Vous avez tord de croire que la joie de vivre tient principalement aux rapports humains, vous vous trompez. Dieu en a mis dans tout ce qui nous entoure, on en trouve dans chaque détail, chaque petite chose de la vie quotidienne. Pour percevoir ces choses là, il suffirait de changer de point de vue.

Cela faisait sept ans que Kint avait rejoint l'école Britannique de sorcellerie Poudlard, sept ans que celui-ci apprenait la magie et perfectionnait son art. Sept ans qu'il passait à rêver du meurtre de sa mère, elle qui était si douce, elle qui était une Aurore, elle qui avait protégé Kint au prix de sa propre vie ! Vous me direz que c'était le devoir d'une mère, d'un parent, de protéger son enfant, mais ce gamin s'en voudra toute sa vie de ne pas avoir été assez fort pour protéger sa mère.

Mais, qui pouvait réellement décider du droit de vie et de mort ? Qui pouvait prétendre tuer quelqu'un ? Dans notre monde, la mort ne tient qu'à deux mots « Avada Kedevra », c'était inconcevable de pouvoir tuer en ne prononçant qu'un stupide sortilège sans avoir la possibilité de pouvoir se défendre, c'était répugnant, abject, c'était une abomination.

C'était même inconcevable de tuer, néanmoins, le monde était plongé dans une période de doute et elle ne faisait qu'empirer. Répondre à la violence par de la violence, c'était le seul moyen trouvé par les hommes pour se défendre, Salazar Serpentard, Voldemort, c'étaient les précurseurs de cette violence. Kint le savait, s'il voulait protéger ce monde, il devrait se battre et nécessairement tuer pour ne pas être tué.

Cela faisait plusieurs minutes qu'il rêvait, étalées sur son lit, en pleine après-midi. Les cours de la matinée avaient été assez éprouvants comme d'habitude, le jeune homme décida de se bouger un peu et descendit les marches du dortoir pour rejoindre les autres dans la salle commune. L'élève avait évolué au niveau relationnel, tout au long de ces années, ils avaient appris à faire confiance en ces amis et camarade de Gryffondor.

Mais, pour lui, le bonheur, c'était d'utiliser la magie. Ce flux qui parcourt ton corps, qui le réchauffe que tu avais froid, c'était quelque chose d'incroyable et surtout d'indescriptible. Une fois descendu dans la salle commune, il jetait un regard rapide autour de lui, la beauté de la vie ne réside pas dans ce que nous bâtissons, mais réside dans tout ce qui existe, tout ce qui nous entoure. Il prit une chaise et s'assit en attendant le retour des autres Gryffondor, il se croyait seul, mais aperçut un autre Gryffondor qui était assis sur le fauteuil.

« Ah Michaël je t’avais pas vu, comme tu vas ? »

Michaël était littéralement affalé comme une loque sur un des fauteuils – trop confortables pour leur bien – de la salle commune des Gryffondors, à moitié endormi. Ou à moitié réveillé, selon le point de vue. Bref. Après tout, il faut le comprendre, le pauvre petit bonhomme ! Tout d'abord, sachez qu'il n'avait pas énormément dormi, la nuit précédente, entre autre à cause de rêves ultra-bizarroïdes que nous ne rapporterons pas cette fois. Vraiment trop bizarroïdes. Ensuite, il avait passé une matinée d'enfer.

Première heure de cours : BAM, Soin aux Créatures Magiques. Bon, de base, c'était un cour que Mika appréciait. Sans rire ! On ne peut pas vraiment dire qu'il était l'ami des bêtes, mais savoir s'en occuper, et étudier leur comportement, c'était franchement intéressant. Sans oublier que pour pouvoir aller au bout de son Rêve, il lui fallait étudier cette matière. Du coup, il l'aimait vraiment !  Du moins... Jusqu'à ce qu'il découvre que l'un des ADEMs servant d'assistant à M'sieur Winterfell n'était autre que... L'autre. Celui-Dont-Il-Ne-Faut-Pas-Prononcer-Le-Nom-Sous-Peine-De-Voir-Dark-Mikanou-Débarquer. Bref, pas besoin de vous faire un dessin : Sofia et Gilbert, en priorité, ont tâché de désamorcer la bombe à retardement. Qui a finalement ignoré l'existence de l'Autre durant toute l'heure.

Puis virent deux heures d'histoire de la Magie, matière très intéressante, mais qui avait la fâcheuse tendance à plonger le Sieur Hawkmoon dans une mini-sieste de une heure et quart. Du moins, d'ordinaire. Mais cette fois-là, une certaine gryffondor avait trouvé drôle d'emmerder le Mikanou pendant quatre-vingt-dix minutes. Du coup, sieste loupée. Cours pas très bien suivit. Crises de fou-rire presque discrètes. Un remplaçant de M'sieur Akrisoth qui les choppe. Trois heures de colle chacun pour le lendemain. Et dix points au total en moins pour Gryffondor. Bon, cela dit, cela aurait pu être pire.

Enfin, dernière heure de la matinée : une heure d'astronomie. Le matin ? Certes. Pour la théorie, les calculs auxquels Michaël a développé une allergie au fil des ans, et la restitution des rédactions. D'ailleurs, heureusement que ce cour se déroulait le matin, au chaud dans la salle de classe. Imaginez, sur le toit de la tour d'Astronomie, en ces journées de fin Novembre ! De quoi se geler les noisettes. Bref. Ce fut l'une des heures les plus longues de la vie du Préfet-en-Chef. Trop de calculs. Trop de noms de planètes et d'étoiles. Trop de configurations. Trop de trucs compliqués, qu'il n'avait jamais vraiment retenu depuis son premier cour d'Astronomie. Mika, avoir de légères lacunes en astronomie ? Du tout. Duuuuu touuuut. C'est totalement faux, voyons ! … Ce n'est pas du tout comme si la rédaction à restituer était la seconde raison de sa presque-nuit-blanche. Tt-tt-tt.

La matinée terminée, Michaël était pire que vanné. Kaput. Ce qui ne l'empêchait pas de déblatérer mille et unes inepties, de redécouvrir Poudlard, et d'aller se goinfrer à la Grande Salle. Bref, de rester ce qu'il a toujours été : un boulet Mikanou Hyperactif. Notez tout de même qu'à l'inverse des jours où il avait « bien » dormi, il ne s'attarda pas très longtemps à la Grande Salle. Il y prit de quoi se sustenter sur place, plus pour le « chemin » (à savoir, le temps d'atteindre la salle commune), et enfin un supplément à consommer dans la salle commune. Supplément qui ne put être englouti, pour la simple et bonne raison que le Rouquin fit l'erreur de s’asseoir sur le Fauteuil Maudit Provocateur de Siestes Intempestives. De fait, les vivres furent laissés sur la table basse, en face du fauteuil, pendant que le Rouquin au Fauteuil Ronflant piquait un somme d'une demi-heure.

A son réveil, il était... Comme vous l'avez trouvé un peu plus haut : la tête dans le cul, métaphoriquement parlant. Yeux plissés, légèrement cernés. Un filet de bave au coin de la bouche. Un cerveau extrêmement ralenti. Réflexion quasi-inexitante. Incapacité provisoire de communiquer autrement qu'avec des borborygmes dignes d'un troll édenté et enroué. Bref, un Mika au réveil. Imaginez désormais sa réaction lorsqu'il découvrit la disparition étrange de ses vivres. Vous n'y arrivez pas ? Bon. Eh bien, c'est simple. Il fut tout bonnement figé pendant trois longues minutes, fixant la table d'un regard vide, le temps que l'information monte jusqu'à son cerveau en passant par quelques « raccourcis » qui, étrangement, rallongeaient le temps de réflexion. Et lorsque enfin l'information atteint son but, les oreilles de chien virtuelles de Michaël se rabattirent en arrière, tandis que sa lèvre inférieure tremblotait. Un peu plus, et il aurait couiné. Mais bon. Fort heureusement (?) pour le peu de dignité qui lui restait, quelqu'un vint le sortir de sa bulle de « Oh Merlin Ma Bouffe A Disparu Ma Vie Est Foutue ». Kint. Kint ! C'était Kint !

« Ah Michaël je t’avais pas vu, comme tu vas ? »

Hélas pour vous, ce fut une feinte. La sortie de la bulle mélodramatique, je veux dire. Du moins, ce n'en était pas une jusqu'à ce que le Brun lui pose la question qui tue.

« Mal. Très mal. Ma vie est foutue ! J'ai perdu mes muffins ! Mes pauvres petits muffins ! » répondit le Rouquin en se retournant vers le nouveau venu. Légèrement porté par son élan de stupidité d'amour excessif des muffins, il continua.  « J'les avais posé sur la table, juste là. Et puis j'me suis assis. Et puis j'me suis réveillé. ET PAF, ils étaient plus là ! Pourtant j'les ai pas mangé ! 'fin, je crois. Dis, tu penses que j'les ai mangé pendant que je roupillais ? Par Merlin, ça serait vraiment con. Et pas pratique. C'est mieux de manger des muffins quand on est réveillé, quand même. » Il s'interrompit quelques secondes, le temps de retrouver son souffle, et de réenclancher cette machine appelée cerveau. « Quoique. Non. J'les ai pas mangé, sinon j'en aurai encore le goût dans la bouche. Donc, ils ont officiellement disparus. NOOOOOOON ! MES MUFFIIIIIIIIINS ! »

Michaël prit son visage entre ses mains tout en lâchant un soupir déchirant. Puis, comme si de rien n'était, il se leva prestement, rejoint son camarade, et lui sourit amicalement tout en s'installant face à ce dernier.

« Sinon, je vais bien, merci ! Et toi ? Pas trop vanné de notre matinée Ô combien passionnante, et prêt à entamer une après-midi tout aussi passion- Oh ? Hey ! Salut ! T'aurais pas vu mes muffins par hasard ? »

Phrase interrompue, et ce pour cause de nouvel individu dans la salle commune. Individu qui fut donc salué et interpellé par le Mikanou. Cherchez pas, malgré son aspect légèrement lunatique, le Mika, il perd pas le nord. Il les veut, ses muffins.

Tranquillement calé au coin du feu, blotti dans sa couette et sirotant tranquillement son chocolat chaud, Aiden regardait passer les gens sans vraiment les voir, perdu dans ses pensées. En fait, il ne savait pas trop comment il avait atterri là. Une seconde il était en cours d’histoire de la magie, réfléchissant à la centaine de millier de chose plus intéressante qu’il pourrait faire, l’autre John lui disait que le prochain cours était botanique et la suivante, il était là. Bien loin de ces saletés de plantes et de tous ces arbustes magiques et leurs fichus feuilles venimeuses. Il se portait mieux loin de toute cette verdure.

Soupirant de contentement, il s’appuya un peu plus sur le fauteuil contre lequel il s’était calé. Alala, la belle vie. Il irait en cours cette aprèm. Après tout, ce serait criminel de bouger maintenant ! C’était bien trop confortable. Et puis, il risquait de réveiller Newt s’il bougeait…Le petit rat endormi sur son épaule faisait office de mini bouillotte. Vraiment mini, quand il y pensait. Il aurait dû prendre un chat. Il commença à repartir dans les méandres de ses pensées quand le son d’une porte se fit entendre, suivit par des éclats de voix.

Toujours par terre et caché par un fauteuil, Aiden se releva un peu, essayant d’apercevoir le motif de la dispute en cour. Les deux jeunes gens, un couple de toute évidence, se disputaient en traversant la salle commune, permettant à chacun d’apprécier leur querelle. Il les suivit du regard jusqu’à les voir disparaître derrière le tableau de la grosse dame. Dommage, il n’aurait pas le fin mot de l’histoire. Il allait se rasseoir, quand quelque chose interpella son regard. Le temps sembla se figer pendant une seconde. Le temps d’un face à face. Dans la tête du jeune homme, tout ce fit au ralenti puis…

…il se redressa, attrapa la chose en question et s’exclama :

-Cool, des Muffin !

Puis il se rassit, l’air de rien et trempa un des gâteau dans son chocolat avant d’en prendre une bouchée. C’était pas tous les jours qu’il avait un bol pareil ! Aussi en profita-il un maximum, savourant un Muffin, et donnant quelques miettes à Newt.

Perdu dans son petit monde, il en fut sorti par des voix. Enfin, une voix. Une voix qui semblait avoir vécu le plus grand des drames et qui venait du fauteuil juste au-dessus de lui. Et cette voix, elle parlait de disparition...

De disparition de Muffin.

…

Oops ?

Pourtant déjà entièrement caché par le fauteuil, Aiden se fit encore plus petit et se dépêcha de finir le Muffin restant. Il fit tomber les quelques miettes restante au sol et, pour se débarrasser de toute les preuves, posa Newt au sol pour tout finir. Le rat aspirateur. Rien de plus efficace dans le commerce !  

Heureusement, il devait être l’heure de la pause de midi, les élèves commençaient à aller et venir : il allait pouvoir s’éclipser l’air de rien ! Tendant toujours l’oreille pour surveiller l’avancement des choses, il se démêla au mieux de sa couette et entreprit de ramper –avec classe, tout de même- vers le dortoir quand il fut interrompit par une voix. Encore.

Mais attention, pas n’importe laquelle ! Une voix familière.

Tout content, il se releva d’un coup, manquant de s’emmêler les pieds et sourit joyeusement.

-Shae !

Il voulut s’approcher de la jeune fille, mais, trébuchant sur la couverture, il finit affalé sur le fauteuil. Ou plutôt, sur le type dans le fauteuil. Le type au Muffin, donc. Pas le moins perturbé du monde, il continua sur sa lancée.

-Je savais que j’avais reconnu ta voix !! Et moi qui pensais que je te reverrais pas avant un bail ! C’est super ! Comment ça va ? Oula, pas fort on dirait, commença-il en remarquant le sang qui maculait maintenant la main de la jeune fille…avant de réaliser. AH MAIS C’EST DU VRAI SANG ?! Oh mon dieu, mais il faut aller à l’hôpital ! Appeler les secours, faire venir un hélico ! Un médecin, une infirmière, un chirurgien aussi !! Shae, meurt pas, pas encore !! Pourquoi tu t’acharne toujours à mourir quand je suis là ! Paniqua-il, n’exagérant absolument pas. Puis, redevenant tout à coup calme, il la regarda suspicieusement.

-Les robots saignent ?

Un banquet ?

Pourquoi avait-il tout à coup le mot « banquet » dans la tête ? Jetant un œil autour de lui, il fit enfin attention aux autres personnes présentes. Sous lui, un jeune rouquin. Plutôt rouge en fait. Ce type lui rappelait un Pokémon, allez savoir pourquoi !

A quelques pas de ça, un autre jeune homme. Peut-être un peu plus âgé, avec des airs de chanteur latino. Ou genre beau gosse ténébreux. Hum. Les gars ténébreux allaient à Griffondor ? C’était peut-être un genre de beau gosse mystérieux/ténébreux MAIS sociable et cool ? Etrange.

Et enfin, un peu plus loin, un de ses camarades. Il chercha rapidement dans sa mémoire, certain d’avoir un moyen mnémotechnique pour le prénom du garçon. Il était pourtant sûr de déjà l’avoir entendu en classe ! Impossible de s’en souvenir !

Il les regarda chacun à leurs tour puis se redressa un peu, s’appuyant sur  la personne sous lui.

-Euh… Bonjour ?

L'individu, donc, regarda Mika avec des yeux étonnamment ronds. Un petit ange passa avant que la jeune femme, car oui c'était une femme, tenta dans un premier temps de communiquer dans un langage étrange, aussi appelé la langue de Cekionlenékipislesan. Gros haussement de sourcil de la part du Rouquin. La brunette sembla comprendre que ces borborygmes n'étaient tout bonnement pas compréhensibles, bien qu'on pouvait deviner sa douleur, et, tout en s'approchant des deux jeunes hommes, elle leur adressa la parole de manière plus civilisée. Elle laissa, d'ailleurs, quelques « discrètes » tâches de sang sur le tapis, au passage. Tant qu'à faire...

« Euuuh non, je viens de rentrer alors non. Euhm, l'un d'entre vous aurait-il un mouchoir ? Nan parce que j'en ai pas et que ça commence à être urgent là. » dit-elle avec un certain calme, malgré sa situation.

« Nope, d'solé, mais si tu- » commença le Préfet-en-Chef, avant d'être interrompu par un tout jeune garçon qu'il n'avait pas entendu rentrer, et... Qu'il ne se souvenait pas avoir vu. Un première année ? Vue la taille, oui.

« Y reste encore quelques gâteaux au banquet en bas, si ça intéresse quelqu'un  ! » fit le première année en question.

Michaël voulut dire que certes, il y en avait encore, en bas, mais tout de même ! C'était ses muffins à lui, qui avaient disparus ! Ceux qu'il avait pris le soin de piocher au hasard sélectionner parmi tant d'autres, ceux qu'il avait ramené du banquet pour les déguster tranquillement avant les cours ! Ce n'était tout de même pas la même chose, et il ne pouvait se permettre de retourner à la Grande Salle pour en prendre d'autres. Ils n'auraient pas ce petit arrière-goût de « Garanti Bon Choix de Mika » qu'ont les premiers qu'il sélectionne à chaque fois ! Non, ceci n'est pas du tout une justification vaseuses improvisée pour cacher une flemme énorme d'retourner à la Grande Salle. Du tout. C'est faux. Où allez-vous chercher des idées pareilles ? Vraiment.

Quoi qu'il en soit, vous vous en doutez, Mika n'eut clairement pas le temps d'articuler ladite excuse. Pourquoi ? Parce qu'une troisième personne était arrivée. Enfin, apparue, dans son cas, juste sur le septième année. Ce qui valut un petit instant de perplexité totale de la part du jeune Hawkmoon. Instant durant lequel l'espèce de gnome permanenté entama un monologue à l'adresse d'une certaine Shae – Miss Hémorragie Nasale ? - et paniqua franchement lorsqu'il capta que la jeune femme semait quelques flaques de sang à ses pieds. Mais cette panique ne dura pas longtemps. Non. Le jeune garçon reprit son calme étonnamment vite, et questionna suspicieusement la jeune femme, ignorant totalement ce qui l'entourait – et surtout celui qu'il écrasait éhontément.

Puis l'information monta à son cerveau. Du moins, c'est ce qu'un Mikanou – priant pour que le gnome n'écrase pas une certaine zone de son anatomie en s'appuyant un peu plus sur lui – supposa quand il entendit le permanenté lâcher un « Euh… Bonjour ? » après avoir inspecté du regard toute les personnes présentes de la salle. 'fin, du périmètre. 'fin, vous avez compris.

Et là, alors que Michaël voulait demander au gamin qui il était, pourquoi il s'était jeté sur lui, pourquoi il soupçonnait « Shae » d'être un robot – ce qu'il commençait lui même à envisager, vue la quantité de sang écoulée alors que la jeune femme restait relativement zen – et s'il savait par hasard où étaient passés ses muffins, l'improbable se produisit !

Non, je rigole. Puisqu'on ne casse pas un combo aussi bien partit, autant continuer ! BAM, nouvelle personne qui débarque ! Une asiatique aux airs de poupée, qui eut la bonté de poser les bonnes questions à la place du Rouquin. A savoir : qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi le mini-permanenté était couché sur sa personne ? Un bon point pour la jeune fille. Elle gagnait de fait le droit de piquer une future pâtisserie de Mika – enfin, s'il n'oubliait pas qu'elle en avait le droit, et surtout sa tête/identité/tout ce qui a un rapport avec elle de près ou de loin. Bref. N'osant trop bouger de sa place sur le Fauteuil (avec un grand F, comme Fourbe et Faiseurdedodoautomatique), le Mikanou national fit de nouveau entendre sa douce voix.

« Elle a RAISON ! » fit-il en la pointant du doigt – chose pas très polie, mais bon. Il reprit, cette fois s'adressant à son ravisseur. « Sérieusement, tu pouvais pas aller te vautrer ailleurs ? Non parce qu'en fait, tu mets en danger toute ma future éventuelle descendance, donc, à défaut de virer d'là, évite de trop bouger. Je t'en serais VRAIMENT reconnaissant. Vraiment. Oh, Kint, tu... Kint ? Où tu vas ? »

Ce dernier annonça simplement qu'il devait discuter avec un professeur avant la reprise de cours. Ce qui provoqua instantanément une crise de NEMABANDONNEPAS chez Mika.

« Kint ! Reviens ! REVIEEEEEEEENS ! Me laisse pas ! J'ai toujours pas mes muffins ! MES MUFFIIIIIIIIIIIIIINS ! KINT, NOOOOOON ! »

Mais ledit Kint ne sembla pas faire grandement attention aux éclats de son ami, et de son estomac surtout. L'habitude, peut-être, de cohabiter avec cet Hypéractif éternellement affamé. Quoi qu'il en soit, il quitta les lieux sans demander son reste. Cette discussion devait être urgente. Bref.

Poussant un grand soupir, alors que le portrait de la Grosse Dame achevait de pivoter, Michaël inclina la tête – reposée sur le dossier du fauteuil par dépit – vers l'exact opposé de tout ce beau monde – le gnome mis-à-part, vu qu'il le prenait toujours pour un coussin. Et c'est là qu'il le vit. Quoi ? Ou plutôt qui ? Un petit rat tout mignon qui le regardait, se léchant les babines après avoir visiblement dégusté une belle miette d'un aliment qui étrangement lui rappelait quelque chose...

Non.

Non non, c'était une erreur, et une nouvelle preuve de sa paranoïa quand il était question de sa bouffe disparue. Le petit rat soutint le regard de Mika quelques millièmes de seconde, avant de se précipiter sur le pan de la couette qui traînassait sur le sol. Il grimpa, les plis étant devenu marches, et renifla au passage d'autres miettes.

Noooon...

Le rongeur atteignit le haut de la couverture, à savoir la zone cachant le cou de celui qui devait être son propriétaire : le gnome permanenté. La bestiole blanche renifla d'ailleurs la joue du garçon, happa discrètement une petite miette que Mika n'aurait pas remarqué s'il ne surveillait pas cette petite chose poilue d'un air particulièrement suspicieux. Un calcul assez rapide se fit dans la tête du Préfet-en-Chef.

Oui.

Le Rat avait tout bonnement nettoyé les restes des délicieux et innocents petits muffins que son abruti de mini-maître avait OSÉ bouffer quand le Rouquin pionçait. Enfin, peut-être. Rien n'est certain, après tout... Le petit rat avait peut-être effectivement tout engloutit ?

…

Sérieusement, qui croirait à une fable pareille ?

« T'as bouffé mes muffins ? … T'as bouffé mes muffins. Avoue-le. » déclara donc Mikanou, le plus sérieusement du monde, en fusillant le gnome du regard. Il se retourna alors vers les autres – qui avaient peut-être discuté entre temps ? Le Rouquin ne pourrait vous le dire, durant les quelques minutes précédentes, il était trop occupé à réfléchir et râler intérieurement – et continua, outré. « Il a bouffé mes MUFFINS ! Sérieux, laissez plus rien de comestible dans le coin, cette espèce de mini-gnome permanenté va tout vous bouffer en moins d'deux ! … Oh, et... Comment tu t'appelles déjà ? Hm... Nosebled-Girl, tu... T'es un chouïa blanche. Voire, translucide. Tu... devrais peut-être aller à l'infirmerie. Ou si tu veux, j'peux essayer d't'arranger ça avec Episkey... Mais un séjour rapide à l'infirmerie te conviendrait mieux, j't'assure. Pour de vrai. Sérieusement.  » Observant alternativement Dame Poupée et l'autre petit gnome pas permanenté, il enchaîna. « Quelqu'un se dévoue pour l'accompagner, ou du moins, la soigner si vous connaissez le sort ? J'ai des muffins à venger, et je ne tiens pas vraiment à aggraver l'hémorragie de demoiselle l'Ensanglantée... »

Non non, le petit gnome permanenté n'allait pas quitter les lieux sans avoir rendu les muffins à Mika. Ou du moins, que ces derniers aient été vengés en toute beauté. Sauf si quelqu'un prouvait son innocence, chose dont le Préfet-en-Chef doutait. Les preuves fournies par le rat parlaient d'elles-même.

Il était coupable.

Se calant un peu plus confortablement, il regarda le type aux cheveux longs partir sous les cris et appels de son siège parlant. Peut-être fuyait-il les appels insupportables du rouquin ? Fallait dire que le type était pas loin de le rendre sourd. Super. Et voilà qu’il se lamentait, allant dans le sens de la dernière arrivé. Aiden la regarda d’ailleurs étrangement. La jeune fille ressemblait à une poupée fragile et délicate. Vraiment pas le physique qui allait avec les Griffondor. Fallait dire que sa maison contenait une belle ribambelle de bras cassé...

-J’suis bien, là. T’es confortable ! Répondit-il, sans bouger d’un poil.

Heureusement, au milieu de tout ce délire, il y avait Shae. Shae. Les yeux brillants d’admiration, Aiden l’écouta religieusement. Si son statut de fils unique lui allait parfaitement, il devait tout de même avouer : il rêvait d’avoir une grande sœur comme Shae. Une fille classe, drôle et belle qui ne se moquerait pas constamment de sa façon d’être. Il adorait cette fille !

-T’as du faire trop de mise à jour en même temps, le system a planté. Essaie de rebooter, ça aidera peut-être ! C’est que ça commençait à faire pas mal de sang…Bah dit donc, commenta-il en suivant un filet de pourpre couler au sol, heureusement que la moquette est rouge elle aussi !

Il voulait bien l’aider, lui, a Shae, mais il ne pourrait qu’empirer les choses. Il réussissait à peine les sortilèges de base. Il serait capable de l’égorger en métamorphosant un mouchoir. Non, vraiment, il était plus utile ici, à ne rien faire, qu’à essayer de l’aider. Alors qu’il regardait le sang au pied de Shae s’écouler de plus en plus largement en imbibant tous les tissus alentours, il s’interrogea soudainement sur l’arrêt musculaire et vocal de son siège. Son [i[très[/i] bruyant siège, qui, justement, n’était plus bruyant du tout. Bah tiens, l’allumette était en veille ? Curieux, il bougea pour capter l’attention du jeune homme. Attention qui semblait être totalement focalisé sur … Newt.

Le rouquin ne quittait pas des yeux le petit rat.

Suivant son regard, il assista lui aussi à l’ascension du rongeur albinos qui, une fois posé sur son épaule, mangea un petit reste de muffin de rien du tout. Un minuscule petit bout. De rien du tout. M.i.n.u.s.c.u.l.e.

Il aurait définitivement du prendre un chat.

Impuissant, il vit les connexions se faire dans la tête du roux.  

Puis le volcan explosa.

Evidemment, le rouquin l’accusa, mais de là à dire aux autres de garder sa nourriture à l’œil, y avait des limites ! Lui qui avait crû que ces pauvres muffins avaient été abandonné. Il avait juste voulut rendre service ! Le monde était vraiment ingrat. Fallait pas exagérer quand même, d’ailleurs…oula, c’était vrai que Shae avait pas l’air au mieux de sa forme. En fait, elle semblait avoir perdu une teinte ou deux. Il s’apprêta à se proposer pour l’accompagner à l’infirmerie –super, une porte de sorti !- quand la jeune fille promis une mort certaine à quiconque oserait soutenir l’idée. Bien. Elle aurait sa mort sur la conscience !

…

Bon. Il n’avait plus le choix. Il était temps d’assumer ses erreurs !

Courageusement, il leva les yeux, rencontrant le regard du plus âgé, puis posa Newt sur l’accoudoir le plus proche.

-Je suis désolé, commença-il, je promets que ça n’arrivera plus jamais ! Sa voix honteuse de petit garçon fautif et désolé sorti tout naturellement. Sa voix spéciale pour embobiner ses parents quoi. Puis, il continua tout aussi vite. C’est totalement ma faute ! J’essaie de surveiller Newt, mais que veux-tu, c’est un rat, si il voit de la nourriture, il va manger ! Faut pas lui en vouloir ! Tu n’imagines pas ce qu’il mange pour sa masse ! J’ai du mal à suivre parfois, et puis il suffit que je le quitte des yeux une seconde et voilà. Il vole des muffins !

Oui, oui. C’était ça, sa façon d’assumer. Il pouvait presque sentir sur lui le regard trahit de Newt...Regard auquel il répondit par un « on en est la part ta faute, assume ! » mental, directement dirigé vers le rongeur.  

Maintenant, il devait voir si son mensonge avait pris. Et au vu du regard perplexe et du sourcil haussé du rouquin, ça n’était pas le cas. Quoi, les rats pouvaient être gloutons aussi ! Voyant que son histoire ne passait carrément pas, il observa la salle, se demandant qu’elles étaient les chances qu’il avait de courir plus vite que l’allumette. Mince. Très mince.

Bon. Et s’il pleurait ? Ça lui éviterais de courir, l’autre se sentirait coupable et avec un peu de chance, les plus âgées autour d’eux se mettraient de son côté ! L’idée lui plaisait bien !

-Attend, mais c’est toi ! Tu es…Il se tourna vers le son de la voix, BARBIE, ça fait longtemps !

Barbie ? Sérieusement ? Ca craignait comme nom !

Il sourit tout de même en regardant le jeune garçon : Il avait une bien meilleure idée.

Détournant le regard de gêne, il prit une petite voix honteuse.

-Bon. Je vois que ça ne prend pas. Je suis désolé, je devais essayer. C’est pas notre faute d’accord ? On ne savait pas ! Et puis, je voulais protéger un ami, c’est pour ça. Je n’aime pas mentir, mais je pense que parfois ça vaut le coup.

Rohlala. C’qui fallait pas raconter !

- La vérité c’est que…Avec mon pote, commença-il en désignant Simba d’un coup de tête et en priant tous les dieux magiques pour que personne ne lui demande son prénom, on était tranquillement en train de jouer devant le feu quand je lui ai dit que j’avais faim. Alors, il est gentil tu sais, il m’a dit qu’il allait chercher un truc dans la grande salle, mais en se levant il a vu des muffins tout seul, alors il me les a donnés, puis il est descendu chercher autre chose. Mais c’est pas sa faute, il savait pas qu’ils étaient à quelqu’un, il voulait seulement aider ! Il est vraiment trop sympa. Puis c’est moi qui les aient mangés alors…tu as raison de t’en prendre à moi !

Alala. Il était doué. Vraiment ! Il c’était accusé, il avait « défendu » son « ami », il c’était excusé et avait subtilement rejeté le plus gros de la faute sur un autre. Et puis, si l’autre niait tout en bloc –ce qui risquait d’arriver, il n’en doutait pas- il trouverait quelque chose d’autre. Il prendrait sur lui, faisant croire que son pote avait décidé de le lâcher. Ouais. Il ferait ça, ça lui plaisait bien comme plan !

Il regarda Newt sur l’accoudoir.

Après tout…le seul témoin ne pouvait pas parler…

Nosebled-girl semblait ne pas vouloir d'aide. Eh, elle n'aimait pas l'infirmerie, vraisemblablement ! Pourtant, ça aurait été plus safe d'y aller, plutôt que se vider de son sang sur le sol. Michaël n'eut cependant pas l'occasion de s'en offusquer, ou de réagir de quelque manière que ce soit. Son attention s'était de nouveau focalisée sur l'être le plus dangereux de la salle : le nain permanenté. Nain permanenté qui relevait alors les yeux pour rencontrer ceux, courroucés, de son aîné. Il posa le petit rat sur l'un des accoudoirs du fauteuil, et prit alors parole.

« Je suis désolé, je promets que ça n’arrivera plus jamais ! » fit-il d'une voix où dégoulinait la honte.

Il semblait vraiment désolé, et pour quelques secondes, Michaël était prêt à réduire la future-punition qu'il comptait lui imposer. Puis le nain continua sur sa lancée, mettant fin aux brèves réflexions du rouquin.

« C’est totalement ma faute ! J’essaie de surveiller Newt, mais que veux-tu, c’est un rat, si il voit de la nourriture, il va manger ! Faut pas lui en vouloir ! Tu n’imagines pas ce qu’il mange pour sa masse ! J’ai du mal à suivre parfois, et puis il suffit que je le quitte des yeux une seconde et voilà. Il vole des muffins ! » 

Tout au long du discours, l'un des sourcils du préfet-en-chef avait décidé que la gravité n'avait plus aucune prise sur lui. Il faut dire que face à une telle... Excuse, la réaction de Michaël était à la fois logique, compréhensible, et légitime. Il lança un regard plus que perplexe au garçon. De base, il s'attendait à ce que ce dernier ait la décence de s'expliquer pour de vrai, de justifier son acte non par un mensonge éhonté mais par la plus simple vérité. Mais non. Mini-gnome avait décidé que mentir et accuser « Newt » serait l'échappatoire idéal. Cette idée saugrenue perturba un brin le septième année, qui fixa son cadet en ignorant tout ce qui se passait autour. Après quelques instants de flottement, le p'tit nain détourna finalement le regard, visiblement gêné.

« Bon. Je vois que ça ne prend pas. Je suis désolé, je devais essayer. C’est pas notre faute d’accord ? On ne savait pas ! Et puis, je voulais protéger un ami, c’est pour ça. Je n’aime pas mentir, mais je pense que parfois ça vaut le coup. » 

Bien que toujours perplexe, Mika considéra que cette excuse s'annonçait bonne. Du moins, sincère, vu qu'à ses yeux, rien ne justifiait le kidnapping et la mort par Bouffage Sauvage de ses muffins.

«  La vérité c’est que…Avec mon pote, » continua le nain en désignant d'un coup de tête l'autre première année, « on était tranquillement en train de jouer devant le feu quand je lui ai dit que j’avais faim. Alors, il est gentil tu sais, il m’a dit qu’il allait chercher un truc dans la grande salle, mais en se levant il a vu des muffins tout seul, alors il me les a donnés, puis il est descendu chercher autre chose. Mais c’est pas sa faute, il savait pas qu’ils étaient à quelqu’un, il voulait seulement aider ! Il est vraiment trop sympa. Puis c’est moi qui les aient mangés alors…tu as raison de t’en prendre à moi ! »  

Le jeune Hawkmoon se tint l'arrête du nez d'une main, soupirant longuement. Il releva son regard doré vers le jeune criminel.

« Bon, c'déjà mieux que ton excuse précédente. Mais quand même. Tu devrais dire à ton pote » commença-t-il en jetant un regard bien appuyé audit pote, « de s'acheter des lunettes. J'étais sur ce fauteuil d'puis l'arrivée des muffins. Ils étaient donc pas seuls. Si j'avais été dans votre cas, et qu'y'aurait eu personne dans la salle commune, alors moi aussi j'me serais servi. Mais c'était pas le cas. Un vol reste un vol. Ton pote est donc fautif, on est bien d'accord. Mais toi, c'est pas mieux. T'a- »

Fracas soudain. Michaël se retourna brusquement vers le nouvel arrivant, au niveau des escaliers des dortoirs. Nouvel arrivant qui se voulait être discret. Chose difficile quand on vient de se vautrer violemment pour se relever et beugler « Non non il ne s'est rien passé DU TOUT ~ » suivit d'un « Salut la compagnie !! ». Mika, pour sa part, éclata de rire. La chute était magnifique, et la réaction du cascadeur était splendide.

« Woah qu'est-ce qu'il t'es arrivé?! Quelqu'un t'as frappée?! » s'exclama le nouveau venu en voyant Nosebled-girl.

Cette exclamation permit à Michaël de se calmer quelque peu. A vrai dire, il ne s'était pas posé la question du pourquoi du comment elle en était venue à faire une hémorragie nasale. Il s'était contenté de constater les faits et de proposer une solution, ni plus ni moins. En jetant un regard à cette élève, il se rendit soudain compte que le première année et son élégante voisine avaient mis les voiles. Il en fit la remarque au nain permanenté, mentionnant au passage que son ami n'était pas si gentil, avant de se gratter le crâne. Il sortit alors sa baguette et, d'un sort, il fit en sorte que la couverture empêche le mini-gnome de fuir à toutes jambes – mais pas nécessairement de se déplacer, courir n'était juste pas chose aisée. Il se leva, repose le p'tit gars dans le fauteuil et se dirigea vers la brune ensanglantée.

« Bon, bouge pas. 'suis obligé d'm'approcher pour être certain d'pas te louper. J'voulais éviter d'en arriver là, vu que je suis pas très doué avec ce sort, mais bon... » commença-t-il. Il prit une rapide inspiration, puis fit les gestes appropriés, et lança l'episkey. « V'la, ça devrait aller un peu mieux... Par contre, j'te conseille de pas aller en cours cette après-midi, et d'te reposer. Parce que bon, c'pas dit que ton hémorragie se relance pas si tu bouges trop, et j'ai cru comprendre qu'tu préférerais éviter l'infirmerie, si possible. Doooonc... Les fauteuils et ton dortoir seront de bons complices. V'la. Sur ce, évite de nous claquer entre les doigts! »

Il acheva ses paroles par un sourire tout simple, avant de se retourner, et de se focaliser à nouveau sur le nain permanenté.

Je me dirige prestement vers ma salle commune, un grand sac dans la main plein de muffins tout frais. J'ai décidé de sauter le banquet du midi pour aller voler un peu, histoire de me détendre. Après tout, la septième année est une année pleine de stress, et chaque minute sur mon balais me fait oublier ces horribles aspics. Je ne sais pas encore trop ce que je vais faire l'année prochaine. Une chose est sûre : je veux continuer de m'amuser et d'apprendre le plus de choses possible...Enfin... Si elles sont intéressantes. Je ne suis pas comme ces Serdaigles qui ont la passion de la connaissance. Certains trucs m'intéressent et d'autres pas du tout. Comme les runes. Je sais que c'est utile mais je m'en fiche pas mal.

Je lance tranquillement un tempus et me dépêche de monter les marches. Je dois me presser pour récupérer mes affaires. Je refuse d'être en retard en Potions et je veux manger au calme dans ma salle commune. Timing serré donc. Il y a beaucoup de monde dans les couloirs et les divers escaliers. Une première année trébuche dans la marche maudite, comme j'aime l'appeler, et j'entends Peeves se marrer comme un trou. Je soupire après l'avoir rattrapée de justesse. Après un petit sourire et un petit « attention à la marche maudite » je continue ma route avec entrain, sifflotant un air entraînant.

Ah ! La voilà, ma salle commune adorée. Tu y es presque Pad', à toi les muffins au coin du feu, tranquillement installée ! Je discute quelques minutes avec la grosse Dame, la complimentant sur ses vêtements (aujourd'hui elle a opté pour du violet. Les habits de soie la mettent réellement en valeur, j'ai même vu le chevalier d'un cadre voisin lui faire de l'oeil, l'autre jour). Comme à son habitude, elle m'ouvre la porte une fois le mot de passe prononcé. Amie ou pas, elle connaît son boulot, la grosse Dame, et ne s'en détourne jamais. Je l'apprécie assez pour ça, d'ailleurs.

Et c'est là que la désillusion commence. Si près de reprendre les cours, je m'attendais à voir la salle commune désertée. Mais c'est tout le contraire. Je laisse le portrait se fermer derrière moi et m'adosse au chambranle de pierre de la salle commune pour observer le véritable documentaire animalier qui se déroule devant moi. Entre l'espèce de gorille qui a saucissonné un petit hamster effrayé pour je ne sais quelle histoire, le crétin de suricate qui vient de s'exploser la tronche au sol et la petite chatte dans un coin, qui semble faire la moue... Attend...Est-ce que c'est du sang ?!

Je sors rapidement de ma cachette et balance sciemment mon balais je sais pas trop où et remarque le susnommé gorille à côté de mon attrapeuse puis me dirige vers Shae, ma camarade de Quidditch avec toute la prestance qui m'a été donné d'avoir. Donnant un coup de hanches à Hawkmoon pour qu'il sorte, je me penche ensuite pour voir son visage et son cou plein de sang, ainsi que ses vêtements puis je m'assois à ses côtés.

-Salut Shae. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Tu t'es pris un cognard ou quoi ? Quoique... En dehors du terrain c'est peu probable. Il n'y avait personne d'autre que moi en plus. Alors tu t'es battue ? Ça te ressemble pas trop... ou peut-être que si je sais pas.

Je me tourne vers mon camarade de septième année, un air blasé sur le visage après l'avoir vu « de loin » effectuer un episkey. Je soupire ensuite et sort ma baguette puis tente de nettoyer les vêtements et la peau de ma camarade. Succès absolu ! Yes ! Je me relève ensuite et lance un tempus puis grogne. Avec toute cette agitation j'ai perdu du temps et je n'en ai presque plus pour manger mes muffins, aller chercher mes affaires et me rendre en cours de potions à temps. Je lance un petit « peu importe » à Shae et lui donne un de mes précieux muffins avec un grand sourire puis vais m'asseoir sur le fauteuil à côté du saucisson humain, ignorant le septième année aux cheveux de feu à mes côtés. Je sors un autre muffin de ma poche et mord dedans avec envie puis me tourne vers le petit hamster bouclé.

-Alors, qu'est ce que t'as fait à ce crétin de Hawkmoon pour qu'il te transforme en bout de charcuterie vivant ? Me dis pas qu'il fait encore sa crise ?

Je croque de nouveau dans mon muffin moelleux et tombe sur un des éclats de caramels contenus à l'intérieur. MERLIN TOUT PUISSANT ! NIRVANA DE SAVEUR!Je me plonge ensuite dans toute une liste de compliments à faire à Criola, la petite elfe de maison, pour avoir fait des muffins aussi succulents.

Ohlala mais allait-ils tous lui demander un par un si elle s'était battue ? Vraiment, les gens qui ne la connaissait pas encore, passe, mais Paddy ? Sa capitaine ? Elle devrait savoir qu'à part avec une baguette quand on la provoquait en duel, elle n'utilisait jamais la violence pour arriver à ses fins. Mais bon. Peut être que le fait de la voir blessée était aussi une chose anormale et que donc elle pouvait découler d'un incident inhabituel. Elle n'allait certainement pas dire à tout le monde qu'elle s'était juste prit une porte dans la figure par un élève un peu pressé de sortir de son cours, ça non. Elle avait sa fierté tout de même.

Au moins quelqu'un avait fini par réagir et faire en sorte que son nez cesse de saigner. Même si le garçon en question était bizarre, elle était contente qu'il l'ai fait. Il lui avait fait peur en lui disant qu'il n'était pas doué et s'était attendue au pire. Mais après avoir touché son nez pour vérifier s'il était toujours là et au bon endroit, elle fut obligée de constater que le sortilège avait marché correctement et qu'il n'y avait pas de plus amples dégâts. Elle allait le remercier d'un geste de la tête quand Paddy le dégagea d'un coup de hanche pour venir voir de plus près ce qu'il lui était arrivé. Shae la remercia quand elle l'aida à se débarrasser du sang qu'elle avait mit partout et prit avec joie le muffin qu'elle lui tendait, se dépêchant de mordre dedans et de gémir de contentement. Un, elle aimait ça, deux, avec tout le sang qu'elle avait perdu, elle commençait à avoir la tête qui tournait et un peu de sucre faisait vraiment du bien.

Suivant les conseils du préfet, elle s'assit dans un des fauteuils et essaya de comprendre dans quelle situation s'était encore mit Aiden. Visiblement, son estomac avait encore parlé avec sa tête et il se retrouvait à devoir trouver une explication bidon. Que l'autre semblait avaler assez naturellement. Bah ... peut être était-il d'une naïveté très impressionnante. Ou alors trop gentil pour vraiment en vouloir à un première année. Elle haussa les épaules, elle ne le connaissait pas assez pour savoir ce qu'il se passait dans sa tête. Puis ça ne la regardait pas. Elle avait un muffin qui ... Oh mon dieu était ce du caramel ? Pile poil ce qui lui fallait pour regagner sa bonne humeur. Puis elle se souvint qu'elle devait avoir une retenue le soir même avec Audlington le soir même et se mit à réfléchir. Pouvait elle utiliser le fait qu'elle se soit blessée pour ne pas y aller ? Potentiellement non mais elle allait le faire quand même. Au pire elle reviendrait chercher le préfet pour qu'il confirme sa version. Si il voulait. Sinon, elle aurait juste une punition de plus à effectuer, ce n'était pas comme si elle n'était pas habituée. Pour une fois qu'elle pouvait avoir une explication plausible à sa non présence, elle n'allait pas manquer l'occasion. Décidée à rester bien au chaud dans la salle commune pour la fin d'après midi et la soirée, elle se positionna plus confortablement dans son fauteuil, lécha ses doigts après avoir avalé la dernière bouchée de son muffin et décida d'observer la suite des événements. Avec un peu de chance, ce serait un véritable divertissement pour elle.

Mais. Mais qu’est-ce qu’il faisait dans cette maison ? Ils étaient tous malade. Mais vraiment. Il se posait sérieusement des questions…

Déjà, la nouvelle arrivante. D’accord, lui-même était gaffeur et tombait en moyenne d’une fois et demi par jour, mais il le dissimulait bien mieux ! Crier qu’il ne c’était rien passé ne faisait qu’attiré l’attention. Ces gens n’avaient donc aucune logique ?

Quand a son bouc-émissaire, il c’était fait la malle ! Le respect se perdait !

Bref. En regardant autour de lui, il se demanda vraiment s’il était à sa place. Tristement, tout le monde lui avait toujours répondu qu’il était Lion jusqu’au bout des mèches de cheveux. Peut-être qu’il appartenait bel et bien à ce chaos. Avec Shae et son nez en sang, fière malgré tous, avec cette fille souriante qui tombait sans que ça ne la gêne réellement, avec ce rouquin accro au muffin qui semblait prêt à lancer un procès, avec ce mec au look louche qui semblait arriver comme un cheveu dans la soupe.

Assis sur son siège, à regarder cette masse diverse d’inconnu, il sourit. Se disant que peut-être, ils avaient raison. Il appartenait à ce lieu.

Et ce, même s’il ressemblait actuellement à un Fajitas humain. Merci tête d’allumette.
Soudainement content, surtout pour quelqu’un dans sa situation, il roula hors du siège, se déplaçant à même le sol tel une larve. Il profita des diverses conversations pour parcourir plusieurs mètres et s’approcher de l’entrer. Enfin, dans sa tête il fit plusieurs mètres. En vrai, vous pouviez apercevoir le ver de terre qu’était devenue le jeune homme, parcourir difficilement quelques centimètres, presque en sur place.  

-Gnyha.

-Alors, qu’est-ce que t’as fait à ce crétin de Hawkmoon pour qu’il te transforme en bout de charcuterie vivant ? Ne me dit pas qu’il fait encore sa crise ?

-Gnyyyah, s’essouffla-il encore en essayant d’avancer. Gnyy- Hu ?

On lui parlait à lui ?

-Euh…, aussi naturellement que possible, il se releva à demi, s’appuyant sur son coude et regarda la jeune fille. Elle avait l’air de connaître le dragon. Elle serait de son côté s’il s’y prenait bien. Il releva les yeux, souris à la furie au cheveux rouge pour le narguer puis regarda la jeune demoiselle à nouveau. Puis il répondit en reprenant ses propres mots.

-Il a encore fait sa crise !

Ne souhaitant finalement pas plus que ça se mêler de scandales qui ne le regardaient pas, Teddy passa son chemin pour aller se glisser un peu à l'écart à côté de la fille qui saignait du nez. Son rayon à lui c'était les mystères, pas les rumeurs de nanas et les dramas de vieilles dames. Cela étant cette histoire de muffins attisait sa curiosité, et surtout son appétit. Et voir les deux filles croquer dedans à pleines dents avec des expressions ravis le faisait d'autant plus saliver. Si le Gryffondor avait été sans-gêne, il aurait demandé à la septième année si elle en avait encore en stock. Or cette pensée ne l'effleura même pas, et il préféra faire son deuil culinaire en silence, se frottant la joue endolorie par sa chute.
Teddy fouilla la pièce du regard à la recherche de Serena, sans succès. D'ailleurs, la salle commune était bien bruyante ce midi-là... Comme quoi une affaire de disparition de gâteaux pouvait faire beaucoup de bruit dans tous les sens du terme.
Gh...
Des gâteaux...
L'estomac du garçon émit un gargouillement et il croisa ses bras par-dessus son ventre. Surtout qu'il y avait des filles juste à côté. Et avoir des gargouillis juste à côté des filles ce n'était pas franchement le summum du charme. Pas qu'il veuille les charmer, mais...
Décidément Teddy arrivait à s'embrouiller même dans ses pensées.
Pathétique...
Tentant de briser la glace d'une manière plus... "classique" que de beugler un "salut la compagnie" à pleins poumons, il s'adressa au duo de jeunes filles avec un sourire qu'il voulut avenant :

- Dîtes... ça dure depuis longtemps ce bazar?

Sa voix partit en vrille sur la fin de la phrase alors que son estomac se remit à ronronner, et il haussa le ton par réflexe pour tenter de dissimuler le bruit émit par le traître. Et allez, entrée en matière bizarre : fait. Décidément, garantir la solidité de son image ne serait pas simple. Grr, mais où était Serena quand on avait besoin d'elle? Si elle avait été présente ils auraient pu rester entre gens... "originaux"! Et il aurait moins fait tâche tout seul...
Baaah. Tant pis.
Mais sinon... Il ne restait vraiment plus aucun muffin?

Enfin, se focaliser sur le nain, c’est vite dit, eh.

Il en avait bel et bien eu l’intention, ne vous y trompez pas ! Il voulait l’embêter encore un peu, dans cet élan d’immaturité qui ne lui était pas étranger. Mais l’occasion disparut aussitôt qu’un coup de hanche poussa soudainement le rouquin, le déséquilibrant au passage. Titubant, il manqua de tomber. Mais fort heureusement pour lui, le fauteuil lui faisant face lui permit de s’éviter une chute assez douloureuse. Bref, Mika avait fait un vol plané et se retrouvait encore sur ses pieds par miracle.

Il se retourna, fusillant du regard la garce qui avait osé le bousculer de la sorte. Paddy White. Ca ne l’étonnait même pas. Il l’avait aperçue lors du repas, plus tôt, ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’elle ne débarque à son tour dans la salle commune. Par contre, ouais, le dégager comme ça, alors qu’il venait d’aider quelqu’un, l’ignorer, et agir comme s’il avait fait absolument n’importe quoi…. Ouais non, ‘fallait pas déconner non plus.

Le visage du rouquin arbora une expression boudeuse.

Puis, écoutant les propos de son amie-qui-lui-pète-régulièrement-les-co…cacahuètes, il comprit que la fille qu’il avait aidé s’avérait être une de ses amis. Ou p’t’être juste une membre de l’équipe de Quidditch. Ou les deux. Ou une autre option à laquelle Michaël n’avait pas songé. Hmm. Le monologue de Whity continua, et affirma une des options : miss hémorragie nasale était membre de l’équipe de Quidditch. Et ce fut pile à ce moment, alors que Mika s’auto-congratulait mentalement, que la capitaine de l’équipe lui lança un regard blasé. Le seul regard qu’elle lui eut lancé depuis son arrivée. Elle soupira, ignora à nouveau son existence, nettoya l’Ensanglantée, et se mit à taper la causette avec le nain en bouffant des muffins.

« Alors, qu'est ce que t'as fait à ce crétin de Hawkmoon pour qu'il te transforme en bout de charcuterie vivant ? Me dis pas qu'il fait encore sa crise ?

- Euh… commença le nain en se redressant. Il offrit un sourire des plus détestables au rouquin. Il a encore fait sa crise ! »

Eh bah putain. La pseudo-bonne humeur de Michaël venait de faire une chute des plus vertigineuses. Il fulminait, son attention uniquement tournée vers le nain et l’autre débile de capitaine. La blessée ? Le punk ? Oubliés. Il se redressa, bien debout sur ses jambes, les sourcils froncé, le regard courroucé.

« Eh bien Whity, tu apprendras que non seulement ce gosse s’est goinfré de mes muffins, mais aussi qu’il faudrait que tu comprennes, un jour, la différence entre " ce crétin de Hawkmoon " qui fait sa crise, et une simple séance de " je taquine mes cadets ", enfin surtout un. Et puis, t’es pas censée te bouger le cul pour aller en cours de potions ? Ça la foutrait mal que t’arrives à la bourre. Qui sait, on pourrait même t’accuser de prendre exemple sur l’abrutit de service. Oh mais qu’est-ce que je suis con, pourquoi je te parle ? T’es trop occupée à ignorer mon existence. » déclara-t-il beaucoup plus sèchement qu’il n’en avait de base l’intention.

Bon. Sa propre réaction était immature au possible. Mais elle l’avait vexé, presque blessé ! Sérieusement. Il aide, dans la mesure de ses capacités, une comparse lionne, qui s’avère être une des potes de la capitaine, et PAF, elle le dégage comme un malpropre. Ni bonjour, ni merde, ni rien. Ils avaient beau être potes, y’a des fois où la Whity, et bah elle lui pétait allègrement les couilles. Et quand on lui pète les couilles, au Mika… Eh bien, il a tendance, soit à réagir comme un gosse, soit à virer en mode Méchant Mika. Et le Mikanou, il préférait éviter ce dernier mode. D’où le nouvel accès d’immaturité. Bref.

Michaël soupira, attrapa son sac là où il l’avait laissé, et se dirigea vers la sortie. Il s’arrêta sur le pas de la porte, sembla hésiter un bref instant, comme s’il voulait rajouter quelque chose. Puis, en fin de compte, il sortit de la salle commune en silence. Arrivé dans le couloir, il hésita à nouveau. Aller en cours de potions, ou sécher ? Eh. Quelle question.

Sécher, évidemment.  

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