Tout préfet se devait de faire une ronde, afin d'assurer le respect du couvre-feu. Mais c'est long. Et chiant. Il y avait tellement mieux à faire! Genre, trouver les cuisines, et les infiltrer.

Soupirant à leur pensée, Mika se perdit dans ses réflexions. Et dans un couloir aussi, au passage. Des voix attirèrent son attention. Il se figea.

« Oh non, oh non, pitié non, par les pantoufles de Merlin, pitié... Si se sont des préfètes, et qu'elles me choppent, je suis foutu! Owowow, en plus le couvre-feu est passé d'puis perpette, j'ai aucune bonne raison d'être ici, et si en plus y'a des prof ou les préfets-en-chef dans le coin, je suis bon pour des heures de colle supplémentaires. Genre, avec Audlington. Ou pire. Avec Audlington en mode Yésoudétrémovaisumeur. Ouh non pas ça. NOOOOOOOON! PAS ÇA. Ouh bordel, Merlin, Jimmy Hendrix, Mordicus et compagnie, si vous avez un peu de compassion à mon égard, SAUVEZ MOIIIII! J'SUIS TROP JEUNE POUR MOURIIIIIIIIR! » marmonna-t-il, paniquant légèrement.

Mika, être préfet-en-chef? Détail inutile. La preuve : lui-même l'avait zappé.

Michaël ne distinguait pas les paroles des deux voix, il n'était pas assez proche et attentif pour cela. Cela n'en diminua pas pour autant son stress grandissant.

« Bon, on se calme... Elles ont pas l'air de s'approcher. Elles m'ont pas repérées, ça devrait aller. On inspiiiire. On expiiiire. On insp-...? »

A quelques centimètres de son visage se trouvait une figure bleuâtre, au nez large et busqué, aux yeux cernés, et au sourire peu rassurant. Un observateur extérieur aurait immédiatement reconnu Peeves. Mais Mikanou se contenta de voir une vision tout bonnement cauchemardesque.

« - AAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! AAAAAAAAAH ! OH PUTAIN, OH MERDE. PAR LES BOURSES DE MERLIN, AU SECOURS! AU SEC-OUCH, ARMURES A LA CON!

- AAAAH AH AH AH AH ! Peeves, un ! HAWKMOON, ZEEEEEROOOOO ! AH AHAHAHAHAHAH !

- ... Espèce d'ENFLURE ! J'ME VENGERAI, TU M'ENTENDS?! J'ai failli MOURIR de peur, et en plus maintenant je suis coincé sous ces foutues armures de mes deux ! D'où qu'elles sortent, en plus ? ... REVIENS ICI, PEEVES! HEY! REVIENS, J'T'AI DIT !

- Crie plus fort, mon p'tit Moon-moon ! Audlington va rappliquer, avec un peu de chance ! Il gloussa, puis se mit à chantonner. Moon-moon est coincé sous les aaaaarmures, s'en sortir sans baguette va êêêêtre dur ! Y rest'ra là tout'la nuit, pour sûr ! ♪ acheva-t-il en fuyant, hilare.

- Hey ! HEY ! J'PEUX PAS ATTRAPER MA BAGUETTE ! REVIENS ICI, REVIEEEEEEEEEEEENS !... Y'a quelqu'un ? Peeves ? Nick ? ... Une âme charitable, et d'préférence pas Audlington, siouplé ? Sérieusement. J'peux à peine bouger. J'suis coincé. Non, toujours pas ? Eeeet merde, allez quoi ! J'peux définitivement pas être tout seul dans le coin ! Les voix de tout-à-l'heure, z'êtes encore là ? Oui, non, peut-être ? J'vous ai pas rêvé, quand même, si ? Ayé, je parle tout seul... J'veeeeeeux paaaaas resteeeer làààà touuuute laaaaa nuiiiiiiit, y fait froid, et en plus, j'ai la dalle ! Et j'suis toujours coincé. Mais ça, c'est qu'un détail. Baaaah, saloperie de Peeves, et saloperie d'armures... OUH BORDEL. J'AVAIS PAS VU L’ÉPÉE. ... Soooorteeeeeez moiiiii d'làààààààà. »

Ce que Mika a vu:

De sa seule main à proprement parlé valide, Mika tenta d'attraper sa baguette. En vain. Au lieu de quoi, il la fit glisser un peu plus loin, de telle sorte qu'il ne la distinguait plus. Il soupira, découragé. Il entendit alors les pas se rapprochant. Agréablement surprit, il regarda le coin du couloir d'où ils venaient, et y vit apparaître, l'une après l'autre, deux jeunes filles. Il leva la main pour les saluer.

« Bonsoiiiir ! C'tait vous que j'entendais d'puis t'à'l'heure? Donc j'ai pas halluciné ? Ouh ! Merci Merlin, j'suis pas encore bon pour Sainte Mangouste ! AH HAHAHAHA ! Ah ah! Ah. Bref, si z'êtes bien là pour m'aider, déjà, merci d'me sauver la vie ! Ensuite, j'vous déconseille d'essayer de soulever se saletés à main nue. Elles sont, genre, ULTRA LOURDES. Essayer à coup de locomotor barda, si vous connaissez l'sortilège. Ou à la limite, wingardium leviosa, bien que je sois pas convaincu qu'ça soit très efficace, compte tenu du poids de ces charmantes décorations ô combien... Affectueuses. Sinon, r'trouvez ma baguette, parce qu'elle s'est comme qui dirait cachée par là-bas, j'sais pas exactement où, quand j'ai essayé d'l'attraper. Eh. » A ces mots, il se fit un léger face-palm, se traitant au passage d'abrutit fini. Puis, il marmonna : «... J'espère qu'ce joyeux bordel a pas attiré, disons, un prof ou un préfet. Parce que là, on s'rait dans la merde, genre bien comme il faut. Ce qui ne me paraît pas être des plus agréables. Non non non. »

Michaël récupéra donc sa baguette et remercia la blondinette. Il écouta son petit monologue, ainsi que sa présentation et celle de sa comparse. Il regarda Yohana d'un air amusé.

« Ouuuuuuh. Toi, t'es du genre naïve, eh. Peeves peut être une grande gueule, c'est vrai. Mais tu penses sincèrement qu'il oserait pas s'approcher des prof ou des préfets, que ça soit pour nous emmerder, ou les emmerder eux? Ma pauvre. T'as pas dû avoir affaire à lui très souvent, enfin, tant mieux pour toi, quand même. M'enfin, bref. Ça fait sept ans qu'j'ai droit à ses blagues de plus ou moins mauvais goût. Et les profs y ont droit, pour certains, depuis bieeeeen plus longtemps. Peeves s'fout complètement du statut d'ses victimes. S'il veut emmerder quelqu'un, il le fera, qu'importe de qui il s'agit. Tout être dans ce château est une proie potentielle à ses yeux. Enfin, Peeves est une chose. Le boucan et les tableaux qu'il a dut réveiller en sont une autre. »

Michaël se tût un instant, replaçant la seconde armure à sa juste place, et faisant disparaître toute bosse ou trace d'impact qui aurait pu se trouver sur les deux tas de ferraille.

« Les couloirs du château sont quasiment tous vide. De fait, le moindre bruit un peu fort peut résonner assez... Loin. Alors, imaginez un peu ce que donne deux armures fracassées par accident par un rouquin bruyant, et le fou-rire d'un esprit frappeur particulièrement casse-couille. Les tableaux, ils aiment pas trop être réveillés, et certains n'ont aucun, AUCUN scrupule quant à dénoncer les fautifs. C'est à dire, nous. Et vu que vous êtes là, tout comme moi, alors que le couvre-feu est passé, vous êtes dès lors considérées comme... Mes complices, on va dire. Traduction, 'faut pas rester là, ou, par les pantoufles de Merlin, on va littéralement se faire déchirer la gueule. »

Avant de reprendre son monologue, Mika prit un cookie et le mangea.

« Il nous reste trois... Non, quatre options. Option une: rester ici stupidement, et se faire chopper. Ceci est une option qu'je recommanderai pas. Genre, pas du tout. Option deux: fuir chacun d'son côté jusqu'à nos salles communes respectives en mode ninja, et croiser les doigts pour pas s'faire prendre. C'est l'option que je prends, généralement, quand j'suis tout seul, ou avec Gil. Option trois: fuir ensemble jusqu'au septième étage, atteindre la salle sur demande et s'y cacher. Chose un peu bête pour toi, Nim, vu qu'ta salle commune est littéralement à l'opposé. T'es bien une poufsouffle, non? Bref. Dernière option, ma préférée des quatre: se réfugier aux cuisines, et se gaver de ce que les elfes ont à nous proposer ! Vous choisissez quoi? » Le rouquin regarda, en souriant, ses deux cadettes. « Ah, et au fait, j'ai oublié d'me présenter: j'suis Michaël Hawkmoon, septième année chez les gryffondors. Enchanté ! Eh eh. »  

Michaël regarda ce que Nem... Non, Nim, lui montrait. Son badge.

« Oh bordel. » commença-t-il, se prenant l'arrête du nez de la main, et tentant tant bien que mal de contenir un fou-rire nerveux. « Pfft..Tha ha.. HA HA HA ! Pa-ah-ah-ardon, j'avais co-hon-hon-homplètement zappé qu'j'suis préfet en chef. He he he, bordel. Co-comment j'ai fais pour oublier ça? Ah ah ! Ahem... Bref, o-on devrait y aller, g-genre maintenant. He eh eh... Eh... »

A ces mots, il lança un sort de détection (s'faire chopper en train de glander, ou de discuter, pendant sa ronde, c'ey pô bien, et pô recommandé), puis s'engagea dans le couloir d'où venaient ses cadettes, pouffant encore.

« Ah par contre, je connais pas l'espèce de code-motdepasse pour entrer dans les cuisines. J'suis même plus sûr qu'où qu'elles sont, précisément. Donc, Yo...Yo....hana? Oui, Yohana, 'faudra que tu nous guides. Ça s'rait légèrement con de se perdre. 'kay ? » dit-il, s'étant retourné vers les jeunes filles, souriant.

« Ouhla, comment on s'occupe? Hm... Comme on peut? Eh eh.»

Michaël réfléchit quelques instants, tout en croquant dans un énième cookie. Elles lui posaient pas vraiment une colle, mais bon. Mika n'était pas réputé pour faire attention aux détails, ou à ceux qu'il ne connaissait pas. Enfin, bref.

« Pour être tout à fait franc, j'observe as trop ce qu'font les autres en général. Et quand ça arrive, ou que j'y participe, on fait rien de très glorieux, alors... Si vous êtes déçues de ce que j'm'apprête à vous dire, bah désolé, eh. Bref. Bon, y'a évidemment les sessions de révisions-devoirs et j'en passe. On y passe tous, qu'importe la maison, à un moment ou un autre. Après, on en a quelques uns qui chahutent et s'amusent avec ce qu'ils trouvent. Par exemple, en jouant aux échecs version sorciers, en reproduisant des matches de quidditch avec des balles de papier et des paniers en osier... Un bordel monstre, ça d'ailleurs! Mais terriblement drôle, surtout quand l'équipe qui se prend un point gagne en prime un gage ! On a eu quoi d'autre, déjà? » Michaël se tût un instant, réfléchissant, essayant de se remémorer tant bien que mal certains événements de sa salle commune. « Ah ! Des soirées "goûté improvisé au coin de la cheminée", où généralement ça fini en bataille de nourriture. Ou en simple discussion. Oh, et en novembre, on a eu une réunion impromptue juste après le déjeuné ! Une fille a pissé du sang du nez, c'était flippant, mais elle a pas voulu qu'on l'amène à l'infirmerie. J'sais plus comment son problème a été réglé. Et un première année m'a bouffé mes muffins. Mais cela mis-à-part, c'était... Intéressant? Amusant? J'sais pas trop comment décrire ça. Mais bref. Ça aussi, ça arrive de temps en temps. Hm... Bien sur, tous les gryffondors s'entendent pas, ça fait parfois des étincelles. Ou plus que des étincelles... 'fin, bref. 'fin, rien de très glorieux, ou d'extraordinaire, au final. Mais bon. C'est vrai que ça manque pas d'animation. Y'a toujours une ou deux personnes avec qui discuter ou se divertir dans la salle commune. C'est... Agréable. Ha ha. »

A ces mots, Michaël regarda ses cadettes en souriant.

« D'solé. Même si j'suis bavard, j'suis pas très bon pour décrire ou expliquer ce genre de chose. Mais bon. Tout ça pour dire que, même si c'est parfois un bordel sans nom dans notre salle commune, je m'suis jamais senti en sécurité, et à l'aise, que là. C'est mon second chez-moi, littéralement. Même si je suis incapable de me rappeler du visage ou du nom des trois quarts de ses habitants! HA HA HA ! Ahem. »

Il prit un nouveau cookie qu'il croqua, regardant devant lui - histoire de pas se prendre les pieds dans un tapis.

En écoutant Yoh, Mika se dit qu'il y avait une autre exception Serdaigloise qu'il pourrait citer. Alix Morell. Mais il préféra se taire et enterrer ce nom dans un coin de sa tête.

Puis Nem parla, explosant son record de mots de la soirée, restant un peu en arrière. Mika la regarda et lui ébouriffa la tête gentiment. Une envie, comme ça.

« Ça fait vachement stéréotypé, tout ça, quand même. Les gryffondors bordéliques, les serdaigles ultra-studieux, et les poufsouffles, mignons à souhait. J'sais pas trop comment c'est, chez les serpentards, même si mon meilleur pote y est. J'suppose que c'est pas moins stéréotypé qu'chez nous, avec le lot d’exceptions. J'lui demanderai d'main, si j'oublie pas. Ça pourrait être drôle ! Ou bien ça nous fera juste passer l'temps. Eh eh. Mais bon, ça, on s'en fout, c'pas le sujet ! » Mika prit un dernier cookie, marchant lentement. « Et doooonc, nomnomnom... Tu connais Link ! 'fin, logique, sinon tu l'aurais pas mentionné, nomnom. Eh. Ça fait un bail que je lui ai pas causé, d'ailleurs... Il va bien ? 'fin, mieux ? Il est toujours aussi discret ? Bon compte tenu de sa situation, c'est... Logique, on va dire. Mais bon. Ahem. Prenez bien soin d'lui, eh. C'est un des vôtres, après tout. Et il le mérite. Ceci mis à part, » continua le rouquin trop bavard. Il regarda la Serdaigle.  « Yoh, on est bientôt arrivé ? C'est carrément trop calme, sachant que Peeves nous a vu, et qu'il ne soit pas encore réapparut. C'est même carrément louche. »

Mika se tint alors un brin sur ses gardes. Sait-on jamais.

Michaël se contenta de sourire face aux propos de Yohana, et gloussa face à la réaction de Nim. il garda cependant un œil sur les tableaux. Ne jamais faire confiance aux tableaux, une fois le couvre-feu passé. Sauf s'ils dorment. Et encore. Michaël continua sa marche, chantonna doucement un petit air improvisé, les bras derrière la tête.