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 Discussion autour d'un verre (PV Alou)
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Amun Sareh
Amun Sareh
Élève de Serpentard

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MessageSujet: Discussion autour d'un verre (PV Alou)   Discussion autour d'un verre (PV Alou) 1387502757-horlogeJeu 15 Sep 2016 - 18:52
Combien de temps cela faisait-il ? Une heure... Peut-être deux... Le jeune Egyptien ne savait pas et à vrai dire il s'en moquait. Il n'avait rien de prévu pour son après-midi, à vrai dire, il ne savait pas vraiment comment il était arrivé là... Sur cette pierre à regarder le château au loin, ou du moins dans la direction du château car avec tout ce brouillard, difficile à dire.

Comment était-il arrivé là... Ah oui, c'est vrai, on avait profité de sa faiblesse... Cela faisait plusieurs jours qu'Amun avait du mal à dormir, il en ignorait la cause, sans doute qu'il pensait trop, il ne savait plus vraiment où il en était et cela l'inquiétait, il ignorait quel chemin prendre et quelle décision serait la bonne... Entre cœur et raison, une vraie bataille avait lieu. Enfin bref, toujours est-il que ce matin, il n'était pas très réveillé et l'un de ses camarades en avait profité pour le tirer hors de son dortoir et le l'amener à Pré-au-Lard.

Comme il n'était pas très bien réveillé, Amun avait rapidement prit place sur le rocher à leur arrivée. Son camarade lui avait dit qu'il revenait avec des bonbons de chez Honeydukes et qu'il ne serait pas long... Alors il y avait deux solutions, soit il était en train d'acheter tout le magasin, soit il avait croisé des personnes avec qui il s'entendait bien et avait oublier le pauvre Egyptien.

Amun mit du temps à réalisé qu'il était à Pré-au-Lard et qu'il était seul... Et surtout qu'il n'avait pas prit d'affaires chaudes, il n'avait en effet qu'une veste fine noire et un jean pour se protéger du froid et autant dire qu'il commençait à avoir très froid. Après tout, même si nous étions en novembre, les températures commençaient à devenir très basse.

Le jeune sorcier n'aimait pas l'hiver, trop froid... Trop triste... Le pire serait en décembre il le savait, sa mère étant morte peu avant Nöel et peu après son anniversaire, faisait qu'il haïssait ce mois et cette saison qui lui rappelait durement qu'il était seule. Cette année encore, il fêterait son anniversaire seul, mais pas n'importe quel anniversaire, sa majorité... Il aurait tant aimé avoir sa famille à ces côtés pour ce jour là...

Amun se frappa les joues pour redescendre sur terre et cesser de broyer du noir, il pourrait très bien le faire ce soir en rentrant au château. Il avait trop froid pour rentrer maintenant et voulait se réchauffer avant. Il alla au trois balais... Beaucoup trop de monde à son goût, il faillit faire un malaise, puis au salon de thé de Madame Piedodu, mais il n'y avait que des couples. Finalement il trouva son bonheur à la tête du Sanglier.

Il y avait un peu de monde, mais pas assez pour que le jeune sorcier se sente étouffé et il prit place à une table libre. Lorsque le barman vint le voir pour lui demander ce qu'il voulait, il hésita... Il doutait que ce genre d'endroit serve des chocolats chaud. Il regarda autour de lui et se dit que c'était le moment où jamais de goûter les fameuse Bièraubeurre. Ce serait bien la première fois de sa vie qu'il goûterait de l'alcool et autant commencer par une boisson pas trop alcoolisé.

-Une Bièraubeurre chaude s'il vous plait.

Deux minutes plus tard, on la lui servait. Amun l'observa, tentant de deviner le goût grâce à son apparence. Puis il trempa ses lèvres et fut surpris par son goût si sucré. Ce n'était pas mauvais du tout ! Le jeune sorcier bu sa boisson d'une traite et redemanda une. Qu'il but plus doucement cette fois-ci. Il aimait la sensation de chaleur qui circulait dans son corps et du goût sucré qui restait sur sa langue. Qui sait, il pourrait remercier le camarade qui l'avait forcé à venir... S'il le retrouvait un jour...

-Au moins je pourrais mourir moins bête...

Il n'avait que murmuré ces mots, se contentant d'observer sa boisson, mais pensant à son avenir... Ou plutôt de son absence d'avenir...

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Alouarn Grimgorson
Alouarn Grimgorson
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MessageSujet: Re: Discussion autour d'un verre (PV Alou)   Discussion autour d'un verre (PV Alou) 1387502757-horlogeMer 28 Sep 2016 - 23:33



S’il est impossible de ne pas penser à quelque chose, il reste encore possible de penser à autre chose.



PARTICIPANTSAlouarn Grimgorson & Amun Sareh
Résumé • Novembre 2014, Pré-au-Lard, taverne de la Tête du Sanglier.



Autour d’un verre


Le froid était particulièrement tenace en ce premier dimanche de novembre. La brume dansait inlassablement devant mes yeux, laissant dans son sillage des formes alambiquées. Un cérémonieux silence régnait sur le parc : les fantômes eux-mêmes, après s’être étirés paresseusement, avaient quitté la contemplation de cette morbide désolation, pour retourner dans les méandres d’un château éclairés froidement par des torches sans chaleur. Ce n’était pas une journée ordinaire. La voûte céleste s’était dangereusement rapprochée de la terre, à croire que nos ancêtres, poussés par un tel désespoir, cherchaient à sauver nos âmes de la déchéance humaine.

Mes mains se rencontrèrent, laissant mes métacarpiens échapper à toute logique, laissant une folie éphémère rythmer les pas de la danse qu’ils avaient entrepris. Une douce fumée, pouvait-on vraiment l’appeler ainsi, traversa mes lèvres entrouvertes : n’était-ce pas mon âme qui, dans un élan de bon sens, quittait lentement mon corps meurtri par tant d’impassibilité face à ce paysage d’un gris mortel ? Mon nez se remplit d’un présent verdâtre et je dus tirer de l’une de mes poches un paquet : ce dernier laissa, dans sa fragile bonté, dépasser le bout d’un mouchoir en papier. Je le tirais de sa dernière demeure, prenant le temps de le déplier, avant de le porter à mon museau : le bruit fut effarant mais les sinus furent dégagés.

Ma tête s’inclina sur le côté, abandonnant ainsi mes yeux à la contemplation d’un possible chemin à travers cette purée de pois. Je fis un pas sur le côté, puis un autre : mes sens, engourdis par tant d’émanations vaniteuses, ne surent me dirent où je me trouvais. Pourtant, la sensation de ne pas avoir quitté les limites du jardin me tenaillait. Il fallait que je me mette en accord avec mes instincts primitifs : l’objectif de ma journée de repos en dépendait.

Suite à ma discussion avec Cecil le mois dernier, j’étais retourné voir mon médecin, et nous avions longuement discuté. Il m’avait donné une tâche à accomplir avant notre prochaine rencontre : renouer contact avec le monde. Mes cours permettaient à mon esprit de rester calme et positif : ils étaient des murailles entre mes doutes, mes incertitudes, mes angoisses, et la réalité. Je n’arrivais pas encore à délier ma langue lorsque je tentais une approche de ce passé avec mes parents. Je refusais, en revanche, quelque soit le motif invoqué, d’en débattre avec mon frangin.

Je me considérais comme un simple mirage pour lui, une anomalie de la nature qu’il n’aurait jamais du rencontrer. J’aurais voulu être le grand frère idéal : c’était trop tard. Peut-être aurais-je pu être un super-héros ? Mais je n’avais pas vraiment les compétences pour. Je secouais vigoureusement la tête : si je m’en référais à la culture des comics Marvel, certains de ces surhommes avaient un passé houleux. De mémoire, certains avaient opté pour les pires sottises dans les méandres de la culture du mal ; les autres avaient trouvé une lumière au bout d’un chemin, et ils étaient retournés vivre à la surface, aidant du mieux qu’ils pouvaient les populations à se battre contre les premiers. Qui étais-je ? Serais-je un mutant en perdition ? Qui sont ces protagonistes qui croyaient en moi ?

Mes pas se firent plus pressants lorsque je pus discerner, non sans peine, la bordure de la forêt interdite. Les battements de mon cœur se firent plus rapides. Un hurlement lointain se fit entendre. Je me figeais sur place, scrutant d’un œil fugace la profonde obscurité que m’offraient ces mélancoliques arbres. Je me mis face au labyrinthe de verdure, et fermais les yeux, laissant la grandeur ancestrale de ces colossaux seigneurs des bois prendre possession de mon âme. Mes sens s’ouvrirent à la nature, alors qu’un sinistre vent tentait de m’attirer dans les griffes des animaux fantastiques : je savais que cette jungle était leur territoire, et que c’était un affront que de fouler ces terres sans leur accord.

Je me remis en route. Pré-au-Lard ne bougera pas. Toutefois, les enseignes fermeront au crépuscule et elles n’attendront certainement pas un humble aventurier tel que moi. Ces mélancoliques ténèbres grisonnantes agrippaient mes vêtements, calculant chacun de leurs gestes avec une froideur mordante. Je serrais les bords de ma cape contre moi, mais qu’est ce que cette bien maigre protection pourrait faire face à un tel combat ? N’était-il pas perdu d’avance ? La chaleur du feu crépitant dans la cheminée de mon bureau me manqua soudain. Une envie de faire demi-tour me tourmenta, l’espace de quelques secondes, avant de s’enfuir devant la honte que provoquait cette simple idée.

L’imperturbable froideur des quatre éléments, se mêlant les uns aux autres, permettraient très certainement à mon âme de s’envoler vers des cieux méconnus. Non. Il n’était pas encore temps pour elle de monter vers l’Eternel. Il y a des mystères que je tenais à éclaircir avant de mourir. Des pensées morbides m’avaient habité lorsque j’avais touché le fond. Les cours m’avaient porté jusqu’à un jour du mois d’octobre : un courage que je ne croyais plus avoir m’avait poussé à aller de l’avant, au moins une fois dans ma vie, et j’avais longuement parlé avec Cecil. Je dois avouer que cette conversation avait été, quelque part, comme un déclic. Non pas que ma façon d’être ou de faire ait changé du jour au lendemain, mais, il fallait l’avouer, j’avais envie de tenter l’aventure avec ma famille, mon médecin, et pourquoi pas quelques amis. Je voulais m’accrocher désespérément au professeur d’arithmancie, mais il ne fallait pas se leurrer : je ne pouvais pas l’étouffer parce que j’avais besoin d’attention.

Je savais qu’il était là. Toutefois, mes sentiments étaient partagés : d’un côté, j’avais un profond respect pour cet homme. Plus les jours avançaient, plus je me prenais à le considérer comme un ami. Non, il était certainement plus que ça. Je pourrais dire qu’il tenait le rôle de confident, de grand frère. Je pensais pouvoir dire que j’éprouvais un certain amour fraternel à son égard. Mais, je savais aussi que je ne connaissais plus grand chose à mes propres émotions. D’un autre côté, je n’arrivais pas à me positionner vis-à-vis des autres êtres humains. Le cadre formel du cours me permettait de rester dans ma coquille, de garder une distance raisonnable entre mes élèves et moi, du moment qu’on ne sortait pas trop des sentiers battus. Je n’arrivais pas à me détendre, pourtant j’aimais le métier que j’exerçais. J’étais fatigué de devoir jouer un personnage. Je voulais simplement être moi, avec mes folies et mes envies, mes rêves et mes désillusions. Il fut un temps où l’on me considérait comme fou… Mais dans le bon sens du terme ! J’aimerais redevenir cette personne, insouciante, naïve, heureuse. Je savais qu’elle était quelque part, enfouie dans mon corps, sans doute enfermée dans un vieux coffre poussiéreux. Je voudrais faire confiance au monde.

Ce dilemme entrainait donc une foule de questions. Enfin, cette populace d’interrogations tournait autour d’une seule idée dans l’immédiat : qu’est ce que l’amitié ? Pouvait-on accorder cette amitié à toute personne que l’on croisait ? La route menant à cette amitié était souvent coriace et, du moins, c’est ce que l’on racontait, ce n’est qu’en étant sur sa route que l’on pouvait apprécier les véritables amis. En effet, la légende voudrait que cette Amitié, certainement l’un des personnages les plus complexes de l’Histoire, sème des embûches sur son passage, jugeant ainsi les liens qui nous unissaient les uns les autres, et que seuls les plus forts ne lâchaient pas. On conte même que Amitié avait plusieurs définitions. Je pensais immédiatement à Lewis Carroll qui, dans un de ses livres, affirmait que le mot a exactement le sens que le personnage qui l’utilise veut lui donner. Un sourire s’étira lentement sur mon visage.

Je finis par m’arrêter au milieu d’un halo de lumière. Je fis plusieurs fois le tour de moi-même, mes chaussures heurtant avec fracas les pavés de l’allée, avant de lever le regard vers une lanterne qui pendouillait lamentablement au-dessus de ma misérable tête. Un peu plus loin, des petites loupiottes illuminaient l’enseigne d’un magasin. Je m’approchais, mes yeux tentant de percer la purée de pois de ce mois de novembre. J’étais devant Zonko, le magasin de farces et attrapes. La taverne de la Tête du Sanglier n’était plus très loin. Encore, fallait-il que je me repère dans ce brouillard.

Je me décidais à longer les murs : la route serait ainsi plus facilement identifiable. Du moins, c’est ce que j’espérais. Je me mordis la lèvre inférieure : pourtant, je n’avais pas quitté l’Angleterre depuis plusieurs années déjà, et j’aurais du être habitué à un tel temps. Néanmoins, le Poudlard de ma jeunesse n’était plus qu’un vague souvenir. Bien sûr, je me rappelais de ce que j’avais appris, des fous rires et des crises de nerfs que j’avais partagé avec mes camarades, de la salle commune de ma maison et des premiers ébats amoureux que j’avais eu, des nombreuses sorties nocturnes au sein du château pour découvrir ses innombrables secrets et, sans doute, pour connaître le goût qu’avait le risque à cette époque… Il n’était alors pas bien dangereux.

Je crus reconnaître une petite ruelle, raccourci vers la taverne. J’hésitais une fraction de secondes avant de m’y engouffrer. Le vent se mit à hurler : il n’appréciait sans doute pas que je m’enfonce dans son royaume. L’objet ou le personnage qu’il protégeait était-il si précieux ? Je ne connaissais pas assez cet élément pour avancer un pronostique. Je pris une grande inspiration qu’une bourrasque eut tôt fait de couper. Je restais ainsi, comme un imbécile, à chercher mon air, alors qu’il était présent en grandes quantités autour de moi. Mes bras battirent la mesure et mon sens de l’équilibre se serait sans doute fait la malle si mon bras n’avait pas pris appui sur un poteau en bois qui soutenait, ma foi, une belle charpente. Je repris ma route, laissant derrière moi le royaume des tempêtes. Je débouchais sur l’une des grandes avenues.

Je devais traverser la rue principale pour emprunter l’une des allées transversales. Je n’arrivais pas à me situer. Le coin de mes yeux forma des plis. Je soupirais : pathétique, vraiment pathétique. Ma vue ne sera pas meilleure, même si je tentais, en plissant du mieux que je pouvais mon regard, avoir les mêmes images que celles perçues par un faucon. Je me décidais à lâcher le corps du lampadaire : l’aventure ne m’attendra pas. Mes pieds se posèrent l’un après l’autre, cherchant à éviter les lignes discontinues qui séparaient les pavés. Je m’arrêtais au milieu du boulevard, alors qu’un murmure chantonnant à la gloire des faunes, des nymphes et autres personnages, habitants festifs des forêts et landes brumeuses, montait doucement dans les airs. Une lanterne, dont la flamme était faite de mille lucioles, tanguait dans le brouillard. Elle était seule. Et le chant se rapprochait. De vieilles bottes claquant sur les pierres imbriquées de la route battaient le rythme. La veilleuse s’arrêta à quelques mètres de moi : elle se mit lentement à suivre les mouvements de ma tête qui, une fois n’est pas coutume, penchait à gauche, puis, dans un paresseux mouvement, s’inclinait vers la droite. Elle répétait inlassablement cette nonchalante course, hypnotisée par la lumière qui se dégageait du lampion.

La mélodie s’évanouit dans la nuit. La lanterne s’arrêta nette lorsque les dernières notes moururent dans les bras de la brume. Elle resta immobile dans ce qui me parut d’éternelles minutes. Puis, sans prévenir, elle s’élança vers ma position. Je restais figé sur place. Mon corps était vide. Mon âme n’exprimait aucune peur, comme si elle connaissait depuis toujours cette main qui se formait sur la anse de la veilleuse. C’était une main toute fripée. C’était une main toute flétri. Le visage d’une dame sans âge s’avança doucement. C’était une image quelque peu féérique. Une tête. Une patte. Un lampion. Rien. Il n’y avait rien d’autre. La brume enveloppait tout le reste. Un de ses grands yeux s’ouvrit, me jaugea, avant de se refermer et de laisser un sourire s’étirer tranquillement. Mes paupières eurent l’audace de vaciller : mon interlocutrice profita de cet instant de faiblesse pour disparaître dans les bras de la brume.

Mon corps refusa de faire le moindre effort, alors que mon âme refusait de croire à cette curieuse apparition. Mon esprit me jouait-il des tours ? Oh, il y avait bien une ou deux légendes qui trainaient depuis quelques années déjà sur ces fameux jours de brume. On raconte que des personnages ayant vécu à Pré-au-Lard, ou ayant trouvé la mort dans le village, prendraient l’apparence de mirages lorsque des évènements viendraient troubler les paisibles allées. D’autres affirment que ces mirages viendraient au secours des voyageurs dont la raison et le cœur auraient dangereusement vacillé. C’était fascinant. Certains témoignages affirmaient de l’existence de ces créatures, mais les médecins avaient conclu, après avoir examiné les victimes de ces illusions, que la probabilité que leurs histoires soient véritables avoisinait, très certainement, le bas de l’échelle. On avait relayé ces déclarations au rang de contes que nos ancêtres racontaient à leurs petits-enfants avant que le sommeil ne leur apporte songes et repos.

Mon visage se dérida, laissant un faible sourire s’étirer jusqu’à mes oreilles. Ce soir, je me décidais à croire en l’impossible. Ne fallait-il donc pas s’exercer une demi-heure par jour pour, qu’à l’heure du déjeuner, nous puissions, tout comme l’une des reines du Pays des Merveilles, croire jusqu’à six choses impossibles ? Voilà qui était merveilleux. Il fallait que je me trouve un compagnon de route. Un autre mythe voulait que Pré-au-Lard, durant certains jours jugés exceptionnels, se transforme en un Pays des Merveilles. Tout ceci n’était que rêve… Du moins, pour celui qui refusait de croire que la magie n’opérait pas, dans le secret, pour nos âmes en perdition. Ne voilà-t-il pas une façon de comprendre la route que les Parques avaient tissé pour nous ? Mon aventure, je la tenais. Et je n’écrirais pas seul l’Histoire ce soir.

Je perdis le compte des heures. N’était-ce pas mieux ainsi ? Plusieurs gongs retentirent : ils ne furent pas émis à intervalles réguliers. Je n’étais donc pas persuadé qu’ils indiquaient l’heure. Après tout, le Chapelier ne s’était-il pas fâché avec le Temps ? Peu importe. La journée se terminera lorsque j’aurais décidé que « fin » aura cette signification. En cet instant, je conclus que « fin » était un volatile exotique, disparu aujourd’hui, et qui, lors de l’apogée de l’Empire aztèque, veillait sur les âmes des hommes sacrifiés sur l’autel. Peu réjouissant.

Ma main poussa enfin la porte de la taverne. Il y avait peu de monde. Mes yeux firent rapidement le tour de la salle, cherchant à retenir les visages désespérés qui se pressaient autour de tables branlantes et de tabourets bancales, si ce n’était pas la chaise qui boitait. Le tavernier s’affairait à nourrir les flammes de la cheminée. La chaleur qui émanait de l’âtre aurait du revigorer les cœurs de ces braves gens. La météo jouerait-elle un rôle dans les mines déconfites de ces pauvres bougres ? Distrait, je ne pris pas garde à la porte qui, vicieusement, se déroba et claqua bruyamment. Les quelques âmes qui réagirent me lancèrent un regard noir, tandis que les autres ne levèrent même pas les yeux, jugeant certainement cette assourdissante action comme étant d’une banalité à toutes épreuves.

Je pris le temps de retirer mes mitaines. Elles finirent au fond de l’une de mes innombrables poches. J’ôtais ma cape, l’accrochant au porte-manteaux qui, ma foi, ne croulait pas sous les vêtements. Mon costume arborait des couleurs jurant avec les tableaux et la décoration de la Tête du Sanglier. Je faisais presque tâche dans cet environnement. Le tavernier me reconnut, et me salua d’un bref geste de la tête. Il disparut derrière son comptoir : je le vis saisir une théière. Ainsi donc, les mots n’étaient plus nécessaires, surtout lorsque la foule ne se pressait pas au portillon. Il commençait à connaître mes gouts en matière de thés et autres infusions. Je devais avouer qu’il était passé maître dans l’art de préparer de telles boissons. Je m’avançais peut-être un peu trop : j’estimais néanmoins que sa préparation était bien meilleure qu’aux Trois Balais ou au salon de thé de Madame Pieddodu.

Je laissais mes métacarpiens de la main droite s’étirer et glisser sur le comptoir. La position stratégique du bar permettait de voir une bonne partie de la salle. Comme à son habitude, elle était mal éclairée. Le crépitement du feu dans l’âtre couvrait les murmures des quelques conversations qui trainaient paresseusement dans les coins adeptes de la pénombre. Mes yeux rouges finirent par se poser sur un jeune homme. Les reflets dorés que provoquaient les flammes sur sa chevelure blanche me permirent de l’identifier rapidement : monsieur Sareh. Si mes souvenirs étaient bons, et je savais que, même s’ils n’étaient pas infaillibles, ils ne me tromperaient guère sur ces informations-là, mon élève était en septième année, et vivait une bonne partie de l’année dans la salle commune des Serpentards.

Je penchais la tête sur le côté. Il avait l’air… pensif. A quoi pouvait-il bien songer aussi loin de chez lui ? Je ne me rappelais pas l’avoir vu un jour sourire, même durant un de mes cours. Cette remarque était ridicule. Je ne l’avais jamais croisé en dehors de l’enseignement que je dispensais. C’était étrange qu’un garçon de son âge se retrouve seul, par une telle journée, dans un endroit pareil. De mon temps, lorsque j’étais moi-même élève, je profitais de chaque jour que la vie m’offrait. Je ne portais pas, comme il semblait le faire, le poids du monde sur mes épaules. J’étais jeune, insouciant, naïf. Et puis, la chute fut dure. J’avais trainé durant plusieurs années dans les bas-fonds de Londres, vivant au jour le jour, le peu d’argent récolté servant à me payer mes doses. A l’occasion, lorsque la monnaie se faisait trop rare, je vendais mon corps au plus offrant. A l’époque, je n’étais pas mauvais au lit. Je n’étais plus en capacité d’avoir un tel train de vie aujourd’hui. Et c’était mieux ainsi. J’aspirais à une vie calme et tranquille, cherchant une âme sœur. A dire vrai, je ne savais pas trop pourquoi je voulais à tout prix trouver quelqu’un à mettre dans mon lit. Je ne croyais plus vraiment à l’amour. Et pourtant, je cherchais un homme prêt à me prendre dans ses bras, à me murmurer des mots doux et rassurants, à accepter le monstre que j’étais. Je voulais un peu de bienveillance. Voulais-je une personne avec qui fonder une famille ou un être vivant, tenant plus de l’ange gardien que de l’amoureux transit ?

Je secouais mon crâne dans tous les sens. Je ne pouvais pas me permettre de le laisser ainsi. Tout comme chaque être vivant, j’étais persuadé que Mère Nature ne l’avait pas oublié et qu’il avait une quête à accomplir. Je ne savais pas laquelle. Je n’étais pas en droit de lui demander de plus amples informations. Toutefois, je voulais le sortir de cette froide immobilité. Son regard s’était perdu dans les méandres de sa boisson. Je voulais sortir des sentiers battus : nous n’étions pas à l’école, et, par conséquent, une relation professeur – élève n’était pas adéquate. Je fis quelques pas vers sa table, avant de m’immobiliser à nouveau. Je n’avais aucune idée brillante pour l’aborder sans qu’il se sente agresser. A dire vrai, mes relations, hors celles que je développais en cours et qui, ma foi, n’étaient pas très poussées, n’avaient pas vraiment de consistance. Néanmoins, celle avec Cecil, le professeur d’arithmancie, avait des chances d’aboutir à quelque chose de concret : j’avais trouvé en lui un appui et un soutien. Du moins, je l’espérais. Je pris une grande inspiration. Je devais me raccrocher à des objets concrets.

Je me faufilais entre les tables et arrivais, non sans avoir le souffle un peu court, près de celle qu’occupait le protagoniste qui, entrerait, selon sa volonté, dans l’histoire que j’étais en train d’écrire. Vous vous rappelez, n’est ce pas, de l’Histoire d’aujourd’hui ? J’ouvris plusieurs fois la bouche, mais aucun son n’en sortit. La peur de le faire sursauter et de le mettre mal à l’aise ne m’aidait guère. Un mouvement faire la fenêtre crasseuse me fit lever les yeux : une main, tenant fermement l’anneau d’une lanterne, tanguait derrière les carreaux. Le tavernier posa avec une grossière délicatesse, sur la table, la théière où infusait tranquillement un thé vert aux fruits rouges, et une grande tasse sur une coupelle. Et bien, il semblerait qu’il ait choisi pour moi. Je finis par m’asseoir en face du jeune homme, non sans avoir vérifier la brume qui tentait de passer les défenses de la demeure. Je détachais ma chevelure : elle tomba en cascade sur mes épaules. Je cherchais plus ou moins à cacher les tatouages de mon visage. Je n’aimais pas vraiment les montrer en public. Non pas que j’en avais honte, mais je n’arrêtais pas de penser que le monde pourrait me prendre pour un homme de mauvaise fréquentation. Je me rappelais, non sans faire une grimace d’horreur, que durant ma jeunesse, lorsque j’étais en enfer, une mère avait refuser que son petit garçon me parle à cause de mes tatouages : je m’étais d’ailleurs fait embarqué par la police, qu’elle avait prévenu. A dire vrai, j’avais été blessé qu’elle juge sur l’apparence. Bon, il est vrai que je n’étais pas très fréquentable à l’époque, mais, tout de même. Si ce petit garçon n’était pas intervenu, mon grand-père ne m’aurait peut-être pas retrouvé à temps, et le nécessaire n’aurait pas été fait pour que l’on me sorte là.

❝ ▬ Tu sais, je doute que ta boisson soit animée d’une quelconque envie de partir. La fixer ainsi ne t’apportera certainement pas les réponses aux problèmes qui te rendent si pensif. ❞

Je me surpris moi-même à employer un ton aussi familier avec monsieur Sareh. Je me rendis rapidement compte que je ne connaissais pas son prénom. A dire vrai, j’avais tout fait pour enregistrer les noms de famille de tous les élèves de l’école, et les prénoms n’avaient pas été ma priorité. Mon ventre émit un drôle de gargouillement : je n’avais rien avalé depuis la veille, et mon corps grondait face à une telle irresponsabilité de ma part. Je ne lui fis pas l’affront de lui rappeler dans quel contexte nous nous étions rencontrés. Je jetais, de temps à autre, des coups d’œil vers les différentes fenêtres que je pouvais voir de mon poste d’observation. Je lui rappelais simplement mon prénom :

❝ ▬ Alouarn. Tu peux m’appeler comme tu veux, du moment que cela reste dans l’art du respect. Je dois avouer que je te connais uniquement dans le cadre formel de l’institution, mais ton prénom m’échappe. Serait-ce possible que tu me le donnes pour que nous puissions continuer un semblant de conversation ? ❞

Ouch. J’étais peut-être un peu dur dans mes paroles. D’un côté, je voulais être un personnage aimable et agréable. D’un autre côté, je n’arrivais pas vraiment à exprimer ce que je voulais dire. A m’entendre, mon interlocuteur pourrait croire que je cherche simplement de la compagnie pour combler un vide, et qu’il était impossible d’avoir un minimum de discussion intéressante entre nous. Je me grattais l’arrière du crâne, gêné. Mes joues devinrent aussi rouges que ma chevelure.

❝ ▬ Ce… Je… Pardonne les maladresses de mes propos. A dire vrai, la curiosité l’a emporté sur tout le reste. Et je comprendrais parfaitement que tu veuilles être seul. Je sais pertinemment bien que l’on ne vient pas dans cette taverne pour chercher une quelconque compagnie. Je trouvais ça néanmoins malheureux qu’à ton âge on puisse être seul par un tel temps, dans un endroit aussi peu accueillant. J’aurais imaginer que les jeunes gens de ta génération se détendraient devant le feu de sa salle commune ou chercheraient à faire un quelconque amusement au lieu de se creuser la tête comme tu le fais sur des problèmes qui, me semble-t-il, apparaissent insolubles pour le moment. ❞




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Dernière édition par Alouarn Grimgorson le Mar 22 Nov 2016 - 21:49, édité 1 fois
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Amun Sareh
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Élève de Serpentard

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MessageSujet: Re: Discussion autour d'un verre (PV Alou)   Discussion autour d'un verre (PV Alou) 1387502757-horlogeMar 18 Oct 2016 - 23:34
C'était.... Étrange... Cette sensation qu'éprouvait le jeune sorcier, c'était la première fois qu'il ressentait ça et il n'aurait même pas su expliquer avec précision ce qu'il ressentait. Cette douce chaleur qui envahissait son corps au fur et à mesure qu'il buvait sa boisson, le faisant frissonner au passage. C'était une sensation nouvelle, étrange, mais pas désagréable. Ces joues semblaient comme en feu, le souvenir du froid comme un mauvais rêve et ce doux goût sucré sur sa langue qui restait. Même s'il avait bu sa première Bièraubeurre d'une traite et qu'il n'avait pas vraiment profiter de son goût, il était persuadé que sa seconde Bièraubeurre avait un goût différent de la première, oui elle était beaucoup plus sucré et son arrière goût était plus fort que la première fois... Sa tête lui tournait légèrement, mais pas comme quand il avait le vertige, non, c'était … Agréable, il y avait comme un voile autour de lui, l'enfermant dans une bulle protectrice où il ne risquait rien et où il pouvait se détendre.

Cette boisson à la couleur ambré, la même couleur que ses yeux. Amun ne pouvait s'empêcher de la contempler, intrigué et ayant des émotions diverses l'envahissant. Cette couleur, ses yeux... Sa mère avait les même, sa famille également, mais maintenant il était seul... Parfois lorsqu'il se retrouvait au milieu d'une foule, s'il réussissait à mettre de côté son malaise, le jeune sorcier observait les gens, ayant encore cet infime espoir un jour de croiser un regard semblable au sien, cet espoir d'apprendre qu'il n'était plus seul, qu'il avait encore de la famille, encore des gens qui se soucieraient de lui, qui serait là pour l'aimer... Mais peu importait le nombre d'années qui passaient, il demeurait seul et au fond de lui il s'était fait à cette raison, il était le dernier Sareh encore en vie. D'ailleurs l'elfe de maison avait été clair, Amun descendait d'une famille de Sang Pur, non pas parce qu'ils pensaient que les moldus ou les enfants nés de parents moldus étaient un sang bien moins nobles, mais parce qu'ils avaient de nombreux secrets et que trouver une personne de confiance était quelque chose de très compliqué. Ce qui fit qu'au fur et à mesure, les membres de cette famille se firent de plus en plus rare et les bien souvent certains membres souffraient d'infertilité. Amun avait d'ailleurs été considéré comme un petit miracle de la part de sa famille, comme un nouvel espoir pour cette famille... Et puis les mangemorts étaient passés par là et avait tout balayé d'un coup de baguette...

Sentant des larmes pointées à nouveau leur nez, le jeune sorcier secoua la tête vigoureusement et but à nouveau quelques gorgées de sa boissons. Il apprécia ce goût sucré et cette sensation qui envahissait à nouveau son corps. C'était vraiment très étrange, mais pas du tout désagréable et au fond de lui il ne voulait pas que cela cesse... Il se sentait bien, il arrivait même à se détendre, pourtant il n'était pas dans l'endroit le plus chaleureux du monde, mais il se sentait à l'abri, protégé par cet étrange voile autour de lui. Il se demandait quel était donc le secret de cette boisson, comment cette dernière arrivait-elle donc à le rendre dans cet état ? Et s'il continuait à boire, qu'est ce qui allait lui arriver ? Il était curieux de le savoir, surtout qu'il avait le temps et que personne ne l'attendait au château... On l'avait même oublié sur un rocher, c'est qu'on ne devait pas tant tenir à lui que ça... Un élan de tristesse le submergea à nouveau et il se contenta de fixer sa boisson, hypnotisé par cet éclat ambré, ce même éclat qui lui rappelait tant sa mère.

Sa mère était si belle et si jeune... Amun aurait tant aimé qu'elle vive, dans un mois, cela allait faire trois ans qu'elle l'avait quitté... Il se souviendrait toujours de ce jour comme le plus noir de toute sa vie. C'était peu avant les vacances de Noël et donc peu avant son propre anniversaire que le directeur l'avait convoqué dans son bureau pour lui apprendre cette triste nouvelle... Il se souvient encore de ce vide qui l'avait envahi, comme si lui-même était mort à cet instant. Après son décès, plus rien ne comptait pour le jeune sorcier et il n'avait qu'une idée en tête : la rejoindre. Il s'était scarifié un bon nombres de fois, il en portait encore les cicatrices sur ses avants bras. Il avait même tenté de s'empoisonner, mais il y avait toujours eu une personne pour l'empêcher ou pour le sauver. Même s'il leur en avait voulu sur le coup, désormais il leur en était reconnaissant car il pouvait désormais aspirer à autre chose : venger sa famille.

Amun ferma les yeux quelques secondes pour chasser ses plans de vengeance de son esprit. Il n'avait pas envie d'y penser... Pas aujourd'hui. Non, il ne voulait penser à rien, juste... Oublier, oui c'est ça, oublier le temps d'une journée le fardeau qui pesait sur ses épaules pour apprécier cette boisson. D'ailleurs il était si absorbé par la couleur de sa boisson qu'il avait totalement occulté son environnement et il fut plus que surprit lorsqu'il entendit une voix. Relevant la tête, il vit un adulte s'asseoir en face de lui et lui parler comme s'il se connaissait. Amun pencha la tête légèrement sur le côté, il avait déjà entendu cette voix et ce visage... Alouarn... Non aucun élève de sa connaissance ne s'appelait comme ça. Il se concentra davantage, ce qui était très dur, son esprit étant envelopper du même brouillard qui planait autour d'eux.

-... Professeur Grimgorson ? Ah c'est drôle vous êtes tout flou ! Oh et c'est pas bizarre si je vous appelle Alouarn ? Après tout, vous êtes mon professeur à Poudlard... N'est-ce pas ? Si si, même si vous êtes flous, je suis sûr que c'est vous !

Le jeune sorcier avait en effet du mal à distingué nettement le professeur, comme s'il avait besoin de lunette... Avait-il des problèmes de vues ? C'était en effet une possibilité, après tout après avoir dévoré autant de livre, ses yeux en avaient peut-être souffert... Mais c'était quand même étrange, il voyait nettement les gens et autour de lui en arrivant ici... Jugeant que ce n'était pas si important, Amun haussa les épaules et termina sa boisson. A nouveau il se délecta des sensations étranges, mais agréable qui l'envahissait. Il en avait même oublié la présence du professeur qui le ramena à la réalité en lui parlant de nouveau.

Mais pourquoi lui parlait-il d'ailleurs ? Amun eu une légère moue boudeuse, il ne pouvait même pas apprécier sa boisson tranquillement... Son prénom ? Semblant de conversation ? Mais pourquoi faire ? Le silence était agréable aussi ! D'ailleurs c'était un domaine où le jeune sorcier était passé maître. S'il s'agissait vraiment du professeur d'histoire, ce dernier avait bien dû s'en rendre compte. En classe il ne discutait jamais avec ses camarades... Il ne participait pas non plus, même s'il adorait sa matière et qu'il se donnait toujours à fond dedans. Il préférait rester dans l'ombre, dans son cocon, ainsi il était en sécurité.

Tiens pourquoi s'excusait-il maintenant ? Il n'avait rien dit de mal pourtant...  Amun avait la tête qui s'embrouillait et il ne suivait pas tout ce que son professeur lui racontait. Et d'ailleurs, comment devait-il l'appeler ? Professeur ou Alouarn ? Car il s'était présenté comme tel et donc il ignorait s'il devait être distant ou non... Le serpentard n'avait pas le courage de réfléchir, il n'avait pas à être méfiant de cette personne car il était entouré de son voile, donc il ne risquait rien.

- Amun, je m'appelle Amun. Ben en fait, c'est pas vraiment que je veuilles être seul, j'ai été emmené de force ici. Un de mes camarades a du penser que j'avais besoin de prendre l'air ou comme vous que rester seul ce n'était pas bon... Pourtant j'étais bien dans mon lit, je pouvais enfin faire une grasse mat' sans que les autres fassent du bruit... Et puis il est parti acheté des bonbons et je l'ai attendu quelques heures... Mais il a dû m'oublier et m'a abandonné sur mon rocher.  Je commençais à avoir froid et du coup je suis parti à la recherche d'un endroit chaud car je n'ai que cette veste pour me protéger du froid... Mais bon je lui en veux pas... J'ai l'habitude d'être abandonné ou d'être seul, alors fallait pas que je m'attendes à ce qu'il revienne...  Oh s'il vous plaît, je pourrais en avoir une autre ?

Le jeune sorcier s'était adressé au barman qui venait juste d'apparaître dans sa bulle pour prendre son verre vide, puis il revint quelques minutes plus tard avec une autre Bièraubeurre. Amun en but quelques gorgées puis la regarda curieusement :

-En tout cas je suis content, c'est la première fois que je goûte cette boisson ! J'étais curieux et je suis pas déçu ! Cette boisson est vraiment délicieuse ! Mais... Pourquoi son goût change tout le temps ? Je veux dire... Au début elle était juste sucré, mais là... Y a un goût un peu plus fort... Et elle me fait tourner un peu plus la tête... C'est drôle, je me sens... Je sais pas comme le décrire, mais c'est pas désagréable ! Ça me rend... C'est étrange, j'ai pas ressenti ça depuis si longtemps...

Oui comme un sentiment de bonheur... Amun avait les yeux qui brillaient, puis sans s'en rendre compte il se mit à sourire... Oui la dernière fois qu'il avait ressentit cette sensation de bien-être c'était avec sa mère...

-J'aimerais que ce sentiment ne me quitte jamais... Mais il va finir par disparaître, n'est-ce pas ? Après tout, tout est éphémère, la joie, le bonheur, la famille... Rien ne dure éternellement... Ça finit par disparaître en creusant un énorme creux dans la poitrine... Après on est tout vide, comme ce verre... Ah pardon... Ça sonnait un peu trop mélodramatique, nan ? Enfin bref, vaux mieux oublier ! Oui oublier c'est mieux, han j'aimerais bien tout oublier parfois... Je sais pas ce qui est le pire, tout oublier ou se rappeler de ce qui fait souffrir... Ah non je recommence, je suis désolé... C'est pathétique, vraiment pathétique...

Amun se perdit encore un cours instant dans ses pensées, repensant à ce qu'il avait perdu, puis vigoureusement il secoua la tête. Pas question de se laisser aller ! Même s'il avait envie de pleurer, il ne devait pas ! Il n'était plus un enfant, il n'avait pas le droit de pleurer et surtout, cela allait ennuyer ou mettre mal à l'aise le professeur. Il but quelques gorgées de la boisson pour l'aider à faire le vide dans son esprit...

- Beuh... Ce goût est vraiment fort quand même... A force ça écœure... Ce sera ma dernière je pense... Mais je suis vraiment content d'avoir eu l'occasion d'y goûter ! Je pourrais mourir moins bête, euh non... Me coucher moins bête, c'est ça l'expression, non ? D'ailleurs maintenant que j'y pense, vous aussi vous êtes seul et vous êtes aussi venu dans cette taverne... Pourquoi ? Vous avez pourtant l'air de quelqu'un de sociable... En tout cas vous m'avez donné cette impression en cours !  

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Alouarn Grimgorson
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MessageSujet: Re: Discussion autour d'un verre (PV Alou)   Discussion autour d'un verre (PV Alou) 1387502757-horlogeMar 22 Nov 2016 - 21:53



S’il est impossible de ne pas penser à quelque chose, il reste encore possible de penser à autre chose.



PARTICIPANTSAlouarn Grimgorson & Amun Sareh
Résumé • Novembre 2014, Pré-au-Lard, taverne de la Tête du Sanglier.



Autour d’un verre


Se fut un déluge de mots, une averse de paroles. A dire vrai, je ne pensais pas qu’il était capable de parler autant dans un laps de temps aussi réduit. La biéraubeurre ne devait pas non plus aider à ce qu’il reste maître de ses moyens. Et il semblait en avoir plus ou moins conscience, si je prenais en compte certaines remarques qu’il avait pu faire. Ma présence, qui l’incommodait fortement au départ si je ne devais lire que sa gestuelle physique, fut alors utilisée comme prétexte pour discuter. J’en fus fort heureux.

Je n’avais pas vraiment eu l’occasion de faire plus amples connaissances avec les septièmes années. A dire vrai, je ne connaissais la plupart des élèves que par leurs dossiers scolaires et leur présence en cours. Je ne m’étais pas spécialement mêlé à la foule, préférant, et de loin, tenir une certaine distance entre mon statut de professeur et les étudiants auxquels j’enseignais. Je regrettais de ne pas être un peu plus souple dans mes exigences : je voulais, à tout prix, que mes élèves réussissent, mais étais-je prêt à en payer le prix ?

Il y avait un temps pour tout. Néanmoins, je considérais que les élèves de dernière année à Poudlard étaient presque des adultes, et que, en temps que tel, je me devais de les traiter ainsi : c’était une façon comme une autre de les pousser à entrer dans le monde. Ce dernier, et je le savais pertinemment bien, n’était pas tendre avec les jeunes. Je pris une grande inspiration : elle fut silencieuse, passagère. Je devais toutefois avouer qu’en dehors des institutions scolaires, je voulais être quelqu’un de plus décontracté, de moins conventionnel.

Enfin, c’était une idée décalée, comme toutes les autres. Il est vrai que j’avais tendance à un peu me laisser aller en privé. J’étais un peu, voir même beaucoup, déboussolé en ce moment. J’avais du mal à trouver mes marques à l’école depuis que j’avais plongé, encore une fois, à la fin de l’été. Je n’arrivais pas vraiment à me positionner face aux autres protagonistes. Le plus souvent, je portais un masque, celui-là même qui sourit tout le temps, tout en évitant de ne pas froisser les codes sociaux. Tout ceci était d’un compliqué.

Je fus d’ailleurs surpris lorsque mon interlocuteur me fit remarquer qu’il me trouvait plutôt à l’aise en cours, me qualifiant même d’être sociable. C’était un compliment… Enfin, j’espérais que s’en était un. Il ne fallait pas, non plus, que je me leurre. Ce n’était qu’un masque, rien qu’un masque. Et pourtant, Linus n’arrêtait pas de me répéter que je pouvais être avenant et agréable s’en porter de déguisements : pour cela, je devais faire fi des regards, des autres, et être moi-même. Il savait ce que je pensais de tout cela : je me ferais certainement arrêter avant même d’avoir pu être autre chose que le pâle reflet de moi-même.

Et, pourtant, ce soir, j’avais envie d’essayer. Rien qu’une fois, je me laisser porter par mes rêves, mes envies, mon esprit. Il n’arrêtait pas de me répéter que ce qui me touchait n’était pas une calamité : pourquoi ne pourrais-je pas prendre mes différences comme une force ? Je me devais d’essayer. Winston Churchill avait un jour dit : « Agissez comme s’il était impossible d’échouer ». Si seulement cette peur de rater la moindre de ces actions, cette frayeur du regard des autres sur soi et cette terreur du monde extérieur et de ses peuples n’étaient pas si présentes, j’aurais certainement tenté l’impossible. Car, après tout, c’est en voulant réaliser l’impossible que l’on réalise ce qui est possible.

Assez. Assez de pensées médiocres pour ce soir. Nos inquiétudes, à quelques exceptions près, n’avaient jamais permis à quiconque de s’épanouir, de bondir, de réaliser ses rêves. Aujourd’hui, je voulais tenter, oui, conquérir le monde, l’espace d’une nuit. Braver les interdits en ne respectant pas le couvre-feu de l’école. Chercher une explications rationnelle dans l’irrationalité qui nous entourait, chacun : elle vogue dans les mers brumeuses de l’Angleterre. Nous le savons tous… Mais je la connaissais mieux que n’importe qui dans les alentours.

Etait-ce étrange que d’être le chapelier fou ? Il est vrai que, dans ma jeunesse, alors que je parcourais les couloirs du château en tant qu’étudiant, mes camarades et moi-même avions pris chacun un pseudonyme du pays des merveilles, mais personne ne pouvait être Alice. Elle était une étincelle : elle était celle qui rallumait la flamme d’une nouvelle bougie lorsque le Temps venait à consumer entièrement la précédente. Personne ne pouvait être Alice. Alice, c’était un voyageuse intemporelle, prenant bien des visages. Elle entrait dans nos vies, puis disparaissait lorsque nos folles croyances étaient ravivées. Il ne fallait jamais abandonné. Nous recherchions toujours Alice… C’était une belle époque. Et nous avions continué chacun de notre côté lorsque les conséquences de nos bêtises nous avaient séparé. Est-ce que mes anciens camarades continuaient à chercher Alice ? Cela faisait bien longtemps que je ne l’avais pas sollicité.

J’humais l’air alors que le vent s’engouffrait par la porte ouverte : un client bossu, boiteux et borgne entra, puis, d’un geste lent ferma les battants. Les bourrasques se turent, et les flammes reprirent de plus belles dans l’âtre. Elles savaient. Elles sentaient qu’ils arrivaient. Il fallait que nous nous préparions. Oui. Demain sera un autre jour. Si nous devions rêver, ce sera ce soir. Un sourire, un vrai, s’étendit lentement sur mon visage, et une lueur se mit à briller, d’abord faiblement, puis, de plus en plus fort. Lorsque le Quasimodo passa à côté de notre table, une fraiche odeur de transpiration parvint à mes narines. Il était aussi silencieux qu’une tombe le jour d’Halloween. Etais-je le seul à entendre ses plaintes ? Il respirait allègrement, ne laissant aucun son compréhensible par l’être rationnel sortir de sa bouche : il s’assit à côté de la cheminée et se mit à fixer la salle, après avoir rabattu une capuche sans âge sur son visage.

Je me grattais vigoureusement derrière la tête, pour me donner un semblant de contenance. Je finis par poser mes deux mains à plat sur la table. Bouger dans tous les sens ne me permet que de brasser de l’air inutilement. Nous devions aller à l’essentiel. Amun était dans un état que je jugeais inacceptable. Une tristesse infinie émanait de sa personne. Et l’image qu’il avait de ce qui l’entourait, était d’une piètre qualité. C’est décidé. Aujourd’hui, je l’emmènerais à la recherche d’Alice pour réveiller sa petite flamme. Il était temps qu’il voit le monde autrement. Nous n’étions pas en enfer… L’enfer n’existait que parce que nous lui donnions une existence dans nos croyances. Je me servis tranquillement une tasse de thé.

Comment l’amener à croire en mon pays des merveilles ? Sans mauvais jeu de mots, hein ! Il n’y avait qu’un pays des merveilles : celui que la petite Alice avait découvert, par une journée ensoleillée, alors qu’elle s’était endormie sur la branche d’un arbre. Selon certaines théories, elle l’aurait découvert bien avant, faisant alors plusieurs voyages entre notre monde et le pays des merveilles mais, trop petite pour s’en souvenir, elle avait tout simplement oublié jusqu’à ce jour. Alice ne venait jamais si personne ne la cherchait. Et puis, si nous avions un peu de chance, peut-être que notre bonne étoile nous accordera un vœu.

Je portais la tasse à mes lèvres mais, avant que le liquide ne puisse atteindre ma bouche, le fumet délicat qui se dégageait du récipient mit mes autres sens en alerte : le thé était beaucoup trop chaud. Lorsque mes amis et moi discutions avec le Temps autour de la table du thé, notre maitrise de cet art nous permettait de proposer un thé toujours à point. Ni trop chaud. Ni trop froid. L’infusion durait ce qu’il fallait, et les conversations allaient bon train. Les circonstances actuelles ne nous permettaient pas vraiment de nous repérer dans la journée qui se déroulait : de ce fait, je décidais qu’il pouvait être n’importe quelle heure, le Temps ayant pris un peu de repos en cette sombre étape de l’année.

J’aurais aimé pouvoir faire apparaître, en claquant des doigts, les dames lucioles pour qu’elles nous guident dans notre quête. Mais il n’y avait que les mages arrogants ou ceux trop faibles pour se déplacer pour utiliser un tel stratagème. Et encore, les seconds prenaient la peine de faire le rituel. Nous les chercherons, elles aussi ! Je savais qu’elles nous mèneraient à Alice. Je posais ma tasse, après avoir décalé ma soucoupe en face de moi, laissant peu de perspectives au bol : sa chaleur était là pour me donner du courage. Il fallait que j’en récolte assez pour pouvoir en donner un peu à mon compagnon d’aventure… S’il décidait à me suivre.

Je décidais de répondre aux propos du jeune homme. Je ne voulais pourtant pas être intrusif dans sa vie : elle ne regardait que lui. C’est pour cela que je m’en tiendrais uniquement à ses paroles et à ses actes du moment. Son passé ne concernait que sa personne. Et rien ne me permettait d’aborder ce point, bien qu’il aurait pu me permettre de comprendre ses noires pensées, du moins, leur provenance. Peut-être un autre jour. Je ne pouvais décemment pas le laisser penser de telles balivernes concernant sa personne, les autres, le monde, la société, et tout simplement la vie en général. Elle méritait, à mon humble avis, d’être vécue, même si nous avions beaucoup perdu jusqu’à maintenant. Rien ne nous permettait de baisser les bras : que penseraient ceux qui m’aiment, ces personnes d’hier, d’aujourd’hui et de demain ?

❝ ▬ Des mots qui sonnent, des paroles qui s’entrechoquent. Tout ceci est… Tout dépend du point de vue où nous nous plaçons, Amun. Je ne veux pas entrer dans la boucle infernale qu’est ta vie. En revanche, il est fort probable que je puisse te proposer mon épaule pour que tu puisses prendre appui et te sortir de là. Aujourd’hui, je ne veux pas savoir ce qui te pousse à faire tout ça. Nous savons pourtant, toi et moi, que le fond du problème n’est pas là. Mais, après tout, qui s’en soucierait ? Personne ne voit ce qui nous ronge dans l’ombre. Je pourrais parler pendant des heures, analyser la moindre de tes paroles pour en déduire un événement, une façon de pensée, ou pour dévoiler le gouffre sans fond dans lequel tu sembles te perdre. Mais, pour une première approche, cela serait bien indélicat de ma part. Nous ne nous connaissons qu’à travers les institutions scolaires, après tout. Tout comme le Petit Prince et le Renard, nous allons devoir nous apprivoiser : c’est le meilleur moyen que nous avons pour apprendre à nous faire confiance… A moins que ce ne soit pas ce que tu recherches ? ❞

Je marquais une petite pause, avant de reprendre :

❝ ▬ Qu’es-tu venu chercher, Amun ? Es-tu venu trouver Alice ? Pas n’importe quelle Alice, hein, je parle de LA Alice ! Celle du pays des merveilles ! ❞


Je me tus une nouvelle fois, contemplant un instant le fond de ma tasse, puis pris une gorgée de cette liqueur : elle vint se jeter sur mes papilles gustatives, avant de descendre le long de ma trachée, laissant une douce chaleur se répandre dans mon corps.

❝ ▬ Tout ceci est beaucoup trop sérieux… Non, ce n’est pas le terme… Je dirais plutôt que c’est trop conventionnel. Je n’ai pas de temps à perdre avec ces tons-là. Ils n’amènent pas plus la vérité que celui que j’aime utiliser. De plus, ils m’empêchent de réfléchir correctement, bien que je ne regrette pas ce que j’ai dit précédemment. Essayons de raisonner ensemble ! Confrontons nos idées ! Il est grand temps, Amun, que tu te confrontes à ton « toi » intérieur. ❞

Je pris une grande inspiration.

❝ ▬ Nous avons tous quelque chose que nous voulons oublier, cacher au plus profond de nous. Cela fera-t-il de toi un homme différent ? Seras-tu plus heureux ? Toi et moi ne devons pas nous leurrer. Personne ne doit oublier, surtout son passé. Comment veux-tu te souvenir ? Le malheur est partout. Mais il ne sait pas, tout comme toi, la puissance que peut avoir son contraire. Quel est son opposé, Amun ? Est-ce le bonheur ? La joie ? L’euphorie ? Une bénédiction positive ? Ou tout à fait autre chose. Nous ne pouvons plus rien faire pour le passé, et se lamenter sur ce dernier ne changera rien, hormis à te faire perdre du temps aujourd’hui. ❞

Je me mis à jouer avec l’une de mes mèches de cheveux.

❝ ▬ Ne trouves-tu pas que la brume est particulièrement belle en ce moment ? Elle est partout. Elle s’accroche à nos vêtements, comme pour nous retenir. N’as-tu pas senti sa caresse sur ta joue en attendant sur ton rocher ? ❞

Mon regard s’était porté sur la fenêtre : il tentait de percer les mystères de ce brouillard. Mais, je savais que si je restais assis ici, je ne trouverais malheureusement pas grand chose… Sauf si je trouvais le personnage qui lancerait notre quête. Un raclement désagréable se fit entendre, troublant la quiétude de ces lieux. Le Quasimodo faisait crisser les pieds de son tabouret sur le sol. Il cracha dans un petit pot : je ne savais pas exactement à quoi il servait, ce petit pot, mais le gérant, après avoir demandé d’un simple coup d’œil à l’homme de se taire, il ne prit pas la peine de relever ce geste… répugnant.

❝ ▬ Entre nous, Amun, je ne pense pas que les évènements arrivent par hasard. Certes, le destin des hommes n’est pas écrit. Et pourtant, si nous ne posions pas un choix pour chaque instant de notre vie, rien de tout cela ne serait arrivé. Tu penses sans poser de véritables options. Tout ceci est exaspérant : tu n’ais pas sûr de vouloir être seul, alors que tu désirais rester dans ton lit ce matin pour profiter d’une grasse matinée, sans la présence de tes camarades de chambre. Assez. Ne prends pas de gants avec moi. Tout indique que tu ne veux pas réfléchir, et tes paroles n’ont aucun sens. Ton discours suggère que les autres admettent des choses à ta place : ton ami t’a tiré hors de ta chambre parce qu’il ne voulait pas que tu sois seul, et pourtant tu t’es retrouvé sur ce rocher, là-bas, puis ici, tout seul ; je te suggère une pensée sur la solitude et la présence d’autrui à tes côtés, mais tu ne t’appropries pas l’idée, comme si cela te répugnait d’avoir à supporter quelqu’un d’autre. Tu es un solitaire, Amun… Si je m’en tiens au cadre strict des cours. Tu ne parles pas, et pourtant tu travailles comme si ta vie en dépendait. Ne tiens pas une conversation sur le fait que tu veuilles ou non de la compagnie, alors que tu cherches désespérément à ne pas en avoir. Je préfère encore que tu me dises de partir : tu parles pour rien dire, comme pour combler le vide, pour montrer que tu sais parler. Bien. Je dois admettre que l’alcool n’aide pas. Malheureusement, il annihile un grand nombre de nos capacités, et je pense que nous n’aurions pas cette conversation si tu n’avais pas bu… Tu aurais gardé tes pensées pour toi. Comme toujours. Non. Je ne devrais pas dire ça. Je ne sais pas comment tu es avec les autres, en dehors du cadre institutionnel, mais les rumeurs vont bon train dans les couloirs. Les murs ont des yeux, des oreilles, et les tableaux racontent beaucoup de choses. On sait tous que les ragots ont un fond de vérité, même si les faits sont grossis et déformés au fur et à mesure que les gens colportent ces histoires. Que cherches-tu dans la solitude, Amun ? Va-t-elle te rendre plus fort ? Va-t-elle te permettre de gagner ton combat ? Va-t-elle te protéger du monde extérieur et de ses agressions ? Va-t-elle te faire découvrir les sentiments ? Va-t-elle te dicter une conduite pour devenir un homme meilleur ? Va-t-elle seulement te venir en aide dans ta détresse ? ❞

Je versais, à nouveau, le contenu de la théière dans ma tasse. A trop parler, j’en oubliais presque ma boisson. Je me perdis un instant dans mes pensées : avais-je seulement le droit de tenir ce discours avec ce que j’avais moi-même vécu et ce que je vivais aujourd’hui ? J’avais des faiblesses, je le savais, j’en avais conscience. J’avais perdu beaucoup, mais je ne pouvais pas me permettre de me résigner sur mon sort : d’autres étaient bien plus malheureux que moi. Je ne savais pas si Hermès m’avait donné un peu de chance, plaçant ainsi sur ma route des personnages aussi bons que généreux. Bien sûr, je ne pouvais nier que j’avais galéré pendant quelques années dans les rues de Londres : j’avais vécu dans la rue, dans un monde sans pitié où seule la loi du plus fort régnait. Qu’étais-je venu chercher en venant ici ? Est ce qu’Hermès m’envoyait pour donner, à mon tour, un peu de chance à quelqu’un ?

Je ne m’étais jamais posé de questions sur la solitude d’Amun… A dire vrai, je m’étais fié aux explications logiques et rationnelles que mon cerveau m’avait alors proposé. Cependant, maintenant que nous étions là, à discuter en tête, dans un endroit qui n’était pas vraiment recommandé, je me posais de nouvelles questions à son sujet. Mes yeux s’étaient-ils fermés ? N’avaient-ils pas vu l’appel à l’aide d’un élève ? Ce qui devait être, au départ, une discussion innocente devenait sérieux. Mon instinct me fit signe en me tordant les entrailles, comme pour me dire de faire attention au combat intérieur que menait le jeune homme. Je n’avais pas vraiment remarqué jusque là, mais il est vrai que durant son monologue, certains silences, mots et gestes pouvaient en dire beaucoup plus que ce qu’il aurait voulu laisser échapper.

Le passé, la société, autrui : il était assez dur de se positionner par rapport au monde. Beaucoup avaient peur de son jugement. Et je n’échappais malheureusement pas à la règle : pourtant, je savais que j’étais beaucoup plus heureux en étant moi-même, juste moi-même, à explorer le monde, son Histoire, ses différentes cultures, ses enseignements. J’aimais particulièrement mon métier, même si je n’exerçais que depuis l’année dernière. Pourtant, je savais que je devais respecter des codes, ceux imposer par la société elle-même, ceux qui détruisaient les différences. Les idées, ce n’est pas ce qui me manquait. En revanche, ma marche de manœuvre était particulièrement réduite. Linus avait essayé de m’expliquer. Et les raisons qu’il avait avancées me dérangeaient profondément.

Je ne comprenais pas pourquoi les autres avaient peur ? Pourquoi fallait-il rentrer dans certains moules en public pour ne pas porter préjudice à autrui ? Ca ne dérangeait pas papa, maman et Joshua que je sois un peu bizarre à la maison. Ca n’avait pas choqué Linus que je sois juste moi-même pendant nos rendez-vous médicaux. Pourquoi cela changerait pour les autres ? Il semblerait que les hommes avaient dompté notre terre, laissant peu de place aux êtres en marge de la société. Tout devait être sous contrôle. Pourquoi ? Les sentiments. Parlons-en. Devions-nous les cacher ? J’avais entendu dire que, pour un homme, ce n’était pas commun qu’il montre sa tristesse ou son désespoir en pleurant. Pourquoi ? On m’avait raconté que cela montré aux autres qu’il était un homme faible, que l’on devait alors écraser, utiliser pour servir ses propres intérêts.

Je n’étais pas du tout d’accord avec ces définitions. L’homme était il au dessus de la femme par rapport aux larmes ? Pourquoi seule la femme pouvait les utiliser ? Il semblerait que tout ceci soit d’une inconvenance pour le sexe masculin. Je ne comprenais pas. C’était beaucoup trop pour ma petite tête. Le docteur avait d’ailleurs trouvé ça étrange que, malgré ma schizophrénie, j’exprimais toujours mes sentiments, enfin, plus précisément que, malgré mon comportement émotionnel complètement désorganisé, mes sentiments restaient sincères. J’avais néanmoins tendance à en faire beaucoup : lorsqu’une émotion prenait le dessus sur les autres, je m’engouffrais sans me poser de questions dans son sillage, et cela affectait ma conduite. Les conséquences pouvaient aller d’une simple envie de m’exprimer mais je ne trouvais alors pas les moyens de communiquer pour dire ce que je ressentais, à une crise frénétique délirante.

Je voulais dire, raconter ce qui se passait dans ma cervelle à Amun, lui expliquer ce que je pensais de ces mots. Ils étaient durs. Je n’en savais pas assez pour savoir s’il était lucide dans ses paroles, ou complètement à côté de la plaque à cause de l’alcool qu’il avait ingurgité à cause des bièraubeurres. Cela faisait longtemps que je ne touchais plus à ce genre de boissons : les liqueurs étaient proscrites dans mon cas. Les différents traitements et mes addictions étaient des raisons suffisantes et évidentes pour que je réfléchisse à deux fois avant de toucher à quoi que se soit, même si c’était un objet aussi innocent que la bièraubeurre. Je devais avouer que l’idée de me faire disputer par papa, maman ou Linus si je touchais, même une seule goutte, à toutes ces liqueurs, était bien supérieure aux sentiments illusoires que pouvaient me procurer ces drogues.

Je ne pouvais pas empêcher un jeune homme, comme Amun, bientôt majeur, de boire tout son saoul. Il n’était pas moi, et je n’étais pas lui. Pourtant, l’idée qu’il veuille noyer son passé dans l’alcool m’effleura l’esprit. Qu’était-il vraiment venu chercher ici ? Il fallait que je lui présente Alice. Alice l’insaisissable. Il fallait qu’il trouve son Alice. Cela pouvait être n’importe qui : un homme ou une femme, un humain ou une créature, peu importe son âge, sa profession ou sa situation. Cette personne devait être capable d’éclairer sa vie. Alice pouvait changer au cours de notre existence, suivant les périodes que nous traversions. Aujourd’hui, même si je savais que certains personnages étaient là pour m’aider à avancer, je n’avais pas encore réussi à déterminer qui était ma Alice. Etait-ce grave ? Alice pouvait-elle se trouvait en deux personnes en même temps ? Alice comprend, mais Alice est insaisissable.

❝ ▬ Les sentiments sont capricieux. Beaucoup ont fait l’erreur de les considérer comme de vulgaires laquais… Il est bien triste que tu fasses parti de ces gens. Les sentiments, c’est comme le Temps, ce sont des personnes. Pourquoi les hommes cherchent-ils à expliquer scientifiquement et psychologiquement les sentiments ? Amun, les sentiments ne sont pas faits pour être expliqués avec les mots des hommes mais avec ceux du cœur. Mais, comment veux-tu découvrir la parole du cœur si tu n’as que celle de ta tête ? As tu seulement pris le temps de t’arrêter à côté du bonheur pour lui expliquer tes tourments ? Les sentiments ne sont pas éphémères, Amun. Ils étaient là bien avant que l’Homme ne commence son existence sur terre et qu’ils osent nommer ces sentiments. Ils seront là lorsque nos corps seront tous redevenus poussières et que nos âmes vagabonderont dans les immensités de l’univers. Peut-être qu’elles rencontreront ceux dont les livres nous parlent. Je ne saurais dire. Je dois avouer que je me suis souvent demandé où les âmes aimaient voyager après avoir été libérées de leur enveloppe charnelle ? Restent-elles veiller sur leurs descendances ou partent-elles découvrir les mystères qui se présentent à elles ? Chaque vie est unique, quelque soit la forme que nous prenons. A chaque instant, nous vivons, nous grandissons, nous vieillissons. Nous profitons de ce que la terre nous offre aujourd’hui, alors que nous la parcourons sous cette forme. Peut-être… Non, je m’égare. Nous parlions des sentiments. Penses-tu vraiment ce que tu dis ? Crois tu que les autres sentiments désertent lorsque Malheur frappe à ta porte ? Non. C’est ridicule. Ils sont omniprésents. Tiens, là, par exemple, je suis sûr que nous avons une myriade de sentiments, certainement en train de débattre sur le prochain qui interviendra dans ton corps et dans ton âme. Après tout, tu les laisses choisir. Ils parient sur ce qui serait le plus probable. C’est pathétique. La plupart des êtres vivants ne savent même pas qu’ils ont accès à un tel panel de sentiments. Ces derniers sont si vieux qu’ils se sont permis de s’adapter à l’évolution de la terre et de ses occupants. Ces occupants, notamment les hommes, ont cru être puissants et grands puisqu’ils avaient le langage et la pensée qu’ils ont écrasé avec leurs grosses pattes ce qu’ils ne pouvaient expliquer, plier à leur volonté. On ne dresse pas un sentiment : il n’est et ne sera jamais inférieur à la race humaine. Son égal, à la rigueur, et certainement un maitre dans l’art de ce qu’il représente, donc ayant atteint un… comment pourrais-je dire ça sans que cela soit vexant… disons qu’ils ont atteint un stade supérieur au notre. Tout cela pour te dire que je ne sais pas comment prendre tes dires… La joie et le bonheur ne durent pas éternellement ? Non. Ceci est l’explication logique découlant de ce que tes précurseurs ont bien voulu te faire entrer dans le crâne. Les sentiments sont éternels. La foi de l’homme à croire en des choses impossibles est limitée, restreinte, bornée, voir même inexistante. L’Homme sait que le sentiment existe, puisqu’il le ressent, mais il prétend rarement qu’il est là tout le temps, où qu’il aille. En grand malin qu’il est, il n’a jamais vraiment pris conscience que les sentiments s’étaient tellement bien adaptés qu’ils leur étaient devenus faciles de manipuler ce que ressentait l’Homme. Les sentiments ne prendront jamais la peine de te connaître si tu ne fais pas le premier pas : après tout, eux n’ont pas besoin de toi ; toi, en revanche, tu as besoin d’eux pour apprécier ce que la vie a à t’offrir. Accepter, pour un homme, de faire le premier pas, je dirais que nous aurions à faire à une preuve d’humilité de sa part. L’homme apprend à reconnaître sa place au milieu de tout ce qui compose la terre : c’est une façon de se remettre à sa juste place. Attention, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. L’homme a une place aussi importante que tous les personnages du cosmos, êtres animés et inanimés compris : toutefois, connaître la vérité sur ce qui nous entoure ne veut pas dire que nous ne devons pas faire preuve de rigueur et connaître nos règles de bienséance. Il est donc naturel de saluer et de respecter un Ancien. Chacun porte ce titre d’Ancien : en effet, nous sommes tous l’Ancien de quelqu’un. ❞

Je m’arrêtais un court instant dans mon monologue, jetant un coup d’œil au Quasimodo tout en buvant quelques gorgées de mon thé. Son œil valide roulait dans son orbite : il nous observait, silencieusement, telle une ombre parmi les ombres.

❝ ▬ La famille est éternelle. Elle l’a toujours été. Il y a une multitude de livres qui nous racontent. Les autres peuvent apprendre, toucher, effleurer du bout du doigt ce que nos ancêtres ont accompli. Certains faits sont historiques, grands, réels. On ne connaît pas tous les noms de ceux qui y ont participé mais la mémoire se transmet de génération en génération. Toutefois, nous le savons, la famille vit éternellement, oui, à travers les anecdotes qui passent d’une oreille à l’autre. La famille vit à travers elles. Nous avons la certitude que les êtres qui nous sont chers seront toujours à nos côtés, surtout lorsque nous sommes jeunes. Nous pensons que rien ne pourrait atteindre papa, maman… oui, surtout maman. Elle est toujours là pour nous protéger, même si on ne comprend pas toujours les sacrifices qu’elle a du faire pour nous, sans doute pour nous sauver la vie, pour que nous tentions de rencontrer les meilleurs sentiments possibles. La mort frappe toujours au moment où nous nous y attendons le moins. La mort est injustice pour ceux qui doivent vivre avec le poids des cadavres sur leur conscience. Les hommes sont forts pour mettre fin à la vie de leurs semblables. Ce n’est pas ce que tu veux entendre, n’est ce pas ? Cela ne t’éclaire pas plus sur l’éternité de ta famille. Peu importe que ta famille soit grande ou petite, tant par la taille que par le prestige, elle a accompli certaines choses : des évènements grandioses, d’autres incertains et peu mémorables. C’est le lot de toutes les familles. Elle survit à travers le temps et l’espace en tant que corps de chair et de sang tant qu’il y a un descendant qui perpétue les mémoires de ses ancêtres. On a peur d’oublier ce qu’ils nous ont appris, et transmis. Et lorsqu’on se rend compte qu’un souvenir est parti, il est trop tard pour le rappeler à nous : c’est de là que vient le creux à ta poitrine. Ton cerveau, ton âme, ton cœur, ton corps tout entier t’envoie des signaux que l’on ne perçoit souvent pas, et quand le drame est arrivé, la culpabilité nous envahit. Et le tout est très fort pour nous faire croire, avec toutes les connaissances que nous avons accumulées dans notre inconscience, que la réalité est éphémère. Crois-tu vraiment que nous allions passer toute notre vie sous cette forme ? Notre âme, une fois libérée de notre corps charnel, prendra la forme de ce que notre vie en tant qu’être de chair et de sang aura été. Ta raison ne peut pas décider ce que tu seras : ton âme et ton cœur choisiront bien avant que tu ne rendes ton dernier souffle. Je ne pense pas que notre destin soit établi : la vie est une série de choix, de mouvements, de rencontres. Cette mélasse a un impact sur ce que tu vis, et te feras emprunter des sentiers, tandis qu’elle en fermera d’autres à tout jamais. Je ne comprends pas, et je ne veux pas emprunter les sentiers tortueux que tout être humain normalement constitué aspire à emprunter pour coller aux attentes de la société. Ca, c’est pathétique. Se plaindre de l’éphémère vie des sentiments et de la famille, c’est cruel et d’un manque de respect évident pour tous ces sentiments, pour toutes ces âmes qui nous écoutent. ❞

Mon visage devint écarlate lorsque je me rendis compte que je m’étais un peu enflammé dans mes propos. Devais-je avoir honte d’avoir répondu honnêtement au jeune homme ? L’espace de quelques minutes, mes paroles avaient été en accord avec mon âme et mon cœur. Je n’avais pas eu besoin de cacher, de réfléchir pour rentrer dans les cases. Peut-être que j’aurais du. Après tout, les élèves comme Amun, ceux dont la vie les happerait dés la fin de l’année, préféraient sans doute les discours habituels, ceux qui rassurent. Je ne suis pas sûr que ma vision du monde, des événements, des principes fondamentaux et autres théories, ait apporté quelque chose de positif à mon acolyte. La situation était assez étrange, je ne pouvais pas le nier. L’alcool l’avait certainement poussé à parler… Et à dire d’énormes bêtises. Enfin, je ne pouvais pas qualifier ses paroles de sottises puisque, après tout, et malheureusement pour eux, beaucoup pensaient comme lui. Peut-être pas de façon aussi pessimiste, mais les idées abordées étaient celles de la société. Les sentiments ? Des bagatelles dont on pouvait disposer comme bon nous semble. Après tout, ils ne restent jamais longtemps. Foutaises. La famille ? Il était persuadé que tout s’arrêtait lorsque la vie quittait leurs membres. N’avait-il jamais songé que, d’une façon ou d’une autre, ils étaient toujours là, quelque part ? Faut-il vraiment pouvoir toucher ceux que nous aimons pour qu’ils ne soient pas éphémères ? Balivernes. Je devais admettre que ça aidait grandement que nos plus proches parents soient encore vivants, mais il y avait des limites à tout, et la vie pouvait nous arracher un nombre incalculable de besoins vitaux : la famille, les sentiments, … Surtout si personne ne prenait la peine d’expliquer à ce Serpentard que l’éternité était une notion aussi vague que la brume, mais qu’il était possible de composer avec, de vivre l’instant présent en entretenant certains souvenirs, en nouant des relations avec ce que la société aimait appeler les grands principes : les sentiments, la vie, la mort, les relations en font partis.

❝ ▬ Oublier, dis tu ? Oublier… Non. Je ne peux pas accepter de telles allégations. Je ne peux concevoir d’oublier. Certes, le temps qui passe fait des ravages sur notre mémoire. Certains choix que nous avons posé aussi. Néanmoins, je ne te soutiendrais pas dans cette guérilla contre je ne sais quel ennemi. Oublier. Non. Oublier c’est pour ceux qui n’ont pas de courage. Oublier c’est pour ceux qui, dans leur grande faiblesse, n’ont plus envie de se battre pour leur vie, leur souvenir, leur famille. Tu veux oublier, dis tu ? Crois tu que cela permettra à ce grand creux dans ta poitrine de disparaître ? Ne te leurre pas. Il s’agrandira, te trainera dans un gouffre encore plus profond et, le pire, c’est que tu ne sauras même plus pourquoi tu te sens vide de l’intérieur. Tu ne pourras même plus appeler ta mère, maman. Elle deviendra une parfaite inconnue… Crois-tu qu’un fils devrait oublier celle qui l’a porté ? Je conçois que toutes les mamans n’ont pas désiré leurs enfants, que certaines leur en ont voulu tellement fort d’être venus au monde, mais ça reste une maman. Et une maman protège son bébé. Je ne pense pas que tu fasses parti de ceux dont la mère n’a pas voulu. Je pense qu’elle t’a beaucoup aimé mais qu’aujourd’hui, pour une raison qui m’échappe, elle ne peut plus vraiment te prendre dans ses bras, te consoler lorsque le chagrin emporte ton cœur, rire avec toi, parler avec toi. Mais crois-tu que c’est honorer sa mémoire que de l’oublier ? Oublier. Il n’y a pas de juste mesure dans ce domaine là. Lorsque tu commences à souhaiter oublier des pans entiers de ta vie, c’est admettre que tu veux devenir un parfait inconnu, même pour toi-même. C’est admettre et croire que la vie qui t’a été offerte n’est pas assez bien pour le bougre que tu es. C’est égoïste. C’est irresponsable. Qui a envie de devenir un légume ? Tu voudrais accéder à une nouvelle vie ? Aller voir ailleurs ? On raconte souvent que tout est plus beau et plus rose dans le jardin du voisin. Crois tu qu’oublier te fera devenir un homme meilleur ? Est ce qu’oublier te permettra de démarrer une nouvelle vie, loin de tout ce que tu as pu endurer jusque là ? Qu’est qu’une nouvelle vie ? Avoir une nouvelle identité ? Qu’implique la nouvelle identité ? Un nouveau nom ? Une nouvelle famille ? De nouveaux amis ? Une nouvelle personnalité ? Tout ce que tu auras pu accomplir avant n’existera plus. Personne ne pourra te retrouver. Une nouvelle vie ? Qu’est ce qu’elle peut t’apporter d’autre ? Oublier ? Qu’est ce que tu veux faire sans souvenirs, sans racines ? Le regret est typiquement humain. Le regret, il est là souvent. On a tous tenté d’imaginer comment serait notre vie si certains évènements douloureux n’étaient jamais arrivés. Aurions-nous pour autant été des hommes meilleurs ? Le passé que tu as eu te permet de faire des rencontres aujourd’hui que tu n’aurais probablement jamais faites si tu avais eu un autre passé. La terre a doté l’être humain d’une pensée qui lui permet de faire des choix. Les choix. Ils sont partout, tout le temps. Il y en a une multitude à chaque instant de ta vie. Ils peuvent te permettre, par exemple, de décider si tu continues ou non à écouter ce que je raconte depuis tout à l’heure. Ils peuvent même te montrer le chemin de la sortie ou encore une autre table à laquelle t’asseoir si tu ne veux plus me supporter, encore mieux, ils sont là pour que tu puisses exprimer ton mécontentement, ta colère face à toutes les idées que je me permets de te donner. Ils seront certainement heureux que tu me dises de partir voir ailleurs si tu y es. Ils sont là pour que tu puisses réagir en fonction de ton caractère, de tes attentes, de tes envies face à la situation présente. Je me plierais au choix que tu feras. ❞

Je me tus. Il est vrai que tout ceci était… dérangeant. Je devais bien l’admettre. Comment aurais-je réagi à sa place si on me présentait avec une telle fougue un point de vue différent du mien alors que j’étais tranquillement en train de siroter ma bièraubeurre ? Le ton avait été léger… Ou avait pris l’apparence d’un ton léger. Ses paroles avaient été dures, trop dures pour une conversation entre deux amis qui se racontaient le bon vieux temps autour d’une bièraubeurre. Je fronçais légèrement des sourcils. Linus m’avait répété mille et une fois que je ne pouvais pas faire confiance à tous les hommes que je croisais. Néanmoins, ce n’est pas comme si Amun était un parfait inconnu. C’était l’un de mes élèves. Et pourtant, une petite voix dans mon esprit me disait que je devais garder une distance entre lui et moi : on n’était pas du même monde… Enfin, c’est que la société voulait et prônait comme vérité. Pourquoi était ce dangereux d’être ami avec un mineur ? Il semblerait que les personnes s’imaginaient vite des choses. Elles semblaient interpréter trop de gestes qui étaient pourtant les plus simples et les plus innocents du monde. Je ne savais pas trop comment me placer par rapport à tout ça. Je n’ai jamais été très fort pour expliquer les nuances de certains sentiments… Pour tenter d’appréhender la pensée normative de la société non plus.

Honteux d’avoir pris autant de place, mon visage vira au rouge cramoisi : même la couleur de ma chevelure paraissait fade face à ce qu’affichait ma tête. Je n’avais pas vraiment réfléchi. Non. J’aurais du anticiper, prendre en compte les réactions d’Amun, en me basant sur ce que j’avais pu observer en cours de sa personne, de ce que j’avais entendu. Les recoupements auraient du être nécessaire pour ne pas le froisser. D’un autre côté, je ne pouvais pas le laisser se leurrer ainsi. A moins que ce soit les pensées dont parlait Linus ? Celles-là même qui rebutent les grands philosophes et les éminents scientifiques. Personne ne pouvait prendre en compte les délires d’un schizophrène. Pourtant, certains des plus grands artistes prenaient des substances illicites pour avoir des… visions, voir le monde autrement ; d’autres étaient considérés comme ayant une dégénérécence du cerveau. Je n’aimais pas que l’on dise de moi que j’étais un fou. Ce terme était si… péjoratif. Je préférais que l’on me traite comme le petit joueur de légendes que j’étais, comme le chapelier fou de ce monde. Le premier de tous les chapeliers fous, celui qui avait rencontré LA Alice, vivait dans un monde qui, lui-même, avait été enfermé dans un livre par son créateur. Ce chapelier fou était éternel. Tout le monde connaissait son histoire : c’était un chapelier, c’était un fou. Et cela ne dérangeait personne visiblement. J’étais professeur. J’étais schizophrène. Et j’étais un disciple du chapelier… à ma façon. Pourquoi le monde était-il dérangeait face à cela ? Il n’y avait pas de grandes différences entre lui et moi, entre moi et lui : le monde des hommes banals était d’une complexité. Qu’est ce que la banalité ? Elle était différente pour tout le monde. Appelons plutôt ce monde celui des hommes suivant les règles et les normes imposées par la société.

En retard, en retard, nous sommes en retard. J’entendais les aiguilles de l’horloge résonner dans ma tête. J’en oubliais presque les échanges houleux que nous avions eu précédemment. Le passage allait bientôt s’ouvrir. Et Quasimodo le savait aussi bien que moi. Peu importe si je rêvais debout. Peu importe si ma schizophrénie m’entrainait dans une nouvelle aventure. Ce soir, je m’accordais le luxe d’être moi. Je finissais d’une traite ma tasse de thé, vérifiais le fond de ma théière. Après avoir fini d’examiner avec attention son contenu, je jugeais acceptable le fait de laisser le fond de mélasse dans le récipient. Je me rappelais alors la question, celle par laquelle mon interlocuteur avait fini son discours, s’étonnant que je sois venu ici. Je pris le temps de m’étirer, de faire craquer les jointures de mon dos, avant de poser mon regard de braise (n’allez pas croire que mes yeux expriment autre chose que de la bonne humeur, avec une étincelle, parfaite pour partir à l’aventure : mon regard est de braise simplement parce que mes yeux sont d’un rouge naturel) sur Amun. Un sourire joyeux, simple, mais sincère s’afficha sur mon visage :

❝ ▬ Ce que je suis venu faire ici ? Et bien, tout dépend de ce que tu es prêt à bien vouloir accepter comme étant la vérité… Jusqu’où es-tu prêt à aller pour trouver TA Alice, Amun ? Après tout, avec des vents venant d’Irlande et de la petite Bretagne, il serait judicieux de penser que les légendes celtiques et irlandaises sont de sortie ce soir. Dis-moi, qu’est ce que ton cerveau peut accepter avant de te diagnostiquer une folie passagère ? Acceptera-t-il de comprendre l’incompréhensible ? Nous savons tous que les légendes, les mythes trainent à Pré-au-Lard et que, certains jours de l’année, il est possible de les rencontrer. A dire vrai, je n’avais pas vraiment pris conscience du jour que nous étions. Et l’infirmière n’aurait jamais accepté de me laisser sortir… Linus pense que cela pourrait mettre en danger mon équilibre mental. Je crois tout simplement que leurs raisons ne sont pas prêtes à accepter que tout ne peut pas être contrôlé, et que la magie des mythes et des légendes fait partie d’un folklore que les enfants et les simples d’esprits entrevoient. Crois-tu vraiment que cela soit dangereux ? Je suis content que ces heures bleues existent. Je pense surtout que Linus a peur de ne jamais pouvoir ramener de mon petit monde. Mais… Passons. Mon petit monde n’a jamais été coupé de la réalité, il vit au grès de ce qu’il voit, de ce qu’il entreprend, de ce qu’il rencontre, et il explique ce qui semble inexplicable pour la réalité, laisse de côté les ennuyeuses théories de l’explicable, et accepte de ne pas pouvoir tout comprendre et de ne pas tout définir. Pour quelques heures seulement, Amun, regardons le monde avec les yeux du petit enfant s’émerveillant de tout : nous ne devrions pas avoir peur de ce qui est inexplicable, incontrôlable, impensable. Acceptons tout simplement les rencontres que nous allons faire, et réagissons en fonction des faits qui découleront de l’enchainement des évènements. Qu’en penses-tu ? Pour une fois, l’espace de quelques heures, laissons nos préjugés, nos certitudes de côté, et abordons les rumeurs, les mythes, les légendes, d’un autre œil. Après tout, ils ne sont qu’un pan caché de la réalité que jamais personne n’a vraiment cherché à comprendre. ❞

Et la pendule de la taverne sonna treize heures.




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Amun Sareh
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Élève de Serpentard

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MessageSujet: Re: Discussion autour d'un verre (PV Alou)   Discussion autour d'un verre (PV Alou) 1387502757-horlogeMar 29 Aoû 2017 - 16:45
La boisson faisant doucement son œuvre, Amun se sentait bien, comme dans un cocon. Il aimait vraiment cette sensation, ne plus sentir sa tristesse, sa douleur, non, l'alcool lui faisait oublié tout ça et il en voulait encore plus. A peine eut-il vidé sa boisson qu'un serveur lui en remit une sur sa table. Il ne comptait pas vraiment en reprendre une à cause du goût âpre, mais tant pis, maintenant qu'elle était là...

Il essaya d'écouter sérieusement le professeur, mais ses idées loufoques perdirent le jeune sorcier et il avait du mal à en saisir toutes les références. Petit Prince et le Renard ? Alice au Pays des Merveilles ? Il ne comprenait pas, il n'avait jamais lu ces contes pour enfants, mais entre les lignes il pouvait deviner s'il se concentrait. Découvrir son soi intérieur ? On voyait bien que le professeur ne connaissait pas Amun, il était comme les autres au fond, il ne savait pas. Son discours sur la solitude du jeune sorcier le prouva.

Amun resta de marbre face à ce discours, sirotant sa bière comme si de rien n'était, comme si ses paroles ricochaient sans le percuter. Et pourtant derrière ce masque d'impassibilité, l'Egyptien souffrait. Etait-ce ainsi qu'on le voyait ? Comme un solitaire ? Peut-être qu'il l'était oui, mais pas pour les raisons que l'on pensait. La solitude était pour lui un moyen de se protéger, de ne plus souffrir de la perte de ses proches. Il repoussait les autres car il en avait prit l'habitude depuis si longtemps, il ne savait plus comment se montrer sociable, même si parfois on pouvait le surprendre à discuter avec d'autres sans être mal à l'aise.

Lorsqu'on le connait bien, on sait, Amun n'est pas un solitaire de nature, il pense juste que c'est son destin, son fardeau. C'est son châtiment pour avoir été le seul à survivre. Devait-il le dire à son professeur, lui dire le véritable fond de sa pensée ? Non... Sa vie ne regardait que lui, l'intimité est une chose précieuse que l'on n'aborde pas avec un étranger.

-Ma solitude comme vous dites m'est venue bien plus en aide que ces étrangers se disant mes amis. Juger sans connaître, avoir des a priori... On ne peut pas savoir qui est réellement une personne juste par ces gestes ou son comportement. Nous portons tous des masques, nous mentons tous à ceux qui nous entoure et à nous-même...

Rah ! Maudits alcool qui lui déliait la langue ! Heureusement, son masque était toujours en place, son visage était de marbre, seul ses yeux pouvaient trahir ses émotions. Puis le professeur enchaîna un long monologue sur les sentiments qui exaspérèrent légèrement le jeune homme... Il préféra boire sa boisson plutôt que d'écouter quelque chose qu'il savait mais lorsqu'Alouarn parla de la famille... De la mère et tout... Savait-il seulement ce qu'il venait de faire ? Amun qui réprimait ses sentiments eut énormément de mal à se concentrer. Le garçon baissa la tête, ses longs cheveux venant caché son visage, caché les larmes qui commençèrent à couler le long de ses joues...

Il détestait pleurer, ne le faisait-il pas assez souvent comme ça ? Pourquoi alors qu'avant il pleurait toujours lorsqu'il était seul, pourquoi maintenant les larmes se pointaient lorsqu'il se trouvait en face de quelqu'un ? Est-ce que ses sentiments aimaient se jouer de lui ? De le voir souffrir en face des autres plutôt que dans son coin ? Décidément il haïssait ses sentiments et haïssait ses personnes qui d'un simple mot pouvait le faire replongée trois ans en arrière...

Amun serra des poings toute la durée du discours de son professeur, profitant de ce laps de temps pour se calmer et pour reprendre son attitude que tout le monde connaît tant. Les larmes finirent par cesser de couler, le jeune garçon finit sa bière puis déposa l'argent sur sa table. L'homme en face de lui continuait ses délires et Amun ne comprenait pas vraiment ce qu'il faisait... Y avait-il quelque chose de spécial dans son thé pour le faire divaguer ainsi ? Peut-être que c'était lui qui avait besoin d'aide au final. Il changea de sujet passant d'un extrême à l'autre, ce qui fit du bien au jeune sorcier. Pas sûre que ce dernier soit resté s'il avait continué son discours sur les sentiments, la famille et sur les leçons de morales.

Découvrir des mythes et des légendes d'ici ? Intéressant... Amun en aurait peut-être eu envie, si les paroles du professeur ne lui avait pas fait si mal. L'horloge sonnait treize heures, l'heure pour le jeune sorcier de quitter son aîné.

-Navré professeur, mais comme vous l'avez si bien dit, je suis un solitaire, je n'aime que ma compagnie car je suis un égoïste. Je vous souhaite une bonne journée à vous et à votre Alice, en espérant vous revoir au château.

Puis le jeune garçon se releva, légèrement titubant et quitta le bar. En ouvrant la porte ce fit comme s'il s'était fait happé par l'épais brouillard, il n'y voyait pas à plus de dix centimètres et être en maillot n'était pas vraiment une bonne idée. Heureusement que la Bièraubeurre l'avait réchauffé... Le plus difficile maintenant était de retrouver son chemin, aussi, il se mit à suivre une lumière qu'il voyait au loin.
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