Nous étions Lundi, et le réveil avait été plutôt difficile ce matin-là. J'avais l'impression que mon réveil était assourdissant et qu'il me vrillait les tympans. Je lui avait donc donné un coup sec sur le dessus du "crâne" pour le faire taire et poussé un grognement épuisé. Lorsque je me tirais des draps, mon corps semblait lourd et mes membres étaient comme rouillés. Tout les signes qui annonçaient une bonne grosse journée bien chargée. Quel genre de sujet pouvait bien donner ce genre d'avertissement le matin même ? Je haussais les épaules et prit mon petit déjeuner en silence, pour éviter de réveiller Kathleen qui continuait de dormir à poings fermés. Elle avait des heures de sommeil à rattraper, inutile de lui en priver. Heureusement, une fois mon petit déjeuner entamé, je me sentais déjà beaucoup mieux, plein d'énergie. J'enfilais donc mon fameux trio T-shirt rouge/jeans/docs et passa enfin ma veste en cuir brune. Je filais donc dans la cheminée du salon, devant encore utiliser la Poudre de Cheminette car je n'étais pas encore assez "imprégné" des lieux pour pouvoir y aller en Transplanage, ma cécité rendant le voyage beaucoup plus risqué. Je me voyais mal arriver je-ne-sais-où, au pire dans un établissement moldu, et expliquer mon arrivée pour le moins "soudaine".

Une fois arrivé dans le hall principal, que je surnommais "L'Allée des Cheminées" dans ma tête, je traversais le couloir pour me rendre dans l'amphithéatre habituel, mais une démarche lointaine qui me semblait familière croisait mon chemin et m'arrêta en se postant devant moi. Je reconnu tout de suite à sa démarche, à son odeur et enfin à sa façon d'agir mon mentor attitré : Cha Yeon Jin -dont j'avais enfin retenu le nom !-.

- Minute, Throwback. Tu ne vas pas en cours, aujourd'hui.

Je restais un instant incrédule, sans voix, figé dans une expression qui affichait clairement l'incompréhension.

- ...Quoi ? Mais... Mais pourquoi ?
- Le Service de Contrôle des Animagi à reçu ce matin beaucoup de missives concernant des incidents impliquant des Animagi. Et ils sont en sous-effectif en ce moment, et nos Aurors sont trop occupés pour aller les aider. On nous à donc demandés exceptionnellement de choisir des ADEM qui pourraient assister les membres de cette section sur leurs enquête. Et je t'ai proposé.
- ...Mais je suis qu'en première année ! Je peux pas aller sur le terrain !
- Non seulement tu peux, mais tu vas y aller ! Les deuxièmes années travaillent avec les Aurors, t'as déjà oublié ? Ils ont déjà du travail et ne peuvent pas s'en occuper. C'est pour ça qu'on fait appel aux premières années. Mais je te rappelle que c'est exceptionnel !

Je restais dubitatif sur ce genre de situation, et commença à m’ébouriffer les cheveux sur le dessus du crâne, geste devenu habituel lorsqu'une situation commençait à m'échapper.

- D'accord... Et donc je fais quoi au juste ?
- Tu vas travailler avec Alizea Prewett. Tu verras avec elle ce que tu devras faire. Contentes-toi de l'assister dans son travail et suivre ses directives. Rien de plus. Pas de prises de risque, pas de décisions personnelles, c'est clair ?, demanda-t-elle, bien que sa question semblait ne pas accepter de réponse négative.
- Compris...
- Bien. Son bureau est au quatrième étage, alors magnes-toi d'y aller.

Sur ces mots, elle ne m'accorda pas une seconde d'attention de plus et tourna les talons pour retourner à son travail. J'avais vraiment l'impression d'être un poids pour elle... Les mots de Shae revinrent alors dans ma mémoire, et soudain la situation semblait prendre une autre tournure : C'était bien elle qui m'avait proposé pour cette tâche, non ? Ça voulait donc dire qu'elle avait confiance en moi, ou qu'elle voulait me tester pour voir ce que je valais ? Dans les deux cas, je me devais de ne pas la décevoir et donner le meilleur de moi-même pour aider cette femme avec qui je travaillerais !

Gonflé à bloc, je me dirigeais vers l’ascenseur et appuya sur le bouton qui menait au quatrième étage, comme Yeon Jin me l'avait indiqué. J'avais un peu l'impression de faire tâche d'arriver comme ça, sans affaires, mais j'avais l'habitude de ne jamais rien prendre puisque je n'avais pas besoin d'écrire quoi que ce soit. J'écoutais simplement les cours et je laissais les informations dans un coin de ma tête jusqu'à ce que j'en ai besoin un jour. Ce qui était plus que probable. Une fois que la grille de l’ascenseur s'ouvrit dans un léger grincement, j'en sortit et fit quelques pas avant de me figer sur place, comme pris d'un léger doute. L’ascenseur en profita pour fermer sa grille et repartir. Certes, le bureau du Service de Contrôle des Animagi se trouvait au quatrième étage, mais où précisément ? Je faisais comment pour y trouver l'accès, moi ? Me voilà dans de beaux draps...

Je marchais donc au hasard des couloirs, cherchant une odeur qui finirait peut-être par me mettre sur la piste. Puis une idée germa dans mon esprit. Elle était peut-être idiote, mais si c'était le Service de Contrôle des Animagi, peut-être y avait-il des Animagi dans le coin ? Avec un peu de chance, j'y trouverais une ou plusieurs odeurs animales qui me mettraient sur la piste. Idée vouée à l'échec : Je voyais mal des employés du Ministère se balader dans les couloirs sous forme animale... Mais contre toute attente, une odeur familière trouva son chemin jusqu'à mon odorat. Une odeur animale. Très faible, mais pas assez pour que je ne la piste pas. C'est en la suivant que je me disais que ces employés devaient être souvent en contact avec d'autres Animagi, sans doute illégaux, et devaient donc porter des traces animales sur eux. Pas si bête que ça mon idée.

Je traçais donc l'odeur, suivant sa piste en humant l'air de temps en temps et tomba nez à nez avec une porte d'où provenait l'odeur. Et quand je dis nez à nez, c'était littéralement : J'étais tellement concentré à suivre l'odeur que je m'étais mangé la porte en pleine poire. Par les moustaches de Lucifer, ça faisait un mal de chien ! Enfin, ça avait un côté pratique : Plus besoin de frapper à la porte. Je me permis donc d'entrer, timidement, et avança dans la pièce. Quelqu'un passa à ce moment là et semblait avoir remarqué ma présence puisque il s'était arrêté de marcher.

- Vous êtes... ?, dit une voix masculine plutôt âgée.
- Euh... Je suis Damien Throwback, ADEM de 1ère année. On m'a dit que je devais donner un coup de main à Alizea Prewett...
- Ah oui Alizea, suis-moi je vais t'emmener à son bureau.

Plutôt gentils les gens de ce service. Il dégageait de cet endroit une espèce de chaleur humaine que je ne retrouvais pas dans le bureau des Aurors, qui semblait plus sinistre, plus maussade... J'en finirais presque par regretter d'avoir choisi la voie des Aurors. Je suivais donc l'homme à la trace, sentant le stress monter en moi. Je commençais à réaliser que j'allais faire ma première mission sur le terrain, et rien que d'y penser, j'en étais à la fois excité, et à la fois terrifié car je ne savais pas du tout ce qui m'attendait. Ce fut au bout de quelques pas que le vieil homme s'arrêta et ouvrit une porte.

- Alizea, ton assistant est arrivé. Entres mon garçon, dit-il dans un ton très chaleureux. Rien à voir avec Cha Yeon Jin.

Je rentrais donc dans le bureau et me dirigea assez lentement vers le fond de la pièce pour aller me présenter à cette Alizea Prewett. Elle s'était levée de son siège et vint à ma rencontre, ce qui je l'avouais m'arrangeais pas mal, car si elle était restée sur son siège, j'aurais dû avancer à tâtons comme je ne connaissais pas les lieux, avec le risque de percuter tout et n'importe quoi. Bonjour la première impression...

- Bonjour, je suis Damien Throwback, ADEM de 1ère année... On m'a dit que je travaillerais avec vous aujourd'hui..., disais-je, légèrement mal à l'aise. J'aurais voulu rajouter autre chose, mais le stress montant ne m'aidait pas sur ce coup-là.

- Enchantée de faire votre connaissance, Damien. Vous travaillerez avec moi aujourd'hui, et peut-être plus longtemps si besoin. Ce genre de missions s'étend en général sur plusieurs jours, voir semaines.

Des semaines ?! J'avoue que je ne m'attendais absolument pas à ce genre de délais... Je pensais que c'était l'affaire d'un ou deux jours, tout au plus... Bon, pas de panique, peut-être que cette mission pouvait durer moins d'une semaine, il suffisait juste de faire du bon travail... Et d'avoir une chance qui avoisinait dangereusement le miracle... Néanmoins, au fond de moi, je sentais l'excitation monter. Ce n'était pas que les séminaires m'ennuyaient, bien au contraire, mais changer d'air ne pouvait pas faire de mal. Je pouvais même presque considérer cette occasion comme une sorte de "stage" avant l'heure. Quoi de mieux pour se préparer à ce qui m'attendait. Au final, ce n'était peut-être pas si mal, en fin de compte !

- Mais nous allons travailler à ce que ça se passe le mieux possible, n'est-ce pas ?, ajouta-t-elle accompagné d'un petit rire.

Maintenant que j'y faisais attention, sa voix me rappelait vaguement quelque-chose, mais impossible de me rappeler quoi... J'étais presque sur de l'avoir déjà entendue, pourtant j'étais tout aussi presque sur que c'était la première fois que je la rencontre. Mais la mémoire me revint très vite et je pu enfin savoir pourquoi sa voix me semblait familière : Elle avait fait un séminaire sur la métamorphose adaptée aux filatures ! Elle nous avait dit qu'elle était une renarde sous forme animale, et qu'elle se servait parfois de ce genre de talent pour traquer un individu. Je me souvenais avoir trouvé ce cours passionnant, même si je n'avais pas appris grand chose de plus que ce que j'avais déjà expérimenté moi-même tout les soirs de pleine lune. Pour en revenir donc à Alizea, son rire et le fait de l'avoir identifiée m'avait presque instantanément détendu, me sentant désormais presque dans mon élément, comme si j'y avais toujours vécu.

- Comptez sur moi ! On va la régler en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Quidditch", cette affaire !, disais-je sur le même ton amusé.

C'était étonnant à quel point je m'étais adapté aussi vite que je me surprenais moi-même d'avoir pu dire cette phrase sans bafouiller ni quoi que ce soit. Cette Alizea m'avait instantanément mis en confiance, et je pouvais sentir avec elle que tout se passerait bien. Alors que je n'avais toujours pas cette même sensation auprès de mon propre mentor attitré... Il fallait croire que toutes les personnes ne se ressemblaient pas. J'entendis la jeune femme s'asseoir sur son bureau.

- Venez vous assoir ici pendant que je vous explique de quoi il retourne. Merci de me l'avoir amené, Wallace.
- De rien. Bon courage à tous les deux, répondit le vieil homme qui s'appelait donc Wallace.

Je le remerciais en le gratifiant d'un sourire devenu naturel et m'asseyait sur le fauteuil en face du bureau d'Alizea que je découvrais confortable. Je m'attendais à du cuir alors qu'il était en toile. Mais après petite réflexion c'était plus logique : Je voyais mal une animagus, qui travaillait au Service de Contrôle des Animagi, avoir des fauteuils en peau de bête.

- Bien. Alors, pour commencer, je tiens à ce que vous sachiez dans quoi vous vous embarquez, et avec qui. Ce n'est pas une mission ordinaire, que ce soit pour moi ou pour vous. Comme vous le savez sûrement, je suis Alizea Prewett, agent de contrôle des animagi. Mais si ça ne vous ennuie pas, j'aimerais mieux que vous m'appeliez Lizzie. Ca ne fait que quelques années que je travaille ici et je préfère travailler de la façon la plus naturelle possible. Pour votre information, je suis une animagus de catégorie 2. Une renarde, pour être plus exacte. Aussi ne vous étonnez pas si au cours de notre mission vous avez l'impression que je disparais. Je changerai simplement de forme.

Les deux dernières phrases me tirèrent un léger sourire en coin. Disparaitre, hein ? Avec une odeur de renarde, il m'était impossible de perdre sa trace, même sous forme humaine. Non pas qu'ils sentaient fort, mais leur odeur était tellement caractéristique, étant également un canidé, que je pourrais sans doute la retrouver à une dizaine de kilomètres à la ronde. Et ne parlons même pas des soirs de pleine lune. Pour en revenir à l'affaire, Alizea, alias Lizzie, semblait informer que cette mission n'était pas ordinaire. Que voulait-elle dire par là ? Je croyais que les agents de contrôle de ce service étaient seulement en sous effectif et qu'ils avaient reçu beaucoup de missives. Il s'agirait donc d'un cas particulier ? Cela ne laissait rien présager de bon... Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander quel genre de chose pouvait provoquer ce genre de situation. De plus, je ressentais une certaine gravité dans son intonation. Était-ce si grave que cela ? C'est à ce moment là que ma figure changea : Mes sourcils s'étaient froncés et ma mine plus grave, signe que j'étais concentré et que j'enregistrais toutes les informations que l'on me donnait, sentant que l'ordre de mission était sur le point de se faire prononcer. Je n'en louperais pas une miette.

- En gros, il s'agit d'une enquête conjointe entre nos deux services au sujet d'un trafic de stupéfiants à destination des animagus non déclarés. C'est un peu complexe comme histoire, mais si tu as du temps je peux tout t'expliquer en détails. Pour l'instant, la chose la plus importante à savoir, c'est que cette drogue qui est distribuée provoque un état de violence et de férocité extrêmes chez la victime. L'un de ceux qui avaient ingéré le produit, une loutre, a littéralement dévisagé un passant dans la rue. C'est une situation grave, mais pas encore assez pour qu'ils mettent des Aurors confirmés sur le terrain. C'est là que nous entrons en scène, toi et moi.

...Des stupéfiants ? Pourquoi diable des animagi chercheraient à se droguer ? Surtout pour ce genre d'effets dévastateurs... Mes bras se croisèrent, et mes yeux se baissèrent vers le sol, ou plutôt vers ce qui devait être les pieds du bureau. Qu'est-ce qui pouvait pousser un animagus à devenir agressif ? Était-ce un accident ? Leurs refileraient-on cette drogue en leur mentant sur les effets ou les prendraient-ils en parfaite connaissance de cause avec un but déterminé à l'avance ? Alizea avait prit comme exemple une simple loutre, et les dégâts ont étés déjà très lourds. Je n'osais imaginer l'effet sur les animagus de type prédateur tel qu'une panthère, un lion, un grizzly ou une hyène. Les dégâts seraient catastrophique, et cela tournerait très vite au vinaigre. Il fallait donc résoudre cette affaire au plus vite. Je ne comprenais pas comment les Aurors ne pouvaient pas prendre ce genre d'enquête en priorité...

- C'est moi qui t'ai choisi pour cette mission. Ton dossier est bon et tu as été recommandé par ton mentor. Vu les particularités avec lesquelles tu dois jongler, ce n'est pas rien. Je crois que tu as le potentiel pour m'aider sur cette affaire.

Mon visage concentré passa à celui d'un adolescent étonné, relevant la tête vers le visage d'Alizea -notant au passage le tutoiement-. Toutes ces dernières phrases me tirèrent de mes pensées et me faisaient poser des tas de questions qui se percutaient dans ma tête, ne sachant pas par laquelle commencer. Elle m'avait choisi ? Pourquoi ? De quelles "particularités" parlait-elle ? Certainement pas de ma cécité, plus souvent considéré comme un handicap plutôt qu'un atout. Elle devait donc sans doute parler de ma nature lycanthropique. Elle était donc au courant, et devait considérer que cela pouvait l'aider dans son enquête. Et elle n'avait probablement pas tord. Et même si j'avais des doutes, ces compliment m'allèrent droit au cœur. C'était sans doute la première fois, hors ma mère et ma sœur, que l'on me complimentait sur mes compétences et mes "particularités". Un sourire s'étira sur mes lèvres.

- Je vous remercie, c'est un honneur pour moi, disais-je en inclinant légèrement la tête avant de la relever. Je vous promet que j'essayerais de me rendre le plus utile possible !

Sur ces mots, mon expression redevint celle que j'adoptais lorsque je me concentrais, mais cette fois non pas pour écouter, mais pour réfléchir. J'affichais mentalement les informations que l'on venait de me donner, et sans me rendre compte, je m'étais levé pour faire les cents pas dans la pièce, commençant à réfléchir à voix haute, un bras au niveau du torse qui soutenait l'autre, dont les doigts venaient frotter mon menton.

- Si j'ai bien compris, les premiers incidents ont débutés depuis ce week-end... Ça ne fait donc que deux jours... Ce n'est pas encore assez pour qu'elle soit étendue, il faut donc trouver les trafiquants au plus vite avant qu'elle ne se répande trop... Il faudrait interroger les victimes ? Non, inutile, c'était sans doute de simples inconnus, qui ne savent rien de cette histoire... Les Animagi ? Probable, mais cela voudra donc dire qu'il faudra les pister... Et s'attendre à ce que certains aient encore de cette drogue sous leur manteau... Difficile, mais pas impossible...

C'est après quelques secondes de silence, tentant de peser le pour et le contre de cette histoire, que je me rendis compte de mes propres agissement. Je releva la tête, comme revenu à la réalité aussi brutalement qu'un réveil après un rêve. Je me retournais vers Alizea qui avait assisté à la scène, et mes joues s'empourprèrent, frottant soudainement l'arrière de mes cheveux, embarrassé.

- Pardon... Je me suis un peu emporté...

Je revins alors tout penaud vers le bureau de l'agent de contrôle, ne sachant plus vraiment où me mettre, tout penaud, et m'assied à nouveau sur le fauteuil en toile.

- En fait j'aimerais avoir d'abord les détails de la mission... s'il vous plait, disais-je sur un rire gêné, mais aussi amusé de ma propre bêtise.

Bonjour la première image..., pensais-je.

- Tu sais, si je t'ai choisi toi, ce n'est pas pour avoir un autre de ces toutous bien dressés qui obéissent à tout ce qu'on leur dit sans utiliser leur cerveau. J'ai besoin de quelqu'un qui a de la jugeote, de l'envergure. Sinon j'aurais choisi un de ceux qui avaient des états de service impeccables. Mais les tiens ne le sont pas, loin de là. tu es jugé téméraire, désobéissant et peu enclin à suivre les règles établies.

Par les morpions de Merlin, elle savait même ça ?! Moi qui pensait que j'avais juste à me tenir à carreau, il fallait croire que le directeur de Poudlard avait donné un joli petit mot sur mes antécédents au Ministère... Mais la description qu'elle me donnait me laissait perplexe, et semblait un peu trop "brut" par rapport à la réalité. Je ne suis pas téméraire... Enfin si, peut-être, c'était possible. Un point pour elle. Désobéissant, là par contre je dis non. J'ai juste "contourné" les règles étant donné de ma nature particulière... Pas ma faute si j'allais dans la Forêt Interdite presque une fois par mois, et que par conséquent il m'arrivait de dépasser le couvre-feu pour aller vagabonder la nuit dehors... Et enfin enclin à suivre les règles établies, encore une fois je m'insurge : C'est juste que lorsque je dois faire quelque-chose, je préfère les faire à ma manière, même si ce n'était pas toujours correct, au moins ça avait le mérite d'être efficace !

...Bon, dit comme ça, c'est vrai que cela pouvait sans doute ressembler à de la mauvaise foi, mais c'était ainsi que j'avais toujours vu les choses ! Si je puis dire.

Toutefois cela remettait donc en cause ma présence dans cette affaire : Je n'étais donc pas ici en tant qu'assistant, mais en tant que partenaire, en tant qu'associé. Ce n'était pourtant pas ce que m'avait dit Cha Yeon Jin. Ou peut-être était-ce ce que je devais faire "officiellement", mais qu'Alizea était plus flexible et préférait ne pas entretenir ce genre de relation. Ce qui se comprenait, si j'étais à sa place je n'aimerais pas beaucoup avoir un genre de "sous-fifre" à mes côtés.

Je l'entendit alors se rapprocher de moi, et pouvait deviner à l'odeur de son parfum qui s'était nettement rapproché qu'elle devait être très proche. J'entendais même sa respiration faible et régulière, ce qui me fit raidir presque instantanément.

- Sois toi-même, Damien. On va faire équipe et je tiens à ce que ça soit sur un pied d'égalité. Je ne sais pas comment vous fonctionnez, chez les Aurors, mais avec moi, c'est comme ça que ça se passera. Tu me tutoies, je te tutoies et nous travaillons ensemble. Pas de chef ou de supérieurs entre nous. On va résoudre cette affaire ensemble, voilà comment ça va se passer.

Je devais donc la tutoyer maintenant ? Ça confirmait donc ce que je pensais : Elle voulait pour se travail un partenaire. Un coéquipier. Je devais avouer que ça me bottait plus, dit comme ça. J'étais déjà plus enthousiaste à travailler dans ce genre de conditions que d'être un genre d'assistant qui suivait les ordres sans rien dire. Mais cela me laissait donc des responsabilités que je n'étais pas censé posséder, il allait donc falloir que je sois vigilent à ce que je ne fasse pas de trop grosses bourdes...

Alizea sembla se redresser et se rasseoir sur son fauteuil. Si ma logique n'était pas trop détraquée, elle s’apprêtait à donner les informations supplémentaires que j'avais demandé, et dont j'avais besoin pour être sûr d'avoir tout les éléments. Voilà pourquoi je le lui ai avait demandés en premiers lieux. Mon expression redevint donc celle d'un adolescent concentré, prêt à stocker la moindre information.

- J'ai commencé à faire des recoupements entre les différentes plaintes. Nous en avons rarement eu autant d'un coup... Une dizaine en deux jours, c'est vraiment beaucoup. Même pour l'affaire Lernak, il n'y en avait que quatre ou cinq sur une semaine. Mais là, c'est tout à fait différent. Comme tu l'as dit, il me semble tout à fait inutile d'aller à la chasse aux indice directement en lien avec les victimes. Leurs profils sont trop différents pour qu'il y ait un point commun. Cela va de la jeune fille moldue à l'employé du ministère quinquagénaire. Je pense comme toi, ce sont des personnes prises au hasard, qui étaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment.

Une petite minute... Elle avait bien dit « Lernak » ? Pourquoi est-ce que ce nom sonnait familier à mes oreilles(A croire que c'était la journée des « devines qui je suis » aujourd'hui) ? Lorsque j'essayais de remonter mes souvenirs, je tomba sur un passage qui n'était pas si éloigné que cela, quelques semaines, tout au plus, lorsque je discutais avec un mec complètement ivre après s'être bien mit sur la tronche. Jasper, qu'il disait qu'il s'appelait. Jasper Lernak. Serait-ce le même ? La preuve que oui puisque je l'ai vu se transformer en chien sous mes yeux, si j'ose dire. Jasper était donc un animagus illégal ? Pourquoi est-ce que cela ne m'étonnais pas ? Mais cela voulait donc dire que le Ministère était sur son dos. Un joli petit cavaleur en puissance.

- Flamby ?

...Flamby ? Qui c'est qu'elle appelait Flamby ? Pas moi j'espère ! Non par-ce que moi je veux bien la tutoyer, être son égal et tout le tralala, mais un surnom comme « Flamby », je crois pas que ça se situait dans mon cota de choses que je pouvais supporter. Alors que je me demandais d'où diable pouvait provenir ce surnom, et à quoi je le devait, j'entendis un petit craquement sec et une nouvelle odeur débouler dans mon odorat, me tirant un léger sursaut et j'avais laissé s'échapper un cri de surprise.

- Tu peux me traduire ça en braille s'il te plaît ?
- Oui miss. Flamby s'en occupe. Elle revient dès qu'elle a terminé.
- Merci, Flamby. A tout à l'heure.

Nouveau craquement sec et disparition quasi-totale de cette nouvelle odeur qui avait disparue aussi vite qu'elle était apparue. A en juger par la petite voix fluette et cette manière de parler que j'avais entendu, je pense que ce devait être un, ou plutôt une, elfe de maison. Ce qui expliquerait la téléportation. Je tentais de calmer mon cœur qui s'était mit à battre à tout rompre, tandis que j'analysais enfin ce que je venais d'entendre. Alizea avait demandé à son elfe de maison de me faire une copie de quelque-chose, qui devait être le rapport de l'enquête, et de le faire en braille pour que je puisse le lire. Une petite attention que me touchait particulièrement.

- Ça sera plus facile pour toi si tu as accès à tous les documents. Donc, je disais... Ah oui, les agresseurs. J'ai déjà commencé une liste des animagus concernés, mais la plupart sont non déclarés. Mis à part un cas, un homme faisant partie des Aurors. Leurs profils me portent à croire qu'ils ne se sont pas drogués intentionnellement. Sinon, un membre des Aurors n'aurait pas été touché. Pour moi, il s'agit d'une drogue administrée par un tiers. Mais dans quel but ? Ça reste à voir.

Avais-je bien entendu ?! Avait-elle bien dit que l'un des agresseurs était un Auror ?! Par les caleçons de Lucifer, comment était-ce possible ?! Comment un Auror, même s'il n'était pas directement fautif, avait-il pu se faire droguer, bon sang ?! Bon, du calme, Damien. Caaaaalme. Après tout on ne sait pas à quoi ressemble cette drogue, peut-être avait-elle été placée dans son verre et dissoute dans sa boisson. De cette manière, elle était intraçable, et il y en avait beaucoup d'autre du genre. Il n'était pas impossible que même un Auror puisse se faire avoir. Et comme disait Alizea, le motif restait mystérieux... Pour quelle raison le ou les commanditaires de cette nouvelle drogue la revendaient-ils à des animagi ? Que cherchaient-ils à faire ? Normalement une drogue cherche à provoquer du bien à leur consommateurs, pas de les rendre fou. A moins que... A moins que c'était le cas ? Je m'apprêtais à faire part de ma théorie à  Alizea, mais elle prit la parole juste avant moi, me coupant dans mon élan.

- Nous avons de la chance car jusqu'ici, seuls des animagus dont la forme n'est que peu ou pas offensive ont été touchés. Plusieurs plaintes ont été déposées pour un même animal, et je pense que le produit a un effet de longue durée, ce qui peut causer une série d'agressions. Pour le cas de la loutre, elle a attaqué trois personnes. A des lieux différents, espacés d'environ 5 à 10 km et tout au cours de la journée d'hier. Hier également, un animagus chat a attaqué deux personnes, à 7 kilomètres d'écart. La première plainte, celle datant d'avant hier concernait un hibou. Deux attaques, à plus de vingt kilomètres d'écart. Le fait qu'il soit doté d'ailes lui a donné un avantage, mais heureusement pour nous ce genre d'animaux n'est pas naturellement agressif envers les humains. Le quatrième concerné est un serpent, une couleuvre noire pour être exacte. Là aussi, une chance pour nous qu'elle se soit contentée d'essayer de broyer ses victimes sans les mordre. Ces personnes seraient mortes sur le coup, avec le poison. Je pense qu'il a dû essayer de se battre contre l'impulsion de tuer. C'était la créature la plus dangereuse parmi les quatre, mais aussi le seul Auror. J'ai bien peur qu'un non déclaré classique n'aurait pas su s'empêcher de mordre.

Elle ajouta même, d'un ton plus grave :

- Si jamais une créature plus imposante était touchée, les conséquences pourraient être terribles. Imagine un instant qu'ils droguent Wallace ? Il a beau être âgé, s'il est sous sa forme d'ours, au beau milieu du ministère...

Ainsi, Wallace était un ours ? Effectivement... Ce serait rapidement le chaos. Et à mon avis, si les Aurors avaient à intervenir dans ce genre de situation critiques, je ne serais pas surpris qu'ils ne cherchent même pas à comprendre la situation et éliminerait sans poser de question la menace imminente. Tel était la voie de l'Auror... Celà confirmait mes doutes : Nous devions régler cette affaire au plus vite. Surtout si un Auror a été touché, le Ministère est peut-être visé lui aussi.

- Imagine une seconde qu'ils nous droguent, toi ou moi, qui sommes entraînés à nous battre...

Cette phrase me rappela toutes ces nuits. Ces nuits de pleine lune, où j'étais loup-garou, et que j'arpentais la Forêt Interdite en quête de proie. Cet animal qui vivait en moi était plutôt d'une nature calme, traqueuse... Je n'osais imaginer ce que cela donnerait sous les effets d'une drogue, une créature enragée et assoiffée de sang... Rien qu'à cette idée, l'idée d'assister à la scène en tant que spectateur, sans pouvoir agir me fit frissonner.

- Effectivement... Il va falloir régler cette histoire au plus vite, disais-je sur le même ton grave.

A peine avais-je fini ma phrase qu'un nouveau craquement sonore retentit, juste à côté de moi cette fois, et me fit à nouveau pousser un cri de surprise. Je n'arriverais jamais à m'habituer à ces téléportations elfiques ! C'était beaucoup trop brutal !

- Tenez, vos documents traduits, monsieur.

Le « monsieur » devait sans doute me désigner, n'ayant pas d'autres homme dans la pièce, je tendis alors la main lentement et attrapa les documents que l'on me tendait.

- Merci, Flamby, disais-je avec le sourire
- A vôtre service, monsieur.

Je l'entendit rendre les documents originaux à Alizea avant de repartir en transplanage. J'ouvris le document et passa le doigt sur les feuilles, sentant l'écriture typique du doigt sous ma peau. Mais je ne m'attarderais pas à le lire tout de suite, il y avait plus important pour le moment. Je referma donc le dossier et le posa sur le bord du bureau d'Alizea.

Je venais de me rappeler que j'avais une théorie sur le mobile à lui soumettre, je n'attendit donc pas plus longtemps.

- Oh, c'est vrai j'avais oublié, j'avais une théorie à vous... Pardon, à te soumettre, Lizzie. Concernant la raison de l'arrivée de cette drogue.

A nouveau, comme je faisais toujours pour réfléchir à voix haute, je me levais de mon siège et recommençait à faire les cents pas autour de la pièce. Plus lents cette fois.

- Je pense que c'est leur but, justement, de trouver des animagi de type prédateur. Les effets de la drogue le confirment : Elle rendent plus violents et plus agressifs, et durent à long terme. Elle n'est d'aucune utilité pour les animagi comme les chats ou les loutres, qui ne sont pas de nature agressive. Mais les prédateurs le sont. Ce doit être une sorte de « dopage », pour mieux ressentir l'instinct, la pulsion animale : celle de la chasse.

Je marqua un temps de pause, pour mettre mes idées en place, et tenter de résoudre ce puzzle en même temps que je parlais.

- Ils ne doivent pas savoir qui est quoi, comme les illégaux ne sont enregistrés nulle part. Ils doivent donc cibler au hasard. Et il n'y à pas eu d'agresseurs moldus ou sorciers. Seulement des animagis. La drogue doit donc être magique, faites par d'autres sorciers, et n'agit que sur les anthropomorphes. Ce n'est pas une coïncidence. On ne sait effectivement pas pourquoi ils veulent faire ça, mais je pense que c'est ce qu'ils cherchent à faire.

J’arrêtai donc de marcher, et tourna la tête vers Alizea.

- Il faudrait commencer par interroger un des agresseurs. C'est nôtre seule piste pour le moment. Vous avez bien parlé d'un Auror, non ? C'est le plus accessible de tous, on pourrait lui rendre visite, non ?

Le fait que Lizzie ne réponde pas tout de suite à la question semblait indiquée qu'elle n'était pas très emballée par cette proposition. Y avait-il un genre de problème ? Peut-être une mésentente entre Aurors et Agents de Contrôle des Animagi. Ce ne serait pas la première fois que deux services, même si ils collaborent de temps en temps, ne s'entendent pas du tout. Tout du moins c'est ce que me disait parfois mon père quand il rentrait du travail le soir. Toutefois elle finit par trancher et donner sa réponse. :

- D'accord. Il a repris du service ce matin, mais ils n'ont pas voulu l'envoyer sur le terrain, au cas où. Je pense qu'il doit être au Niveau 2, dans les bureaux...

Sur ces mots, elle se leva de son fauteuil et commença à traverser la pièce pour sortir. Je fit donc de même et la suivit, mais elle s'arrêta devant la porte avant de l'ouvrir, comme si quelque-chose lui avait traversé l'esprit et qu'il valait mieux me le dire tant que nous étions encore seuls. J'avouais que je n'aimais pas beaucoup ça...

- J'imagine qu'ils ne t'ont pas encore fait visiter l'intégralité des bureaux... Quand j'étais en ADEM je restais seulement dans les amphithéâtres. Ça serait plus simple si tu voulais bien que je te tienne la main. C'est assez loin et il y a beaucoup de monde dans les couloirs. Ce serait dommage de se perdre dans ce labyrinthe qu'ils ont l'audace d'appeler des couloirs. A moins que ça ne te dérange, dans ce cas nous irions à la pause de midi, quand tout le monde sera parti manger.

...J'avais bien entendu ? Elle me demandait de lui prendre la main ?

...Et puis quoi encore ?! Je n'étais pas un gamin de 5 ans ! Je savais très bien marcher tout seul et je savais me repérer -la plupart du temps- ! Et comment elle croyait que j'étais venu dans son bureau, hein ? Avec un GPS Tom-Tom peut-être ?! Non mais sans blague ! Moi j'veux bien être gentil, tutoyer ma supérieure et tout ça-tout ça, mais de là à lui tenir la main, il fallait pas pousser non plus ! Bon, une minute, TEMPS MORT ! Il fallait que je me calme. Inutile de s'emporter pour si peu, j'avais juste à refuser poliment et le tour était joué. C'est d'ailleurs ce que je m’apprêtais à faire, lorsque mon cerveau décida à ce moment là de faire un déclic sur la suite de sa phrase. "Il y a beaucoup de monde dans les couloirs" qu'elle avait dit. Une injure vola dans ma tête, comme en bruit de fond. J'étais "allergique" à la foule, il suffisait de me voir à la gare de King's Cross il n'y avait pas si longtemps, le jour où j'ai rencontré Shae. Un aveugle comme un autre, avec en bonus un gigantesque mal de crâne. Je soupirais et prit la main d'Alizea -ayant d'abord cherché quelques secondes dans le vide où elle se trouvait-.

- Très bien, disais-je d'une voix résignée. Mais je préfères te prévenir : c'est la première et la dernière fois !

Sur ces mots, j'ouvris la porte à la place d'Alizea et sortit en premier, comme pressé d'en finir au plus vite. Mais j'évitais de marcher trop vite pour laisser le temps à Alizea de suivre le rythme, étant donné sa petite taille et ses talons hauts qui ne devaient pas arranger l'affaire. Nous sortîmes donc des bureaux du service et longions ensemble les couloirs du Ministère, qui pour le moment s'avéraient plutôt vides. Une légère pointe d'animosité vint piquer mon front -presque littéralement-, ayant presque l'impression qu'Alizea m'avait menti pour se donner une excuse. Toutefois, je me rendis compte au bout de quelques secondes que non, ce n'était pas un mensonge. Le carrefour des couloirs qui menait à l’ascenseur était bondé, et tout le monde parlait en même temps, marchait à tout allure, bref : le cauchemar commençait.

- Bon, eh bien... Bonne chance pour nous tirer de là !, disais-je à Alizea avec ironie.

Je la sentis donc prendre les devant et traverser la foule non sans quelques difficultés, mais je sentais tout de même parfois des gens qui me bousculaient l'épaule, me faisant monter en moi l'envie de laisser parler ma colère et de pousser tout le monde en jouant des bras -ce qui en soit ne devrait pas s'avérer trop difficile-. Alizea opta de prendre les escaliers à la place de l’ascenseur, étant donné le monde qui s'y bousculait, et j’acquiesçais avec une légère goutte de sueur qui perlait sur mon front. Mon crâne commençait à résonner, me faisant froncer les sourcils. Nous descendions donc les marches pour nous rendre au Niveau 2, et nous devions à traverser une nouvelle foule pour nous rendre dans les bureaux des Aurors. Je commençait à me demander comment j'allais m'en sortir quand je me mettrais à travailler ici pour de bon... Bah, j'arriverais plus tôt que les autres, et j'irais manger plus tard, comme ça pas de prise de tête -littéralement-. Nous arrivions donc enfin en face des bureaux des Aurors, et une fois devant la porte, je me tourna vers Alizea.

- On devrait se lâcher la main, maintenant. Je ne voudrais pas que tu ai des problèmes par-ce que les autres t'ont vu tenir la main d'un ADEM.

Je sentis sa main s'échapper de la mienne presque un peu trop rapidement, me laissant présager qu'elle avait mal pris ma "demande". Pour preuve, elle répliqua presque aussitôt :

- Et alors ? On est majeurs tous les deux, non ? J'ai bien compris que ça te dérange, mais... Nous ne sommes plus à Poudlard, ici. A priori, on fait ce qu'on veut avec qui on veut du moment que ça ne trouble pas l'ordre public. Et à moins que tu n'aies une horde d'admiratrices en furie prêtes à faire une émeute pour ça, il n'y a aucun risque, ni pour toi ni pour moi. C'est pas comme si je faisais du détournement de mineurs...

Je restais béat, ne sachant pas vraiment quoi dire. Elle avait complètement mal interprété mes paroles, ou tout du moins mes attentions. Ce n'était pas pour moi que je m'inquiétais, c'était pour elle : Comme j'avais eu l'impression qu'il y avait des tensions entre elle et les Aurors, j'avais pensé qu'il valait mieux ne pas faire en sorte d'alimenter des ragots à son sujet pour lui éviter les problèmes. Je m'apprêtais à lui expliquer cela lorsqu'elle rajouta :

- Je voulais juste éviter que tu te retrouves dans une situation désagréable. Désolée de t'avoir offensé.
- Tout comme moi.

Sans doute n'avait-elle pas entendu mes mots, ou peut-être les avaient-elle ignorés, elle frappa à la porte et s'écria :

- Bonjour, excusez-moi de vous déranger, Mr Melroth, c'est Lizzie Prewett du Service Animagus. Mon collègue Damien Throwback, des ADEM Aurors et moi-même souhaiterions vous poser quelques questions dans le cadre de notre enquête.

Alizea rajouta ensuite quelques mots chuchotés à mon oreille.

- Il en a pas mal bavé alors s'il ne veut pas nous parler, j'aimerais qu'on le laisse tranquille. Il a besoin de repos.

Je hochais la tête lorsque j'entendis la porte s'ouvrir devant nous, et sans prononcer un mot, Lizzie s'avança vers son bureau, et j'en fit donc de même, la suivant comme son ombre. Il referma la porte derrière-lui, ce qui me fit faire volte-face par réflexe. J'avais toujours cette peur que quelqu'un qui nous ouvre la porte finisse par la refermer à clé derrière-lui. Le cas typique d'une embuscade. Mais il n'en fut rien.

- Si c'est pas le poulain de Cha ? Bienvenue dans la cour des grands mon garçon, dit-il d'une voix grave et en me donnant une tape sur le dos qui me fit sursauter.

Je bredouilla un léger merci à peine audible, légèrement déstabilisé, m'attendant plutôt à quelqu'un de plus... jeune et plus imposant, un peu comme ce Clavell que j'avais rencontré lors de ce séminaire sur la formation au combat. Ou alors quelqu'un d'un peu plus glacial, plus bureaucrate étant donné sa nature animagus de serpent et qu'on dit souvent que les animagus avaient souvent tendance à avoir le même caractère que leur animal anthropomorphique.

- Miss Prewett, c'est un plaisir de vous revoir, ajouta-t-il.
- Pour moi aussi, n'en doutez pas.
- Vous aviez raison au sujet du petit revendeur de camelotte sur le chemin de traverse, ajouta-t-il d'un ton plus grave. J'ignore où vous avez pêché votre info mais...

Pêché son info ? Elle était donc déjà au courant ? A moins qu'ils ne parlaient d'autre chose ? Leur conversation m'échappait un peu, mais elle ne m'étonnait pas : il était tout à fait possible que les Aurors travaillent sur plusieurs affaires à la fois, peut-être faisait-il référence à l'une d'entre elles.

- J'ai essayé, vous savez ! J'ai essayé de me contrôler ! Mais j'avais une telle envie de tuer, de tout détruire autour de moi !

Le fait qu'un vieil homme puisse prononcer de tels mots me donna un frisson glacial dans le dos. Et cela confirmait mes peurs : Les animagi touchés par cette drogue étaient conscients de ce qu'ils faisaient pendant la durée de l'effet. C'en était terrifiant. Je n'osais imaginer ce qu'une telle chose pouvait faire comme effet sur moi...

- On me l'a raconté, ne vous inquiétez pas. Je sais bien que vous n'aviez pas l'intention de leur faire du mal..., murmura-t-elle d'une voix apaisante.
- Oui, je sais bien que je peux compter sur vous. Vous les trouverez n'est-ce pas ? Ces imbéciles de gros bonnet ne veulent pas mettre les Aurors sur l'affaire, mais c'est une erreur ! Ils ne comprennent pas ce que c'est ! Ils ne sont pas comme nous !

Je ne pouvais que partager son avis : Les "humains" ne pouvaient comprendre ce que cela fait de se transformer en animal, et devenir autre chose. Ils ne comprenaient pas la gravité de la situation. J'entendis Alizea se diriger vers l'Auror pour l'aider à s'asseoir sur son fauteuil, tandis que je m'adossais contre un mur, les bras croisés.

- Ne vous inquiétez pas, nous les trouverons. Nous les arrêterons. Mais pour ça, nous avons besoin de savoir comment vous avez été drogué. Avez-vous un souvenir quelconque qui puisse nous aider ?

Melroth resta silencieux un moment avant de répondre :

- C'est à cause de ce Verlaine que tout a commencé. Je suis sûr que c'est lui ! Je l'ai pisté toute la journée jusqu'à une drôle de taverne excentrée, pas loin de l'Allée des Embrumes. Là, il a rencontré des tas de gens et il se passait des choses plutôt louches. La dernière chose dont je me souviens, c'est d'avoir bu un verre de bièraubeurre.

Un verre de biereaubeurre ? Celà voulait donc dire que cette drogue étaient distribuée dans les boissons servies par la taverne ? Voilà qui expliquait comment les agresseurs avaient pu se droguer sans le savoir : Si on plaçait les drogues dans leurs verres, ils ne pouvaient se douter de rien. Ce n'était donc pas qu'une petite affaire de recel ou quelque-chose du genre : L'organisation -puisqu'ils ne pouvaient pas avoir fait cela seuls- avait soit soudoyés le vendeur, soit ils ont placés la drogue dans les tonneaux sans que personne ne s'en aperçoive. Dans les deux cas, c'était clairement un acte prémédité et qui cherchait à faire le plus de victimes possible.

- Tu m'as servi un plus gros poisson que tu ne le pensais, Jasper...

Une minute... Jasper ? Jasper Lernak ? Cela faisait deux fois qu'Alizea faisait mention de son nom, comme si il avait été impliqué dans l'affaire. Je me rappelais alors qu'il était également un animagus : un chien. Était-il au service du Ministère ? Non, elle avait parlé d'une "affaire Lernak", il était donc suspect d'une affaire. Un animagus illégal ? Pourquoi est-ce que cela ne m'étonnait pas ? Je m’apprêtais à poursuivre mes pensées lorsque Lizzie s'adressa à moi.

- Je pense qu'on a une belle piste à exploiter ici. Si je ne me trompe pas, ça devait être la taverne du Chien Fou, deux pâtés de maison plus au nord que Barjow et Beurk. On devrait commencer par là.

Je m'apprêtais à lui répondre, lorsque j'entendis un fauteuil racler le parquet et des pas se diriger vers moi précipitamment. Par pur réflexe, j'avais prit appui sur mes jambes et ma main droite s'était mit dans ma poche arrière pour attraper le manche de ma baguette lorsqu'une main m'attrapa se bras. Je m'apprêtais à frapper avec ma main gauche, mais la main qui me tenait était tremblante, ce qui m'arrêta dans mon élan.

- Promettez-moi que vous les trouverez ! Promettez-moi que vous ne les laisserez pas faire subir ça à quelqu'un d'autre !

La voix qui se dégageait de l'Auror était tremblante, terrifiée. Il avait sincèrement peur. Peur de ce qui lui était arrivé, peur de ce qu'il avait failli faire, peur de ce qu'il pourrait arriver si on ne l'arrêtait pas à temps. Ma main droite lâcha ma baguette et ma main gauche vint trouver l'épaule de l'Auror et se posa dessus.

- Nous le trouverons, Mr.Melroth. Je vous le promet.

Il y avait tellement plus à dire, mais ce fut ma main posée sur son épaule qui s'occupa du reste. Je lui transmettais par ma poigne toute ma colère, mais aussi ma détermination à trouver le ou les coupables. Il n'y avait pas besoin de rajouter quoi que ce soit.

- Merci..., murmura-t-il, même si je n'étais pas sur que c'était à moi qu'il s'adressait.

Il lâcha mon bras et traina ses pieds jusqu'à son bureau. Moi je m'étais dirigée vers Alizea et me pencha à son oreille.

- Il faut y aller.

Je me dirigeais alors vers la porte et l'ouvrit en laissant passer Alizea en premier. J'écoutais quelques secondes le silence qui régnait dans le bureau de l'Auror, et entendit un léger sanglot presque inaudible sortir de ses poumons. Je referma à contre cœur la porte derrière-moi.