Début Octobre

Un des rares matins où je me sentais mal. J'étais sortie, dans l'optique de ne vouloir croiser personne que je connaissais. Au grand risque d'envoyer chier tout le monde. Ah ouais, j'étais une nana cool, mais fallait pas trop m'en demander, parfois. Assise à la terrasse d'un baar magique, je buvais tranquillement mon café et fumais ma clope quand une main se posa sur mon épaule... Putain, ça allait pas le faire.

De bonne humeur, oui, je l'étais ce matin-là. J'avais passé une nuit excellente et le travail, que ce soit le vrai comme celui que je faisais pour Ian, avançaient très bien. Je sortis du ministère dans le but d'aller me chercher un café (et peut-être même un cappuccino... Les femmes adoraient ce genre de petites attentions). Ce fut là que je la vis. Je souris. Le plan que je manigançais, depuis que je l'avais vu avec ce professeur rouquin pathétique pouvait être mis en place, maintenant. Première phase... Le doute. On allait se marrer. Je posai une main sur son épaule.

"Alors Camille, tu te promènes sans ton toutou, pour une fois ?"

Mike. Putain, il manquait que lui, franchement. Je ne me retournai même pas, j'avais pas envie de voir sa tête de con, dès le matin. Je fumai ma clope, tout en essayant de me retenir pour ne pas lui en décoller une sans raison. D'un autre côté, cela me ferait tellement du bien. Mais bon, il me fallait une raison valable. Et je n'en avais pas encore sous la main.

"Mike, je prends un café et je fume ma clope pépère, j'ai pas besoin que tu viennes m'emmerder."

Pas de bonne humeur la donzelle... Elle avait un caractère de chien, je le savais depuis que je la connaissais. et c'était assez drôle, parfois. Cela m'arracha un petit sourire. Mon plan pouvait se mettre en place plus tôt que prévu, alors. Pour une fois que son chien de garde n'était pas là. C'était parfait. 

Voilà, sujet lancé... Voyons voir.... 

Je faillis recracher mon café... Ou m'étouffer avec ma clope. Il allait se mêler de son cul oui ! Franchement... Je soupirai et volontairement, fit tomber ma cendre sur ses chaussures impeccable. Il m'agaçait quand même fortement et je pesais mes mots. 

Se contenir... Se contenir vraiment ! Ne rien dire de blessant, ne pas lui mettre mon poing dans la face... Zen... 

J'adorai la voir dans ce tel état de nerfs. Camille était une fausse calme, je la connaissais assez bien pour le savoir. Je ne pus m'empêcher de lancer un petit rire moqueur quand elle évoqua son « petit ami ». Le descendre en flèche ne serait pas difficile pour moi. J'avais des dossiers. Des gros dossiers. Qui ne lui plairait pas forcément. Je haussai les épaules.

« Je ne viens pas faire le kéké, comme tu dis. Pour une fois, je viens juste te mettre en garde. Même si je doute sérieusement que tu me crois. »

Me mettre en garde ? Mais de quoi ? Je baissai ma garde avant de soupirer et de lever les yeux aux ciel. Je me méfiais de lui, il le savait depuis que nous avions rompu, il y avait de cela dix ans. Je croisai les bras sur la poitrine, tout de même prête à lui en mettre une en cas de mensonges éhontés.

« Je t'écoute... »

Elle m'écoutait. C'était déjà un bon point. Elle ne l'avait pas toujours fait. Mais bon, comme ça concernait son cher et tendre, elle s'y intéressait, forcément. Je soupirai feignant être indisposé par la situation

« Écoute, c'est pas forcément facile à dire... Mais... Ton homme n'a pas franchement des penchants hétérosexuels, de base. »

Pardon ? Je fronçai les sourcils et le fixai, menaçante. Pas de penchants hétérosexuels... Insinuait-il que Cecil était gay ?... Quoi que ça ne m'aurait pas des masses étonnée, mais merde, il était bien trop franc pour me faire un coup pareil ! J'avais peine à le croire.

« Dis moi ce qui me retient de t'en mettre une, Mike. Je sais que tu ne l'aimes pas, tu me l'as assez fait sentir la dernière fois qu'on s'est vu. Alors pourquoi mentir, hein ? »

Je secouai la tête la regardant fixement.

« Crois moi où non, son odeur musquée et virile, je la connais très bien. Tu sais que je suis des deux bords, et coucher avec un de mes collègues ne me dérange pas. Cecil Vernet aime les hommes. Je l'ai toujours connu ainsi. Je pense qu'il est avec toi car tu as un look très masculin... Mais ça ne durera pas. Tu restes une gonzesse. »

Je la vis se tendre, mais elle ne me frappa pas. Elle doutait. Parfait. A moi de jouer la carte qui la fera vraiment réfléchir : celui de l'homme qui s'en fiche.

« A toi de voir, Camille. Personnellement, je m'en fous. C'est un orgueilleux doublé d'un narcissique notoire. J'en ai assez vu pour ne plus vouloir avoir à faire à lui. Je tenais juste a t'informer. Bonne journée, on m'attend au ministère. »

Je tournai les talons et m'éloignai, un petit sourire en coin me venant au lèvres. Je connaissais très bien Camille et son défaut principal malgré les apparences : la naïveté. Elle fera le reste du travail toute seule.

Il semblait si sincère pour le coup. Jamais je ne l'avais vu comme ça. Il partit en direction du ministère, comme s'il s'en moquait après tout... Je ne savais pas quoi faire. Instinctivement, je portais la main à ma poche et en sortis une cigarette, que j'allumais. Cecil, gay ? Je ne pouvais le croire mais... Était-il sérieux... ? Tout cela allait me traîner dans la tête toute la journée, je le sentais bien...