Midi approchait à grand pas, tout le monde était rassemblé à l'intérieur du château car la météo faisait des siennes. Cela faisait en effet trois jours qu'une pluie diluvienne s'abattait sur le château et elle ne semblait pas vouloir s'arrêter. Personne n'osait aller dehors, personne n'était assez fou pour affronter le froid et la pluie. L'hiver touchait à sa fin, mais il était encore bien présent et semblait râler son mécontentement de devoir laisser sa place au printemps.

Et pourtant, malgré les caprices de la météo, le jeune Amun était assis sur une roche au bord du lac. Malgré le temps, il était vêtu d'un simple sweat-shirt et d'un jean. Il avait laissé ses affaires de sorciers dont sa baguette dans sa chambre. La pluie glissait le long de ses cheveux, de son visage penchée sur le seul objet enchanté qu'il avait sur lui : une photo de sa mère. Mêlé à la pluie, des larmes coulaient le long de ses joues. Depuis combien de temps pleurait-il ? Il l'ignorait, il avait perdu la notion du temps, mais ses larmes semblaient ne pas vouloir s'épuiser, contrairement à son corps et à son esprit.

Depuis la mort de sa mère, survenue quelques mois plus tôt, Amun sombrait dans les ténèbres, perdant petit à petit toute envie  à tout ce qui autrefois le passionnait. Il n'allait presque plus en cours et passait le plus clair de son temps seul, à pleurer la mort de celle qu'il chérissait le plus. Il refusait d'écouter les autres, s'énervait dès qu'on lui disait que ça allait passer, il ne fréquentait plus les endroits peuplés, donc ne se nourrissait presque plus. L'envie de vivre l'avait quitté, tout simplement. Mais cela lui était égal... Tout ce qu'il voulait c'était sa mère. Rien de plus, rien de moins...

Et son vœu n'allait pas tarder à se réaliser. Vivre était bien trop dur, alors la mort serait plus douce... Sans oublier qu'il pourrait retrouver sa mère et ça, il n'y avait rien de plus important.Cette dernière n'aurait pas été d'accord, mais elle n'était plus là pour le lui dire. Elle pourrait le faire lorsqu'il passera de l'autre côté. Personne ne pouvait l'en empêcher, il avait prit sa décision.

Prit d'un sanglot, le garçon cacha son visage dans ses mains, il tremblait tellement le froid lui mordait la peau, mais il ne renoncerait pas. Plongeant sa main dans l'une de ses poches, il sortit un morceau de verre tranchant qu'il avait récupéré au château. Il serra le verre, s'ouvrant la main au passage et releva ses manches. Sauter de la tour aurait été bien plus facile et bien moins douloureux, mais son vertige l'empêchait d'approcher le rebord de la Tour d'astronomie et donc de sauter. Il adressa une dernière prière à sa mère et appuya le morceau de verre contre son avant-bras et respira profondément, tentant de calmer ses tremblements.

Tout n'était que ténèbres autour de lui, il n'avait pas le choix, la mort était la seule lumière qu'il lui restait.