- Des deux trucs que tu as proposé... J'aime bien l'invisibilité ! Ou la presque invisibilité ou je sais plus... Bref ! Ça, ça me plaît bien ! Mais euh... hum... Le prends pas mal mais... t'es sûr que tu le réussis le sort ? Enfin, moi je peux voir s'il est réussi ou la cible s'aperçoit de rien ? Juste pour... être sûr. Non, oublie, peu importe hein ? Vas-y lance !

J'arquais un sourcil mais finit par sortir ma baguette. Je fit un petit mouvement du poignet et lança le sortilège de Désillusion sur Eileen.

- Alors ? Verdict ?, disais-je ironiquement.

- Oh ! C'est. Trop. Cool. C'est trop cool ! Quand est-ce qu'on apprend ça ? C'est difficile ? Tu le fais souvent ? Oh, t'en as surement bien besoin chez les Aurors c'est sûr. C'est trop bien ! Tout ce qu'on pourrait faire avec ça...

Je l'entendis s'admirer encore quelques secondes avant qu'elle ne rajoute :

- Héhé, ma main est devenue ton visage. Pffff !

Le fait qu'elle ai décrit la scène me fit imaginer ce que cela pouvait donner. Son admiration enfantine, qui n'était pas sans rappeler ma petite sœur, et son rire m'incita à en faire autant.

- Content que ça t'amuse ! Si tu veux j't'apprendrais à le faire, il est pas très compliqué. Quoi-que, pour une première année... Ça risque d'être un peu plus dur, mais ça peut se faire !

- Pour de vrai ? Trop bien !

Il y eu quelques secondes de silence avant qu'elle ne reprenne :

- Enfin... peut-être pas tout de suite... Les sorts c'est pas... Et puis là il est tard donc voilà.
- Ouais, et Mister Fluffy t'attends, donc ça attendra un autre jour. Tiens ?

Je humais l'air, sentant l'odeur se rapprocher légèrement. J'entendais également ses petits bonds résonner sur le sol des couloirs. Il était tout près.

- Il est juste là, murmurais-je un ton plus bas à l'attention d'Eileen. Au bout du couloir. Fais pas de bruit, et ça devrait aller.

Je l'entendis partir à pas de loups -relativement-, et se débattre avec son crapaud. Elle finit par revenir, j'en déduisais donc qu'elle devait l'avoir enfin attrapé vu les coassements de la bestiole.

- Enfermé dans ma robe de chambre ! Il risque pas de glisser et de s'enfuir là. Aïe ! Mais arrête de bouger. Et tais-toi ! On va finir par se faire repérer et réveiller tout le château ! Chut !

Un sourire qui allait se transformer en rire s'étira sur mon visage lorsque je fut arrêté par une odeur. Une odeur bien trop familière pour que je ne la reconnaisse pas : une odeur de placard à balais.

- Trop tard... Rusard arrive. Nox, murmurais-je pour éteindre la lumière de ma baguette. Ok, pas de panique, restes contre le mur, et toi..., disais-je en pointant du doigt là où devait se trouver Mister Fluffy, pas un bruit, ok ?

Je n’eus qu'un gargouillis étrange en guise de réponse. Je prenais ça pour un oui.

J'attendais qu'Eileen finisse de se cacher pour me mettre en plein milieu du couloir, les mains dans les poches de ma veste. Les pas se rapprochèrent de moi, à pas lents, et je sentais en même temps la chaleur de cette bonne vieille lanterne qu'il gardait toujours sur lui. Il était seul.

- Throwback ?, crachota-t-il. Que faites-vous ici à cette heure-ci ?
- Bonsoir Rusard, moi aussi je suis content de vous revoir, lui répondis-je avec le sourire.
- Ne faites pas le malin avec moi. Je ne sais pas ce que vous faites ici, mais ça doit sans doute se rapprocher de ce que vous faisiez ces sept dernières années...
- Comment ?!, répliquais-je en faignant d'être choqué. Vous m'accusez ?! Après toutes ces années passées ensemble, je pensais que nous étions plus proches, tout les deux !

Je sentais qu'il allait répliquer, et tandis qu'il prenait une inspiration, une vilaine quinte de tout vint remplacer sa réponse. Une très vilaine quinte de toux. Mon sourire s’effaça presque instantanément.

- Rentrez chez vous, Throwback, me menaça-t-il sèchement avant de faire volte face et de repartir en toussant à nouveau.

Je ne pu même pas répondre tant j'étais interdit. Je l'entendais s'éloigner à pas lents, presque titubants, avant de disparaitre.

- Rusard..., murmurais-je à la nuit.

Un petit rire étouffé me ramena à la réalité et me rappela la présence d'Eileen qui se rapprochait de moi.

- "Je pensais que nous étions plus proches" oh le regard qu'il a lancé !

Je haussais les épaules avec un sourire moqueur, n'ayant jamais pu voir un seul regard de Rusard. Même si les imaginer était un passe-temps assez drôle.

- On a eu de la chance, il est parti vite. Cela dit, il avait pas l'air très frais.
- Non, pas vraiment..., répondis-je en regardant vers là où Rusard avait filé.
- Qu'est-ce que t'as fait ces sept dernières années ?
- Hein ? Oh, tu sais... A force de sortir les soirs de pleine lune... on finit par sortir même les autres soirs ! Du coup, on à eu assez souvent la chance de se croiser, lui et moi. Mais il sait que je n'ai jamais rien fait de mal, c'est pour ça qu'il est parti assez vite. Il ne veut pas l'admettre, mais je n'ai pas menti : On s'est beaucoup rapprochés en sept ans.

- Alors vous êtes copains en fait ? Dur d'imaginer Rusard se rapprocher de qui que ce soit... J'ai jamais vraiment eu affaire à lui mais il a une sacrée réputation. Je crois qu'elle remonte presque à la nuit des temps... Mon père m'a dit qu'après Peeves il était probablement la chose la plus redoutable qu'il ait rencontrée.

Je m’esclaffais de rire.

- Et il a probablement raison ! Quoi-que, Peeves est quand même un champion dans sa catégorie, crois-moi !

- Oh il t'a déjà eu ? Avec lui aussi j'ai eu de la chance, je l'ai pas trop croisé. Mais je l'ai vu attaquer tout un groupe d'élèves avec des boules puantes une fois. Je suis vite partie.
- Ouais, c'est son passe temps favori...

Je tendis l'oreille en "regardant" autour de moi, au cas où il nous écouterait. Il avait aussi ce don d'apparaitre quand on parle de lui.

- On devrait aller dormir, maintenant que tu as récupéré Mister Fluffy.

A peine avais-je fini ma phrase que je l'entendis bailler. Ouep, elle devait vraiment aller se coucher.

- Moui... Et puis maintenant qu'il se tait un peu... J'espère que je vais pouvoir dormir.

Un sourire en coin apparut sur mon visage.

- Je vais te laisser alors...

Je hochais de la tête.

- Ravi de t'avoir -enfin- rencontré, Eileen. J'espère que tout ira bien pour toi.

Je me tut quelques instants avant de reprendre :

- Si jamais tu as quelque-chose à me demander, quoi-que ce soit, je suis à Poudlard tout les week-end. En général pas loin du Lac Noir ou de la Forêt Interdite.

Je m'apprêtais à m'en aller lorsque...

- Oh, j'ai failli oublier !, m'exclamais-je en me collant la main sur le front. T'es toujours invisible, vaudrait mieux réparer ça !

Je sortit ma baguette et fit un moulinet dans les airs pour dissiper le sortilège de Désillusion.

- Et voilà le travail !

- Damien ?

Je m'arrêtais dans ma marche, me retournant vers Eileen. Elle avait oublié quelque-chose ? Je l'entendis prendre une grande inspiration. Oy... Pas bon.

- T'étais où à Halloween ?

J'arqua un sourcil, me demandant pourquoi elle m'avait demandé ça, mais je me souvint des mots du professeur Audlington. Elle avait été mordue le soir d'Halloween.

- J'étais... dans la Forêt Interdite, c'est vrai. Mais je ne suis pas celui qui t'as mordue, je peux te l'assurer. Sinon je serais aller te voir bien plus vite pour m'excuser.

Je laissa un temps de silence. J'avais du mal à trouver les bons mots.

- Et... Je suis un loup-garou blanc. C'est pour ça que..., disais-je en tirant une mèche de mes cheveux.

- Hein ? C'est pour ça que ? Oh les cheveux !

Je me joignis à son rire. C'était bien la première fois que je disais la vérité sur mes cheveux, et pas cette histoire de sortilège de teinte permanente.

- Non mais de toute façon c'était ridicule comme question. Le directeur ne laisserait pas ce genre de chose arriver. Et puis avec la potion on peut se contrôler même si c'est bizarre que t'ailles dans la forêt interdite. Enfin, tu fais ce que tu veux et puis voilà. Et c'est vrai que le... celui d'Halloween... Bref, il était pas blanc.
- ...La potion ?

Mais de quoi est-ce qu'elle parlait ?

- Ah oui ! La potion de tue-loup ! Oui, oui...

J'hésitais à continuer à lui dire la vérité, mais je n'étais pas du genre à mentir. Pas quand ce n'est pas nécessaire, en tout cas.

- ...Mais en fait, non. Je... prends pas de potion tue-loup. C'est une histoire un peu longue et compliquée, mais en gros ça me fait plus de mal que de bien.

- Oh. D'accord. Ben tant que c'était pas toi à Halloween, ça va !

Ça va... Moui on pouvait dire ça. Relativement, bien entendu. Mais néanmoins, si cela avait permis à Eileen de lever le doute, alors c'était tant mieux. Nos prochaines conversations seront sans doute moins "tendues" qu'au début de nôtre rencontre.

- Bon, je vais vraiment y aller du coup...
- D'accord. Bonne nuit, Eileen, lui dis-je en souriant.

HRP: