Lorsque j'ouvris péniblement les yeux, un violent mal de crâne me tira une grimace de douleur. L'odeur de la pièce ne ressemblait pas à celle de mon appartement... Puis je me souvint : l'attaque des dealers, la drogue, Alizea... Par Merlin, Alizea ! Je sentais son odeur près de moi, au lit voisin.

- Hey... Toujours vivante ?, lâchais-je à ma collègue d'une voix lourde et douloureuse.

- Si l'on peut dire, finit-elle par répondre.

Elle semblait en aussi mauvais état que moi. Pas étonnant après tout : elle avait pris de cette fichue drogue. Et elle avait même assommé Jasper, qui pourtant semblait d'assez bonne constitution. Alors je n'osais imaginer pour Alizea... Quand à moi... J'arrivais à peine à bouger le petit doigt. C'était comme si je m'étais réveillé d'un sommeil de quelques siècles, et que mes muscles ne fonctionnaient plus.

- Moi pareil... La grande forme !, répondis-je ironiquement, suivit d'une quinte de toux qui me brûla la gorge.

Par les écailles de Lucifer, qu'est-ce qui m'avait rendu dans cet état ? Pas ma jambe, quand même ? A moins que ça ne soit le traitement qui me fasse ça, allez savoir...

- Je t'ai blessé ? Je crois que j'ai fait... Des dégâts.

Je soupirais avec un sourire en coin.

- Oh c'est rien, tu as juste confondu ma jambe avec ton gigot du dimanche, mais sinon rien de bien grave !, affirmais-je avec humour.

Je repris alors mon sérieux, sentant dans le ton de sa voix qu'elle culpabilisait de ses actions.

- Ce n'est rien. T'as été droguée, c'pas ta faute.

Ouch... Mes muscles me lançaient vraiment. Mes veines semblaient faire circuler de la lave en fusion plutôt que du sang. Fiente de Magyar, qu'est-ce qui m'avait rendu dans cet état ? C'était vraiment le traitement ? Pourtant dans mes souvenirs c'était pas grand chose... M'enfin bref, le silence de ma collègue semblait affirmer qu'elle n'était pas convaincue par mes propos. J'aurais aimé qu'un médicomage pointe le bout de son nez, mais aucun secours ne semblait venir.

- T'inquiètes pas, on va vite reprendre du "poil de la bête"... Hé hé... Aïe.

Ah, ça n'allait pas. Même rire me faisait mal.

- Sauf si j'ai été trop loin avec Melroth.

Je tentais de réfléchir, mais dans mes souvenirs, il ne semblait pas mal en point. Il allait même plutôt bien, étant donné que c'était lui qui avait fait le transplanage jusqu'à Ste Mangouste.

- Ça m'inquiète qu'il ne soit pas avec nous.
- Il doit être en salle d'attente, ou alors il est rentré au Ministère faire son rapport. La dernière fois que je l'avais "vu", il semblait aller plutôt bien. Si il a été blessé, ça ne devait pas être grave.

Moi par contre, je me demandais encore ce que je faisais là. Ça ne pouvait définitivement pas être à cause de ma jambe. Peut-être à cause du sortilège, alors ?

- Et... Est-ce que... Le fait que j'aie ingéré de la potion et que je t'aie mordu après... Ca n'aurait pas pu t'infecter avec ?

J'arquai un sourcil, mais presque immédiatement mon front me piqua comme son un sabot de cheval m'avait piétiné le crâne. Aïe ! Mais qu'est-ce que j'avais fait pour avoir aussi mal ! Un médicomage, par pitié !

- Euh... Pas que je sache. J'ai pas eu de comportement agressif, ni de pousse de poils instantanée. Non, vraiment, rien à signaler de ce côté-là. Enfin je pense. Un médicomage est mieux placé que moi pour le savoir.

Sans réponse de sa part, j'entendis Alizea se lever péniblement de son lit et commencer à sortir de la pièce, non sans difficulté. Elle semblait en aussi mauvais point que moi. Quoi-que, rectification : elle allait mieux que moi, étant donné qu'elle arrivait à bouger, elle !

- Il y a quelqu'un ?

Ah, re-rectification : si elle demandait de l'aide à quelqu'un, c'est qu'elle ne devait pas se sentir aussi bien que ça. Néanmoins de mon côté, mon mal de crâne commençait légèrement à s'estomper. Le réveil, sans doute. J'entendis alors des pas approcher. Bien, les secours arrivaient !

Un médicomage, joie ! Ou pas...

- Miss Prewett, vous vous êtes encore brisé un os. Savez-vous que vous avez besoin de faire attention à vous ? Vous avez de la chance que cela se ressoude correctement cette fois-ci. Si vous continuez je vous prescrirai du fortifiant osseux à prendre tous les jours... Ça évitera peut être que vous reveniez le mois prochain. Quant à monsieur Throwback...

Aïe, c'était l'heure du jugement dernier, sortez les trompettes et les violons !

- ...Vous avez de la chance d'être encore en vie.

...Pardon ?

- Vous vous êtes pris un Sortilège de Mort. Vous avez eu une chance colossale que le lanceur ne l'ait pas lancé correctement, et que vôtre Charme du Bouclier en ait réduit l'efficacité de moitié. Vôtre constitution, et vôtre Solution de Force vous à également aidé à vous rétablir, mais le contre-coût est élevé. Vous allez devoir rester au repos pendant une bonne semaine, peut-être plus.

...Les mots du médicomage résonnaient étrangement en moi. Un Sortilège de Mort ?! Par les couilles de Merlin ! Pas étonnant que j'étais en aussi mauvais état ! J'avais du mal à accepter cette réalité... Survivre à un Avada Kedavra... J'étais pas Harry Potter, moi !

Liz n'allait pas apprécier.

- ...Génial, fut la seule chose qui s'échappa de ma bouche dans un soupir.

- Désolée. C'est de ma faute si tu as été embringué là-dedans.

J'étirais un demi-sourire, un poil défiguré à cause de la douleur.

- J'ai accepté cette mission en connaissances de cause. Je me doutais qu'avec ma chance il m'arriverait au moins ça.

Un hoquet qui ressemblait à un léger rire s'extirpa de mes poumons avant de se terminer en une nouvelle quinte de toux.

- Au pire, je serais peut-être une légende. "Le garçon qui a survécu. Lui aussi". Hé... Si ça continue, le Sortilège de Mort va finir par être jugé pour publicité mensongère.

Ah, je commençais à retrouver l'usage de mes doigts. Pas trop mal !

- Crois-moi, il n'a pas volé sa réputation. Dans ma famille, on en sait quelque chose.

Oui... J'voulais bien croire que son histoire était bien plus impressionnante et légendaire que la mienne. "La légende raconte qu'un débile lui à lancé un Avada Kedavra raté, et qu'il s'est protégé lui-même... Enfin, à moitié quoi". Légendaire.

- Ah oui c'est vrai, t'es cousine avec Fred Weasley, le grand frère de Ronald Weasley. La classe !

Tiens, cette fois je sentais mon bras. Je le leva lentement, et le bougea un peu pour tester son état. Pas trop mal.

- Ronnie n'est pas mon cousin préféré, mais je suis proche de Ginny et de George. Je n'ai pas vraiment connu Fred parce qu'il est mort quand j'étais petite. Mais chez nous, les sortilèges de la mort, c'est toute une histoire.

Effectivement, on pouvait parler d'une histoire quand on apprend ça aux cours d'Histoire de la Magie. C'était sans doute l'une des seules choses que j'avais retenu par-ce que c'était récent et qu'on en parlait souvent.

- Ouais... Je connais ça aussi. La Mort s'est emparé de mon père quand j'avais 8 ans. C'est ce jour-là que je suis devenu aveugle et... loup-garou.

Même si la situation n'avait rien de comique, je me mis à sourire.

- Mais je crois que j'ai dû lui dire "Pas aujourd'hui". Ça n'a pas dû lui plaire.

- Oh, je vois. Ça n'a pas dû être facile. Pour ma part, la vie était facile... Jusqu'à ce que j'intègre l'équipe de contrôle des animagus.

Je haussais les épaules. Oh, j'arrivais à bouger les épaules ! Encore quelques secondes de plus, et j'arriverais peut-être à enfin me lever ! Je commençais à en avoir marre de rester allongé.

- On dirait que la Mort t'apprécie. Elle flirte beaucoup avec toi, j'en ai bien l'impression. Tu devrais te méfier.

Sa boutade me fit rire. Soudain, quelqu'un entra dans la pièce, et une odeur de légumes me parvint aux narines. Arg, pas de la soupe !

- Oh, par Merlin. Pas encore ça...
- Je croyais avoir demandé de la viande, par Lucifer !, me plaignais-je en tirant une grimace.

Certes c'était faux étant donné que jusqu'ici j'étais en train de dormir.

- Désolé, mais vous n'aurez que ça. Vous pouvez manger seul ?
- Oui ça va, j'ai peut-être les cheveux blancs, mais j'suis pas encore gâteux..., répondis-je dans un ton à mi-chemin entre l'ironie et le dégout.

L'assistante repartit d'une démarche... amusée, et nous laissa à nouveau seuls. Je soupirais de plus belle en tentant de me redresser.

- Voilà pourquoi je déteste Ste Mangouste, affirmais-je d'une voix peinée par l'effort. Ça sent pas bon, ça vient nous dire qu'on à de la chance, et tout ça pour venir nous empoisonner deux minutes plus tard avec de la nourriture infect' ! J'sais pas qui à inventé c'bâtiment, mais il devrait être interné au service psychiatrie !

- Ça, c'est certain. Et imagines toi que si jamais tu finis par devenir un habitué de ce service, comme moi... Ils finissent par tous te connaître par ton petit nom et par déterminer la soupe que tu détestes le plus. Histoire de ne pas oublier de te la resservir à la moindre occasion.

Hum... C'était sans doute une stratégie de leur part. L'air de dire "faites plus attention si vous voulez pas revenir ici pour manger de cette immondice". J'en mettais ma main à couper. Je pris alors la cuillère sur le plateau et avala une gorgée. Immonde.

- Oh et puis zut !

Tentant le tout pour le tout, je prends l'assiette à deux mains et descends toute la soupe goulument. Une fois fini, je tire une énorme grimace suivi d'un frisson de dégoût colossal qui me fit secouer.

- Ça, au moins, c'est fait !