La petite fille serrait fort dans ses petits doigts un ridicule bout de parchemin. Pourtant, ce parchemin était important. Il lui donnait droit à emprunter un livre de la Réserve. Ce n’était pas la première fois que la Serdaigle y empruntait un livre, vous vous doutez bien, d’ailleurs, le dernier en question avait été Les Potions de grands pouvoirs et elle avait religieusement copié la recette du Polynectar.
Cette fois ci, elle s’intéressait toujours à la métamorphose humaine. Il faut dire, pouvoir changer d’apparence à quasi volonté, qui n’en rêve pas ? A vrai dire, ça, ça s’appelait un métamorphomage –ou quelque chose du genre- il lui semblait en avoir même vu une –ou un ?- dans leur salle commune. Mais tout de même, passer à volonté d’humain à animal, c’était terriblement tentant.
Sans compter, évidemment, qu’elle comptait bien découvrir comment cette magie fonctionnait. De tous les tours de sorciers, les sorts de métamorphose étaient ceux la fascinant le plus. Hélas, elle semblait aussi avoir les plus grandes difficultés à mettre en œuvre la plupart de ces sortilèges. Manque de concentration, qu’on lui répétait sans cesse. Et évidemment, ils avaient raison.

Sauf que désormais, elle avait une camarade. Kathleen. Elles s’étaient découverte, il y a deux jours, la même passion pour la métamorphose humaine. Le lendemain, elle avait préféré au cours de métamorphose sa compagnie à celle d’Ange et Gideon. Et elle était allée faire les yeux doux à son professeur de potions. Pourquoi lui, plutôt que Miss Brightwood, professeur de métamorphose ?  Et bien, parce qu’avec Monsieur Audlington, elle n’aurait pas à se justifier. Et pis encore. Cela lui avait fait plaisir, de lui expliquer de long en large ce qu’elle comptait faire. Soit comprendre le fonctionnement de la métamorphose.
Enfin, il lui restait encore à affiner largement ses protocoles d’analyse, et notamment, l’extraction, et pis encore, l’analyse, d’ADN, pour tout ce qui concernait la métamorphose des êtres vivants. Mais elle trouverait bien moyen. Si les moldus savaient faire, elle n’avait aucune raison de ne pas y arriver avec l’aide de la magie.

Avant toute chose, cependant, il serait bon de réunir un maximum d’informations sur les bases de la métamorphose humaine. Les informations qui elles, sont accessibles simplement dans la bibliothèque.
Ainsi, lorsqu’Alistine fut enfin dans la bibliothèque, après avoir combattu longuement contre les escaliers fous du château, elle ne se dirigea pas d’abord vers le bureau de la bibliothécaire. Elle préféra se poser au milieu d’une section dédiée aux principes théoriques de la métamorphose. Elle sortit de même de son sac un certain nombre de numéros du Mensuel de la métamorphose, manuel auquel elle s’était abonnée au cours de sa deuxième année, ainsi que Les Défis de l’enchantement, et Pratique de la potion. Les défis imposés par la lecture de certains articles, d’un niveau bien supérieur au sien, l’incitaient bien souvent à passer des heures et des heures dans la bibliothèque, à chercher des informations qui lui manquaient. De fait, elle connaissait désormais bien les livres autour d’elle. C’est en habituée qu’elle se saisit de trois volumineux grimoires, dont un seul au titre déchiffrable, Théories de la métamorphose du Vivant. Un peu plus loin dans la section, elle trouva encore un livre intitulé Les Animagis dans l’histoire, très récent, les dernières pages se terminant sur les animagis l’Ordre du Phénix. Il contenait aussi la liste actuelle des animagis autorisés par le gouvernement. Peut être que cela vaudrait la peine d’écrire une lettre à l’un d’entre eux. Oh, sans dire qu’elle avait l’intention elle-même de devenir animagus, mais simplement en expliquant que la théorie du sortilège, de même que l’histoire personnelle de ceux qui le sont devenus l’intéressent fortement. De même que les moyens qu’ils se sont donnés pour y arriver.
Après tout, elle n’est qu’une élève de troisième année, c’est normal pour une sorcière de cet âge, qui plus est, une Serdaigle, de s’y intéresser, n’est ce pas ?

Quoi qu’il en soit, elle avait de la lecture. Elle sortit un rouleau de parchemin, sa plume, modèle auto-encreur –tellement plus pratique, et au moins, elle est sûre de ne pas renverser son encrier sur un des précieux livres qu’elle avait ouvert- et commença à prendre des notes sur ses lectures.
Elle recopia scrupuleusement, en une écriture pattes de mouches et hâtive, en commençant par le nom, et divers renseignements, sur chacun des animagis actuels. Age, adresse, métier, animal… S’il le fallait, elle se levait, pour aller prendre plus d’informations sur ces mages. Ils étaient rarement de parfaits inconnus après tout, surtout pas Minerva MacGonnagall. Une fois ces informations soigneusement notées, elle ferma ce livre, et passa à ses mensuels. Ceux-ci avaient l’avantage d’êtres annotés par ses soins, et de disposer de nombreux marques page, indiquant les articles l’intéressant. A côté de ceux-ci s’ouvrirent les trois grimoires pris plus tôt. Puis à nouveau, la jeune érudite emplie de noir son parchemin, prenant notes sur notes.

Elle était arrivée ici tôt le matin. Depuis la fenêtre, elle pouvait apercevoir le terrain de Quidditch. Elle avait noté l’apparition de silhouettes sur des balais, sachant partinemment que Kathleen étaient parmi elles, de même que Annaëlle. Les Serdaigles s’entrainaient. Mais maintenant, son ventre criait famine, et il n’y avait plus personne là bas. Elle avait couché sur parchemin des mètres de notes. Mais elle était très fière d’avoir réussi à dégager une série d’exercices à réussir impérativement avant de vouloir commencer à s’entrainer pour le but des deux Serdaigles. De même, elle avait dégagé une série de protocole des plus intéressants pour surveiller le déroulement d’une métamorphose du vivant. Tout cela était rédigé bien un propre, sur une dizaine de parchemins.
C’est alors qu’elle rangeait tout ceci que la bibliothécaire vint la voir. D’un grand sourire innocent, la jeune fille lui souhaita le bonjour.




La Serdaigle commença à  s’exécuter, rangea précautionneusement ses notes dans son sac, avant de tomber sur le dernier. Oh. Elle se souvenait maintenant.




La petite fille se précipita vers la bibliothécaire, lui fourrant sous le nez son autorisation pour emprunter un livre de la Réserve. La femme sévère le lit attentivement, le tapotant de sa baguette magique. Mais il n’y avait pas plus vrai que ce petit bout de papier là. Elle fronça les sourcils.






L’adulte finit par hausser des épaules. Puis elle se dirigea vers la Réserve, et revint, cinq minutes plus tard. Dans les mains, un volumineux grimoire. De la Métamorphose Humaine : Théories et Sortilèges pour toute situation. Alistine n’était pas sans savoir que ce volume ne traitait pas que des animagi. Non, il était bien plus retors que cela. Il exposait aussi en détail divers sortilèges pour ensorceler autrui, les pétrifier, ou réduire leur taille à trois pommes. Mais aussi les contre sorts à tout cela. Ce n’était normalement pas un livre à mettre entre toutes les mains. Mais comme tous les livres de la Réserve, après tout. N’est ce pas ?

Elle rangea précieusement le livre, avant de filer vers le réfectoire. Son ventre grondant de plus en plus elle avait une certaine hâte à trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Et puis, l’avantage des déjeuners tardifs, c’est qu’il n’y a plus grand monde. Elle pourrait même commencer à feuilleter son livre.