Je venais à peine de sortir de l’Allée des Embrumes que j’étais déjà serré contre des inconnues ; comme toujours le chemin de Traverse était bondé de gens faisant leurs courses pour la rentrée ou pour le plaisir d’acheter des objets insignifiants. Je m’arrêtais quelques minutes contre la vitrine d’un restaurant pour souffler un peu. J’avais passé la nuit dans un bar, où j’avais « un peu » bu mais aussi, encore accepté un pari stupide pour ne pas payer mes consommations et comme très souvent j’avais fini par me battre avec un abruti qui se trouvait là. Vainqueur j’étais sorti du bistrot pour m’effondrer de sommeil, surtout ivre, dans une ruelle voisine, je venais donc de me réveiller en début d’après-midi affamé et à l’ouest. Mes yeux s’attardaient à l’intérieur de la boutique, sur les bons plats fumants qui passaient d’une main à l’autre ; mes narines captaient cette bonne odeur, beaucoup moins développée que dans ma forme animale, je salivais quand même à l’idée de pouvoir  en manger rien qu’un morceau. Je repérais une jeune fille aussi chargée qu’un mulet, avec tous ses paquets je me demandais comment elle pouvait en porter un autre de plus et même marcher. Quand elle sortit du restaurant je voulus lui faire un sale tour comme à mon habitude, mais j’oubliais cette petit marche servant de rebord, je m’effondrais donc littéralement sur elle. Tous ses paquets étaient éparpillés autour d’elle, je la fixais un moment, admirant ses beaux yeux bleus, un peu perdus, puis lui tendis certains de ses sacs juste pour son joli petit minois. J’avais glissé, malgré mon état, avec une superbe discrétion le petit sac du repas chaud dans ma poche revolver de ma veste. Je l’aidais à se relever, en la tirant gentiment par le bras, en lui adressant un charment sourire :

- Je suis désolé, je n’avais pas vu la marche.

Dire la vérité après avoir commis son crime était une jolie fleur de la journée ! Je partis d’un pas de foule, qui m’entraîna à l’opposé de la direction qu’elle avait prise en sortant du restaurant, je tournais dans une ruelle et m’asseyais sur des marches. C’était vraiment facile, les jeunes de nos jours balançaient l’argent durement gagné par leurs parents par les fenêtres et ne faisaient pas plus attention que ça à leurs affaires. Sans attendre plus longtemps je sortis le petit sac et dévorais le délicieux plat chaud comme si c’était mon seul de la journée. Le dernier vrai repas datait tellement que je ne m’en souvenais plus ; pendant les grandes vacances scolaires, les enfants donnaient leurs miettes au premier chien venu, je restais donc en animagus pendant une très longue période. Mais la rentrée était dans quelques jours je devais donc reprendre la main que la patte quoique en automne les animaux se goinfraient avant l’hibernation, j’aurais donc des proies de choix avant de passer un sale hiver à voler à droite à gauche pour me rassasier et me réchauffer.

La petite ruelle était déserte, j’avais choisi un bon endroit pour manger, d’ailleurs j’avais presque fini ce délicieux repas. Je ne comprenais pas pourquoi elle n’avait pas fait plus attention à ce paquet, une nourriture de cette qualité ne courait pas les rues, ou alors c’était moi qui n’y était plus habitué. Trois mois sous ma forme animagus à manger les restes de gamins insouciants, c’était facile certes mais peu nourrissant et l’hiver approchait à grand pas, je devais me faire un minimum de réserve pour me tenir chaud. Je devais aussi songer à trouver un abri contre le vent et la neige, j’avais encore le temps, nous étions en automne mais je ne devais pas m’y prendre trop en retard où sinon j’allais galérer comme l’année passée. C’est à ce moment là que j’entendis des bruits de pas précipités, suivis d’un cri aigu :

-Hey ! Vous là bas ! Rendez-moi mon sac espèce de voleur !

La revoilà celle-là ? Elle devait aimer autant la nourriture que moi pour m’avoir cherché juste qu’ici, dans une ruelle très près de l’Allée des Embrumes, là ou personne ne viendra l’aider. Le temps qu’elle arrive en face de moi j’engloutis le reste en une dernière bouchée, j’aurais pu transplaner mais elle avait quelque chose qui me plaisait, je ne sais pas trop quoi. Elle avait un certain courage ou alors, elle était complètement stupide ; je ne le serais peut être pas, ou peut être que je le savais déjà. Les idiotes ne sont pas capables d’aller aussi profondément dans les ténèbres, elles ont beaucoup trop peur des choses différentes d’elles, c’est de là que naît la jalousie. Cela faisait d’elles des personnes sans aucun intérêt, des personnes ne sachant que critiquer les autres car elles les envient d’être différents. Elle n’avait pas une tête à être une de ces personnes insignifiantes, cela voulait dire qu’il devait y avoir quelque chose d’important avec le repas que je lui avais volé, ou l’avait elle simplement égaré et puisque je lui avais dérobé le plat,  j’aurais pu le lui prendre au passage. Non, elle avait dit « mon sac »,  je savais donc qu’elle avait besoin de moi pour récupérer cet objet. Je la regardais dans les yeux en souriant, je frottais ma main droite sur mon jean histoire d’enlever les miettes et autres saletés mais ça ne suffisait pas pour qu’elles deviennent propres.

-Juste le sac ? Où ce qu’il y a dedans ?

Je ne cherchais pas à avoir de réponse de sa part, la réponse était évidente. D’une lenteur exagérée j’ouvris le petit sac, baissant ma tête pour voir ce qu’il y avait de si précieux à l’intérieur, la curiosité était un vilain défaut, je le savais, mais ce n’est pas dans un moment pareil que j’aurais à m’en méfier, surtout si mon seule problème était cette jeune et charmante demoiselle. Un courant d’air traversa la ruelle ce qui me fit légèrement frissonner, ma veste qui ne tenait aucunement chaud  et en dessous je ne portais qu’une chemise à manche courte où les trois premiers boutons étaient ouvert. Moi assis, elle était plus grande que moi, même debout je ne la dépassais que d’une dizaine de centimètres à tout casser. Mais de sa grandeur je songeais qu’elle pouvait voir à l’intérieur de ma chemise, certainement, vu qu’en plus des boutons défaits, j’étais avachi ce qui ne la plaquait pas contre le corps. Mon sourire ne put que s’étirer plus encore,  je me forçai donc à me calmer un peu pour reprendre du sérieux même si je gardais mon visage souriant. Dans le sac se trouvait un bout de tissu, je ne savais pas ce que j’allais en faire mais je préférais ne pas le sortir avec mes grosses vilaines mains, toutes douces, détenant une poigne forte mais hélas recouvertes d’une fine couche de particules de saleté. Je remis le sac en boule et le tenais entre mes deux mains, relevant ma tête pour lui faire face de nouveau, droit dans les yeux, le regard impénétrable tel un mur bâti pierre par pierre. C’est ainsi que j’attendais une réaction ou autre de sa part.

Elle me tendait la main droite pour que je lui rende le sac avec son contenu, son visage était sans expression. Je savais que quoi que je fasse au final je le lui rendais, je n’étais pas un voleur, ni un revendeur, je me servais juste auprès des autres pour manger et avoir un peu d’argent rien de plus. Ça m’amusait aussi terriblement, voir comment les gens étaient si absorbés par des choses futiles pour mettre en étalage leur bien précieux ou pas. J’attendais qu’elle me parle mais elle ne dira rien, avait elle peur ? Peur que sa voix la trahisse ? Qu’elle montre autre chose que de la colère ? Je n’avais pas envie de la lui rendre, j’aimais bien pouvoir parler avec un être humain, un qui n’est pas préoccupée par son apparence, qui ne ment pas à tout bout de champ, une personne sincère capable de conversation cohérente et non sans intérêt. Ma poigne se resserra légèrement contre le sac, la seule chose qui pouvait trahir mon hésitation, il fallait que je trouve une excuse. C’est en attendant une réponse ou action de ma part qu’un proverbe que m’avait dit une personne très chère me revint en mémoire «Qui va à la chasse perd sa place, celui qui le remplace est un lâche.» Je ne voulais pas passer pour un lâche, mais non plus pour un faible qui cède à la moindre difficulté. Après un petit temps de réflexion je déclarais d’un ton plutôt neutre :

-Je te le rends si tu accepte de manger un morceau.

Je me levais, décidé de mon choix, mon sourire était devenu plus discret, je mettais le petit sac en boule dans la poche revolver de ma veste, bien en sécurité.  Debout je me confirmais à moi-même le fait que je la dépassais effectivement d’environ 10cm, je laissais errer mon regard sur son doux visage fin. Bien qu’elle avait les cheveux aussi court que les miens elle était jolie, mais…

J’étais sorti avec beaucoup de femmes, après ce n’était pas vraiment sortir, je les côtoyais juste pour le plaisir et en aucun cas pour des sentiments. S’ébattre, avec douceur mais fermement tel un buffle libre, ou au contraire sauvagement et passionnément tel un puissant fauve de la savane ; addiction de tout homme aillant goûté au moins une fois au fruit défendu. Ce calice que seul nous, nos cousin les singes et les dauphins partageons dans la déroute de son but principal. Tant d’être vivant différents et pourtant si peu à avoir fait de cet acte un péché vaniteux, ne pensant égoïstement qu’au plaisir et non pour la survie de l’espèce !

Avait-elle répondu ?  Si oui, je ne savais pas, mon esprit était allé vagabonder au delà des buissons de la pudeur. Je ne sais même pas pourquoi il fallait que je pense à ça maintenant, il n’y avait rien qui aurait pu déclencher ce petit coin perfide de ma tête. En tout cas elle était toujours en face de moi, et dire que je ne savais même pas son nom, ce n’était pas très poli de ne me pas être présenté, peut être était-ce le moment ? Non, il fallait que je garde un œil sur ma politesse, elle pourrait aller au commissariat magique pour les prévenir de mes « crimes » ; manger à droite et à gauche et trouver des pièces dans les poches de mes chères croisades en carrefour. Je pourrais toujours la kidnapper, ou même la tuer, à quoi bon ?  Elle ne ferrait que de m’attirer des ennuis et de me priver de ma liberté. Aussi chanceuse que la petite souris, une sacré mimi petite souris !

Elle fut d’abord surprise, puis pensive, ensuite enthousiaste. Je ne voyais pas trop ce qui avait pu lui faire changer d’humeur aussi vite mais j’étais certain que c’était grâce à moi et j’en étais fier. Je restais tout aussi souriant, la confiance, je la tenais de mes ancêtres, une de mes grandes qualités je présume. Je ne faisais pas attention à ce qu’elle disait, je faisais plus attention à son visage si proie au changement, à cette âge on n’est dans tous ses états, pour un bon ou pour un rien. Je souriais, pas entièrement par mon assurance naturelle mais aussi parce que j’étais heureux, heureux d’avoir trouvé une jeune trouvant la joie de vivre, ce goût de la vie si rare maintenant. Emporter par le tournant perpétuel de la société, ce même déroulement qui a permis à la race des hommes de gouverner sur cette Terre en tant que plein pouvoir sans aucun limite par aucun autre être vivant. Les courbes de son visage dansaient comme les herbes folles en plein vent dans les grandes landes au beau milieu du printemps, dans ses plaines demeuraient de magnifiques faisans avec une chair délicieusement tendre. La faim était toujours là ! Le savait-elle ? Est-ce qu’elle savait que son visage n’était que des milliards de molécules microscopiques composées eux-mêmes d’atomes encore plus petits, compacts les uns aux autres par des liaisons chimiques ; accrochés grâce aux électrons qui les composent (mais pas seulement). La chimie m’avait toujours un peu attiré, uniquement les composants de l’être rien de plus, je n’étais pas un grand fan des potions magiques, ni celles des moldues, si on peut appeler cela des potions. Je quittais mon esprit chaotique pour revenir sur le moment présent, j’avais vu ses lèvres remuer mais j’étais trop haut perché pour avoir entendu, j’en étais navré. Quand elle déclara qu’elle m’invitait je ne pouvais être que content, j’avais assez de sous pour nous acheter un repas à tout les deux mais j’économisais !

Elle était en train de partir je me levais donc et la rattrapais en quelques pas, puis me mis à son rythme, s’adapter ce n’était pas très difficile, j’avais eu de bonnes années d’entraînement pour ça même si ce n’est pas une chose à laquelle nous avions réellement travaillé. Elle nous ramena dans une allée principale, le foule y battait toujours du pied, je posais donc sans geste vif ma main sur son épaule et me rapprochait d’elle. Je ne voulais pas me déconcentrer en me focalisant seulement sur elle pour ne pas la perdre dans la masse, le corps à corps permettait d’obtenir de bon petit butin facilement. Oui je vole, seulement de l’argent, à quelque exception prêt, mais je ne suis pas un revendeur, ni un cambrioleur et encore moins un collectionneur ; oh c’est vrai que j’ai déjà tué pour de l‘argent ou kidnappé mais ce n’est pas pareil, eux ils l’ont sûrement mérité alors que les objets… Les objets ne sont que des esclaves sans vie de ceux qui justement la possèdent. Je penchais ma tête tout près de son oreille pour être sûr qu’elle puisse m’entendre et pour m’éviter de brailler comme tout le monde, ce qui me donnait souvent un bon petit mal de crâne pas vraiment mérité.

- J’ai de l’argent, mais j’économise pour mon cadeau de Noël.

Un cadeau très spécial, qui me ferrait énormément plaisir, plutôt chère. Il en valait la peine, je n’étais pas expert dans cette art, je ne pouvais donc pas me la confectionner moi-même. Je ne préfère pas y penser, d’un certain point de vue cette idée est très perverse ou complètement monstrueuse… Pourtant je ne suis ni violeur ni psychopathe ! Une douce chance qui m’est resté, je devrais remercier quelque chose là-haut pour ça, mais c’était une perte de temps comme beaucoup de coutumes ancestrales inutiles. Je ne sais pas trop ce qu’ont allait bien pouvoir manger, j’espère qu’il y aurait de la viande au moins, certainement, maintenant il y a de la viande partout, ce n’était pas si mal, en même temps c’est tellement bon… En parlant de bon, je reniflais discrètement et décelais une douce odeur, j’avais gardé ma tête toute proche de son oreille, c’était elle qui sentait bon comme ça !

/ Je collais ma tête contre la sienne, sentant ses cheveux tout propres, ma bouche frôla son oreille. Elle était si douce, je sortis ma langue, léchant son lobe furtivement, de petit coup par petit coup je l’entrainais discrètement dans une autre ruelle parallèle. Arrivé contre un mur, je descendais lentement ma tête dans son cou laissant ma langue faire le chemin sans quitter le contacte de sa peau une seule seconde. Je remontais la piste en trottinant de bisou jusqu’à ses lèvres, toute aussi chaude que son cou et encore plus doux que son lobe ; mes mains se posèrent sur ses hanche tandis que la droite continuais son escalade vers sa joue, mais une fois que j’eu touché son visage je reçu comme une décharge électrique ! /

J’avais trébuché sur un pavé, grâce à mes réflexes je m’étais rattraper de justesse en empoignant plus fort l’épaule de la charmante inconnue que je n’avais toujours pas laissé filer. Je chuchotais mon excuse brève en tentant de dissiper au plus vite cette surprenante pensée qui c’était pris à moi à une vitesse invraisemblable, puis je me souviens que j’avais beaucoup bu cette nuit et peu dormis mais surtout presque pas mangé. Ça m’apprendra à faire des entourloupes dans un état pareil, même si je n’avais pas tant bu que ça, parfois je ne pouvais plus me relevé pendant une journée entière, j’étais très lucide cette fois-ci ! Mais je ne me saoulais pas tout les soirs non plus, trois  fois par saison, ou un peu plus mais pas plus de 7, sauf si ça allait très mal ce qui était rarement le cas. Pourtant ce n’était pas l’alcool qui me faisait rosir un peu les pommettes, elle devant avoir plus de dix ans de moins que moi pourquoi me sentir gêné ?! Et puis elle ne peut lire dans les pensées ce qui serait très regrettable, je me faisais vieux, je ne devrais pas trainer avec des personnes si jeunes on me prendra pour un pédophile… On marchait toujours vers notre repas encore inconnu, mais elle devait bien avoir une petit idée d’où il se trouvait !

Elle me trimballa dans un horrible carrefour aussi bondé que des vers dans un cadavre en décomposion que les charognards n’avaient pas touché, c’était insupportable ; comment faisaient-ils pour tous se serrer comme ça et marcher comme si de rien n’était, si ça ne tenait qu’à moi je ne serais même pas passé par ici, j’aurais fait un détour par les ruelles. Je devais même me concentrer pour ne pas augmenter la pression de ma main qui était posée sur son épaule, je commençais à être tendu, tous mes sens étaient en alerte prêts à intervenir, n’importe qui pouvait nous agresser avec une arme ou sa baguette. Elle devait être habituée un minimum car elle semblait beaucoup plus détendue que moi, après elle était jeune et insouciante de ce genre de danger, elle devait aussi connaître le coin car elle marchait d’un pas certain vers quelques restaurants mais ils avaient tous l’air d’être pleins à craquer, nous continuons donc notre recherche. C’était vraiment dommage qu’ils étaient complets car à en juger dans les assiettes pleines qu’on apercevait ils avaient tous l’air d’avoir des plats délicieux, et voyant ce que portaient les consommateurs il y en avait à n’importe quel prix.

Elle finit par s’arrêter dans une petite rue beaucoup plus calme où se trouvait un charmant restaurant qui lui aussi était rempli de bonnes choses à manger ; elle se retourna me forçant à laisser tomber mon bras, son visage avait l’air plutôt jovial et motivé, je la laissais donc partir à l’intérieur restant gentiment devant l’entrée du bâtiment.

Il ne fallut même pas deux minutes pour qu’elle revienne tout guillerette comme un jeune faon découvrant pour la première fois la merveilleuse prairie, mais la prairie était aussi pleine de dangers ; qui savait ce qui pouvait être caché dans les hautes herbes à attendre le bon moment pour bondir ou ce qui se cachait à l’orée de la forêt prêt à tirer.

-C’est bon, on peut y aller !

J’étais resté au même endroit qu’elle m’avait laissé, comme le chien bien élevé que j’étais à mes plus grandes heures. Elle retint son souffle avant de rajouter quelque chose, sa mine était devenue extrêmement sérieuse elle allait me dire quelque chose qu’elle pensait vraiment mais qui n’avait pas l’air très appréciable à entendre.

-Je tiens à vous prévenir, si vous vous tenez mal, je vous plante au beau milieu des gens sans rien payer et vous vous débrouillez ! Foulard ou pas foulard ! Vous m’avez bien comprise ?

Mal me tenir dans un restaurant, mais elle me prenait pour un fou furieux échappé de la prison d’Azkaban ? Je ne pus retenir un grand sourire presque moqueur quand j’entendis cela, elle me faisait juste un avertissement comme si j’étais un vilain garçonnet qui n’aurait pas de  glace si il faisait sa crise dans le restaurant. Après à peine quelques fractions de secondes j’éclatais d’un rire cristallin et lui susurra  en me rapprochant d’elle d’un peu trop près, je le faisais tellement de fois à tellement de femmes que c’était sans m’en rendre compte que je m’étais rapproché ainsi d’elle.

- Je resterais sage ma dame, promis.

J’avais bien fait exprès d’insister sur le « ma dame » pour voire quelle réaction elle aurait, ce petit bout de femme était vraiment trop mignonne ; je tenais toujours mes promesses, c’est pour ça que je n’en faisais pas à la légère, mais pour qui me prenait-elle pour me faire une telle menace ? Je n’allais pas hurler ou tout casser dans le magasin, je n’étais pas un sauvage, les jeunes de nos jours avaient beaucoup trop d’imagination même si parfois c’était des plus grands bonheurs d’avoir à découvrir de nouvelles choses extravagantes sorties de leurs petites cervelles pleines de liquide céphalo-rachidien.

Je ne voulais pas traîner plus longtemps dehors je la fis donc rentrer dans le restaurant en lui tenant la porte, tendant mon bras pour l’ouvrir, m’effaçant contre la vitrine de l’extérieur pour lui laisser la totalité du passage, j’étais un excellent gentleman dans les occasions où j’étais en compagnie d’une personne que j’appréciais même en si peu de temps. Pendant qu’elle entrait je regardais ma main, me rappelant les quelques minutes précédente qui s’étaient écoulées, où ma main était posée sur son épaule, même avec ma prudence pour les gens environnant elle m’avait extrêmement perturbé car son contacte m’avait étonnement détendu. J’entrais à mon tour retenant un soupir de joie, mon regard ne la quittait pas une seconde ; je pouvais toujours continuer à me mentir mais mon besoin de sociabilité commençait cruellement à se faire sentir, je n’avais que de rares contacts humains, je ne touchais jamais personne sauf pour serrer des mains à la fin de mes contrats, quand je tuais ou quand je faisais mes petites affaires avec mesdames. Je n’avais pas de famille, pas d’amis, pas de connaissances, même pas de collègues de travail, ces personnes qu’on méprise toute sa vie mais qui nous font du bien inconsciemment.

Un charmant serveur nous emmena jusqu’à une table pour deux libre ; il installa la jeune fille en lui tirant la chaise avec un sourire poli puis resta en face de moi avec un regard compatissant, il avait sûrement dû voir les traits sur mon visage qui s’étaient effondrés pendant quelques fractions de seconde où j’avais pensé au seul problème que j’avais dans ma vie. Mais il ne pouvait pas lire dans mon esprit il ne savait donc pas ce que c’était ; à tous les coups en voyant l’âge de la personne qui m’accompagnait et le mien il devait penser que j’étais son père, que la mère de la fille avait la garde et que je l’avais emmenée ici pour fêter son anniversaire ou n’importe quelle autre occasion. Caché derrière l’homme je lui envoyais donc un regard foudroyant et avant d’aller m’asseoir je retrouvais une expression neutre et positive. Le serveur revint avec une totale ignorance à mon égard, je m’en moquais ouvertement, ce n’était qu’un sale type avec une vie misérable, il était emprisonné dans un bâtiment où il regardait des gens manger toute la journée sans qu’il puisse en avaler une miette, si ce n’était pas de la torture ! Je regardais les autres clients dans le restaurant, il n’y avait que la moitié qui était occupée. Deux-trois familles déjeunaient dans un léger silence qui me surprit, car les gosses ne savaient que brailler et hurler et se plaindre encore et encore et jeter tout ce qui leur tombait sous les doigts dans n’importe quelle direction.

Il nous déposa une carte du menu à moi et à ma charmante demoiselle puis s’en alla ; je savais déjà ce que j’allais prendre, abrité derrière mon menu encartonné je la regardais discrètement, elle avait une peau si belle, elle devait être si agréable à toucher.  J’avais l’habitude de contempler les femmes comme ça, j’arrivais donc très souvent (mais pas constamment c’est quand même extrêmement dur à voir)  à repérer la minuscule hésitation de la pupille avant qu’elle ne bouge, je ne m’inquiétais donc pas de me faire repérer, une fois qu’elle relèverait les yeux je regarderais ma carte comme si de rien était. Ce n’était pas entièrement à cause du danger qui pouvait nous surprendre ou du fait que je pouvais la perdre dans la foule que je n’avais pas voulu retiré ma mains, mais aussi l’envie de la toucher ; toucher une peau encore dépourvue de rides, avec encore cette douceur inimaginable comme celle des bambin mais sans ce trop de graisse, une douceur à faire tout oublier sur la terre même l’apesanteur, quelques minutes à oublier tout ce qui existe dans ce monde à part cette peau si parfaite.

Je repensais à ce que je venais de penser et m’en voulais un peu de mon comportement, c’est vrai, c’était incorrecte. Quel âge pouvait-elle avoir ? Comme je l’avait vu sur le visage du serveur je pouvais passer pour son père, et encore, j’étais plutôt jeune pour être le père d’une fille aussi âgée. J’étais quand même gêné d’avoir pensé cela, je restais donc derrière mon menu cartonné, silencieux, à regarder les mots écrits sans vraiment les regarder. Cela jusqu’à ce que le serveur revienne nous demander si nous avions choisi et comme j’acquiesçais il nous demanda poliment ce qu’on voulait commander. Je lui tendis la carte du menu en lui disant poliment mais avec une certaine froideur en son égard :

-Du poulet avec des patates, des pruneaux, des marrons et plein de sauce. S’il-vous-plaît.

Je posais ensuite mon regarde sur ma demoiselle en lui souriant ravi et me demandant ce qu’elle allait bien pouvoir manger.

Ma chère demoiselle partit au toilette pendant quelques minutes, ce qui ne me dérangeas pas le moins du monde car nous ne trouvions rien à nous dire de toute façon. Je regardais les gens parler, ne pensant même pas à trouver quelque chose à dire à son retour ; pourtant c’est moi qui avais eu cette idée de restaurant pour qu’elle récupère son foulard, mais à ce moment là je pensais surtout à mon estomac. Même si depuis le contact qu’on avait maintenu dans les rues m’avait fait basculé dans un tout autre intérêt pour elle,  surtout de la curiosité. Bien d’autres choses aussi c’était évident mais il faut bien être un minimum modeste pour ne pas passer tout de suite pour un dangereux assassin pervers psychopathe.  C’est la fumée presque brulante de mon assiette qui me fit sortir de mes pensées personnelles, je remerciais froidement le serveur qui partit aussitôt, je jetais un regard vers la place de ma protégée et remarquais qu’elle était déjà en train de s’assoir en face de moi. Je la voyais sourire, son regard était concentrée sur son assiette, elle devait sûrement trouver son plat très appétissant, ce qui me fit sourire très légèrement cela me faisait plaisir de la voir prendre plaisir elle-même à voir son plat avant même d’y avoir gouté. Moi j’appréciais toujours grandement ce que je mangeais, de toute façon j’aimais tout et n’importe quoi ; c’était donc très simple de me nourrir ou de s’occuper de moi, je mangeais même la nourriture pour chien !

Puis-je au moins savoir le nom de la personne à qui j'offre un repas ?

Mon nom ? Je ne savais pas trop si c’était une bonne idée étant donnée qu’il était peut être fictif, je m’étais réveillé avec une carte d'identité portant ce nom de famille mais est-ce que c’était la vrai ? Cela aurai tété trop facile de retrouver ma famille Elle avait du le changer, mais j’étais sûr qu’Elle m’avait laissé mon prénom. C’est pour cela il n’y avait aucun soucis à le lui révéler. Et sinon personne ne pouvait m’appeler si je n’avais pas de prénom ! Mais je n’avais personne qui le connaissait puisque je n’avais aucun proche… c’est là que je fus extrêmement troublé, personne ne savait mon prénom, à part Elle, les professeurs de Poudlard qui m’avaient certainement oublié, mes vrais parents qui étaient peut-être morts, les bourrés à qui je devais dire des tonnes et des tonnes de conneries et les femmes d’un soir même si on parlait vraiment très peu. Pour revenir un peu sur Terre, je picorais un peu de tout ce qui se trouvait dans mon assiette. C’était vraiment délicieux ! J’espère qu’on pourra prendre un dessert ! J’adorais les desserts, tout ce sucre qui envie ta bouche en un goût si doux et prononcé ! Je laissais mon regard aller dans ses yeux avec un sourire qui s’était rétabli par ses pensées positive et se plat très savoureux.

-Jasper. Et vous chère mademoiselle ?

Pendant que j’attendais sa réponse, je mangeais mon assiette avec appétit, heureusement que j’avais eu une grande assiette !  Mes yeux se baissaient jusqu’à ses lèvres où je restais en contemplation, elles étaient  fines, d’un jolie rose naturellement discret et d’avoir une douceur illustre… Par automatisme et habitude de fréquenter des femmes dans des dîners pour draguer, je ne m’arrêtais pas de manger, avec une vitesse stable et naturelle évidemment ; mais ma vision ne se détachait pas une fraction de seconde de sa bouche, elle était bien plus appétissante que ce repas. Comment pouvais-je penser à toucher une personne aussi jeune, lui imposer autant de connaissance et d’expérience sur les endroits sensibles qu’elle n’avait peut être même jamais connu, je devrais me sentir honteux mais je n’en n’apercevais pas la moindre trace. On apprend tous un jour d’une manière différente tous les états qu’ont peux traverser dans la vie que ce soit en solitaire ou plus intense par le billet de la participation d’un(e) inconnu(e) ou personne proche ; qui peut savoir ce que le destin a décidé de lui faire subir et à quel endroit ?

[Désolé si les cartes d'identité ne font pas partie de Harry Potter je n'ai pas lu les livres donc je ne sais pas trop. Si vous en savez plus envoyer moi un MP et je corrigerais ou je demanderais à rajouter un paragraphe qui corrigera cette faute. Et désolé Shae mais je n’étais pas super inspiré et de toute façon c'est du blabla qui va se passer donc on ne pourra pas en faire d'aussi long xD]

-Shae. Je m'appelle Shae.

Shae… Quel joli prénom, en plus ça lui allait parfaitement ; je me demandais bien de quelle origine cela pouvait-il provenir et de sa signification. En plus c’était un nom original pas comme ces dizaines de Cyndi, Lily ou encore Ashley. Ce serveur commençait vraiment à me taper sur les nerfs, comment pouvait-il oser nous présenter seulement une tarte aux mauvaises herbes comme dessert ?! Il nous servait les déchets de son jardin, j’espère qu’il les aurait bien nettoyés avant ! Même si je savais pertinemment que la mélasse était bénéfique pour la santé, c’était plus fort que moi je ne pouvais plus blairer ce type. Il n’avait même pas de gêne à draguer pendant son service et surtout devant moi ?! S’il m’arrivait de le croiser en dehors de son foutu restaurant il n’allait pas se relever de si tôt, à cette idée je laissais une sourire fourbe esquisser mon visage. Je ne me retenais pas pour le foudroyer du regard jusqu’à ce qu’il retourne se mettre à l’abri dans sa misérable cuisine.

-Je ... Je suis désolée, j'ai oublié de vous demander votre avis ...

Toute mon attention se rapporte sur Shae et mon regard redevenait aguicheur et assuré, ce qu’elle pouvait paraître fragile, cela en était presque émouvant. Elle était si attachante, comment avait-on pu la laisser faire ses courses toute seule ? Si j’avais été un membre de sa famille ou un de ses amis jamais je ne l’aurais laissé seule ; il pourrait lui arriver n’importe quoi, comme se faire voler son foulard par un vagabond un peu pompette. Mon sourire s’élargit à ma petite blague personnelle, ce que je pouvais être stupide parfois, je décidais de lui répondre toujours d’une voix assurée et charmeuse :

- Ne vous en faîtes pas je mange de tout, je ne suis pas quelqu’un de difficile.

Je ne la quittais pas des yeux, je voulais faire plus que la déstabiliser, je voulais la désarmer ; mais ce n’était pas aujourd’hui que j’allais pouvoir atteindre mon but, il faisait trop jour et il y avait trop de monde. Je savais de toute évidence que je la reverrais, dans un autre endroit, dans d’autres circonstances ; et cette fois là peut être volerais-je son ârme ? Il se peut que ce soit la fois d’encore après. Ce sont les meilleurs plats qui demandent le plus d’attention/préparation, cela pouvait prendre des jours, des semaines, voir même des mois ! Mais je n’avais pas peur du temps, il vient à bout de tout le monde alors pourquoi s’effrayer avant notre dernière heure, surtout quand on sait qu’on en a encore beaucoup devant nous. Quand l’abruti nous déposa le plat je ne répondis rien et m’amusais à lui lancer des regards noirs, il ne méritait que ça et de toute façon s’il voulait se battre il n’allait pas faire long feu, il n’avait pas la moindre chance, il était si maigre et stupide.

La tarte était verte comme je m’y attendais, simple mais très jolie, je me sentais comme une tortue dans un restaurant chic pour herbivore. Mais qui me comparerait à une tortue ? J’attendis qu’il parte pour commencer à manger ma part, elle était très bonne mais avait un triste goût. Un goût de fin, du fait que ce repas touchait à sa fin et donc à la fin de notre petit rendez-vous. Et elle gagnerait son foulard comme promis je le lui rendrais car je tenais toujours mes promesses. Elle gagnait une victoire mais pas la guerre, le champ de bataille sera différent la prochaine fois, je la prendrais une nouvelle fois par surprise ou alors c’est elle qui sortira une arme à la hauteur de mon courage. Je suis sûr qu’elle sera en mesure de me surprendre, les femmes pouvaient mieux s’adapter aux terrains difficiles que nous, après ça dépend de quelle façon on aime arpenter notre chemin. De toute évidence ils ne sont jamais pareils les uns des autres aucun ne se ressemble et pourtant ils ont tous les mêmes points de relais. Ce que la vie pouvait être semée d’embûches et d’entourloupes. Mais c’est comme ça qu’on l’aime, mordante !

La tarte fut beaucoup plus difficile à manger que je m’y attendais et elle me restait comme un poids pesant dans mon ventre, Shae était partie payer et j’aurais bien voulu agiter ma branche de houx pour remonter le temps mais ce n’était pas possible. Elle me fit signe et nous sortons du restaurant ; on marchait tous les deux lentement comme si on suivait un convoi funéraire, à peine quelques pas de faits qu’elle s’arrêta et ne sembla pas avoir un très bon équilibre.

-Bon … Je crois qu’il est temps de se séparer …

Pourquoi se faisait-elle mal comme ça ? On aurait pu continuer de marcher en silence et j’aurais disparu dans la foule, je n’aimais pas voir les filles souffrir de la sorte. Pendant que je me noyais dans les abysses de ses yeux, elle semblait perdue au sommet d’une montagne verdoyante ; deux endroits pourtant très éloignés se tenaient face à face, troublés de voir son antipode dans les yeux à un mètre d’écart alors que des millions de kilomètres les séparaient naturellement.

-Je ne sais pas si c’est parce que je suis particulièrement stupide mais je suis contente que vous m’ayez volé ce foulard finalement. J’ai … apprécié ce repas… Mais ce n’est pas une raison pour ne pas me rendre ce qui m’appartient !

Comment pouvait-elle être stupide ? Au contraire elle s’est montrée d’une grande intelligence, grâce à son imprudence nous nous sommes rencontrés et avec son intelligence elle a pris le dessus me désarmant vaillamment avec une tarte aux herbes. Je n’aurais pas mieux fait, mais de mon côté aussi j’ai été splendide ; lui soutirer son chiffon et le permuter contre un fastueux repas, et partir sans plus rien du tout. Non j’avais vraiment mal joué cette partie mais il y en aura beaucoup d’autres et à la fin nous triompherons de la guerre et la paix règnera dans nos âmes.

Je sortais lentement son foulard de ma poche revolver tout en nageant dans ses iris, la baignade serait de courte durée car elle baissera sans doute les yeux vers son précieux. Elle ne verra plus jamais cet objet comme avant car un laps de temps durant il sera enrobé de mon effluve, qui s’évaporera au fil du temps de son objet symbolique, une grande frustration la hantera jusqu’à ce qu’elle me revoit. Je pourrais dire que j’aurais gagné cette bataille, mais de mon côté la tranquillité de la plaine deviendra un champ meurtri, dévasté par un typhon d’émotions.

Je lui tendis son foulard, quand elle le prit je levais mon bras pour prendre sa tête et l’attirer contre moi pour lui embrasser le front. Il était lisse et aussi doux qu’un champ de coton, et ses cheveux sentaient tellement bons… Mais c’était la fin de notre première rencontre il fallait s’avouer vaincu, ça ne servait à rien de gratter la terre plus longtemps. Je décalais légèrement ma tête vers son oreille et je lui susurrais avec une grande sincérité :

-J’ai été ravie de faire votre connaissance… Vous savez tout comme moi qu’on se reverra.

Cette journée avait pris une très vilaine tournure, mais la pomme du péché est toujours le fruit des convoitises. J’aurais bien aimé transplaner pour disparaître mais c’était trop lâche de ma part ; et si je devais transplaner quelque part à cet instant précis, elle serait contre moi et notre direction serait haut dans le ciel entre le soleil et la lune. Mais la dure réalité était là et notre séparation fut de simples pas.