Je finis ma tasse de thé que je posais sur le guéridon avant de faire léviter les quelques goûtes qu'il restai au fond, c'était … Hypnotique.

« La discrétion dépens pour moi de la taille. Je ne sais pas si vous l'avez vu mais … ON me demande des photos, on se retourne parfois sur moi … Et je sais que je vais encore grandir. Ça me mes très mal à l'aise. Après être maladroit tout le monde l'est je suis d'accord. êmais c'est l'impression que j'ai d'être complètement empoté et de me cogner partout. »

Et voilà qu'il s'amusait à faire "voler" les quelques gouttelettes qui restaient au fond de sa tasse. Ah non, ça n'allait pas être possible. C'était... angoissant ! J'avais l'impression que des globes oculaires sans yeux me regardaient d'un air hagard. Je fermais les yeux pour ne plus les voir, mais ça allait faire bizarre si je les gardais ainsi. Je finis par les rouvrir et fixais les flammes ! Il fallait que je les oublies.

"Pourquoi tenez-vous à être discret ? J'ai l'impression que vous parlez de vous comme si ce n'était pas vous... Qu'est ce qui vous met vraiment mal à l'aise ? Le fait de savoir que vous allez encore grandir et que, en conséquent, vous allez être encore plus indiscret ou empoté ? Ou le fait que plus vous grandirez, moins vous aurez l'impression de pouvoir être vous ?"

« Ah … Cette question … » Fis-je avec un petit rire presque triste.

Pourquoi aimais-je être discret ? Et pourquoi pas ? Je n'avais jamais être mis en avant. Être au second plan c'était très bien. Laisser les autres applaudir ceux du premier rang parfait. Si je pouvais faire l'arbre dans une pièce de théâtre je le faisais. Pas par paresse. Non … Juste que j'avais du mal avec le regards des autres.

« Je n'aime pas le fait d'être vu. Le regard des autres me met très mal à l'aise. Faire un exposé au tableau à toujours été un défit pour moi. C'est affreux ! Je dois avoir peur du jugement … C'est plus … Plus j'ai l'impression de grandir plus j'ai l'impression d'être indiscret et maladroit et donc de ne plus être moi. Je fais déjà plus de deux mètres … »

"Est ce une honte de faire plus de deux mètres à votre âge ?"

Je continuais à enrouler une de mes mèches autour de mes doigts.

"Dites, monsieur Wilkes, pourquoi vous occupez-vous du regard des autres, et des autres tout court, avant de penser à vous-même ? Ce que je veux dire c'est que : si on vous regarde, est ce que ça changera quelque chose dans votre vie ? Si personne ne vous regarde, seriez-vous plus malheureux ? Si la société pense des choses de vous, cela fera t il de vous un homme meilleur que ce que vous êtes déjà ? Pensez vous que cela vous atteigne au point de devenir un homme pire ? Si on vous arrête dans la rue pour une photo, est ce que vous deviendrez meilleur que ce que vous auriez voulu être ?"

Je finis par me lever et m'étirer :

"Vous savez, monsieur Wilkes, personne ne vous demande d'être quelqu'un d'autre que vous-même. Et vous êtes bien indélicat que de vous infliger de tels supplices. Est ce si important pour vous de rentrer dans le moule de la société ?"

Il me tendait à jouer avec ses cheveux … Je fis décrire aux gouttes des dessins dans les airs avant de les laisser mourir dans le feu. Il avait de ces questions … Je me massai la nuque avant de me lever lentement.

« Ce n'est pas parce qu'on me regarde ou non qui va me changer. C'est juste que je n'aime pas ça. Ce n'est pas une honte non de faire deux mètre à quatorze ans. C'est juste … Gênant pour certaines choses. Comme les portes ou les vêtements. Mais je ne vois pas en quoi parler de moi va régler le problème de ma sœur et de mon père … »

Oula, il se braquait un peu !

"Je ne comptais pas régler le problème entre votre soeur et votre père. Juste essayer de comprendre comment ils fonctionnaient... Pour que vous puissiez les meilleures vacances possible."

Je penchais la tête sur le côté avant de continuer, toujours sur le même ton détendu et joyeux :

"Et je ne pose plus de questions, c'est promis !"

Pourquoi était-ce si compliqué de discuter de tout et de rien sans se prendre la tête ? Décidément, il était difficile de comprendre mes interlocuteurs... Dés qu'on parlait de choses qui les touchaient d'un peu trop près, pouf, il n'y avait plus personne. Comment est-ce que j'allais faire pour comprendre ?

"Vous vouliez parler d'autre chose au sujet de votre père et de votre soeur ? Ou d'un autre sujet complètement aléatoire si vous voulez !"

Je souris un peu avant de me masser de nouveau la nuque. C'était un tic que j'avais. Mal à l'aise, tendu, embarrassé ou autre je me frottai la nuque. Ce n'était pas ma faute mais … Je n'arrivais pas m'en empêcher.

« Je ne crois pas monsieur … Je n'ai aucune question sur votre cours et aucun autre sujet ne me vient à l'esprit … Ah … euh Si ! Ne m'aviez vous pas dis que vous souhaitiez un mouchoir brodé ? »

"Ce n'était pas prévu que nous abordions les cours. Vous en faites déjà assez le reste de l'année, profitez bien de votre famille pendant ces vacances, monsieur Wilkes."

Je fronçais légèrement les sourcils à sa question. Peut-être... Je n'en avais aucun souvenir... Mais, dans le contexte actuel, je m'en voudrais vraiment s'il m'en faisait un... J'étais déjà en trop dans sa famille, et il était hors de question que je m'attache à lui... Ou que lui s'attache à moi...

"Et bien... Entre nous, j'ai oublié ! Mais, dans tous les cas, ne vous cassez pas la tête pour moi. Vous avez bien d'autres choses à faire que de penser à ça ! Filez donc rejoindre votre soeur, je suis sur qu'elle vous attend avec impatience."

Je hochai la tête avec un fin sourire. Si il m'en avais demandé un. ET j'allais lui en faire un. Que je donnerais à mon père. Cela ne me prenais pas très longtemps du moment qu'on avait le rythme. Je le remerciai pour tout avant de lui souhaiter de bonnes fêtes et de sortir. Des dizaines de modèles en tête. J'avais l’embarras du choix.

Je souhaitais de bonnes fêtes à Gidéon, et refermais la porte derrière lui. Toute la pression que j'avais accumulé depuis plusieurs jours finit par tomber, d'un coup. Je me sentais vide, tellement vide. Et je m'écroulais, dos contre la porte, sur le sol. J'éclatais en sanglots : Gidéon venait de me confirmer que Linus allait passer une semaine entière avec eux... Rien qu'avec eux... Je savais que je n'avais pas à être jaloux puisque c'était ses enfants... Mais... Comment allais-je faire pour passer une semaine sans le voir ?