᛖᚱ ᛚᚨᚾᛞᚨ ᛜᛟᛗᛖ
ᛚᚢᚦᛁ ᛖᚲ ᚺᛖᚷᚢᛗ ᛞᛟᛗᛖ
« Ceci est en vieux norvégien. Quel alphabet parmi les trois que nous étudions ? A quoi le reconnaissez-vous ? » Elle accorda dix points à la bonne réponse, avant de continuer, paisiblement, flottant à travers les rangs.
« J’aimerais que vous traduisiez ceci. Je vous laisse dix minutes. J’interrogerais quelqu’un parmi vous à l’issu de ces dix minutes. Préparez vous aussi à devoir prononcer cette phrase. » Alors, elle vagabonda, observant les élèves consulter leur
Dictionnaire des Runes. Elle veillait à ce qu’ils ne fassent pas d’erreurs majeures, mais dans l’ensemble, elle les laissait travailler paisiblement. Après tout, il était important qu’ils maitrisent ces versions très simples. Le délai passé, elle désigna le jeune Seth Ektranakht pour qu’il se lève, et récite le poème runique, avant de le traduire. Elle corrigea ses éventuelles erreurs, puis décida de lui accorder quelques points, avant de lui désigner le coffre sur son bureau.
« Ouvrez le monsieur Ektranakht, et prenez l’os gravé de la rune que nous étudions. Miss O’Hare, préparez vous à éteindre les lumières. Lancez Nox sur les lustres et le projecteur. » Il était exceptionnel que Lavander autorise les élèves avant la sixième année à utiliser leur baguette magique pendant son cours, et Kathleen pouvait se sentir honorée. En tout cas, il valait mieux elle que sa camarade de Serdaigle Alistine Blank. La lumière éteinte, l’os entre les mains du jeune Serpentard, elle reprit la parole.
« Lancez en l’air la pierre en récitant ce poème runique, Monsieur Ektranakht. » Elle laissa faire l’égyptien, et observa avec ses élèves une lueur se dégager de l’os, qui flotta un court instant, illuminant très légèrement la salle de classe.
« Aucune magie ne peut être éternelle, et celle qui imprègne cet os est millénaire. Il fut un temps où sans doute, elle illuminait tel le soleil, les maisons pendant les froides nuits d’hivers. Miss O’Hare, rallumez la lumière, doucement, pas trop, nous devons toujours voir ce que nous projetons. Monsieur Ektranakht, rangez cet os. Je vous remercie. » Elle sourit tranquillement, tandis que les élèves reprenaient leurs esprits. Ils avaient été plutôt étonnés de voir une telle magie à l’œuvre, et il vrai que ce n’est pas donné à tout le monde. Mais rapidement, elle actionna à nouveau le projecteur, afin d’afficher trois nouvelles lignes de runes.
ᛋ ᛋᛖᛗᚪᚾᚢᛗ ᛋᚣᛗᛒᛚᛖ ᛒᛁᚦ
ᚦᚩᚾᛖ ᚻᛁ ᚻᛁᚾᛖ ᚠᛖᚱᛁᚪᚦ ᚩᚠᛇᚱ ᚠᛁᛋᚳᚫᛋ ᛒᛖᚦ
ᚩᚦ ᚻᛁ ᛒᚱᛁᛗᚻᛖᚾᚷᚫᛋᛏ ᛒᚱᛁᛝᛖᚦ ᛏᛟ ᛚᚪᚾᚹᛖ
« Bien, alors, qui peut me dire cette fois ci de quel alphabet il s’agit, et à quoi il le reconnait ? » Après avoir eu réponse satisfaisante, elle laissa à nouveau aux élèves très exactement dix minutes pour traduire les vers de cet autre poème runique. Cette fois ci, elle fit se lever Alistine Blank, après l’avoir ignorée tout ce début de cours. En Mademoiselle Je Sais Tout, cette Serdaigle avait réponse à tout, et levait sans cesse la main. Mais il fallait bien faire travailler les autres.
Une fois la récitation et la traduction effectuée, elle actionna, une fois encore, le projecteur. Cela commençait à la fatiguer, mais elle préférait avec ces élèves, encore enfant, faire ainsi. Sur le mur se projetait désormais une pierre gravée d’un soleil, sur laquelle la Rune Sigel s’affichait clairement.
« Comme toutes les autres runes que nous avons étudiés, et que nous étudierons, Sōwilō a une valeur magique très importante. Avec la petite démonstration que nous avons eu tout à l’heure, vous en connaissez déjà une. La lumière. Sōwilō appelle la lumière, mais aussi la chaleur. Deux choses d’importances quand on vit dans un pays de froid et de ténèbres. Le poème runique que j’ai récité au début du cours disait, une fois traduit. »Elle prit une légère inspiration, bien qu’elle n’en est nul besoin, avant de murmurer.
« Le Soleil est le bouclier des nuages
et rayon lumineux
et destructeur de glace. »
Une dernière fois pour ce cours, elle actionna le projecteur. Une photo de pierre tombale s’afficha alors.
« J’aimerais que vous traduisiez ceci. Un dernier hommage non pas à un guerrier, ni même à un sorcier. A une femme, une moldue, mais aimée tendrement par son sorcier de mari. Vous avez une demi-heure. Prêtez grande attention au rythme imposé par cette rune Sigel qui revient sans cesse. Toutes les sept runes précisément, même si dans la traduction que vous obtiendrez, cette précision sera bien sûr moins importante. » Elle s’assit enfin, pour les laisser travailler, et déjà regarder leurs devoirs.