Je m'étais levé ce matin sans trop de but, juste l'envie de sortir. Je m'étais alors vêtu de mon traditionnel t-shirt et de mon habituel jean. Puis je me fis la reflexion qu'il fallait peut-être que je porte d'autres vêtements qu'un t-shirt et un jean. J'entrepris donc de mettre mon juste-au-corps en cuir dont je ne me revêtissais que rarement. Une fois habillé, j'ouvris la porte de mon hameau et sortit. Le soleil s'était à peine levé et la rosée du matin avait formé de nombreuses gouttes d'eau qui perlaient sur les feuilles des buissons et sur les quelques toiles d'araignées tissées si minutieusement. Je me mis ensuite à marcher en me dirigeant inconsciemment vers Pré-au-Lard.

Sur le chemin, je repensais à toute  ma vie comme j'avais l'habitude de le faire quand je me promenais dans la forêt. Durant toute mon existence, les gens s'étaient occupés de moi, David, Cecil, ils m'avaient aidé quand j'étais au plus mal. Et moi, je n'avais été utile à personne, je n'allais pas m'apitoyer sur mon sort mais il fallait peut-être que je me rende utile à quelqu'un. Je savais que j'en étais capable mais il me restait maintenant à trouver qui aider. Alors que je marchais, toujours perdu dans mes pensées, les arbres se firent de plus en plus rares et la vue se dégagea sur Pré-au-Lard. Je décidai de descendre les rues les plus fréquentées du village.

Après plusieurs minutes passées à vouloir aider des gens qui, la plupart du temps, vous regardait avec cet air supérieur, je me décourageai et arrêta mes recherches. Les gens avaient un ego trop important pour accepter d'être aidés. J'avais l'impression d'avoir fait le tour des gens de cet endroit quand un éclair me traversa : quel endroit était rempli de sorciers ayant un ego assez petit pour se laisser aider ? Le chemin de traverse ? Non, trop de gens trop importants. Le Chaudron Baveur était empli de personnes, étranges certes, mais très accueillantes selon Mme Durvan. Cette dernière m'y avait emmené après que j'ai réussi à invoquer mon patronus pour la première fois, j'y avais fait la rencontre d'une dame travaillant pour le ministère dont je ne me souvenait plus très bien du nom, O'... O' quelque chose. C'était une amie de Mme Durvan du temps où elle enseignait encore. Elle était venue avec son mari et son nouveau-né, je me souviens assez bien de ce jour où j'avais un peu bu et beaucoup rit.

Sitôt dit, sitôt fait. Je transplanai alors devant la... boutique, le batîment n'avait pas changé toujours une façade délabrée et un air déserté, parfait pour repousser les moldus. Je poussai alors la porte, fit quelques pas et je fis entourer de bruits et d'images bien fidèles au lieu. La plupart des gens était des adultes mais certains élèves de Poudlard, semblaient ils, logeaient ici. Je m'assis alors à une table contre un mur comme je l'aimais quand un garçon vint me voir :

-Qu'est ce que je vous sert ?

N'ayant pas l'habitude de prendre de l'alcool seul je préférais me limiter à une infusion.

-Une infusion au thé vert s'il vous plait.

Le jeune homme me regarda bizarrement puis, après quelques secondes d'hésitation, s'éxécuta et se dirigea vers le bar. Je l'accordai que cela était étrange de prendre une infusion pour une personne comme moi et dans ce genre de lieu. Mon infusion me fit servie dans une petite tasse ébrechée un court instant plus tard. Je m'amusais avec la partie abimée de la tasse du bout de mes doigts quand celle-la s'effrita et quelques morceaux tombèrent sur la table. Oups. Je tournai la tasse pour ne pas me couper la lèvre puis continuai à boire. Je repensais au moment heureux que j'avais passé ici avec Mme Durvan quand une voix me souffla à l'oreille :

-Reparo.

Je sursautai alors et fit tomber maladroitement ma tasse heureusement vide. Malgré mes bons reflexes, je me réussi pas à rattraper la tasse à temps, elle precuta le sol et se brisa en beaucoup plus de morceaux qu'avant. La voix venant de derrière moi se fit plus forte :

-Reparo !

Les petits bouts se regroupèrent pour reformer l'objet, une fois le rapide processus achevé, je pris la tasse dans mes mains. Elle était comme neuve, les morceaux que j'avais moi-même arrachés s'étaient eux aussi recollés. Il n'y avait pas à dire le sort avait été correctement éxécuté. Je me retournai alors pour voir la personne à l'œuvre de ce sort et découvris à mon immense surprise une jeune fille avec une robe et des couettes. Je la saisis par le bras et la fis s'asseoir en face de moi.

-C'est étrange de voir un enfant exécuter un sort ici, mais c'est encore plus étrange quand il réussit. Quel âge as-tu ? 11 ans je paris. Et tu vas entrer à Poudlard n'est-ce pas ? Comment t'appelles tu et surtout que fais tu ici ?

Je l'admets cela faisait beaucoup de questions mais j'étais choqué de la réussite du sort cela devait faire plusieurs semaines qu'elle s'entraînait.

La jeune fille avait beau être assise, des regards planaient désormais sur nous. Je souris aux personnes qui nous observaient pour leur dire que tout allait bien et qu'il n'y avait pas besoin de paires d'yeux pour nous fixer. Les traits de la perturbatrice étaient tombés et cette dernière avait la bouche légèrement ouverte, terrifiée par ce qu'il se passait. L'enfant se mit en position fœtale sur sa chaise, j'y étais aller un peu fort... beaucoup trop fort même. Je n'avais pas l'habitude avec les enfants, j'étais souvent trop direct avec eux. Cela se comprenait étant donné que la plupart d'eux se plaignait pour un rien. La jeune fille sembla se ressaisir lentement puis elle prît la parole. Elle commença à s'excuser, bégayant tout les cinq mots il me semblait. Je ne pris pas le temps de l'écouter, c'était méchant certes mais je savais que je n'obtiendrais pas les réponses souhaitées. durant son long monologue, la future élève n'avait pas osé garder son regard posé sur moi plus d'une seconde. A la fin de son discours, elle réussit enfin à me tenir tête et tînt mon regard. J'attendis de longues secondes pour voir si elle détournerait le regard ou non et à ma grande satisfaction elle tînt. A partir de là trois possibilités étaient à envisager, elle était soit courageuse, soit curieuse ou soit complétement stupide. Le fait qu'elle est réussi on sort éloignait l'hypothèse qu'elle soit stupide et la manière dont elle bégayait éloignait ma seconde hypothèse. Une vilaine fille curieuse, les pires enfants selon moi, incapable de rester sans bouger ou de ne rien toucher pendant plus de trente secondes. J'espérais que celle-là ne le serait pas, ou du moins pas trop. Je lançai une seconde tentative un peu plus calme :

-Tout d'abord calme toi, je ne vais ni te manger ni te séquestrer dans une cave noire et humide quoique c'est ce qu'il risque de t'arriver si tu ne me répondais pas clairement à mes questions. Comment t'appelles tu ? Et que fais tu ici, seule ?

Y aller en douceur... A premier abord l'idée me ravissait mais je n'avais pas su contrôler mes paroles. Je ne me repris pas car je savais que ces paroles feraient plus d'effet qu'une gentille demande toute simple. Je plongea mon regard dans celui d la jeune fille en espérant qu'elle ne s'évanouisse pas. Je lui adressai ensuite un grand sourire presque malsain découvrant mes dents.

Effrayant.

La jeune fille resta muette quelques secondes, naturellement, mais elle reprît la parole plus vite que je ne l'aurais pensé. Cette fois-ci, elle ne se contenta pas de bégayer et de s'excuser, elle me parla droit dans les  yeux avec une touche de colère contre moi

-Mon prénom est Lily, je suis venue ici sans prévenir mes parents parce que je voulais m'exercer toute seule mais ma mère est dans la salle et si vous essayez de m'enlever, elle vous capturera aussi facilement qu'on attire un sombral avec une demi carcasse de vache !

Bien, très bien même. Sur ce coup j'étais fier de moi, et d'elle aussi étrangement. Elle avait fait preuve d'une petite part de courage qui n'avait duré qu'une quinzaine de secondes, mais une quinzaine de secondes quand même ! Elle s’appelait donc Lily, c'était un bien joli nom. Le fait que sa mère soit dans la salle et que l'enfant soit venue ici sans en avertir ses parents me parût bizarre. Sa référence aux sombrals m'apprît qu'elle avait quelques connaissances sur le monde magique. Elle devait se sentir un peu coupable de m'avoir parlé ainsi car elle enchaîna avec un trait d'humour... son trait d'humour :

-Et si vous me mangez, je me lancerais à moi-même un sort pour que ma chair soit empoisonnée !

Moins bien. Elle avait apparemment plus besoin de cours d'humour que de sort. Je me doutais qu'elle ne connaissais pas de sort capable de se rendre indigeste ou empoisonné même si il devait sûrement existé.

Bref, cette dénommée Lily m'intriguait au plus au point et j'étais avide d'en savoir plus sur elle. Moi qui était venu ici pour aider quelqu'un, et bien on peut dire que j'étais servi. Sans vraiment faire attention, je pris la tasse récemment cassée puis réparée dans mes mains et commençai à jouer inconsciemment avec.

-Enchanté Lily, je suis Evan Wood mais même si tu es assez jeune, tu peux m'appeler Evan. Je ne supporte pas trop l'idée que quelqu'un m'appelle monsieur. Lily peux tu me dire combien de temps cela fait que tu t'entraînes à ce sort ?

Cela m'intriguait vraiment qu'une si jeune fille puisse effectuer ce sort, cela devait faire plusieurs semaines qu'elle s'entraînait. Au fond de moi-même, j'étais presque sûr que cette Lily avait de grandes capacités et qu'elle deviendrait assez rapidement une très grande sorcière. Elle devait cependant m'en persuader d'avantage si elle voulait devenir quelqu'un dans l'histoire de la magie.

Après mon discours, la jeune fille parût plus en confiance. Ses épaules, inconsciemment remontées, remontèrent et son dos se cambra un peu plus. Apparemment mes quelques paroles avaient fait changer son opinion sur moi, elle ne me voyait plus comme un détraqué psychopathe à la recherche d'un enfant un peu trop éloigné de ses parents. Pour couronner le tout, les traits de son visage étaient tout à fait serein, elle semblait particulièrement calme :

-Enchantée Monsieur Evan.

Elle se foutait de moi. Elle se foutait de moi c'était sûr. J'avais raison au final, insolente et curieuse. Ça ne tiendrait qu'à moi je lui aurais appris les bonnes manières. Hélas, ça ne tenait pas qu'à moi. Etrangement, je sentais que cette petite allait me sortir par les oreilles. J'espérais cependant pour elle que c'était une gentille blague et qu'elle ne continuerait pas à m'appeler par ce nom. Je décidai de garder mon calme, quoique frustré par ce appellation. Lily continua de parler, toujours aussi calme :

-Je m'entraîne depuis tout à l'heure. Mes parents m'ont acheté ma baguette aujourd'hui et je voulais l'essayer. Mais je ne connais aucun sort. Alors j'ai lu plusieurs fois mon livre de sortilèges et j'ai essayé de faire le geste. C'est après que je suis descendue pour trouver quelque chose de cassé parce qu'il n'y avait rien dans ma chambre et que je voulais pas casser quelque chose.

Cela était à peine croyable, si bien que je ne voulais pas y croire. Même si je ne connaissais l'élève que depuis quelques minutes, j'avais confiance en elle, pour simple raison de son âge et de sa timidité. Certes le sort reparo était l'un des plus basique mais de là à le réussir en si peu de temps c'était quasi-impensable. Au fond de moi, je refusais de croire qu'elle ai relever ce défi. Si je pensais cela c'était sans doute car une part de moi était jalouse de la réussite de la jeune fille. Non pas que j'avais mis un mois à réussir ce sort, mais je ne revenais pas qu'elle ai su exécuter ce sort en quelques heures. Je savais que j'étais jaloux, c'était dans mon caractère. Je pense que ses parents seraient fiers d'elle, comme l'avait été Madame Durvan  à l'époque. J'aurais aimé pouvoir aider Lily à l'art de la magie, donner à mon tour un héritage de savoir et avoir cette relation mentor-élève que j'avais aimé il y a quelques années de ça, mais cette fois-ci j'aurais été le mentor et plus l'élève. Cette envie parcouru le moindre centimètre de mon âme, l'idée de revivre ces sensations, ces libertés et ces joies me procurait un bien unique et si puissant à la fois que je ne pus retenir les mots de sortir de ma bouche :

-Lily, il faut que tu me présente tes parents, ta mère n'est pas loin c'est ça ? J'ai a l'informer de ta réussite et aussi à lui parler

Ce sentiment d'enfin pouvoir être quelqu'un me saisit et à ce moment, je fus le plus courageux et le plus heureux des hommes de toute cette planète... du moins me semblait t il.

J'étais particulièrement confiant en moi, je me sentais comme un gamin la veille de Noël. Je me sentais étrangement vivant. Hélas, la petite fille ne partageait pas le même avis que moi :

-Que... Quoi ? Non, je... S'il-vous-plait monsieur Evan, je préfèrerais ne pas en parler tout de suite à mes parents. Et puis ils n'aimeraient pas savoir que j'ai parlé à un inconnu non plus.

Lily venait de briser mon plus grand rêve en seulement quelques secondes. Cela dit, je ne pouvais pas lui en vouloir, ses arguments étaient convaincants et logiques. Même si au fond de moi... même si j'étais extrêmement déçu, je souris à l'élève.

-Je comprends, il est de ton droit de ne pas vouloir le dire à tes parents. Je ne t'en veux pas.

Je m'attendais à une réaction de la jeune fille, cependant elle ne me regardait plus. Elle se moquait de moi ou quoi ?

-Heho, tu m'écoutes ?

Elle ne voulait pas m'entendre. Et elle ne bougeait pas non plus, bizarre. Elle avait le regard fixé dans le vide, ou du moins c'est ce que je croyais. Je suivis la ligne imaginaire de son regard pour tombé sur une dame, de la trentaine voire la quarantaine. Et cette dame regardait aussi Lily. A ce moment, les paroles de l'élève me revinrent en tête "Ma mère est dans la salle". Je n'étais pas habitué à dire des vulgarités mais là je n'avais pas su me retenir.

-Merde.

La mère regardait son enfant avec un air mécontent, mais pas méchant. Elle se mit alors à marcher vers nous, elle ne m'avait pas vu, pas encore. Plusieurs choix s'offraient à moi : essayer de persuader la mère de Lily de ne pas disputer sa fille et que si elle était ici c'était de ma faute ; partir discrètement pour que la mère de Lily ne me fasse pas enfermer à Azkaban pour tentative d'enlèvement de mineur ; ou dire la vérité. Pour tout avouer, aucune de ces solutions ne m'inspirait, ainsi je restai debout attendant mon heure et me demandant ce qu'il allait se passer.

La mère de Lily se rapprocha de notre table, tantôt un regard inquiet vers la jeune fille, tantôt un regard suspicieux vers moi. Je n'avais pas peur de ce qui allait arriver. Après tout c'était Lily qui était venue à moi, pas l'inverse.

- Lily ! Qu’est-ce que tu fais ici, où est ton père ? Et qui cet homme ?

C'était les deux questions auxquelles je m'attendais, mais ce n'était pas à moi d'y répondre. Enfin pas la première. La maman n'avait pas l'air très contente de voir sa fille protégée avec un inconnu de mon âge. Son regard était posé sur moi, essayant de déterminer mes envies. Puis son regard se fit plus doux, l'inquiétude finit par disparaitre pour laisser place à de la surprise ou quelque chose dans le genre. Lily allait sans doute tout expliquer lorsque sa mère la devança :

- Excusez-moi jeune homme mais j’ai l’impression de vous avoir déjà vu. Que faisait ma fille avec vous ?

On se connaissait ? Il est vrai que le visage de la dame m'évoquait un vague souvenir, mais allez savoir qui exactement. Je ne croyais pas vraiment pouvoir la connaître, je suis resté dans ma forêt des années durant sans voir de monde, ou très peu. Si je connaissais réellement cette personne, il y avait de grandes chances qu'elle ai un rapport avec Mme Durvan. Alors autant ne pas tourner autour du pot plus longtemps :

- Il y a peu de chance que l'on se soit déjà vu madame. J'ai grandi pendant une grande partie de ma vie dans un forêt avec une dame âgée du nom de Alexandra Durvan. Et si je vous avais rencontré plus tard que cette époque, je m'en serais souvenue.

Quelque chose dans la tête de la mère dû se déclencher car elle ouvrit de grands yeux et un grand sourire découvrit ses dents :

- Evan c'est cela ? Ca y est ça me revient. C'était toi avec Alexandra ce jour. Je me souviens de toi, on s'est vu il y a quelques années, peu après la naissance de Lily. Je me présente, Mary-Anne O'Crieff. Je suis une très vieille amie d'Alexandra.

O'Crieff, c'était donc elle que j'avais rencontré ce soir où je fêtais mon premier patronus. Et la nouveau né devait être Lily ici présente. Le hasard faisait étrangement bien les choses, Lily réparait la tasse de l'élève d'une vieille amie de sa mère. Cela m'étonnait qu'elle se souvienne de mon prénom... Bon il faut dire que je n'avais pas tout fait pour être discret le jour où nous nous étions vus pour la première fois.

- Oui c'est bien cela, Evan. Evan Wood. Je me remémorais justement cette soirée que j'avais passé en compagnie de Mme Durvan pour fêter mon premier patronus.

Puis la mère de Lily enchaîna sur un sujet que j'aurais bien voulu éviter :

- D'ailleurs comment va-t-elle ? Je ne la vois pas, elle est restée à la maison ?

Ma mine se fit soudain plus triste, plus dure. Je ne parlais jamais de cela avec les gens, ça me faisait trop souffrir de penser au passé.

- ...Cela va bientôt faire un an que Mme Durvan nous a quitté. Elle était âgée et elle n'a pas réussi à survivre au dernier hiver malgré mon aide.

Tout comme le mien quelques secondes avant, le visage de la dame se décomposa. Apprendre le décès d'un être cher faisait toujours extrêmement mal. Et Mme O'crieff avait l'air de beaucoup tenir à Mme Durvan, elles devaient avoir passé de très bons moments ensembles. Je ne voulais pas laisser la tristesse envahir le lieu alors que Lily venait réussir son premier sort en quelques minutes seulement.

- Oui cette perte me fut extrêmement douloureuse. Mais j'ai déjà fait mon deuil et j'aimerais ne pas replonger dans la nostalgie en face de Lily.

Mary-Anne O'Crieff essuya les larmes qui lui montaient aux yeux et m'offrit un sourire des plus faux :

- Oui oui je comprends tout à fait. D'ailleurs que faisait Lily avec vous ?

Je sentais ce sentiment de manque monter au fond de moi, je me devais de le contenir. Je ne voulais plus souffrir. Je me tournai ensuite vers Lily avec mes yeux rougis par ces tristes souvenirs et lui fit signe d'expliquer elle-même. Si elle voulait cacher des choses à sa mère, autant qu'elle le fasse de sa propre voix.

Lily fut sincère et avoue toute la vérité à sa mère. C'était une fille sage, elle cherchait seulement à apprendre la magie. Elle était curieuse et, même si cela l'avait amené à parler avec un étranger, c'était une qualité qu'il fallait avoir. La curiosité et l'envie d'apprendre.

Mme. O'Crieff passa par des nombreuses expressions que je ne sus décrire. Une sorte d'enchaînement d'attention, puis de colère, d'étonnement, et enfin de compassion. Dans l'ensemble ce n'était pas trop mal. Puis la dame finit par se tourner vers moi :

- Dis-moi Evan. Comment s’est débrouillée ma fille avec son Sortilège de Réparation ?

A ces mots, je ne pus m'empêcher de lâcher un sourire. Je saisis la tasse récemment brisée et la regardai quelques secondes avant de la tendre à Mary-Anne :

- Lily s'y est pris à trois fois avant que le sort ne fonctionne mais la tasse est parfaitement réparée. Si elle n'avait pas été votre enfant, je n'aurais pas cru Lily sur son... récent entraînement.

Certaines personnes avaient des facilités avec certains sorts, et Lily semblait avoir quelques facilités avec le Reparo. Ce n'était pas un sort très compliqué non plus, mais c'était tout de même une prouesse que de réussir un sort après seulement trois essais et sans tuteur.

Je tournais alors la tête vers l'enfant avant de lui adresser un sourire de fierté.

- J’aimerais te demander une faveur, Evan. Je n’en ai peut-être pas l’air comme ça, mais je m’inquiète pour Lily. Elle ne connaît personne à Hogwarts, qui sait ce qui pourrait lui arriver ?

Une faveur ? Que pouvait-elle bien me demander ? Je ne pensais pas avoir plus de connaissances que Lily a Hogwarts. Et les rares connaissances que j'avais n'étaient pas très fréquentables pour une enfant de cet âge. Mais bon... c'était une amie de madame Durvan qui le demandais et si elle avait été parmi nous, l'ancienne professeur serait sûrement ravie que j'accepte. Et puis après tout, cette petite venait de faire preuve d'un véritable génie, ou d'une véritable chance.

- Pourrais-tu garder un œil sur elle de temps à autres ? Tu vis toujours au même endroit ? C’est à proximité du château, non ?

- Euh... j'imagine que oui, je n'ai pas un emploi du temps très chargé ces temps-ci. Et oui, la cabane se situe toujours au même endroit.

Je me demandais si Lily était heureuse ou désespérée à l'idée que je doive la garder. Si elle ne décrochait pas un mot chaque fois que nous serions tous les deux, je la renverrais chez elle. Il est difficile de supporter le silence quand on est seul, mais le supporter à plusieurs est encore pire.

Je tournais alors la tête vers la jeune fille pour voir sa réaction quand sa mère reprit la parole :

- Bien. Dans ce cas je vais te laisser Evan, et toi aussi Lily. Remonte dans ta chambre, je me chargerai de raconter ça à ton père. J'espère que nous nous reverrons bientôt Evan, à une prochaine fois.

- A une prochaine fois Madame O'Crieff. Toi aussi Lily.

Je fis un sourire à Lily avant que sa mère ne l'emporte jusqu'en haut des marches où je les perdues de vue. J'étais amusé de cette rencontre. A vrai dire, j'étais empreint de nombreux sentiments, l'amusement de retrouver Mary-Anne O'Crieff et sa fille, la nostalgie de l'époque où Madame Durvan était encore là et surtout la joie de pouvoir entraîner quelqu'un à mon tour et de reproduire ce qu'avait fait ma tutrice. Je restais assis là, à penser au passé, au présent et au potentiel futur qui m'attendait, jouant inconsciemment avec la tasse encore chaude.