Mademoiselle Edna revint avec ce que je lui avais demandé. Je mis les talons qui m'allaient comme un gant. En revanche, pour ce qui était de l'équilibre, il allait falloir que je travaille ça !

"Dites-moi, Jean-Eudes, comment me trouvez-vous ?"

Je fis quelques pas dans la pièce, manquais de perdre l'équilibre, me rattrapais tant bien que mal, et me retrouvais finalement accroché à mademoiselle Edna. Je lui souris, avant de reprendre contenance :

"Vraiment pas pratique de marcher avec ce genre de chaussures ! Mais qu'importe... Mademoiselle Edna, maquillage s'il vous plait ! Alors, je voudrais un papillon, du rouge à lèvres, du vernis... Jean-Eudes, de quelle couleur voudriez-vous que je me colore les ongles ?"

Rester dans son personnage, rester dans son personnage ! Ne pas éclater de rire !

Je retins difficilement un sourire et répondit :

- Vous êtes exquise Gente Dame !

Comment faire ... La couleur des ongles ... J'en savais fichtre rien ! Je me penchais alors vers Marilyn :

-vous en pensez quoi pour les ongles ?

"Si je puis me permettre, monsieur, j'ai un peu de mal avec les travestis !"

Je me retournais vers Marilyn, et lui dis très sérieusement :

"L'art de se faire passer pour une personne que l'on n'est pas, c'est comme l'art des ninjas, ça se travaille ! Et, croyez-le ou non, je préfère ressembler à un travesti plutôt que de me cacher derrière des masques qui ne sont ni vrais ni enchanteurs !"

Je me tournais vers mademoiselle Edna, et lui lançais joyeusement :

"Et bien, ça sera rouge ! Pour que cela se marie bien avec Jean-Eudes !"

Elle voulut protester, mais je lui couper l'herbe sous le pied :

"Contentez-vous de me manucurer les ongles ! Et faites confiance à mon flair légendaire !"

Il fallut vingt-cinq minutes à mademoiselle Edna pour arriver à bout de mes exigences. Au bout de dix, elle riait à mes blagues. Et c'est en très bons termes que nous nous quittâmes.

"Je vous laisse mener la danse, Jean-Eudes ! Allons voir notre contact !"

Je me pavanais dans la rue, et les gens se retournaient sur notre passage !

J'observais la scène en riant, il avait l'air heureux et j'en étais bien content. En sortant je proposai mon bras à Cunégonde :

-Ma dame ?

J'avais hâte de voir la tête de Lance quand il nous verra ! On faisait tourner les têtes et rires les passant, c'était vraiment agréable !

Arrivé devant le magasin de farces et attrapes. J'offis un grand sourire provocateur à "ma douce"

-Etes vous prête Gente dame ?

"Oh, Jean-Eudes, quelle galanterie !"

Et j'éclatais de rire ! Alors que nous passions devant un groupe de jeunes filles, l'une d'elle nous interpella :

"S'il vous plait, attendez ! Serait-il possible de faire une photo avec vous ?"

Tout heureux, et ne prenant pas conscience que la photo pourrait être utilisée contre moi, j'acceptais.

"Jean-Eudes, venait donc par ici ! Prenez donc cette charmante jeune fille à votre bras !"

Nous fîmes plusieurs photos : cela m'amusa beaucoup ! La dernière fut celle où j'embrassais Seyn sur la joue, laissant une grosse trace de rouge à lèvres. Je me mis à pouffer quand je fis la marque que j'avais laissé :

"Vous êtes très personnalisable, Jean-Eudes !"

Je saluais les élèves, et me tournais vers la porte du magasin de farces et attrapes :

"Allons-y, Jean-Eudes ! Une mission de la plus haute importance nous attend !"

Les photos me firent beaucoup rire et la trace de rouge à lèvres eut du mal à partir mais je riais et Alouarn aussi alors tout allait bien !

Quand nous arrivâmes devant le magasin je me mis sur la pointes de pieds pour chuchoter à l'oreille du professeur :

-Prenons un accent Allemand et faisons comme ci nous venions d'une région perdue de l' Allemagne pour tromper notre monde.

Quand je vis Lance nonchalamment appuyé contre le mur je m'approchais de lui et lui dis d'une voix pimpante :

- Oooooh Mon amiiii !  Vous voilaaa ! Ca fait tellement longteeeemps !

"Ooooooh, très cher, mais que voilààààà une excelleeeennnnte idée !"

Je ne pus empêcher un sourire de s'afficher sur mon visage ! Seyn s'approcha d'un jeune homme qui était nonchalamment appuyé contre le mur du magasin ! Je m'approchais du couple, et dis d'un ton qui se voulait choqué (bien que j'étais plus mort de rire qu'autre chose) :

"Jean-Eudes, vous ne me présentez pas à voooootre ami ? Goujat !"

Je lui donnais gentiment une petite tape derrière la tête ! Je vis la révérence à Lance, et manquais de me casser la figure. Je lui tendis ensuite ma main pour qu'il l'embrasse :

"Je suis tout à fait eeeeeeeeenchanté de vous rencontreeeeerrrrr ! Jean-Eudes m'a tellement paaaaarlé de vous ! Comment se porte Guenièvre à la blanche fesse ?"

Je vis le sourcil de mon ami se lever un petit peu mais bien vite son sourire reprit sa place et d'une voix forte et avec un accent encore plus ridicule que le notre il s'écria :

- Oooh ... Jean Eudes ! Pourquoi ne me présentes tu pas à ta belle Amiiie ?

Il se baissa pour une révérence et fit un baise main à Alouarn :

-Je me nomme Augustin et je suis raviiii de vous rencontrer belle Dame !

Par Merlin que j'adorais mon Meilleur Ami.

Je me mis à rire comme une petite poulette !

"Vous êtes un véritable charmeur, messire Augustin ! Cunégonde, pour vous servir !"

Je me tournais ensuite vers le magasin de farces et attrapes, et lançais :

"Messieurs, il est temps de passer à l'action ! Rappelez-vous, messeigneurs, que tout est bon à prendre pour un spectacle graaaandiose ! Après tout, nous sommes des artistes !"

Je me grattais la tête :

"Jean-Eudes, avons-nous un plan d'attaque ?"

Oula ... un plan d'attaque ? Non du tout ! J'avais rien moi. Je jetai un regard à Lance qui me regarda à son tour et la connexion se fit.

Je me plaçais devant la porte gauche du magasin et Lance sur la droite. Dans une parfaite synchronisation nous poussâmes les protes en grand, laissant Cunégonde à la vue de tous et je criais à la cantonade :

-Madame la comtesse Cunégonde de la Coqui Lombe !

Le tout sur une voix bien Ridicule et haut perchée.

Ah, voilà un petit peu d'action. Je relevais la tête, pris ma robe, la soulevant un petit peu, et m'avançais lentement, tordant du derrière de façon exagérée. Le gérant de l'établissement se précipita vers nous et demanda :

"Mais quelle est cette mascarade ?"

Je pris un air outré :

"Jean-Eudes, dites à ce goujat de se conduire en homme responsable et avisé s'il ne veut pas que le monde entier sache quel accueil il réserve à des invités de marque tel que moi !"

Je fis quelques pas, et demandais :

"Apportez-nous ce que vous avez de plus cher et de plus... Comment dit-on... De plus fun ? C'est comme ça que parles les jeunes de nos jours, non ?"

Jouant comme je pouvais je lançai un regard réprobateur au commerçant dans le but de lui demander de faire attention à qui il s'adressait en ces termes.

Puis je me tournais vers Alouarn et dis :

-Oui ma Dame, c'est bien ainsi que les jeunes parlent.

Je me levais et posai une petite bourse dans les mains du commerçant.

-Je vous pris, mon brave, de bien vouloir accéder à la requête de ma Dame...

Je fis une nouvelle révérence tandis que le vendeur s'en allait tout déconfit.

"Oh, Jean-Eudes, que pensez-vous de ces petites notes qui volent ? Le ministère ne les utiliserait pas pour de multiples transmissions de messages ?"

Je me baissais pour en éviter une qui s'écrasa contre un mur en une gerbe d'étincelles.

"Nous pourrions faire un joli feu d'artifices avec une bonne synchronisation. Qu'en pensez-vous, très cher ?"

Puis à l'adresse de Lance :

"Très cher ami, pourriez-vous avoir l'amabilité de monter sur l'escabeau pour voir ce qu'est cette malle tout là-haut ?"

Le vendeur, qui était revenu avec divers objets, devint blanc comme un linge !

"Ce... Ce n'est rien !"

"Mon cher monsieur, sachez que le client est roi ! Et que, tout ce qui est à portée de main doit être accessible à n'importe qui !"

"Pitié, j'avais promis à mon neveu que je lui garderais la dernière boite !"

"Mais vous ne l'avez pas enlevé des étagères des ventes ! Voilà qui est bien curieux !"

Puis de nouveau à l'adresse de Lance :

"Nous vous attendons, cher ami !"

Je regardais les petite notes exploser et dis à Alouarn :

-Elles sont effectivement bien jolies ... Mais cela sera t'il utile pour l'utilisation que vous souhaitez en faire ma Dame ?

A côté de moi je vis Lance répondre à Dame Cunégonde et grimper sur l'escabeau. Son agilité de sportif lui était bien utile, le voila qui revenait avec la boîte et se mit à genoux devant Alouarn, la boîte tenu devant lui comme lorsqu'on demande quelqu'un en mariage ... J'avais un ml fou à me retenir de rire.

"Jean-Eudes, mon brave, sachez que tout est utile à celui qui sait attendre, patiemment, que les idées viennent à lui !"

J'éclatais de rire.

"Aujourd'hui est notre jour de chance ! Nous allons inventer, bricoler, explorer, et nous amuser !"

Je sortis un mouchoir alors que Lance s'agenouillait devant ma personne. Je me baissais vers le jeune homme, et coinçais ce présent dans sa manche :

"En gage de ma reconnaissance !"

Je me tournais vers la boite et l'ouvris. Il contenait un magnifique dragon bleu et argent en papier. Je m'adressais au commerçant :

"A combien le faites-vous ?"

"Cinq cent cinquante gallions, madame !"

"C'est un peu cher pour un dragon de papier..."

Je restais quelque peu perplexe, et repris :

"C'est un beau cadeau que vous faites à votre neveu. Êtes vous prêt à perdre cinq cent cinquante gallions ?"

Je réfléchis un instant, et finis par dire :

"Je vous l'achète cent cinquante gallions !"

A l'adresse des deux garçons :

"Quand pensez-vous, mes braves ? Ce prix vous semble-t-il raisonnable ?"

Je me tournai vers Lance qui arborait un grand sourire. Il prenait son pied le bougre ! Ce fut d'ailleurs lui qui répondit

-Je pense que c'est amplement suffisant ma Dame.

Je ne relevais à mon tour et sortis mon porte-monnaie de ma poche.

-Voila pour vous mon brave !

Le pauvre n'avait fait qu'ouvrir et fermer la bouche comme un poisson hors de l'eau.

Un grand sourire vint s'afficher sur mon visage. Mes soucis ? Quels soucis ? A dire vrai, j'avais l'impression qu'ils étaient partis. Mais je savais qu'ils faisaient le mort pour mieux que je me vautre plus tard. Peu m'importait pour le moment, j'étais redevenu un enfant !

Je soulevais cérémonieusement le paquet après avoir remis le couvercle. Je reportais mon attention sur les petites notes :

"Jean-Eudes, très cher, je suggère de prendre quelques unes de ces petites notes. Elles ne sont pas aussi extraordinaires que le dragon de papier, mais elles ont un certain charme... Leur simplicité viendra contraster avec le roi serpent."

"Donnez moi ce paquet que je l'emballe, madame !"

"Pour vous, c'est mademoiselle !"

"Mademoiselle !"

"Non, je le garde avec moi. Sait-on jamais que la tentation soit trop grande..."

"Qu'insinuez-vous par là ?"

"Je n'insinue rien du tout, j'émets des faits. Mais, qu'importe. Je pense que la raison évoquée est suffisante pour que je puisse garder le paquet avec moi. La confiance, monsieur, se mérite."

"Certaines closes, disons un code d'honneur, nous permettent de garantir un minimum de confiance avec le client."

"Le code d'honneur varie d'un groupe à un autre, d'une ethnie à une autre, d'un pays à un autre, d'un individu à un autre. Le code d'honneur des uns ne vaut parfois rien chez les autres. Je ne veux pas débattre de ce sujet avec un commerçant, bien que, ma foi, il soit très intéressant. A l'occasion, venez à l'un de ces salons littéraires et philosophiques organisés par l'un des nôtres, nous aurons alors tout le temps d'en discuter. Je suis sûr que vous pourriez nous éclairer d'un nouvel avis sur la question. Mais, il se trouve qu'aujourd'hui, je suis de sortie, et je ne compte pas me faire importuner de la sorte jusqu'à la fin de ma visite dans votre établissement. C'est pour cela que je vais m'éloigner de quelques pas."

"Mais, mademoiselle..."

"Messire Augustin, Jean-Eudes, veuillez faire taire cet importun ! Je vous laisse me retrouver devant les feux d'artifices magiques !"

Et, sans demander mon rester, le paquet dans les bras, je me dirigeais, la tête haute, vers le rayon en question ! Je fus suivi par mes deux acolytes. La journée aller être inoubliable...