Le dîner était maintenant fini et les élèves se dirigeaient vers leurs salles communes respectives, bien contents d’être en weekend. Car on pouvait dire ce que l’on voulait sur la merveilleuse école de Poudlard, on était quand même bien content de prendre un peu de repos. Suivie de mes amis, je me dirigeais comme les autres vers la tour de Gryffondor quand je me rendis compte que j’avais oublié mon livre de potion dans la grande salle.

-Et merde.
-Qu’Est-ce qu’il y a ? Me demanda Jennifer.
-J’ai oublié mon livre de potion. Je vais le chercher, j’en ai pas pour très longtemps. Montez sans moi, je vous rejoint !
-Okay, à toute !

Je leur fit un signe de main et me retournais pour emprunter le même chemin en sens inverse.

Quand j’arrivais devant la grande salle, la porte était fermée mais je savais par avance qu’elle n’était jamais fermée à clé et qu’il me suffisait de la pousser pour entrer, ce que je fis sans attendre. Elle était entièrement vide et silencieuse ce qui était légèrement déroutant quand on avait l’habitude de la voir pleine à craquer. Je me dirigeais vers la table des Gryffondors en silence, repérant bien vite mon livre qui trônait sur le banc, là où je l’avais laissé. Je soupirais, contente que personne n’ait eu l’idée de le prendre et de l’emmener je ne sais où. Une fois récupéré, je sortis de la grande salle et, devant le silence sidéral régnant dans les corridors, je me mis à courir pour rejoindre au plus vite ma salle commune, sachant très bien que je n’avais pas le droit de me trouver seule dans les couloirs à cette heure. Je ne l’avouerais à personne mais ce silence me faisais un peu peur. Même si j’appréciais parfois un peu de solitude, j’aimais en général être entourée de monde. D’ailleurs ici, à Poudlard, il était dur de se retrouver un peu seule au plus grand dam de ceux qui auraient bien aimé un peu plus d’intimité.

Je montais dans l’escalier quand ce dernier se mit à pivoter. Je levais les yeux au ciel; visiblement, le château avait décidé de m’embêter. Oui je sais, le château n’a pas réellement de conscience propre mais j’aimais cette idée et lui parlais donc de temps en temps. De quoi me  prendre pour une véritable folle. Enfin. J’allais devoir faire un détour. Ca m’embêtais, voulant être au plus vite avec mes amis. Je me mis à courir en montant l’escalier, atteignis le palier de l’étage suivant. L’envie de sprinter me pris. Une idée me vint alors à l’esprit : essayer de courir le plus vite possible jusqu’à la tour de Gryffondor. Un large sourire s’inscrit sur mes traits et je me mis à courir comme une dératée dans les couloirs. J’adorais courir et, pour une fois que les couloirs étaient vides, j’en profitais, m’en donnant à cœur joie.

Mais, embarquée par mon élan et mon enthousiasme, je ne vis que trop tard l’ombre qui se dessina au détour d’un couloir et n’eu que le temps de faire un grand pas de côté pour ne pas percuter la personne qui venait en sens inverse. En me décalant, mon épaule heurta le mur. Une douleur envahit mon bras mais je me dis que ce n’était qu’un moindre mal par rapport à ce qui se serait passé si j’avais prit l’individu de plein fouet. Je me retournais et fixait la jeune femme devant moi en mordant la lèvre, attendant que la sentence tombe. Je savais qu’elle ne faisait pas parti du corps professoral, ne l’ayant jamais vu avant mais elle avait l’air plus âgé que n’importe quelle élève de septième année, ce qui veut dire qu’elle avait autorité sur moi.

Le dîner était terminé et les élèves devaient avoir rejoint leur salle commune. Personnellement, je m'en moquais. Ayant mes propres appartements et les droits (et devoirs malheureusement) d'un professeurs, je pouvais déambuler quand il me plaisait dans le château, à l'heure qu'il me plaisait. Mais une fois par semaine, j'étais de ronde, comme tout étudiant. Et cela tombait ce soir. Je sortis de ma chambre avec un soupir, baguette à la main. Les lumières n'allaient pas tarder à se baisser, et il faudrait certainement que je m'éclaire par moi-même, comme d'habitude.

Je fis quelques pas, distraitement puis lâchais un soupir. Heureusement, le week-end était là, et demain je pourrais disposer de mon temps comme je le souhaitais, Donc grasse matinée, et sortie le soir. Je plaignais les élèves qui étaient de ronde le week-end, je considérais ça comme une punition, personnellement. Mais il faudrait que je m'y habitue, après tout, d'ici deux ans, je serai certainement professeure ici, et cela ferait partie de mes tâches quotidiennes.

Dans mes pensées, je ne la vis pas immédiatement... Une jeune femme détallait à travers le couloir sans crier gare. Mais elle me vit au dernier instant, et bien que je me décalais légèrement, elle le fit aussi... Et se prit le mur. Je l'observais, abasourdie. Elle était de Gryffondor, je le remarquais à son uniforme. Elle avait du connaître mon frère, au moins de vue... Moi aussi, sans doute, on avait tout les deux pratiquer le Quiddich durant nos années élémentaires. Elle était plus jeune que nous. Mais bon, si elle n'avait pas la mémoire d'un poisson rouge, elle devrait s'en souvenir. Elle, en revanche, ne me disait pas grand chose. Je devais déjà l'avoir croisée, mais je n'en avais pas le sourire. Revenue de ma surprise, je lâchais un petit rire à peine moqueur.

« Les Gryffondors embrassent les murs, maintenant ? C'est la nouvelle mode ? »

J'avais utilisé un ton à peine cynique avant de hocher la tête. Apparemment, elle n'avait pas l'air rassurée en me voyant. Ancienne Serpentard, mais pas un monstre, quand même ! Je fis un pas vers elle et lâcha un petit sourire.

« Tu as mal ? Je dois t'emmener à l'infirmerie ? »

C'était une élève, mais je ne lui demandais pas de suite ce qu'elle faisait à courir dans les couloirs alors qu'elle aurait du être dans sa Salle Commune à cette heure de la soirée. Mais bon, un minimum de compassion me rendrait certainement plus sympathique, et ce ne serait pas du luxe.

-Les Gryffondors embrassent les murs, maintenant ? C’est la nouvelle mode ?

Okay. Elle se foutait ouvertement de moi. Bon il faut dire qu’il y avait de quoi. Mais quoi, je ne pouvais pas savoir que j’allais croiser quelqu’un au détour d’un couloir et surtout à cette heure ci !

-Tu as mal ? Je dois t’emmener à l’infirmerie ?

Bon au moins elle n’était pas sans cœur. Pendant qu’elle se fichait de moi, je l’avais observé attentivement, la trouvant je ne savais pourquoi familière. Et maintenant ça me revenait. Elle me disait quelque chose parce que c’était l’ancienne attrapeuse de l’équipe de Serpentard. Comment avais-je pus ne pas la reconnaitre ? Enfin ! Mon poste préféré au Quidditch était bien celui d’attrapeur et je rêvais depuis ma première année d’intégrer l’équipe de Gryffondor. Et il s’avérait que j’avais un certain respect pour la jeune femme en face de moi, la trouvant particulièrement douée. J’avais assistée, en temps que fan de Quidditch, à tout ses matchs et je ne pouvais nier qu’elle avait une grâce et une certaine beauté, surtout en vol. Si je la connaissais de vue, je ne lui avais pour autant jamais adressé la parole et c’était d’ailleurs la première fois que je la voyais de si près, les quatrièmes et les septièmes années ne se mélangeant jamais ensembles, que ce soit en cours ou en dehors. De plus elle était dans une maison différente et opposée à la mienne ce qui ne facilitait pas la communication.

Je pris soudain conscience de sa question restée sans réponse et m’apprêtais à répondre que non, ça allais quand un éclair de douleur me traversa l’épaule, me coupant momentanément la respiration. Je fis une grimace et portais la main là où j’avais mal, l’enlevant bien vite quand je sentis une nouvelle douleur arriver. Bon, il semblerait que j’avais heurter le mur plus fort que je ne le pensais. Mais pas question de demander de l’aide à la jeune femme, surtout qu’elle semblait plus prompte à se moquer de moi qu’à m’aider. Je lui répondis alors, en essayant de garder une voix la plus neutre possible :

-Ca va aller, ce n’est qu’un choc …

Je pris une grande inspiration, essayant de réguler la douleur mais ne put m’empêcher de rajouter ensuite d’un ton ironique :

-Merci de t’inquiéter pour moi.

Je restais tout de même adossée contre le mur, l’épaule droite décollée pour ne pas avoir trop mal. En fait, j’aurais préféré partir et rejoindre ma salle commune sur le champ pour ne pas avoir à m’expliquer sur ma présence dans les couloirs à cette heure mais je savais que si j’enlevais mon appui du mur, j’allais être prise de vertige et je ne voulais pas risquer de m’effondrer au beau milieu du couloir. Une des choses que j’aimais le moins était bien paraitre faible devant quelqu’un.

M'inquiéter pour elle... Il ne fallait pas exagérer non plus ! C'était purement et simplement mon travail en tant qu'ADEM. Mais elle semblait quand même avoir mal, malgré sa réponse et fronça les soucils. Parmi tout ce que je pouvais détester se trouvait les personnes qui n'assumaient pas leurs faiblesses... Et apparemment, c'était le cas de cette demoiselle. Je tirais ma baguette de ma poche et m'approchais d'elle. Sans lui demander son avis, je la bloquais contre moi et pointais la baguette sur son épaule avant de lancer un sort que l'infirmière m'avait appris, et que tout professeur et apprenti devaient connaître. Cela soulagerait la douleur pour une durée moyenne de quinze minutes. Puis je la dégageais et lui tendit un paquet de chocogrenouilles, que j'avais acheté le week-end d'avant à Pré-au-lard.

« Tiens, prends ça, ça te donnera au moins la force de me suivre à l'infirmerie sans que je te porte. A mon avis, ce n'est que luxé elle te remettra ça très vite. »

Je rangeais ma baguette dans ma poche quand une idée des plus pragmatiques me vint à l'esprit. On était à l'opposé de la tour de Griffondor. Je me raclais la gorge.

« Et... Juste comme ça, profitons du fait que tu n'es plus mal pour le moment, mais... Qu'est-ce que tu fais dans les couloirs à une heure pareille ? Tu devrais être dans ta salle commune, non ? 

N'étant pas encore professeur, je me montrais en général moins sévère qu'eux... Et j'avais mes têtes. Je savais que quand j'aurais le poste, je ne pourrais pas décemment avoir des chouchous, mais en tant qu'apprentis, on s'en fichait pas mal, mon frère le faisait aussi. En général, je protégeais les serpentards, mis à part quelques uns qui ne me revenaient franchement pas. Et pour les autres, tout dépendait.

Les lumières du château commencèrent doucement à baisser et je jurais légèrement avant d'attraper immédiatement ma baguette, qui s'alluma sans que j'eus à prononcer le mot Lumos. Je me tournais vers la rouge.

« Tu devrais te tenir à moi, sinon tu risques de te casser la figure... Et ce n'est plus une luxation que tu risques si ça arrive. »

Elle s'approcha de moi et tira sa baguette. Connaissant de réputation le caractère de l'ex serpentarde, je réprimais un mouvement de recul en la voyant faire. Elle me tint de façon à ce que je ne puisse pas échapper à son étreinte et ... Je mourus de façon brève et indolore.
Bon, j'exagère peut être un chouilla. A la place de mourir, je ressentis juste un grand soulagement dans tout mon corps tandis que le sortilège repoussait la douleur. Ouf. J'étais plutôt contente au final car je ne savais si j'aurais tenu beaucoup plus longtemps comme ça. Je la remerciais d'un simple regard, consciente que parfois le regard passait bien plus de chose que les mots. J'étais désormais plutôt reconnaissante envers ... Cassiopée ? Oui, c'était ça, Cassiopée. Je m'en rappelais maintenant.

Elle me tendis ensuite une chocogrenouille et me conseilla de la manger pour pouvoir tenir le temps d'aller à l'infirmerie. Bon, j'avais la confirmation que le sort ne faisait que repousser la douleur. Note à moi même, ne pas essayer de bouger l'épaule. Je n'avais pas très envie d'aller à l'infirmerie mais encore moins envie de faire un scandale donc je ne dis rien. Le silence fut de toute façon très vite rompu par Cassiopée.

-Et... Juste comme ça, profitons du fait que tu n'es plus mal pour le moment, mais... Qu'est-ce que tu fais dans les couloirs à une heure pareille ? Tu devrais être dans ta salle commune, non ?

Hum ... J'aurais dû me douter qu'elle finirait par le demander. Enfin, mon motif était plutôt bon donc je me décidais à lui répondre. Lui montrant mon livre de potion que je tenais toujours dans l'autre main, je lui dis :

-J'avais oublié mon livre de potion dans la grande salle tout à l'heure et j'ai un devoir à rendre dans quelques jours ... Je te laisse imaginer la tête du professeur Audlington si je ne lui rend pas son devoir en temps et en heure ... Bien que ça me ferais plaisir de l'embêter, je dois quand même obtenir des bonnes notes et maintenir mon niveau. Enfin bref, je suis donc repassée par la grande salle pour reprendre mon livre mais en retournant à la salle commune, les escaliers ont tourné et ... je me suis retrouvée là. Et si je courrais, c'était justement pour ne pas me faire prendre par quelqu'un qui aurait la mauvaise idée de m'envoyer chez Rusard pour avoir traîné dans les couloirs à cette heure ci.

Je reprenais mon souffle alors que les lumières commençaient à baisser dans le château. Cassiopée jura et lança un lumos pour nous éclairer le chemin avant de me conseiller de me tenir à elle pour ne pas me casser la figure. Ce qui était plutôt une bonne idée vu l'équilibre précaire dans lequel j'étais en ce moment. Je m’exécutais donc et me rapprochais de la jeune femme, frissonnant en la sentant aussi proche, elle qui m'avait toujours semblé inaccessible. Nous nous dirigeâmes donc vers l'infirmerie, lentement mais sûrement.

Je maintenais la jeune Gryffondor contre moi, ne sachant pas vraiment comment elle le prendrait mais j'en avais strictement rien à foutre de ce qu'elle pensait. Elle était blessée, et je savais quels effets pouvaient avoir une luxation sur l'esprit. Même sans la douleur, l'os restait quand même déboîté de sa place initiale, et ce n'était pas normal. Donc peut-être des étourdissements voire une belle nausée.... J'espérais qu'elle ne me vomirais pas sur les chaussures, c'était tout ce que je demandais.

Alors qu'elle m'expliquait comment elle s'était retrouvée dans cette situation, je ne pus m'empêcher de sourire.

« Ton excuse est plus que valable, et ne t'en fais pas, je ne t'emmènerai pas chez le concierge. »

Combien de fois j'avais du lui échapper à celui-là ? En fait, je ne les comptais même plus. On avait tellement vagabonder dans les couloirs, le couvre-feu passé, avec Benoit. On s'évertuait à chaque fois d'éviter ce pauvre Rusard, mais on s'était fait attraper un certain nombre de fois, par lui et les professeur. Y penser me faisait rire intérieurement.

Nous arrivâmes aux escaliers. Je la serrais d'autant plus contre moi avec un petit soupir.

« Bon... On va y aller molo. Accroches toi à moi fermement si nécessaire, j'en ai pas l'air comme ça, mais je suis solide. »

Voilà que je mettais à faire de l'humour. Ce n'était vraiment pas le moment. Mais le silence deviendrait pesant et je détestais déjà cette perspective. Il fallait que je trouve un sujet, mais lequel ? Je l'ignorais. Je sentais sa hanche frôler la mienne... Mais à quoi je pensais moi ? Oh ! Ressaisies-toi Cassy, penses à autre chose... Bonbon... Pas le moment, et mes sucreries étaient planquées dans ma chambre.... Quidditch ?... Mouais, si elle n'aimait pas ça, j'étais dans de beaux draps, mais je n'avais que ça sous la main.

« Les sélections de Quidditch sont pour bientôt non ?... Tu fais parti d'une équipe ? Ou du moins tu aimes ça ? »

Oui Cassy, essaie de rattraper la conversation avant que ça flanche, t'as raison... je soupirais intérieurement. La situation n'était pas simple... vraiment pas.

Elle postulait au poste d'attrapeur. Un bon point pour elle, ma foi ! Cela me rappelait également que j'avais été attrapeuse chez Serpentard pendant cinq ans... Mes belles années de Quidditch. J'aurais très bien pu continuer dans cette voix, d'ailleurs. J'étais une excellente attrapeuse, je le savais, et si j'avais vous faire mes études dans les Quidditch, j'aurais largement pu. Mais la voie des Défense Contre les Forces du Mal m'attirait beaucoup plus. Tout en descendant marche par marche, doucement, en la soutenant, je lui souris.

« Ah Attrapeur ! Pour moi, le plus beau poste dans une équipe de Quidditch, et tout le monde sait pourquoi... Jouer dans une équipe me manque beaucoup, mais si ça te dit, on pourrait s’entraîner un de ces quatre. »

Bon au moins, j'avais eu raison de lancer le sujet du Quidditch, qui nous convenait manifestement à toutes les deux. Je la sentais gênée, pire que cela, je sentais qu'elle essayait de me cacher sa gêne et bien que je la vis, je fis tout comme si je n'avais rien vu... mais cela me rappela curieusement les impressions qu'elle me donnait. C'était tout nouveau ça. Je ne la connaissais pas, mais curieusement, elle m'attirait... Il fallait que je fasse attention, c'était une élève, et j'étais probablement une de ses futures enseignante. Si j'avais eu une conscience, elle m'aurait certainement murmurer à l'oreille « Attention, pas toucher ! »

Nous arrivâmes à un palier. Je la lâchais quelques instants, sous prétexte de reprendre mon souffle et de bouger mon épaule afin qu'elle ne s'engourdisse pas. Puis je la regardais avec inquiétude.

« Ca va ton épaule ? Enfin, je veux dire actuellement, tu ne la sens pas, mais une luxation, c'est assez désagréable, surtout quand on a la nausée et la tête qui tourne... »

J'essayais de me montrer gentille, pour une fois, et cela m'arrivait de plus en plus rarement, ces derniers temps. Je ne saurais l'expliquer. Mais cette adolescente m'inspirait confiance et la gentillesse était la moindre des choses quand même... De temps en temps...

Bon, je l'avais intéressé. En même temps, il était sûr que lui dire que je voulais devenir attrapeuse la ferais réagir, ayant été si longtemps dans l'équipe de serpentard sous ce poste. Mais je ne disais vraiment pas ça pour la faire s'intéresser à moi, je comptais réellement bien atteindre le poste !
Oh, quoi ? S'entraîner ensembles ? Genre pour de vrai ? J'ouvrais de grand yeux tandis qu'un sourire que je ne pus réprimer s'affichait sur mon visage.

-J'en serais très honorée, lui répondis je, gardant le contrôle de mes émotions en maîtrisant ma voix.

Le reste de la descente se fit dans le silence jusqu'à ce que nous atteignîmes un palier. Elle me lâcha alors et je sentis immédiatement la perte de chaleur contre moi. J'avais envie qu'elle se remette contre moi, qu'elle ne me lâche pas. Elle ne s'était éloignée que depuis quelques instants et pourtant la sensation de son corps contre le mien me manquait déjà. Bon, il fallait absolument que j'arrête de penser à elle de cette façon là ou j'allais devenir folle. Ou lui sauter dessus. Et me ramasser une claque sans aucun doute.

Je vis qu'elle me regardais maintenant comme si elle avait peur que je ne tombe à n'importe quel moment. Elle me demanda si ça allait, si je n'avais pas trop mal. La Cassiopée qui m'avait abordé en rigolant avait définitivement disparue. Et ce n'était pas pour me déplaire. Comme quoi, son attitude n'était sûrement qu'une couverture de façade le temps de se faire une opinion de la personne en face d'elle. Je retins un soupire de soulagement en me disant que, au moins, je ne lui avait pas déplu. Bon, elle attendais tout de même une réponse.

-Non, ça va je ...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une nouvelle douleur me prit au niveau de mon épaule, me faisant me plier en deux, maintenant mon bras de l'autre main. Je me mis à genou pour ne pas sombrer dans l'inconscience avant d'essayer de reprendre ma respiration, le souffle saccadé, les yeux fermés, des petites étoiles passant dans mon champ de vue.

Bon...Manifestement, son épaule, c'était toujours pas ça. Elle venait de tomber à genoux devant moi, en mode jaitellementboboquejevaimevanouir... je n'avais plus vraiment le choix. Heureusement que j'avais un minimum de force. Sans vraiment réfléchir je me baissais, entourant les épaules de Shae d'un bras, veillant a ne pas tenir le mauvais bras, et passa le second sous ses fesses. Elle avait sérieusement mal, de toute évidence, et je ne pouvais pas la soigner, je n'avais pas les compétences d'un médicomage, malheureusement. Chacun son délire. Je la regardais.

« Je te préviens, ça risque de secouer un peu. »

Puis, je me mis à courir. Je savais que je ne pourrais pas la porter éternellement, mais jusqu'à l'infirmerie, ça devrait aller. Bien entendu, je manquais de me rétamer deux ou trois fois dans les escaliers, mais heureusement, je restais sur mes deux jambes. Y'avait déjà une éclopée, ce serait con que je me fasse mal à mon tour. L'infirmerie n'était pas bien loin, encore heureux. Arrivée au bon étage, je me précipitais vers la dite salle et entrait sans même frapper, en ouvrant la porte d'un coup de pied. L'infirmière qui était là me fixa d'un regard noir alors que je déposais la Gryffondor dans un lit.

« Je crois qu'elle s'est luxée l'épaule. Ce n'est pas grand chose, mais cela la fait vraiment souffrir. »

Puis je me tournais vers Shae, qui n'était mais alors vraiment pas au mieux de sa forme physique. Je posais doucement une main sur la sienne.

« Je vais t'attendre dehors, tu ne devrais pas en avoir pour longtemps, et je te raccompagnerai à ta salle commune. Comme ça, si on croise des profs qui font une ronde, je leur expliquerai. »

Puis, sans autres explications, je fis volte face et sortis de la pièce. Je m'adossais au mur. Ma cape était imprégnée de son odeur... Bon, ok, j'aimais autant les hommes que les femmes, avec une légère préférence pour les hommes. Mais elle avait un effet assez déroutant sur moi. Il fallait que je me reprenne, et rapidement... Ce n'était qu'une cinquième année après tout ! 

Elle passa son bras en dessous et me prit dans ses bras. Entre deux spasmes de douleur, je me mis à penser : elle me porte comme une princesse ... Puis je me dis qu'en faite je détestais les princesses. J'étais plus du côté des méchants habituellement. Bon okay, à croire que cette blessure me faisait délirer ... Avais je de la température ? Sûrement. Elle m'adressa quelques mots que je ne compris pas, étant trop perdue dans mes propres pensées pour les entendre.

Elle se mit à courir, avalant les couloirs et les escaliers. J'eus, il faut bien l'avouer, un peu peur qu'elle ne se casse la figure et moi avec mais visiblement, elle avait le pied sûr. Comment faisait elle pour courir aussi longtemps tout en portant quelqu'un ? Elle devait être musclée pour pouvoir faire ça ! Enfin, ça ne m'étonnais pas ! J'inspirais profondément l'odeur de la jeune femme. Collée comme j'étais à elle, je ne pouvais ne pas sentir le délicat parfum qui s'émanait d'elle.

Nous arrivâmes bientôt à l'infirmerie et Cassiopée me déposa sur un lit sous l’œil mauvais de l'infirmière qui n'avait pas apprécié l'entrée fracassante.

-Je crois qu'elle s'est luxée l'épaule. Ce n'est pas grand chose, mais cela la fait vraiment souffrir.

L'infirmière se tourna vers moi alors que Cassiopée me disait qu'elle allait m'attendre dehors le temps que l'infirmière me soigne en posant sa main sur la mienne. J'espérais que je n'avais pas rougis quand elle avait fait ça. Je hochais la tête alors qu'intérieurement, j'aurais voulu qu'elle reste avec moi. Je ne voulais pas qu'elle parte, même quelques instants. Mais jamais je n'aurais osé lui dire, je laissais donc partir la jeune femme.

Une fois Cassiopée sortit, l'infirmière me dit :

-Peux tu enlever ton haut que je puisse voir ?

Je m'exécutais et elle vint ausculter mon épaule, enlevant ma bretelle pour une meilleure vue. Elle fit bouger quelque peu et quand elle vit que je grimaçais, n'y toucha plus.

-C'est bien une luxation. Je vais bander ton épaule et tu devras ne pas bouger le bras pendant une bonne semaine je pense. Et ...

Elle se tourna vers une armoire, récupéra une fiole, en versa un peu du contenu dans un verre et me le tendit.

-... Tu devras boire ça chaque soir avant de te coucher. Vraiment au moment de dormir parce que ça a des propriétés somnifères. Aujourd'hui bois le tout de suite que je puisse manipuler ton épaule sans trop te faire mal.

J’acquiesçais puis bus le verre qu'elle me tendais avant qu'elle ne me bande l'épaule puis me le mette en écharpe autour du cou. Elle me donna encore deux ou trois instructions que j'écoutais d'une oreille distraite avant de me laisser sortir. Je passais donc la porte et rejoignis Cassiopée, adossée sur un mur. Je lui fis un petit sourire fatigué et lui dis d'une voix un peu endormie et gênée :

-Désolée de te prendre de ton temps, j'aurais dû faire plus attention, je ne t'aurais pas embêté ...

Oula ! Elle avait l'air curieusement fatiguée. Je soupçonnais l'infirmière de lui avoir donner une de ses potions dégueulasse pour dormir. A croire qu'elle ne savais soigner que par ça. Je soupirais. Je répondis à son petit sourire. Il fallait que je la ramène assez rapidement sinon elle allait s'endormir avant d'avoir atteint sa salle commune et je ne connaissais pas son mot de passe. Je la pris par les épaules et l'entraînais un peu de force à ma suite.

« Il faut qu'on y aille, sinon tu vas t'écrouler avec ce qu'elle t'a donné. »

Je marchais d'un pas plutôt rapide. J'avais machinalement récupérer son livre de potions quand elle s'était écroulée. Il n'était plus question de penser à la beauté de la jeune femme (qui était pourtant bien jolie), ni à son odeur (fraîche et légère) ni à quoi que ce soit la concernant. Trop jeune, trop fatiguée... On s'arrête Cassy, de toute manière, il n'y avait rien. J'avais chaud... Il faudrait que je prenne un bain après ça, ça me ferait le plus grand bien pour retrouver mes idées, hein ! Je lui serrai l'épaule (la bonne ! ) avant de me racler la gorge.

« On va attendre un peu avant de s'entraîner hein ? Une luxation c'est pas rien, même guéri magiquement, ça laisse des marques. »

Je savais de quoi je parlais. En septième année, lors d'un match contre les Serdaigle, un cognard, envoyé par une de leur batteuse, m'avait atteinte au genou gauche. Nous avions gagné le match mais j'avais du resté une semaine sans bouger à l'infirmerie. Et j'avais maintenant un genou fragilisé. Bref.

Je pris l'escalier qui menait à la tour de Gryffondor, priant pour ne pas rencontrer de professeur, qui ne manqueraient certainement pas de remarquer le bras en écharpe de la jeune fille et son air considérablement shooté. Et je n'avais aucunement l'envie de leur raconter ce qu'il s'était passé, ce n'était pas leur problème. Mais, par chance, nous arrivâmes sans encombre devant le tableau de la Grosse Dame. J'eus un petit sourire.

« Bon... Je crois que tu peux y aller sans craindre quoi que ce soit à présent. »

Quand je rejoignis Cassiopée, elle m'entraîna assez rapidement dans les couloirs de peur que je ne m'endorme avant d'avoir atteint la salle commune des Gryffondors. Il faut dire que je devais ressembler plus qu'à moitié à un zombie. Mais qu'y avait il dans cette potion pour que ça me donne l'impression que chacun de mes muscles réagissaient avec 30 secondes de retard ? C'était plus que pénible et j'avais d'autant plus l'impression d'être un boulet pour la jeune femme. Vivement qu'on arrive, ça m'arrangerait de ne pas m'endormir dans les bras de Cassiopée après tout ce que je lui avait déjà fait subir ce soir ... Bien que l'idée de m'endormir dans ses bras me tentait plutôt pas mal ... Enfin, bien sûr, dans un autre contexte et un autre lieu qu'au milieu d'un couloir... Hey ! Il fallait vraiment que j'arrête de divaguer.

Je hochais la tête quand elle me dit qu'il me faudrait attendre un peu avant de s'entraîner au Quidditch. Je n'étais pas suicidaire non plus même si souvent imprudente. Et puis, dans mon état, j'aurais dis oui à n'importe quoi ... Il semblerait que la potion n'avait pas qu'une propriété somnifère... Je comprenais de plus en plus pourquoi l'infirmière avait insisté sur le fait de ne prendre le médicament qu'au moment de me coucher ... J'avais légèrement l'impression d'être sous une méchante cuite.

Quand je reconnue la tour de Gryffondor, je su que l'aventure se terminait là. Nous n'avions, heureusement, croisé personne et il ne me restait plus qu'à monter l'escaliers de la tour pour m'effondrer sur mon lit, sûrement encore entièrement habillée vu mon état. Je me tournais vers le tableau et prononcais le mot de passe avant de me rendre compte que Cassiopée était toujours là. L'avait elle entendu ? Tant pis. A vrai dire, elle n'avait plus l'âge d'être une élève alors elle le connaissait peut être déjà. Je fis volte face vers elle, récupérais mon livre qui était dans ses mains (depuis quand d'ailleurs ? Je ne m'en étais même pas rendue compte) puis lui sourit avant de rassembler mes dernières forces pour ne pas laisser transparaître trop de fatigue dans ma voix.

-Merci encore pour tout ce que tu as fais ce soir pour moi. Je ... J'espère te revoir bientôt.

Et avant d'avoir pu me rendre compte de mon geste, sûrement poussée par cet espèce de médicament-drogue, je m'approchais de la jeune femme et lui déposais un léger baiser sur la joue avant de me reculer.

Elle était crevée. Malgré tout ce qu'elle faisait pour le cacher, cela se voyait. Je lui rendis son livre de bonne grâce avant qu'elle ne m'embrasse sur la joue, me prenant légèrement par surprise. Je lui souris, les yeux malicieux, le sourire taquin. Alors qu'elle reculait, je m'approchais à nouveau d'elle. Elle m'avait cherché avec son petit bisou sur la joue, un rien suggestif. Arrivée près d'elle, je me penchais et déposais un petit baiser sur ses lèvres, un rien provocateur. Puis je me reculais à nouveau.

« Je te souhaite une bonne nuit... Et rétablis toi bien, surtout. »

Puis, sans demander mon reste, je fis volte face et redescendais prestement les marches, avant qu'elle ne puisse me retenir. Me vidant de toute pensée, je fis ma ronde, pour voir s'il n'y avait pas quelques élèves qui traînaient dans les couloirs à cette heure tardive. Je savais que cela pouvait arriver pour l'avoir fait moi-même. Je passais par les cuisines, où en général les gens aimaient bien aller durant la nuit pour prendre une petite collation. Mais il n'y avait personne ce soir là.

Je regagnais mes appartements vers onze heures et demie. Ce fut seulement après m'être mise au lit que je réfléchissais à ce qu'il venait de se passer... Peut-être mon geste aurait-il des conséquences, mais je m'en moquais un peu en fait. Cela n'avait pas été réfléchi. De plus, ce n'était pas comme si je la croisais tous les jours, au contraire, c'était la première fois de l'année que je la voyais. Il fallait que je me calme. Ce n'était qu'un baiser, rien de plus, ce n'était pas comme-ci j'avais tenté autre chose, que diable ! Je ne l'avais pas touché, bien que l'envie aurait pu être présente tant sa présence m'avait troublée. Je secouais la tête, il fallait vraiment que je pense à autre chose.

Ce soir-là, je m'endormis en me demandant quel goût avait sa peau pâle.....

Elle me souris et mon monde se réduisit instantanément à elle. Plus rien ne comptait autour de moi. Quand elle s'approcha de moi, j'arrêtais de respirer et le baiser qu'elle déposa sur mes lèvres me fit fondre. Mes pensées s'étaient d'un seul coup éclairées, ma fatigue s'était envolée, je ne pensais plus qu'à elle et à ses lèvres si douces qui s'étaient éloignées de moi trop rapidement à mon goût. Ce n'était qu'un simple baiser furtif mais l'attirance que je ressentais en elle faisait que ce geste dépassait pour moi la simple normalité alors qu'il devait sûrement être banal et anodin pour elle. Et surtout, sans véritable signification.

Quand je sortis de mes pensées, elle me souhaitait bonne nuit puis s'en allait sans se retourner. Un sourire béat sur les lèvres, je la regardais s'éloigner jusque dans les escaliers.

Quand elle disparu de mon champ de vision, je fis demi tour et rentrais enfin dans la salle commune tout en repensant à son geste. Quelle drôle de sensation j'avais ressentis à ce moment là ... Comme quelque chose qu'on attend depuis longtemps et qu'on obtient finalement. Cassiopée ... Elle me troublait beaucoup, même si j'étais incapable de savoir pourquoi. Était-ce dû au fait que, la considérant comme une espèce d'icone depuis des années, ma rencontre avec elle me paraissait improbable et incroyable ? Je ne savais pas. Tout ce que je savais c'est que je me sentais bien.

Mais les propriétés de la potion reprirent bientôt leurs droits et je me couchais vite, plongeant quelques instants dans un sommeil sans rêve.