La grande salle était un endroit véritablement magique. Certes, nous sommes dans l'un des lieux les plus magique de tout le royaume unis, mais cet endroit, si convivial, si naturel... cette impression de se trouver dans un cromlech et de pouvoir simplement lever les yeux pour apercevoir l'astre du jour. C'est comme si je me sentais revigorée. Revenir à Poudlard était quelque chose qui me tenait à cœur, cette vie, ma vie, en ces lieux, avait été si courte et pourtant si agréable, que chaque pensée sur ce temps me laissait une vague d'euphorie en tête. À présent, je n'étais plus simplement une petite élève de Serpentard discrète et sérieuse, j'étais devenue le professeur de Divination, et de toute évidence, mon don y était pour quelque chose. Je n'ai jamais réellement su comment il fonctionnait, en revanche, je savais, oui, c'était le mot, je savais comment les choses allaient évoluer, sur un moindre échelle évidemment. Parfois, je le voyais, parfois, c'était comme si quelqu'un me le soufflait à l'oreille...

Aujourd'hui, par exemple, j'avais vu cette première année se perdre. Comment? Et bien dans mon jus de citrouille de ce matin. J'allais simplement boire une mince gorgée lorsque les images s'étaient formées dans le jus, me montrant la pauvre fillette se perdre dans les cachots, et passer la journée à errer. Étant d'une humeur douce et charitable pour l'instant - Il m'arrive de piquer des crises, mais uniquement parce que j'ai déjà vécu ce que j'ai vécu, et donc, je suis lassée et en colère de l'avoir vécu, ou oublié, ça dépend - je finis donc mon petit déjeuner, laissant les œufs brouillés dans un coin de mon assiette. (Jamais plus je ne mangerais d’œufs, c'est immoral en sachant que mon meilleur ami est un oiseau)Je quittais la grande salle sous les yeux surpris de mes collègues, oui, il est encore tôt, mais que puis-je faire d'autre si ce n'est retrouver cette pauvre enfant perdue? À moins qu'ils ne m'observent ainsi à cause de ma tenue? Peut-être ma robe blanche très longue et mon voile les rendent triste? Oui, ça doit être ça. Au détour d'un couloir, je croisais le fantôme du baron sanglant, qui m'adressa un salut plus digne que la plupart de ceux qu'il offre aux autres personnes. Peut-être qu'il sait que je sais? Oui surement. M'approchant de l'escalier de pierre froid qui menait au cachot, je soulevais lentement les pans de ma robe, afin de ne pas trébucher, et l'air humide qui me frappa me rappela de nombreux souvenirs.

Je me revoyais, arpentant ces couloirs, ma baguette à la main, sifflant des ordres et... Ah non... Ce sont des souvenirs, mais pas les miens... Non... Comment arpentais-je les couloirs moi déjà? Ah oui, avec un livre sous le bras... Enfin je suppose... Que je suis étourdie ces derniers temps... Bon... L'enfant s'est perdue aux alentours des douves, je dois donc descendre encore un peu... Alors que mes pas me guidait lentement mes surement vers l'entrée des douves, un air que je reconnaissais vint se loger en mon esprit, et je ne pus m’empêcher de le reproduire de ma voix assez douce.

Speed bonnie boat like a bird on the wind...
Onward the sailor's cry... Je continuais de chantonner lorsqu'une voix, très lointaine, me fit cesser brusquement.

Peeves... Je voulu me retourner , lorsqu'une porte se ferma sur mon nez. La douleur que le coup engendra fut cependant moins forte que ma surprise. Depuis quand y a-t-il une porte ici? C'est censé être un couloir... Et pourquoi ne l'ai-je pas vu? Il fait brusquement très sombre, est-ce que c'est moi ou? Je cligne plusieurs fois des yeux, l'enfant est devant moi, elle semble avoir froid et se sert de sa robe de sorcière pour se réchauffer, je l'appelle et tends ma main vers elle, lorsque brusquement, elle s’efface... Qu'est-ce que? Où suis-je encore? Je me souviens d'avoir quitté la grande salle en avance... Mais pourquoi? Ah oui c'est bon, une élève était perdue et je suis allée la chercher... Normal en soit... Comment s'appelle-t-elle d'ailleurs?

Rowena...

Oui logique, Rowena... Pourquoi ai-je l'impression que ce n'est pas de moi que vient l'information? Oh et puis peu importe. J'arpente cet étrange couloir, qui me paraissait plus long dans les souvenirs, à la recherche de cette élève de gryffondor... Gryffondor? Ah d'accord, j'ai vraiment l'impression d'être ailleurs en ce moment... Un bruit sur ma gauche me force à me retourner.

"Il y a quelqu'un?" Demandais-je, de ma voix flottante.

Le cours de potion s'éternisait ce matin là, et Rowena sentait la fatigue tomber sur elle, bien qu'elle n'en soit qu'à son premier cours de la matinée. Elle sentait qu'elle ne faisait pas les choses bien, car sa potion (dont elle ne connaissait pas le nom) était d'une couleur verdâtre, alors que celle-ci était censée être violette. Enfin, elle croyait. De toute façon, elle n'arrivait pas à se concentrer. Etant normalement une élève toujours intéressée, et qui cherchait à toujours donner le meilleur d'elle-même, Rowena sentait que cette journée allait être très longue. Peut-être trop. A la fin du cours, sa potion n'avait toujours pas changé de couleur.
Lorsque la cloche sonna, elle rangea distraitement ses affaires, et sortit. Elle ne savait pas quel cours elle avait, et suivit donc la masse, quand elle se souvint qu'elle avait oublié son livre dans la classe. Elle redescendit donc.
Une fois dans les cachots, cependant, elle ne parvint pas à retrouver son chemin. Elle avança, pas trop sure d'elle, et l'inquiétude commençait à monter. La fatigue se faisant ressentir aussi, Rowena eut envie de pleurer. Elle respira un grand coup cependant, et continue sa recherche. La salle ne devait pas être très loin.
Soudain, elle entendit une porte claquer au loin, ce qui la fit sursauter.

- Heu... Y a quelqu'un ?

Seul le silence lui répondit. Puis un autre claquement de porte. Puis un rire. Il n'en fallut pas plus à Rowena pour paniquer. Elle hurla en pleurant:

- Qui est-là ? Laissez-moi tranquille !

Elle s'effondra alors par terre, dépitée, quand elle entendit une voix :

- Il y a quelqu'un ?

La jeune élève se releva, et se précipita vers la voix. Bien que dans le noir, elle reconnut que c'était une professeure, mais laquelle, elle ne saurait le dire. Elle lui répondit alors :

- Excusez-moi, vous pourriez m'aider ? Je me suis perdue, et je sais pas ... je suis perdue, vraiment ....

Elle respira un grand coup, ravala ses larmes, quand elle entendit de nouveau ce rire si inquiétant. Elle commença à trembler mais se calma. Il ne pouvait rien lui arriver; elle n'était plus seule.

Soudain, alors que l'écho de ma voix se répercutait sur les murs humides des cachots, une autre voix, plus jeune, et plus timide, se fit entendre. J'étais donc bel et bien entrée en contact avec la jeune Rowena de Gryffondor. Mais où était-elle? L'obscurité qui m'entourait n'avait rien de naturelle, probablement provoquée par Peeves, mais pourquoi s'amusait-il à tourmenter cette enfant? Je n'aimais pas vraiment cela, surtout que si c'était bien l'esprit frappeur, alors que pourrais-je contre lui? Ce n'est qu'un esprit créer sur de la colère et de l'amusement, et la magie n'a que peu d'effet sur lui, même le baron sanglant, qui pourtant est dans la même version astrale du monde. Resserrant mes châles sur moi, je continuais d'avancer avec cette impression constante de flotter à travers l'obscurité, je me sentais attirée avec force vers le fond de ce couloir, était-ce ma vision qui me rapprochait de Rowena? Où bien le destin de cette fillette que je devais suivre?

Mes pas lents ne semblaient pas être entravé par ma longue robe blanche, quand soudain, je me souviens d'un sort, étrange, n'est-ce pas? Je suis professeur, et pourtant, ce sont les sorts qui se rappellent à moi comme bons leurs semblent. Tirant ma baguette de ma manche gauche, je levais celle-ci et prononçais avec cette même douceur qui me caractérisais "Lumi-solem" Et un rayon solaire en jaillit, se plaçant au dessus de moi, et me guidant à travers l'obscurité. Je n'y voyais que très peu malgré tout, c'était comme si l'obscurité ambiante absorbait ma magie et celle alentour. Vraiment très étrange, depuis quand Peeves possède-t-il un pouvoir pareil? Je fronçais légèrement les sourcils, et continuait ma recherche, la petite gryffondor ne doit pas être loin... Mais pourquoi est-elle tourmentée par Peeves.

Son prénom...

Oui ce doit être ça... Le fait qu'elle porte le prénom de celle qui n'avait de cesse de se plaindre de lui doit y être pour quelque chose. Mais ce n'est vraiment pas de sa faute à cette pauvre enfant! Continuant d'avancer, je fus surprise de marcher soudain dans une flaque d'eau, curieuse, je me baissais, pour m'apercevoir que c'était en effet liquide, mais c'était très loin d'être de l'eau. C'était noir... Légèrement plus inquiète, j'élevais la voix.

"Miss Selwyn? Si vous entendez ma voix, dirigez-vous vers elle, je suis le professeur Beauchamp, n'ayez pas peur!"

Je retirais ensuite mon pied de l'étrange flaque noire, et passais par dessus, évitant de salir ma robe. J'attendais une réponse de la part de la fillette, mais rien, le silence semblait faire parti des murs au même titre que cette obscurité, c'est très frustrant!

Reflechis, reflechis, relechis. C'était une Gryffondor après tout. Elle avait tendance à l'oublier mais elle devait arrêter de se morfondre. Qu'est-ce qu'elle avait ? UNe baguette. Elle la sortit et murmura :

- Lumos

Elle fut alors un peu éclairée. Voilà, ça allait mieux comme ça.

- Bon, respire Rowena. Regarde autour de toi si il n'y a pas une porte. Voilà qu'elle parlait toute seule maintenant en plus. Bon, au moins ça la rassurait. Soudain elle entendit la voix de l'enseignante retentir :

"Miss Selwyn? Si vous entendez ma voix, dirigez-vous vers elle, je suis le professeur Beauchamp, n'ayez pas peur!"
- Je suis là! Je suis là! Ou êtes-vous ?

Aucune réponse. Découragée, elle continua son chemin. Peut-être trouverait-elle une porte ou quelque chose qui pourrait la sortir de là ? Elle fit un tour sur elle-même pour regarder. Rien. Soudain, elle aperçut une très très faible lumière. Surement un reflet. Mais sa curiosité piquée au vif fit qu'elle partit dans la direction de la lumière. Si ça se trouve, c'était le jour qui pointait sous une porte. Et elle serait alors sortie de cette galère. Sa lumière venant à s'éteindre, elle la ralluma; cependant, au même moment l'autre lumière s'éloignait. Elle pressa alors le pas. Elle allait y arriver.

- Satané lumière murmura-t-elle alors

Cependant, sa voix se répercutait sur les murs, rendant l'atmosphère encore plus effrayante. Elle poussa un léger cri.

Bon reprends toi maintenant. T'es courageuse. Alors tu respires un coup, et tu y retournes. Il ne peut rien t'arriver de mal.. Elle s'enfonça alors dans l'obscurité.

Plus j'avançais, plus mon rayon solaire magique semblait s'affaiblir. J'avais beau me questionner sur la présence de cet étrange liquide noir et sur sa composition, je n'en avais aucune idée, j'avais certes toujours été douée pour les potions, mais uniquement en suivant les consignes à la lettre. De plus, j'étais bien plus douée pour la divination que pour autre chose. Mais peut-être pourrais-je justement utiliser mon don pour retrouver la jeune élève de gryffondor? Je m’arrêtais, et baissais ma baguette, annulant ainsi mon dernier sort de lumière. L'élève ne me répondais plus, mais je restais persuadée que nous étions dans le même couloir. Il y avait ici quelque chose que je ne saisissais pas avec mes yeux. Mais en me privant de la vue naturelle, et en me laissant immergée par le don, je pourrais facilement comprendre. Faisant attention au sol, je tâtais les environs afin d'éviter de salir ma robe blanche, et m'agenouillais au sol. Paumes levées vers le ciel, je fermais les yeux et respirait lentement.

"Ô Vivianne, filles des eaux, mère de l'ancienne tradition, je t'en conjure...montres moi ce que je cherche..."

Ce fut rapide cependant, et alors que mon souffle se tarissait au fond de ma gorge, les images de ce qu'il s'était passé dans ce long couloir m'envahirent. Un élève de la classe de la jeune fille avait prit un échantillon de sa potion en plus, et par colère, l'avait jeté contre un mur, plus précisément, un mur sur lequel se trouvait Peeves. L'esprit frappeur, touché par la potion de toute évidence ratée, s'était alors vu affublé d'un étrange jabot, et se voyait désormais capable de cracher cette sorte d'ectoplasme noir. Par vengeance sur celle qui portait le même nom que la grande Dame qui n'avait de cesse de le rabrouer, il avait décidé de s'en prendre à la petite de Gryffondor. Secouée de spasme, la vision prit fin, et je me mis à tousser avec force, expulsant tout ce que j'avais dans les poumons. C'était toujours douloureux de faire appel de moi-même aux visions de Vivianne. Mais je le devais, pour le bien-être de cette petite gryffondor.

Elle a peur...

Oui en effet, je suis certaine qu'elle a peur la pauvre, elle ne doit pas comprendre ce qu'il se passe. Je repris ma baguette et fis jaillir de nombreuses étincelles de couleurs. Je ne pourrais peut-être pas effacer le maléfice posé ici par l'esprit frappeur - n'étant pas assez douée en sortilège - Mais je pouvais passer au travers pour retrouver ma petite protégée du moment. Les étincelles volèrent dans toutes les directions, semblant se fixer aux particules obscures du phénomène. Peu à peu, tout en avançant, je constatais que le couloir reprenait sa forme originelle, tout en restant cependant entouré de cette obscurité et constellé de magie. C'était une sorte de ciel nocturne qui m'envahissait sans pour autant me toucher. Continuant d'avancer, j'appelais de nouveau la jeune élève de gryffondor, mais aucune réponse. Je recommençais, lorsque soudain, je l'entendis de nouveau... Mais de manière très estompée. Elle rageait contre une lumière, la mienne ou la sienne? Je l'ignorais...

Au loin, je pus finalement voir une silhouette fine, et j’accélérais le pas, tenant ma robe de ma main libre. Bientôt, la silhouette fut assez proche de moi pour que je puisse distinguer l'uniforme de gryffondor, et je me précipitais vers elle. La pauvre Rowena semblait terrifiée de sa mésaventure, et je pouvais la comprendre, les enfants de son âge n'ont pas l'habitude de telles choses... Sauf peut-être, les générations passées... Mais celles du passé ont grandit heureuse, du moins la plupart, puisque certains ont perdus leurs parents dans la guerre, mais je pense surtout à celle d'encore avant... À mes yeux, du moins pour mon esprit d'oracle, la guerre à commencé en 1924, lorsque cette femme finit par se servir d'une idée de ce vieillard en robe pour séduire l'homme qu'elle aimait, se damnant elle même, son fils et les générations futures... Mais peut-être était-ce le vieillard le probleme? Oh je ne sais plus, il y a trop de chose dans ma tête de toute façon... Ah par contre, c'est bien beau d'avoir réussit à trouver l'enfant, je ne sais toujours pas comment nous sortir de là...

"N'ayez crainte ma chère, maintenant que nous sommes deux, il sera plus facile de faire céder Peeves... Il vous en veut je crois, de porter le nom de celle qui le punissait sans cesse, il ne comprends pas... Mais vous si? Non?" Demandais-je, plantant mes yeux dans les siens.

La jeune fille regardait la professeur comme sa sauveuse. Si elle n'avait pas une contenance à garder, elle lui aurait sauté dessus. Mais, elle ne pouvait pas. Bon. Focalisée sur ses pensées, la jeune fille n'entendit que des bribes de ce que la professeur lui disait. Elle parlait de Peeves, de prénom, enfin cela lui échappait tant elle était soulagée de ne plus être seule.

"- [...] Il ne comprend pas... Mais vous si? Non ?

En réalité, non, elle ne comprenait pas. Néanmoins, elle hocha la tête pour donner bonne impression. Déjà qu'elle paniquait beaucoup, si en plus elle montrait qu'elle ne comprenait pas grand-chose...

- Evidemment dit-elle alors d'un air assuré.

Elle savait qu'elle n'allait pas tromper la professeur, qui avait du sentir sa trouille profonde (même un aveugle aurait pu voir le tremblement de ses jambes), mais si son père apprenait qu'elle avait failli montrer sa peur, elle savait qu'il serait déçu.
La pièce (enfin le couloir) fut ensuite plongé dans le silence, et la seule lumière provenait des deux baguettes.
Soudain, un bruit claqua, et fit sursauter la jeune fille qui retint un hurlement.

" Reste forte, Rowena, reste forte, tu peux le faire!"


Elle décida alors d'entamer la conversation avec la professeur, afin que le silence l'effraie moins. D'autant plus qu'elle était de nature bavarde, et le silence pesait beaucoup sur son moral.

- Heu... Je sais pas si vous me connaissez alors... enfin je sas que vous connaissez mon prénom mais.. Je m'appelle Rowena Helga Selwyn et je suis en première année gryffondor. Et vous, vous êtes professeur de quoi ?

En espérant qu'elle ne prenne pas sa démarche pour de l'impolitesse....