Le jeune muet se sentait fatigué ces temps-ci. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Il l'était, c'était un fait. Beaucoup de choses s'était passées ces derniers jours. Il avait pu être lui-même, ce petit garçon qu'il avait enfouit en lui il y a des années de cela. Et en même temps, il passait encore son temps à se cacher. Quand il croisait la petite poufsouffle de première année dans les couloirs (son nom semblait être Aelita), il se plaisait à lui envoyer des petits sourires aimables, gentils et plein de fierté. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il était content de cette rencontre. La jeune fille avait été un élément clé dans son raccordement à la civilisation, du moins à la civilisation enfantine du château, puisque depuis, il avait seulement abordé par hasard un premier année de Gryffondor.

Le jeune homme resserra son écharpe autour de son cou, protégeant ainsi les cicatrices honnies. Il resserra également ce manteau noir, beaucoup trop grand pour lui, qui lui donnait plus l'apparence d'un tas de vêtements ambulants que vraiment d'un humain mais qu'il aimait par dessus tout. Son parrain, Alek, le lui avait offert. Et s'il rendait l'adulte sexy, le corps gringalet du muet était ridicule à l'intérieur. Pourtant, pourtant il ne s'en séparait jamais. Sans qu'il ne sâche comment, l'odeur de son parrain, une odeur de paprika et légèrement poivrée envahissait tout le manteau. Cette odeur masculine parvenait parfois à calmer Link, quand le manque était trop grand. Mine de rien, le muet était encore un enfant. Il n'avait jamais été séparé de sa mère plus de trois jours et ne savait pas vraiment comment agir quand son cœur se creusait parfois, le soir, et qu'il entendait un rire semblable à celui de Crystal. Ce n'était qu'une énième inconnue qu'il voyait en se retournant. Dans ces moments là, Link trouvait son chaton qu'il prenait avec lui. Il s'enfermait alors avec, entre les lourds rideaux jaunes de son lit et s'emmitouflait dans le manteau, le nez dans la fourrure blanche de flocon.

Le jeune homme sentit la bonne odeur de paprika et se remit en marche. En parlant d'animaux, il se demandait ce qu'était devenu son ami le chien, qu'il avait croisé au début de l'année, et dont il s'était souvenu en retrouvant les croquis de l'animal. Link avait apprécié ce moment de quiétude alors que tout dans l'école semblait le stresser, ce qui était encore le cas, ou presque. Il s'était donc décidé de le chercher dans cette fraîche soirée d'octobre. Le muet savait que le repas n'allait pas tarder à être servi dans la Grande Salle, et que le couvre-feu tomberait bientôt, mais il voulait le voir. Il voulait encore croquer le chien, ce modèle canin qui semblait adorer se prêter au jeu.

L'adolescent longea donc la foret interdite, à la recherche d'une trace, d'un son, de n'importe quoi qui puisse lui donner un indice. Au fur et à mesure que le temps passa, le muet s'approcha de la maison du garde chasse, n'y faisant pas vraiment attention. Il entendit le bruit d'une conversation, mais ne prêta pas non plus attention à ce qui se disait, son ami canin ne semblait pas là.

C'est seulement quand il entendit un grognement dangereux que le muet leva la tête. Et ce qu'il vit lui sembla vraiment très très étrange. Un loup le regardait, gencive retroussées, les sens aux aguets et prêt à lui sauter dessus alors qu'un homme, plutôt jeune et à moitié déshabillé le regardait étrangement. Les vêtement de l'homme semblaient jucher le sol sans élégance non loin du duo.

Dire que Link avait peur était un euphémisme. Il était effrayé. Sans le vouloir, il laissa tomber son carnet à terre, ainsi que son crayon, tétanisé. C'était la première fois pour lui qu'il était face à un loup, une vraie bête sauvage, un animal plein d'instinct de conservation, un loup quoi. A ceci il fallait allier un humain, qui semblait plus qu'à l'aise d'être à côté de l'animal et qui avait clairement plus de onze ans. La maigre confiance que le muet avait accumulée pour la conversation semblait s'être évaporée, ou avoir éclaté comme une bulle de savon. Il ne savait pas quoi faire mais l'effroi devait se lire dans ses yeux et le jeune homme ressemblait à une biche prise dans le faisceau d'une lampe torche. D'abord immobile, il n'eut pas la force de courir et finit par s'accroupir puis s'asseoir en boule, le nez dans l'odeur de paprika, priant pour que l'homme n'envoie pas le loup l'attaquer.

Une fragrance de paprika. Ça piquait. Ça sentait bon aussi. Comme l'odeur d'un soleil qui explose. C'était chaud, très chaud. Ça envahissait l'espace sans vraiment demander la permission. Et avant d'avoir pu dire stop, l'odeur restait en mémoire. La chaleur aussi. Et ce soleil irradiant devenait indispensable. Quelle fragrance têtue  que celle du paprika ! Quelles couleurs éternelles celle-ci induisait-elle ! Du rouge foncé comme la terre que l'on foule et qui manque de fraîcheur, craquelant sous ce soleil de plomb sur le point d'exploser d'une minute à l'autre. Du rouge, du chaud, du piquant qui entraînaient dans une spirale infernale, une canicule impossible, une odeur forte et intense s'insinuant partout. Heureusement pour le muet, la chaleur était parcourue de brises réconfortante et douce. Une odeur d'herbe que l'on tond, de musc et de vieux grimoires se mêlait à l'écrasant paprika. Ça et la douce fragrance de vanille qu'il pouvait détecter parfois, s'il plongeait son nez suffisamment longtemps dans le col du manteau, cette odeur si rassurante et maternelle.

Sans savoir comment, Link était là, se concentrant sur cette odeur alors que le loup était tranquillement assis.  Link savait comment, en réalité, et ce loup, assis non loin de lui et aux yeux intelligents quoi que bestiaux lui rappelaient la raison de sa venue ici. Il aurait dû rentrer. Il aurait dû se poser dans un des fauteuils si moelleux de la salle commune. Il aurait dû s'y endormir, accablé par la fatigue qui ne semblait pas vouloir le quitter, au lieu de quoi il se retrouvait à croupis, presque assis sur la terre froide longeant la foret interdite, ses yeux légèrement sortis de son manteau et observant le loup.

La surprise le frappa lorsque le muet aperçu que l'homme n'était plus à sa place, à côté du loup, mais face à lui, accroupis. La phrase qu'il lui lança alors se perdit dans le son des battements du cœur du muet qui résonnaient désagréablement à ses oreilles. Il réussit cependant à en saisir le ton froid et cassant et sa peur grandit subitement. Ce loup pouvait bien le manger, il n'en avait que faire. Et si l'animal avait su lui faire peur quelques instants avant, c'était l'humain près de lui qui le tétanisait. Que lui voulait-il ? L'adolescent n'avait rien fait de mal, si ? Allait-il ordonner à ce loup qui semblait être son animal de le dévorer ? Les questions et scènes terribles se poursuivirent dans l'esprit du muet jusqu'à ce que l'autre homme prenne la parole. Sans vraiment y penser, Link se concentra sur sa phrase.

-Désolé pour tout à l'heure, ne lui en veux pas s'il-te-plait. Il t'a vu comme une menace tu sais, il à dû penser que tu voulais lui voler son territoire, alors il a juste voulu le défendre. Tu sais, il a une famille à défendre, une belle louve et trois beaux louveteaux. C'est pour cela qu'il se montre agressif. Mais en fait, il est très gentil.

L'évocation de la famille loup eut le don de faire sourire doucement le muet, d'un air légèrement piteux. Il avait beau se le dire, il ne voulait pas vraiment que le loup le mange et avaient tout de même encore peur de lui. C'était un animal de la foret ! Un animal sauvage avec des griffes et des dents acérées ! Il devait être omnivore, de plus, et devait se nourrir de viande. Quelle différence y avait-il réellement entre de la viande humaine et de... Et de quoi déjà ? De quoi pouvait bien se nourrir le loup dans ce foret ? Étrangement le muet espéra juste que celui-ci n'attaque ni les centaures, ni les licornes. Les unes parce qu'il était injuste de tuer un être aussi pur, même pour un animal, les autres car ils ne feraient qu'un coup de flèche de ce loup, et personne ne serait plus là pour les petits louveteaux qu'avait évoqué cet homme. L'attention de Link avait déviée vers le loup, la peur de l'animal était bien plus facile pour lui à supporter que celle de l'homme ; et même si celui-ci était bel et bien présent, l'adolescent faisait de son mieux pour ne pas s'inquiéter. Il entendit l'homme appeler le loup et se tendit, faisant un geste pour se reculer et tombant sur les fesses. Cependant, il ne recula pas plus, ancrant son regard à l'immense loup qui lui faisait face.

-Voilà, je te présente Orion, c'est mon meilleur ami. Regarde, tu ne risques rien maintenant tant que je suis là. Tu veux le caresser? Je suis sûr qu'il appréciera le geste.

Les deux billes animales le fixaient avec défi alors que Link ne pouvait regarder ailleurs, comme hypnotisé. Il ne se sentit presque pas tendre la main et entendit juste le loup grogner légèrement, signe de danger. Le muet ferma alors les yeux du plus fort qu'il le put, comme le petit garçon effrayé qu'il était à ce moment là, et garda la main tendue à quelques centimètres du museau, laissant le loup faire le choix de l'accepter ou non. Il savait que c'était une marque de respect envers l'animal. Comment le savait-il ? Et bien, passer six ans chez soi avec des cours particuliers laisse beaucoup de temps libre, temps durant lequel Link lisait ou regardait la chaîne animalière sur la télé que son parrain avait acheté à sa demande. Il était donc au courant que les loups avaient besoin d'espace, protégeaient leur territoire au péril de leur vie et adoraient toute forme de respect que l'on amorçait à leur égard. Théoriquement le muet le savait. Dans la pratique, il avait juste fait ça, trop effrayé de s'approcher plus.

Ce qu'il appellerait plus tard « un petit miracle » pour lui-même se produisit. Le loup approcha son museau avec lenteur et se laissa caresser par les mains froides du garçon. Celui-ci, surpris par la douceur du poil et l'accueil que lui avait réservé l'animal, écarquilla les yeux. Il continua de caresser l'animal avec douceur sous les yeux de l'homme.

L'homme. Celui-ci n'avait pas vraiment l'air mauvais n'est-ce pas ? Il aimait le loup, c'était visible, et Link imagina qu'il en prenait soin. Le jeune poufsouffle le regarda du coin de l’œil, encore effrayé par sa présence et son âge également. C'était un adulte, il pourrait sûrement demander son exclusion au directeur s'il considérait que le muet n'avait rien à faire à Poudlard. Et même si c'était l'avis du faux-blondinet, il ne voulait plus tant rentrer que ça. Sa mère et Alek lui manquaient énormément, c'était un fait. Mais il voulait encore avoir le courage de recroiser Aiden et Aelita. Il voulait revoir le chien aux yeux malicieux et continuer à apprendre tant de belles chose, tant de belle magie. Il ne pouvait juste pas partir.

Le jeune homme se leva, épousseta ses vêtements et partit à reculons pour récupérer ses affaires. Même si le loup l'avait laissé faire, il pouvait encore lui sauter dessus après un ordre bien donné.

Link ne pouvait pas écrire, ses mains tremblaient de toutes ces émotions qui se mêlaient dans des tourbillons de couleurs froides et parfois ternes à l'intérieur de lui. Ses jambes tremblaient également et ne le portèrent pas longtemps. Il finit alors assis, son carnet sur les genoux et fit la seule chose qui pouvait le calmer dans un moment pareil.

Il dessina le loup.

Link dessinait. Parfois le bruit caricatural d'un crayon sur le papier s'arrêtait et le muet relevait la tête pour regarder l'animal, la baissant ensuite sur son travail. Nul doute que le muet paraissait vraiment concentré par son travail. En réalité, un flot bouillant de réflexion se déversait dans sa tête, les pensées coulant comme une cascade trop longtemps retenue ou comme un barrage qui cède au poids trop important. Oui, c'était ça, son bon sens s'était fait la malle, aussi franchement que la forte construction. Et ses pensées se déchaînaient, grondant sur les parois de son cerveau et découlant comme un torrent dans son âme torturée. Les questions que se posait le muet étaient comparables à des saumons remontant le courant pour atteindre la source de cette coulée, s'y infiltrer et instaurer le doute à l'intérieur de l'humain. Comme si Link avait besoin de ça !

Le jeune homme renifla alors que son homologue se présentait et lui posait des question. Encore des questions. Ces phrases si vicieuses que le muet aimerait éradiquer. Ces petits points fantaisistes qui vous faisaient vous sentir si mal, avec leur houppette courbée sur la tête. Ces phrases qui ne venaient jamais seules et créaient la zizanie. Ces phrases qu'on lui adressait et qui faisaient toujours en sorte que le muet avoue son secret, honteux et malheureux. C'étaient elles les véritables coupables : les questions. C'était par une question que s'était brisée la seule amitié qui avait réellement compté aux yeux de l'enfant que Link avait été. C'était une question ou plutôt une non réponse. Un question et un regard. Une question et un geste. Mais toujours une question. Et Link les détestait, ces questions. Alors pourquoi l'homme qui l'effrayait s'obstinait-il à l'assommer de ces phrases horriblement horripilantes ?

Le muet dessinait, encore et toujours, refusant de poser son regard sur l'homme dont la voix s'était faite plus joviale. Cependant, ce nouveau ton ne trompait pas le poufsouffle et la peur viscérale de se faire renvoyer le clouait au sol. Link était en réalité frustré, bien sur que ce ton le trompait ! Il commençait à se détendre petit à petit, sentant ses mains moins crispées sur le crayon, alors que perçait un autre sentiment, que Link ne connaissait pas, dans la voix de l'autre homme.

Ce fut le ton plus qu'enjoué de l'homme dans sa présentation qui fit sortir le muet de sa réflexion. C'est alors que l'adolescent se rendit compte qu'il tenait son crayon, suspendu au dessin de son dessin fini, depuis au moins deux minutes, ce qui, il le concevait, devait paraître étrange. L'homme continua son babillage heureux, teinté de tendresse quand il évoqua sa fonction, ce qui fit encore plus lâcher prise au muet. Peut-être n'était-il pas dangereux pour lui ? Peut-être avait-il déjà rencontré la petite peluche grise sur patte aussi ?

Le silence se réinstalla, alors que la nuit commençait à prendre place. Pour l'instant l'éclairage naturel rappela une expression française au jeune homme, ce qui le fit sourire largement. Entre chien et loup. Comment quelque chose de tout fait pouvait-il autant résumer la situation ? C'était un mystère pour le muet qui haussa les épaules et bougea légèrement quand un frisson lui parcouru le dos. Le froid et l'humidité commençaient déjà à tomber. Alors le jeune homme finit de lutter avec ses instincts d'auto-protection et mis à profit le conseil du garde-chasse. Il rangea sa petite trousse, se releva et s'approcha du loup puis lui montra son carnet, établissant un dialogue invisible entre lui et l'animal. Tout passait par leur yeux. Il n'y avait pas besoin de bruit pour s'exprimer. Le muet lisait dans les yeux du loup de l'étonnement et un peu de moquerie, réponse à son regard désolé de ne pas avoir pu lui rendre hommage correctement. Link sentit le museau pousser sur la feuille, dans un geste de direction qu'il comprit tout de suite. Et le poufsouffle se détourna du loup. Il n'avait plus peur car il avait confiance en Orion. Link rouvrit son carnet et prit un crayon puis se mit à écrire rapidement avant de tendre le porte-feuille à l'homme. Il avait au préalablement arraché son dessin, qu'il lui tendait par le même geste, espérant que tout se passerait bien.

Je m'appelle Link. Je suis élève ici. Merci pour le compliment mais je n'ai aucun mérite vous savez ? Orion est mille fois plus beau que ce simple gribouillis. Et je suis désolé de vous avoir dérangé dans votre moment. Il est évident que j'interrompais quelque chose. Je cherchais un ami, un chien gris, aussi doux qu'un ours en peluche.

Link rougit avec surprise au compliment de l'homme face à lui. Il recevait rarement ce genre de remarques positives quant à ses dessins. Il recevait rarement des compliments tout court. Sa mère lui en faisait, bien évidemment. Mais c'était une mère, c'était son devoir de soutenir son fils dans tout ce qu'il entreprenait. Link était sûr que s'il il avait décidé de partir construire des pyramides en bâtons de glaces au Soudan, sa mère aurait été ravie. Les compliments d'une maman comptaient, mais n'était pas objectifs. Alek, son parrain, lui en faisait également, de façon moins directe et plus ponctuelle. Mais une fois encore il était pour Link ce qui se rapprochait le plus d'un père. Alors recevoir les compliments d'un étranger était...plaisant. Même si sa vision semblait biaisée puisque le modèle était son animal. Quoique le terme ne soit pas vraiment juste. Orion était un loup, après tout. Il vivait guidé par ses instincts primaires et représentait le monde animal dans tout ce qu'il avait de plus beau. Il était, d'une certaine manière, le roi de la foret. Mais Orion était avant tout l'ami du garde chasse. C'était clairement visible dans les prunelles de chacun.

La suite des paroles d'Eoten le firent cependant soupirer malgré lui. Tout comme lui, le gardien ne savait rien. Aucun moyen de retrouver la trace de son ami. Aucun moyen de le revoir. Malgré tout, l'adolescent sentait que ce n'était pas un hasard. Le chien était aussi sauvage que le loup. C'était un vagabond. Peut-être n'avait-il pas de famille à laquelle se rattacher comme Orion. En tout cas, il avait partagé un peu de sommeil avec le muet, et celui-ci lui en serait redevable encore longtemps. Étrangement il ne ressentait aucune honte à devoir quelque chose à un animal. Il trouvait ça sensiblement normal. Ainsi si le chien revenait le voir, Link était prêt à l'accueillir dans son dortoir. Il n'était pas certain que ses camarades apprécieraient le geste. Mais les Poufsouffles étaient des êtres d'une loyauté sans égale. Ils n'iraient pas dénoncer l'un des leurs, n'est-ce pas ?

Le muet secoua la tête et sourit piteusement à l'homme. Il lui prit ensuite son carnet des mains avec douceur et se mit à écrire.

Malheureusement, je ne sais rien de lui. Nous avons juste partagé un après-midi dans le parc tous les deux. Il semblait bien se porter et propre. Je pense qu'il vit dans la forêt, en réalité. Peut-être qu'il vous évite quand vous vous y baladez. Car c'est un animal très intelligent. Ça se voit dans ses yeux. Je l'ai croqué, si vous voulez, je peux vous montrer le dessin ? J'en ai plusieurs, je vais vous en donner un. Mais il faut me promettre de ne pas lui faire de mal. Je sais que les chiens sont interdits à Poudlard mais il n'est pas dangereux, je vous le jure. Je suis prêt à en prendre la responsabilité, s'il attaque quelqu'un à l'école.

Il fouilla ensuite à l'intérieur de son carnet et déchira avec précaution l'un des pages. Il aimait bien ce croquis qu'il avait fait du chien. Il était là, allongé comme un sphinx et tenant Link-ne-savait-quoi dans sa gueule (peut-être une belette?), et le regardait, un éclat de malice et d'intelligence clairement visible dans les yeux. Le chien semblait serein, content et pas du tout menaçant, ce qui était profondément vrai. Quel chien sauvage aurait bien voulu lui servir de doudou, si il avait été méchant, hein ? Le muet se sépara du croquis au fusain avec un détachement feint. Même s'il jetait presque tout le temps ses créations à la fin de chaque carnet de dessin rempli, l'idée de savoir que quelqu'un en possédait une le rendait mal à l'aise. Cependant, se cela pouvait sauver son ami le chien, il était prêt à donner son portrait, pour convaincre le garde-chasse que le chien n'avait rien fait de mal.

Le jeune homme leva la tête en l'air, alors que l'humidité accompagnait la nuit qui se levait. Il rajouta quelques gribouillis sur sa feuille de parole et la tendit à Eoten. Puis il lui fit un geste de main et s'en alla comme il était venu, vers le grand château aux couleurs rassurantes dont les ombres lumineuses vibraient avec le vent qui faisait vaciller doucement les lueurs des torches.

Je dois y aller. Gardez le croquis et prévenez-moi si vous le voyez d'accord ? J'aimerais vraiment le revoir. Oh, et je reviendrais prendre des nouvelles d'Orion. Bonne soirée Mr Léok.